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Critiques de Nina Bouraoui (516)
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Satisfaction

Je n'ai pas du tout accroché.

Le style est ampoulé, imprécis, non addictif.

Je n'ai pas compris où l'auteure a voulu en venir.

J'ai été moi-même en Algérie l'été 2003, et je n'ai pas retrouvé l'ambiance, le soleil, les fruits juteux et sucrés.

Ce livre ne m'a du tout intéressée.

C'est la première fois que je lis cette auteure, et je ne renouvellerai pas l'expérience.

Tant pis.

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Mes mauvaises pensées

Ah ! Nina Bouraoui et ses révoltes ! Nina et sa colère. Nina et sa famille, Nina et l’écriture, Nina et ses amours, Nina et ses questions, Nina et Guibert, Nina et……

Là, on est servi. On sait tout en 286 pages, d’un seul trait, d’un seul paragraphe.

Il faut dire que ce long déballage s’adresse à sa psy, comme ça vient, comme elle le ressent.

Il y a de beaux passages, très beaux même, notamment sur l’écriture, sur l’emprise de la famille et des ancêtres, sur les racines. Des thèmes chers à l’auteur.

Et puis, j’aime l’écriture de Nina Baraoui.

Mais bon, le hic ici, c’est que ça me fait penser à Annie Ernaux, qui elle aussi nous prend pour sa psy, et ça, ça aurait plutôt tendance à m’agacer.. Sauf qu’Annie Ernaux m’a lassée au bout de deux livres, pour cette raison justement (en plus du détachement de la froideur de ses textes).

Alors que Nina Bouraoui a beaucoup plus de puissance d’écriture, d’une part, et qu’elle a produit des textes beaucoup plus variés.

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Standard

Bruno Kerjen, Breton de 35 ans est un homme sans envergure, il travaille dans une société d'électronique près de Paris, vit seul dans un appartement à Vitry, il n'attend rien de la vie mais rêve toujours de Marlène connue à l'école Pro de Saint Malo. Le père de Bruno tient un bar-tabac à Saint Servan, il ne l'aime pas ; sa mère a toujours sur elle, une odeur de cuisine, une odeur d'oignons, Bruno n'aime pas les odeurs. Dans son appartement, il n'amène jamais de fille, encore une question d'odeur, alors il appelle une fille de porn-tel et se masturbe en l'écoutant, c'est cher les communications mais c'est le prix de sa tranquillité.

Son père décédé, il ira un peu plus chez sa mère, le bar-tabac fermé ! Et puis, un jour, son ami Gilles lui téléphone et lui annonce le retour de Marlène à Saint Servan ; Bruno change ses habitudes, retrouve Marlène, ... Bruno l'éternel looser.

Première rencontre avec Nina Bouraoui, un roman d'ambiance, bonne analyse de la société et des personnages, j'ai apprécié son écriture.
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Grand Seigneur

La démarche relève de l'intime. De ce parcours bouleversant vers l'inéluctable épilogue. " Le plus dur n'est pas la mort, c'est l'attente de cette mort." Nina Bouraoui se remémore les anecdotes et les moments forts qui ont fait de ce père un "Grand seigneur". L'hommage poignant d'une fille pour son père, lorsque ce dernier emporte avec lui une part de son identité, de ses origines, ce dernier lien avec l'Algérie, de sa force et de sa masculinité. Le style et l'écriture de Nina Bouraoui sont toujours empreints de délicatesse et de puissance. Un roman lumineux.
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Beaux Rivages

Lorsque l’amour nous a abandonné, les « beaux rivages » désignent ces lieux où puissent renaître les sentiments. Ce titre s’inspire d’une poésie de Yeats :



« Même si le grand chant ne doit plus reprendre

Ce sera pure joie, ce qui nous reste :

Le fracas des galets sur le rivage,

Dans le reflux de la vague. »



W.B.Yeats



Ce livre mélancolique sur l’abandon et la vie sentimentale moderne, est écrit avec la main et le cœur de Nina Bouraoui, avec le lyrisme et la justesse des sentiments qui caractérisent de cette auteure magnifique. Le petit laisser-aller de l’ode et le style de la romancière se prêtent très bien au sujet.

