Enquête implacable, investigation heure par heure, Tout tout de suite est un livre dont la lecture est assez éprouvante, mais toujours passionnante.
Morgan Sportès a mis ses pas dans ceux de tous les protagonistes de l'histoire, dont la tête de file de ce crime odieux, le chef de ce gang des barbares alias Youssef Fofana (ici renommé Yacef). Et il réussit à nous faire éprouver dans notre propre chair tout ce qu’a enduré, pendant plus de trois semaines, Ilan Halimi (ici renommé Elie) jusqu’à ce que Youssef l’achève, par le couteau et le feu dans un petit bois proche de la voie de chemin de fer du RER C.
Tout ce qu’écrit Morgan Sportès est la très fidèle version de l'histoire. Nous sommes dans le vécu, le méticuleusement reconstruit dans les lieux et les détails mêmes de l’ignominie : Bagneux, , Paris, Abidjan, les appartements, la cave, les rues, les voitures, les cybercafés, les Taxiphone, les hôtels, les parkings, les aéroports…
Le travail de reconstitution et de documentation de Sportés est d'une méticulosité renversante. Par contre, j'avoue ne pas trop comprendre pourquoi ce livre est classé dans la catégorie roman, tant il possède tout du document. Certes bien mieux écrit qu'un simple témoignage journalistique, la part de fiction m'a quand même semblé bien infime.
Ce qui effraie à la lecture de l'ouvrage, c'est l'absence de discernement et de conscience de cette bande de gangster à la petite semaine qui semblent agir sans se poser aucune question de morale.
Si le roman de Sportès a l'immense qualité de ne jamais porter le moindre jugement, son terrible récit est éloquent.
En effet, les explications à cette sanglante dérive, données entre les lignes par l'auteur, sont légions : la déscolarisation, l’inculture, de la pauvreté, de l’absence de civisme et de morale, la démission des parents, tous ces paramètres ont faconné ces êtres dont la violence et la cupidité semble être la seule valeur refuge.
Bref, la lecture de Tout tout de suite est salutaire et indispensable pour mieux appréhender l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus abject, mais elle n'est en pas vraiment confortable. En même temps, qui a dit que la littérature devait forcément être confortable?
Lien :
http://www.baz-art.org/archi..