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Critiques de Murielle Szac (220)
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Tosca

🕯️Chronique🕯️



Une nuit de juin…Le ciel luisait d’étoiles

Où est-il parti? Où il est allé, l’Ange?

Où part-on quand on chante? Où va l’allégresse ou l’Opéra, quand ses disciples s’éteignent? Est-ce qu’on ne revient jamais des ténèbres? Tosca s’élève mais ne redescend pas. Tosca c’est le rêve et le présent mais à l’aube, Tosca se transforme…Il finit sur cette tragédie annoncée mais l’instant de grâce, lui, restera gravé. Personne ne pourra l’oublier. En attendant, le fantôme, rôde, s’accroche aux miettes d’attention, écoute nos poèmes et le procès, mais qui saura lui remettre un nom sur sa stèle?



Une nuit de juin 1944. Le ciel luisait de prières

La nuit attrape des brides de mots, des pleurs déchirants et la mort. Les étoiles sont jaunes. L’air est saturé de peur. Chaque jour emmène sa part de réduction. Réduction des libertés. Réduction de l’identité. Réduction à une communauté. Réduction de l’être et des avoirs. Même un placard semble trop grand. Alors on y colle septs juifs, deux résistants. La Milice rafle, à tout va. Et la nuit fait des gouttes.



Un matin. Le 29 juin 1944. Le ciel ne luit pas

Elles ne sont pas à blanc les balles. À Rillieux pas plus que dans Tosca. L’aube est meurtrière. Sept fois. Tout est écrit. Tout est dans l’opéra. Toutes les souffrances ont déjà été imprimées, jouées, chantées, apprises. Tout a le goût du sang et de l’encre. Mais le trouble demeure. Et ce jeune homme, qui était-il?



Je suis persuadée que nos passions nous survivent. L’inconnu de Rillieux, c’était son amour de l’opéra. Quelque part, sa vibration s’est imprimée. En chantant de toute son âme, sa mort prochaine, il a rappelé à l’univers, son passage sur terre. Son identité restera un secret. Mais devient l’obsession de Murielle Szac, et c’est heureux, pour nous. Parce que cet hommage, cette volonté de le faire exister envers contre tout, nous rapproche de son humanité à lui. Avant d’être un « inconnu paraissant 25 ans », il est dans ces pages, un être passionné, un détenu, un camarade, un homme, un ami, un croyant, un chant, un espoir, une promesse, un courage, un désir, une résistance. Même sans son nom, on le connaît mieux, et on peut l’aimer, le remettre à sa juste place, ne pas l’oublier. Surtout ne pas l’oublier. Pour ne jamais avoir à revivre, les tourments de l’Histoire ou la tragédie de Tosca.



Une nuit de janvier 2024. Le ciel luisait de poésie

J’ai écouté l’Ange et j’ai pleuré comme Madeleine. Même à travers le temps, je l’entendais. J’ai écouté Tosca. Je me suis imprégnée des douleurs, des vibratos, et du chant de Angelotti, pour me remplir de poésie, me lover dans l’opéra de Puccini, tenter de tisser l’amour et la mort en regardant le ciel.

Je lui écris des lettres depuis, la nuit, qui commence par « Cher inconnu… »



« La nuit est le royaume privé de chacun. »
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Le feuilleton d'Ulysse

L'auteur propose ici de suivre, à travers quelques moments clés savamment assemblés, au milieu desquels l'imagination vient combler les silences, le formidable destin d'Ulysse. Renouant avec l'oralité propre aux mythes, le récit parvient sans peine à entretenir l'intérêt du lecteur et à aviver sa curiosité ; le découpage en épisodes crée un effet des suspense permanent : les ressorts des textes étant conservés intacts.



Les différents épisodes sont relatés dans un style soutenu, à la fois narratif et poétique, et illustrés par des dessins stylisés, terriblement évocateurs, suggérant au mieux l'intensité dramatique des tourments endurés par le héros.



La qualité du papier, du graphisme et des illustrations font de cet ouvrage un très bel objet que tout amateur de beaux livres, quelque soit son âge, saura apprécier.



Un excellent éveil à deux des plus grands textes de notre patrimoine littéraire : L'Iliade et L'Odyssée.

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Eleftheria

Le titre seul m'aurait attirée : Eleftheria, liberté en Grec, qui résonne particulièrement en Crète quand je pense à Kazantzakis, La Liberté ou la mort.



Avec mes écouteurs dans les oreilles, en forêt, j'ai écouté Murielle Szac sur un podcast de Talmudiques dédié à Rosh Hachana. C'est par une  coutume crétoise de Roch Hachana : Tashlikh que s'ouvre le roman, avec les bougies sur de petits radeaux "Armée de lucioles surgie de la mer". Jolie occasion pour faire la connaissance de Rebecca, de Judith Levi, du rabbin Elias et de la communauté juive de Chania vivant dans l'ancien ghetto vénitien de Evraïki.  Jeunes filles juives, et leurs camarades grecques avides de liberté qui n'acceptent pas la place qui leur est assignée :



"Comment choisir sans entrave sa vie quand tout vous désigne, vous assigne à une place ? Que peut décider de son destin une jeune Crétoise, comme elle, juive et pauvre, alors que les nuages noirs de la guerre se massent au-dessus de sa tête ? La flammèche coule soudain. Rien, pourtant, ne semble troubler la joie, les rires..."



