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Critiques de Paolo Rumiz (156)
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Pô, le roman d'un fleuve

Paolo Rumiz nous emmène pour un voyage sur le Po, fleuve italien oublié par ceux qui vivent sur ces berges. Ce récit est celui d'une aventure, humaine tout d'abord, maillée de rencontres et de confidences, avec les participants, avec les riverains du Po et avec le lecteur, invité lui aussi au voyage. Puis la géographie s'en mêle, celle du fleuve, changeante, suivant les paysages traversés, celle de l'Italie, et de ses régions, le désert rural, la désindustrialisation des villes, le mépris de certains pour le cours d'eau qui coule sous leurs yeux.

Ce texte très littéraire est autant un récit d'aventure qu'un livre d'histoire ou un essai sociologique.

Deuxième lecture pour moi d'un livre de Paolo Rumiz, et il est vrai que j'avais été plus séduite par le précédent, la figure d'Hannibal n'y étant pas pour rien. Cependant, je ne peux que recommander ce livre en cette période estivale propice à l'évasion.
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La légende des montagnes qui naviguent

Une envie de découvrir les Alpes et les Apennins en quelques jours ? Paolo Rumiz emmène le lecteur sur les routes. Par son style d'écriture, c'est comme si on y était. Dans ce récit de voyage, il n'y a certes rien d'extraordinaire mais une succession d'anecdotes riches d'informations : la description de paysages qui donne à voir la diversité de la géographie italienne, des rencontres avec des personnes détaillant la culture d'un territoire et des échanges, sur Otzi, sur les loups, sur la mythologie ou l'automobile. Une lecture agréable qui donne envie de partir sur les routes.
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La légende des montagnes qui naviguent



Homme de voyage, homme de culture, homme de découverte, l'écrivain voyageur triestin décide cette fois de partir à la découverte des Alpes entre Suisse, Italie, Autriche et France. Il roule, marche, fait du vélo, escalade selon les moments. Il recherche les vallées perdues et les hommes qui ont su conserver leur épaisseur en échappant au modernisme forcené. Quelques scènes sont exceptionnelles comme le concert de violoncelle au milieu de la forêt ou la visite du site du Vajont où un glissement de terrain, plutôt le glissement d'un morceaux de montagne dans le lac de retenue causa 1900 morts. Un chapitre un peu décalé est consacré à sa rencontre avec Jorg Haider avec lequel il part en montagne.



Paolo Rumiz recherche ce qui est encore vivant, ce qui va peut être disparaitre, des traces de vie qui s'inscrivent dans l'histoire de l’Europe : les hommes œuvrent de leur main, que ce soit à la tonte des moutons ou au violoncelle et savent raconter des histoires qui remontent à des temps anciens. Il recueille ses traces, il recueille les espoirs que quelque chose d'autre, d'autres valeurs, d'autres intérêts, d'autres priorités, d'autres façons de voir le monde et son rapport au monde subsistent, espérant qu'il en reste une graine qui saura peut être éclore à nouveau. La critique de la folie de mesure du monde, de la rentabilité et du progrès technologique, nouvelles divinités, est toujours présente.



La partie la plus touchante selon moi est la seconde consacrée au territoire inconnu de Appenins, cette longue bande de montagne qui s'étale tout le long de la botte italienne. Au volant d'une Fiat Topolino de 1953 il zigzague dans une Italie des oubliés, loin des métropoles, des plaines et des plages. Il découvre un monde austère et rugueux où vivent des italiens tenaces et résistants, un monde qui se dépeuple et vieillit et où des auxiliaires de vie d'Europe de l'est viennent s'occuper personnes âgés qui restent et une monde où la mémoire d'Hannibal est toujours présente.



Avant il y avait un monde partout avec de l'humanité, des vies souvent dures, aujourd'hui les humains ne veulent plus/ ne peuvent plus y vivre : parce que c'est trop dur, parce que les rendements agricoles ne sont pas assez bons, parce que les jeunes rêvent de la ville, parce que les gouvernements avaient besoin de main d’œuvre pour l'industrie et qu'il fallait forcer les paysans à émigrer, parce que c'est tellement plus facile de rouler sur l'autoroute, de profiter des avantages des plaines, parce que ces paysans âpres, ces maisons sans confort, c'était le passé...



