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Critiques de Nnedi Okorafor (253)
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Qui a peur de la mort ?

« Qui a peur de la mort? ». Onyesonwu en igbo : le nom de l'héroïne de ce singulier roman signé par l'auteur américano-nigérienne Nnedi Okorafor et qui constitue sans aucun doute l'un de mes plus beaux coups de cœur de cette année 2013, pourtant riche en sortie de qualité. Il faut dire aussi que le roman a eu l'honneur d'être récompensé dernièrement par le prestigieux World Fantasy Award 2011 ! L'action se limite à une région bien définie (correspondant aujourd'hui au territoire du Soudan) où deux tribus se livrent depuis des temps immémoriaux une lutte sans merci . D'un côté les Nurus, peuple «béni» par la déesse Ani et supposé assurer leur domination sur son territoire, de l'autre les Okeke, peuple en voie d'extinction, asservi par les Nurus et dont les quelques tentatives de révolte se sont, jusqu'à présent, toujours soldées par un échec. On comprend rapidement grâce à quelques indices que nous nous trouvons en réalité dans une Afrique post-apocalyptique, un élément que l'on pourrait toutefois aisément être tenté d'oublier tant l'univers dépeint par Nnedi Okorafor n'a plus grand chose à voir avec le notre, géographiquement et culturellement parlant. Pour le reste, on retrouve hélas un sentiment de déjà-vu : massacres, pillages, meurtres, viols..., les atrocités s'accumulent dans un camp comme dans l'autre, preuve que, quoi qu'il se soit passé, les hommes sont, en ce qui les concerne, restés fidèles à eux-mêmes.



C'est dans ce contexte qu'on découvre la triste histoire de la jeune Onyesonwu, dont le nom sonne comme un véritable défi lancé à la grande faucheuse qui semble hélas hanter ses pas. Car notre héroïne a le malheur d'être née ewu, une enfant du viol, mi Nuru par son père, mi Okeke par sa mère, et par conséquent considérée par tous comme une paria. Car qui voudrait prendre le risque que la violence de sa conception rejaillisse un jour dans l'un de ses actes ? Rongée par l'horreur de sa naissance que la société ne lui laisse jamais oublier, la jeune fille possède heureusement l'atout de savoir manipuler avec aisance la magie. Mais difficile, dans un monde dominé par les hommes, de se faire une place et de tracer sa propre voie. A travers le récit bouleversant de la jeune fille, Nnedi Okorafor en profite pour rappeler et dénoncer certains tabous rarement abordés, notamment au sein des littératures de l'imaginaire : le viol utilisé comme redoutable arme de guerre ; la pratique de l'excision des jeunes filles ; l'embrigadement d'enfants soldats... Certaines scènes sont particulièrement prenantes, et ce même si vous n'avez pas particulièrement l'âme sensible. Difficile par exemple de rester de marbre à la lecture du viol de la mère d'Onyesonwu ou encore du rituel d'excision des jeunes filles Okekes.



Ne vous y trompez donc pas, le récit de Nnedi Okorafor est sombre et dur, les personnages comme le lecteur se voyant confrontés à des réalités choquantes qu'ils préféreraient certainement occulter. Révolte et horreur sont deux sentiments qui ne sont jamais bien loin tout au long de cette lecture dont on ressort à la fois sonné et émerveillé. Car parallèlement à toutes les atrocités et la dureté auxquelles on se retrouve confronté, on découvre également un univers exotique fascinant. Le monde de Nnedi Okorafor pourrait ainsi ne rien à voir avec un monde post-apo mais relever de la pure fantasy, un dépaysement lié aussi bien à ces vastes étendues désertiques qui constituent l'essentiel des paysages du roman qu'à l'omniprésence de la magie au sein des sociétés okekes et nurus dont le fonctionnement nous est aussi parfaitement étranger. De même, il est pour une fois appréciable de découvrir certains éléments ou concepts prenant leurs racines dans la culture africaine que, pour ma part, je connais très peu (l'idée des mascarades, sortes d'esprit des ancêtres ou du désert pouvant adopter des formes très diverses, m'a notamment particulièrement plu). Un mot, enfin, concernant les personnages, tous bourrés de défauts mais néanmoins attachants : le vieux sorcier Aro ; la courageuse et sulfureuse Luyu, la petite Binta... Et bien évidemment le couple au centre du roman, Onyesonwu et Mwita, dont la relation constitue l'un des principaux attraits du récit.



Avec « Qui a peur de la mort », Nnedi Okorafor signe un roman bouleversant traitant de sujets rarement abordés en fantasy et mettant en scène une héroïne atypique et dont je me souviendrai certainement longtemps. Les nombreux éléments liés à la culture africaine apportent un charme supplémentaire au récit qui malmène autant qu'il séduit le lecteur qui ne sortira pas indemne de sa lecture. Une excellente découverte que je conseille chaleureusement.
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Qui a peur de la mort ?

Onye, qui signifie "Qui a peur de la mort?", est une ewu, une enfant du viol d'une Okeke, la race "esclave", par un Nuru, la race "dominante". La peau plus claire que les Okeke parmi lesquels elle vit, elle est de tout temps stigmatisée pour la couleur de sa peau et de ses yeux. D'autant que les ewus sont souvent considérés comme dangereux, maudits : on dit souvent, chez les Okeke comme chez les Nuru, que ceux qui naissent de la violence finissent par la commettre. Bien vite, elle se rend compte qu'elle est également ushu, une sorcière.

Bien loin à l'Ouest, dans un ville proche du désert où elle est née, le devin Rana dévoile une nouvelle prédiction : un ushu ewu arrive, qui va changer la face du monde.