Le roman débute en  octobre 1940, à la veille du Ochi, le Non opposé à Mussolini par Metaxas qui et aussi le début de l'intervention nazie en Crète et qui se terminera en Mai 1944 par l'anéantissement de la communauté juive crétoise. 



Roman choral rassemble de nombreux personnages, le plus souvent très jeunes : jeunes filles juives, ou pas. Jeunes grecs, marins ou villageois attirés par les filles, certains s'engagent dans la résistance et prennent le maquis, d'autres pas collaborent avec l'occupant nazis. Histoire aussi de Petros, le photographe qui documente les massacres, fait des portraits, le témoin. Luigi, italien, des troupes d'occupation qui ne se soumettent pas aux Allemands éprouve plus de sympathie pour les Crétois. On croise même Patrick Leigh Fermor dans son rôle d'espion britannique (je connaissais ce rôle de mon écrivain-voyageur préféré). 



Et la Liberté? Elefthéria. Bien sûr dans la Résistance contre l'occupant, mais aussi la liberté d'aimer en dehors de sa communauté. La liberté de faire de la musique. De très belles évocations d'un Premier Mai fêté malgré l'occupant nazi dans un village rappelant le poème de Yannis Ritsos.



"Yannis Ritsos. L’enseignant traduisait en italien les poèmes qu’il trouvait et les faisait apprendre par cœur à ses élèves. Un jour de mai tu m’as abandonné... Ce cri de la mère d’un jeune ouvrier tué par la police au cours

d’une manifestation du 1er mai à Thessalonique, ce cri déchirant devenu un poème encore plus déchirant... Un

jour de mai je t’ai perdu... Ce texte, Epitaphios, avait bouleversé le jeune étudiant. Sans toi j’ai perdu le feu et la lumière, j’ai tout perdu... Luigi, est-ce donc si loin de toi ?"



Les histoires s'entremêlent. Grecs et juives vont s'aimer, se séduire, se marier ou se quitter et se retrouver  sur le Tanaïs pour la tragédie finale.







Un véritable coup de coeur pour ce roman!
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Un lourd silence

Un lourd silence met en scène Vincent, un adolescent lyonnais qui, parce qu’il ne comprend pas le silence qui entoure la vie de son grand-mère, supposément héros de la Résistance, décide de faire enquête à partir des maigres indices qu’il réussit à glaner de peine et de misère auprès des intéressés qui à la vérité ont préféré un silence vague, arguant qu’il leur est trop douloureux de parler de celui qui est mort au nom de la liberté.



C’est ainsi que Vincent fera connaissance avec une vieille Juive qui habitait le quartier où vivaient ses grands-parent lors de la Seconde guerre mondiale et avec laquelle il se liera d’une amitié profonde et indestructible. C’est aussi ainsi qu’il ouvrira le grand cahier où son grand-père notait ses faits et gestes, bien loin de ceux d’un vaillant résistant. Le grand-père se révèle en effet être un collaborateur, au grand désarroi de Vincent à qui on a raconté une histoire cousue de fil blanc qu’il a cru comme croient tous les enfants quand il s’agit de faire des leurs des héros, malgré qu’on ne lui ait jamais fourni de détails autour de cet aïeul qu’il admirait comme quiconque admire ceux qui sont entrés dans la Résistance.



Un lourd silence est un livre sur la vérité comme sur le mensonge qui, bien qu’il porte sur un sujet grave, ne verse jamais dans le drame, ce qu’il aurait été facile de faire. Or, Murielle Szac, en offrant à Vincent un entourage qui lui permettra d’accepter le passé de son grand-père, un passé qui n’est pas le sien, signe là un magnifique roman sur un sujet dont les Français ne sont pas fiers, mais dont nul ne peut ignorer l’existence.
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L'Odyssée des femmes

Lu à voix haute par mes soins, mon amoureux et moi avons été emportés chaque soir de la semaine par les vingt chapitres que compose L'Odyssée des femmes de Murielle Szac, relecture féministe des mythes grecs.



En incarnant "toute la palette des sentiments et des émotions propres à la nature humaine" les dieux et déesses grecs nous tendent un miroir vers lequel s'engouffre avec modernité l'autrice.



Habile et dotée d'un regard féministe, Murielle Szac réinterprète certains mythes pour en révéler les figures féminines fortes. De son talent de conteuse évident, celle-ci réintègre ces figures souvent reléguées aux mauvais rôles, ou à tort, minimisées.