Mais ne pourrait-on pas permettre plus de diversité et n'avoir pas qu'une seule boussole pour nos société, d'être plus attentifs et plus respectueux de la nature.
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Le phare, voyage immobile

Ce récit, assez court, mais plein de poésie et d'information sur les phares et sur la Méditerranée d'aujourd'hui et d'hier est un pur régal ! L'auteur à la bonne idée de ne pas donner le nom de l'ile où il séjourne. Mais avec les indications dont il parsème son texte, on trouve assez facilement ce lieu assez extraordinaire. Pour avoir lu (et apprécié) les livres précédents de Rumiz, son dernier, couronné par le Prix Nicolas Bouvier, me parait être son meilleur !
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Appia

Paolo Rumiz est journaliste, écrivain, mais surtout voyageur devant l'Eternel. Il a déjà bourlingué partout dans le monde, et décide cette fois, avec trois complices, de retrouver la célèbre « via Appia », la première route d'Europe, construite par les Romains il y a 2300 ans, qui part de Rome et descend vers le sud-est pour rejoindre Brindisi, dans les Pouilles.

A 67 ans, sac au dos, il va parcourir à pied ses six cents et quelques kilomètres, en tentant souvent de deviner là où elle se trouvait, car il n'en reste pas grand-chose.

Ce livre est le récit de cette incroyable expédition. J'avais craint une certaine monotonie, une lecture quelque peu ennuyeuse : pas du tout ! Au contraire, je me suis pris au jeu au fil des pages. Car la lecture d'« Appia » est paradoxalement très variée.

Paolo Rumiz est amoureux des vieilles pierres, à l'excès même (pas question de déplacer le moindre pavé retrouvé !) et ce ne sont pas les vestiges de l'époque romaine qui manquent le long du chemin. C'est l'occasion pour lui de râler ferme sur l'incompétence des autorités, leur ignorance de ces trésors, de râler aussi sur les magouilles de la maffia, sur l'indifférence de l'Italien lambda, de râler aussi sur le monde moderne symbolisé par ces diaboliques éoliennes. A chaque étape, Rumiz rencontre Horace, ou Virgile, et c'est parti pour de longues discussions philosophiques, politiques, avec ceux qui font un bout de chemin avec eux, archéologues, amis, ou simples habitants, car le bouche-à-oreille a fonctionné et ils sont nombreux à vouloir saluer ces marcheurs d'un autre temps !

Discussions savantes donc, intellectuelles ? Parfois, mais chaque journée se termine par un repas gargantuesque, et Rumiz est aussi amoureux de la cuisine italienne, qu'il nous décrit toujours avec moult détails. Ces repas sont l'occasion de ressentir cette chaleur humaine qui fait tant défaut aujourd'hui.

J'aurais sans doute pris plus de plaisir encore si j'avais connu cette région, ne fut-ce qu'un peu, mais je n'y ai jamais mis les pieds. Ou si mes souvenirs des poètes latins n'étaient pas aussi lointains…

L'auteur a entrepris cette énorme randonnée pour que d'autres l'imitent. Les cent dernières pages constituent les fiches techniques, précises et commentées, des 29 étapes parcourues. Il n'oublie pas les remerciements, mais de façon très peu classique puisqu'ils s'adressent…à ses pieds !

Un livre qui fait rêver… on en a tant besoin !

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Le phare, voyage immobile

Agréable lecture pour retrouver en quelques évocations éparses le goût du merveilleux dans la nature même, comme, pour seul exemple, le cri collectif des goélands au coucher de soleil... Toutes les descriptions ne sont pas aussi frappantes mais il demeure bien confortable - non sans quelque ambivalence - d'être par procuration ce voyageur immobile, critiquant au passage la société surconsommatrice dont nous ne sommes pas bien convaincus de pouvoir nous émanciper.
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La légende des montagnes qui naviguent

La ligne droite est le plus triste chemin pour aller d'un point à un autre dit un proverbe oriental. En route donc pour un labyrinthe sinusoïdal !



Paolo Rumiz, écrivain, journaliste et voyageur italien, a recueilli dans ce volumineux carnet de notes ses impressions au cours d'un peu plus de trois années (2003-2006) de randonnées dans les Alpes et les Apennins.



