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Critiques de Marie Nimier (282)
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Le Palais des orties

Quand une princesse piquante sortie du réseau woofing débarque dans une ferme entièrement consacrée à l’ortie, tout porte à croire que l’on peut se frotter au roman. Et sans risque de démangeaisons aucune, bien au contraire.



En pleine campagne, presque au milieu de nulle part et de partout, se dresse une ferme atypique, gérée par Nora et Simon, ce dernier ayant hérité du domaine familial. Mais l’élevage n’étant plus rentable et face aux dettes, le couple a décidé de s’investir dans une production unique : l’ortie avec des champs à perte de vue dans ce territoire sans prétention. Ils ont deux enfants, Anaïs et Noé et représentant parfaitement une famille française du monde agricole. Ayant besoin de bras à moindre coût, ils font appel au réseau woofing et quelque temps plus tard ils accueillent une jeune femme, Frédérica qui offrira ses bras contre le gîte et le couvert.



Ce n’est pas le travail qui fait peur à Fred et très rapidement elle s’adapte à la vie rurale sans compter ses heures. Elle séduit tout le monde par sa présence, même les animaux sont sous le charme. Nora est troublée, s’interroge. Cette fille a un pouvoir et comment lui résister. Elle s’inquiète pour son couple, craint que Simon en tombe amoureux. Pourtant, c’est tout autre chose qui va se produire dans une passion brûlante.



Marie Nimier offre une très belle fiction, curieusement tout en douceur malgré l’honneur fait à une plante ayant mauvaise réputation, et qui en réalité, a de nombreuses vertus. Celle qui ressort après la lecture, est la satisfaction d’avoir passé un bon moment avec la sensation d’avoir parcouru les pages comme si on visionnait, à l’ancienne, une série de diapositives sur la vie d’une famille sans particularité et qui soudain se trouve confronté à l’inattendu sous les auspices de l’amour et de ses passions.



Avec une facilité et simplicité déconcertantes, l’autrice laisse couler les mots dans un calme olympien contrastant avec le feu qui foisonne dans le cœur des amantes, cet amour charnel qui navigue autant sur les rêves que sur les craintes.



Atmosphère singulière par une plume riche en sentiments avec un côté légèrement désuet qui ajoute un charme non négligeable à cette romance des champs.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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La Reine du silence

Prix Médicis 2004 - Marie Nimier nous offre des images contradictoires d’un père décédé alors qu’elle n’avait que cinq ans. Qui était vraiment Roger Nimier, l’écrivain ? Il lui échappe aussi bien mort que vivant. C’est à travers trois ou quatre souvenirs de son enfance que nous ressentons toute l’ambiguïté de leur relation et le trouble dans l’âme de Marie. Ces épisodes trop rares sont touchants, troublants et nous ne savons pas si nous aimons vraiment l’homme.



L’œuvre semble s’écrire malgré elle, malgré ses doutes d’écrivaine comme un puzzle à reconstruire auquel il manquera toujours quelques morceaux, mais peut-être qu’au fond, ce vide laisse-t-il place à sa propre légende personnelle, peut-être.
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Anatomie d'un choeur

Quatre-vingt choristes à diriger, ce n'est pas une mince affaire ! Thomas Morhange réussit cependant ce challenge depuis quelques années, au sein des Célestins. Mais cette année est encore plus redoutable car il a décidé de mettre à l'honneur une oeuvre de son arrière-grand-père (Alkan) : La marche funèbre pour la mort d'un nénuphar.

Mais quatre-vingt choristes, c'est autant de susceptibilités à ménager. Et ce sans compter les manigances de l'administrateur du groupe plus enclin à écouter les ragots que la musique. Des conflits vont naître, des jalousies se révéler, des histoires d'amour apparaître... Et tout ce registre d'émotions et de sentiments humains va se calquer sur le rythme des répétitions, monter en puissance, éclater au grand jour... pour finir dans une apothéose de bonheur et de joie partagés le jour du concert, car ce jour-là, il ne survit que l'amour de la musique.



Très bon roman dans lequel les "petits meurtres" entre choristes sont bien analysés, les traits de caractère des personnages bien relevés.

J'avoue que le personnage de l'administrateur machiavélique (Médard) est mon préféré. On se délecte d'une telle méchanceté. "Sous le couvert de l'humour ou du conseil amical, il visait juste, toujours bas, et blessé profond." ou encore :"L'Albinos enviait à Médard sa faculté d'épingler son petit monde. Il y avait du génie dans sa façon de percevoir les êtres et du courage dans sa manière de leur servir de miroir, renvoyant à chacun l'image négative qu'il refusait de reconnaître, son infirmité la plus éblouissante, celle que nul autre que lui n'aurait osé lui reprocher."

