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Critiques de Michaël Mention (543)
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Toucher le noir

Même si j’en ressors moins convaincu que par les deux précédents opus, « Toucher le noir » m’a offert un bon moment de détente.

J’ai aimé découvrir à travers ces nouvelles quelques plumes qui m’étaient jusque-là inconnues.

J’ai particulièrement aimé le texte de Valentin Musso, qui nous pour un « Retour de soirée », nous offre une expérience inattendue dans un restaurant plongée dans une obscurité totale. Tout est dit en peu de pages c’est à la fois glaçant et assez drôle, pour peu que l’on apprécie l’humour, Noir, bien sûr.

Merci à NetGalley et aux Editions Belfond.

#Toucherlenoir #NetGalleyFrance



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Sale temps pour le pays

Je ne vois pas très bien sans mes lunettes, ni avec (mais rien de grave).

Les étoiles Babelio me faisaient mal aux yeux depuis ce matin, je les trouvais plus grandes, plus maigres et plus pâles qu'avant. Je viens de comprendre pourquoi : on peut colorier des moitiés ! Merci les Ours & les Abeilles du site !

Ce progrès tombe à pic : j'hésitais entre 4 et 3/5 pour ma première rencontre avec Michaël Mention - qui est marseillais, pas britannique, donc ne pas prononcer Maille-Keul Mène-Cheun, quoi qu'insinue certain avec un aplomb goguenard à la limite du supportable... 😉



L'auteur s'est inspiré ici de l'affaire de l'éventreur du Yorkshire, qui terrorisa le nord de l'Angleterre entre 1975 et 1980. Souvenez-vous, cette personne qui tuait essentiellement des prostituées, prétendant "débarrasser les rues de toutes ces salopes". Je ne vous dirai pas jusqu'à quel point cette fiction rejoint la réalité, je tiens à laisser quelques surprises, le suspense n'étant pas le point fort du roman...



Il s'agit donc d'une histoire classique de serial killer, rapportée de manière factuelle. La lecture est un peu monotone, heureusement que l'intrigue se centre progressivement sur deux policiers en charge de l'enquête, et que l'auteur rappelle de loin en loin le contexte socio-politique (années Thatcher) et nous souffle quelques airs d'époque bien sympathiques (Pink Floyd, Supertramp, Peter Gabriel, Police, Cure).



Pas super convaincue, mais si on me dit que les polars plus récents de cet auteur sont moins timorés que ce deuxième ouvrage de 2012, je tenterai de nouveau...

Merci, D'Gildass (ou Guildass ?), pour le prêt ! 😊



PS : comme je me suis ravisée pour la note, le 3.5/5 devrait apparaître demain à la place du 4...
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Adieu demain

Peter est né en 1969 au nord de l’Angleterre, a Leeds.Ce n'est pas le départ d'une vie érotique, loin de là:père cocu et alcolo, mère pute avec heures sup, crise économique, un frère et une sœur à aider; il s'en serait sorti pas trop mal sans une arachnophobie puissante qui lui fait tabasser un épicier qui refuse de lui prêter une bombe anti araignées : 4 ans en hôpital psy où il rencontre le célèbre tueur en série de son enfance: l'éventreur du yorkshire, en résulte une passion pour la criminologie et les sérial killer.



2 flics enquêtent sur un assassin qui commet plusieurs crimes sur des prostitués en utilisant une arbalète.



Roman noir: un vrai, un pur. La crise économique, les événements qui ont marqué Leeds de 1970 à 2005, les traces que laissent une jeunesse sans amour, la frustration qui s'abat sur les flics mis en échec par le tueur et la conséquence sur leurs proches sont beaucoup plus important que l'enquête en elle même.

Une amère chronique de la misère sociale , affective, et psychologique .



L'auteur est , malgré son pseudo et le lieu de l'intrigue,français. Encore une jeune romancier prometteur!
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Jeudi noir

Le foot et moi, ça fait 2. Hormis quelques matchs lors des coupes du Monde ou d’Europe, je ne le regarde pas.



D’ailleurs, il a fallu que ma petite sœur suive le Coupe du Monde en 1998 pour que nous regardions pour la première fois du foot ensemble, ma sœur, ma mère et moi. Mais pas notre père…



Malgré tout, je ne sais toujours pas reconnaître un hors-jeu quand il y en a un et je ne suis jamais devenue une fana de ce sport où l’argent fait sa loi.



Alors vous pensez bien qu’un roman relatant le match France/RFA lors de la demi-finale de la Coupe du Monde à Séville en 1982, ça ne m’intéressait pas du tout.



Sauf que l’auteur ne m’est pas inconnu, qu’il m’a enchanté avec un autre roman et que des copains/ines sur la Toile m’ont donné l’envie de le lire.



Heureusement d’ailleurs, parce que j’aurais fait l’erreur stupide de passer à côté d’un excellent roman.



Certes, il relate de manière précise ce match de foot que je n’ai jamais vu et qui fut hard, mais il ne fait pas que ça !



Derrière la narration d’un joueur fictif, une sorte de douzième homme sur le terrain, il y a toute une réflexion profonde sur la France, l’Europe, l’Allemagne de l’après-guerre, la montée du racisme et les valeurs qui à une époque, avait fait la grandeur de la France.



Sans parler d’un gros tacle dans les tibias d’une certaine presse… celle qui joue aux vautours.



Et puis, ce match de foot, ce n’est pas un match, c’est une bataille, une guerre larvée qui va atteindre son paroxysme après l’agression… La tension est palpable à tel point qu’on pourrait la couper au couteau.



On a beau connaître l’issue du match, savoir pour qui sera Waterloo, malgré tout, on espère voir gagner l’équipe de France. On tremble même à chaque tir cadré vers les buts.



Jamais je n’aurais cru possible que le récit d’un match de foot puisse me prendre aux tripes ainsi. Ni que le récit puisse atteindre autant de profondeur.



L’auteur arrive à nous décrire la haine et la rage qui monte dans l’esprit des joueurs et dans les gradins, à nous raconter du foot qui avait tout du pugilat.



Rien à dire, on sent le travail de documentation derrière tout cela ainsi que le talent de l’auteur pour mettre tout cela en phrases cohérentes et donner du suspense à un match que l’on sait plié d’avance.



Une Mention "très bien" aussi à l’auteur pour ses petites intro musicales en début de chaque chapitre… Phrases d’intro qui se retrouvaient ensuite dans les premières phrases du chapitre. Là, je tire mon chapeau.



Bref, vous l’aurez compris, pas besoin d’aimer le ballon rond pour le lire, même pas besoin d’avoir vécu le match en direct (bien que cela doit donner une autre saveur au roman) ou de le visionner sur You Tube.



Moi, je me suis juste contentée de voir la fameuse charge de Schumacher "Bison" sur Battiston. Là, on comprend que cela ait failli mettre le feu au stade, et pas dans le bon sens. On se demande même pourquoi l’arbitre regardait ailleurs.