La première impression de lecture est que ce pavé est destiné essentiellement aux Italiens, et plus particulièrement ceux de la région de Trieste. Mais, au fur et à mesure des pérégrinations, on réalise que nous sommes là dans une partie de l'Europe qui, loin des centres d'agitation industrielle, conserve des traditions de respect de la nature et de conscience aiguë d'être à un carrefour non seulement de la géographie (Alpes, Balkans, Méditerranée), mais aussi de l'Histoire (César, Napoléon, Hitler) et de cultures (italienne, croate, slovène, suisse, autrichienne,...).



Le rapprochement avec Sur la route du Danube d'Emmanuel Ruben est évident : ici aussi, un voyageur cultivé et curieux va à la rencontre des hommes et femmes du paysage, de ceux qui connaissent la raison d'être de la toponymie locale et de ceux qui défendent bec et ongle la sérénité de leur vallée. Quel plaisir de les suivre dans leurs découvertes, leurs descriptions, explications et anecdotes ! On ressent soudain, à leur côté, combien nous ne sommes finalement que des nomades emprisonnés dans la modernité et on réalise tout ce que nous devons aux voyages, fussent-ils réalisés par procuration.



Vous aussi, enfourchez votre cheval d'acier imaginaire et partez à la rencontre "de braconniers, de poètes-hommes des bois, de sublimes vieillards, de chanteurs d'histoires, de villages fantômes et de momies des glaciers", franchissez les cols, contemplez les monts roses et blancs, surplombez le bassin versant du Danube, creusez des tunnels, allez d'Istrie en Pannonie, revenez vers l'ouest au travers des Dolomites et le Haut-Adige, plongez sur la Suisse et terminez à Nice en passant (à bicyclette) par Barcelonnette.



Qui sait ? Peut-être rencontrerez-vous un de ces sages qui ne mourra pas puisqu'il "naîtra à l'envers" et que son compte/conte à rebours le ramènera au pays de son enfance. Verrez-vous cet ours slovène qui vient chaparder dans les poulaillers sans jamais s'attaquer directement à l'homme ? Irez-vous dans cette vallée qui lutte à main nue contre l'entreprise hydroélectrique nationale ?



Le respect de la nature, cohérent avec l'admiration que lui porte Paolo Rumiz et qu'il nous fait partager, est le fil d'Ariane de ces notes apparemment décousues. Une belle leçon d'écologie appliquée donnée par ce passionnant voyage éclectique, historique, nostalgique et écologique.



Je pensais, sans doute naîvement, que l'autodénigrement était l'apanage des journalistes français, mais Paolo Rumiz s'attaque volontiers aux comportements de ses compatriotes et les Italiens me sont encore plus proches après cette lecture : ils sont, de ce point de vue, nos cousins. Je n'ai regretté que l'absence d'une cartographie sommaire qui aurait aidé le lecteur à mieux situer les vallées visitées. Par ailleurs, je n'ai pas lu la seconde partie, proprement italienne puisqu'elle concerne les Apennins (qu'une personne un peu simple appelait les "Alpes nains"), me réservant le plaisir de pouvoir butiner, de temps à autre, un chapitre ou un autre de ce riche recueil.
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Appia

Je suis perdue et du coup déçue! Il y a trop de noms de villes qui se télescopent. Chronologiquement ces vas-et vient me perturbe. Du coup j'abandonne ma lecture. C'est plutôt rare. J'aime trop Rome pour être déçue davantage. Alors, pourquoi ne pas en faire un ouvrage illustré qui guiderait le lecteur à travers la via Appia?
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La légende des montagnes qui naviguent

Livre profond et vaste qui nous éclaire sur ces régions de l'Europe alpine. Un livre de chevet que l'on peut lire et relire, tant il s'engage sur toutes sortes de thèmes. Un livre qui prend son temps. Livre de géographie politique. Un puissant témoignage écologique. Un cri pour la terre. Un livre de voyage, de rencontres, sous une plume de référence. Un écrivain voyageur de talent que je découvre. Indispensable !')
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Comme des chevaux qui dorment debout