Qui a peur de la mort ? est un ouvrage très original dans le paysage de la fantasy contemporaine. L'auteure, américaine d'origine nigériane, a puisé dans ses racines pour concocter un récit qui entremêle allègrement et avec beaucoup de bonheur les traditions, la magie, la spiritualité, les croyances...



Découvert dans le cadre de mon club de lecture préféré, mon avis sera relativement pondéré ; si Qui a peur de la mort ? présente des qualités, dont l'originalité n'est pas la moindre, d'autres choses m'ont suffisamment "déçue" pour ne pas faire de cette lecture un coup de cœur.

Outre son appui sur la culture nigériane, un autre point fort du livre est d'évoquer des sujets habituellement absents de ce type de littérature : l'excision, le viol comme arme de guerre, la place des femmes dans la société, etc... Toujours dans les qualités de cet ouvrage, je tire mon chapeau à N. Okorafor pour avoir su créer un monde dans lequel la magie est si naturellement et intimement implantée. J'ai beaucoup apprécié également certains personnages, comme Aro, Sola ou l'Ada, qui tiennent quasiment de l'archétype. J'ai particulièrement apprécié la culture du "Peuple rouge", si tant est que ce peuple de légende, se déplaçant dans les tempêtes de sable, existe réellement. Enfin, et de façon générale, j'ai toujours aimé les histoires de quêtes initiatiques pour changer le monde, au cours desquelles, bien souvent, c'est le personnage qui grandit et évolue bien plus que son monde.



Et c'est bien là que le bât blesse dans mon appréciation de ce livre. Je crois qu'il faut que je me fasse une raison, je n'accroche absolument pas au style "young adult", avec ses triangles amoureux (qui m'ennuient), batailles de filles pour un garçon (l'inverse est également vrai) (que je trouve ridicules), réactions typiquement binaires (et prévisibles), et avec des émotions systématiquement paroxystiques (qu'il s'agisse de colère, très présente dans l'ouvrage, mais aussi de détresse, de peur, de tristesse, de joie...), qui, même si on peut les relier à l'adolescence, âge des personnages principaux, me semblent factices. Serait-ce mes 40 automnes s'approchant qui en seraient la cause ? Possible... En tout cas, si je n'ai rien contre une belle et puissante histoire d'amour, les développements gnangnan sur qui aime qui, qui couche avec qui, et compagnie, me laissent de marbre. J'ai donc trouvé les réactions des personnages souvent enfantines, stéréotypées, et la colère d'Onye a fini par me lasser, d'autant que, en tant que personnage principal qui porte ce récit, c'est le personnage qui évolue le moins au fil des 500 pages de l'histoire...



D'autre part, je suis passée à côté d'un certain nombre de choses... Par exemple, je n'ai pas compris le rôle de la technologie dans la cosmogonie de N. Okorafor. A priori, les Okeke, premier peuple, ont été déchu par les dieux au profit des Nuru, car ils utilisaient trop cette technologie. On trouve dans les étendues désertiques traversées par Onye et ses amis des cimetières d'ordinateurs et de téléphones portables, qui portent malheur. Ceci dit, pour produire de l'eau, le seul moyen est d'utiliser une boite... technologique (qui doit marcher à l'énergie magique parce qu'on ne la recharge jamais...) ; enfin, on trouve des téléphones portables avec GPS qui fonctionnent encore... Qui entretient le réseau, les émetteurs et récepteurs, comment recharge-t-on les batteries ?? Bref, ça me laisse un peu sceptique.

Enfin, et ça me parait plus "grave", j'ai surement raté quelque chose autour de l'histoire du Livre. Ce livre explique pourquoi les Okeke sont des esclaves et pourquoi les Nurus sont leurs propriétaires. La prédiction du devin Rana dévoile que ce livre sera réécrit... Ben, à part si le récit de Onye est la nouvelle version du Livre, je ne vois pas se réaliser la prédiction du devin. Mais en quoi le récit de cette adolescente en colère peut-il être le fondement d'une société plus juste ? (Enfin, si c'est bien ça le nœud du livre, mais pas sure d’avoir tout suivi...).



Bref, si Qui a peur de la mort ? n'est pas un coup de cœur, j'ai quand même globalement apprécié sa lecture, y compris la fin qui, un peu mystérieuse et laissant une jolie part d'interprétation à son lecteur, rattrape (pour moi) un peu la sauce. A lire pour son originalité et à noter la couverture magnifique !
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The Nsibidi Scripts, tome 1 : Akata Witch

Sunny vit comme nulle autre l’expérience d’être différente : passionnée de foot tenue à l’écart du terrain parce qu’elle est une fille, noire mais albinos, née et élevée aux États-Unis mais rentrée au pays avec ses parents nigérians – donc une akata, terme péjoratif désignant les Noirs américains. Et voilà que par dessus le marché, elle découvre qu’elle est une « fille Léopard » dotée de pouvoirs insoupçonnés auxquels elle va devoir s’initier en mode rapide, vue l’ampleur de la mission qu’elle doit relever en équipe avec trois autres jeunes Léopards. Le tout sans que ses proches ne remarquent rien, puisque l’existence des Léopards est tenue strictement secrète…



Cette fantasy nigériane a emporté l’enthousiasme de toute la famille – d’abord celui de mon fils aîné qui l’a dévorée en une journée, nous poussant à la découvrir à voix haute. Sunny est une héroïne hors du commun dont la découverte exaltante de son identité et l’apprentissage à s’affirmer telle qu’elle est nous ont beaucoup inspirés. Une adolescente qui aime lire – ses romans préférés sont Quand les hommes savaient voler de Virginia Hamilton et Sacrées Sorcières de Roald Dahl ; j’ai apprécié le clin d’œil à une autre autrice d’origine nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie, dont Sunny lit L’hibiscus pourpre.



