Petite fille, petite Agathe, petite salamandre, petit macaroni, tu es un enfant, tu suis tu colles ta mère en espérant la voir te bercer d'un peu d'amour. Mais ta maman est étrange, elle t'emmène brusquement à la mer sans avertir ton père, tu rates les derniers jours scolaires. Puis tu te souviens que ta maman était affectueuse mais depuis ce matin, tu ne reconnais plus ta maman. Elle te dit qu'elle t'aime mais ne t'offre pas de l'eau pour étancher ta soif. Elle t'insulte et t'insuffle ses névroses qui commencent à te faire perdre pied petite Agathe.
Cette histoire m'a rendue triste. Comment une mère peut-elle infliger tant de disgrâce à son propre enfant, à sa chair...
C'est au fil de l'histoire que l'on découvre la fatalité qui s'abat sur des générations, une mère-poisson qui aime couler dans l'océan, une mère-poison qui aime faire souffrir sa fille.
Même si ce roman m'a écorché le coeur, il n'a pas été sans me rappeler Fugitive parce que reine ou Rien ne s'oppose à la nuit ou encore Bord de mer.
C'est un livre étourdissant où l'envie de serrer dans ses bras cette petite Agathe est omniprésente. Agathe qui se fragilise, qui ne sait plus s'il faut détester ou aimer cette mère instable, où trouver quelqu'un pour prendre soin d'elle, pour la protéger, l'aimer un peu. Mais il n'y a personne et Agathe se sent laide, de plus en plus laide. Alors elle grandit trop vite parfois car sa mère est comme une petite fille à qui il manque une mère.
C'est triste tout ce manque d'amour. Me reviennent ces paroles qui collent si bien à ce livre:
Si je saigne, si j'en crève
De froid quand l'hiver est fort
Si je vis, si je prie
Les étoiles, les astres morts
Si j'osais... si j'étais
Quelqu'un d'autre,
Quelqu'un de fort
Je le sais, puisque c'est...
C'est par absence...
Sans doute
Par absence d'amour
Sans doute...
Par absence d'amour
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Voici un livre surprenant entre comédie sociale, vie quotidienne et tracasseries habituelles ...
L'auteur y conte de petites scènes cocasses de la vie d'une femme ordinaire, revenue de tout , peut- être en attente de tout,.... , la cinquantaine qui expriment son état d'esprit .....
Elles commencent toutes par :" -Je suis le genre de fìlle ...."
La narratrice passe en revue les travaux ménagers, les courses notamment au Monoprix? , les relations avec les collégues, les SMS et les mails envoyés tard le soir, les relations mère- fìlle, l'hypocondrie eu long et en large ....., les relations avec son ex- mari, son adolescente de fìlle ....
Elle est accommodante, conciliante , tient les portes, sourit , dit " D'accord " , sans cesse, jusqu'à un certain point ....par lâcheté , fatigue, manque de confiance en elle ?
C'est une comédie humaine qui se livre à débusquer " les petits crimes de la vie ordinaire " comme l'écrivait Nathalie Sarraute, une guerre discrète et efficace livrée sur les apparences et les non- dits...Mais pour qui se prennent les autres ?
Je me suis lassée de cette lecture auto- dérisoire ravageuse qui finit par énerver même si on prend la narratrice en affection .
A la fin on a le coeur serré!
Elle a renoncé à l'amour mais n'en rêve t-elle pas ?
Je ne suis pas certaine d'avoir cerné correctement cet ouvrage .....
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Un livre intéressant qui nous plonge dans le monde du travail dans notre société actuelle! Il nous dépeint cette dépendance de l'homme envers le travail. Une fois que le travail est menacé ou perdu, l'homme, forcement, va se perdre aussi. Le style de Kuperman est influent, en ce sens, à côté de chaque voix qui clame son indignation contre un changement qui va bouleverser la vie de chaque employé dans cette entreprise de presse de jeunesse Mercandier , il y a une voix collective que l'auteure nomme chœur, qui représente un nous incarnant à la fois l'esprit d'équipe, la culture d'entreprise, une société, une nation, auprès duquel l'individu se noie....Un livre sympa, où on rencontre des potes qui nous racontent leur quotidien, leur jalousie silencieuse, leur déception, leur joie, leurs inquiétudes permanentes, leurs envies. On cause avec eux, et puis c'est tout! Et moi, ça me va!