A l’occasion en 2014 des commémorations du début de la guerre de 14 , l’auteur ne constate avec indignation l’oubli des soldats de sa terre natale Trieste qui portèrent l’uniforme austro-hongrois et plus généralement de l’ignorance sur les combats qui se déroulèrent sur les marches de l’Empire contre les Russes. Il part à la recherche des tombes de ces « Caduti » oubliés à travers l’Autriche , l’Ukraine, la Pologne guidé par les témoignages oraux et écrits des combattants. C’est l’occasion pour lui de splendides envolées poétiques sur la beauté de ces paysages ensemencés de morts oubliés et également sur le devenir actuel de l’Europe née des deux conflits mondiaux (il assiste aux évènements en Ukraine sur la place Maydan . Un livre d’une lucidité inquiète , chargé d’émotion et empreint d’un humanisme intransigeant.
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La légende des montagnes qui naviguent

Paolo Rumiz est un journaliste très très passionné engagé et envoûté par son Italie rustique des montagnes qui appartiennent encore ça et là aux montagnards d antan

Un récit captivant et intéressant grâce aux échanges avec des personnes du terroir dotées d une mémoire indélébile

Un chef d œuvre qui atteindra tous ceux qui aiment l Italie et veulent apprendre davantage du suc qui l anime



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Comme des chevaux qui dorment debout

A bord de trains interminables, Paolo Rumiz part pour de nouveaux voyages, une fois de plus aux frontières de l’Europe, dans une vaste réflexion tout autant intime que géopolitique,



Cette fois-ci c'est sur les traces de son grand-père, soldat de la guerre de 14. Italien de Trieste, il vivait dans cette zone de l'Italie qui était en territoire austro-hongrois. Il est donc parti avec l'armée du Kaiser, dans les rangs de laquelle il fut méprisé et bafoué. Quand lui et ses congénères sont rentrés après le conflit, ils ont été considérés comme traîtres par les locaux, et gommés des récits et des livres d’histoire.



Paolo visite ce silence, cette douleur. Il traverse des lieux qui stimulent l'imaginaire, entre rêverie, poésie et souffrance. Chaque anfractuosité du terrain évoque une tranchée, chaque poste suggère un corps enfoui, où les myrtilles et les bouleaux plongent leurs racines dans la chair des soldats tombés au combat. Il va de cimetière en cimetière : là les corps sont honrés, les ennemis réunis, ailleurs c'est l'abandon le plus complet…



L’émotion d’aujourd’hui rappelle les drames de jadis. Elle n’empêche pasune réflexion sur cette Grand Guerre, et plus généralement l’histoire d’un siècle où sont en préparation toutes les dérives nationalistes d’aujourd’hui.
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Pô, le roman d'un fleuve

Depuis toujours « l’enfant amoureux de cartes et d’estampes » que je suis resté aime les récits de voyage . Et tout particulièrement ceux de ces errants pour qui le voyage lui-même est le but. Rumiz est de ceux-là …Dans son récit il descend à la fois le Pô d’aujourd’hui et ses horreurs écologiques , l’Eridan du passé mais aussi tous les autres grands fleuves dont il a arpenté les eaux .Quelle belle écriture aussi , réaliste et poétique , d’aubes frémissantes d’oiseaux aux fantômes de femmes dans l’ombre du soir , et des portraits remarquables de ces « Rois du fleuve »,marginaux magnifiques dévidant leurs histoires au fils d’agapes pantagruéliques . Suivez le courant , embarquez-vous !



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La légende des montagnes qui naviguent

Babelio m’a fait parvenir ce livre au beau titre et à la belle couverture. J’étais attirée par le récit de ce voyage assez extraordinaire que Paolo Rumiz a entrepris, de 8000 km (soit la distance « de l’Atlantique à la Chine », précise-t-il) sur les montagnes des Alpes et des Appenins, traversant plusieurs pays (Suisse, Italie, Autriche, etc.)



« Ce ne fut pas un départ, mais un décollage à la verticale, sur une surface rugueuse et privée d’eau, le long d’une étendue de pierrailles éblouissante, surchargée d’odeurs, qu’on aurait pu croire brûlée à l’acide sulfurique. Nous montâmes avec lenteur, à contrejour, dans une chaleur turque, mais avec le plaisir clandestin d’une aventure à deux pas de chez nous. » Le lecteur chemine alors, à pieds, à vélo, sur les « chemins noirs » aurait dit Sylvain Tesson, des chemins qui mènent vers des villages oubliés, des personnages assez folkloriques, des paysages austères ou luxuriants. Le livre est composé de courts chapitres évoquant à chaque fois une étape du trajet et centré autour d’une anecdote, d’un personnage, d’un lieu et souvent l’occasion d’une réflexion sur les dégâts de notre société sur l’écosystème.