La communauté des Léopards nous a fascinés. Un monde très cohérent avec ses propres organisations à travers le monde, sa monnaie, ses commerces, ses organes de presse, ses modes de transport, ses événements culturels et sportifs, et surtout une hiérarchie de valeurs valorisant la singularité plutôt que la « perfection », les livres et le savoir plutôt que l’argent. L’ombre de Harry Potter plane sur ce genre littéraire qui peine souvent à se renouveler. Le pari est ici tenu, grâce à la densité foisonnante de l’univers imaginé par Nnedi Okorafor et à son ancrage dans la société nigériane et dans le folklore africain. En toile de fond, on sillonne les rues animées d’Aba, d’Owerri et de Lagos, on découvre l’extraordinaire diversité de cultures qui font la richesse de ce pays, on entend parler l’ibo, le yoruba, le haoussa, l’efik et même le xhosa, on goûte des plats épicés préparés à base de plantain ou d’igname au son de la musique de Fela Kuti. Quel voyage !



J’aurais quelques réserves sur l’intrigue, peut-être trop linéaire, avec quelques flottements et une accélération dans les dernières pages vers un dénouement rapide qui ne m’a pas complètement satisfaite. Cela dit, mon avis n'est absolument pas partagé par mes enfants qui ont été captivés pour leur part, au point de prêter serment de ne plus ouvrir de livre avant d’avoir mis la main sur le tome 2, qui vient heureusement de paraître…



Une excellente surprise que ce roman initiatique porté par de belles valeurs de tolérance et de féminisme ! Bravo à L’école des loisirs qui nous donne à lire en traduction française ce texte qui sort des sentiers battus. Et à bientôt donc pour parler d’Akata Warrior.
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Qui a peur de la mort ?

La littérature influencée par l’Afrique est relativement bien développée en littérature générale ; elle est, en revanche, encore marginale dans les littératures de l’imaginaire. Avec Qui a peur de la mort ?, Nnedi Okorafor participe à ce renouveau.



Onyesonwu est une ewu, une fille du viol. Sa mère okeke s’est fait violer par un guerrier nuru lors d’un énième raid meurtrier et, rejetée de beaucoup, elle s’installe à Jwahir pour voir grandir sa fille. Lors de son enfance et son adolescence, Onyesonwu voit s’affirmer quelques pouvoirs en elle, comme le fait de pouvoir se transformer en animal ou d’agir sur la santé de certaines personnes. Guidée par Mwita, jeune enfant ewu aussi (mais lui fruit d’un amour interdit), et entraînée par le sorcier Aro, Onyesonwu va se lancer progressivement dans la quête de son père et dans celle de sa survie.

Nnedi Okorafor dédie ce roman à son père décédé, dont la disparition a guidé les premiers mots. À travers le calvaire solitaire d’une jeune ewu et de sa mère violée, elle a l’immense mérite d’aborder et d’utiliser efficacement (sans voyeurisme) des thèmes extrêmement forts, d’actualité et trop peu mis en lumière. Elle fait ainsi référence à des guerres civiles menant aux génocides, au viol utilisé comme arme de guerre, ainsi qu’à l’excision comme outil de régulation sociale. Un vaste programme donc, mais que l’autrice distille dans le destin de cette jeune femme à la peau étrange et aux pouvoirs qui ne le sont pas moins.

Nnedi Okorafor a construit une histoire qui sonne juste et fort, avec une noirceur plutôt moite puisque le climat, l’atmosphère jouent un rôle important pour poser la situation. Si au début les prophéties peuvent agacer (surtout si on se doute qu’elles vont vraisemblablement se réaliser telles quelles) et ces histoires de Grand Livre plutôt laisser dubitatif, les différentes scènes d’initiation progressive de l’héroïne justifiaient tout cela très bien ; la montée en intensité jusqu’à la toute fin est remarquable et relire deux-trois fois la dernière scène et l’épilogue est de l’ordre du normal.



Qui donc a peur de la mort ? Ceux qui ne veulent pas la voir en face, assurément ; Nnedi Okorafor, elle, nous emmène à ses côtés de façon réellement fantastique.



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Qui a peur de la mort ?

Il y a quelques années, ce roman était ma première incursion dans la SF noire, dans ce que l'autrice nomme "africanfuturism". Cette lecture a vraiment été marquante pour moi. L'univers est riche et tout m'y était inconnu. On n'y trouve aucun trope de SF tellement usé que l'auteur n'a même pas besoin de l'expliquer.



On y explore donc une Afrique du futur où la magie (le juju) existe, et où la technologie recule. Il semble y avoir eu un cataclysme à l'origine de ces changements, mais on n'en explore jamais les détails.



Les détails auxquels on a droit sont ceux des diverses croyances, modes de vie, de ces conflits entre la ville et la province, entre nomades et sédentaires, entre les couleurs de peaux et les tribus. Tout cela est riche et fascinant (et c'est la force d'Okorafor, dans tout ce que j'ai lu d'elle depuis).



On y parle de mort, d'esclavage, de viol et d'excision. Ce n'est pas une lecture joyeuse.



L'histoire peut paraître simple ; La protagoniste, fille du viol, part à la recherche de son père. Elle vit des amitiés compliquées en chemin, et se découvre des dons magiques. Tout cela parsemé de scènes brillantes et originales.



