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Critiques de Miguel Bonnefoy (755)
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Le Voyage d'Octavio

Récit initiatique plein de poésie, ce court premier roman m'a beaucoup plu.



S'y confondent l'histoire du Vénézuela et celle d'Octavio, analphabète au départ et qui, au cours de ses pérégrinations à travers le pays connaitra une évolution intérieure, une sorte de révélation à lui-même.C'est l'actrice Vénézuela, en lui apprenant à lire et à écrire, qui sera l'initiatrice d'une autre façon de voir le monde, où la découverte de l'écriture se mêle à celle de l'amour. Mais, appartenant à une " confrérie" de voleurs, qui vont justement se rendre chez cette femme qu'il aime pour commettre leurs méfaits, il se verra obligé de la quitter.



Devant donc fuir sa ville natale, Octavio entamera un voyage d'apprentissage, au terme duquel il pourra revenir dans sa ville , celle des mythes fondateurs, où la reconstruction de l'église symbolisera son aboutissement personnel.



Le style empreint de fraîcheur, d'humour et de poésie contribue à créer une ambiance particulière et prenante, dans cette histoire, que l'on peut considérer comme une allégorie, à travers surtout l'image de la statue volée puis retrouvée, la pierre des origines.Certains passages restent mystérieux , un peu hermétiques mais ajoutent au charme de ce livre original,unique en son genre.
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Le Voyage d'Octavio

Ce petit roman écrit pas un jeune franco-vénézuélien fait tout de suite penser aux romans latino-américains par son côté fable picaresque, ce qui n'est pas pour déplaire. le récit frôle constamment le merveilleux, l'onirique.

Le héros, Octavio, est pauvre, analphabète et peu enclin aux bavardages. Son analphabétisme l'empêche de se mêler au monde des liseurs, et la ruse est indispensable. Pour éviter de devoir écrire, il se coupe régulièrement la main et porte un bandage - il pourrait le porter sans avoir à se couper avant, mais l'honnêteté l'emporte - pour s'excuser de ne pouvoir tenir un stylo.

Pris dans un cambriolage qui tourne mal, il se contraint à s'exiler. Il quitte donc Saint-Paul du Limon- petite ville qui doit son nom à un citronnier salvateur, selon une légende - et parcourt les chemins d'un Vénézuela fantasmatique et intemporel.

Ce voyage forgera Octavio, le révèlera à lui-même.

Le roman suit une structure classique - la quête, le voyage initiatique, la fable - et l'écriture est merveilleusement maîtrisée, je dirais même trop appliquée. Mais finalement, il y a aussi tellement d'invention dans ce récit qu'il nous emporte jusqu'aux dernières pages avec plaisir et dans la surprise.

Miguel Bonnefoy: à suivre.




Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Le Voyage d'Octavio

Lire un roman de cet auteur, est un moment de détente assuré.

Les mots sont posés, calibrés et j’ai la sensation d’avoir parcouru ce pauvre pays en un éclair.

Il y a de la joie, de la ténacité et des souhaits. La nature prend un grand pas dans ce récit, la terre est noble et l’eau dévastatrice.

Mais le courage de notre héros Octavio nous invite à prendre un chemin de vie avec plus de volonté et de simplicité.

La sagesse de son voyage nous confirme que l’homme dans son imperfection dévoile des facettes de bonté et que les apparences sont parfois trompeuses.

Un vrai plaisir de lecture …

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Héritage

Très gros coup de cœur pour un roman dont on reparlera sûrement cette année et au delà tant il tresse merveilleusement la saga familiale des Lonsonier avec tout un univers onirico-poétique.

Bien sûr on pense à Garcia- Marqués mais Miguel Bonnefoy est un sorcier des mots et a un style incroyable, bien à lui.

Vous connaissez l’histoire : 2 continents, 2 guerres, une dictature en 200 pages précieuses, épaisses et onctueuses.

De très beaux portraits, surtout de femmes ( mention spéciale à Margot et Thérèse) et une once de sa propre histoire familiale rende cette saga à la fois réaliste ( guerres, tortures) et magique (oiseaux, chaman etc..).

C’est passionnant mais à déguster comme un élixir de lecture romanesque. Tout prend sens petit à petit

Il faudra le relire un peu plus tard en le laissant un peu vieillir comme ces vins jaunes du Jura qui sont au commencement et à la fin du livre.

