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Critiques de Nicolas Chaudun (60)
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Haussmann, Georges Eugène, préfet-baron de la S..

Poursuivant la lecture des ouvrages de Nicolas Chaudun sur le second empire, je me suis délecté avec sa biographie du baron Haussmann qui a façonné le Paris actuel.

La situation sanitaire de la capitale, au XIX siècle, était catastrophique et source d’épidémies (choléra) mortelles. Haussmann mena de front les projets d’adduction d’eau courante et de tout à l’égout qui impliquèrent l’aplanissement du terrain et l’arasement de petites collines et précédèrent le percement de boulevards et d’avenues.

La volonté de contrôler policièrement et militairement les quartiers populaires qui s’étaient insurgés en 1830 et 1848 fut un autre moteur des projets mais l’auteur constate que le préfet Rambuteau avait démarré les travaux de voieries et que les plans étaient dessinés avant la prise de fonction du préfet.

Celui-ci n’est donc pas l’architecte du Paris contemporain mais l’entrepreneur qui le mena à bien en un temps record en imaginant des montages financiers innovants qui permirent le financement de la construction de dizaines de milliers de logements.

Le préfet de Paris reçut avec faste les souverains étrangers de passage à Paris et contribua à la réussite de deux expositions universelles.

Symbolisant l’empire autoritaire il fut démis en janvier 1870 par le gouvernement Emile Ollivier mais les ingénieurs qu’il avait nommés à la tête des principaux services de la ville de Paris achevèrent son œuvre jusqu’à la fin du siècle.

Bati sur une impressionnante documentation, cette étude est rédigée d’une plume aussi élégante que féroce sur certaines dérives impériales. C’est une contribution importante à l’histoire de Paris et du second empire qui m’incite à poursuivre la lecture des titres de cet historien.
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Le brasier : Le Louvre incendié par la Commune

Si Paris, ses musées et ses collections survécurent à la seconde guerre mondiale grâce à l’action bien connue de Rose Valland, il n’en fut pas de même en 1870/1871 et « Le brasier » revient en détail sur la destruction des Tuileries, l’incendie partiel du Louvre et la perte irrémédiable d’une partie des oeuvres.



A l’été 1870, l’impératrice Eugénie fit évacuer vers Brest une partie des chefs d’oeuvre et le Comte de Nieuwerkerke orchestra ce sauvetage.



La chute de l’Empire et la défaite mirent fin à cet exode et quand la commune prit le pouvoir en 1871, elle congédia une partie des équipes et prit en otage les trésors nationaux.



Henry Barbet de Jouy, conservateur révoqué du Louvre, resta sur place et discrètement mais efficacement réussit à stopper l’incendie initié par les communards (coté rue de Rivoli) et à sauver ainsi ce qui pouvait l’être. Puis tout aussi discrètement il exfiltra Dalou, l’un des chefs incendiaires, et lui fournit un passeport pour l’Angleterre.



Martian de Bernardy de Sigoyer, officier français prit la décision de briser les charpentes qui reliaient le Louvre aux Tuileries, stoppant ainsi l’avancée des flammes (coté quai de Seine). Il disparut dans la nuit du 25 au 26 mai près de la Place des Vosges et son cadavre mutilé fut retrouvé lors de la libération de la capitale.



Nicolas Chaudun sort de l’ombre les acteurs du drame et rappelle ce que fut la politique et les ordres de la Commune d’une part, la politique et les consignes des versaillais d’autre part et décrit les heures dramatiques qui firent partir en cendres les Tuileries et une partie de nos collections.



Sans juger il rappelle l’action (et l’inaction) des pompiers parisiens et souligne l’action des milliers d’anonymes qui sauvèrent la cathédrale Notre Dame de Paris.



Un petit livre ; une page d’histoire méconnue ; un bel hommage aux parisiens. Etayé par une solide documentation, un plan de l’ensemble Louvre-Tuileries et un index cet ouvrage est passionnant.
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L'été en enfer : Napoléon III dans la débâcle

Le poisson pourrit d’abord et toujours par la tête et cet adage s’applique parfaitement à la décomposition du second empire qui aboutit à la défaite de Sedan et à la reddition de Napoléon III.