Ce n’est pas qu’un livre sur l’amour, c’est aussi l'approfondissement d’un fait de société actuel important. Il arrive que des personnes fragilisées par la perte d’un partenaire tombe dans une grosse déprime en perdant leurs repères et soient excessivement perméables à tout ce qui vient d’internet, de l’actualité, et de la réalité brutale de la vie.



Rupture : l’ami de la narratrice en a rencontré une autre. Adrian entretenant un espoir de retour, alors qu’il a lui-même pris la décision de quitter son amie, ne facilite pas un travail de reconstruction déjà pénible en soi.

Epuisée moralement, la quittée ne s’alimente plus, et le comble, devient accro au blog de sa rivale, qui poste des photos artistiques pour se moquer d’elle. Ce que restitue Nina Bouraoui de la société est toujours sans tabou, sans tricherie, et c’est presque nécessaire de lire des textes comme celui-ci, témoins de notre société.



Un parcours très bien livré qui dans la deuxième partie s’ouvre vers un autre type de thématique tout aussi réjouissante et intéressante. Il se lit avec beaucoup de bonheur. A découvrir.

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Beaux Rivages

Le sujet de la rupture amoureuse et du chagrin d'amour en littérature a été ausculté sous toutes les formes depuis des siècles, et ce, par une multitude d'auteurs et non des moindres, et la dernière en lecture en date avant d'attaquer ce dernier roman de Nina Bouraoui était le roman dur et troublant d'Elena Ferrante les jours de mon abandon.



Si Nina Bouraoui dit avoir écrit ce livre "pour tous les "quittés du monde qui sont évidemment nombreux en ce bas monde", et certainement également pour exorciser sa propre histoire de rupture, on a un peu de mal à trouver que contrairement au texte, tranchant comme une lame de Ferrante, l'originalité soit de mise...



Malgré une plume précise et qui fait parfois mouche, on se lasse assez rapidement de ce récit qui reste quand même largement autocentré et égocentrique.



Difficile de ressentir totalement, et comme on aimerait la souffrance de cette héroïne plaquée par un Adrian assez inconséquent et dont les états d'âme ressemblent à pas mal d'autres états d'âme de personnes quittées.



On reconnaitra quand même que certaines passages font mouche, comme par exemple cette envie de lire, par pur masochisme le blog de sa rivale, ou bien encore ce voyeurisme que l'on a devant un couple qui se quitte sur la chaise voisine du café ou l'on est...



Malgré cela, ce roman du désamour qui se lit vite- moins de 200 pages , ne parvient pas vraiment à passionner, faute, à mon sens, de parvenir à transcender un matériau malheureusement original.



Cette réserve mise à part, le livre a depuis sa sortie, d'excellentes critiques et notamment par toutes ceux ou toutes celles qui ont été quittés récemment, donc, on peut largement imaginer que Nina Bouraoui a à ce niveau parfaitement réussi son coup...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Grand Seigneur

Hommage posthume.



Nina Bouraoui prend la plume suite à la mort de son père.



Ce livre est un hommage. Un hommage au père de Nina Bouraoui. Alors que son père vit ses derniers jours dans une maison de santé, l’auteure se réfugie dans l’écriture pour faire face à la douleur. Souvenirs et présent s’entremêlent dans la narration. La plume poétique de Nina Bouraoui rend ces moments aériens, hors du temps.



Le père de l’autrice a eu une vie tumultueuse. Haut-fonctionnaire algérien, il a côtoyé de nombreuses personnalités et échappé à un attentat. Nina Bouraoui imagine également les secrets que son père aurait pu garder.



Ce livre est très touchant. L’émotion est présente de la première à la dernière page. J’ai ressenti toute l’admiration et la gratitude de l’autrice pour ce père extraordinaire. Élevée comme un garçon, Nina Bouraoui aura eu une place à part dans la vie de son père. Place qui ne changera pas à l’âge adulte avec la découverte de son homosexualité. Les dernières pages sont magnifiques, le plus bel adieu qui soit.