Cette vidéo m’a aussi appris qu’en 82, les maillots n’étaient pas floqués du noms des joueurs et que leurs shorts étaient à la limite de faire dépasser leurs service trois-pièces.



Des shorts aussi riquiqui que les esprits de certains bas-de-plafonds qui pensaient (et pensent toujours) qu’une équipe de foot nationale doit être composée à sang pour sang de joueurs du pays… Vous savez, des vrais, pas des produits d’importation…



Moi, tout ça me débecte car qui peut dire qu’il est plus Français/Belge/Italien…. que son voisin ?



Une belle découverte que ce roman et je m’en serais voulue d’être passée à côté.


Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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La voix secrète

Ce roman policier historique remplit les critères. Il nous plonge dans un contexte historique précis : le Paris de Louis-Philippe, avec l'intervention d'un personnage réel Lacenaire, l'évocation de la misère sociale et de la fragilité de la monarchie de Juillet, pour le cadre politique. La traque de l'assassin est prenante, avec un côté gore, mais la fin m'a paru abrupte.
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Power

Dans un langage scandé

comme un rap pourtant pas encore inventé



Dans une langue fleurie de gros mots,

d'argot,

criée très haut



Black Panther Party

jaillit



Du marxisme,

du maoïsme,

se réclame de Malcom X



Contre les flics,

ces pigs,

ces sales racistes



Ils tirent

se tirent

dans leur tire



Mais qui est la racaille ?

Le FIB

ou la flicaille ?



Gangs/Panthers/flics ripoux

pas de justice, pas de paix dans ce monde à bout



A force de pognon,

trahison

et déraison

pour BPP c'est l'implosion



Mais ce livre c'est comme des images qui tournent dans un film d'action

mais non,

ce n'est pas de la fiction
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Manhattan chaos

Miles Davis, un musicien de légende au caractère imbitable et aux addictions nombreuses, est le héros du nouveau roman de Michael Mention, un inédit en grand format qui sort directement en poche chez 10/18



Michaël Mention est un auteur de roman noir marseillais qui a déjà écrit sur l'Amérique des seventies avec Fils de Sam le déclencheur narratif a été la période de repli de Miles Davis entre 75 et 80. L'auteur cloîtré chez lui, à Manhattan, est obligé de sortir et d'affronter un New York plongé dans l'obscurité la plus totale puisque la ville est plongée dans une immense panne électrique qui la paralyse



New-york, autre personnage important du livre de Mention n'est qu'une succession d'ombres floues et paniquées, et l'intrigue va vite se parer de fantastique et d'onirisme, du aux divagations d'un Miles Davis bien en manque.



Un roman patchwork qui mélange avec habileté, présent passé et futur, pour un voyage dans le temps aussi addictif que musical à dévorer en écoutant du Miles Davis, pourquoi pas Kind of blue un de ses chefs d’œuvre!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le carnaval des hyènes

Un polar de bonne facture avec un rythme de lecture soutenu et des rebondissements intéressants. Une plume tonique, bien campée dans l'actualité et les références sont bien trouvées. Une vision des médias que je trouve juste dans le ton.

Voilà ce qu'il fallait retenir dans l'actualité ? Oui, on connait l'expression. Alors, moi je vais m'attarder sur un indice de lecture fourni par Michaël Mention et essayer de trouver Les forcenés d'Abdel Hafed Benotman, puisque l'auteur nous écrit que "c'est puissant. Et le mec est extra. Je l'avais rencontré dans un salon litt.." Rroh comment je suis influençable par les médias ^^
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Toucher le noir



De retour chez elle après une soirée mémorable, Ashley emmena Aksil directement dans sa chambre, sans plus tergiverser.

C'était vraiment magique ce second rendez-vous. Elle n'avait jamais rencontré de garçon aussi épatant. Il était non seulement beau mais également raffiné, cultivé, altruiste et généreux.

Aksil était pompier, il sauvait tous les jours des vies humaines en mettant en péril sa propre existence. Et hier soir il l'avait emmenée à la soupe populaire où elle l'a aidé à donner un repas décent aux trop nombreux sans abris, qui toujours les remerciait d'un sourire ou d'un simple signe de tête. C'était gratifiant. A ses côtés elle devenait meilleure.

Sans attendre, leurs corps brûlant d'un ardent désir, ils s'embrassèrent avec fougue.

Leur raison disparut progressivement au profit d'une passion dévorante et déjà de premiers vêtements tombèrent au sol. Ils n'étaient plus guidés que par l'envie de nouvelles sensations, à la découverte de leurs corps respectifs, totalement enivrés.

Aksil humait le parfum d'Ashley, effleurait sa peau d'une incroyable douceur. Rien que ce contact lui donnait déjà le vertige.

Peau d'ébène contre peau d'albâtre, le yin et le yang prêts à se retrouver et à unir leurs courbes pour ne plus faire qu'un.

Ashley gardait les yeux ouverts, admirant le torse musclé de son amant couvert de fines gouttes de sueur. Elle massa ses épaules puis s'attarda sur son torse couleur charbon, toucha ensuite ses abdos parfaitement dessinés et tout aussi noirs avant de descendre lentement encore et de se saisir ...



***



Il n'en fallut pas davantage pour donner à Yvan Fauth la nausée. Il a lu quelques nouvelles d'auteurs amateurs souhaitant figurer dans le troisième volet de nouvelles réservées à l'exploration des cinq sens version macabre et meurtrière.

Le titre sera toucher le noir, pas toucher un noir et encore moins coucher avec un black.

C'est ainsi que mon manuscrit partit à la poubelle.

Même s'il sera bien question d'hommes noirs dans la terrible nouvelle Zeru Zeru de Maud Mayeras qui dénonce des pratiques toujours en cours dans l'Afrique d'aujourd'hui. Comme un conte d'une inimaginable cruauté. A part que ça n'a rien d'une simple fable.



Je trouve que très peu d'auteurs ont respecté le thème du recueil. Le sens du toucher, sans recopier l'intégralité du dictionnaire, c'est tout ce que peut ressentir notre épiderme. Les températures, le contact d'un mur rugueux, d'un livre écrit en braille. Une pression exercée ou encore la distinction des formes. Tout ce à quoi est sensible notre vaste système nerveux : sensations de douleur, de picotements, plaisir sexuel, en résumé toutes ces informations qui remontent de notre peau jusqu'à notre cerveau.

Ici, il est davantage question de dons artistiques et plusieurs auteurs ont même détourné le sujet en écrivant mot pour mot "toucher le noir" comme ils auraient pu rédiger "étreindre les ténèbres".

Comme pour se justifier et dire que les règles du jeu ont bien été respectées.