C’est tellement beau qu’on en frissonne parfois , surpris , interloqué.

Bref, magnifique.
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Sucre noir

Bon, comment dire... On ne peut pas dire que je n'ai pas aimé. Mais l'inverse est également vraie !



D'abord, un trésor... J'adore ! La flibuste, les caraïbes, la tempête, le naufrage, la famine, la rébellion, la révolte et la mutinerie qui grondent, le capitaine Morgan calfeutré dans sa chambre, défendant son trésor avec son dernier carré de fidèles.

Retour en enfance ; je suis embarqué ; j'adhère ; et j'attends la suite...



Et puis direction les plantations. Ah bon ! La famille Otero. Et la belle Ot... Serena. Le trésor toujours en filigrane. La légende. Chouette, ça continue. Arrive Severo Bracamonte. Qui cherche. Toujours rien. Puis l'Andalou. Puis Eva Fuego. Moins de trésor. Place à Tara... le domaine s'agrandit. La canne appelle la fortune. Et les convoitises.

Une autre histoire a pris le relai ; je suis perdu.



Bref vous l'aurez compris, je me suis senti orphelin de la promesse du début de ce livre qui avait suscité mon intérêt, au détriment d'une autre histoire, non moins intéressante, mais dans laquelle j'ai eu davantage de mal à entrer.



Pourtant la langue de Miguel Bonnefoy est belle. L'atmosphère envoutante de ces contrées caribéennes - qu'on ne sait pas situer, dans une époque qu'on ne sait pas dater - est attachante.



Quant à ces portraits de femmes, volontaires et résignées à l'image de Serena, ou flamboyantes et fières à l'image de Fuego Eva (quel magnifique prénom !), ils sont tout simplement sublimes et auraient mérités à eux seuls un livre saga de 200 pages de plus.



Sucre noir reste bien évidemment un beau livre, mais avec un léger goût de frustration. Un peu comme un verre de vieux rhum dont le suivant se ferait attendre sitôt le premier avalé...
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Sucre noir

Quand on bloque, on bloque!



Je n'ai pas réussi à entrer dans ce livre, et ce n'est pas faute d'avoir essayé... chaque chapitre laborieusement, avec de page en page, un rejet d'intérêt pour ce qui s'apparente à une fable plutôt qu'un roman. J'ai pourtant savouré le premier chapitre, à la description gothique de la flibuste. Mais le reste s'est englué dans un ennui en dépit de la chasse au trésor proposée (ce qui n'est d'ailleurs pas l'essentiel du propos).



Certains de mes compères babéliotes évoquent une parabole ou un conte philosophique, à raison. Et je comprends mieux mon manque d'intérêt, étant toujours rétive à cette thématique de narration. Cela n'enlève rien à la qualité de l'écriture, qui par sa faconde poétique et son lyrisme, évoque particulièrement la littérature Sud Américaine.



On voyage ici dans les Caraïbes et si le dépaysement vous tente, ce dernier livre de Miguel Bonnefoy semble avoir déjà trouvé son public.



Rentrée Littéraire 2017

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Le Voyage d'Octavio

Un magnifique roman qui pourrait être qualifié de conte et qui se passe au Vénézuela.



Tout commence par la guérison miraculeuse d'une épidémie de peste qui conduit à la construction d'une église : Saint Paul de Limon avec la statue de son saint.



Le temps passe, l'arbre à citrons à l'origine de la légende est abattu , la statue est volée et l'église occupée par une bande de brigands qui y entrepose son butin.



Octavio, doux géant évolue au milieu de ces bandits, cachant par divers subterfuges la honte de son analphabétisme jusqu'à sa rencontre avec Vénézuela , la belle actrice qui en même temps que l'amour lui apprend à lire.



Par un malheureux concours de circonstances, Octavio est obligé de s'enfuir.



Lors de cette fuite, il va à la rencontre de son pays et de ses habitants, véritable voyage initiatique, une approche imparfaite vers la connaissance profonde de la nature, des hommes et de leur culture remontant jusqu'à la naissance de l'art pictural qu'il découvre dans une grotte, car Octavio reste avec ses questions et ses doutes et le dénouement de l'histoire finit en véritable allégorie ...



Très poétique, la prose élégante de Miguel Bonnefoy montre la beauté du Vénézuela et ses mythes fondateurs sans fioritures, "une amère beauté " , un peu comme le jus d'un citron celui qui , à la fois , rafraichit et fait frissonner les papilles .