C'est ce livre qui m'a fait pleinement réaliser à quel point la SF ne montre habituellement que des futurs blancs et anglophones. Comme si, pour que le futur ait lieu, beaucoup de gens devaient mystérieusement disparaître.
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Sankofa : La fille adoptive de la mort

Fatima fut un jour une fillette qui aimait regarder les étoiles du haut de l'arbre de ses parents. Aujourd'hui, elle est Sankofa, celle qui sème la terreur dans tout le Ghana. Que s'est-il passé ? Sankofa a-t-elle vraiment été adoptée par la Mort ? Quel est son but, désormais, et où la mènera-t-il ? Tout commence en tout cas avec une graine tombée du ciel…



« C'est moi, appela-t-elle. La Mort vient vous rendre visite. »



Attirés par la splendide couverture de ce roman, mon aîné de 13 ans et moi nous sommes aventurés séparément dans ses 168 pages gorgées de senteurs de karité et de bananes plantain frites, de clameurs de marché et de superstitions. Son univers afrofuturiste nous a agréablement pris de court en imaginant un Ghana colonisé par des multinationales et des technologies avancées – robots, drones, « geltélés »…



Pourtant, nous avons été déstabilisés par son intrigue mouvante. Il n'y a pas un élément perturbateur et une résolution, mais une sorte de cheminement. Beaucoup de nos interrogations resteront en suspens, par exemple à propos du sens de ce qui arrive à la protagoniste : pourquoi elle ? Ou du renard qui la suit : symbolise-t-il quelque chose, est-il une référence au Petit Prince ? D'autres questions se résoudront, mais de manière décevante, donnant l'impression que l'intrigue a entre-temps rebondi sur autre chose.



In fine, j'interprète ce texte comme une expérience de pensée : imaginons qu'une jeune fille développe un pouvoir immense, quelles seraient les réactions ? À quel point pourrait-elle se sentir dépassée par ses propres pouvoirs ? Serait-elle admirée ou au contraire crainte et ostracisée ? Aurait-elle une chance de vivre une vie normale ou serait-elle condamnée à mener une existence de « sorcière » ? Ne risquerait-elle pas d'être instrumentalisée ? D'un côté, nous avons une adolescente qui grandit et s'efforce d'assumer un destin qu'elle n'a pas choisi, dont la puissance souligne la multiplicité des situations où les femmes sont en situation de vulnérabilité. D'un autre, on pressent que Sankofa pourrait devenir un contre-pouvoir face aux dérives capitalistes et néo-impérialistes – et en particulier à la multinationale pharmaceutique LifeGen qui semble être en train de coloniser l'Afrique. C'est peut-être là le sens de tout…



Il est aussi question d'euthanasie, de traumatisme, de trahison, de data. Cela fait beaucoup pour un texte aussi court. Il y a énormément de sujets mais ces derniers sont traités en surface, souvent sous la forme de sous-entendus. On ne cernera par exemple jamais complètement ce qu'est LifeGen. Je pense que c'est voulu, l'idée est certainement de faire deviner la noirceur de l'univers à partir de traits esquissés ici ou là et de laisser l'imagination du lecteur faire le reste. Nous aurions pour notre part aimé que l'univers soit plus étoffé. Il nous semble que cela aurait pu aider à renforcer la cohérence des différents fils d'intrigue.



En tout cas un texte qui nous entraîne loin, très loin des sentiers battus !
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Binti, tome 1

Cela faisait un petit moment que Binti était dans ma pile à lire. J’en avais entendu un grand bien sur plusieurs blogs et j’avoue que j’aimais beaucoup le côté original de l’histoire et aussi l’univers. Il faut savoir qu’en France, la saga est une « duologie » alors qu’en version originale, il y a trois tomes (cela peut-être un peu confusant, je l’avoue !).



Mais revenons à Binti. Notre jeune héroïne fait partie d’un peuple très ancré dans les traditions mais elle rêve de plus. Dans les premières pages du roman, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Foundation (la série pour le coup, je n’ai pas lu les romans dont elle est inspirée). Un peu déstabilisant mais très vite les choses prennent une tournure tout à fait différente. Binti reste une jeune femme à part, très intelligente, qui réussit à aller dans l’université de ses rêves, mais son voyage jusqu’à Oomza va être un tournant sanglant pour elle. Et c’est là que tout devient très intéressant.



En soi, j’ai trouvé qu’il ne se passait pas grand-chose. Mis à part l’attaque des Méduses dans le vaisseau qui la conduit à Oomza, on suit plus le cheminement de notre héroïne dans sa nouvelle vie, essayant d’allier ses origines et ses traditions avec sa nouvelle vie à l’université. J’ai adhéré, comme je l’ai dit juste avant, car l’auteur sait très bien nous captiver, mais si vous cherchez de l’aventure et de l’adrénaline, passez votre chemin. Ici ce sont les choix que l’on doit faire pour grandir et prendre son envol qui sont au cœur de tout. Doit-on briser les liens qui nous retiennent à notre passé, ou bien simplement tisser une toile encore plus grande pour se construire soi-même en mêlant ses racines et ses nouvelles « croyances » ? Loin d’être un parcours évident et serein, et Binti va l’apprendre au fur et à mesure.



Et on voit clairement que pour notre jeune héroïne à l’intelligence incroyable ce n’est pas aussi facile que l’on pourrait le croire. Je m’attendais à voir cette scientifique et matheuse voir le monde de façon pragmatique et détaché mais il en est tout autre. Son peuple est considéré par beaucoup comme étant des « sauvages », des sous-hommes même par certains. Elle connait le racisme, même si le mot n’est jamais utilisé. Elle s’en détache assez facilement car elle sait que son peuple a énormément à offrir et qu’il ne se résume pas à ce que les autres pensent. J’avoue cependant que la femme, dans la société où elle a grandi, est loin d’être libre à de nombreux niveaux… Agaçant, mais cela est ancré en Binti. Et bien qu’elle veuille s’en détacher, cela reste en elle. Un dilemme douloureux. On lui dit qu’elle ne peut être qu’une chose qui rentre bien dans une case, alors qu’elle peut en fait en être des millions. Bref, je pourrais en parler pendant des heures mais j’ai trouvé le traitement de tout cela par l’auteur vraiment intelligent, réaliste, plein de pudeur et tellement intéressant.