Fragilisé par un gouvernement démagogique dont la première décision fut de réduire les effectifs de notre armée, trompé par une presse belliqueuse, le pays entre en guerre alors que le chef de l’état est gravement malade, tordu de douleur et incapable de gouverner.

Le calvaire de l’empereur, le chemin de croix de l’armée, sont la trame de cet été en enfer. Nicolas Chaudun décrit jour par jour cet été 1870 en suivant les pas de Napoléon III, de son fils et en décrivant les manœuvres de l’impératrice, nommée régente.

Etayée par un énorme travail d’archives, cette étude pulvérise la légende noire romancée par Zola dans « La débâcle » et rétablit la vérité qui est suffisamment catastrophique pour ne pas être travestie.

Cet ouvrage humain, passionnant et instructif complète, à mes yeux, l’incontournable réquisitoire de Léon de Montesquiou « 1870 : Les Causes politiques du désastre » qui se concentre sur les fautes politiques mais omet l’état de santé de l’empereur.

Cet été en enfer voit des milliers d’hommes mourir pour la France, et la proclamation de l’empire allemand prépare le terrain aux guerres mondiales du XX siècle, d’où l’importance de tirer les leçons de ce funeste été.
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La nuit des aventuriers

Véritable reportage, cet écrit mène le lecteur en décembre 1851 et lui fait vivre le coup d’état qui introduit le second empire en le plaçant dans les coulisses de l’Elysée pour observer les acteurs, « les aventuriers », Fleury, Magnan, Morny, Persigny qui entourent le Président Louis-Napoléon, et leurs « exécuteurs de basses oeuvres », le préfet Maupas, le Colonel Espinasse qui occupent l’assemblée nationale et emprisonnent les rares députés remuants, dans une indifférence quasi complète de la population qui avait vu la République abolir les ateliers nationaux, sous les applaudissements de Victor Hugo, et limiter le suffrage universel le 31 mai 1850.



Ecrit en insérant des dialogues extraits des mémoires ou rapports des acteurs du drame, ce roman est d’une grande rigueur et fort instructif. J’ai regretté malgré tout que son auteur se laisse aller à des comparaisons anachroniques (gilets jaunes par exemple) et adopte un ton assez méprisant vis à vis de la quasi totalité des personnes impliquées … à ses yeux nul ne sort grandi, ni le Président et son entourage, ni les opposants (députés ou membres de clubs), ni notre poète national Victor Hugo. La faillite de la deuxième république et de ses dirigeants provoque le réflexe « sortez les sortants » qui condamne le régime. Scénario revécu lorsque la troisième république transmet ses pouvoirs au Maréchal Pétain à l’été 1940 et lorsque la quatrième république appelle le Général de Gaulle au lendemain du 13 mai 1958.



Cette découverte de Nicolas Chaudun me donne envie et curiosité de découvrir ses autres ouvrages sur Haussmann, la débâcle de 1870 et l’incendie du Louvre.
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Mortel bouquet

Le 29 janvier 2008, Le Maine Libre, annonçant que le corps de Pierre Fauvellière (89 ans) avait été découvert la veille à son domicile, évoquait brièvement la carrière de cet ancien résistant, devenu conservateur au département des peintures du musée du Louvre, célébré pour avoir sauvé nos trésors artistiques durant les spoliations de l’occupation, avant que son étoile palisse et qu’il finisse dans la misère. Jacky Pierrat concluait cet incepit en révélant que le défunt laissait un recueil de souvenirs.



Ce recueil, aujourd’hui publié par la Collection TerreSombres, est donc la confession du fils de l’ancien régisseur du chateau de Chaource (Sourches dans la Sarthe) où une partie des collections du Louvre trouvèrent refuge entre 1940 et 1945, à l’initiative de Jacques Jaujard, directeur des musées nationaux et du conservateur Germain Bazin.



Au printemps 1945, lors de l’inventaire des chefs-d’œuvre avant leur retour à Paris, apparait une petite nature morte de Bosschaert (le « Bouquet dans une niche ouvrant sur un paysage ») disparue lors de la débâcle de 1870.



Nicolas Chaudun, qui a déjà publié « L’été en enfer. Napoléon III dans la débâcle » et « Le brasier. Le Louvre incendié par la Commune », imagine qu’à la chute du second empire, lors du trajet vers Brest, une bétaillère chargée de trésors du Louvre, dont le Bosschaert, se serait « perdue » en gare du Mans.