C'est aussi un roman plein d'humour : la passion des hygromètres de Médard (d'où son surnom) frise la paranoïa.

Enfin on y découvre une auteure amoureuse de la musique. Une auteure que je ne connaissais pas et qui m'a séduite par son écriture et son sens de la mesure.
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Petite soeur

Peut-on aller bien en lisant quelqu'un qui ne va pas bien ?

Quand on sait combien Marie NIMIER sait décortiquer et mastiquer mots et émotions, souvenirs et déroulements en les mêlant, le doute est permis sur la menée vers des voix qui se fourvoient. L'arme salée des larmes semble bien parvenir à cautériser un chagrin qui, vu à la mesure appréciée et au regard aigu sur l'immense potentiel du temps présent, aide à transposer et à composer une nouvelle partition de la vie.

Comme la personne d'Alice qui , en s'isolant, fera vibrer tout ce qui la peuple, en quelque sorte nous sommes conviés à recueillir ce que nous recevons des personnes jalons de nos parcours, pour regarder autrement et intensément.

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Le Palais des orties

Je remercie les éditions Gallimard de m'avoir envoyé ce livre dans le cadre de la masse critique @babelio ! Parce que quand on parle d'Ortie, je suis toute ouïe. 



"Les orties n'ont besoin de rien d'autre qu'elles-mêmes pour se protéger, et si elles s'échappent parfois, lançant leurs racines à l'assaut des terrains mitoyens, ce n'est pas une barrière aussi menaçante soit-elle, qui les empêchera de voyager, pour conquérir le monde, l'ortie rampe sous terre. Elle ne fait pas de bruit. "



Le Palais des orties s'abîme dans une campagne défigurée, au fond d’une vallée. Il est encerclé d’orties plantées par une famille composée des parents Nora et Simon et de leurs enfants Anaïs 17 ans et Noé 13 ans. Ils ont hérité de la ferme familiale et pour subvenir à leurs besoins, exploitent la fameuse plante urticante : “ Une culture à haut rendement, peu de perte, peu de prédateurs et une récolte trois fois par an.”



L’ortie qui aime les terrains déséquilibrés. 



L’ortie qui n’a pas le sens du sacrifice.



L’ortie qui dans le langage des plantes symbolise la trahison (tandis que Nora, la mère de famille dit d’elle qu’elle ne connaît pourtant pas de plante plus fidèle, loyale et constante).



L’ortie qui se défend.



La famille s'échine à transformer la plante en produit comestible. 



Pour la récolte, la famille recherche des bras supplémentaires, c’est sur le réseau mondial de fermes biologiques qui met à la disposition des fermiers les Woofeurs, des bénévoles, que l’annonce est déposée. 



Et puis vient Frederica …



La belle jeune fille, qui s’émerveille de tout, et qui enchantera toute la famille par son énergie, son désir, sa curiosité, son regard poétique sur la campagne, et la vie à la ferme.



Le palais des orties abritera secrètement une histoire d’amour inattendue, pleine d’ardeur et de douceur. Les propriétés et caractéristiques de la plante distillées ça et là, amènent au récit tout ce qui ne peut-être dit, doit-être tus…quelque temps.



L'ortie qui stimule, dynamise et qui tend vers l'avenir, même sur les terrains les plus inattendus !



J’ai aimé que cette plante soit la trame centrale et qu'elle soit mise en parallèle de l'évolution de chacun des personnages et cette écriture sans fioriture ainsi que le rythme énergique. J’ai préféré la seconde partie plus ardente à la première plus technique. J’ai apprécié la découverte.



Et oui, j'ai eu envie qu'on plaque tout pour aller vivre au fin fond de l'Auvergne ou de la Creuse ( ce n'est pas où se trouve le palais des orties).

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Le Palais des orties

Lorsque Frederica débarque dans la ferme de Nora et Simon et de leurs enfants Noé et Anaïs, elle ne sait combien de temps elle restera ni si la greffe prendra. Elle est woofeuse et en échange du gîte et du couvert, s’engage à donner un coup de main aux travaux des champs. Nora et Simon sont des agriculteurs atypiques. Ils cultivent l’ortie pour ses bienfaits et leur ferme « le palais des orties » est un champ d’expérimentation. En plus du travail des champs, il faut retaper la vieille ferme et le travail est harassant. Frederica abat sa part et, bientôt, une amitié profonde va se tisser entre Nora et elle, au point de mettre en péril l’équilibre de la famille.