A côté de cela, Binti doit se créer une vie à l’université, déchiffrer le monde extérieur, se faire de nouveaux amis, comprendre le peuple des Méduses auquel elle est maintenant liée, et vivre dans un univers où une guerre ancestrale pourrait réduire son monde en éclats. Certains mystères aussi se profilent et notre héroïne va devoir les déchiffrer quitte à revoir la conception globale qu’elle a de ses origines.



Une introspection et un cheminement que j’ai beaucoup aimé, même si je l’avoue, on ressent tout de même que ce premier tome n’a pas été conçu comme tel à l’origine. La fin a d’ailleurs un côté trop abrupt pour moi, et je suis contente d’avoir la suite sous la main ! J’ai hâte de voir ce qu’il va se passer car maintenant toutes les pièces de l’échiquier sont en place, et j’espère que je serai encore plus happée par l’épopée de Binti.

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LaGuardia

L'histoire se déroule dans un futur proche où des extraterrestres à l'allure végétale immigrent sur Terre, principalement au Nigeria. On y suit une protagoniste qui amène l'une de ces plantes aux USA via la douane de l'aéroport.



Dans cette BD, le world building se fait principalement par les illustrations et sont vraiment éclaté et nous montrent une vie extraterrestre belle, diverse, étrange, colorée et... "Humaine"? Okorafor a ici la même méthode que dans ses livres de SF : l'inconnu y est dépeint comme étant la normalité merveilleuse des personnages, et je lecteur doit simplement l'accepter.



L'intrigue est ici partiellement une allégorie sur l'immigration, sa richesse, ses complications bureaucratiques et la haine irrationnelle que certains y vouent. Mais c'est tout de même une histoire chouette à part entière qui n'est pas qu'un simple "sermon". Au final, la lecture est plaisante et rapide.
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Qui a peur de la mort ?

Il m aura fallu beaucoup de temps pour achever ce roman.

Un roman vraiment atypique.

Nous sommes en Afrique post apocalyptique.

Roman fantasy avec de beaux décors en particulier les déserts et une mention particulière pour le peuple rouge qui se déplace avec les tempêtes de sable.



L écriture est belle et poétique. Mais j ai eu du mal avec l ambiance de l histoire. Beaucoup de violence et de colère. Pas de moments d apaisement. Ce qui fait que j ai eu besoin de faire des haltes dans ma lecture. J ai parfois aussi été déboussolée par l usage de la magie et du chamanisme. J ai bien aimé Ue l heroine se change en animal. Mais certains choses m ont bien fait planer.



Qui a peur de la mort ? C est littéralement la signification du prénom d une petite fille dont nous suivons le parcours. Elle est née du viol de sa mère issue d une tribu okeke par un général de la tribu nuru. Ces derniers exterminent les okeke. Destruction et pillage de village, massacre des hommes, viols des femmes qu ils laissent souvent pour mortes. Lecture difficile car cela rappelle des choses vraies.

Pas facile d être une enfant Ewu, née du viol mais notre heroine est forte et déterminée à venger sa mère et à arrêter le massacre des okeke. Surtout qu elle est une sorcière.

Riman initiatique. Fort. Des passages difficiles comme l excision des petites filles.

J ai regretté qu il n y ait pas plus de lumière dans ce roman. C est violent, très violent. La fin a été particulièrement éprouvante. Dommage. Je suis passée un peu à côté.
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La fille aux mains magiques

Nnedi Okorafor nous embarque dans un conte africain plein de poésie. Les éditions ActuSf accompagnent cette magnifique histoire avec de superbes illustrations de Zariel (Benjamin Chaignon), ce qui fait de ce livre un petit bijou !



Chidera est une jeune enfant triste et malheureuse. Coincée dans un quotidien sans saveur et sans amour, Chidera va voir son destin changer par une rencontre avec les esprits de la forêt qui vont lui offrir le pouvoir de la magie du dessin.



Nnedi Okorafor maîtrise le conte et nous immerge totalement dans sa magie. La Fille aux mains magiques est un très court récit plein de poésie et de tendresse que j'ai pris énormément de plaisir à découvrir. Une jolie parenthèse qui transpire le voyage qui fut très agréable et plein de beaux messages !
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Qui a peur de la mort ?

Ouch cette claque !

Dès le début du roman, on sent que ce sera une lecture forte et riche.



Au delà du temps, au delà de la SF, au delà des "genres" de la littérature, je crois que ce livre peut parler à tout le monde et à n'importe qui.



Ce n'est pas une "histoire" comme tant d'autres. Onyesonwu ("Qui a peur de la mort ?" est son prénom en igbo, en fait), Binta, Luyu, Mwita, Fanasi et Diti sont des personnages d'une telle épaisseur qu'on peut les toucher.

Alors qu'ils se "dématérialisent" dans le livre, ils se matérialisent dans notre monde, à croire que "les étendues sauvages", c'est ici... Et dès le départ on est happé...



La profondeur et la puissance d'évocation de Nnedi Okorafor vient vous "ravir" dans tous les sens du terme (chapeau à la traduction aussi, d'ailleurs), et vous embarque dans ce voyage initiatique d'une rare intensité.

Un voyage dur, par temps de génocide, difficile, plein de doutes, de grandes souffrances et de batailles, contre les autres ou contre eux-mêmes, chaque personnage est si humain, on ne peut qu'être touché.



L'auteur explique en postface la naissance du livre, et il est vrai qu'on sent tout au long du livre la vitalité d'Onyesonwu se dégager des pages. Elle est si vivante que c'en est confondant.



