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EAN : 9782246676515
406 pages
Grasset (17/08/2006)
3.36/5   11 notes
Résumé :
1975, les anciens maos commencent à se ranger des voitures, ils enterrent leurs idéaux et leurs cocktails Molotov, découvrent le plaisir, l'argent, le pouvoir: les chiens hurlants du marxisme-léninisme deviennent les chiens couchés du nouveau capitalisme - ou ses caniches de garde. Jérôme est de ceux-là : il a naguère posé des bombes, participé à des enlèvements, crié " vive la révolution culturelle prolétarienne chinoise ". Aujourd'hui il a un bon emploi dans l'édi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"La révolution n'est pas un dîner de gala" disait Mao (repris en choeur par Ludwig von 88 des années plus tard). Pourtant, moult maoïstes français sont passés sans état d'âme de la révolution aux dîners de gala, comme Morgan Sportès le rappelle dans ce roman grinçant.

En 1977, Jérôme, 30 ans, ex-mao, travaille dans l'édition, vient d'hériter, et s'apprête à épouser la jeune, belle et riche Sylvie. Mais sa petite vie de bourgeois vacille lorsqu'il croise "Obélix" dans les rayons du BHV, qui reconnaît en lui son ancien chef "Gisors" et le charge, au nom de "l'Organisation", de venger la mort de "Jeannot", abattu cinq ans auparavant à la sortie de Renault Billancourt. Rattrapé par son passé, sujet à des crises d'angoisse et des hallucinations, Jérôme va retrouver les ex-membres du mouvement et recueillir d'incroyables révélations, notamment sur le Général de Gaulle.

On est clairement dans un roman politique, où l'auteur règle ses comptes avec les intellectuels maoïstes bien nés qui, en 68, allaient s'établir en usine pour jouer aux ouvriers et monter la tête des vrais ouvriers avec leurs appels à la violence révolutionnaire -avant de se lasser, et de réintégrer confortablement la société qu'ils avaient tant honnie, en laissant en plan leurs camarades de lutte.
A travers le parcours de Jérôme et ses amis, Sportès fustige les ravages de l'idéologie maoïste et la tourne en dérision, avec rage et délectation. Sous de faux noms, il dézingue ces faux rebelles (Glucksmann et Castel en tête), et ce serait férocement drôle s'il n'y avait eu une vraie victime dans cette passade consternante : Pierre Overney, dit Pierrot (le "Jeannot" du roman), vrai ouvrier emporté dans ce délire mao (d'ailleurs, l'auteur écrira un excellent livre à son sujet : "Ils ont tué Pierre Overney").
Mais Sportès ne s'arrête pas là : il mêle également à son intrigue la CIA, De Gaulle, et une mystérieuse assemblée de "maîtres du monde" (qui m'a fait penser à celle décrite par Tardi dans les Aventures d'Adèle Blanc-Sec). le roman entre alors dans une dimension plus distordue et complotiste, mais le propos demeure d'autant plus troublant que l'auteur s'est solidement documenté avant d'écrire ce livre. La question est : finalement, qui a manipulé qui ?

Pour toutes ces raisons, j'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'ai regretté que la fin parte en cacahuète, dans une mise en abyme qui ne m'a pas convaincue -mais tout le reste est génial, et fera le bonheur des amateurs d'Histoire et de politique.
En tout cas, c'est bien mieux que le petit livre rouge.
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Drôle de roman...
Attirée tout d'abord par le titre, et curieuse de lire les déboires d'un ancien de 68, fils de bonne famille, bonnes études, enfant gâté qui fait son guignol en croyant faire sa révolution...et qui , une fois rangé, très bien marié, boulot dans l'édition, super appartement à Paris, n'en est pas si fier...
J'ai lu ce livre jusqu'au bout, prise par l'intrigue qui reste efficace jusqu'à la fin où là, malheureusement, elle devient grotesque et fort décevante... Cette idée d'un complot américain qui aurait utilisé les groupuscules révolutionnaires pour accélérer la chute du bloc de l'est et la mondialisation ultra libérale m'a laissée dubitative sur l'intérêt réel du propos, quant à l'imbroglio qui veut mêler fiction et réalité ( le thriller qu'il est en train de lire relate exactement ce qu'il est en train de vivre) ne m'a pas plus convaincue..
Mais bon, il est des livres commencés qui ne me plaisent pas et que j'abandonne. J'ai été au bout de celui là, il n'est sans doute pas complètement raté...
J'ai bien aimé,les citations en exergue de chaque chapitres, je vais citer pour mémoire celles qui m'ont le plus accrochées...(j'aime particulièrement ces renvois vers d'autres auteurs que les écrivains nous offrent avec justesse, humour, parcimonie, bonheur...)
http://sylvie-lectures.blogspot.com/2007/03/maos-morgan-sports.html
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Sportès Morgan, - "Maos" – Grasset, 2006 (ISBN 978-2-246-67651-5) – prix Renaudot des lycéens en 2006