Après un début qui se traine un peu, on entre vraiment dans l’histoire avec une intrigue amoureuse qui se moque des genres, assortie de quelques anecdotes pas piquée des orties !

Cette histoire est très centrée sur les personnages féminins de Nora et Frederica, et les hommes qui jouent les rôles secondaires, sont plutôt ternes. J’ai bien aimé suivre Nora et Frederica dans leur découverte mutuelle. L’autrice a su en faire deux personnages attachants.

Un roman sensuel et drôle parfois qui se lit avec plaisir.

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Les confidences

La Feuille Volante n° 1364 – Juillet 2019.



Les confidences – Marie Nimier – Gallimard.



L'univers créatif d'un écrivain s'inscrit soit dans la fiction, soit dans l'autobiographie. La fiction est du domaine de l'imaginaire qui, soit fonctionne et emmène son lecteur consentant dans un ailleurs inattendu, soit dérape complètement, le dépaysement n'est pas au rendez-vous et on passe complètement à côté. Avec l'autobiographie, l'auteur puise dans sa propre vie la nourriture de son oeuvre et cela peut tourner facilement au solipsisme. Restent les témoignages des autres. Ici ils sont recueillis anonymement par l'auteure et forment 48 petits récits. A la suite d'une séries de petites annonces judicieusement placées, la population d'une ville est informée qu'une romancière recueillera des « confidences » intimes de ceux qui le souhaitent en vue de la rédaction éventuelle d'une oeuvre. Pour que l'anonymat soit respecté, les interventions se feront sur un site dédié ou sur rendez-vous dans un appartement meublé très sommairement et prêté par la mairie où, pour préserver l'anonymat, la femme écoutera, les yeux bandés, le récit des intervenants qui se présenteront. L'idée est plutôt originale et Marie Nimier n'intervient pas directement, se contentant d'être « La reine du silence » en écoutant dans la solitude du lieu et au hasard ceux qui lui parlent soit d'une blessure d'enfance, d'un traumatisme assez profond pour qu'il leur pourrisse la vie, soit évoquent des mots qui leur ont échappés ou qu'ils n'ont pas su ou pas oser dire au bon moment, des obsessions, des regrets, des remords, des mensonges, des fantasmes, des échecs non assumés, des obs intimes qu'on ne confie que dans l'anonymat, de petits affronts ou de grandes trahisons qu'on ne pardonnera ou ne se pardonnera jamais, des amours avortées, jamais oubliées, toujours regrettées, autant d'étapes ordinaires dans leur vie, autant de moments de cet écume des jours qui parfois provoquent le vertige quand on les évoque et qui donnent la mesure du temps qui passe. Cette expérience, qui n'est pour elle pas sans danger, peut provoquer des rencontres inattendues ou improbables, la plupart de ces gens ordinaires livrent avec une grande économie de mots une parcelle de leur existence, des choses simples mais qui les obsèdent parce nous avons tous notre croix à porter. Parfois on s'excuse pour le dérangement, parfois il se trouve des gens pour tourner en dérision cette expérimentation qui pourtant déplace des patients d'un jour qui la vivent comme un appel au secours ou une bouteille lancée à la mer. Cela tient, si l'on veut, de la confession qui allège l'âme, mais sans la dimension religieuse du pardon divin. Cette ouverture sur un autre monde met aussi en évidence pour elle la réalité de son impuissance, de sa désolation de son malaise face à une brûlante, à une détresse.

Qu'en reste-t-il pour les intervenants ? Nous n'en savons que peu de choses puisqu'il n'y a que peu de commentaires de la part de l'auteure, cette dernière faisant confiance à sa mémoire se contentant d'un rôle de scribe qui ne juge personne. Sont-ils apaisés, satisfaits de s'être débarrasser d'une obsession, contents d‘avoir rencontrer un auteur connu, même s'ils ne repartent pas avec un de ses ouvrages dédicacé et fiers peut-être de l'éventuel espoir de se retrouver dans un futur roman et ainsi d' avoir contribué ne serait-ce qu'un peu, à la création d'une oeuvre d'art ? Parviennent-ils réellement à se délivrer par la parole d'autant plus anonyme que celle qui la recueille a les yeux bandés? Après un drame il est d'usage de consulter un psychiatre ou de mettre en place des cellules psychologiques pour aider ceux qui ont été traumatisés à se libérer. C'est un peu la même démarche sauf qu'ici, le traumatisme peut remonter à des années et gangrener la vie de celui qu'il hante. Ces gens viennent spontanément se confier à cette femme dont ils ignorent tout, ce qui donne la mesure de la condition humaine mais surtout celle de la solitude de la société dans laquelle nous vivons. Cela peut tenir du soliloque et la puissance cathartique des mots peut agir comme une soupape de sûreté qui sauvegarde la vie ou la rend plus acceptable malgré la honte, le dégoût ou le mépris de soi.