J’aurais aimé aimer ce livre mais la magie du voyage (et pourtant j’apprécie beaucoup les récits de voyage) n’a pas fonctionné, je suis restée en dehors, il a manqué, je crois, une cohérence et un souffle d’ensemble.



Merci quand même à Babelio pour cette découverte !
Lien : https://dautresviesquelamien..
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Le phare, voyage immobile

Reflet de voyages, Paolo Rumiz nous conte ici ses réflexions glanées lors de son séjour dans un phare isolé sur une île déserte en pleine méditerranée...

Je sors un peu déçu de cette lecture, l'auteur n'a pas réussi à me faire rêver autant que je l'espérais, probablement que j'en attendais trop... Le titre évocateur m'avait percuté mais voilà, rendez-vous manqué pour ce voyage immobile...
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Le phare, voyage immobile

Très érudit, plein de métaphores, pas mal d'Histoire et de mythologie. Plein d'anecdotes et de détails géographiques où je n'y comprends goutte, mais où je redécouvre la mer Méditerranée. C'est un récit cadencé, et j'y vois presque de la poésie en prose. moi qui suis peu habituée aux récits de voyage j'y ai quand même trouvé mon compte. J'en ai retiré l'envie d'en savoir plus sur les anaons bretons, les bateaux fantômes et les gardiennes de phare...
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Appia

Paolo Rumiz, né en 1947 à Trieste, est un journaliste et écrivain voyageur italien. Envoyé spécial au journal Il Piccolo de Trieste, puis à la rédaction de La Repubblica, il couvre en 1986 les événements de la zone balkanique. Pendant la dissolution de la Yougoslavie, il suit en première ligne le conflit de la Croatie puis celui de Bosnie-Herzégovine. En novembre 2001 il est à Islamabad puis à Kaboul, pour couvrir l'attaque des Etats-Unis en Afghanistan. En tant qu'écrivain voyageur, Paolo Rumiz a parcouru de nombreux pays, notamment le long des frontières de la communauté européenne.

Appia (2019) qui vient d’être réédité en poche est un récit du voyage effectué en 2015 pour parcourir dans son intégralité la fameuse via Appia, une voie romaine de près de 600 km de longueur, partant de Rome, longeant la côte tyrrhénienne, traversant les terres de la Campanie et de la Basilicate pour terminer dans les Pouilles. Construite en 312 av. J.-C. à l'initiative d'Appius Claudius Caecus, elle joignait à l'origine Rome à Capoue, puis fut prolongée jusqu'à Brindisi, comme le résume Wikipédia.

Pourquoi cette randonnée de vingt-neuf jours ? Parce que Paolo Ramuz n’est pas qu’un écrivain baladeur, c’est un homme animé d’une forte conscience politique et sociale et cette route concentre tout ce qui l’agace et l’énerve dans cette Italie d’aujourd’hui et même ce monde moderne. Il s’indigne du sort réservé à cette voie qui fût un magnifique ouvrage reliant Rome au sud du pays, une formidable trace du talent des hommes pour l’imaginer en prévision des conséquences économiques qui en découleraient et de l’incroyable somme d’efforts pour la construire. Or, aujourd’hui, plus personne ne s’en souvient, la route elle-même a quasiment disparu par la faillite des institutions et des politiques, la spéculation immobilière, le béton qui recouvre tout… Alors ce voyage sera « une reconquête des espaces perdus, un manifeste destiné à revendiquer une Italie accessible » car « en tant qu’Italien, je souffre mille morts en voyant à quel point on répudie le passé dans mon pays ».

Rumiz partira avec trois autres compagnons ayant chacun une spécialité (pro de la randonnée, grand connaisseur des cartes etc.) et au fil des étapes, d’autres les rejoindront temporairement. Avec cet écrivain, l’excursion est toujours très cultivée (Horace…), l’Histoire fournit mille détails pointus, la géographie n’en manque pas non plus, de Rome à Brindisi les paysages évoluent et tout du long, si tous ceux qu’ils croisent s’étonnent de les voir à pied et se méfient souvent, de belles rencontres scandent le parcours émaillé de nourritures simples mais goutues (« Le problème des Pouilles, c’est qu’elles vous rassasient déjà avec les noms de leurs bons petits plats, tant ils sont évocateurs ». Loin des grandes villes l’Italie est un autre pays, le barbier du village est une pièce centrale tout comme le bistro. Plus au sud, la Camorra n’a plus le rôle social qu’elle entretenait jadis.