La profonde spiritualité, associée à une mythologie riche et bien intégrée par l'auteur, dont elle a peut-être inventé une partie, d'ailleurs, je ne sais pas (Je n'y connais pas grand chose, en mythologie africaine. Si c'est inventé, c'est avec brio.), nous embarquent dans un monde étranger mais pas si étrange, car à peu de choses près, il ressemble au nôtre (quand on est lucide sur sa sauvagerie, en tous les cas, quand on l'a subie, surtout, semble-t-il, après lecture de certains avis mitigés.).



La beauté de la relation entre Mwita et Onyesonwu, qui la "répare" de toutes les souffrances endurées, m'a particulièrement émue, alors que d'habitude je suis hermétique à ça dans les romans. Ici, l'histoire d'amour a une raison d'être on ne peut plus évidente... Sans Mwita, pas d'Onyesonwu... Sans Mwita à ses côté, pas d'histoire, pas d'évolution, pas de croissance possible. Sans Mwita, c'est le désespoir , la souffrance et la mort qui gagnent. Mwita fait partie intégrante du destin d'Onyesonwu. Et ça me touche parce que je le vis chaque jour avec mon homme...



C'est une splendide découverte ! (merci à MauriceAndré, c'est lui qui m'a donné envie de le lire, celui-ci).

Coup de coeur !



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Binti, tome 2

Ayant la chance d’avoir le second tome sous la main, j’ai poursuivi les aventures de Binti. La fin du premier avait été assez abrupte pour moi, je voulais donc savoir ce qui allait se passer. Et j’avoue que je n’ai pas été enchantée par la suite des événements… Trop de redondance, des choix étranges, et encore une fois, il ne se passe pas grand-chose au final. Autant dans le premier tome cela ne m’avait pas gêné, mais ici, je m’attendais à beaucoup plus.



En soi, je pense que la distance que l’auteur a installé entre le lecteur et ses personnages y a beaucoup joué. Je n’ai pas vraiment ressenti d’émotions même si Binti nous parle de ses états d’âme et que son parcours est intéressant (ça je ne peux pas le nier), je n’ai pas ressenti de connexion avec elle. On assiste à la « mort » de nombreux personnages, certains sont blessés grièvement, mais là encore, trop de distance. Cela ne m’a pas ému. Et c’est tout de même dommage surtout quand on sait qui est concerné.



Ensuite comme je l’indiquais, il a trop de redondances et pas assez d’évolution. Autant dans le premier tome, le fait que Binti se cherche, essaye de trouver sa place, je trouvais cela génial. Autant ici… on tourne en rond, elle n’avance pas, ne trouve toujours pas sa place. Et je crois que les choix de l’auteur concernant son héroïne étaient vraiment de trop dans ce second tome. Je veux dire… Binti a déjà trois héritages en elle, ce qui est énorme et difficile à appréhender, sans compter au niveau de la narration, mais là, on lui en rajoute un quatrième. Et pour moi, surtout après l’événement (qui ne m’a fait ni chaud, ni froid) qui se produit, ça a été la goutte d’eau de trop. J’ai perdu tout intérêt à ma lecture ensuite.



On passe d’ailleurs à côté de tout ce que j’attendais : le retour et l’acceptation de Binti, notre héroïne trouvant sa voie, la guerre entre Méduses et Khoush, l’héritage et la rencontre avec les Zinariya… J’ai eu l’impression de revivre le premier tome avec plus de colère et d’intolérance. Binti n’arrive même pas à aller de l’avant et accepter ce qu’elle est devenue. Le nombre de fois où elle crie qu’elle est Himba, alors que cela ne résume pas qui elle est. Cela ne résume d’ailleurs personne. Nous sommes la somme de nos expériences, et pas seulement un individu d’un peuple donné. Mwinyi est clairement ce qui sauve le tout de par sa présence mais aussi sa vision du monde.



Je reste donc dubitative face à cette lecture. Il y a de très bons éléments mais pour moi, le récit n’est pas poussé assez loin. Je suis peut-être aussi passée à côté du message de l’auteur, je ne sais pas. J’ai adoré la partie sur les origines de Binti, le fait qu’elle essaye d’être plus tout en gardant ses racines, mais cela n’aura pas suffi. Dommage.

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Binti, tome 1

Après avoir abandonné plusieurs lectures d'affilée, j'ai passé en revue les livres de ma pàl en me demandant ce qui pourrait venir à bout de cette série de mauvaises pioches.



Je me suis donc décidée pour ce recueil de Nnedi Okorafor qui comprend 3 textes : la novella (Binti, 2015), la nouvelle (Binti : le feu sacré, 2019) et le roman court (Binti : retour, 2017). Je lirai juste après la suite intitulée ‘La masquarade nocturne' (2018).



Dès les premières pages, j'ai été conquise par le personnage de Binti. C'est une jeune fille qui décide de laisser la Terre derrière elle (et donc sa famille et ses traditions) pour rejoindre l'université d'Oomza, « la plus puissante, innovante et étendue de la Voie lactée. » Elle s'y rend pour y étudier les mathématiques.



Elle embarque sur un vaisseau vivant - le « Troisième poisson » - et même si elle est la seule Himba à bord, elle parvient à trouver sa place. Malheureusement, quelques jours avant d'arriver à destination un événement va faire basculer sa vie…



Difficile d'en dire plus sans spoiler. La novella met en place l'univers et nous présente des personnages attachants. J'ai beaucoup aimé Haifa et l'Ourse. Quand Binti parle de mathématiques, cela donne l'impression que c'est quelque chose de poétique et de magique… Rassurez-vous je n'ai pas respiré de fumée toxique, c'est vraiment l'impression que cela donne.



Dans ‘Binti : retour', on accompagne Binti lors de son retour sur Terre un an après son arrivée sur Oomza. Suite à sa transformation, elle ressent le besoin d'un ‘retour aux sources'. Des révélations passionnantes mais aussi des événements qui se précipitent et donc j'enchaîne directement pour connaître la fin de l'histoire.