Je trouve dommage d'imposer désormais des sujets à chaque publication de recueil, mais même si l'imagination des auteurs peut s'en retrouver bridée il faut admettre que c'est également intéressant de voir toutes les directions insoupçonnées qu'une même thématique peut parfois prendre.



Franck Thilliez et Laurent Scalese ont en tout cas joué le jeu. Ce n'est pas leur première collaboration puisqu'en 2013 ils avaient déjà publié "L'encre et le sang" aux éditions Pocket.

Ils ouvrent ce recueil avec "8118 - envers" et le clôturent avec "8118 - endroit". Vous ne serez pas sans remarquer que le chiffre choisi peut aussi bien se lire à l'envers comme à l'endroit.

Alors non, il ne s'agit pas de deux nouvelles complémentaires ( encore que ) mais d'un texte qu'on vous propose de lire en commençant par le début, ou par la fin. Leur histoire nous projette quelques années dans le futur aux Etats Unis, pays plus que jamais sous la pression du lobbying des armes à feu. Même si certains romans se sont déjà prêtés à ce genre d'exercice, c'est la première fois que je lis une nouvelle respectant tous les codes du genre ( jusqu'à la chute ) dans ce format. Impossible de parler du don d'un des principaux personnages sans gâcher la fin d'un des textes, mais on est tout à fait dans le sujet.

Un peu déroutant au départ, on peut rapidement se raccrocher au fil conducteur de chaque partie mais c'est avant tout par l'originalité de sa construction que se démarque cette histoire.



Solène Bakowski, auteure des géniaux Miracle Une bonne intention, a également assuré sa part du contrat avec "L'ange de la vallée" qui présente de nombreux degrés de lecture. Dans un monde imaginaire, une fillette va redonner progressivement foi aux habitants victimes de la sécheresse annihilant leur récolte.

Telle une sainte, un messie, elle possède notamment le don de guérison. D'un simple toucher.

Mais que représentent l'innocence et la bienveillance dans un monde perverti par la cupidité et le profit ?

Les miracles ont-ils un prix ?



Ghislain Gilberti nous offre quant à lui une nouvelle à tiroirs avec L'ombre de la proie. Qui fait automatiquement penser à Une nuit en enfer. Il joue avec les genres, avec les codes, entraînant à trois reprises le lecteur dans une nouvelle direction insoupçonnée. Pourtant, dès les premières lignes, l'ambiance malsaine semble posée. Un pédophile suit une gamine, la petite Alice, repérant la moindre de ses habitudes quotidiennes en attendant le bon jour pour agir. Mais lui même est surveillé par une milice armée et prête à intervenir quand il passera à la vitesse supérieure. Mais qui est réellement la proie dans ce jeu du chat et de la souris ? Quant au Noir, il sera bel et bien touché. Au sens propre.



Benoît Philippon, Danielle Théry et Jacques Saussey ont privilégié l'art pour illustrer la notion de toucher. Le tatouage, la musique, et le dessin. Trois disciplines qui demandent pour être reconnues du savoir-faire, du travail, du talent. Des mains seront écrabouillées, torturées, coupées ( par exemple une femme poursuivie en danger de mort coupe son avant-bras et le jette à ses chasseurs pour avoir une chance d'échapper à son sort funeste au début de la nouvelle de Benoît Philippon ) mais si les mains symbolisent le sens du toucher, ce n'est pas le cas du don artistique.

Rien à signaler sur le texte de Danielle Thery, il s'agit ni plus ni moins de résoudre une affaire policière, celle du meurtre d'un jeune pianiste quelques jours avant un concours primordial.

Des mains en or de Jacques Saussey m'a d'abord plu avec son pacte entre un directeur de pénitentier sans scrupules et un prisonnier surdoué en dessin. Mais le récit traîne un peu en longueur et finit un peu en pétard mouillé. Avec une impression de déjà vu comparé aux textes que le joaillier avait déjà rédigé pour les recueils Santé ! et Dons.

J'ai beaucoup aimé en revanche Signé de Benoît Philippon, histoire dans laquelle les premières oeuvres d'art de Marcy, artiste underground dont la popularité n'a fait que croître, valent des millions. Les peaux des personnes qu'elle a tatouées sont vendues à prix d'or sur le darknet. Son plus grand fan, le plus grand collectionneur ce ces peaux écorchées, organisera un tête à tête avec avec son idole. Beaucoup de tension mais aussi énormément d'humour dans ce texte plaisant.



Beaucoup d'humour et de tension également dans la longue nouvelle de Michaël Mention pour qui le noir est le pétrole. Il choisit comme contexte un ascenseur en panne de la plus grande firme pétrolière des Etats Unis en 1971 ( la Alpha Oil compagnie ) dans laquelle deux hommes enfermés vont devoir discuter. On les suit minute par minute comme un étrange couple qui n'a rien de commun mais qui pourtant n'est pas réuni ce soir là juste par hasard, le tout dans un contexte historique particulier.

Mais là encore je cherche encore le sens du toucher dans un texte qui n'est pas inintéressant mais qui souffre de quelques longueurs.



Un peu d'écologie également avec Eric Cherrière et sa Mer Carnage. Pas grand chose à voir avec le toucher là non plus, si on excepte la sensation de frôler une âme des plus noires lors d'une intervention chirurgicale du cerveau. Cependant, la nouvelle demeure une réussite en mettant en comparaison et en lien deux crimes atroces reliés de bien des façons. Un assassinat des plus horribles où une famille périt sous les coups d'un sociopathe assez fou pour extraire un foetus du ventre de sa mère et le poser dans un berceau. Et un fabricant de plastique, seul survivant de cette tragédie qui a mis tout son coeur à développer l'entreprise de son père jusqu'à avoir des entreprises implantées partout dans le monde. Et le pollueur, l'un des acteur du septième continent, va enfin avoir la chance de se venger de l'homme qui lui a tout pris.

Des années après un meurtre aussi odieux un pardon est-il encore possible ?

Le bien, le mal, tous les repères sont faussés dans ce texte qui part un peu dans tous les sens mais qui m'a plu.



Quant au texte proposé par Valentin Musso, il commence de façon extrêmement surprenante avec le retour de soirée d'un couple qui discute en voiture, un retour qui ne va pas tout à fait bien se passer. L'auteur met en avant trois des cinq sens : la vue, le goût et le toucher. Cette fameuse soirée s'est en effet déroulée dans un restaurant où on mange en aveugle, devinant les aliments par leurs formes et leurs saveurs.

Si on peut deviner la chute assez rapidement, l'idée de départ n'en demeure pas moins originale.





Je ne peux pas vraiment dire que beaucoup de nouvelles m'ont vraiment fait vibrer, mais aucune ne m'a déplu non plus. C'est très rare d'ailleurs quand je lis autant d'auteurs différents à la suite de ne pas faire le grand écart.