Que sont devenus ces trésors ?

Où ont ils été cachés entre 1870 et 1945 ?

Comment sont ils réapparus à la libération pour la gloriole de « petit Pierre », honoré dès janvier 1947, d’une salle portant son nom au Louvre ?

Pourquoi, dans les années Mitterand « petit Pierre » a-t-il été mis en retraite d’office, gommé du Louvre, puis exilé dans sa province natale ?



Le journal de Pierre Fauvellière raconte la destinée de ce « Mortel bouquet » et confesse les meurtres de celui qui apparait comme une réincarnation du légendaire docteur Sheppard (Le Meurtre de Roger Ackroyd).



Roman passionnant pour qui s’intéresse à l’histoire, à l’art, à Rose Valland et aux « monuments men ». Récit fort bien écrit et documenté. Polar au dénouement aussi stupéfiant que tardif puisque, les amnisties et prescriptions gommant les crimes de l’occupation et de la libération, les assassins s’en sortent indemnes.



Mais Nicolas Chaudun n’est pas (encore) Agatha Christie et cet ouvrage met en scène sans doute trop de personnages, par exemple Pierre Bourdan, dont aucun n’est sympathique. Pierre Fauvellière, le narrateur, est un misanthrope qui peint systématiquement les travers et les tics de chaque acteur en les rendant ainsi odieux… difficile d’apprécier un livre dont aucun personnage n’est aimable.



Par ailleurs, une intrigue sur plus d’un siècle avec trois grands actes (1870-1945-1981) exige une attention plus soutenue que pour un roman policier de la série « Grands détectives et risque ainsi d’égarer nombre de lecteurs.



En conclusion, un bon roman historique, un polar moyen ; je préfère dans cette collection TerreSombres « Le dernier des écrivains » et bien sur « L’ouverture des hostilités », mais ma préférence est évidemment discutable et subjective.



PS : L'ouverture des hostilités
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le brasier : Le Louvre incendié par la Commune

Aux armes, citoyens, aux armes!



Mai 1871, la Commune vit ses derniers combats derrière ses barricades: les Versaillais sont entrés dans Paris par les quartiers de l'ouest. Adolphe Thiers, futur président de la République est un chef de guerre implacable. La semaine sanglante va faire une hécatombe des morts et d'exécutions sommaires.



La ville de Paris va être transformée en brasier. Martyrisée, elle va voir partir en fumée des lieux symboliques d'un pouvoir monarchique. Le mot d'ordre du comité communard est : "si on recule, on brule".



Le palais des Tuileries construit au XVIe siècle pour Catherine de Médicis, résidence officielle du Second Empire, va être pillé, saccagé et enfin brulé par les Communards, cherchant à retarder l'avancée des troupes. Et surtout par vengeance aveugle idéologique.

Dans le grand incendie du coeur de la capitale, le sauvetage du Musee du Louvre va être une course contre la montre, par l'intervention courageuse de ses employés et des troupes versaillaises. Le vieux Palais sera entièrement détruit ainsi que la bibliothèque impériale du Pavillon Richelieu.



Plan de Paris en main ou dans la tête quand on connait bien la capitale, il est passionnant (et sidérant) de suivre la progression des combattants, l'incurie de certains, le courage d'autres, le fracas des échauffourées sur les barricades, dans les rues et les immeubles, et l'avancée inexorable des troupes régulières vers le centre du dispositif de défense communard: la Concorde, le Musée du Louvre et l'Hôtel de ville.



Nicolas Chaudun fait avec faconde et causticité, un récit historique vivant, torpillant certains personnages et faits convenus, rétablissant quelques vérités et saluant quelques héros méconnus. Ses propos sont argumentés, ses sources solides. Une page très noire de notre histoire parisienne. Nulle autre guerre ne blessera la capitale ainsi.



