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Citations de Marion Muller-Colard (228)


Que sommes-nous d'autres, pauvres vivants, que les ambassadeurs de tous ceux qui furent avant nous ?
Nous sommes les ventriloques d'une parole qui sourd de la surface de la terre, cette ligne de démarcation dont on peut douter qu'elle sépare si nettement ceux qui se trouvent dessous de ceux qui se trouvent dessus.
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Mais la psychologue n'écoutait pas les corps, n'entendait rien du mutisme, allait chercher au forceps des mots que Sylvia ne pouvait pas donner... Alors pendant que la psychologue parlait de choc post-traumatique et de la nécessité de parole, Sylvie retournait la terre, le temps et les océans, elle dynamitait des montagnes et entrait dans un monde à l'envers qu'elle avait connu il y a très longtemps. Elle retrouvait les mondes enfouis de son enfance et il aurait fallu beaucoup de silence pour avoir la moindre chance de la suivre jusque-là. p.38
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Au seuil de ta demeure
que j'ai trouvée en moi
je sais qu'être accompli
signifie
être capable
d'infinis
recommencements
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La grâce est l'une de ces astuces de Dieu, qui fait dire oui sans qu'on sache à quoi on acquiesce.
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Pourquoi me définir alors comme agnostique ? Parce que je crois en Dieu, mais je sonde chaque jour un peu plus à quel point je n'ai pas la connaissance de ce Dieu en qui je crois. Et grande sera ma surprise, j'en suis sûre, s'il m'est donné un jour de voir se démêler sous mes yeux la part de Dieu et la part du Diable. S'il m'est donné un jour non plus de pressentir la Grandeur, mais de la connaître - de renaître avec elle.
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J'ai trente ans et quand je pense a mon âge j'y pense comme un accident. J'ai l'impression d'avoir quinze ans depuis toujours et pour toujours. Aujourd'hui, je comprends: ma vie a continué d'avancer sans moi.
Je ne me suis jamais habituée à mon prénom. De façon générale, je ne me suis jamais habituée a ce qui vient de ma famille. Sauf Tom
En rentrant tout à l'heure , j'ai cru que c'était pour lui que je devais écrire. Mais en réalité, ne m'en veux pas, Tom c'est pour moi.

Si j'arrive à me trouver sous les décombres,nous pourrons peut-çetre nous rejoindre quelque part.
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(A propos de la rencontre d'Elie avec Dieu, dans le Livre des Rois)
Un son doux et subtil. Ou la voix d'un léger bruissement.
Certains vont jusqu'à traduire : la voix du silence. Oxymore pour dire une présence d'autant plus éloquente qu'elle n'est pas là, nécessairement, où on l'attend.
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Peut-être est-ce pour cela que le Royaume de Dieu appartient aux enfants. Pas le Royaume de plus tard, mais le Royaume de maintenant.
Qui nous file entre les doigts car nous avons trop bien appris à nous tenir tranquilles. Efficace camisole sociale. La camisole chimique prendra le relais pour ceux qui ne veulent plus jouer le jeu de la norme et de l'efficacité.

Cela passera inaperçu : ce qui déborde est parqué en marge, naturellement.
Notre culture sait si bien remettre en cause la qualité des joueurs, et si peu s'interroger sur la jouabilité du jeu.