Mon léger regret, je l'ai déjà évoqué. On sent quand même les nouvelles commandées aux auteurs pour l'occasion et tous n'ont pas joué le jeu, ou n'ont pas eu l'inspiration nécessaire et se sont rattrapés aux branches pour coller vaguement au titre du recueil ( et même pas à son sujet ). Le toucher n'était pas non plus le sens le plus facile à exploiter.



***



Après l'amour, Iksal s'endormit entre les bras d'Ashley. Elle le contempla longuement, la lueur de la pleine lune illuminant sa chambre. Il avait l'air si fragile ainsi lové contre elle.

La fatigue finit par s'emparer d'elle à son tour et elle embrassa ses lèvres tout doucement, ressentant encore des frissons de plaisir.

Elle se promit de tout faire pour que dure leur relation, persuadée qu'elle était enfin tombé sur l'homme qui saurait prendre soin d'elle.

D'atroces bruits de craquements la firent se réveiller deux heures plus tard. Ils provenaient de son nouvel amour qui la serrait toujours contre elle, mais beaucoup plus fort, avec des bras désormais tordus.

Elle sentit ses griffes se planter dans son dos et hurla quand elle vit son visage, ses yeux rouges qui la fixaient, sa gueule dont les dents lui arrachèrent la carotide en un seul coup de mâchoire.

La dernière chose qu'elle sentit, du bout des doigts, fut la douce fourrure d'Iksal.





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Power

Le Black Panther Party était un mouvement complexe. Il fallait bien un auteur hors norme pour en parler.



Il a beau être blanc et français – sa légitimité aurait sans doute été contestée par les durs du parti – l’auteur est pourtant parfaitement dans son univers.



Noir c’est noir, il n’y a (presque) plus d’espoir, dirait l’autre. Sauf à faire la révolution. Mouvement parti de rien, et qui a pourtant ébranlé les fondations même d’une Amérique dont la discrimination est presque inscrite dans ses gènes.



Martin Luther King et Malcom X ont contribué à faire changer les choses. Les Black Panthers aussi, à leur manière.



Oui, Michaël Mention est l’homme de la situation. A croire qu’il n’est pas né à la bonne époque, tant il est fasciné par les 60’s et 70’s.



Une période de grands chamboulements.



Une période de violence

violence

violence !



Vietnam – noirs qui crèvent de faim et de ne pas avoir de droits – Meurtres en série (les Kennedy, mais pas seulement).



Power n’est pas un documentaire. Tout est vrai ou presque, mais la fiction rattrape la réalité, et le fiction sublime la réalité. L’histoire débute avec Huey Newton et Bobby Seale, les deux fondateurs du BPP. De quelques hommes en Californie, le mouvement va se propager comme une traînée de poudre dans une bonne partie du pays (et même ailleurs).



Retour vers le passé, Black Power, des hommes et des femmes qui prennent leurs destins en main. Et trois destins qu’on va suivre tout au long de l’histoire et de l’Histoire. Trois personnages dans leur intimité, trois personnages inventés (ou pas) qui vont vous faire vivre ce mouvement de l’intérieur. Une riche idée narrative (parmi une foultitude d’autres).



Power : tout est… Politique !

Tout est… Musical !



Une lutte armée qui s’apparente parfois à un western urbain. Une analyse sociétale qui prend aux tripes et fait réfléchir.



Écriture immersive, images dans la tête, sons dans les oreilles… Entêtant. Des destins au bord de la folie dans un monde qui perd la raison. BPP, mouvement plein de contradictions, capable de grandes violences comme de mettre en place tout un travail communautaire (éducation, soins…). Sous couvert d’une lutte raciale, c’est en fait une lutte des classes.



Passionnant que de (re)découvrir ce pan de l’Histoire récente, de suivre les Black Panthers lancer des patrouilles de surveillance de la police (tension…), de suivre l’expansion du mouvement… jusqu’à sa destruction. De révéler le programme COINTELPRO du FBI (infiltration – propagande – provocation des rivalités).



Bouts d’Histoire, comme ces deux athlètes noirs des États-Unis, Tommie Smith et John Carlos, qui lèvent le poing en l’air selon la salutation des Black Panthers, durant les JO de 1968. Bouts d’histoires de personnages qui se battent contre la société et contre eux-mêmes. Et puis, on y découvre le #balancetonporc avant l’heure, qui avait une autre signification dans les années 70 (les ennemis du mouvement, les flics en tête, sont dénommés les porcs – Pigs).



J’affirme, le poing levé, que Michaël Mention est l’un des écrivains les plus doués de sa génération. Je revendique le droit de le défendre de toute mon âme.



Les 450 pages de ce roman sont une sorte d’aboutissement. Même si son talent n’a pas de limite. Écriture viscérale, construction d’une vraie modernité, trouvailles stylistiques à chaque page. Sujets sensibles – écriture hypersensible. Travail de recherche ahurissant et une implication de l’auteur qu’on sent maximale. Mots qui t’explosent à la gueule, frissons au rythme du rock, de la soul et du funk. Si vous aimez la musique, ce retour vers ces années-là prend encore plus de force, parce que l’écriture place la musique au cœur des mots.



Power, ou la quintessence de la Mention’s touch. Le génie (n’ayons pas peur des mots) de Michaël Mention a besoin de sujets forts comme celui-ci. Il s’en nourrit pour proposer une expérience de lecture à nulle autre pareille. Essential Black Mention Power.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Bienvenue à Cotton's Warwick

Me voici une fois de plus dans un trou du cul !



Le trou du cul de l’Australie, pour être précise, et je dirais même plus : le trou du cul du trou du cul du Northern australien (le Southern doit avoir son propre trou du cul).



Les trous du cul du monde, j’ai ai lu. Je pensais avoir touché le fond avec les dingues de "Pottsville, 1280 habitants", j’avais déjà connu des dégénérés avec ceux de "Cul-de-sac" dans le bush australien, mais là, je viens de gagner la floche et un tour gratuit de tous les villages trous du cul du monde !



17 habitants… 16 hommes, une femme, et oubliez la femme qui est protégée par le chef du bled ! Messieurs, il ne vous reste plus que votre poignet, un cochon ou bien un autre homme (un qui ne sait pas se défendre) pour vous vider les baudruches. Gaffe, le canal carpien menace.



Bienvenue à Cotton’s Warwick ? Tu parles ! Moi, je mettrais plutôt un "Fuyez, pauvres fous" ou un "Attention, crétins congénitaux alcoolos – DANGER", ou "Vous qui arrivez ici, oubliez toute espérance", bref, des avertissements en rouge fluo pour prévenir le pauvre connard qui voudrait aller s’échouer là, pensant trouver un coin tranquille.



Tiens, d’ailleurs, le roman, Michaël Mention aurait pu le nommer "And Then There Were None" tant les 17 personnes vivant dans ce trou paumé du trou du cul de l’Australie vont avoir l’impression d’être dans un remake d’Agatha Christie, genre "Dix-sept petits crétins congénitaux".