(A noter: un plan du Louvre en fin de volume, que je n'ai découvert que tardivement)



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La nuit des aventuriers

Ce livre historique se concentre sur les quelques jours qui précèdent le Coup d'état de 1851, lorsque Louis-Napoleon, pourtant Président de la IIe République, décide d'organiser un bureau occulte pour réagir à cette République qui s'enlise, et imposer le Second Empire. Il faut particulièrement apprécié l'histoire pour suivre ce livre, le narrateur n'étant ni plus ni moins que le Prince. L'auteur ne cache pas son envie de comparer cette fin d'assemblée et ce peuple libre mais qu'une bourgeoisie vieillissante agace, et surtout ces élites hors-sol, déconnectées de la réalité, avec l'époque moderne, l'assemblée Playmobil, les gilets jaunes et les blocages parisiens, etc. On sent que la plume a un certain niveau, l'auteur a été cherche des discours et autres documents datés, mais à plusieurs reprises il me fera penser : "il aurait pu écrire cela plus simplement".
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L'été en enfer : Napoléon III dans la débâcle

Ce fut l'été de la déconfiture impériale...



En 1870, Napoléon III est un empereur gouvernant une France libérale, et qui en dépit des bruits de bottes de Bismarck à la frontière de l'est, reste un partisan de la paix. C'est un vœu pieux face à une opinion publique française cocardière, qui souhaite en finir avec la Prusse et une impératrice orgueilleuse et "va-t-en guerre" pour assoir durablement le trône de l'héritier adolescent.



Las! Les efforts diplomatiques font chou blanc et la guerre sera déclarée au début de l'été, mettant laborieusement en marche une armée française en état d'impréparation et d'incurie, commandée par des officiers généraux aveuglés de suffisance et pontifiants, déplaçant la troupe de place en place sans raisons stratégiques.



C'est la descente aux enfers pour l'empereur. Souffrant d'atroces crises de lithiase urinaire, abruti par les doses massives d'opium qui le rendent comateux, poussé par son épouse à batailler, quitte à être mort ou vainqueur, il n'est plus que l'ombre de lui même, pâle comme un spectre, perdant du sang par le fondement.



On connaît le dénouement. Ce sera Sedan en septembre 1870, où la troupe subit un vrai massacre en dépit de son héroïsme. L'empereur aura bien du mal à faire cesser le combat par des ordres refusés par l'état major qui s'obstine en dépit des morts inutiles. Il est fait prisonnier.

La France est envahie. L'Empire est mort.



Par un récit documenté et précis, cette agonie est disséquée de l'intérieur, dans le calvaire d'un homme malade poussé à la guerre. Une fin de règne qui ajoute à son image de dirigeant fantoche, de manière sans doute injuste. L'impératrice n'est en tous cas pas épargnée, dans une prise de position dynastique extrême qui n'empêchera pas la mort d'un fils héritier courageux, engagé dans les armées anglaises et tué par les Zoulous dans 1879.



Un récit alerte, vivant, explicatif, qui reste un essai historique, une tragédie qui se lit comme un roman, et qui complète en document "la débâcle" d'Emile Zola.

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La nuit des aventuriers

Il y a bien longtemps qu’un livre ne m’avait pas permis à ce point de deconnecter complétement du monde réel… J’espère trouver les mots justes pour exprimer les diverses émotions qui ont été les miennes durant cette lecture, car ce livre mérite amplement de rejoindre vos piles à lire et les rayonnages de vos bibliothèques !



C’est pourtant avec une certaine appréhension que j’ai entamé cette histoire – romancée – du coup d’état du 2 décembre 1851. Moi qui baigne dans le monde des historiens, autant vous dire que je deviens de plus en plus difficile. Pour qu’un roman historique passe le « cut », il faut d’abord que l’histoire sonne vrai, qu’elle nous aspire et nous fasse voyager à travers les siècles.



Nicolas Chaudun s’attaque ici à un moment très complexe de l’Histoire de France, le renversement d’un régime. Dès les premières pages, on embarque dans une course contre la montre, une course contre les rumeurs les plus folles qui circulent dans Paris… À chaque page que l’on tourne, on perçoit très rapidement que tout risque de basculer en défaveur de Louis-Napoléon. En un battement de cil, lui et ses partisans peuvent être accusés de trahison et finir au bout d’une pique ! Autant vous dire que vous hésitez à cligner des yeux…



C’est rythmé, intense et ça laisse le lecteur dans une situation très inconfortable… J’avais l’impression d’entendre le mécanisme d’une horloge qui me rappelait que le temps passe et surtout qu’il presse !