Ainsi, on (re)découvre des histoires sous un angle différent, celui des femmes. Puisqu'il est bien connu que les mythes sont le plus souvent écrits par les hommes, pour les hommes, Murielle Szac prend le contre-pied et compte bien contribuer à les faire entendre du point de vue féminin. En débutant par les "toutes-puissantes nourrices des dieux" en passant par "Artémis la rebelle ancêtre de l'écoféminisme", puis des "jumelles qui rejettent la domination masculine" pour terminer par la "lettre à Antigone celle qui a dit non", l'autrice brosse des portraits terriblement humains et contemporains.



Loin de la vision manichéenne que l'on s'en fait, ces mythes, à travers ce jeu de réflexion, rabattent aussi les cartes et le regard que l'on se fait de certains héros masculins ou personnages secondaires, humiliés ou en tout cas associés à des comportements féminins. L'exemple le plus parlant étant les pleurs d'Achille à l'enlèvement de Briséis, ou encore d'Elpénor, le plus craintif marin d'Ulysse, mais qui se révèlera toutefois le plus loyal.



Pas toujours d'accord avec les interprétations qui, parfois excuse, "glorifie" et justifie différentes situations tels le rôle des femmes au foyer ou la vengeance, j'ai néanmoins accepté le pluralisme féministe. Certains points m'ont tout de même causé quelques désagréments comme le fait de réécrire certains mythes selon son interprétation. Les pistes sont alors brouillées. Quelle est la relecture de la réécriture ?



Entre essai et conte, L'Odyssée des femmes est une belle découverte qui donne une furieuse envie de se plonger dans les feuilletons en 100 épisodes de l'autrice consacrés à la mythologie grecque et destinés au public jeunesse !
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Le feuilleton des Jeux d'Olympie

Magnifique livre sur les origines antiques des Jeux, défendant le combat pour l'égalité des genres, des droits et pour le respect des minorités.

Ce livre est issu d'un projet théâtral de la MC2 Grenoble, dirigée par le metteur en scène Arnaud Meunier.

J'ai bien aimé l'histoire, le rythme, et l'aspect pédagogique et positif : droits des femmes, respect des minorités... Et le lexique à la fin de l'ouvrage.
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L'Odyssée d'Homère

L'odyssée d'Homere adapté par Murielle Szac est une création originale éditée en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse pour l'opération un livre pour les vacances. Il a été offert à tous les élèves de CM2 entrant en 6 ième. Une bonne initiative qui permet aux jeunes de découvrir un grand classique de manière condensée et simplifiée.

Ce livre est joliment illustré par Catel Muller qui à travers ses dessins fait ressortir les émotions des personnages.
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Joan Baez :

La narratrice est une fidèle admiratrice de la chanteuse. Elle raconte le parcours de celle-ci dès le plus jeune âge de son engagement.

Cette lecture permet un premier contact avec l’œuvre de Joan Baez, mais demande aussi d'être approfondie. C'est le premier titre que j'ai choisi pour découvrir cette collection, j'en lirai probablement d'autres, mais je pense que sa brièveté revendiquée est aussi son défaut : la narratrice ne reste qu'une ombre et les paroles des chansons sont à peine évoquées, c'est un peu difficile ainsi de s'attacher et d'avoir envie d'en savoir plus car rien n'est suffisamment marquant dans ce petit livre.
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Nous avons tous un rapport particulier avec le train, des souvenirs d’échappées belles, de rencontres cocasses, de paysages qui défilent, de baisers échangés sur un quai de gare, de voyages qui ont changé une vie…



C’est le cas d’une trentaine de plumes de la littérature française, qui souhaitent intervenir, au moyen de la fiction, en soutien à la grève engagée par les cheminots. Car la lutte des cheminots n’est pas une lutte corporatiste, elle cristallise au contraire l’idéal de solidarité, concrétisé par des services publics, de tout un peuple.

Avec Patrick Bard, Agnès Bihl, Laurent Binet, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Didier Daeninckx, Abdelkader Djemaï, Bruno Doucey, Annie Ernaux, Pascale Fautrier, Patrick Fort, Valentine Goby, Nedim Gürsel, Hédi Kaddour, Leslie Kaplan, Jean-Marie Laclavetine, Lola Lafon, Hervé Le Corre, Sandra Lucbert, Mako, Roger Martin, Guillaume Meurice, Gérard Mordillat, François Morel, Grégoire Polet, Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Alix de Saint-André, Danièle Sallenave, Jean-Marc Salmon, Alain Serres, Shumona Sinha, Murielle Szac, Tardi, Carole Trébor et Philippe Videlier.

Je soutiens le mouvement de grève des cheminots. Je remercie tous les agents qui se battent chaque jour pour notre service public. Si comme moi vous aimez le train, achetez ce livre. Et faites achetez. Moi, j’ai convaincu 3 personnes et vous ?



Je remercie tous les écrivains, animateurs qui s’engagent auprès des grévistes. Ce qui ne gâche rein, la lecture des textes est magnifique !
Lien : https://blogentresoi.wordpre..
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Eleftheria

Le titre de ce roman, Eleftheria, est le mot grec qui signifie « Liberté ».

