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Citations de Michel Tremblay (478)


J'fais c'que j'peux, mais j'arrive à rien, c'est pas de ma faute! J'ai dû v'nir au monde pour être grosse, pis j'suppose que j'vas mourir grosse. J'vas m'être faite dire toute ma vie par tout le monde que chus grosse, j'vas avoir toute essayé c'que j'pouvais pour maigrir, pis j'aurai pas réussis.
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Tu t'en vas dans l'Est ? "
- Oui, oui... "
L'autobus arrivait... J'avais de la difficulté à parler tellement j'étais essoufflé. Lui continuait à sourire
"C'est quequ'chose, monter la côte Sherbrooke avec toute c'te glace-là, hein ?
- Ah ! oui... (Continue, continue... parle ! Une niaiserie, n'importe quoi, mais parle !) C'est quequ'chose... "
(C'est tout ? T'as rien trouvé de mieux que de répéter ce qu'y venait de dire ? T'es pas juste niaiseux, t'es t'épais rare !)
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Page neuf, après quelques courts dialogues entre guillemets que je compris bien, la comtesse de Ségur écrivait ceci :
"L'ENFANT. - Moi, ça ne fait rien ; je suis grand, je suis fort ; mais lui, il est petit ; il pleure quand il a froid, quand il a faim."
L'HOMME. - Pourquoi êtes-vous ici tous les deux ?

Qu'est-ce que le mot "homme " et le mot "enfant" faisaient là, suivis d'un point et d'un tiret ? Est-ce que ça voulait dire qu'ils parlaient ?" - ben oui mon drôle, la Comtesse faisait représenter ses livres par les enfants qui l'entouraient. A six ans, j'ai lu Les malheurs de Sophie. Nos parents nous privaient de portables et nous ne pouvions que lire. Nous étions des enfants martyrs. "Est-ce qu'il fallait dire les noms des personnages à voix haute dans sa tête avant de lire le reste ? Si oui, ça me dérangeait parce que je n'aimais pas m'entendre dire "L'enfant" avant de lire ce que 'enfant avait à dire ! C'était donc bien niaiseux ! Je n'avais pas besoin de ça pour comprendre, je n'étais pas un épais, alors pourquoi l'avoir mis là ? Y avait-il une raison que je ne saisissais pas ? Pourtant futur auteur de théâtre, cette façon de transcrire les dialogues me rebuta tellement qu'après avoir recommencé une dizaine de fois la page neuf sans avoir trouvé de réponse à ma question, je me mis à pleurer dans mon livre. Si je ne comprenais pas au bout de trois pages, qu'est-ce que ce serait sur cent quatre-vingt-dix ? Une grosse peine d'enfant qui sait pourquoi il pleure mais qui n'a personne pour lui donner la solution à son problème me chavirait le cœur. Je n'étais pas loin de penser que j'étais déjà puni de ma mauvaise action. Je refermai le livre en me disant que, le matin de Noël, quelqu'un de ma famille m'expliquerait tout ça et que je pourrais enfin lire L'Auberge de l'Ange-Gardien. Ça ne me soulageait qu'à moitié, cependant, parce que, déjà trop orgueilleux, j'aurais voulu comprendre tout seul. Je me mouchai tant bien que mal dans la manche de mon chandail de laine", suivant les consignes de Mme Bachelot, "et remis le livre à sa place.


Mais, au risque de me faire surprendre, je revins presque chaque jour ouvrir le livre pour essayer de saisir pourquoi Comtesse - on aurait vraiment dit un prénom de chien ! - de Ségur avait écrit ses dialogues de cette façon-là. Je feuilletais les pages, je me rendais compte que ce genre de dialogues se retrouvait partout dans le livre, je le refermais brusquement en me disant que je n'arriverais jamais au bout de l'histoire parce que ça m'énervait trop de voir les noms des personnages en lettres majuscules à tout bout de champ... Je faisais une véritable fixation sur les dialogues de L'Auberge de l'Ange-Gardien et je me mis à haïr le livre avant même d'avoir dépassé la page neuf.

Les Fêtes approchaient et un bon matin je trouvai mon livre emballé dans un grand portrait de père Noël hilare" - mais comment fait-il donc, cet adulte, pour aller jusqu'à se souvenir du papier l'emballage de son cadeau ? Qu'est-ce que je suis nul !