Les interventions dont elle a eu connaissance étaient pour la plupart orales mais c'est une confession écrite, emprisonnée dans un cahier à spirale, gouvernée par la présence tutélaire paternelle et dont nous ne saurons rien, et d'autant plus étrange qu'elle est agressive et assortie d'une proposition inattendue qui, pour elle, va bouleverser l'ordre des choses. Dès lors l'auteure ne se contente pas de rendre compte de toutes ces témoignages anonymes, elle y va aussi de sa propre confidence, comme portée par tout ce qu'elle vient d'entendre et évoque son père, l'écrivain Roger Nimier, mort à l'âge de 36 ans alors qu'elle n'est elle-même qu'une enfant de 5 ans. Elle en parle comme d'un absent définitivement silencieux, une énigme, évoque le vide que sa disparition brutale a creusé en elle, comme d'un étranger aussi. Il est celui qu'on attend mais qui ne viendra pas. Dès lors l'écriture pour elle reprend sa fonction exploratrice du souvenir, s'impose comme un exorcisme à la fois créateur et libérateur. Peut-être ou peut-être pas !

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com









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La Reine du silence

Roger Nimier : un auteur lu il y a bien des années de cela, j'étais alors une jeune fille, fascinée par le destin tragique de cet écrivain. J'avais beaucoup aimé son livre " Les enfants terribles", que j'ai toujours gardé dans ma bibliothèque. Sa fille Marie Nimier nous fait connaître ici un homme, qu'elle n'a pas ou à peine connu, mais dont elle est héritière puisque devenue à son tour écrivain. Elle avait cinq ans seulement lors de sa mort et elle cherche à comprendre, elle essaie de trouver , dans les écrits de son père, dans les rencontres qu'elle fait, des traces d'amour pour elle, un semblant d'affection de ce père trop distant...
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La Reine du silence

Bien sûr je connais Roger Nimier avec le "hussard bleu" et "les enfants terribles". Ce sont des livres que j'ai dans ma bibliothèque familiale, livres hérités des grands parents. Je suis tombée par hasard sur le livre de sa fille Marie "la reine du silence" en flânant chez un libraire il y a quelques années. Je l'ai gardé longtemps dans ma bibliothèque jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ? je ne sais pas ? ou plutôt si... que peut bien dire la reine du silence ? comment à la fois parler et ne pas parler ?

Marie parle avec des mots sur le papier. Elle réalise là une catharsis de ses émotions et de ses souffrances. Ce livre m'a beaucoup émue, ses paroles m'ont touchée en plein coeur.

Ce père pour lequel elle ressent crainte et admiration est toujours absent. Elle a peu de souvenirs et pourtant elle a besoin de se souvenir. Elle glane auprès des amis de son père et auprès de sa famille des informations pour comprendre et mieux vivre tout simplement. Il y a nulle trace de belles couleurs auprès de ce père. Certains passages sont à la fois touchants et glaçants. Celui de la dînette par exemple, elle lui amène étant une toute petite fille un oeuf sur le plat en plastique et plutôt que de jouer à des jeux d'enfants il s'en sert comme cendrier et l'oeuf en plastique finit à la poubelle. Marie garde une mémoire vive de tout cela parce que ce qu'elle raconte constitue son présent.

Marie a des cauchemars, pourquoi en parle-t-elle à son frère ? pour s'en délivrer comme une faute ou bien parce qu'ils contribuent à son identité complexe et incertaine ? de son père elle dira "j'ai traîné la mort comme un vieux manteau de lapin rapiécé, un doudou crasseux", ses fragilités suscitées par la mort sont exprimées ici. Marie excuse aussi ce père qui se laisse entraîner par les mots, les mots dépassent sa pensée (notamment lors de sa naissance) où il écrivait à un ami que Nadine, sa femme avait eu une fille et qu'il allait la noyer dans la seine pour plus en entendre parler.