Il y a des livres qui, allez savoir pourquoi ont une couverture qui vous hypnotisé, vous la voyez sans forcément y prêter attention, et l'image est comme imprimée dans votre inconscient. Et bien c'est ce qu'il s'est passé pour ce livre.

Errant au milieu des rayons de ma librairie habituelle qui ne manque pourtant pas de choix, cette couverture me revenait sans cesse à l'esprit...



Pour la pureté de cette photo ?

Pour ce voile rouge porté au vent en surplomb de la Méditerranée ?

Pour cette femme dominant les reliefs escarpés d'une île méditerranéenne ?

Pour ce regard perdu vers l'infini?

Pour ce regard fuyant vers l'horizon ?

Pour ce rouge symbole de passion ou de sang ?

Pour ce bleu symbole de vérité et de sagesse ou d'invitation à l'évasion, au voyage et à la découverte ou l'inverse ?

Pour ces côtes escarpées qui servent de toile de fond à cette scène ?

Et puis il y cette "fameuse" quatrième de couverture :



"1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue… jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le IIIe Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.



Avec Eleftheria, Murielle Szac nous livre un magnifique roman, choral et solaire, où derrière chaque histoire personnelle se tisse une histoire partagée, celle de femmes et d’hommes ayant vécu en Crète pendant la Seconde Guerre mondiale. Un épisode méconnu de l’Histoire."



La Crète cette île qui allie de somptueux paysages, une mer turquoise et une histoire singulière. Les Ottomans, les Byzantins et les Vénitiens ont laissé leurs empreintes sur l’île. Et cet épisode méconnu,

Tout était là pour un beau moment de lecture : Et ce fut le cas, c'est un roman magnifique.



Tout se déroule entre 3 octobre 1940 et Octobre 1944. Entre les prémices de l'invasion allemandes, l'invasion elle-même, la résistance, la fuite et son cortège de vies brisées, d'horreurs et de malheurs. Mais tel l'olivier, qui pousse en Crète, symbole de longévité et d'espérance, l'olivier est réputé éternel. Ainsi le décrit Hérodote V " L'olivier fut brûlé dans l'incendie du temple par les barbares; mais le lendemain de l'incendie, quand les Athéniens, chargés par le roi d'offrir un sacrifice, montèrent au sanctuaire, ils virent qu'une pousse haute d'une coudée avait jailli du tronc ".



Ce qui est Paradis va devenir Enfer, ce qui est bleu va devenir rouge :



""Vous êtes soucieux, monsieur ?

C’est Dimitra, dévorée de curiosité pour l’inconnu, qui a fini par l’interpeller.

Vous ne l’êtes pas, vous ? Metaxas a dit non à Mussolini. Désormais, c’est la guerre. Vous ne le savez pas ?

Bah si, mais d’ici à ce qu’ils arrivent chez nous !

Ils trouveront à qui parler s’ils débarquent !

On les rejettera à la mer !

D’un coup c’est le brouhaha. La cour du kazani est une ruche.

David laisse dire. Puis, quand le calme est revenu, il ajoute posément que, ailleurs en Europe, c’est pas la joie. Qu’en France, par exemple, les nazis font la loi. Et que les Juifs, comme lui, sont persécutés.

Un silence soudain. Un malaise, comme l’écho d’une menace qui se matérialise.

Mais je ne voudrais pas gâcher la fête, mes amis !

Vous avez déjà beaucoup souffert, monsieur David. J’espère que ça va s’arrêter."



Le ciel bleu va très vite s'obscurcir et assombrir le destin des uns et des autres, ce qui est rouge va très vite devenir noir :



"Mais que se passe-t-il ? Il entend une sorte de bourdonnement, puis cela enfle et se transforme en plaintes. Luigi voit surgir en haut de la côte une procession. Quatre hommes portent un cercueil ouvert. Suivent des femmes vêtues de noir, en pleurs. L’une pousse des cris déchirants, interpelle le défunt, comme si elle cherchait à le rappeler d’entre les morts. Réveille-toi, Nektarios ! Lève-toi ! Viens nous embrasser. Parle-nous ! Ses lamentations sont presque des psalmodies. Luigi se souvient soudain de la première pièce de théâtre de sa vie : Les Suppliantes d’Eschyle. Ces femmes qui se tordaient les mains, et pleuraient en chœur, montraient une douleur si déchirante que le jeune garçon en avait été bouleversé, prêt à sauter sur la scène pour les consoler. Jamais il n'a oublié ces Danaïdes injustement persécutés et son âme sensible ne ressent que compassion devant les larmes d'autrui."



Murielle Szac auteure de plus d’une vingtaine d’ouvrages de jeunesse ou de poésie, elle s’est plongée au cœur de la mythologie grecque avec la série Le Feuilleton d’Hermès,de Thésée,d’Ulysse ou d’Artémis. S’il ne fallait retenir qu’un seul fil conducteur de tout son travail, ce serait la transmission. Eleftheria s’inscrit dans cette cohérence, mêlant étroitement engagement et écriture.



