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Citations de Mélanie Fazi (275)


La chanson parle d'un aigle et d'un serpent. C'est une métaphore reprise tout du long. À la fin, ça devient l'image d'un avion et d'un train. L'ombre de l'avion qui croise l'ombre de l'avion dans la plaine. Je trouvais ça très beau. J'y pensais, forcément, pendant le décollage. J'étais assise près de l'aile. À l'intérieur de l'aigle.
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- Mais pour qui elle se prend. Cette espèce de salope.
Faith riait de plus belle.
- C’est pas tous les jours que je t’entends utiliser ces mots-là, Arlis. Allez, lâche-toi un peu, ça fait du bien. Répète encore une fois.
- Espèce de salope.
- Plus fort.
- Salope.
- Plus fort, je te dis. Il n’y a personne pour t’entendre.
- SALOPE !
Le mot a claqué comme une détonation au milieu des champs. Faith s’est remise à danser sur place, l’expression toujours rieuse, satisfaite d’avoir été celle qui pressait la détente.
- Hein, que ça soulage ?
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Et comme je me tenais là, devant la tombe (...), il m’a semblé soudain qu’on me regardait. Derrière mon dos, une présence. Pas comme celle de la dame à la petite croix dorée, depuis la tombe qu’elle récurait. Pas comme celle d’un passant. Une présence plantée derrière moi. Mais pas vraiment charnelle.
J’ai cru sentir un courant d’air, ou une vague d’électricité statique. Quelque chose d’aussi peu concret. (...)
Quelque chose. Qui n’aurait pas de chair pour me toucher. Je n’osais pas me retourner, par peur que ce seul geste suffise à la faire disparaître.
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On m’a souvent raconté que je savais grimper sur le dos de l’ours avant même d’apprendre à marcher, et qu’on m’avait retrouvé plus d’une fois endormi contre sa fourrure, comme un bébé agrippé aux jupes de sa mère. Dire que la plupart des gamins se contentent d’un ours en peluche.
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C'est ce qu'il y a d'unique dans chaque concert, cette impression d'être dans l'instant, de vivre une histoire en train de s'écrire. Ce moment où tout devient possible. On peut toujours se passer les pirates en boucle ou visionner les vidéos, ce ne sera plus jamais pareil. Après, tout sera figé dans le temps, immuable, l'image nous échappera pour appartenir à d'autres. Alors qu'un vrai concert se vit dans le moment présent. Un concert manqué est perdu à jamais.
(Dans "Matilda")
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- La différence entre cuisine et sorcellerie n'est pas si grande qu'on veut bien le croire. J'étais sérieuse, tu sais : tout est dans les herbes. Leur connaissance est la clé de tout, en cuisine comme en magie.
(Circé dans "Mémoire des herbes aromatiques")
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J’adorerais jouer les héroïnes gothiques et descendre dans le jardin en chemise de nuit, rayon de lune dans la nuit noire, pour aller sur la falaise écouter gronder l’orage. Cheveux au vent, lèvres bien rouges et peau très blanche, chemise claquant comme une voile de bateau face à la mer démontée.
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C’est tranquille, le long des quais : à l’ombre des ponts, personne ne vous voit. Sauf les rats qui se glissent tout contre les murs. De grosses bestioles grises et velues qui m’ont regardé faire tandis que je gravais son nom sur tous les ponts, le plus près possible du niveau de l’eau.

[extrait de 'Le Passeur']
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C'est la foule, le plus pénible. Tous ces contacts indésirables et moites, ce va-et-vient incessant, quand on n'aspire qu'à marcher dans des rues vides en quête de silence. Tous ces pas qui effacent les couleurs de la ville, déjà ternies par la lumière fade du jour. Et le bruit, surtout, comme la rumeur diffuse de centaines de fourmis travailleuses. On croit ne plus l'entendre, à force d'en être imprégné. Mais le silence, le vrai, n'existe que la nuit.

("Le passeur")
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Quelle idiote je fais. Toute cette attente, et maintenant qu'elle se tient là, je ne trouve rien de mieux que de penser à sa taille. Alors qu'elle est devant moi, tout entière. Son corps et sa voix.
Son corps si concret, si ordinaire, l'enveloppe charnelle qui la rattache au monde terrestre. Qui la garde solidement ancrée au sol.
Sa voix unique, grave et puissante, capable de s'en aller tutoyer les dieux. Cette voix qui ne demande qu'à s'élever.
Tant de force enfermée dans cette prison de chair.

("Matilda")
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Nikolai m'a confié qu'il s'arrange pour caser dans chaque dessin une forme évoquant un "N": sa signature.
-- La seule fois où j'ai dû renoncer, c'était pour une femme qui voulait que je la tatoue au visage. Deux larmes: "une pour chaque année depuis qu'il est parti", m'a-t-elle dit. Elle a tout subi sans broncher, sans même ciller, et avant de partir elle m'a lancé: "A l'année prochaine."