Et non, l’histoire n’aurait pas eu le même impact dans un trou du cul de l’Amérique car les road train sont une exclusivité de la belle Australie. Les kangourous aussi et les razorback pareils.



La plume de Michaël est fidèle à elle-même. Inimitable. Et. Toujours. Égale. Elle ne plaira pas à tout le monde, il a son style et il me plait.



Ses personnages sont bien campés, ce sont des sortes de redneck version australe, des résidus d’accouplement congénitaux, tous les hommes se retrouvant seuls car leurs femmes se sont suicidées. J’aurais fait pareil, ma foi, perdue dans ce bled tellement paumé que même Dieu à dû l’oublier.



Si je pensais entrer dans un roman noir "traditionnel" et m’en prendre plein la gueule, le pari est "raté" car si j’en ai bien pris plein la gueule, je me suis retrouvée dans un roman noir qui a quitté la piste « traditionnelle » pour s’enfoncer dans le bush et les plaines arides de l’Australie. Du hors piste !



Je ne m’attendais pas du tout à ÇA, j’ai écarquillé grand mes yeux et je n’ai plus su lâcher le roman, tant je voulais arriver à la fin, et tant pis si la dernière partie en huis-clos puait l’oppressant, la carcasse animale, le sang, le vomi, et la merde.



Je voulais de l’oppressant ? Là j’ai été plus que mieux servie ! Atmosphère garantie, âmes sensibles s’abstenir ou se blinder le cuir avant de commencer.



Bienvenue à Cotton’s Warwick, étranger… si tu es une femme, tu seras reluquée par 15 hommes (on a un aveugle, il ne compte donc pas), violée dans leur tête, ils imagineront ta chatte dégoulinante et ce qu’ils pourraient lui faire. Si tu es un mec, cavale ! Fuyez, quoi, pauvres fous et folles !



Bienvenue à Cotton’s Warwick où la température monte jusque 57° et est déjà à 48° à 7h du mat’. Bienvenue chez les tarés, les fous, les crétins, chez ces gens qui passent leur journée à boire, à fumer, à se branler, à causer, mais qui réfléchissent jamais.



Bienvenue en Enfer… Là, je viens d’en sortir et j’ai la gorge plus sèche que le désert australien et les tripes nouées, liquéfiées.



Bienvenue dans le dernier roman de Michaël Mention qui est sorti des sentiers habituels pour nous emmener là où j’aurais jamais osé aller.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Sale temps pour le pays

Comme c'est agréable de découvrir un auteur, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un français œuvrant dans un registre assez proche de celui d'Ellroy.



"Sale temps pour le pays" est plus qu'une simple enquête. A travers le récit d'une affaire de meurtres en série, Michael Mention brosse le portrait de l'Angleterre des années 70. Car c'est bien la société anglaise, alors en pleine mutation économique et sociale, le personnage central du roman, bien plus que les personnages des policiers chargés de l'enquête. Cependant, ces personnages ont de la consistance, de l'épaisseur.



La violence crue et sans fard du récit ne tombe jamais dans la complaisance racoleuse. Cette violence sèche, cette litanie de meurtres, preuve de l'impuissance de la police, est à l'image de la société anglaise qui progressivement se déshumanise pour plus de productivité, sacrifiant les "petits" sur le chemin de la rentabilité.



L'écriture est créative, originale. Il y a une musicalité très particulière dans la construction narrative.



Un très bon roman noir d'un auteur indéniablement à suivre.
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Dehors les chiens

Commencé le 23 mai et abandonné le 25 juillet !! Entre ces deux dates j'ai péniblement lu 200 pages, sur 312 ça fait peu par jour !



Le style m'a rebuté illico, des phrases rudes, raides pas toujours compréhensibles ! le texte est fouillis, j'ai eu la plus grande peine à me situer et encore plus de mal à reconnaître et identifier les personnages !



Et comme en ebook c'est compliqué de faire des retours en arrière, j'ai été totalement lâchée et j'ai fini par lâcher une histoire qui ne me parlait pas du tout !



Tant pis, je m'en remettrais.



#Dehorsleschiens #NetGalleyFrance



Challenge MAUVAIS GENRE 2021

Lecture THEMATIQUE : En voyage
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Dehors les chiens

Michaël Mention n’est pas un écrivain.



Il est pluriel et unique. Innombrable et seul. Changeant et inaltérable.



Michaël Mention est bien plus qu’un écrivain, il mériterait qu’on invente un mot rien que pour lui. Son talent si personnel éclabousse une nouvelle fois les pages de Dehors les chiens.



Il touche à tous les genres, surtout les sous-genres injustement décriés. Avec le même bonheur, le même plaisir, et un don. Sans aucun doute en partie inné. Mais aussi résultant d’un immense travail, pointilleux et obsessionnel.



Place au Far West, au western, revu et retouché par Mention. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça dépote. Oui, dans les vieux pots, l’auteur arrive à faire pousser un plant littéraire singulier et réellement moderne, tout en respectant les codes « anciens » de ce genre.



Dehors les chiens est autant polar que roman noir, fait autant siffler les balles que suer les âmes.



1866, l’ouest de ce qui n’est pas encore un pays unis, au sortir de la guerre de Sécession. L’United States Secret Service (USSS) vient aussi d’être créé, Crimson Dyke en est un de ses agents, à la poursuite des faux monnayeurs. Autant dire qu’on est davantage dans le réel que dans les films de John Wayne.



La vérité et le quotidien pénible et violent, vous allez les éprouver dans votre chair. L’écrivain est un raconteur hors pair qui fait ressentir les émotions et sensations comme peu savent le faire, avec une (grosse) touche de créativité qui embrase le tout.



Vous adorez les western ? Vous serez subjugués. Vous n’aimez pas ce style habituellement (comme moi) ? vous tomberez tout autant sous le charme brutal de ce roman atypique. Pari tenu. Oui, j’ai été subjugué, du début à la fin, par l’intrigue, les personnages, l’environnement et les sujets de société.

Et l’écriture !

L’écriture !

Vous. N’avez. Jamais. Lu. Ça. Mark my words.



Sorti directement en poche dans la collection Grands Détectives chez 10/18, ce roman mérite d’être mis entre le plus grand nombre de mains, preuve que littérature ambitieuse peut rimer avec littérature populaire. De quoi clouer le bec de certains.



L’enquête menée par Crimson Dyke est étonnante, elle s’éloigne très vite des histoires de fausse monnaie. Le personnage lui-même est remarquable, complexe. D’ailleurs, on devrait le retrouver par la suite.



Mention arrive à faire preuve de rigueur tout en pensant toujours au divertissement. L’ambiance de l’époque et les faits historiques sont relayés avec minutie, mais le récit est aussi criblé de trouvailles et d’inventivité stylistiques.