L'écriture de l'auteure est comme les mains d'Ariadni dont que je me permets de détourner le passage pour la mettre en valeur

Elles sont là, tout simplement, telles deux petites bêtes chaleureuses et douces, discrètement posées sur un stylo. Elles sont savantes, elles savent non seulement décrire, conter, raconter, mais aussi porter ses personnages, tirer leurs émotions, montrer la nature humaine dans sa sa violence, couper cette violence, la transformer en amour, arracher la vérité aussi crue et terrible soit-elle, mais aussi entretenir ce qu'il y a de plus beau en l'homme, laisser remonter l'humanité,.

Ce qui est l’essentiel aux yeux du lecteur que nous sommes, c’est leur science de la tendresse.

Elles savent émouvoir, émerveiller, consoler, protéger, apaiser. Elles sont de celles qui aident à vivre et éponger le chagrin.



Passer de la beauté dans ce qu'elle a de plus simple, à la peur voire la terreur pour revenir à la tendresse :

"L’église n’est pas bien grande. Peu importe, il n’y a quasiment personne pour accompagner Nikos et Rachel ce jour-là. Le pope semble très agité. Il lit les textes saints si vite qu’il ne cesse de buter sur les mots, jetant des regards presque affolés vers la porte. Nikos, imperturbable, fixe l’iconostase en souriant. Rachel ne détache pas le regard des dragons. Deux terrifiants dragons dont les yeux sortent des orbites, rouges, sanguinolents. Saint Georges essaie de les terrasser. Pourquoi le peintre des icônes en a-t-il représenté deux ? Et pourquoi donne-t-il cette curieuse impression que le saint ne parviendra pas à vaincre les monstres ? La jeune femme n’est pas habituée à cette imagerie.

Nikos observe l’icône de la dormition de la Vierge. Beaucoup de monde s’agite autour de la femme morte. À l’arrière-plan, le peintre a représenté les murailles de Chania. Nikos scrute l’œuvre, éperdument, comme s’il allait voir la Vierge Marie accéder au ciel sous ses yeux. Morte et ressuscitée. Morte et ressuscitée.

Rachel est impressionnée par l’Enfer qui se présente à elle. Une icône du Jugement dernier la menace, elle la pécheresse, de toutes les tortures possibles. Des chaudrons bouillonnants d’où émergent des corps martyrisés, des diables à queue fourchue qui fouettent des femmes nues en pleurs, poignets liés, des hommes aux viscères pendants… L’artiste ne manquait pas d’imagination. Rachel frissonne. Dans sa religion à elle, tout se passe dans la tête. Tu sais que cette église s’appelle Agii Anargiri, elle est dédiée aux saints des pauvres. Le murmure de Nikos est doux à son oreille quand il ajoute : Leur protection te va bien… "



Murielle Szac le dit elle-même:

"si mon livre s’appelle Eleftheria, Liberté !, c’est parce qu’il tente de questionner ce qui fonde notre identité, notre humanité et de se demander si nous sommes libres de notre destin. Que fait-on avec ce que l’on a reçu à la naissance et ce que l’on a construit soi-même quand cela entre en conflit avec une époque et la violence de l’Histoire ? Mes personnages, les Juifs d’abord, mais aussi les Crétois, notamment les résistants, se confrontent tous à cette question, qui me taraude depuis toujours. »



Jusqu'au bout de son livre dans les remerciements elle nous délivré des messages : "Et un immense et chaleureux merci à celle qui accompagne la naissance et la vie de ce livre avec la passion qui l’habite : Emmanuelle Collas, une éditrice amoureuse de la Grèce, intimement concernée par l’empreinte des brûlures du passé sur notre présent, veilleuse de la marche du monde, et qui met ses coups de cœur en acte. "



Si j'osais un retour ou un recours à la mythologie ce livre est comme la boîte de Pandore, les maux s'échappent, et y reste l'espoir...
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Jacques Prévert : Non à l'ordre établi

Un petit livre fort sympathique (même si j'aurai aimé un peu plus consistant) pour découvrir l'impertinent Jacques Prévert et toute sa joyeux bande. Pour découvrir qu'on ne se bat pas qu'avec des armes.

Un collection très bien à découvrir de toute urgence !
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Le feuilleton d'Ulysse

Ce livre nous résume l’histoire du héros grec en 100 épisodes.

Nous suivons ces péripéties depuis son départ d’Ithaque jusqu’à son difficile retour, en passant par ses exploits troyens. Les grands classiques sont là (Circée, le cyclope, le cheval de Troie), les aventures moins connues aussi…

Nous connaissons tous Ulysse et ses aventures. Personnellement, l’Odyssée je maîtrise assez bien mais je dois avouer que j’avais quelques lacunes sur les épisodes de l’Iliade. Chaque épisode est superbement illustré dans un style graphique très dépouillé et monochrome. Chaque épisode se lit dans le texte et dans l’illustration, toujours riche en symbole et qui prolonge la réflexion.