On se retrouve en totale immersion dans les rues parisiennes aux côtés des citoyens tenant les barricades mais également dans les dorures des lieux les plus prestigieux de Paris, ceux-là même où s’exerce le pouvoir ! C’est vraiment très bien fait et on tourne les pages avec frénésie !



J’ai dévoré ce roman, j’avais l’impression d’être aux côtés de Louis-Napoléon, de faire partie de ceux qui prenaient les décisions pour ne pas se retrouver dans une impasse. À aucun moment je n’ai perçu de fausse note qui aurait pu faire dérailler la machine !



C’est poignant, ça sent le vrai même si l’auteur se permet quelques libertés sur le contenu des dialogues et c’est une vraie pépite que je vous conseille !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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La nuit des aventuriers

Comment meurt une République !



Le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851 qui mit fin à la seconde République comme si vous y étiez !



Un style vif, un peu complexe, entrecoupé par des pensées du futur empereur.



Il faut très bien connaître l'évènement et tous les intervenants pour s'y retrouver.



Les pensées de Napoléon III surgissent brusquement et l'on se perd un peu.



Les dernières pages, les paroles de Napoléon III jugeant notre démocratie contemporaine surgissent soudainement comme s'il parlait à l'auteur et elles ne m'ont pas convaincue… L'auteur y dénonce le blocage de notre société, sous les mots de Napoléon III, et approuve un coup d'Etat …



J'ai trouvé que l'auteur était on ne peut plus complaisant avec le "Napoléon le petit " et son coup d'Etat !



Une lecture assez addictive et alerte !
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L'été en enfer : Napoléon III dans la débâcle

Napoléon III aurait pu rester dans l'Histoire comme un César père des libertés avec le tournant amorcé par l'Empire libéral ! Mais, affaibli par la maladie, il cède à la tentation bonapartiste de la guerre, piégé par Bismarck, pour le trône d'Espagne et là c'est la débâcle totale ! La fête impériale se termine mal, par la capitulation de Sedan. Le récit de la chute brutale du Second Empire est alerte et saisissant.
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La nuit des aventuriers

Après nous avoir instruits sur le Second Empire de Napoléon le Petit, par sa chute dans L’été en enfer*, et par sa vision d’un Paris modernisé grâce à Haussmann, Nicolas Chaudun produit un récit romancé du coup d’état du 2 décembre 1851, qui transforma un Président élu en Empereur des français.

Comment fomente-t-on un coup d’état? Qui peuvent être les courageux ou les téméraires qui s’y collent pour s’emparer du pouvoir ? Par fidélité, calcul ou opportunisme?



Par le menu de ces journées où tout peut basculer d’un côté ou de l’autre, où les rues et barricades grondent, quelques personnages bien réels du monde de la politique, des grands corps d’Etat et de l’armée se déplacent sur l’échiquier parisien, sous la plume sarcastique et érudite de l’auteur historien. Le futur empereur y tient sa place, en voix off supervisant ou subissant les aléas de ces journées transitoires à sa gouvernance.



Plus largement c’est une peinture de la société française de l’époque, ses disparités de classes, ses habitudes de vie, sa mentalité, son fatalisme face à la violence et la mort.



Il y aurait même un petit air connu avec notre époque contemporaine. On y parle rapidement d’une rue du cirque bien voluptueuse et d’une cathédrale en état de délabrement.

Une passionnante lecture où l’auteur s’invite dans un final en apothéose.



*Napoléon III dans la débâcle

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L'île des enfants perdus

En 1947, Jacques Prévert et Marcel Carné s'associent pour tourner en Belle île en mer un long métrage (intitulé d'abord l'île aux enfants perdus) puis ensuite, La fleur de l'âge) autour d'un fait divers survenu en 1934 dans l'île : la mutinerie d'u bagne pour enfants qui avait pas mal défrayé la chronique à l'époque.



Auréolé des chefs d'oeuvre intemporels que sont "Quais des Brumes" ou "les enfants du paradis", et avec un casting 5 étoiles ( Arletty, Serge Regianni, Paul Meurisse et la toute jeune Anouk Aimé, pas encore en période chabadabesque) , le projet avait tout d'un futur chef d'oeuvre...