Et, il y a aussi un message, concernant le fin mot de l’histoire, rien n’est gratuit. Le divertissement n’est pas incompatible avec le fait de parler des maux de la société passée (et encore présente), ni de plonger profondément dans la noirceur de l’Homme.



Bluffant de bout en bout, jusqu’à cette idée folle de placer des titres musicaux du XXème siècle dans un roman du XIXème. C’est une autre obsession de l’auteur que de planter de la musique dans chacun de ses livres. Ça paraît dingue ici, j’ai même douté avant de l’ouvrir, pour ensuite incliner devant la malice utilisée. Il fallait le faire de caser Metal mititia de Metallica et que ça sonne juste et adapté ! Il y a pas à dire, ce gars est un génie…



Dehors les chiens est un western mordant comme vous n’en avez jamais lu. Michaël Mention dépeint un Far West unique et crée un univers crédible, cruel et pourtant follement romanesque. Stupéfiant.
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Sale temps pour le pays

"Sale temps pour le pays" de Michaël Mention - La chronique météo !



Sale temps pour le pays certes, mais soleil au beau fixe pour le lecteur. C'est le coeur empli de soleil qu'on referme ce livre. Pas qu'il donne la pêche, il est sombre et dépressif à souhait, mais on le referme avec la conviction d'avoir rencontré un grand auteur. Ce n'est pas si fréquent.



C'est donc un roman gris, brumeux mais nerveux que nous offre Michaël Mention. Un livre-ronces, une fois vos mains posées dessus, vous ne pourrez plus vous en extirper, au grand risque de vous en déchirer le coeur. Vous voilà prévenu.



La perfide Albion vue par un auteur français, en voilà une brillante idée. Et Michaël connaît son sujet sur le bout des doigts.



Mélangeant les aspects sociaux , culturels et politiques des années 75 à 81, c'est tout un pan de vie qui nous est contée ici. L'ère du changement. La période qui a vu l'humanité occidentale sombrer vers nos temps modernes, plus secs, individualistes et impersonnels. Une période-clé et riche. Après les swinging sixties, l'Angleterre se prend en pleine poire les déprimantes seventies. Shocking ! God save the Queen, son !



L'auteur nous narre, ou nous remémore selon notre âge, les événements qui ont encadrés ces 6 années. On y suit l'avènement de Thatcher et les premiers relents de la crise et du libéralisme qui viendront dévorer des millions de vies. C'est à ce moment que la finance l'a définitivement emporté sur l'humanisme. R.I.P.



Une fois le social mis de côté, c'est surtout une formidable enquête déroulée par un auteur de génie qui vous attend ici. Mention s'inspire ouvertement du tueur en série anglais nommé "L'Eventreur du Yorkshire" et nous propose une virée en enfer aux côtés des enquêteurs. 6 années d'enquête abruptes, douloureuses et usantes qui ne laissera aucun d'entre eux indemne.



La grande force de Mention, ce sont ses personnages. Ses flics sont terriblement humains, incroyablement réalistes. On pourrait les toucher du doigt tellement ses mots accouchent de chair, laissant votre imaginaire s'encastrer dans la réalité.

Ce livre vous hantera plusieurs jours durant. Ses personnages hurleront jusqu'à ce vous ouvriez de nouveau le livre pour les retrouver. Que ce soit l'irascible Georges Knox, ce dandy de Mark Burstyn, cet incompétent de Caine ou ce puriste de Walter Bellamy. Il sera dur de s'en défaire. Après tout, vous aurez passé 6 années ensemble...



L'auteur bricole ses pages et ses chapitres avec brio, jouant avec nos nerfs, titillant nos sens. Sa construction est parfaite, huilée avec précision. Il nous fait des collages déments de ses chapitres recouvrant son intrigue de fines couches pour l'épaissir et la muscler.



Michael a la phrase acerbe, le verbe-enclume, le mot qui pèse.

Sa façon de nous décrire les confrontations entre les flics ou avec les suspects est phénoménale. Ca tape fort, ça fait mal, ça heurte. Mention nous a écrit un western britannique, nonchalant puis allumé. Doux puis corrosif. Calme puis explosif.



C'est musical, c'est Rock, c'est Punk, c'est énervé, enlevé. Le ton colle à la peau de l'époque décrite, les seventies finissantes.



Sale temps pour le pays est aussi un formidable moment d'humanité, bouleversant quand il s'agit de la maladie, bouillonnant quand il s'agit de l'enquête, déprimant quand il raconte son piétinement, attachant quand il sublime l'amitié.



Il faut être un saint-homme pour nommer un de ses chapitres "Anarchy in the UK" et y évoquer la reine #sexpistols4ever. N'attendez pas qu'il ne soit canonisé pour le lire. En général, c'est trop tard. 4/5



PS : merci à Gruz pour m'avoir si souvent mis l'eau à la bouche et donné l'envie de lire cet incroyable écrivain qu'est Michael Mention.
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Sale temps pour le pays

Back to the 70's.

Sortez vos pantalons pattes d'eph', Michaël Mention nous plonge avec réalisme dans l'Angleterre des années soixante-dix (étonnant lorsque l'on sait qu'il n'a pas connu cette époque, étant né en 1979).

"Sale temps pour le pays" est un polar, mais pas que, surtout pas.

C'est une véritable plongée dans ce pays vivant un tournant de son histoire. Arrivée de Thatcher, pays en pleine dépression, population désorientée, loin du flower power. Pays confronté également à un tueur en série qui sévira 6 ans.

L'auteur brode autour de la réalité, réalité économique et sociale du pays, réalité de cette affaire policière dont il a changé le nom des protagonistes tout en en gardant la chronologie.

La force du bouquin réside là, dans cette plongée dans une époque, plutôt bien rendue par l'écrivain (mode, musique...).

Étonnamment, on pourrait parfois croire à une description de nos jours : crise économique, prise de pouvoir de l'argent, délocalisation (des petites villes vers Londres, à l'époque). Des similitudes qui expliquent peut être le retour "en grâce" actuel des horribles couleurs acidulées (mais je m'égare...).

Un décor bien planté et certains personnages assez forts.

On suivra avec intérêt cette enquête lors de chapitres courts, enquête surlignée par une écriture directe et parfois créative.

Le roman est, à mon sens, cependant trop court (268 pages). Une telle matière aurait pu permettre de moins survoler les éléments d’enquête et approfondir encore plus les personnages (et cet enquêteur principal si marquant).

D'où mon sentiment d'inachevé, qui ne doit pas vous faire bouder ce roman assez original dans la forme et qui mérite le détour.

Merci à Babelio et à l'éditeur Payot et Rivages pour cette plongée dans le passé (proche).
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De mort lente

Michaël Mention est un perturbateur. Un agitateur de conscience, un provocateur de réactions.



Un mutin mutant qui frappe frappe frappe là où ça fait mal. Choc frontal pour nous ouvrir les yeux.