Excellent bouquin, un récit cultivé et un cri d’indignation pour Paolo Rumiz, un bien beau voyage pour le lecteur.

Les cents dernières pages du livre abandonnent la littérature et reprennent l’ensemble du trajet sous la forme de fiches signalétiques de chacune des vingt-neuf étapes (communes traversées, longueur, altitude etc.) pour faciliter le travail de ceux qui voudraient se lancer dans la même aventure.

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Le fil sans fin

lien infini entre le monachisme des origines et les abbayes bénédictines.

Pleinement européen, Paolo Rumiz s’inquiète des dérives de notre continent.

En Italie, à Norcia, village natal de Saint Benoît, il décide , en compagnie de sa compagne, de chercher , aux quatre coins de l’Europe, le fil conducteur, reliant les monastères actuels aux premiers moines du

moyen âge.

Il entraîne , le. lecteur, dans un voyage de silence et de beauté où est respectée comme dans les temps anciens, la règle d’or : Ora, Labora, prière et labeur, étude et travail.

A l'intérieur de ces forteresses de spiritualité où règnent l'écoute, l’hospitalité, le courage et où la liturgie se répète depuis quinze siècles, l’étranger, l’indigent sont accueillis avec courtoisie et douceur.

Une parenthèse feutrée et harmonieuse loin du bruit et de la fureur.

Un ouvrage cultivé, magnifiquement écrit, une réflexion lumineuse aux confins des racines européennes.
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Le fil sans fin

« L'Europe fout le camp » vitupère interminablement Paolo Rumiz. Pourtant, il est impossible de comprendre avec lui les raisons et la nature même de la soi-disant débandade du continent. L'écrivain voyageur semble peu maitre de son sujet et c'est le seul ressentiment d'un homme du siècle dernier qui s'étale sans fin tout au long de ces interminables pages. L'illumination bénédictine, les brouillonnes et répétitives envolées lyriques ne peuvent en aucun cas faire office de système explicatif.





Rien d'étonnant, le journaliste vedette de « La Repubblica » défend mordicus le tout pour l'Europe, quoi qu'il en coûte, l'Europe pour l'Europe. Sans surprise, il défend l'internationalisme abstrait au prétexte qu'ils aurait permis de maintenir une paix apparente depuis plus de plus de soixante-dix ans. le qualificatif « apparent » est d'ailleurs emprunté à Paolo Rumiz lui-même. le reporter en ex-Yougoslavie, en Ukraine, aux « frontières du continent » ne peut en effet ignorer ni le rôle de l'Europe dans les conflits, ni les détestables politiques migratoires de l'Union. « Cependant, si on veut bien l'écouter et contre toute attente, L'esprit du continent est pour lui le naufragé sauvé, le dialogue, la rencontre. Jamais, le deuxième millénaire, pense-t-il, n'a produit une plus haute expression symphonique d'une communauté de nations que l'Europe unie, malgré tous ses défauts. » Comprenne qui pourra. Mais il fait ici, il est vrai, référence, pas à l'Union existante, mais à l'antienne européenne des institutions enfin réformées. « Il voudrait, nous dit-il, hurler que l'Union est en train de tomber dans un piège tendu par d'autres [contre] le dernier bastion de la démocratie. Contre l'Europe des règles, de la pitié et de l'hospitalité, qui résiste à l'annihilation de l'homme. » Là encore, Paolo Rumiz ne manque pas de nous surprendre. Il semble dresser le rempart d'une Europe non démocratique, d'une Europe impuissante à endiguer les extrêmes et parangon de la politique sécuritaire aux frontières de l'espace Schengen, contre les montées de l'intolérance et de l'exclusion. La souveraineté populaire pourtant ne fait sens depuis toujours que dans un périmètre d'une communauté nécessairement bornée. Les communautés religieuses, dont il est tant question dans « le Fil sans fin », sont de ce point de vue d'excellents exemples. « Dans chaque monastère, nous dit l'auteur, la règle impose à l'abbé d'écouter tout le monde avant de prendre la moindre décision. Un régime parlementaire parfait, ajoute-t-il, placé sous le signe de l'anti-centralisme. » L'Europe actuelle, nous semble-t-il, n'est pas une identité en soi, elle n'est que le produit de composition des effets de blocs hégémoniques de divers pays européens pour sanctuariser les principes néolibéraux à un niveau définitivement hors de portée de la vox populi. L'internationalisme abstrait de l'auteur pactisant avec le néolibéralisme sous prétexte d'accomplir le dépassement post national, avec ses effets d'éloignement et de déshumanisation, est aujourd'hui le meilleur soutient des nationalistes les plus étroits. Ces derniers sont en effet, croyons-nous, les produits de la désespérante dépression austéritaire et de la scandaleuse dépossession de la souveraineté, c'est-à-dire l'expression même de la politique européenne présente.