Sauf que, si le tournage a bien eu lieu, le film ne verra jamais le jour sur les grands écrans, le film ayant été victime de coups de sort à répétition ( problème avec la production, tempête terrible sur le tournage..) et pire encore les bobines des 25 premières minutes montées à l'époque, qui laissait présager d'un grand film, auraient toutes été égarées et demeurent toujours introuvables à ce jour.



Bref, ce film a rejoint la longue listes des longs métrages maudits, entre l'enfer de Clouzot, le Don Quichotte de Welles ou le Napoléon d'Abel Gance, alimentant les fantasmes les plus fous des cinéphiles !

Le narrateur de l'histoire, qui n'est autre que Nicolas Chaudun lui même (qui est éditeur d'art, documentariste et écrivain) va alors entreprendre une enquête à la recherche de ses bobines perdues, et nous raconter le détail de la genèse du film.



Se faisant aider par son ami Philippe Claudel, écrivain et cinéaste ( et qui apparaît particulièrement sympathique), il va entrer en contact avec Anouk Aimée, la seule survivante du projet, qui va peut être lui donner des précisions sur ses fameuses bobines égarées...

C'est parti pour 200 pages sur le cinéma d'après guerre, cette période si particulière où il était essentiel de chasser les démons de l'occupation ( Arletty , dont le rôle sous la guerre fut assujetti à quelques interrogations, en fut un peu les frais), et où le cinéma de Renoir et Duvivier régnait en maître....



On sent que l'auteur connait parfaitement son sujet, il livre des passages très pointus et érudits sur cette période, et même si parfois son roman peut virer dans un coté un peu réac , l'ensemble demeure de fort belle tenue et s'accompagne d'une jolie réflexion sur la transmission par le 7e art ...

Un roman à conseiller mordicus aux cinéphiles !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La nuit des aventuriers

La nuit des aventuriers est un roman historique et politique sur « Le coup d'État du 2 décembre 1851 ». Cette date représente l'acte par lequel, en violation de la légitimité constitutionnelle, Louis-Napoléon Bonaparte accapare le pouvoir, aidé par des aventuriers qui lui sont entièrement dévoués. Cet acte engendre des réactions un peu partout dans l'hexagone, notamment dans les zones rurales. Ce complot a été minutieusement élaboré en amont, même si les proches du principal intéressé étaient fort peu nombreux au départ. Le récit est historiquement très précis et bien documenté, mais l’auteur propose une lecture présentant les enchaînements politique à la mode de la presse du XIXeme siècle.

#NetgalleyFrance #lanuitdesaventuriers
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Le brasier : Le Louvre incendié par la Commune

La Commune de Paris, la semaine sanglante, l'incendie du Louvre…. Cela aurait pu être intéressant….



Mais ce roman, porté par un style journalistique froid et sans références n'est pas agréable à lire ; ce livre n'est pas tendre pour les communards...



On sent que l'auteur est plus préoccupé par les œuvres d'art que par les humains : normal étant donné le parcours de l'auteur, historien de l'art.



De trop nombreux personnages à qui ils manquent cruellement des biographies pour se retrouver dans cette histoire...





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Mortel bouquet

Tricard chez Peyricars !



Une expression issue de ce roman…



D'après les paroles de l'auteur lors d'une rencontre-dédicace, il a été contacté par les Presses de la CIté-TerreSombres afin de rédiger un roman policier…



Ces éditions font le pari de solliciter différents auteurs afin qu'ils réalisent cet exercice auquel ils sont étrangers !



Si l'idée est originale, le résultat est… très décevant !



L'auteur a choisi le lieu de sa résidence secondaire, en Sarthe, afin de situer l'action ; il l'a aussi profité de ses connaissances historiques afin de réaliser cette fiction après la seconde guerre mondiale.



Avant l'Occupation, le gouvernement a mis à l'abri les tableaux du musée du Louvre dans différents châteaux de la Loire, et les grands formats dans les caves immenses du château de "Chaource".