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Je tiens à remercier Babelio et les éditions Flammarion de m'avoir permis de suivre le travail de l'écrivaine Nathalie Kuperman, dont j'avais apprécié l'autoportrait littéraire dans la revue Décapage.
Partons en villégiature dans le Var, à Saint-Clair avec Agathe et sa mère. Départ précipité , sans explication, avant la fin de l’école. Nathalie Kuperman revisite son enfance, et en particulier l’été de ses onze ans, où « rien ne serait comme avant ». Un voyage long, beau pour la mère qui, peu discrète, hurle dans le train pour Toulon : « La mer, la plage, les bateaux, les poissons » ! Un rêve réalisé ?
Le roman s’ouvre sur leur baignade enjouée. Elles frétillent tels des poissons, jouant aux dauphins.
Agathe se plaît à être de connivence avec sa mère dont le regard l’attire comme un aimant.
Une mère qui affuble sa fille d’une pléthore de petits noms doux : « mon petit loup, mon petit macaroni, mon p’tit poil, mon pissenlit, ma petite salamandre, ma petite fleur, mais aussi ma petite patate... » ! Une mère qui ne manque pas de déverser moult injonctions : « Tiens-toi droite, redresse-toi, Ne grogne pas.. ». Elle lui assène aussi des mises en garde , lui explique la différence entre émigrés et immigrés, lui brosse les portraits de ceux qui tiennent l’hôtel où elles logent.
Agathe devient « son petit cobaye », quand elle teste les recettes destinées au livre de cuisine que sa mère publie. Elle enquille les sobriquets et ne manque pas d’imagination, de quoi faire une belle brochette : « ma sardine, ma biscotte, mon boudin blanc... », mais aussi « mon ange » !
On devine que le père n’est pas au courant de leurs vacances anticipées quand la mère ignore son appel téléphonique. Un père qu’Agathe aime et qui lui manque. Un père qui a refait sa vie, dont la compagne attend un bébé et s’est installé à New York.Il n’y aura plus les week-ends alternés mais il lui a promis le mois d’août en Normandie chez les grands parents.
La narratrice évoque les moments de complicité de fous rires, avec sa mère, sa façon de lui faire plaisir, de lui prouver son amour. Des étreintes fusionnelles. Un amour débordant réciproque, au moins au début.
Comme si elles appliquaient la chanson de Louis Chedid : « Il faut dire aux gens qu’on aime qu’on les aime ». Mais que cachent de telles effusions si démonstratives ?
Le lecteur le constatera vite !
Scandale provoqué par la mère lors d’un dîner au restaurant ainsi gâché par son attitude hystérique.
Agathe, pauvre petite fille abandonnée toute une journée sur la plage, une autre fois sur un ponton.
Marche sans pause sous un soleil de plomb, sans boire. C’est alors que tout bascule dans leurs liens.
« Elle que j’aimais tant voulait que je la haïsse », confie la narratrice devant l’attitude sadique de sa mère, se désaltérant devant elle, qui mourait de soif. Voulait-elle faire vivre à sa progéniture ce que décrit Amélie Nothomb dans Soif ?
Tant de situations ignobles qui conduisent Agathe à lancer un appel de détresse au père, à l’insu de sa mère. Comment réagira-t-il ?
Le visage triste, de sa mère, baigné de larmes, la gamine le connaissait depuis le départ du père, mais la voir rentrer ivre la révulse. Peu à peu, le passé d’Alice, la mère se dessine, le manque de parents, de référents, à l’exception de la grand-mère maternelle peut-il expliquer son déséquilibre ?
On constate son côté borderline quant à son alimentation, loin de la recommandation : 5 fruits et légumes par jour qu’elle avait consenti à modifier une fois enceinte. Mais que penser des repas durant leur séjour à Saint-Clair, exception faite des petits déjeuners servis à l’hôtel ?
D’autant que pour Alice, une glace évitera le repas du soir ! On est loin du maternellement correct...