Personne ne peut aider Marie car chacun a sa propre histoire à vivre. Marie me fait penser à la petite Gerda dans la reine des neiges d'Andersen lorsque la barque l'entraîne sur l'eau plus vite qu'elle ne voudrait et elle arrive dans une maison dans laquelle elle peut manger tout ce qu'elle désire, elle peut rassasier ses besoins vitaux mais elle s'aperçoit que sa vie n'est pas complète et ne peut s'en contenter, il faut qu'elle grandisse, elle doit quitter l'enfance. A travers ce périple Marie aborde avec une écriture délicate une multitude de thèmes comme le mal être que les enfants peuvent ressentir après un décès, le rejet d'un des parents, l'indifférence, la découverte de soi, de son corps, le passage de l'enfance à l'âge adulte avec tous les changements que cela implique.

Pour se construire Marie nous fait passer par un grand nombre de chemins pour un voyage à travers ses émotions retrouvées. Marie utilise aussi des jeux de miroirs pour retrouver la figure du père qu'elle veut aimer. Ses mots sont pleins de douceur, de sincérité et de bonté.

Marie disait lors d'une interview qu'elle avait fait un gros travail de rapprochement avec son père avec ce roman, elle a recomposé l'image fantôme de ce père qu'elle a besoin d'aimer pour aller mieux.

J'espère de tout coeur qu'elle va mieux à présent.
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La girafe

Une poignante histoire d'amour entre un homme et un animal.

L'homme peut être le meilleur ami d'un animal, le nourrir, en prendre soin, lui procurer chaleur et sécurité et tendresse mais il peut malheureusement aussi être son pire ennemi parfois...

Nous suivrons ici toute l'histoire d'une girafe, de sa naissance en Afrique à sa rencontre décisive avec un jeune soigneur passionné dans un zoo, des années plus tard.

Cette histoire de girafe m'a vraiment bouleversée, j'ai dû la relire deux ou trois fois, avec toujours la même émotion.
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La plage

Voici un récit très "littéraire" à côté duquel je suis assez largement passé. Une femme sur une plage (de Corse ?). Elle rencontre deux personnages, mais en est-on certain ?

Elle se remémore également par passage une ancienne histoire. Elle est désignée comme l'inconnue son ancien amant comme son partenaire (me semble-t-il mais je ne peux vérifier car le livre trône provisoirement dans une boite à livre). Il est question de sensations, de souvenirs, de sexualité, de rêve. Tout cela est assez poétique, et possède une dimension onirique forte, loin de tout réalisme.

Quoiqu'il en soit, sans mettre en cause les qualités proprement littéraires du texte (pas mal de phrases auraient pu être citées par exemple), je me suis plutôt ennuyé. Pas trop longtemps quand même car le livre ne fait que 150 pages. Mais je retenterais ma chance une autre fois avec cette romancière !
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Petite soeur

Un livre étrange, dont l'étrangeté ne se dissipe pas facilement. Un livre qu'il n'est pas simple de chroniquer.

Alice surnommée Lilou par son frère Mika est la narratrice. Après la mort brutale de Mika à 28 ans (dans des circonstances à peine effleurées) elle va, sur le conseil de sa grand-mère Georgia, s'installer pour 10 semaines dans un appartement prêté en échange de services ( arroser des plantes et s'occuper d'un chat) dans une ville qui n'est pas la sienne pour écrire ses souvenirs avec ce frère adoré. On sait dès le départ que Lilou et Mika ne se sont pas vus depuis 7 ans suite à une rupture qui ne sera explicitée qu'à la toute fin du livre. Un mystère est entretenu à ce sujet qui maintient une certaine tension narrative.

Lilou décrit au travers de petites scènes très incarnées de quoi était faite la relation frère/sœur. Mika est le plus jeune des deux, mais il a pris Lilou sous son aile et semble mener la danse. Elle se repose entièrement sur lui jusqu'à cette rupture nécessaire lorsque l'ambiguïté de leur lien lui saute à la figure.

Lilou souffre en écrivant mais cette exploration du passé a des vertus d'éclaircissement comme si les choses arrivaient peu à peu à reprendre leur place.

Dans la forme, le roman alterne les récits de souvenirs et le vécu de ces 10 semaines, avec le mystère du chat qui a disparu les soins donnés à la plante carnivore, les coups de téléphone avec la grand-mère qui donne des conseils d'écriture, la rencontre avec le peintre Tiago qui devient son confident et son amant.