Ce qui peut être reproché à Paolo Rumiz dans son livre, c'est de ne jamais lier son discours sur l'Europe et les difficultés de l'Union à rien de fondamental, de ne pas apercevoir les conséquences de son positionnement, de s'en tenir à un humaniste déclamatoire sans suite et à des positions morales surplombantes. L'auteur parait tantôt ne pas voir, tantôt ne vouloir rien dire quand bien même il a un peu vu. Il s'agit sans doute pour lui de parler haut pour ne rien dévoiler, d'échapper au réel en se laissant plonger dans le monde enchanté des songes où l'on est dispensé de poser la question des causes comme des conditions de possibilité de ce qu'on veut pour l'Europe avec la certitude ainsi que rien ne sera modifié. C'est sans doute le dévoilement qui lui est insupportable et qui, au-delà de l'argumentation, lui pose problème. Nous ne saurons donc jamais ce qui à ses yeux rendrait son sens à la Communauté, ferait reculer le racisme et la xénophobie, disparaître « le problème » des migrants. Paolo Rumiz est plus disert cependant quant à ses motivations propres à défendre le tout pour l'Europe, quoi qu'il en coûte, l'Europe pour l'Europe. Il veut maintenir un rapport de force avec le restant du monde. Il parait croire encore à l'ignoble rengaine du peuple européen abandonné à la sélection naturelle et au choc des civilisations. Il dessine ainsi la carte de l'Europe encerclée : « Au Nord, les flatteries de Poutine. A l'est le foyer jamais éteint des Balkans et de l'Ukraine, les barbelés, les nationalismes ethniques, les objectifs de la Chine. A l'Ouest, les taxes de Trump, l'automutilation du Brexit, la Catalogne. Au sud, la mer des naufragés, l'islamisme violent, les dictatures, la guerre, les bombardements de civiles. » « Je voudrais hurler, dit-il, que l'Union est en train de tomber dans un piège tendu par d'autres. Par une coalitions allant de Zuckerberg au Kremlin et englobant les ennemis du pape François. » Et un peu plus loin, il ajoute à propos de deux abbayes (Pannonhalma et Montecassino) : « de même que la seconde a subi la destruction par les Sarrasins puis par les forces alliées combattant les Allemands, la première a vécu pour sa part l'invasion turque et l'invasion soviétique. Mais par rapport à Montecassino, il y a quelque chose de plus : le syndrome du Limes, de la frontière. L'ancrage de la foi vécu comme pourrait le vivre une sentinelle, contre les hordes arrivant de l'Orient. » Nous tournons quelques pages et il est question cette fois d'un officier hongrois interrogé par des journalistes : « (…) prise du soupçon – parfaitement fondé – que les « invasions barbares » pourraient recommencer, une journaliste autrichienne a demandé : « Mais maintenant qui contrôlera les arrivants ? » » Il serait aisé de multiplier à l'infini les citations sur « les fondements de la culture chrétienne devenus délictueux » (p.18), sur « les pays anciennement communiste de l'Union qui dicteront l'ordre du jour politique. » (p.138), sur le terrorisme djihadiste qui se frotte les mains : « Grand et miséricordieux Allah, que pourrais-tu demander de plus ? » (p.196), sur « la civitas de plus en plus menacée par l'invasion du matérialisme. » (p.219), sur « la puissance allemande qui a évité la révolution mais produit une guerre mondiale » (p.222), sur la centralité des Apennins où « Nulle part ailleurs la perception du christianisme ne coïncide aussi parfaitement avec la topographie et la géologie » (p.256), etc.