La solitude s’empare d’Agathe, considérée comme « une grande fille », qui rêve d’être avec sa meilleure amie Tatiana qu'elle adore. L’hôtelière, pleine d’empathie, se voit jouer le rôle de baby sitter pendant que la mère mène sa vie de femme ! Le dîner de la pitchoune avec Mme Platini et son fils finit par une altercation avec Herbert, le xénophobe, des insultes, une gifle, des pleurs, un évanouissement !
Une gifle que la mère décide de rendre/de retourner à l’envoyeur, ce qui provoque une situation digne d’un vaudeville et l’urgence pour Alice et sa fille de quitter cet hôtel, escortées par les policiers. Une nouvelle vie commence alors, pleine de rebondissements dont un dramatique.
Agathe convoque de multiples souvenirs, comme l’incident, « expérience traumatisante » du noyau de pruneau. Le lecteur a le coeur serré quand elle émet ses souhaits : « J’aurais voulu... » et fantasme sa vie, quand elle implore le ciel, déclame ses monologues laissant deviner son mal être.
Coup de théâtre , la mère lui annonce qu’elle va se remarier ! Comment va-t-elle réagir à cette lubie ? Va-t-elle se concrétiser ? La deuxième partie donne la réponse. Ne dévoilons rien.
La métaphore des poissons se glisse tout le long du récit, souvent associée à l’injonction : « Maillot de bain ! », mais une fin tragique va bouleverser le destin des protagonistes. Agathe se prend parfois pour une sirène pour nouer le contact avec d’autres ou pour une pieuvre, « qui inspirait
fascination et dégoût ». En plus ,on lui en a fait manger du poisson !
Avec le recul, la narratrice brosse un sévère portrait de son embarrassante mère : « une folle, une sauvage », « une mère moitié dragon, moitié serpillière » et confie avoir du mal à supporter le mot « maman ». Les mères seraient-elles un venin ? Le manque évident de dialogue va accentuer le fossé. Quand la gosse tente de briser le silence, elle est confrontée à une fin de non recevoir : « Tais-toi, je ne veux plus t’entendre ». Par chance, Agathe a pu croiser des personnes bienveillantes comme Séraphine, la muette, employée à l’hôtel de Saint-Clair, qui joue un rôle important dans l’épilogue. Détentrice d’une lettre qu’elle a tenu à remettre à l’orpheline adulte.
La lecture s’avère l’antidote, l’échappatoire pour résister aux délires de la matrone.Agathe nous fait partager sa lecture du moment. Le récit est donc entrecoupé par des extraits de son précieux livre
« Le bateau incassable », histoire qu’elle voudrait vivre. Mais c’est sur un autre bateau que sa mère envisage d’habiter, le voilier Amour perdu ! Celui de Maurice, son futur beau-père. Le livre apparaît comme un doudou , une refuge pour l’enfant terrible, qui aura le cran de fuguer.
La génitrice d’Agathe, qui sort des clous par son comportement bipolaire, fait penser à la mère fantasque de Delphine de Vigan dans Rien ne s’oppose à la nuit. Elle a aussi quelque chose de la mère de Mercedes Deambrosis dont le portrait est brossé dans Rendez-vous au paradis, une mère tyran , ogresse qui a pourri la vie des ses filles.
On retrouve dans ce roman l’humour et l’autodérision déjà présents dans le roman précédent Je suis le genre de fille, ainsi que ce besoin d’être aimée.
Nathalie Kuperman explore une relation atypique, toxique entre une mère et sa fille où amour et haine s’entremêlent, comme dans la chanson de Gainsbourg. La narratrice, la victime, restitue de façon bouleversante cet été de ses onze ans où tout a dérapé. Marquée à vie.
NB :
Dans la revue Décapage no 58, un dossier est consacré à l’autoportrait littéraire de Nathalie Kuperman. Il est troublant de lire qu’elle évoque souvent sa mère dans les livres, qu’elle fut contrainte à la vie d’interne par sa mère. Encore plus troublant, elle confie : « Ma mère ne me supportait plus. On était toutes les deux à ne plus pouvoir se supporter ». Alors, y aurait-il des accents autobiographiques dans ce roman ?