Challenge ABC 2022-2023

Challenge ATOUT PRIX 2022

Challenge mauvais genres 2022

Challenge plumes féminines 2022

Challenge multi-auteures SFFF 2022
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Qui a peur de la mort ?

Cela faisait un moment que ce roman me faisait de l'oeil et puis je suis tombée dessus à la bibliothèque... je n'ai pas hésité.



Malheureusement, je n'ai pas du tout été convaincue par cette histoire. Je ressors plutôt déçue de cette lecture.



Dans une Afrique post-apocalyptique, nous faisons la connaissance de Onyesonwu. Elle est « ewu », cela signifie qu'elle est née de la violence. Sa mère, une Okeke, a été violée par un Nuru. Onyesonwu va développer des pouvoirs magiques, c'est une sorcière. Avec trois autres filles, elle va subir le Onzième rite et les choses vont prendre une autre dimension…







Cet événement déclencheur n'est (déjà) pas très accrocheur mais ensuite j'ai trouvé l'histoire sans queue ni tête. Et franchement,



Onyesonwu est mal campée (ce n'est que mon avis bien sûr), je n'ai pas pu m'y attacher. Mwita est pour sa part un personnage intéressant. Il aurait voulu être un sorcier mais il n'est « que » guérisseur. Il a beaucoup de mal à l'accepter car selon « la » logique ce sont les femmes qui sont guérisseuses et les hommes qui sont sorciers.



Dans l'ensemble, j'ai trouvé plusieurs aspects essentiels de l'intrigue mal amenés ce qui m'a laissée avec trop d'interrogations. La confrontation finale avec son père biologique est vraiment décevante, comme la fin. Enfin, moi cela ne m'a pas dit grand chose.









Challenge pavés 2018

Challenge plumes féminines 2018

Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (176)

Challenge multi défis 2018 (76)





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The Nsibidi Scripts, tome 1 : Akata Witch

Aujourd’hui au Nigeria, son pays d’origine, Sunny Nwazue est né aux États-Unis. Albinos, le quotidien n’est pas des plus simples et cela ne va pas aller en s’arrangeant quand la jeune fille aura la confirmation de ses pouvoirs, pouvoirs qu’elle devra cacher aux membres de sa famille. Sa rencontre avec Orlu et Chichi va changer sa vie et ses deux nouveaux amis sauront l’accompagner dans la découverte de ce nouveau monde. Nous découvrons à travers ses yeux, un monde de magiciens, un monde de Léopards.



Akata Witch est un roman très immersif et ce fut un véritable voyage dans le folklore nigérian. Cependant, arrivée à la seconde moitié du roman, je me suis ennuyée et j’ai pris sur moi pour le terminer tant je n’arrivais plus à y trouver de l’attrait. Sûrement dû au manque d’action, peut-être à une intrigue bancale et à des personnages finalement peu développés mais Akata Witch m’a plutôt déçue. Pourtant, j’avais vraiment envie de l’aimer. L’école des loisirs est un éditeur que j’apprécie énormément (quel travail sur la couverture, bravo à eux!) et Nnedi Okorafor est une auteure dont j’ai entendu que du bien. J’allais aimer ce roman, j’en étais convaincu et c’est sûrement là le principal souci.



Akata Witch nous offre un décor fantastique avec ce Nigeria mystique ainsi qu’une magie complexe et intéressante. La première moitié du roman est vraiment passionnante à lire et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir Sunny et ses pouvoirs de Léopard. L’univers était plein de promesses et de magie mais l’auteure n’a pas su me captiver jusqu’au bout et j’en suis la première déçue.



Très (trop?) fortement inspiré d’Harry Potter, Akata Witch manque clairement de surprises malgré un univers intéressant et le manque d’action se fait vite sentir. Je ne resterai cependant pas sur un échec et je tenterai, dès que l’occasion se présentera, un autre roman de cette auteure qui j’en suis sure, saura me ravir avec des récits plus « adultes ».
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Qui a peur de la mort ?

Quelque part au Soudan, demain dans un contexte de guerre ethnique entre Nuru et Okeke.

Onyesonwu, dont le prénom signifie littéralement « Qui a peur de la mort ? », est « ewu », une enfant du viol par un Nuru de sa mère Okeke. La fillette porte le stigmate de sa conception sur elle puisqu’elle a la peau et les cheveux clairs. Dans cette société, les ewus sont rejetés car conçus dans la violence, ils seront violents à leur tour.

Onyesonwu surmontera ce rejet grâce à ses amies, à son amoureux Mwita mais surtout en découvrant ses dons de magicienne. Initiée par un maître, on la convainc qu’elle est l’élue qui mettra fin aux massacres entre les deux communautés.

Pour cela, elle doit traverser le désert et affronter son père biologique, général des forces nurues.

Dire que je n’y ai pas trouvé mon compte est un euphémisme. Je suis très déçue.

J’étais contente d’avoir déniché ce roman. Il me permettait de valider un item complexe du Challenge multi défi 2024 : la couverture est un trompe l’œil et m’offrait une perspective de lecture plaisante…

Cela a été agréable au début. J’ai eu plaisir à découvrir l’univers de Onyesonwu, les croyances comme le pouvoir « eshu » de se transformer en un animal ou les mascarades qui sont les manifestations des ancêtres, les violences faites aux femmes : le viol comme arme de guerre, l’excision, le refus de former les filles… et évidemment les violences inter ethniques.