Puis, une nuit, une question me frappa qui me cloua sur place, incapable de bouger et le cœur dans un étau : est-ce que tous les livres étaient écrits de cette façon-là ? Et est-ce que ça voulait dire que je n'aimerais jamais lire ?
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CLAUDE : Même si chus de bonne foi? / MADELEINE 1 : Tu peux pas être de bonne foi. Parce que t'es pas nous autres… / CLAUDE : C'est là que tu te trompes, maman… Écoute… Veux-tu m'écouter juste un peu? ( Madeleine 1 s'asseoit à côté de Claude.) J'ai toujours eu une grande facilité… à me glisser à l'intérieur des autres. À les sentir. J'fais ça depuis toujours. Vous autres, vous appelez ça de l'espionnage… Moi, j'appelle ça vivre. (…)
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Qui a dit que les pressentiments n'existent pas ? Celui-là avait tort. Ils existent. À cette minute-là, alors que j'allais porter le verre de vin à ma bouche, quelque chose se passa en moi que je ne pourrais décrire de façon précise... C'était comme un avertissement. Quelque chose dans ma poitrine, comme un serrement de cœur, me portait à éloigner le verre de ma bouche... Je regardai Gerblicht. Ses yeux étaient rivés sur moi. Son regard était braqué sur ma bouche et sa bouche à lui était entrouverte comme s'il avait eu envie de boire lui-même ou de me pousser à boire...
Je savais que je ne devais pas boire de ce vin.
Mais j'en bus quand même.
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Ah ! faites-la taire un peu, on s'entend pus coller !
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J'ai vu la mort se diriger sur moé en riant pis je l'ai regardée dans les yeux pendant qu'a fait son job de tueuse.
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Je décris le seul milieu que j'ai jamais connu, le milieu que j'aime, le milieu d'où je viens. [...] On était trois familles dans la même maison : treize dans sept pièces. Je veux me rendre le plus loin possible et continuer à décrire les gens tels qu'ils sont, qu'on aime ça ou qu'on aime pas ça. 1
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[A trop lire:] Maman disait que je grandissais étendu dans un La-Z-Boy et qu’un beau jour, je me réveillerais avec une peau en cuirette rouge vin et des plaies de lit inguérissables. Mais j’en sortis, devenu adulte à travers des lectures souvent trop sérieuses pour mon âge, avec la peau plus pâle et plus sensible que jamais et des plaies inguérissables à l’âme.
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Les deux fillettes se jetèrent littéralement sur leur amie en poussant des hurlements de joie, clouant Simone dans son escalier, la chatouillant, l'embrassant, lui ébouriffant les cheveux et lui transmettant cette part de joie qui lui revenait de droit : le bonheur de se retrouver, Thérèse, Pierrette et Simone, les trois inséparables, le noyau amputé enfin reconstitué, et de retourner à l'école en se tenant par la taille et en chantant Mes jeunes années ou J'irai la voir un jour, se moquant des jarretières éventées et des lèvres fendues et, surtout, savourant la présence des autres, pleine, totale, enveloppante, à la fois promesse et certitude d'une vie d'où la solitude est à jamais bannie. « Mais c'est ben beau, Simone!» «Ça paraît quasiment pas! » «T'es quasiment pas reconnaissable!» « Mais t'es ben belle!» «T'es ben belle, Simone ! » Oui, c'était la première fois. Et Simone sanglotait de bonheur.
Elles laissèrent la rue Fabre derrière elles et tournèrent à gauche dans la rue Gilford. Elles n'avaient que deux coins de rue à marcher pour se rendre à l'école des Saints-Anges: elles tourneraient à droite dans la rue Garnier et monteraient jusqu'au boulevard Saint-Joseph qu'elles traverseraient sérieusement, en regardant à droite et à gauche, lissant leurs cheveux avec la main ou époussetant leurs jupes de peur de voir une religieuse les montrer du doigt à l'entrée de la cour d'école si elles n'étaient pas absolument impeccables. Simone avait repris sa place entre Thérèse et Pierrette, son énorme sac d'école serré contre elle, les bras de ses amies autour de son cou et de sa taille. C'est toujours ainsi qu'on les voyait déambuler dans la rue Gilford depuis quelques années, les deux grandes encadrant la petite, la protégeant, la guidant comme si elle avait été aveugle ou très fragile.
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On dit que désirer est plus jouissant que posséder. C'est faux pour les livres. Quiconque a senti cette chaleur au creux de l'estomac, cette bouffée d'excitation dans la région du cœur, ce mouvement du visage [...] au moment où on tient enfin le livre convoité, où on l'ouvre en le faisant c raquer mais juste un peu pour l'entendre, quiconque a vécu ce moment de bonheur incomparable comprendra ce que je veux dire. Ouvrir un livre demeure l'un des gestes les plus jouissifs, les plus irremplaçables de la vie.
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Sa grand-mère l'a serrée contre son coeur sans pouvoir rien dire, son grand-père ravalait ses larmes, seules ses soeurs se sont laissées aller à pleurer et abondamment. Elle-même n'a pas bronché, sa grosse valise posée à côté d'elle, les lèvres un peu tremblantes, mais pas trop. C'est curieux, aucun adieu n'a été échangé alors que les grands-parents et leur petite flle savaient qu'ils ne se reverraient sans doute jamais. Ne pas dire les choses. Pour éviter ou faire en sorte qu'elles n'existent pas. Une froideur calculée au lieu des effusions pourtant nécessaires.
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Maouna