Nous vivons de plus en plus vieux. Mais nous tombons de plus en plus malades, de plus en plus jeunes. Cancers, infécondité, problèmes de thyroïde, autisme…, la liste des maladies et nouveaux symptômes est interminable. On en a plus ou moins conscience sans trop arriver à toucher le problème du doigt. Mais :



Certains savent…

Certains savent et ne font rien…

Certains savent et en profitent…

Certains profitent et savent en être responsables…

Certains savent !



Le sujet central de son nouveau roman est en lien avec les perturbateurs endocriniens. Ils sont partout, villes et champs, intérieur et extérieur.



Les envahisseurs, des substances étranges. Leur but : s’établir dans votre corps et en faire leur univers. Michaël Mention les a vus. Pour lui, cela a commencé pendant une triste nuit (sans sommeil), alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva.



A présent, Michaël Mention sait que les envahisseurs sont là, qu’ils ont pris forme humaine et il lui reste à convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…



Parce que les envahisseurs ne sont pas que matières et composants chimiques. Ce sont aussi des hommes de l’ombre qui défendent les profits de ceux qui répandent le mal : les lobbies.



Contre les lobbies seuls, laissons Michaël Mention être notre Obi-Wan.



L’écrivain de génie (je n’ai pas peur d’utiliser le mot) choisit la fiction pour faire passer des messages. Et des émotions. Le but n’est pas de faire peur, mais d’ouvrir les consciences à la réalité et jeter une pierre supplémentaire dans la mare saumâtre des profiteurs à profits.



Les personnages capricieux de son histoire sont en guerre. Un journaliste, un scientifique, un couple et leur jeune enfant atteint par des maux étranges. Qui veulent savoir, qui veulent faire savoir. Le prix de leur engagement sera très lourd.



Peu d’auteurs savent ainsi proposer un récit imaginaire si ancré dans le réel, avec une patte si personnelle. Coups de griffes.



Chaque roman de l’auteur possède son atmosphère propre. Écriture inimitable et reconnaissable entre mille, mais ambiance et traitement différents.



Ce Mention-là est presque journalistique. Enquête de fond d’un frondeur qui dévoile la face cachée d’une Industrie. Et les rouages complexes et grippés de la Commission Européenne, qui virent trop souvent de leur axe.



L’équilibre est précaire entre cette investigation et ses obsessions stylistiques. C’est la première fois que j’ai parfois trouvé sa manière d’intégrer la musique à l’histoire un peu surjouée sur un sujet qui s’y prête moins, mon léger bémol (et pourtant, j’aime ça d’habitude !).



Mention, séduisant séditieux, qui cogne avec ses mots, percute avec son style, bouscule avec sa construction narrative. Lynche, dérouille, pilonne, rosse, bastonne. Écrit avec les tripes à l’air ; opération à cœur ouvert. Ses personnes souffrent mais combattent, avec le peu d’armes à leur disposition. David contre Goliath, moustiques dans le système.



Parce que c’est aussi une histoire d’humains et de notre humanité dont il est question. C’est. Notre. Histoire.



De mort lente est un acte de résistance. Brutal comme la vie l’est, insolent comme l’est le talent de son auteur. Michaël Mention est un perturbateur littéraire, au talent unique, et qui a encore la folie de croire qu’on peut se battre. Essayons de croire comme lui, puisqu’on croit en lui !



Dans une période où on se retrouve dans l’obligation de prendre physiquement du recul à cause d’un virus, profitons-en pour réfléchir à d’autres sujets graves. Et ce qui doit inévitablement changer dans notre société, le jour d’après. Ce livre parle de ça, aussi.
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... Et justice pour tous

Troisième volet de la trilogie anglaise de Michaël Mention, initiée par Sale temps pour le pays. Une fin en apothéose, à travers un livre qui peut se lire indépendamment, mais qui est intimement lié à Adieu demain.



…Et justice pour tous, le programme est annoncé. Il conduira le lecteur bien au-delà de ses attentes les plus folles.



Descente

aux

enfers.



A travers ce nouveau récit, Mention touche à des sujets hyper-sensibles. Il est question d’ignominies et de vengeance, des ingrédients particulièrement casse-gueules… avec lesquels l’auteur jongle avec intelligence, psychologie, émotions, force et retenue.



Mars 2014, sortie d’Adieu demain. Ma chronique : « Il y a les livres qui s’insinuent dans votre esprit ligne après ligne, page après page. Ceux qui vous obsèdent…omniprésents. Ceux qui vous chamboulent…différents. »



Septembre 2015, sortie de …Et justice pour tous, même sentiment obsessionnel, même impression d’urgence,



chamboulé,



bouleversé.



Combien de livres, dans une année, sont ainsi capables de me toucher à ce point… ? Ils se comptent sur les doigts d’une seule main, même si on m’amputait de plusieurs de ses doigts.



Il y a l’écriture tout d’abord. Personne, je dis bien personne, n’écrit comme Michaël Mention. Récit et construction bourrés de trouvailles stylistiques, écriture syncopée presque musicale,



viscérale.



L’écrivain a fait le choix d’alterner récit à la première et à la troisième personne. Judicieux choix.



D’un coté la description acide de la situation économico-sociale de la perfide Albion et l’enquête qui s’y déroule. De l’autre la déchéance d’un ex-policier.



Un vieillard décrépi, tombé dans l’alcool qui va être touché en plein cœur (comme le lecteur) par un événement personnel qui fera resurgir le passé.



(Cicatrice qui se rouvre, purulente)



Un personnage principal si loin de ce que nous proposent les polars et romans noir habituels. Un homme détruit qui, par la grâce de la plume de Mention, a littéralement touché mon âme et mes tripes. Poils qui se dressent sur les bras, larmes aux yeux, violence de la réaction. Indescriptible.



Mark Burstyn est presque mort



presque mort



presque.



…Et justice pour tous ou la quintessence du talent de Michaël Mention. Un feu d’artifice morbide dans lequel il se lâche encore davantage que dans le précédent opus, qui était pourtant déjà un sommet du genre. L’auteur au sommet de son art, au zénith des auteurs du noir.



« Prix Transfuge du meilleur espoir polar » pour ce roman. A la fois un prix mérité et une petite injustice tant Mention n’est plus un espoir mais l’un des plus grands auteurs du roman noir actuel. Injustice de voir ce roman directement publié en poche, alors que cette trilogie mériterait le plus bel écrin. Justice pour tous, ironie.



L’intrigue n’est pas en reste. Impensable, immersive, originale, émouvante, violente. Hypnotique pour le lecteur, psychédélique parfois à travers les pensées alcoolisées du vieillard qui se rebelle. Toujours rythmée par la musique, omniprésente comme toujours dans les romans de Mention.