Ce livre est un patchwork plein de charme, j'ai aimé l'écriture sensible sur un mode associatif que j'avais déjà apprécié dans certains livres de l'auteure.

Je me suis attachée à Lilou et je l'ai quittée en étant rassurée sur son devenir qui semble s'alléger. Pour moi, un bon cru de cette rentrée littéraire !

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Petite soeur

"Petite sœur", dernier roman de Marie Nimier, fait partie de ces ouvrages que j’ai eu le bonheur de lire en avant-première dans le cadre de ma participation au jury pour le Prix de Roman Fnac. Et le mot bonheur n’est pas ici galvaudé tant j’ai aimé ce roman à la fois pour le fond et pour la forme.



"Petite sœur", c’est ainsi que Mika appelait Alice "…en plissant les yeux, alors qu’[elle] était sa grande sœur…". Mais aujourd’hui, Mika n’est plus, il est mort, il avait vingt-huit ans. Et Alice est dévastée, bien qu’elle ne l’eût pas revu depuis de longues années. Sur les conseils de sa grand-mère Georgia, elle part dans une ville inconnue, "…dans un appartement calme et lumineux avec… une vue imprenable sur le fleuve", celui "d’un certain Monsieur Tournon qui cherchait de façon urgente quelqu’un pour nourrir son chat et s’occuper de ses plantes…"



L’auteure analyse avec force, élégance et subtilité le mystère des relations fraternelles, des relations particulières abordées avec une infinie délicatesse. L’écriture est ciselée et magnifique qui apporte au texte douceur et sensibilité. Le personnage d’Alice passe du présent au passé et réveille chaque seconde de cette vie à deux, deux enfants, deux adolescents jusqu’à cette rupture dont elle n’a jamais fait le deuil.

Dans ce roman, j’ai apprécié de ressentir, comme s’il s’agissait de ma vie, toutes les émotions évoquées "…l’humide, le mouillé, le salé, le serré." J’ai apprécié les personnages annexes : le chat "Virgile [qui] a refait surface." après avoir déserté l’appartement avant même l’arrivée d’Alice, mais aussi la plante carnivore. Et j'ai adoré Tiago le "joggeur-crabouilleur" qui "[la] caresse avec un pinceau." Et lui apporte tant d’amour.



La fin est belle, emplie d’espoir et d’amour. Le chemin fut difficile mais au bout demeure le petit Mika, celui qu’elle aimait tant. Quant au grand, "Que son fantôme aille au diable, [elle] n’en a plus besoin."



"Petite sœur" un roman d’une extrême beauté, touchant, émouvant, bouleversant. Un moment de lecture particulièrement intense.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Au bonheur des lapins

Pablo est peintre et il crée des tableaux très vivants : les liserons s'échappent du cadre et le lac déborde de la toile. Dans son atelier qui tient à la fois de la chambre d'enfant et de la cabane dans les arbres, il est heureux. Il est encore plus heureux dans son beau jardin qui produit de beaux légumes, notamment du persil. Mais un matin, plus un brin de cette herbe si délicieuse ! Pablo mène l'enquête : c'est la faute d'un lapin ! « Mais pas n'importe quel lapin... Un lapin qui lui tire la langue, un lapin qui lui montre son derrière, bref, un lapin qui se moque de lui. » Pablo est bien décidé à débarrasser son jardin de cette bestiole !



Lapin Toucour a fui la forêt, bien trop dangereuse depuis que les chasseurs l'ont investie. Par chance, il a trouvé un beau jardin doté d'un beau potager, plein de ce persil si tendre dont il est friand. Il y a aussi un homme qui vit à côté du jardin. Il est bien aimable, ce grand bonhomme : il lui donne ses déchets pour en faire du mobilier, il inonde son terrier pour en faire une piscine, etc. Quelle chance il a d'avoir un voisin si accommodant !



Dans quel sens commencer cet album ? Soit par l'histoire de l'homme, soit par l'histoire du lapin, à vous de voir ! Inutile de vous faire un torticolis, retournez le livre à 180° et reprenez votre lecture. Au final, vous lirez la même histoire, mais soit du point de vue de Pablo, soit du point de vue de Lapin Toucour. Ne vous y trompez pas : il n'y a pas un récit négatif ou un récit positif, mais plutôt une convergence des intérêts des deux protagonistes.