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Voilà une vingtaine d'années que N.Kuperman nous offre de beaux romans et excelle également en littérature enfantine.
Il est souvent question de poissons dans ce roman poignant.
Agathe est une petite fille de 11ans au corps encore rondouillard, c'est une petite fille intelligente, passionnée et qui ne demande qu'à aimer . Elle a une mère belle, vive, fraîchement divorcée, abîmée par une enfance précocement malheureuse, sa mère meurt en couches, pas de père.
Ceci peut-il expliquer le jeu inconscient (on l'espère) qu'elle joue avec avec sa petite fille?
On dirait maintenant qu'elle est bi-polaire.
Elle adore sa fille ; la dévore de baisers et casse tout quelques heures après avec des sarcasmes ou en disparaissant pour de longues heures, voire la nuit, sans prévenir. Elle veut dit-elle l'habituer à son absence...
Agathe ne sait plus que penser,elle voudrait une vie "normale", retrouver son père parti avec un nouveau foyer en Amérique.
Jusqu'au drame qui d'une certaine manière va la libérer, ce qui lui permettra, adulte, de revenir sur les lieux de vacances de son enfance au Lavandou, sereine et sûre d'elle.
Beau roman, belle écriture, séchons nos mouchoirs.
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L'insouciance est souvent associée à l'enfance, temps où le jeu, le plaisir occupe une grande partie de la journée et où les responsabilités sont inexistantes ou très peu nombreuses et à l'échelle d'un enfant donc petites.
Agathe à 11 ans, elle vit avec sa maman, son papa vit aux États-Unis et l'insouciance est un mot qui ne fait, sans aucun doute, pas partie de son vocabulaire. Comment le pourrait-il alors que sa maman est malade psychologiquement. Elle décide, sur un coup de tête, de partir avec sa fille en vacances une semaine avant la fin de l'année scolaire. Ce qui pourrait être un temps privilégié et donc sympathique tourne plutôt au cauchemar.
Agathe n'a pas son mot à dire, elle doit subir les sautes d'humeur de sa mère. Elle doit s'adapter à des élans de tendresse avec des petits mots doux,des surnoms mignons suivis d'une seconde à l'autre d'un rejet et des paroles humiliantes.
Agathe surveille les regards, les gestes et agis en fonction.
" Elle était un paysage en mouvement dont je guettais le moindre nuance, de crainte de la voir s'installer dans l'une de ces émotions qui pourraient faire basculer les heures à venir soit dans un trou noir, soit dans une gaieté outrancière. J'étais aux aguets, en quelques jours, j'étais devenu une espionne."
Nous aussi, en tant que lecteurs, sommes aux aguets. Le comportement d'Alice, la maman, peut-être violent verbalement et nous craignons pour Agathe, nous avons envie de la protéger, de la prendre dans nos bras et de la soutenir, de la cajoler.
On sait bien qu'une telle histoire ne peut se terminer bien, mais on a tout de même envie d'une fin la plus douce possible pour Agathe, une fin qui lui ouvre des chemins.
L'histoire est racontée par Agathe adulte, ce qui nous rend encore plus proche de cette histoire.
C'est un livre sur l'enfance, la folie, la relation mère-enfant et la loyauté.
J'ai beaucoup aimé, c'est un roman très émouvant. Certains disent drôle, moi je n'ai pas trouvé. Le malaise, le mal-être, l'angoisse d'Agathe sont trop présents pour que l'on profite des petits moments de détente qui on le sait sont très furtifs et peuvent se transformer rapidement en orage.
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Une nuit à Manosque est un recueil de nouvelles qui m'a été envoyé en service presse par les éditions Gallimard, que je remercie chaleureusement.
La manifestation littéraire Les Correspondances de Manosque a lieu chaque année en septembre et a fêtée ses 20 ans d'existence en 2018.
À cette occasion, un recueil de courtes nouvelles rassemble une vingtaine d'auteurs sur le thème proposé : « Une nuit à Manosque ». Chaque auteur a choisit librement d'écrire une fiction ou un souvenir réel.