Sujet particulièrement dur. L’auteur a travaillé son histoire, mélange de réalité et de fiction ; des personnages réels, d’autres fictifs, ou d’autres encore avec un nom modifié. De quoi donner une force supplémentaire à ce récit pénétrant. De quoi donner la nausée à l’idée que le cadre général de l’histoire est vrai, même si nous sommes dans une fiction.



Comment trouver les termes pour décrire le talent de Michaël Mention… J’en perd mes mots…



(Génie)



Une nouvelle réussite extraordinaire, preuve que le roman noir peut être lumineux, preuve qu’un roman peut s’insinuer en vous et vous changer. Preuve qu’il faut CRIER partout le talent inimitable de Michaël Mention.
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Jeudi noir

8 juillet 1982, demi-finale de la coupe du monde de football, France-RFA.



Une date et un événement qui ont marqué des millions de français, et sont entrés dans l’inconscient collectif de tout un pays. Un match qui a dépassé son simple statut de manifestation sportive pour s’inscrire dans l’Histoire.



Oui bien davantage qu’un match de foot, c’est ce que Michaël Mention veut faire passer à travers ce (très) étonnant roman, totalement inclassable.



A la croisée des chemins, l’auteur en invente carrément sa propre route avec ce récit. Il nous fait vivre minute par minute ce match de légende à travers les yeux et les pensées d’un joueur fictif, sorte de douzième homme sur le terrain.



Il a beau être fictif, ce joueur est totalement intégré dans l’action, et nous, totalement plongés dans sa tête. Ce qui pourrait n’être qu’un simple documentaire, en devient un récit brûlant. Un brûlot même parfois.



Mention utilise cette rencontre sportive de manière si étonnante et si créative ! Il la modèle, la tord dans tous les sens. Au fur et à mesure, ce qui n’était qu’une description en temps réel se transforme tour à tour en pamphlet, en tribune, voire en tribunal.



A travers le match, c’est aussi du contexte politique ou économique de l’époque dont il est question, mais également du passé si compliqué entre les deux nations. Au fur et à mesure de l’avancée de la partie et de la fatigue du joueur fictif, les relents d’un passé difficile remontent à la surface, tout comme de sombres et nauséabondes idées nationalistes et racistes. Et ces idées résonnent bien au delà du passé…



Et c’est là où explose tout l’incroyable talent de Michaël Mention. Ce Jeudi noir se fait subitement polémique et l’auteur va loin, très loin (trop pour certains ?). C’est une belle idée que d’utiliser le ton de la controverse pour au contraire condamner les débordements et laisser chacun se faire sa propre opinion.



Oui, l’auteur frappe fort, tacle parfois au niveau du genou pour mieux dénoncer et pour rétablir certains faits (concernant le match, mais pas seulement).



Ce livre est un OVNI qui dépasse largement le cadre footballistique tout en restant le récit d’un passionné du jeu. A l’image de son style d’écriture nerveux et si expressif, au point qu’il nous recolle mal au bide plus de trente ans après. Sacrée performance !



Et puis ce roman est une nouvelle fois toujours rythmé par le rock, comme Mention aime si bien le faire, et toujours avec un bel à-propos.



En 1982, j’avais 14 ans, j’ai vécu ce match avec mes yeux d’enfant, en toute naïveté, sans en comprendre tout le contexte, et je me souviens encore parfaitement de cette expérience. Michaël Mention vient de me la faire vivre d’une toute autre manière, brutale mais salutaire.
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Adieu demain

L'éventreur de Yorkshire... "Bof, me disais-je, pourquoi s'attaquer à de si petits chiens ?? Où est le danger ? La prise de risque ?" L'éventreur de rottweiler aura plus de risques...



Oups, je vous présente mes confuses : ce n'est pas un roman sur l'éventreur DE Yorkshire (le chien), mais l'éventreur DU Yorkshire (région d'Angleterre). Une lettre qui change tout.



Voilà encore un livre qui pourra faire de sa gueule devant les autres, dans ma biblio, se vantant d'avoir été lu en seulement "deux coups"... 100 pages lors du début, et le reste (275 pages), d'une traite, lundi soir !



Il pourra aussi dire à mes autres livres que je l'ai ADORÉ mais que je ne savais pas trop comment écrire ma chronique car ce roman mélange les genres et nous fait du "Quatre en un".



Déjà, dans ce roman, on change souvent d'époque, passant de la naissance de Peter en 1969 (1ère partie), jusqu'aux années 2001, ce qui nous fait défiler des tas d'événements, du règne de la Dame de fer à la maladie de la vache folle (je ne sais si les deux sont liés, mdr).



Une chronique ? Oui, on aura droit à une petite chronique de l'Angleterre qui passera comme une lettre à la poste tandis que nous suivons les meurtres ou le personnage de Peter.



Un Roman noir ? Oui, le contexte social est miséreux au possible dans cette partie Nord de l'Angleterre. Grèves, chômage, licenciement, crise financière, alcool, drogues, femmes battues...



J'ai eu mal au coeur en suivant les premières années de vie du petit Peter, jusqu'à son adolescence. La vie ne lui a pas fait de cadeau...



Peter... Un personnage que j'ai aimé, tout comme les deux flics : le superintendant Mark Burstyn et son jeune inspecteur Clarence Cooper, aussi obsessionnel que son chef et prêt à tout pour coincer le nouvel éventreur du Yorkshire, celui qui fait "bis repetita", 20 ans après le premier.



Une enquête ? Bien sûr ! Cela fait vingt ans que la police a arrêté l'Éventreur du Yorkshire (1981 - histoire véridique) et les voilà avec un tout nouveau tueur.



Modus operandi ? Un peu changé puisque lui, il transperce les femmes avec des carreaux d'arbalète. le cauchemar recommence et personne n'a droit à l'erreur. Un vrai roman policier noir !



Tous les personnages sont bien campés, avec leurs soucis, leurs emmerdes, leurs problèmes en tout genre, sans tomber dans le pathos.



L'écriture est vive, rapide, elle coule comme un ruisseau pour terminer en torrent émotionnel.



Petit plus, certaines phrases de chapitres sont laissées en suspens et elles se terminent sur le chapitre suivant.



Exemple : (dernière phrase du chapitre 14 - 1997) "Pour qu'enfin, le vrai Peter naisse du déluge... " (début chapitre 15 - 1998)"... qui s'abat sur le Yorkshire".



Oui, ce livre a une mise en page parfois détonante, mais elle lui va comme un gant. Une vraie innovation et j'ai adoré.



Pour un roman écrit au présent (ce que je déteste au plus haut point), il était très bien écrit parce que je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite qu'on était dans une narration au présent...



Roman psychologique ? Oh que oui !! On en apprendra plus sur les phobies... Là, on sentira sa douleur.



Rien oublié ? Si, un roman musical aussi car il y a de nombreuses références à des chansons, des groupes, dans ce roman policier noir phychologico-chronique-musical.



Du cinq en un !



Un roman qui m'a marqué et que je ne risque pas d'oublier de sitôt !


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