Bref, ce livre est un très beau témoignage, celui d’une vie et d’une très belle relation père-fille.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024.
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Grand Seigneur

Au moment où son père décède, notre autrice raconte ce qu'elle a partagé avec cet homme-modèle, sa vie politico-diplomatique secrète aussi. Et surtout comment elle envisage cette future perte. Comment on fait, dans quel état on est quand il s'agit de choisir le dernier costume ? Comment on dit au-revoir quand on envisage l'inévitable. De belles phrases, mais globalement un témoignage très personnel. Voilà voilà !
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Satisfaction

Dans les romans de Nina Bouraoui que j’ai eu la chance de lire, j’ai particulièrement apprécié sa sensibilité et son humanité. Elle a cette capacité rare de comprendre les émotions et surtout de les retransmettre avec bienveillance et justesse. Elle m’a aussi marqué les esprits avec sa plume élégante et poétique, en adéquation avec la dramaturgie de ses sujets.



Le début de ce nouvel opus est prometteur et aborde les thèmes récurrents de l’autrice. On retrouve toute sa finesse et son style raffiné. Mais cette virtuosité devient presque un handicap pour ce texte. En s’appliquant sur la forme, elle en oublie de développer son fonds. Je vous cite une ligne, une page au hasard et vous allez être bluffé par la beauté de la langue. Nina Bouraoui est une grande écrivaine qui manie les mots avec dextérité. Seulement, pour ma part, dans le cas présent, j’ai eu la sensation qu’elle empilait ses belles tournures, au détriment de son histoire.



L’enchainement des évènements semble faire du surplace et les jours semblent se répéter. Les sentiments et les sensations de son héroïne se retrouvent enfoui sous ces scènes qui tournent en boucle. Ce livre pourtant assez court m’a paru très long et j’avais hâte d’en voir la fin. La « Satisfaction » n’a donc pas été au rendez-vous. Mais comme je suis un grand admirateur de Nina Bouraoui, je ne lui en tiendrai pas rigueur. La magie n’a tout simplement pas opéré cette fois-ci et j’en suis le premier peiné. Sa manière d’écrire vaut toujours le détour et peut-être que sur vous, le charme de ce roman sensoriel agira. En ce qui me concerne, je range ce livre sur le bas-côté et attends le prochain avec une certaine impatience pour que l’autrice et moi, nous puissions nous retrouver, comme avant !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Satisfaction

J'ai découvert Nina Bouraoui dans la grande librairie il y a quelques semaines et j'ai été intriguée par sa manière de présenter Mme Akli , héroïne de son roman.

Mme Akli, Michèle, est arrivée en Algérie en 1962, après l'indépendance.Elle est mariée à Brahim, avec qui elle a eu un fils.

De son amour pour Brahim et l'Algérie, il semble ne rien rester ..une remise en question de ses choix, de sa vie, et un désir de l'autre qui la questionne et la bouleverse. Un style éblouissant, une écriture poétique et imagée, une belle découverte !
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La Voyeuse interdite

Nous sommes à Alger. Fikria, une adolescente d’environ 14 ou 15 ans, se cache derrière les rideaux pour observer les passants dans la rue, les enfants qui jouent, les femmes qui dissimulent leur corps sous les tissus de leur djellaba. Elle souffre du silence de son père qui se tient à l'écart d'elle et qui ne lui parle plus depuis 2 ans. Sa mère désespérée de n’avoir eu que des filles... Pour elle, tout ça c’est une honte, et cette honte rejaillit sur Fikria, qui souffre du manque d’affection de ses parents, et qui se dit « une souillure », depuis le jour où elle est devenue une femme. Elle est entourée de ses sœurs et d’Ourdhia, « voyageuse sans valise » venant du désert, un refuge pour Fikria.



J'ai eu le cœur serré durant cette lecture en pensant au cas de cette jeune fille, atteinte dans son identité de femme, un drame terrible. Le texte de Nina Bouraoui est vibrant, splendide, onirique, lyrique. Un livre à lire.

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Garçon manqué

Des phrases courtes qui crépitent, qui claquent pour dire la difficulté de se savoir algérienne ou française, la volonté de décider d’être un garçon plutôt qu’une fille.