Je ne vais pas vous présenter toutes les nouvelles vu qu'il y en a quand même vingt, et la chronique serait trèèès longue ;) Juste celles qui m'ont le plus touchées, et il y en a déjà pas mal car ce recueil m'a beaucoup plu.
Une nuit à Manosque débute avec L'esprit de la Guinness de François Beaune. L'auteur nous emmène dans un pub.. où l'on ne vend pas de la Guinness même si le pub se nomme ainsi ! J'ai aimé cette première nouvelle, courte mais très bien trouvée, jolie découverte :)
Dans Des nuits et des lieux, Jeanne Benameur nous fait découvrir son Manosque... J'ai trouvé ça très intéressant, l'auteure a une très jolie plume :)
Le texte de Marie Darrieussecq est très personnel, elle nous raconte comment lors de l'édition 2017 elle s'est fait harcelée dans la rue par un homme qui était à sa fenêtre. J'ai beaucoup aimé ses mots, et c'est un très beau texte qui parle d'un thème fort. Il s'agit d'un de mes textes préféré.
La colline de Julien Delmaire est une nouvelle surprenante, qui m'a beaucoup plu tout comme Rencontre avec un personnage de Miguel Bonnefoy ou La ville des mots de René Frégni. Chaque auteur nous présente sa vision de la ville, avec souvent des surprises, c'est passionnant et on ne s'ennuie jamais.
J'ai également beaucoup aimé Place Saint-Sauveur de Célia Houdart, une courte nouvelle nous présentant un jeune allemand de 23 ans.
Appréciant énormément l'auteur Philippe Jaenada, c'est avec un immense plaisir que j'ai dévorée Lost in Manosque. J'ai adoré sa nouvelle, que j'ai trouvé excellente. "A Manosque, le plus difficile, c'est de rentrer se coucher".
Le textes de Maylis de Kerangal et de Alice Zenater sont très intéressants, tous deux sont différents mais aussi passionnant l'un que l'autre.
J'ai également beaucoup aimé La bergère de Nathalie Kuperman qui nous présente une bergère, dans un hôtel...
Pour finir, j'ai adoré Un beau souvenir de Eric Reinhardt, car l'auteur nous fait partager un de ses souvenirs.
Je pense que vous l'aurez compris, j'ai été charmé par Une nuit à Manosque. Je trouve ce recueil de nouvelles très bien ficelé, les textes sont de qualité et j'avoue qu'ils m'ont donné envie d'aller faire un tour à Manosque pour découvrir à mon tour cette belle ville :)
Je suis ravie de ma lecture, et je mets quatre étoiles à cet ouvrage, que je vous recommande.
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'J'ai renvoyé Marta" est un roman court qui, comme le titre l'indique ne laisse pas beaucoup d'espoir sur la durée du contrat du travail de Marta, jeune femme de ménage qui vient d'être embauchée par Sandra.
Sandra vit avec son mari, leur petite fille Marta et les 2 fils de son mari.
Sandra , comme on va le voir, a un comportement tout à fait obsessionnel. Son besoin de tout contrôler , de tout traquer, de tout vérifier est, on le sent bien, maladif et ne relève en rien d'un simple manque de confiance ou encore d'une difficulté à lâcher prise.
Le récit est entrecoupé de souvenirs d'enfance, qui sont loin d'être heureux. L'univers de folie dans lequel elle a passé son plus jeune âge, explique bien aisément ce comportement névrosé.
Voilà un roman surprenant tout à fait agréable à lire.
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Marianne admirait sa cousine Martine quand elles ont passé des vacances ensemble chez leur grand-mère. Marianne avait neuf ans, Martine treize. La grande prenait un malin plaisir à jouer les affranchies devant sa cousine timorée et la poussait à faire des bêtises. Elles n'avaient pas la même vie : Martine subissait la misère et les coups, Marianne était élevée dans un cocon.
Les cousines ne se sont guère revues depuis.
Elles se retrouvent plus ou moins par hasard une trentaine d'années plus tard. L'occasion pour Marianne de se rapprocher de sa famille maternelle. Triste famille en vérité où les mères rudoient les gamins, où les femmes sont alcooliques, dominent mais se font néanmoins copieusement tabasser par leurs hommes encore plus ravagés qu'elles par la picole.