Ce très bel album, ludique et inspirant, est un vibrant plaidoyer pour le vivre-ensemble et l'ouverture aux autres qui sont des sources d'inspiration et d'inépuisables ressources pour mener une vie riche et heureuse.
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Je suis un homme

Sans détour, je vais vous dire que je suis allé au bout du roman, parce que c'est facile à lire, et que c'est n'est pas long, donc vite lu.

Pour le reste, la vie d'Alexis Leriche, notre héros ou plutôt le héros de l'auteur n'a pas de quoi nous tenir en haleine très longtemps. On nous raconte le parcours de sa vie, ses amis, ses amies, celles qu'il fantasme, celle avec qui il fait sa vie: En clair, Antoine, son ami d'enfance, fidèle, Delphine, qui a failli se suicider à cause de lui dans sa jeunesse, mais qui continue à alimenter ses rêves quotidiens, et Zoé, son épouse par défaut.

Tout dans ce livre n'est qu'une suite inutile de tranches de vie, très souvent ponctuées d'états d'âmes situés largement sous la ceinture. Si c'est marrant une fois, la répétition est lassante.

Voilà, un coup d'épée dans l'eau, un raté, mais rassurez-vous, il ne m'a jamais été conseillé par un lecteur du site, je l'ai pris au hasard de mes déambulations, ça m'apprendra.
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La Reine du silence

Comment se construire face à un père mort jeune, dont on a peu de souvenirs et pas franchement des souvenirs positifs, et qu'on fait en plus le même métier que lui, et ce métier si particulier d'écrivain? Quand les gens chantent Nimier et qu'on se souvient surtout de son absence et des disputes? C'est cela que raconte Marie Nimier, ce père qu'elle ne connaît pas, dont elle n'est pas sûre qu'elle l'aurait apprécié, et il faut dire que Nimier incarne quand même beaucoup de choses bien passées de mode, et heureusement! Il avait une plume d'un certain style, mais comme époux et père, il avait clairement des progrès à faire!

Les anecdotes dans la presse, les anecdotes familiales, et puis ses romans, comment construire le portrait d'un homme à travers tout cela? Et puis il y a ce maudit permis que l'auteur n'arrive pas à avoir, comme un acte manqué, encore et encore, comme une rengaine, alors qu'elle s'éloigne de la tôle froissée et cherche son père ailleurs.

Un livre intime, un peu étrange, assez triste, assez beau.
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Le Palais des orties



En tant que jardinier amateur adepte des purins de consoude, de prêle, de fougère et bien entendu d’ortie, j’ai flashé sur ce titre et sur la 4° de couverture. La lecture des confidences de Marie Nimier ne m’avait pas convaincu mais il fallait bien lui laisser une seconde chance et ce fut une bonne idée.

Fred est une jeune et belle métisse qui pratique le woofing, échange de temps de travail contre le vivre et le couvert et ce n’est pas le travail qui manque sur la petite ferme de Nora et Simon, leurs deux enfants sont aussi souvent mobilisés. Mais lorsque Fred arrive, son côté solaire va faire changer tous les rapports au sein de la famille et faire chavirer les cœurs.

Agréable moment de lecture.

Challenge multi-défis 2021.

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La Reine du silence

Un beau livre, sensible, sur la "relation" que l'auteur tente de construire avec son père, célèbre écrivain disparu alors qu'elle n'avait que 5 ans. Marie Nimier témoigne d'un long cheminement intérieur d'une manière sobre et touchante.
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La Reine du silence

Un père qui disparaît quand on a cinq ans ne laisse pas beaucoup de souvenirs.

A-t-on d'autre choix, pour se représenter ce père, que de se fier aux témoignages des amis, avec toute la subjectivité que cela implique ? Comment s'y retrouver entre les impressions des uns et les anecdotes des autres, parfois contradictoires, comment déceler la véritable personnalité du défunt derrière le portrait volontairement idéalisé brossé par une mère qui a voulu vous protéger ?

Une tâche d'autant plus ardue quand l'image du père en question, homme publique, est auréolée d'un halo de légende...



Le père de Marie s'appelait Roger. Roger Nimier. Journaliste, rédacteur en chef, scénariste, conseiller littéraire chez Gallimard, écrivain, il connut une mort prématurée et tragique, en allant écraser son Aston Martin contre un parapet. Il avait trente-six ans. Sa passagère, une romancière affublée du patronyme exotique de Sunsiaré de Larcône, en avait vingt-sept.



Marie est écrivain, elle aussi.