Très beau moment de lecture .
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Sucre noir

Joli, joli 2e roman de Miguel Bonnefoy et le 3e que je découvre et qui passe largement par-dessus les précédents que je viens de lire récemment.

Je savais que j' allais apprécier l'écriture de cet auteur qui ne fait que raviver nos 5 sens par sa plume merveilleuse.

Dans ce roman, conte philosophique où tant de thèmes sont évoqués avec les métaphores appropriées, on explore la végétation des Caraïbes, la culture de la canne à sucre, les couleurs, les senteurs de toute une espèce végétale dans les plantations jusqu'aux effluves de la distillation et enfin le parfum du rhum.

Au delà de tout ce mélange de Réalisme magique, au travers de personnages féminins, courageux, à la personnalité plus qu'affirmée et toujours en quête de l'Amour, du Trésor qui les fera devenir riches et leur apportera forcément le Bonheur, on tient entre les mains un petit bijou de plaisir qui va nous combler et nous faire nous évader pendant quelques heures.

N'est-ce pas là le but de nos lectures?

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Héritage

Lazare Lonsonier est un le fils d'un colon français qui a troqué le Jura pour le Chili après l'épidémie de phylloxéra. Il est Chilien, sans aucun doute, mais quand la guerre éclate en France, il s'engage pour défendre une terre inconnue. « Personne dans la maison ne comprit comment on pouvait se battre pour une région où l'on n'habitait pas. » (p. 19) Il ne meurt pas dans la Marne, mais revient avec un poumon en moins et des terreurs insondables. Son épouse fait entrer des centaines d'oiseaux dans leur demeure. Plus tard, c'est leur fille Margot qui part en Europe pour combattre le nazisme, aux manettes d'un avion. Enfin, Ilario, le dernier des Lonsonier, souffre dans sa chair de la dictature chilienne. Chaque génération est confrontée à un dilemme déchirant qui fait écho aux précédents, dans une forme d'héritage aux accents d'ironie tragique.



Une famille, l'Amérique du Sud, une certaine dose de sorcellerie, et il est impossible de ne pas penser aux Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Cependant, Miguel Bonnefoy dose savamment le réalisme magique dans son récit : il y a certes des morts qui marchent parmi les vivants et le mirage troublant d'un ancêtre perdu, mais les générations ne se confondent pas et les conflits sont concrets. Un siècle passant, c'est Santiago qui change, quittant ses modestes atours de village poussiéreux pour devenir la capitale d'un pays fait d'expatriés et de révoltés.



Miguel Bonnefoy manie avec un talent rare les prétéritions, artifice littéraire qui ménage parfois très mal un suspense bancal. Sous sa plume, elles sont la preuve d'un destin implacable et d'une mécanique littéraire parfaitement rodée. Comme avec son premier roman, Sucre noir, l'auteur m'a tout entière conquise dès les premières lignes.
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Héritage

Lonsonier quitte la France pour l'Amérique au début du 20ème siècle avec en tout et pour tout un pied de vigne rescapé et 30 francs. Par la force des choses, il se retrouve au Chili.

France, Chili, ces 2 pays vont au fil du temps être liés inexorablement pour lui et sa descendance...

Une saga familiale bourrée d'émotion...

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Le Voyage d'Octavio

Le voyage d'Octavio, prix de la vocation 2015, est le premier roman de Miguel Bonnefoy , un auteur que je suis depuis ma découverte émerveillée de Sucre noir.

Je vous fais grâce de la trame de l'histoire. Sachez que c'est

avec grand plaisir que j'ai retrouvé l' écriture élégante de cet auteur vénézuélien qui écrit en français, J'ai aussi retrouvé cet univers merveilleux à mi-chemin entre la fantasy et la réalité, un univers magique. propre à de nombreux auteurs sud-américains Mais voilà je n'ai pas trouvé le chemin pour y pénétrer et suis sans aucun doute passée à côté de cette histoire. Pas le moment sans doute pour moi. Un brin déçue , à quand le nouveau roman de M Bonnefoy?
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Naufrages

Et voici quatre courtes nouvelles, dans un très petit ouvrage qui tient dans la poche...ou presque!

Un graphisme minimum, pas de couleurs pour la couverture.

Mais ces textes sont d'une qualité extraordinaire, enfin pas de surprise puisque Miguel Bonnefoy ne m'a jamais déçue.