Après avoir occupé des postes confortables de graphiste-designer, Marianne est au chômage. Elle y voit l'opportunité d'écrire un livre sur cette cousine. Elle la rencontre fréquemment sous ce prétexte. Elle s'y brûle les ailes, se mettant à boire elle aussi - passerelle obligée pour renouer avec cette famille dont sa mère l'a toujours tenu à l'écart ? Auto-complaisance au malheur dans cette quête étrange et dangereuse qu'elle ne comprend pas elle-même ? Rôle trouble de la cousine qui l'entraîne plus ou moins volontairement de l'autre côté du miroir ?
Terrible récit dont le côté sordide rappelle le 'Darling' de Jean Teulé.
Réflexions intéressantes sur les relations mère-fille, le poids de la famille, la fascination du glauque même (ou surtout ?) quand il est si proche... mais chez les autres.
Quel dommage que l'auteur finisse par nous enliser dans les jérémiades nombrilistes de la narratrice. Elle en voudrait à sa mère qui, en coupant les ponts avec sa famille, l'a empêchée de tutoyer la misère ? Pauvre petite fille un peu riche jusqu'alors épargnée par les problèmes financiers et le mal de vivre, le dégoût de soi. Pauvre femme privilégiée qui envierait ceux qui méritent la compassion des autres, telle cette cousine dans la mouise, alcoolique depuis l'adolescence, et brutalisée ?
Ne vous laissez pas tromper par le titre : cet ouvrage est noir et dérangeant, mais ce n'est pas un roman policier. On ne le lit pas dans le même état d'esprit qu'un thriller, loin s'en faut.
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Je suis le genre de fille qui s’est copieusement ennuyée à la lecture de ce livre…..
Je l’avais emprunté à une amie en pensant me détendre, mais mauvaise pioche : si certaines situations font (un peu) sourire, c’est l’ennui qui a prédominé.
Tous les petits chapitres commencent par « je suis le genre de fille » et narrent la vie d’une quadra, divorcée avec une fille adolescente. Il y a clairement des airs de Bridget Jones, l’héroïne étant gaffeuse, fumeuse, rêvant au prince charmant, capable de passer le we devant la téloche, etc…. La fin devient plus mélodramatique sur la relation mère-fille.
Tout cela est sans grand intérêt à mon sens. Ça aurait pu être très drôle mais non…et ce n’est pas vraiment émouvant non plus. Difficile de conserver l’intérêt au fil de la lecture car on n’aperçoit pas très bien ce qu’a voulu raconter l’auteure….Je passe mon tour.
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Une jeune femme élève seule sa petite fille.
Elle rédige des modes d'emploi pour des appareils ménagers.
Le jour où une institutrice lui dit que sa petite Camille est une véritable catastrophe, tous ses souvenirs d'enfance remontent à la surface.
J'ai beaucoup aimé le portrait de cette femme fragile.
Il est amené avec beaucoup de délicatesse et de pudeur.
La réflexion de cette enseignante la ramène à son enfance où elle a subi une grave humiliation.
Et cette blessure d'enfance détermine toute son existence.
On sait la cruauté parfois des enfants entre eux.
Mais l'importance de l'injustice des adultes est plus encore déterminante.
Être enseignant est une énorme responsabilité.
Il est possible de réussir des prouesses, comme il est possible de créer des traumatismes.
Si la construction du récit peut sembler déroutante, elle rend parfaitement compte du désarroi de cette femme.
L'amour qu'elle porte à sa petite Camille réussira t-il à la sortir de ses doutes ?
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C'est l'histoire d'Agathe et de l'été de ses 11 ans ; Été qui laisse deviner ce qu'est d'avoir une mère qui vous aime tellement, à vous étouffer, à cogner pour vous défendre mais qui en une demi-seconde devient méchante, vous isole, vous humilie et vous laisse sur le bord de la route.
Il y a du Rien ne s'oppose à la nuit ou En attendant Bojangles dans ce récit mais en plus triste.
Tout au long de la lecture, j'ai eu envie de sauver Agathe, de lui dire de s'échapper, de fuir un mère si toxique mais une mère malgré tout.
