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Critiques de Pascal Picq (114)
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La marche : Sauver le nomade qui est en nous

«Pour beaucoup, la marche n'est rien pour la pensée, mais pour les plus grands, elle a édifié leur pensée.»



Je remarque ce livre grâce à une critique alléchante sur ce site, et du coup, je me l'offre. Je trouve que le titre est très représentatif et mon regard est attiré par la quatrième de couverture. Elle est symbolique, colorée et attrayante.



«Le bipède a besoin de marcher, et de parler pour penser, pour créer.»



Passionnant, Innovateur, Pragmatique



Préface : «Je marche, dont je suis.»



Pascal Pick est un paléoanthropologue, il aborde l'origine de la marche ainsi que plusieurs thèmes. Selon ses propos, la marche peut être en danger. Elle est pourtant essentielle à l'individu.



Définition de paléoanthropologie : C'est une discipline scientifique qui se concentre sur l'évolution de l'Homme, donc sur les différentes étapes évolutives qui ont mené à l'apparition de l'Homme moderne Homo sapiens.



«Moi, je suis venu à pied, tout doucement, sans presser, à pied, à pied.»



Je trouve que le livre est bien documenté et structuré. Je constate que les sujets sont bien amenés et les notions décrites sont bien respectées. C'est un ouvrage à la fois intéressant et pertinent pour le lecteur. Au cours du livre, il cite beaucoup les penseurs et les philosophes d'autrefois. Il mentionne également d'autres livres qui traitent sur le sujet, alors si on veut, on peut se documenter à nouveau. Il y ajoute aussi des études, des faits qui captent l'attention du lecteur.

On découvre effectivement la marche sous un autre angle et c'est un outil aussi pour élargir ses connaissances. Je conseille aussi d'avoir un dictionnaire à la portée, car il utilise fréquemment un jargon professionnel.



«Il faut marcher pour penser les chemins de l'humanité : tel est le propre de l'Homme. »



Pour terminer, on se rend compte que la marche fait partie de notre histoire. Elle est toujours présente au coeur de notre quotidien. L'auteur parvient à te faire réfléchir et tu y amènes tes réflexions. C'est une lecture captivante même si je ne saisis pas tout, je retiens les notions importantes, qui m'intéressent. Je me pose alors une question, est-ce que c'est vrai que la marche peut être en péril à cause de notre ère technologique ?



Voilà, ce livre, je confirme que c'est une bonne lecture, où l'auteur accompli tout un travail. Je trouve que pour un lecteur, on trouve ici une lecture pour satisfaire notre curiosité et bien plus !

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Premiers hommes

Pascal Picq est paléoanthropologue, et, comme souvent les chercheurs brillants, nous invite à vivre sur la terre quand il n’y avait pas encore d’Homo , il y avait des singes.

Le regrettable, dit Picq, c’est que tout en sachant que l’homme descend du singe, nous avons une profonde allergie contre ces derniers, à l’instar de Lady Worcester, contemporaine de Darwin : « Ainsi l’homme descendrait du singe. Pourvu que ce ne soit pas vrai. Mais si cela devait être, prions pour que cela ne se sache pas ». ….



Pour nous connaître vraiment, dit Pascal Picq, il faut au contraire se pencher sur les millions et millions d’années, pendant lesquels les singes, ou hominoïdes, ont évolué.



40 millions d’années : la vision des couleurs surtout chez les femelles, permettent de repérer les fruits succulents, de cultiver le gout et d’aguerrir la main. Il fait chaud sur la terre, couverte d’arbres et remplie d’eau. Attention cependant à ne pas croquer la pomme !



34 millions d’années : catastrophe planétaire : c’est la Grande Coupure, la glaciation, et bientôt, des millions d’années plus tard, l’apparition des grands singes anthropoïdes modernes, en Afrique, là où subsistent les forêts subtropicales humides. Ils sont des centaines d’espèces différents, se déplacent de branche en branche, ce qui suppose une image mentale à trois dimensions. L’origine de la conscience.