Entre cette victime des exactions d'Auguste Pinochet qui se raconte à un journaliste, Robinson sur son île accueillant à sa façon un naufragé, le voleur enfermé dans la maison de ses victimes voyant apparaître un autre cambrioleur, et puis cette Perséphone revisitée, qui hésite entre la raison ou céder à Hadès, L'auteur nous fait entrer dans l'extrême solitude, celle de la souffrance, de l'isolement, de la prise de décision.

C'est un petit trésor à découvrir.
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Héritage

Avec mon planning de lecture surchargé et malgré les bonnes critiques le concernant, j’étais jusqu’à présent passé à côté de Miguel Bonnefoy. Suite à son passage passionnant sur une radio, j’ai eu envie de corriger cette anomalie avec son dernier né.



Les aventures de la famille Lonsonier permettent de parler de destins jusque-là inconnus. On découvre les Français du Chili qui ont joué un rôle important pour leur nation. Alors qu’ils n’ont jamais connu leur pays d’origine, ils n’ont pas hésiter pas à risquer leur vie pour défendre les intérêts de leurs compatriotes. Les acteurs principaux ont un puissant charisme et donc un charme fou. Ce sont des combattants qui vont se donner les moyens de réaliser leurs ambitions. Ils vont vivre des péripéties extraordinaires avec dans leur cœur des croyances héritées de leurs ancêtres.



Cette fresque familiale est captivante et démontre que le passé laisse des traces patriotiques dans la vie des familles, qui se les transmettent de génération en génération. Dans une langue oscillant entre onirisme et réalité, l’auteur nous offre une aventure exaltante, qui nous fait voyager. L’épopée de cette lignée traverse les évènements tragiques de l’Histoire mondiale, pour n’en ressortir que les meilleurs côtés de l’être humain.



Miguel Bonnefoy est un magnifique conteur, capable de narrer un siècle d’Histoire dans seulement 200 pages. La véritable force de ce roman est qu’à aucun moment on ne ressent les raccourcis ou les lacunes. Le récit est maîtrisé de bout en bout et on est juste happé par les destins romanesques de ses personnages.



Je suis passé par toutes les émotions durant ma lecture. A peine entamé, j’ai avalé ce livre d’une traite, sans jamais relever les yeux. C’était mon premier de l’auteur et autant vous dire que ne sera pas le dernier. Petit livre par la taille mais grand livre par le talent !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Héritage

Deuxième livre de cet auteur chilien et vénézuélien, rédigé en français. Après le Voyage d'Octavio qui m'avait séduite, je me suis laissée à nouveau cueillir par cette écriture belle et poétique qui sait enchanter la nature, par ce regard aigu et engagé porté sur la société chilienne de 1970, de l'élection de Salvador Allende au coup d’État de la junte militaire et à la confiscation du pouvoir par Pinochet.



Miguel Bonnefoy fait partie de ces auteurs qui allient brillamment poésie, incursion du fantastique et narration soutenue à la dénonciation d'horreurs perpétrées par un pouvoir autoritaire et inhumain.



Les personnages ici évoqués sont originaux, pour ne pas dire hors-norme. Il s'agit d'une famille de viticulteurs du Jura, émigrés en 1873 vers le Chili en raison de l'épidémie de phylloxera qui frappa la vigne à cette époque. Ayant pour tout viatique un cep de vigne et une poignée de terre de France, le père de Lazare embarque pour la Californie. Las ! Une fièvre typhoïde l'ayant frappé, il débarque à Santiago où il crée sa famille et son entreprise. De ses trois fils partis enthousiastes défendre la France ne reviendra que Lazare, avec un seul poumon, errant sur les terres mapuche.



Des personnages extraordinaires se croisent : Thérèse la dresseuse de rapaces crée une volière extraordinaire pleine de multiples espèces d'oiseaux colorés et criailleurs ; El Maestro venu d'Europe avec des instruments de musique crée un orchestre avec des habitants du village, une gitane, un sorcier, un fantôme de soldat allemand plein d'ardeur amoureuse ; Margot, l'aviatrice qui construit son propre avion et finit par prendre son envol devenant l'une des premières femmes aviatrices pour la RAF.