A la libération, tous les experts s'y précipitent afin de récupérer le précieux trésor. Aucun faux pas, sauf… qu'un tableau supplémentaire est retrouvé et qu'un expert est mort noyé dans une mare…



Ce n'est pas une histoire transcendante…



Outre le style de l'auteur, déjà lu, est pesant, se veut instruit et ironique, mais je n'y ai pas adhéré…



D'autre part, étrangeté, l'anti-héros se met tout à coup à parler à la première personne à la page 49. Il explique tout et résout (partiellement) l'enquête…



L'auteur a avoué n'avoir jamais lu de romans policiers… et cela se ressent dans son histoire : pas trop d'enquête (le héros dévoile ses découvertes abruptement), pas d'intrigue à demi-dévoilée afin que le lecteur puisse enquêter lui-aussi...



De plus, les personnages sont tous antipathiques :

- l'anti-héros, bien-sûr, homosexuel (ce n'est pas un défaut !) ayant charmé le fils du châtelain, égoïste, envieux et empli de désir de vengeance, de réussite et de reconnaissance de ses pairs…



Le châtelain, sa fille malade, inexistante qui "harcèle notre héros" !



Bref, une grosse déception…



Petite idée soumise aux Presse de la Cité : si vous sollicitiez de nouveaux auteurs pour cet exercice, cela serait plus intéressant pour le lecteur !
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Le brasier : Le Louvre incendié par la Commune

Le Brasier est un livre assez court mais très intéressant sur un épisode de la Commune de Paris en 1871, la Semaine sanglante. Au cours de celle-ci le gouvernement d'Adolphe Thiers replié à Versailles va définitivement mettre fin à la Commune dans un bain de sang. L'ouvrage se concentre plus particulièrement sur l'incendie du Louvre par les Communards au cours de cette terrible semaine de mai 1871. L'auteur s'appuie sur des documents d'archives peu exploités à ce jour ainsi que sur des photographies des combats prises par le photographe Hippolyte Blancard pour égayer son propos. Je trouve cependant que le lecteur doit connaitre un minimum d'éléments historiques sur cette période pour comprendre le contexte. le texte me parait parfois un peu confus. Il balance entre l'essai, le récit et le roman. Passées ces considérations, le Brasier est instructif et donne un éclairage exact sur les faits grâce à l'exploitation de photographies.

PS : Hippolyte Blancard (1843-1924) est également connu pour ses photographies prises pendant la construction de la Tour Eiffel. 658 plaques photographiques du siège de la commune de Paris sont conservées aux Archives de la Ville de Paris. L'auteur a consulté ces clichés pour écrire son ouvrage.
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L'été en enfer : Napoléon III dans la débâcle

Ce court ouvrage de Nicolas Chaudun est non seulement instructif sur le plan historique, mais il nous relate, comme dans un film catastrophe, ce que fut la débâcle de 1870 qui aboutit à la capture de Napoléon III, mettant définitivement fin à l'expérience impériale française.

On a peine à croire que les événements relatés ici soient réels, tant se conjuguent l'arrogance d'un empire en déclin, l'incurie des généraux qui entourent l'empereur et l'aventure incertaine, pour ne pas dire hasardeuse, dans laquelle se trouve plongé le pays.

Au-delà de la déchéance d'un régime et d'un modèle, la débâcle se double de la déchéance physique d'un homme usé par la douleur que lui occasionnent de terribles coliques néphrétiques.

On oscille entre incompréhension et une forme de pitié pour cet homme défait, pris entre les coups de boutoir des Prussiens et les exigences d'une impératrice soucieuse de protéger le trône et d'assurer un avenir à son fils.

Cette débâcle n'est que la première, elle occasionnera bien d'autres turpitudes pour le pays, de la commune de Paris à l'instabilité chronique de la IIème République dont les lois constitutionnelles n'arriveront qu'en 1875.
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Le brasier : Le Louvre incendié par la Commune