Et puis très vite, dès la partie consacrée à la formation d’Onyesonwu, le récit s’est enlisé. Le côté répétitif des leçons, son caractère et sa violence car oui, c’est une ewu pur jus qu’il ne faut pas contrarier car sa colère a peu de limite… le périple dans le désert qui ressemble presque à une promenade de santé, et enfin le final…

Je me suis en fait ennuyée. Je devais attendre autre chose le roman étant annoncé comme campé dans une Afrique post-apo. De post apo je n’ai rien vu. Quid de l’apocalypse ? Des ordis abandonnés dans une grotte ? Une forêt équatoriale rêvée ?…

Je salue quand même le superbe travail réalisé sur la couverture qui a été la raison de mon choix.

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Binti, tome 2

Que dire de cette lecture sans rien dévoiler ? Il faut dire que les rebondissements et les retournements de situation sont majeurs.



« J’avais dix-sept ans, j’étais la deuxième fille la plus jeune de la famille, reconnue comme la future harmonisatrice de ma communauté. À la place, j’avais choisi de quitter la Terre et d’aller étudier à Oomza, et j’en étais presque morte. Mais j’avais survécu et avais appris tant de choses. »



Le tome précédent s’était achevé sur un cliffhanger. Alors qu’elle avait suivi sa grand-mère dans le désert à la découverte de ses origines, sa famille s’était retrouvée en grave danger. Elle était donc repartie accompagnée de Mwinyi, un jeune homme de son âge.



Les choix de l’auteure pour la suite de cette histoire m’ont un peu laissée dubitative.



Binti semble être la seule à pouvoir mettre fin au conflit entre le peuple d’Okwu et les Khoush. Mais



Quelques questions restent en suspens. L’interview de l’auteure qui suit donne quelques éclaircissements sur certains points mais d’autres restent obscurs.



Dans l’ensemble, un bon moment de lecture.









Challenge mauvais genres 2022

Challenge multi-auteures SFFF 2022
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The Nsibidi Scripts, tome 1 : Akata Witch

[Chronique complète sur le blog].



Nous suivons Sunny, une adolescente de douze ans qui adore jouer au foot mais qui ne peut malheureusement pas souvent s’adonner à sa passion, non seulement parce qu’elle est une fille (et que, par conséquent, rares sont les garçons qui acceptent de jouer avec elle), mais aussi parce qu’elle craint le soleil. En effet, la jeune fille est albinos, ce qui lui vaut des remarques cinglantes d’autres élèves qui ne la considèrent pas comme étant noire.



De plus, elle est née et a vécu aux États-Unis, si bien que cela ne fait qu’ajouter une différence supplémentaire que les autres ont bien du mal à accepter. Pour toutes ces raisons, Sunny est rejetée, voire harcelée, par les élèves de sa classe. Heureusement, elle va se lier l’amitié avec deux autres adolescent·e·s, qui vont lui apprendre qu’elle a des pouvoirs. Ainsi, elle va faire la connaissance de tout un univers caché dont elle ignorait jusqu’à l’existence.



S’inspirant sans doute de la culture nigériane, Nnedi Okorafor a permis la découverte d’un monde magique très développé, auquel je n’ai pas tout compris, pour le moment, mais qui était fascinant. Méconnaissant totalement la littérature des pays africains, j’étais ravie de lire ce roman qui, en plus, était très intéressant.
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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Binti, tome 1

Binti de Nnedi Okorafor est un récit qui surprend par son originalité et par sa plume.



Binti est une jeune fille prometteuse qui aura à choisir entre son envie d'apprendre et d'évoluer et l'endroit où elle est née. Admise dans la prestigieuse universitaire Oomza, Binti va devoir renier la culture de son peuple pour enfin découvrir les autres planètes et s'enrichir. Cependant, dans le vaisseau qui doit l'emmener vers sa nouvelle vie, un massacre va avoir lieu et Binti va tout faire pour sauver sa vie. Elle est la seule survivante.



Le roman commence sur les chapeaux de roue et on est embarqué dans cet univers aux nombreuses promesses et qui promet de l'originalité et de l'action ! Binti est un roman qui a su me charmer. L'autrice nous immerge dans un univers fouillé plein de surprises avec une héroïne attachante et intelligente. Les thématiques présentes dans le roman sont modernes et traitées avec beaucoup de sérieux.



Ma lecture se termine cependant en demi-teinte. Autant le début est engageant, autant le tout s'essouffle assez vite et l'intrigue tourne en rond.... Je garde malgré tout un bon souvenir de ma lecture sans pour autant avoir l'envie de découvrir la suite. Je reste cependant curieuse de découvrir d'autres titres de l'autrice.
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Qui a peur de la mort ?

C'est une chance de lire un tel livre parce qu'il est une rareté.

La couverture est une œuvre en elle-même avec des scènes du roman représentées formant un crâne. Le décor est planté.

Des événements magiques classent ce livre dans la fantasy avec pour cadre, l'Afrique noire, et, dans le contexte, non seulement le racisme entre ethnies mais aussi le rejet des enfants nés du viol.

Parmi toutes les horreurs et les difficultés, nous suivons la vie d'une fille de 11 ans, Onyesonwu, qui donne aussi son nom au roman.

Cette gamine a survécu avec sa mère dans le désert, période peu décrite mais incroyable, et nous suivons leur intégration dans un village favorable, okeke, alors que la menace nuru sourde à quelques semaines de marche.



Avec de tels ingrédients, originaux et d'actualité, on ne saurait se lasser une seconde. Si la tension était entretenue. Pourtant, passés les moments forts du début, l'agression de la mère et l'excision de sa fille, des événements décrits dans l'horreur du détail qui forcent à s'interroger sur le sort des femmes dans bien des contrées, je n'ai pas trouvé l'auteure si habile en noyant son récit dans la crise d'adolescence de son héroïne, parsemant l'histoire de ses colères, de ses jalousies et la rendant souvent antipathique et lassante.



Nonobstant cette réserve, ce roman a des qualités dont le contexte n'est pas des moindres.
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