Dans le Voyage d'Octavio, on pouvait remarquer l'omniprésence de l'eau et du bois, vivant, en forêt, ou travaillé dans l 'atelier du menuisier. Ici, c'est l'air qui est évoqué partout : vols d'oiseaux, avions rudimentaires ou avions de guerre, exercices de lévitation, tout est prétexte à quitter le sol. Comme si l'auteur voulait redonner leur place aux cinq éléments des philosophies anciennes.



Dans ce roman atypique, l'onirisme se mêle à la romance, l'essai politique au roman d'aventures, l'évocation poétique d'un paysage à celle de l'Histoire d'un pays.



C'est une réussite, un plaisir de lecture, une source de réflexion et d'enrichissement.
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Héritage

Quel style ! Lire « Héritage », c’est être frappé, dès les premières pages, par la prose brillante et enlevée de Miguel Bonnefoy. Comment ne pas être happé par l’énergie qu’insuffle l’auteur à son récit et être ému par la merveilleuse galerie de personnages qu’il nous présente ? C’est aussi admirer le talent de l’auteur qui sait mêler l’histoire intime d’une famille chilienne d’origine française et la grande Histoire du XXème siècle, marquée la violence et les guerres.



Le patriarche de la famille Lonsonier, c’est Etienne. En 1887, il quitte son Jura natal et ses vignes malades du phylloxéra pour refaire sa vie en Californie où, espère t-il, le raisin pourra pousser sans entraves. Mais c’est à Valparaiso, une des nombreuses étapes du grand voyage en cargo vers les États-Unis, qu’il est contraint de s’arrêter. C’est donc au Chili, dans ce pays andin à la géographie si particulière, que le destin de ses descendants va s’inscrire. Toutefois, le lien avec la terre d’origine n’est jamais tout à fait rompu, pour le meilleur et pour le pire… C’est l’histoire d’un exil qui nous est contée, le récit de la découverte d’un nouveau monde où tout (climat, croyances, coutumes…) est si différent. Le récit d’une adaptation qui se fait au fil des années au gré des rencontres, des amours… Les descendants d’Étienne s’appellent Lazare, Margot, Ilario Da. Leur destin est exceptionnel car l’époque est peu banale : ils traversent deux Guerres Mondiales, un coup d’État et son cortège de violences. L’Histoire ne les épargne pas.



Chacun vit sa vie avec passion : Lazare est musicien, Margot aviatrice, Ilario militant politique… Ils demeurent liés les uns aux autres malgré les années qui passent et les drames qui parsèment leur existence. Miguel Bonnefoy rend palpable l’affection qu’il ressent pour ses personnages et son livre est une déclaration d’amour à cette Amérique latine où le mélange entre les cultures (précolombienne et européenne) est si original. Ses héros sont héritiers de cette histoire millénaire et de ses mystères. Car partir au Chili avec Miguel Bonnefoy, le temps d’un roman, c’est aussi accepter que le récit fasse place à une part de magie et d’irrationnel. Mais est-ce réellement une surprise ?
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Sucre noir

Voici un roman réjouissant,  dépaysant et sérieux.  Sucre noir de Miguel Bonnefoy nous amène loin dans les Caraïbes.

Loin dans le temps à la rencontre du bateau du flibustier d'Henry Morgan. Ce bateau est échoué,  mais dans un lieu insolite,  au beau milieu du feuillage tropical d'un arbre.

Nous voila en enfance , au milieu des pirates, de la forêt à la recherche d'un trésor de bien entendu.

Ce trésor qui fascine , fait des diamants, des colliers et des émeraudes  qu'a volé Henry Morgan

Ce trésor existe sûrement et il a été perdu sur ces terres caribéennes  et plus particulièrement  sur les terres de la famille Otero.

Nous sommes 300 ans plus tard .

La famille Otero est propriétaire d'une maison  et d'une petite habitation séparée des autres. Cette petite habitation n'a jamais été occupée. L'acte de vente précisait que les propriétaires devaient s'engager à ne rien toucher dans la chambre du fond et la porte de cette chambre n'était ouverte qu'une fois par an.

Tous les 1er Novembre, une vieille femme entrait dans la maison avec un seau vide à la main et s'enfermer des heures dans la chambre. C'était l'ancienne propriétaire qui venait pleurer son'mari mort.

Elle remplissait son seau de larmes et au milieu de la nuit elle sortait en refermant la porte à plusieurs tours

Immuablement ce rite se perpetuait chaque année.