(nouvelle "Serpentine")
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Je ne souhaite plus désormais, comme autrefois, "être quelqu'un d'autre". Cette histoire qui est la mienne est bancale et pas toujours simple, mais elle est la plus intéressante qu'on ait pu me donner à vivre. Et je m'aperçois que les aspects de ma vie et de ma personnalité auxquels je tiens le plus sont liés à ma part autistique. Mon rapport à l'écriture, bien sûr, et toutes les portes qu'il m'a ouvertes. Mais aussi un certain rapport à la sincérité, une manière intense de vivre les choses, un regard différent de celui des autres. On m'a dit un jour que mes perspectives étaient toujours singulières, et je l'ai reçu comme un grand compliment.
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- Dis Jared, elles sont où tes jambes ?
Au silence gêné de Lindy avait répondu en écho le rire de Jared, tel un crépitement de mitraillette.
- Ça t’intrigue, hein ? Figure-toi que ma mère a vendu son âme au Diable pendant sa grossesse.
Devant ma mine incrédule, il avait rectifié :
- Non, la vraie histoire, c’est qu’un loup-garou m’a pris en chasse quand j’étais petit comme toi. (...)
- Les loups-garous, ...ça existe pas.
- Tu préfères que je te dise que je les ai vendues à un marchand de pièces détachées, un jour où j’étais complètement fauché ?
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Jeu d'ombres et de lumières sans doute, car la lumière aime Nikolaï. Elle aime jusqu'au grain de sa peau, et il possède une façon unique de l'accrocher et de la retenir, comme s'il se tenait tout contre la flamme d'une bougie pour la laisser remodeler ses traits. Elle frôle et taquine son épiderme, et le serpent semble vibrer sous sa caresse.
(Dans "Serpentine")
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Je consacrais des heures chaque jour plus nombreuses à m'immerger dans l'eau. J'apprenais son contact sur ma peau. Je me découvrais des envies de traiter le courant de noms obscènes ou crus, mais rien ne me venait. Que des noms féminins : l'onde, toujours, et je m'interrogeais sur la symbolique des ondines. Pourquoi choisir des figures féminines quand le fleuve charriait une telle masse d'eau, avec une telle puissance ?
("La danse au bord du fleuve")
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Mains tendues vers la terre, yeux braqués vers le ciel, j'ai laissé ma voix se déployer. Couver en moi comme un orage, crépiter dans ma chair puis s'élancer au loin, monstrueuse, inhumaine. Ma voix mystérieuse et sans âge. Chargée d'une tristesse infinie qui me serrait les tripes et la gorge avant de s'échapper. Une plainte qui ne pouvait appartenir qu'à la terre, aux morts, à la mémoire.
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Venise ne se nomme pas pour rien《cité des masques》: une courtisane parée de soieries et de rubans, mais déjà rongée par la vérole. Elle pourrit de l'intérieur, sans jamais se départir d'un sourire éclatant.

"La Cité travestie"
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On chasse l’ennui comme les moustiques, pour le voir aussitôt revenir à l’assaut. Comme cette pellicule de sueur au goût salé qui vous colle à la peau : on ne s’en débarrasse jamais.
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Parfois, je préférerais que les gens apprennent à goûter et à respecter le silence. La conversation ordinaire demande trop de contorsions, de réflexions, d'efforts ; elle demande de ne surtout pas entrer dans le détail ou la nuance, elle demande de s'effacer pour aller dans ce qu'on suppose être le sens commun.
Et parfois les gens comme moi, qui maîtrisent mal ces fonctionnements-là, pèchent par excès de spontanéité. On dit les choses telles qu'elles sont, telles qu'on les perçoit ; on oublie qu'à quelqu'un qui n'est pas proche, on ne doit pas parler de la fatigue d'un voyage, mais uniquement de ses merveilles. Et ce faisant, on commet des impairs sans bien comprendre pourquoi.
Les discussions ne seraient-elles pas plus simples si l'on cessait de déguiser les choses ? Qu'il faille constamment se nier soi-même par souci de politesse me semble aussi vain qu'épuisant.
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Alors je creuse les causes de cette "fatigue autistique" dont je découvre l'existence. On lui attribue principalement deux origines. D'une part, la surcharge sensorielle, cet afflux constant de stimuli stressants contre lesquels le corps peine à se défendre. Et d'autre part, le coût en énergie des réflexes de camouflage acquis pour fonctionner au milieu des autres. Quand on doit constamment observer, analyser, décrypter ce qui se passe pour trouver comment réagir, adopter des comportements qui ne sont pas naturels pour nous, on s'épuise très vite au contact des autres, parce qu'on est constamment sur le qui-vive. Même si l'on a appris avec le temps à calquer notre comportement sur celui de notre entourage et si c'est devenu une forme de réflexe. Ou peut-être plutôt : surtout si l'on a appris. On ne se rend même plus compte de l'énergie que ça nous demande. On s'efforce d'agir comme les autres et, ce faisant, on s'épuise.
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