La quatrième de couverture résume parfaitement l'objet de ce roman ; par ailleurs, on trouve une bonne recension à l'adresse suivante :
www.chronicart.com/livres/morgan-sportes-maos/

Une chose est certaine : la piétaille des petits naïfs, i.e. les "militants et sympathisants de base" à la Pierre Overney (qui a payé de sa vie) ont été manipulés, grugés, par de "brillants normaliens" (Benny Levy, Jean-Paul Sartre, Olivier Rolin, Serge July, André Glucksmann du côté mao, mais aussi les Krivine et autres lambertistes du côté trotskyste et tant d'autres gourous) qui n'eurent ensuite aucune difficulté à réintégrer leurs beaux salons parisiens pour devenir les leaders du camp bobo (la toute belle carrière d'un Alain Geismar, pour ne prendre que cet exemple).

Je saisis ici l'occasion de rendre hommage à Simon Leys (pseudonyme de Pierre Ryckmans – 1935-2014), qui eut l'intelligence et l'audace de publier – dès 1971 – cet ouvrage intitulé "les habits neufs du président Mao", qui fut vilipendé, vomi, couvert d'injures et de railleries par la nomenklatura de l'époque, qui reste la même aujourd'hui, sans honte aucune !

Sportès émet ici la thèse de la manipulation de ces gauchistes de salon par les services secrets occidentaux, ce qui paraît bien outrancier, certes... Mais le résultat est bien là : à l'exception de quelques biques radoteuses à la Arlette (travailleuses, travailleurs...) ou de quelques énergumènes sans honte ni pudeur aucune à la Badiou, la plupart de ces leaders maoïstes et autres gauchistes grand teint de cette époque sont bel et bien devenus les chantres de l'idéologie bobo prônant un ultra-libéralisme fondé sur l'atomisation des individus tellement "libérés de tout" qu'ils en deviennent malléables à souhait (et on attend le premier ex-maoïste ou ex-trotskyste qui prendra sa carte au FN, ce qui n'est plus si éloigné : nous reverrons bientôt les carrières à la Jacques Doriot.

Bref, un roman un peu faible, mais riche en pistes de réflexion...
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J'avais beaucoup Morgan Sportès avec ses livres "L'appât" et "Ils ont tué Pierre Overney" mais malheureusement je ne peux pas en dire autant de ses romans .
A chaque fois je ressens un profond ennui à leur lecture . Celui-ci ne fait pas exception à la règle . Phrases alambiquées , utilisation de mots peu utilisés ou carrément oubliés et puis un manque cruel de réalisme . Dans "Maos" ses personnages s'expriment comme des académiciens et non comme des militants . Quant à l'histoire si l'idée de base n'est pas mauvaise et la manipulation des gauchistes très plausible la manière dont elle est traitée m'a laissé sur ma faim .
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Bof. le prix Renaudot des lycéens ! Encore un prix très surfait, certes c'est bien pour les élèves qui doivent creuser un sujet et aussi pour les anciens militants maoïstes, pour moi c'était globalement assez ennuyeux, et j'ai mis du temps à arriver à la fin et à l'heure de cette critique il me rends compte qu'il reste peu de chose de cette lecture.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les spécialistes estiment d'ores et déjà que dans un futur proche 20% des gens seront employés tandis que 80% seront sans activité. On prévoit de maintenir ces inactifs à un niveau de subsistance suffisant en leur procurant un divertissement abêtissant..."

Jacek Kuron, ex-dissident polonais, oct.2002, cité dans la nouvelle alternative, N° 57, août 2005
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"On pourrait imaginer une culture où les discours circuleraient et seraient reçus sans que la fonction auteur apparaisse jamais. Tous les discours se dérouleraient dans l'anonymat...."

Michel Foucault, Qu'est-ce qu'un auteur ? Bulletin de la société philosophique, janvier/mars 1969
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Videos de Morgan Sportès (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Morgan Sportès
Intervention de Morgan Sportès pour son roman "Les djihadistes aussi ont des peines de coeur" lors de la présentation de la rentrée littéraire 2021 à la Maison de la poésie.
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