A partir de ce rite Miguel Bonnefoy va nous transporter dans les Caraïbes au milieu des cannes à sucre, du rhum, des distilleries mais aussi dans ces familles caribéennes restées pauvres ou ayant grimpées socialement et économiquement grâce au sucre et au rhum

Tel un roman d'aventure mâtiné des rites et coutumes nous allons suivre la Serena Otero, Severo Bracamonte mais aussi Eva Fuego sur la trace du trésor de la flibuste et de la transformation de ce territoire caribéen.

N'oubliez pas le seau vide qui se remplit de larmes.

Un joli et agréable moment de lecture non dénué de réflexion.
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Sucre noir

À Manosque, Miguel Bonnefoy m'avait vraiment donné envie de lire son dernier roman : Sucre noir, dont il avait fait vivre, en public, les premières pages. Jeune auteur né en France puis ayant vécu au Venezuela et au Portugal, il a même publié en italien et sait bien captiver son lecteur.



« le jour se leva sur un navire naufragé, planté sur la cime des arbres, au milieu d'une forêt. » Tout commence là, trois siècles avant l'essentiel du livre sous-tendu, jusqu'au bout, par ce trésor gardé jalousement par le capitaine Henry Morgan, sur ce navire qu'il ramenait en Europe et qu'une tempête peu ordinaire avait jeté sur la canopée.

« Personne, hormis le second, ne soupçonnait que dans les flancs du navire où empestaient la misère, la faim, la viande pourrie, le biscuit immangeable, un trésor dormait en silence, sur les planches terreuses, comme un ange au fond d'une bauge. » Pour les marins et leur bateau, c'est une fin en apocalypse mais ce fameux trésor ?

La vie se déroule ensuite dans ce village où la légende perdure. On cultive le café, les bananes et la canne à sucre. L'essentiel de l'action se passe dans la famille Otero où Serena, la fille, est solitaire et s'ennuie. Elle passe même des petites annonces, sous pseudo, sur la radio locale car la TSF commence à se développer.

Quatre personnages débarquent successivement dans une exploitation qui devrait être sans histoire. Seule, une vieille femme vient, chaque 1er novembre, se recueillir dans une pièce qui lui réservée, à la mémoire de son mari, l'ancien propriétaire.

L'attrait d'un trésor caché déclenche bien des folies et Severo Bracamonte, une « vingtaine d'années, d'une peau délicate et d'un corps fragile », arrive, étudie, explore méthodiquement le secteur pendant que Serena herborise. Lorsqu'il veut déraciner un arbre, elle s'insurge. Pour elle, le plus vieil arbre de la forêt, c'est « le seul véritable trésor. » Lorsque naît leur amitié, elle a une phrase merveilleuse : « Imbécile. Tu seras un homme quand tu sortiras un trésor du fond de mes yeux. »

Le temps passe, arrivent un Andalou puis le photographe Mateo San Mateo et surtout Eva Fuego dont l'influence est décisive. Notons juste ce beau portrait : « Elle avait un charme de bête sauvage, imprévisible, ardente, que ne freinait pas la pudeur, et les jeunes gens du village se bousculaient sous ses fenêtres dans l'espoir de l'apercevoir derrière ses jalousies. »



Je n'en dirai pas plus pour que chacun se laisse emporter par ce Sucre noir, une histoire mâtinée de sucre de canne et de rhum, au coeur des Caraïbes, au moment où la découverte d'un gisement de pétrole à l'ouest du Venezuela rebat les cartes.




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L'Inventeur

Qui m'aurait dit que j'aurais dévoré la biographie d'un illustre inconnu, qui plus est un scientifique, qui plus est le découvreur de l'énergie solaire et l'inventeur de son application industrielle... j'aurais émis de grands doutes. Pas vraiment mon rayon. Lui, Augustin Mouchot, en connaissait un rayon côté soleil au point de brûler ses forces, son mental, au point de virer obsessionnel.



Alors, qui est au juste cet Augustin Mouchot, cet héros malheureux et sacrément malchanceux ? Né en 1825 dans une famille modeste, sa constitution maladive l'a vite éloigné des travaux physiques. Toujours souffrant, manquant mille fois de passer de vie à trépas, "il était," écrit savoureusement l'auteur, "déjà épuisé de vivre à l'âge de 6 mois". Grandissant bon an mal an, collectionnant toutes les maladies possibles comme un enfant de son âge collectionnerait les soldats de plomb, Augustin a très vite révélé un don pour les sciences et une intelligence certainement hors norme qui l'a mené.. à un poste de prof de maths dans un collège. C'était sans compter une révélation, un chambardement dans son esprit, une passion, un but, un mantra, celui d'emprisonner la force énergétique des rayons solaires.