24 mai 1871, 1 heure du matin. Alors qu’explose dans une formidable déflagration le monumental dôme des Tuileries, le « général » Bergeret écrit : « Les derniers vestiges de la royauté viennent de disparaître ; je désire qu’il en soit de même de tous les monuments de Paris ». Les Tuileries, mais également l’Hôtel de Ville, le Palais de justice, la Cour des Comptes et le Conseil d’État, l’hôtel de Salm, siège de la Légion d’honneur, le Palais Royal, la Bibliothèque impériale et ses 100 000 volumes... La liste des monuments parisiens entièrement ou partiellement ravagés durant la terrible Semaine sanglante, épisode final de la Commune de Paris, est glaçante. Il s’en était cependant fallu d’un rien qu’elle ne s’allongeât davantage. N’avait-on pas ordonné d’incendier Notre-Dame ? L’hôtel de la Marine ? « La Bourse, la Banque, la place des Victoires, la place Vendôme, le jardin des Tuileries... », avait rageusement complété le « général » Eudes. L’ouvrage que Nicolas Chaudun vient de consacrer à cet épisode particulièrement sombre de l’histoire de notre patrimoine propose de nous plonger dans ces quelques jours qui ravagèrent Paris. Tout en venant déboulonner le mythe forgé par Marx d’une fièvre incendiaire dictée par d’impérieux motifs tactiques, l’auteur vient nous conter l’épisode méconnu de l’incendie du Louvre, qui devait logiquement brûler en même temps que les Tuileries. Face à cette perspective effroyable se dressèrent pourtant deux personnages que rien ne prédestinait à cela : Henry Barbet de Jouy, discret conservateur au Louvre qui en assura la protection, et Martian de Bernardy de Sigoyer, un officier qui prit la décision de briser les charpentes qui reliaient le bâtiment aux Tuileries, stoppant ainsi l’avancée des flammes. Deux figures héroïques aujourd’hui oubliées dont la plume alerte de Nicolas Chaudun vient honorer la mémoire.



Par Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 515, septembre 2015
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Haussmann, Georges Eugène, préfet-baron de la S..

La vie et l'œuvre d'un haut-fonctionnaire de la Monarchie de Juillet puis du Second Empire : à première vue, le sujet de ce livre n'est pas le plus exaltant qui soit ! Mais tandis que certains historiens produisent des pages arides sur des événements pourtant fascinants, Nicolas Chaudun parvient ici à susciter l'intérêt pour une période historique souvent dénigrée, en traçant le portrait d'un personnage qui à aucun moment n'apparaît sympathique... Belle performance de l'auteur !



Les années d'apprentissage d'Haussmann dans d'obscures sous-préfectures de Gironde ou de Haute-Loire sont bien sûr évoquées, toutefois cette biographie s'applique surtout à détailler son rôle principal, celui qui a fait passer son nom à la postérité : préfet de la Seine, autrement dit maître de Paris. Il est bon de rappeler qu'Haussmann ne s'est pas contenté d'aligner de belles façades le long des boulevards parisiens, mais qu'il fut à la tête d'une réorganisation complète de la capitale, pensée notamment en termes d'hygiène (fourniture en eau pure, évacuation des déchets), de sécurité (réhabilitation des quartiers "coupe-gorge"), d'optimisation des flux (percement de grandes artères, meilleure accessibilité des gares)... En somme, il s'agissait alors de passer d'une cité médiévale à une métropole moderne.



L'auteur ne fait partie ni des détracteurs, ni des laudateurs d'Haussmann et de son grand œuvre. S'il met en évidence les indiscutables réussites du préfet de la Seine, il ne cherche pas pour autant à dissimuler le fait que la nécessaire modernisation de Paris fut réalisée au prix du sacrifice de certains monuments considérés comme mineurs, du rabotage de parcs et de jardins, d'opérations financières parfois équivoques, d'expropriations et du rejet des classes laborieuses vers la périphérie, préfiguration de nos "banlieues ghettos"...



En plus de cette appréciable objectivité à l'égard de son sujet, l'auteur a le mérite de remettre en cause l'idée d'un homme providentiel, d'un visionnaire qui sur un coup de génie (ou de folie?) aurait soudain décidé de donner un nouveau visage à la capitale. En réalité, les transformations que connut Paris au cours du Second Empire étaient déjà en germe depuis plusieurs décennies ; cette révolution urbaine était aussi indispensable qu'inévitable. Pour passer de l'idée à la réalisation, il ne manquait qu'un administrateur efficace, un fidèle serviteur de l’État capable de chapeauter une entreprise aussi titanesque. Ce fut Haussmann... Mais avec un autre homme tout aussi compétent à sa place, on peut penser que l'histoire aurait été plus ou moins la même.



Au final, une biographie aussi instructive qu'agréable à lire, qui donne envie de poursuivre avec cet auteur et de découvrir le livre qu'il a consacré aux derniers jours du Second Empire, lui aussi publié chez Actes Sud.
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