Oui, les phrases sont courtes, très courtes, souvent un seul mot. Et au fil des pages elles disent toutes la même chose. Le poids de ces dualités.

C’est répétitif certes, mais ça traduit bien toute cette souffrance engrangée depuis l’enfance, de ne pas savoir où est sa place, de ne pas savoir qui elle est.

Heureusement, il y a Amine, son ami, il y a sa sœur.

Nina Bouraoui avait certainement une grande nécessité de faire sortir tout cela par les mots, et elle l’a bien fait.

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Grand Seigneur

Nina Bouraoui raconte avec pudeur les derniers jours de son père, en soins palliatifs au centre Jeanne Garnier à Paris. Elle accompagne son père sur cette période de 10 jours. Elle évoque le passé de son père, son amour pour elle, ce qu'il lui a apporté. Elle raconte l'admiration qu'elle lui portait, comment il fut un modèle pour elle. Elle le remercie de l'avoir comprise, encouragée dans sa vocation d'écrivaine.

Un texte poignant, qui touche tout le monde.
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Otages

Une rupture. Sans drames ni heurts. La fin d'une histoire, comme tant d'autres, si ce n'est que Sylvie bascule. Elle se noie dans le travail pour oublier et commet l'irréparable. Une révolte, un geste qui dit stop et enfin, donne un sens à sa vie. Banale. Simple. Modeste. Voire médiocre.

J'ai aimé ce portrait de femme, quelqu'un comme vous et moi, otage d'elle-même, la description de sa fragilité, ses failles et regrets palpables à travers les mots de Nina Bouraoui.
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Otages

C'est un court roman qui m'a happée littéralement pour une lecture complète et sans repos.

Des phrases courtes , incisives, au rythme haletant d'une femme qui a "craqué", et pourtant, elle avait une rare maîtrise d'elle même, de son métier, de son environnement.

Quand son mari a quitté Sylvie(la cinquantaine), elle n'a pas baissé l'échine, elle a assuré et assumé comme toujours. Pour ses deux enfants certes, mais parce que depuis son enfance elle sait que les femmes sont fortes, qu'il n'y a pas" de temps pour se répandre ".

Et puis la faille,son patron l'humilie alors qu'elle s'est dévouée pour sa boîte, a accompagné cet homme aux dépens même des ouvrières de l'usine, ses abeilles , et elle craque. Elle se retrouve quelque part où il y a des barreaux aux fenêtres, elle ne sait où et s'en fiche, elle s'est retrouvée, s'est abandonnée. Le rythme de l'écriture se détend aussi , on respire un peu;

Voilà une belle anatomie de l'âme, une justesse de ton pour parler d'une femme de cet âge là à notre époque, du désir, d'une existence inaboutie. Très beau.

Merci aux Edts J.C.Lattès et à NetGalley pour leur confiance renouvellée.
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La Voyeuse interdite

« Le corps est le pire des traitres, sans demander l’avis de l’intéressé, il livre bêtement à des yeux étrangers des indices irréfutables : âge, sexe, féconde pas féconde ? Pubère, il m »a rendue inapprochable, dans le royaume des hommes je suis la souillure, sur l’échiquier des dames, le pion en attente caché derrière une reine hautaine qui choisira seule le bon moment de se déplacer. »

« Nous, filles, étions sa douleur, nos visages, nos corps lui rappelaient sa faiblesse, notre sexe, son sexe amputé, et si elle avait toujours l’air triste c’est parce qu’elle savait l’absurdité de notre existence à part qui nous éloignait un peu plus des hommes et de nos semblables »

Elle est enfermée, n’a que pour horizon la rue, juste devant sa fenêtre. Elle est pubère depuis peu de temps, doit garder intact son trésor pour celui que son père lui aura choisi. Nous sommes à Alger, début des années 70…

Quelle plume, quelle force, quelle rage, quelle violence …..