Pendant cent jours, chaque soir, nous avons suivi Ulysse dans ses aventures. Nous avons tremblé, pleuré, rêvé avec lui. Mon fils a découvert avec plaisir cette histoire incontournable. Un très beau livre pour découvrir une oeuvre riche en sagesse.
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Le Feuilleton d'Hermès : La mythologie grecqu..

Hermès est le fils de Maïa et de ... Zeus.



Hermès vit au pays des dieux, au commencement du monde.



Hermès est un enfant curieux : il veut TOUT savoir ! Absolument TOUT !



Je vais citer Serge Boimare : "Hermès veut savoir d'où il vient et comment il a été fait. Hermès veut savoir si on l'aime et comment on trouve sa place parmi les autres. Mais il veut aussi comprendre comment s'organise ce monde dans lequel il arrive, qui en est l'auteur et comment il s'est mis en place. Pourquoi son père ne contrôle-t-il pas tout ? Pourquoi tant de violence et de haine à côté de l'amour et de la beauté ? Que devient-on après la mort ? Pourquoi ne dit-on pas tout aux enfants ?"



Alors, dès le jour de sa naissance, Hermès s'échappe de la grotte où il est né pour voir le monde.



Hermès va inventer le feu, rencontrer son frère Apollon, faire la connaissance de son père, assister à la naissance du monde, comprendre qu'il est immortel, découvrir Cronos (le mythe du temps), croiser Persée, retrouver Pégase le cheval ailé, vivre son premier amour, devenir papa... et tant d'aventures encore !



Toutes les aventures d'Hermès et de ceux qui vont lui permettre d'accéder à la connaissance en satisfaisant sa curiosité existentielle rapprochent le lecteur de ses propres interrogations archaïques et symboliques. C'est toute la question du sens qui est ici traitée et qui laisse place à la résolution des conflits internes qui nous habitent, qui, parfois, nous envahissent au point de nous interdire de penser.



Lorsque j'enseignais encore, je consacrais, chaque jour, une heure à la découverte de la mythologie grecque. Je m'adressais à des enfants enchâssés dans les troubles de l'apprentissage, les blocages en lecture. Les aventures des dieux, la violence de leurs rapports, nous entraînaient dans des débats passionnés qui finissaient toujours par aboutir à un regard posé sur soi et sur la nature profonde des incapacités qui plombaient toute possibilité de développer l'estime de soi.

Je me souviens d'un jeune élève, profondément troublé par la relation que sa maman avait entretenue avec lui ; les services sociaux avaient fini par prendre la décision de le confier à une famille d'accueil, lorsqu'il était encore enfant. Puis il avait retrouvé sa mère à l'âge de la pré-adolescence. À la lecture de la réaction d'Héra devant la laideur de son fils Héphaïstos (elle l'avait "jeté" en bas de l'Olympe le rendant ainsi infirme à vie), cet élève s'était d'abord beaucoup agité pour, finalement, se reconnaître dans ce mythe. Lorsque, le lendemain, je contai comment Héphaïstos avait réussi, grâce à l'accueil bienveillant de Téthys et Eurynomé, à dépasser son infirmité pour devenir dieu du feu, des forges et des volcans, l'adolescent s'était redressé en me disant : "Alors, c'est possible de s'en sortir ?"... De ce jour, son rapport aux apprentissages s'en est trouvé radicalement modifié.



C'est en cent courts épisodes que nous allons suivre l'épopée légendaire des dieux grecs, la théogonie. Cet ouvrage est extrêmement bien conçu : il se présente comme un "récit à suivre", un feuilleton. L'écriture est simple, limpide, adaptée à toutes les catégories de lecteurs (ou de non-lecteurs, puisqu'il est possible d'en être le récitant). Mais il n'est pas seulement destiné à être utilisé dans un projet de médiation scolaire ! Il peut se lire comme un simple roman... les rebondissements sont nombreux, les aventures, riches d'intrigues...



Je le conseille aux élèves dès la sixième, au plus petits de cycle 3 si la lecture en est accompagnée. Mais j'invite aussi les adultes à s'y plonger ! C'est un délice !
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L'Odyssée des femmes

Beaucoup d'attentes pour ce livre, peut être est-ce la collection qui m'a renvoyé à ma lecture de Les Grandes Oubliées de Titiou Lecoq et incité à y voir un avatar que j'allais aimé. ça a été un bon moment de lecture mais qui m'a posé question de la démarche. L'objectif affiché est de faire une lecture des mythes et des légendes grecs par la femme, car bien souvent écrits, traduits par des hommes. Assez enthousiasmant ! Et de manière générale c'est ce qui est fait, on découvre et redécouvre des histoires plus ou moins connues. L'auteure a sans conteste une plume de conteuse efficace portée par la tendresse qu'elle porte à ces personnages. On est emporté par les péripéties avec efficacité.