Elle tente, avec toute la difficulté que cela suppose, de choisir une autre voix que celle des souvenirs d'autrui pour s'approprier une image paternelle qui lui serait personnelle, quitte à ce qu'elle soit inventée. Elle doit pour cela décider du ton dans lequel elle va bâtir cette image, outillée de son imagination de romancière, extrapolant à partir de petits événements en rapport avec son père, que leur évocation soit issue de sa mémoire ou de celle des autres.



Ce sont seulement des bribes de souvenirs qui lui reviennent, des flashs fugaces, et qui bien souvent dénotent le caractère violent de cet homme par ailleurs souvent absent. L'image d'empreintes de doigts sur la trachée maternelle, celle de son père s'écroulant, terrassé par l'alcool, la réminiscence de cette matinée au cours de laquelle il brûla de sa cigarette l’œuf en plastique qu'elle lui avait servi pour jouer... voilà qui ne s'accorde guère avec la lumière qui brille dans les yeux des amis à l'évocation de l'être exceptionnel qu'était Roger. Il semble bien en effet qu'il existait un fossé entre l'individu publique et le père de famille. Le premier faisait la une des magazines, donnait l'impression d'être facilement attendri par les enfants. Le second ne supportait pas d'être photographié avec les siens, cachait honteusement sa carte de famille nombreuse, reniait l'aspect tristement prosaïque d'un quotidien de langes, de cris, de présence importune, qui s'accordait mal avec sa stature d'écrivain célèbre, de professionnel reconnu.



Néanmoins, Marie refuse de s'attarder sur la part d'ombre de son père. Son but n'est pas de faire dans le sensationnel, ou de susciter l'apitoiement. C'est de combler ce manque qui la terrorise, qui parfois lui donne le vertige, à l'idée de ne pas savoir ce que c'est que d'avoir un père qui vieillit, qui vous accompagne dans certains moments de votre vie, qui vous sert de référence.



Au fur et à mesure de son cheminement, elle parvient -c'est du moins l'impression qu'elle donne- à aborder avec plus de sérénité les éléments de la représentation paternelle qui au départ formaient un ensemble chaotique, incertain. Elle appréhende mieux, en même temps, l’œuvre de l'écrivain Roger Nimier, prenant conscience qu'il était "tout entier derrière sa plume", que ses récits reflétaient fidèlement sa personnalité, avec ses outrances, ses emportements.

Elle se pose aussi des questions sur la nature de sa propre vocation : bénéficie-t-on de l'ombre ou de la lumière de celui dans les pas duquel on place ses pas ?



Écrit à la manière d'un témoignage dans lequel Marie Nimier exprime ses pensées, analyse avec finesse ses doutes et ses limites, "La Reine du silence" se lit comme un roman, et nous attache irrémédiablement à cette femme discrète et sensible, en même temps qu'il nous rend admiratif de cette auteure à l'écriture élégante mais jamais pompeuse.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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La Reine du silence

J'ai emprunté ce livre à la médiathèque de ma ville.

Je me suis aperçue que je l'avais déjà.

Bien au chaud dans ma bibliothèque.

Quelle omission! Celle-ci m'a d'abord un peu désarconnée puis, à la fin de cette lecture intense, je me suis sentie apaisée, presque rassurée d'avoir, de posséder oui, mon exemplaire de "La Reine du silence".



Je crois que, de façon intime, il fallait que j'aie ce texte près de moi. Alors, comment vous convaincre de courir à la bibliothèque la plus proche? D'aller négocier chez la bouquiniste de la place? Ou de pousser la porte du libraire du coin puisque vous n'avez pas le même rapport intime que j'entretiens avec certains livres, si ? Rapport propre à chacun, non?



Venons en, avec la parole, les mots (que vous lirez probablement en silence certes) au fait :

Marie Nimier revient sur son père, la mort de son père alors qu'elle n'était qu'au début de l'enfance et de ses soubresauts. Et quel père ? Un écrivain célèbre au destin fulgurant : Roger Nimier. Mais aussi un père. L'absence d'un père. Le fantasme d'un père. Les souvenirs d'un père.

Ce magma intime apporte réconfort et beauté. C'est parfois douloureux, dérangeant : Marie Nimier se fait Reine de l'intime mais il y a toujours une issue car elle joue magnifiquement avec les mots ; mots au service des émotions, mots profondément libérateurs!



Marie Nimier écrit non pas parce qu'elle est la fille de Roger Nimier.

Marie Nimier est la fille de Roger Nimier et elle écrit.



J'aime cette sensation de liberté qui découle de ce silence royal.
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