Une langue imagée, incisive, colorée, expressive, charnelle

J’ai été saisie , emportée, par cette écriture hachée, saccadée, irrégulière, rythmée par les pensées de cette jeune fille que j’aurais voulu pouvoir empoigner fermement et la tirer de cette sordide baraque où personne ne considère personne. Le père viole la mère, la rabaisse faute d’avoir eu le mâle tant désiré, et qui vaut tout, alors que les filles ne valent rien. La mère violente la fille. Comment respecter sa fille quand on est soi-même considérée comme un tas de chair ?

Un père qui n’adresse plus la parole à dans fille depuis qu’elle est « mariable ».

L’enfermement, le rejet, le désespoir, l’implacable destin des filles….tout cela explose dans ce livre court mais lourd de révolte.

La révolte hurlée tout au long de ses pages.

La révolte étouffée

La femme engrillagée, emmurée

La femme prisonnière des siens, prisonnière de sa culture, de ses coutumes….

Et aujourd’hui ? Ouvrons les yeux…..

Par décence pour cette jeune fille qui aurait pu être moi, si j’avais eu la malchance de naître sous d’autres cieux, c’est un coup de cœur qui ne dira pas son nom.

Un livre coup de gueule qui donne envie de l’ouvrir encore plus grande quoi qu’il puisse en coûter.

« Il roulait, il rebondissait, se cognait contre les formes qu’il avait lui-même rendues inhumaines, sa tête enfouie sous une aisselle où pendait une dentelle rousse, s’inventait un corps plus désirable et moins fatigant. Plein d’envies inassouvies, il se vengeait sur le ventre de ma mère en lui administrant des coups violents et réguliers avec une arme cachée dont il était le seul détenteur. »




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Tous les hommes désirent naturellement savoir

Tous les hommes désirent naturellement savoir qui ils sont.

Pour essayer de comprendre qui elle est, la belle Nina se livre à une introspection nous entraînant dans un doux vagabondage à travers son histoire familiale.

Entre la nostalgie d'une enfance lumineuse passée en Algérie -son paradis perdu- et la vacuité des sombres nuits parisiennes de sa jeunesse, Nina Bouraoui explore les origines de sa différence tout en cherchant le sens de son désir et de ses amours. Ce voyage dans le temps fait la part belle à la mère de l'auteure, une Bretonne qui, elle, n'a pas hésité à braver ouvertement les préjugés en épousant un Algérien pendant les années soixante.

L'écriture simple et élégante, le ton intimiste, font de cette incursion dans les souvenirs de l'auteure un vrai moment de plaisir malgré sa violence sous-jacente.
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Sauvage

Alger, 1979. Sauvage est construit comme le long monologue d'une jeune fille, Alya, 14 ans. Elle revient sur l'année passée, un an après la disparition mystérieuse de son ami d'enfance Sami. Pour ne pas l'oublier, elle écrit, retraçant les liens qui les unissait, les tensions qui ont pu surgir au fil des années, et surtout la blessure atroce que cette disparition lui a causé.



C'est finalement le portrait, élaboré d'une manière très fine, d'une jeune fille qui entre dans la période troublée de l'adolescence, mal dans sa peau et dans son corps. Une jeune fille qui vit très mal son passage à l'âge adulte, surtout sans le soutien que fut Sami : "Je n'ai pas peur la nuit avant de m'endormir, je n'ai pas peur des esprits, j'ai peur de ce qui existe. Je crois que j'ai peur de la vie, comme on me l'a donnée, proposée. Parce que j'ai l'impression de ne pas avoir le choix. D'être obligée de suivre les autres, le monde. Le marche du temps. C'est comme un écrasement de savoir cela. D'être obligée de l'accepter pour devenir une vraie personne, c'est-à-dire une personne qui trouve sa place, qui s'inscrit dans ce monde et qui participe, avec les autres, à la marche, sans jamais pouvoir l'arrêter, ou lui faire changer de sens."