Ce qui m'a gêné c'est la manière dont on nous vend ce livre, un essai sur la mythologie, une relecture féministe. Néanmoins l'autrice réhausse et dépeint des déesses, magiciennes et sorcières à hauteur d'une femme du XXIe siècle sans poser la question de la construction antique, de l'idéologique grecque où la femme est un homme raté, une aberration dont il faut souffrir l'existence pour pouvoir perpétuer la lignée des hommes. Toutes ces questions ne sont pas abordées, les femmes sont magnifiées et présentées comme fortes et puissantes mais c'est là occulter qu'elles sont sans cesse rabaissées, diminuées, violées et insultées et que leur rébellion se fait dans des limites bien circonscrites. Il a manqué à ce point de vue admiratif un peu de mesure et de complexité. Je vais citer l'historienne Aurélie Damet qui dans son ouvrage de la même année sur les femmes grecques écrit "L'histoire des femmes et de leur rôle dans les cités De Grèce ancienne s'écrit ainsi : il y a toujours un mais". Ici il n'y a pas de "mais". On parle des mythes grecques pour en tirer des modèles de femmes sans questionner le fait que la place que les Grecs leur ont attribuée est problématique. Peu de références également, à par les travaux de l'autrice elle-même, quand tant de spécialistes auraient pu apporter un éclairage essentiel et attendu.



Pour résumé, j'ai apprécié ce livre comme un libre d'histoires de la mythologie par les femmes mais n'y est pas trouvé la lecture féministe complexe attendue. En demi-teinte donc.
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Le feuilleton d'Ulysse

Les aventures d'Ulysse, de son départ d'Itaque pour la guerre de Troie jusqu'à ses retrouvailles avec sa fidèle Pénélope, en passant par son interminable retour semé d'embûches, nous ont accompagnés un long moment, mon fils et moi le temps de lectures, le soir, auprès du poêle...

Des temps précieux, où absorbés par le récit, on redoutait le moment du "A suivre" qui clôt chaque court chapitre et qui donnait irrémédiablement envie d'en savoir plus.



Un livre qui peut donc offrir de beaux moments de partage grâce à sa lecture à voix haute, tout en entrainant les enfants sur les voies des récits mythologiques par cette approche imagée, fluide et riche de l'Iliade et l'Odyssée.
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Un lourd silence

Un jeune homme remue le passé afin de dissiper le mystère et le silence qui planent sur la mort de son grand père, soit disant mort en héros pour la France, durant la seconde guerre mondiale. Et va découvrir le terrible secret de ce dernier. J'ai beaucoup aimé l'analyse de la psychologie des personnages, très fine. Les personnes bien intentionnée ne sont pas toujours vraiment bonnes et les personnes ayant commis des actes répréhensibles ne sont pas forcément des être insensibles. Pas de machiavélisme, mais pas de relativisme non plus. Une belle leçon, sur des faits peu glorieux qui ont marqué l'Histoire de France.
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Tosca

Une nuit du 28 au 29 juin 1944.



Sept juifs et deux résistants sont enfermés dans un placard au siège de la milice à Lyon.



Ils ont été raflés dans des restaurants, à leur domicile, dans la rue…Ils ont été regroupés pour venger la mort du ministre de la propagande.



Et durant cette nuit dont chacun comprend qu’elle sera la dernière, les larmes sont présentes pour certains, les regrets pour d’autres mais la peur n’en lâche aucun.



Ange, l’un des prisonniers, décide de chanter la Tosca, invoquant la beauté de l’art comme rempart à l’horreur. Un triste parallèle entre une histoire fictive et leur destin inéluctable. Une façon de répondre à la barbarie, d’apaiser l’effroi de ce placard, de ces hommes dont les dernières heures s’égrènent inéluctablement.



Ce roman de Murielle Szac n’est pas véritablement une œuvre de fiction.



Sept hommes ont bien été fusillés par la milice française en représailles à la mort d’un ministre de la propagande.



Six d’entre eux ont été identifiés. Pas le septième. On sait juste qu’il chantait Tosca, un opéra lui donnant un nom d’emprunt à défaut d’autre chose.



Murielle Szac va tenter de retrouver son identité, sa vie, son passé, en vain.



Alors elle convoque la fiction et rencontre les survivants des geôles qui ont croisé ces hommes. Pour qu’aucun ne soit oublié.



Ce court roman se lit en apnée, l’autrice réussit à transmettre, en peu de pages, la personnalité de ces hommes, leurs arrestations, qui ils étaient et comment ils ont pu vivre leurs dernières heures. On se sent proche de leur peur, on aimerait avoir leur courage face à de telles circonstances.



Ce livre montre aussi à quel point, si cela était nécessaire, que des gens ont accepté de collaborer, de dénoncer, de torturer alors que d’autres ont fait le choix de résister, en rejoignant des réseaux ou simplement en cachant des inconnus.