Les fous, les enfants, les idéalistes ...
Le Royaume n'appartient-il pas à ceux pour qui il n'est de bon jeu que celui qui n'exclut aucune singularité humaine ?
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La prière qui consiste à rejoindre le point névralgique que cherchait André Breton, " un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, , le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement".La prière qui abolissait mes peurs les plus tenaces. La prière où Dieu prenait un autre visage et où la peau morte que je tenais dans ma main n'était plus que celle de mon angoisse. p83
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Rien n'est dû, tout est donné. Quoi qu'il arrive, réjouis-toi que le soleil, chaque matin, se lève sur le monde et invite tous les désespérés à brandir avec lui une opposition inconditionnelle à la nuit.
Respire, prends courage, ouvre tes volets. Tant qu'il fait encore jour, travaille aux oeuvres de celui qui a créé la vie.
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Rien n'est injuste car cela voudrait dire que quelque chose est juste. Cela voudrait dire qu'il existe un enclos et un Gardien à cet enclos. (...)
Tout comme le bonheur, le malheur n'est simplement pas juste. Ce n'est pas une attestation du contraire de la justice, mais simplement de son absence.
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On enlève pas une béquille à un frère si l'on ne sait pas tenir debout à sa place.
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Lorsqu'on tient un système rassurant qui nous permet de dormir du sommeil du juste, on le défend avec acharnement. Que ce système soit une construction personnelle ou un héritage familial, on tient à lui comme à la prunelle de ses yeux et l'on a raison : il nous protège de la Plainte.
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On reconnait ses amis à ce qu'ils savent supporter la présence palpable du malheur, sans fuir ni ouvrir la bouche en vaines consolations. A cela reconnait-on peut-être aussi un bon aumônier.
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Marion Muller-Colard
(Comment passer de) l'instant où nous réalisons que la vie ne peut se vivre sous garantie à celui où nous serons capables de continuer à nous lever le matin sans certitude, ni perfection, ni sécurité absolue ?
(L'autre Dieu)
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Or, la responsabilité ne se donne qu'en s'abandonnant. Voilà peut-être ce que donne ici le père à travers ce mot "bios" qui diffère de ce que demandait le fils: la responsabilité de sa propre vie dont il ne peut pas rester le garant plus longtemps, au risque de ne jamais laisser son fils sortir de l'enfance.
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Ces poussières de croyance, je les ai regardées, avec passion, voleter dans l'entrebâillement des vies fissurées par l'imprevu. C'était en substance mon métier d'aumônier. Dans l'intimité d'une chambre d'hôpital, la pudeur règne en maître. (...) J'ai toujours marché lentement dans les longs couloirs qui me menaient à une chambre particulière, vers un nom, un visage, une histoire, un récit, et un insondable désir. Tout cela que j'ignorais encore en marchant lentement vers l'inconnu à rencontrer.
Mais surtout, un nom qui portait - et bien souvent sans le savoir - sa propre mythologie. Le pourquoi de sa vie et la définition des bases du contrat qui la rend acceptable.
J'ai vu bien des contrats rompus par la maladie. Parce que cet homme, immigré portugais, avait quitté son pays pour chercher un travail en France. Parce qu'il avait passé comme contrat de travailler dur le temps qu'il faudrait pour pouvoir acheter une maison dans son pays d'origine. Parce qu'il y était enfin parvenu et qu'il attendait simplement la retraite pour rejoindre le Portugal avec sa femme, dans cette petite maison rêvée qu'il retapait l'été depuis cinq ans. Parce que la retraite était arrivée et six mois plus tard, un cancer déchirait en morceaux le contrat de sa vie.
- Je n'ai jamais fait de mal à personne, gémissait l'homme meurtri.
Ses yeux fouillaient les miens à la recherche d'une explication. Et moi, je voyais danser les fines particules de croyances en une Justice immanente. Combien de silences, de soupirs, de regards fuyants vers la vitre, vers ce dehors où des hommes et des femmes s'affairaient en toute inconscience ? Dans cette chambre, nous découvrions l'insondable vide de sens.
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Je sais les filets d'inertie que la plainte jette sur les meilleures volontés, son pouvoir d'opacité qui éloigne tout sourire et toute main tendue. Je sais la malédiction sociale qu'elle abat sur nos vies, et il faut des prophètes pour vous deviner vivant sous les décombres. Ou d'autres qui ont plongé avant vous et connaissent aussi l'effort démesuré qu'on paye pour rejoindre la rive des terres habitées.
J'entends encore son roulis tout près de moi, parfois comme un vacarme, parfois comme un son plus lointain. Je sais qu'elle gronde toujours près d'un frère humain.
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Il arrive qu’une nuit ne passe que dans la lente poussée qu’exerce chaque minute sur la suivante. Il est possible de vivre une nuit entière en s’absorbant dans la succession autiste des petits chiffres rouges sur l’écran du réveil. Où est-on, lorsqu’on garde ainsi les yeux hypnotisés par des chiffres clignotants qui, de là où l’on se tient, n’informent plus de rien ? Dans quel no man’s land la plainte retient-elle pour tenir des corps vivants et libres allongés sur la tranche, sourds à l’inconfort et rétifs au sommeil, hagards et isolés de leur environnement, seul dévolu jeté sur la mécanique superficielle du temps ?
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Elle m’a haïe au premier coup d’œil. Elle a haï mes jambes, ma mobilité, cette aisance que j’avais à respirer. Chacun de mes gestes aiguisait l’un de ses deuils. Je ne vous parle même pas de ma jeunesse. J’avais vingt-trois ans. J’étais pimpante, que je le voulusse ou non. Et j’emballais le tout de l’audace d’un sourire.
Mon corps entier - ce corps de jouissance et de disponibilité, ce corps de jeune fille très sûr de son avenir, un corps si conciliant que je pouvais sereinement l’oublier -, mon corps entier poussait avec désinvolture la vieille femme dans les retranchements de son enfer.
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