Mais Paolo Rumiz, avec « le Fil sans fin », rêve surtout d'un retour aux origines d'un monachisme fantasmé. le journaliste vedette a eu une illumination à la vue de la statue de Saint Benoît, patron de l'Europe : « [Elle lui] disait que l'Europe se portait bien mal (…) qu'à la chute de l'empire romain, c'était justement l'ordre des moines qui avait sauvé l'Europe (…) que les semences de la reconstruction avaient été plantées au plus mauvais moment qui fût pour notre monde, dans un occident caractérisé par la violence, les migrations massives, les guerres, l'anarchie, la ruine urbaine, les banqueroutes. Quelque chose qui ressemblait vaguement à ce que nous connaissons aujourd'hui. » Et il s'esbaudit trois cent pages durant sur « ce que dit la règle qui scande les heures et les répartit méticuleusement entre la prière et l'ouvrage accompli (…) ora et labora, prie et travaille. ». Il croit dur comme fer que « [les moines] étaient parvenus à sauver l'Europe sans armes, par la seule force de leur foi. » Allant d'une abbaye à l'autre, il fantasme un retour vers un état social, politique d'un moyen-âge de pacotille. Il semble méconnaitre complètement les attitudes mentales de cette époque et leur incidence sur la vie monacale. Qu'elles sont-elles ? Ce monde féodal était tout entier dominé par l'habitude du pillage et par les nécessités de l'oblation. Une intense circulation de dons et de contre-dons, de prestations cérémonielles et sacralisées, parcourait d'un bout à l'autre le corps social tout entier ; ces offrandes procuraient aux hommes les avantages qui leur paraissaient les plus précieux, la faveur des forces obscures qui leur semblaient régir l'univers. Dans cette société toute redevance, toute prestation que le paysan ne pouvait différer devait être compensée par les largesses de ceux qui les recevaient. Nul riche ne pouvait alors fermer sa porte aux solliciteurs, renvoyer les affamés. Les moines organisaient, comme les autres nantis, un service de la « porte » dont le rôle était de normaliser cette redistribution parmi les pauvres. Cet office de redistribution, que circonscrivaient avec soin les règlements économiques des établissements monastiques, certes jouait un rôle non négligeable mais il demeurait cependant secondaire en regard d'une exigence primordiale, celle de célébrer dans le luxe le plus éclatant l'office divin. Si les communautés de moines imposaient, par une exigence de rigueur acétique, le travail manuel à leurs membres, il était véritablement effectif que pour ceux qui, recrutés parmi les rustres, ne pouvaient participer pleinement à l'office liturgique. le labeur et la condition matérielle de ces « convers » étaient semblables à ceux des paysans. Un grand nombre des moines cependant étaient de purs consommateurs. Voilà en premier lieu, rapidement, ce qui en était de la soi-disant générosité et du travail du moine dont on nous rabat les oreilles. L'Europe de ce temps-là était fascinée par les souvenirs de la civilisation antique, dont les formes matérielles n'avaient pas été entièrement détruites et dont elle s'efforçait de réemployer, tant bien que mal, très localement, les débris. Parmi les propagateurs du modèle romain les moines jouaient un rôle considérable mais dispersé. Et si « (…) l'Europe n'avait pas encore de frontière nationales », c'est qu'elle en était empêchée par le fief, la principauté… Voilà en second lieu, tout aussi succinctement, qui renseigne les motivations bénédictines de pacification et d'élargissement. Il semble donc que les illuminations réactionnaires de Paolo Rumiz ne se vérifient ni dans le passé, ni même dans le présent de ses nombreuses visites tant chaque abbaye aujourd'hui parait marquée par son caractère national et son repli sur soi. Les tentatives tout à fait marginales et soporifiques de l'auteur de constituer des isolats dans un environnement entièrement matériel ; de modifier localement les modes de vie alors que les individus sont entièrement tournés vers eux-mêmes, nous le savons, sont vouées à l'échec. Les réformistes ignorants généralement l'apprennent à leurs dépens mais toujours un peu tard.

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Aux frontières de l'Europe

Un mois, pour faire 6000 kms et traverser dix pays, c’est finalement très peu mais Rumiz – avec sa compagne Monika Bulaj dans le triple rôle de photographe, interprète et intervieweuse (on peut retrouver quelques unes de ses photos sur son site) – réussit à en tirer un récit de voyage où s’enchaînent les curiosités historiques et géographiques ainsi que les rencontres humaines.

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