Même si on sait bien bien que son comportement s'explique certainement par de la bipolarité, par une attirance un peu trop marquée pour le champagne et par le besoin d'être aimée, on a du mal à éprouver de l'attachement ou même seulement lui trouver des excuses tant on souffre pour Agathe.
Il ne faut pas avoir un petit moral en commençant cette lecture un peu pesante.
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A l'occasion d'une remarque en apparence anodine sur sa fille, une jeune femme se retrouve propulsée 40 ans en arrière alors qu'au même âge que sa fille, elle reçoit en pleine face une petite phrase assassine qui la secoue profondément. Une phrase soigneusement enfouie dans un coin de son cerveau et qui brutalement refait surface. Monte alors en elle une vague de sentiments violents qui perturbent son quotidien, la mènent au bord du dérangement mental.
J'ai commencé ma lecture le poil un peu hérissé par le style de cette auteure dont je n'avais encore jamais rien lu mais très vite je me suis laissée entrainer dans son univers aussi déjanté que sensible. Avec sa langue à la fois drôle et vipérine, Nathalie Kuperman offre un roman tout à fait original, tendre et coléreux, sur le thème de la transmission inconsciente de valeurs fortes telles que la haine ou l'amour par la voix (voie) des femmes. J'ai adoré !
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Comme la quatrième de couverture nous en informe judicieusement, cette "anthologie", intelligemment préfacée par l'américano-parisien de cœur Douglas Kennedy et sous la direction bienveillante et avisée de Gérard Mordillat, a pour ambition de convier vingt écrivains contemporains à nous emmener, en une quinzaine de pages, à la découverte de leur arrondissement parisien respectif qu'il soit de naissance, d'élection ou d'inspiration.
Comme toujours dans ce genre d'exercice littéraire collectif, l'excellence côtoie le moins convaincant, la subtile pertinence de l'un renvoyant à la relative insignifiance de l'autre mais, au final, force est de reconnaître que cet ouvrage a amplement répondu à mes attentes.
Les connaisseurs ou simples amoureux de Paris devraient donc y trouver leur compte.
Je vous en recommande chaudement la lecture.
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Luce n’aime pas son prénom. Elle en parle à ses parents. Ces derniers sont peinés, car évidemment ce sont eux les responsables. Si seulement ils expliquaient à Luce la raison de leur choix. La petite fille en serait alors émerveillée.
Luce est lumineuse et illumine la vie de ses parents. Mais les parents ne veulent pas qu’elle se sente obligée de briller. Il faut parfois dire les choses. L’enfant a besoin d’entendre des mots simples. Une vie bien rangée, des petits plats bien équilibrés, tout cela ennuie Luce. Elle a besoin d’un peu de désordre, elle a besoin de vraies discussions, pas de celles qui ménagent sa sensibilité. Elle a besoin d’exprimer ce qu’elle ressent, que l’on s’intéresse vraiment à elle.
Un petit roman qui parle de la maladresse des parents quand ils ne savent pas écouter leurs enfants. Des parents trop parfaits. Mais aussi des enfants trop sages, qui n’osent pas dire ce qu’ils ont sur le cœur, de crainte de blesser l’autre, de créer un ouragan.
Une histoire un peu magique qui parle des émotions.
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Chaque chapitre de ce court roman commence par " je suis le genre de fille qui..." . Cette fille, c'est Juliette, quadra, célibataire et mère d'une ado, qui se raconte telle qu'elle est. Comme moi, beaucoup de filles souriront et se reconnaîtront dans cet ėgrenage de petits problèmes existentiels.
Pour ma part, je suis aussi, comme cette Juliette, le genre de fille "très hypocondriaque", "qui se met à la place de l'autre", "à trainer chez Villeroy&Boch" , "qui ne supporte pas les phrases sur le bonheur", "à avoir rêvé toute sa vie à un anniversaire surprise", "à parler tout haut dans les toilettes", " pour qui faire des bagages est une activité à plein temps "
Alors oui, cest un peu bobo, car il y a pire comme problèmes, mais je suis le genre de fille à l'avoir trouvé amusant. Pas indispensable mais divertissant et parfois touchant.
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