C'est l'expression d'une grande détresse, d'une grande solitude et d'une grande clairvoyance quant au monde des adultes et à la vie. Une sorte de sœur de la petite fille de L’Élégance du Hérisson. Les émois de l'adolescence sont très présents : "Il fallait que ça sorte. On étouffait de nous-mêmes [...] Je me disais que nos âges étaient comme des vêtements trop petits pour nous. On avait d'autres envies. On avait d'autres désirs. On manquait de liberté. On n'avait pas eu d'enfance, on renonçait à notre jeunesse. Il nous fallait toujours plus. Toujours plus fort. Toujours plus vite. On ne voulait plus de limites. Et cela donnait de la colère parce qu'on était dans la frustration." . Un désir violent de liberté, de changer d'air, de sortir de cette atmosphère où a vécu Sami, c'est donc ce qui ressort de cette lecture.



Et en filigrane, une peur diffuse face à l'année 1980, qui se répand dans toute sa famille. (Note : Pour Nina Bouraoui, c'est l'année 1981 qui sera marquante puisque après des vacances en France, la famille ne peut pas rentrer en Algérie. Le deuil d'une vie sauvage et libre.)



De son côté, Alya décortique tout, de la lumière du matin à ses propres sentiments en passant par le comportement des gens qui l'entourent : "C'est ce que j'ai toujours ressenti. Les autres ne sont rien. Leurs ordres ne sont rien. C'est notre réponse aux autres qui veut dire quelque chose, qui signifie quelque chose, et vouloir être libre des autres est une autre forme de prison.". On a l'impression qu'elle scanne sans cesse son environnement, s'interrogeant sur tout, en une sorte d'apprentie philosophe : "Je me disais que pour prendre conscience de la vie il fallait changer d'angle."



Au départ, je me suis laissée happée par ce ton nouveau, cette construction intéressante. Et puis, malgré la beauté du style, je me suis lassée de ce monologue, de cette voix unique, et je me suis perdue dans toutes ses réflexions, dans le labyrinthe de ses pensées, et me suis empressée de le refermer. Un livre angoissant et étouffant.


Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Appelez-moi par mon prénom

Une écrivain et un lecteur admirateur de 16 ans son cadet, débute une correspondance via internet, très vite une passion amoureuse virtuelle nait entre l'auteur et l'admirateur. Sur un sujet pas forcément excitant, Nina Bouraoui décrit de belle manière cet amour qui puise sa source dans l'imaginaire, les fantasmes loin de l'attirance physique. Gràce à une écriture fluide faite de phrases courtes, je me suis fait surprendre par la manière de parler du désir amoureux, de cette correspondance qui fait grandir la passion jusqu'à la rencontre physique et l'étreinte des corps. Bouraoui nous touche car elle nous garde bien de tout voyeurisme malsain, de scènes dérangeantes, non ici c'est d'une rencontre fusionnelle qui masque la peur de la solitude, et de l'abandon. J'étais resté sur la mauvaise impression de "Garçon manqué" et je me suis fait cueillir par ce roman délicat, gracieux qui parle d'amour avec le grand A.

Un très bon livre.

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Grand Seigneur

Le père de Nina Bouraoui va mourir; nous sommes en mai 2022 dans une unité de soins palliatifs à Paris. Nina, ainsi que toute sa famille, va accompagner son père pendant les 11 jours que dure son agonie. Elle nous livre dans cet ouvrage très personnel, très intime, ce qu'était le lien très fort qu'elle entretenait avec son père, en convoquant des souvenirs de lui, d'elle, d'eux deux, parfois sous forme d'instantanés, parfois sous forme de descriptions, de pensées.

Ce livre est un hommage au père qui a été l'homme de sa vie, son "seul ami", auquel elle voue admiration, amour et qui fut son roc sur lequel elle s'est construite. Elle se pose d'ailleurs la question sur ce que va être son identité quand celui qui en est un acteur principal aura disparu.

Mais c'est aussi un soutien, une aide pour Nina. Les mots l'aident à accepter le départ de son père, elle lui dit adieu en convoquant l'homme qu'il fut et le père qu'il a été. Les mots rendent la mort réelle et lui permettent en même temps de le retrouver à jamais.

Ce livre m'a touchée car j'ai moi-même accompagné mon père pendant ses derniers jours en soins palliatifs mais en même temps, je ne me suis pas vraiment sentie proche de Nina face à la mort du père car mon ressenti a été différent, moins intellectualisé, plus brut, plus violent.

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