Voilà. C'est fait. Je suis morte. À l'envers. Je suis morte à l'envers. Se sont enfouies aux quatre vents les cendres de mon corps et il ne reste plus rien de moi, que moi.
Vous ne le savez pas encore, vous qui m'avez tuée, mais je suis toujours debout sur le bûcher et je vous regarde de mes mains si longues. Oh! comme je vous ai haï et comme je vous hais encore.
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Je suis allergique à ma propre tête qu'il faut dompter comme un animal enragé.
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Elle ne pense presque plus à la guerre. Elle sait maintenant que les Allemands ne viendront pas jusqu’à Montréal, que sa famille n’est pas en danger. Qu’elle ne l’a d’ailleurs jamais été. La peur de l’année dernière s’est donc évanouie au fur et à mesure que les nouvelles, toujours terribles et sanglantes, arrivaient d’Europe où, disait-on, le conflit allait se confiner. Elle a suivi, sans trop le comprendre, le récit pigé ici et là que ses tantes et sa mère faisaient des combats en Pologne, Varsovie qui tient encore bon contre les assauts des hordes allemandes, la description de la fin tragique du steamer anglais Clintonia coulé par un sous-marin ennemi il y a quelques jours, le 2 août.
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-- Si vous pensez que j'vas vous faire une grande confession aujourd'hui en me frappant la poitrine avec le poing, détrompez-vous. Si vous voulez parler de moi, revenez un autre jour. J'ai pas le gout de... Ah, c'est ça, elle a fini par le faire ! A' m'a menacé pendant des années de me mettre entre les mains de ce qu'elle appelait un physiatre parce qu'a' connaissait pas le mot psychiatre, pis elle a fini par le faire. Ben laissez-moi vous dire que vous allez avoir de la misère avec moi ! J'ai pas pantoute envie que vous me creusiez la cervelle à la recherche de j'sais pas trop quoi, d'affaires qui y sont pis d'affaires qui y sont pas..."
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Mon oncle Josaphat disait souvent qu'on ne devrait jamais envier les génies parce qu'aucun d'entre eux n'a été heureux. Des fois je me dis qu'avec ce que j'ai vécu, j'aurais peut-être mérité d'en être un...
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C’est un drôle de mot , succomber. C’est un mot qui fait honte après, qu’on trouve laid, mais qui est tellement différent pendant que ça se passe! Succomber quand t’es pas mariée, ça fait peur avant, t’as honte après, mais si t’es en amour, c’est tellement magnifique pendant!
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Mais elles avaient été élevées par des mères issues d'une société renfermée sur elle-même depuis trop longtemps, des femmes qui se méfiaient de tout ce qui était différent de ce qu'elles connaissaient - surtout les étrangers - et qui éduquaient leurs enfants dans les principes stricts d'une religion étouffante qui abusait du mot charité sans en avoir la moindre notion.
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C'est une chanson qui fleure bon le foin frais coupé, la soupe aux légumes et le café qui percole. C'est une chanson qui a aussi une odeur de nostalgie, les souvenirs imprécis qu'on arrive pas à retrouver, un manque inexprimable là, dans la région du coeur, une privation cuisante qu'on soupçonne d'être définitive et qui vous rend inconsolable. Avant, elle était privée de sa mère; maintenant...
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