Ce roman est bouleversant et je vous le conseille, à moins qu’il n’ait déjà rejoint vos PAL !
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Le feuilleton de Thésée : La mythologie grecq..

C'est avec délice que mes fils et moi nous sommes plongés dans cette lecture.

Tout est agréable : le rythme du récit, le découpage qui tient en haleine et donne tellement hâte d'attaquer l'épisode suivant, la langue magnifique, la psychologie des personnages, la subtilité de l'ensemble.



Ce feuilleton en 100 épisodes relate divers moments de la vie de Thésée : sa naissance, son séjour en Crête (le plus connu, qui a forgé sa légende grâce au labyrinthe et au Minotaure), ses amours avec Ariane, avec la reine des amazones, avec Phèdre et enfin son fils Hippolyte.

De plus, au détour des rencontres de Thésée, les méandres du récit nous amènent aussi vers l'histoire d'autres personnages tout aussi illustres, à commencer par Héraclès, le cousin de Thésée, et sans oublier Œdipe et son destin si tragique.



Ça a été un réel plaisir de retrouver ces personnages tous les soirs pendant des semaines.

En bref : j'ai adoré, et mes enfants aussi !
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Eleftheria

Eleftheria, je crie ton nom.



Ce besoin farouche de liberté, plus que de l'écrire, les Crétois le crient. Pas seulement, peut-être même pas, par leur voix, mais par tous les pores de leur peau. Par leur manière de se tenir au monde. La marque des peuples insulaires constamment happés par le large et pourtant ancrés avec force.



Quand les nazis posent le pied sur leur île, déjà en prise avec l'armée italienne, comment ne pas voir une condamnation de leur liberté chérie ? Qu'ils soient juifs, communistes, paysans, chacun va devoir lutter. Ou fuir. Laissant derrière eux une vie qui même si elle était rude, était empreinte de liberté.



Murielle Szac connaît cette terre, ce peuple. Et avec une écriture d'une grande simplicité, nous conte une histoire méconnue. Je ne savais rien de la déportation des juifs de Grèce. Des massacres de civils en représailles. Rien ou presque de la Seconde Guerre mondiale dans cette partie du monde. Je ne rêvais pas à un eldorado préservé de la violence des hommes. Mais comme toujours je reste heurtée de cette dérive meurtrière mondialisée. Sous la plume de l'autrice, sans fioritures, elle est d'autant plus à vif.

Les personnages, d'origines et de milieux différents, brossent un portrait presque exhaustif de la population de l'ile. J'aurais aimé qu'ils soient moins nombreux pour m'y attacher plus. Pour ressentir plus avec eux. Et j'avoue avoir mis quelques chapitres à me repérer dans les prénoms.



Cette lecture faite en commun avec @manonlit_et_vadrouilleaussi m'a permis d'ouvrir les yeux sur une situation que j'ignorais. En refermant ce roman, je me dis que ce texte devrait être mis dans les mains de lycéens, pour qu'eux aussi ouvrent leurs yeux sur ce pan de l'histoire. Et que la si belle couverture ne peut qu'être un appel à la lecture.

L'occasion de souligner le travail d'Emmanuelle Collas qui publie des autrices (et des auteurs) dont la voix porte bien au-delà des frontières un cri de liberté.



Eleftheria, eleftheria... je crie ton nom.
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Eleftheria

Pour mesurer l'impact de la guerre, il faut aussi être capable de se mettre dans la peau des gens qui l'ont subie.

Si nous connaissons beaucoup de choses sur la Seconde Guerre mondiale dans les principaux pays belligérants, ce n'est pas le cas pour l'île grecque de Crète qui abritait en 1940, une importante communauté juive.

En nous racontant le quotidien de ses habitants, Murielle Szac nous entraîne au plus près d'une population rurale où se côtoyaient en bonne entente des chrétiens, des juifs et des musulmans.

Ainsi nous suivons la vie de nombreux personnages vivant sur cette île, dont Rebecca, une musicienne juive, Petros, un photographe polonais, Ariadni, une employée de maison chrétienne. Comme avec une caméra qui changerait de champ, chaque petit morceau de vie d'un habitant de l'île reprend sur la fin de celui d'un autre personnage. le récit continue alors sous un angle différent et les vies se croisent sans parfois même se rencontrer.

L'écriture de Murielle Szac est fine et sensible, et le savant tricotage de toutes ces petites histoires qu'elle fait vivre sous nos yeux, fait de ce roman, un récit parfois complexe mais toujours d'une profonde humanité.

La Crète a payé un lourd tribut à la folie destructrice du 3ème Reich et qu'ils soient juifs, résistants ou partisans, ses habitants en défendant leur liberté (en grec : Eleftheria) ont vu se concentrer sur leur île, la persécution nazie que vivait l'Europe envahie.

Un roman émouvant et joliment écrit qui rend hommage au peuple crétois en nous offrant ce témoignage immersif essentiel.



Merci à Cultura et aux éditions Emmanuelle Collas pour ce roman de la rentrée littéraire 2022.
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