Ecolo avant l'air dans une époque noircie par le charbon, Augustin Mouchot aurait pu devenir l'inventeur de son siècle. C'était sans compter la poisse abyssale qui l'a poursuivi de son berceau à son tombeau.



C'est ce que nous narre avec verve et truculence Miguel Bonnefoy dans cette excellente biographie tout sauf "classique" . Il y a du picaresque, des descriptions imagées et truculentes, du Cervantes, du Rabelais , dans ce récit d'un héros incompris. On rit de lui, on pleure pour lui, on est ému par lui. Parions qu'il aurait été consolé de se savoir le héros d'un si excellent livre.







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L'Inventeur

Augustin Mouchot, oublié des manuels scolaires, m'était totalement inconnu, avant de me plonger dans ce livre de Miguel Bonnefoy.

J'ai découvert un homme courageux, persévérant, loin des standards, attachant. A. Mouchot inventa le premier moteur solaire, l'héliopompe, au milieu du XIXème siècle. L'auteur nous conte les aventures et mésaventures de ce personnage, ses rencontres, ses tourments, les hasards qui ont jalonné sa vie. Un être solitaire, à la santé fragile, qui atteint pourtant l'âge de quatre-vingt-sept ans.

De Tour à Paris, en passant par l'Algérie et le mont Chelia, je me suis laissée emporter par ce récit rythmé et surprenant.

Superbe moment de lecture, comme toujours avec Miguel Bonnefoy ;-) tant il est un conteur incomparable !
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Le Voyage d'Octavio

Le Venezuela est classé comme un des pays les plus dangereux avec ses crimes violents, ses trafics de drogue, ses rapts, sa corruption et son instabilité politique..mais Miguel Bonnefoy prend le parti de nous conter une fable poétique, lyrique avec le récit initiatique d'Octavio !

D'ailleurs, tout commence par un fait qui s'est produit en 1908, au port de la Guardia avec l'arrivée d'un bateau qui a apporté la peste. La procession organisée pour Saint Paul a eu la mauvaise idée de déranger un créole qui en défendant sa haie a tiré une balle qui a fait tomber la statue sacrée et par la même occasion les citrons de son arbre ! Les habitants se sont servis du citronnier du Seigneur pour faire reculer l'épidémie et ont construit l'église de Saint-Paul-du-Limon en étant persuadés qu'il s'agissait d'un Miracle !

Octavio est un géant analphabète qui vit dans un des nombreux bidonvilles de sa ville, et tandis qu'il n'arrive pas à lire l'ordonnance du docteur Perrezzo, une belle dame l'aide et comprend qu'il ne sait pas lire ! C'est Venezuela, une ancienne comédienne de Maracaïbo qui va lui apprendre la lecture et l'amour ! Plus tard, Il va se réfugier dans l'église qui est " squattée " par des voleurs et, il va les aider à restaurer les objets volés, mais quand ils veulent cambrioler le domicile de sa bien aimée : il décide de partir visiter son pays, rencontrer des gens et les sauver...il se met à faire des petits boulots, il apprend à lire à des enfants mais il est arrêté par un torrent immense et infranchissable, un hôte l'accueille dans sa cabane, il se propose de cultiver son potager, il aide même un couple à traverser ce fougueux torrent et, de toutes parts les gens viennent demander assistance à ce gentil géant, mais c'est une révélation pour lui, et son errance devient une mission sacrée au service des hommes, il se dévoue corps et âme pour son prochain ! le courage et la ténacité qui lui avaient permis d'errer si longtemps sur les terres de San Estebàn lui permettent de revenir à Saint-Paul-du-Limon. Il constate que l'église va être restaurée officiellement avec l'aide d'un architecte et transformée en un théâtre, mais ce qu'il cherche : c'est la statue De Saint Paul. Elle est dans un réduit et, peu à peu : il lui pousse un arbre avec du lierre, car elle fait partie de son histoire !

Un roman qui évoque les beaux paysages du Venezuela, la pauvreté, la misère de la population, les superstitions, les miracles et les mythes de ceux qui ont besoin de croire pour pouvoir affronter la réalité !

L.C thématique de juillet 2022 : un prénom dans le titre.
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