1,8 millions d’année, le genre Homo erectus apparaît en Afrique, plutôt à l’ouest (fossile retrouvé du jeune Toumaï ) qu’à l’Est (Lucy) comme on l’a longtemps cru. Il a été le fruit de toute une évolution, la croissance du cerveau, la bipédie, la vie sociale enfin la cuisson des aliments.



Si l’on étudie les intrigues et les jeux sociaux des chimpanzés actuels, on découvre que bagarres, fourberies, comme tendre la main pour se réconcilier, et en profiter pour donner une bonne raclée, violences et meurtres, vont de pair avec l’empathie, l’épouillage, le partage de nourriture, les aides diverses, la capacité à se représenter l’état d’esprit de son voisin. L’homme actuel n’a rien à leur envier. L’autre espèce de chimpanzés actuels, ce sont les bonobos, qui règlent leurs conflits en faisant l’amour.



Je n’ai bien entendu pas tout compris de la masse scientifique accumulée dans Premiers hommes, Pascal Picq récapitulant les recherches de fossiles depuis que Boucher de Perthes ait découvert en 1840 dans les environs d’Abbeville des ossements / outils prouvant la préhistoire, puis un siècle plus tard, les découvertes au Kenya du couple Leakey, fondant la paléoanthropologie africaine.



Car son livre est à la fois réservé à des scientifiques, et, à la fois, il résume heureusement en langage clair l’essentiel ce qui s’est passé sur la terre avant l’homo erectus, élargissant son propos par ce qui a été dit sur les singes, Darwin, Diderot « parles et je te baptise » citant Du Chaillu, explorateur dont les récits de la rencontre entre aventuriers et gorilles a inspiré les cinéastes de King Kong.

Livre complet, donc, et ouvert aux futures découvertes de fossiles préhistoriques, comme en Asie par exemple.

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Et l'évolution créa la femme

Et l’évolution créa la femme Pascal Picq



Comme la question de l’asservissement des femmes par les hommes se posait à la lecture de ses 2 premiers livres « Premiers hommes » et « Sapiens face à Sapiens » Pascal Picq , après reprise des thèmes de notre évolution soit à partir de la lignée chimpanzés, qui pratiquent la torture, la violence, et les viols collectifs, ou à partir de la lignée bonobos, qui règlent les conflits avec le sexe, revient sur les origines de l’homme. Ce qui revient à opposer la vision de Hobbes, l’homme est un loup pour l’homme, à la vision de Rousseau.

Auparavant, Pascal Picq tient à dénoncer l’idéologie au cours des siècles d’histoire, en particulier de la Belle Epoque, tendant à figer les femmes en objets de maison, et la projection de cette idéologie sur le paléolithique ( les hommes trainant leurs femelles par les cheveux, et les hommes, les vrais, allant à la chasse au mammouth tendis que les femmes attendaient dans la grotte avec les enfants. Aucun fondement scientifique, dit l’auteur)



Quels sont les changements entre les grands singes et les hommes ? la taille du cerveau, rendant l’accouchement beaucoup plus difficile et demandant l’aide d’autres femmes, la crainte du sang menstruel, symbole de mort ( tabou toujours présent dans les barbecues et le fait que ce soient les hommes qui coupent la viande)et incapacitant les femmes à certaines périodes, au passage leur interdisant de manger de la viande donc de les fragiliser ,enfin, les enfants, que les femmes nourrissent, périodes pendant lesquelles elles ne peuvent chasser.



Question : pouvoir chasser implique-t-il ne pas prendre un nourrisson dans ses bras ? non., nous dit PP .

Ce que nous imaginons des hommes préhistoriques, ne vient elle pas d’une contre-projection du « modèle de pavillon de banlieue » confinant les femmes dans un territoire délimité et protégé ?



Il semblerait que chez les Néanderthaliens, aucune discrimination liée au sexe ne soit perçue. Les femmes chassaient-elles comme les hommes ? On n’en sait rien, dit Pascal Picq, qui dira cette phrase plusieurs fois dans son livre.

La coercition sexuelle semblerait tout de même être le triste apanage des Sapiens, sauf qu’existent toujours de nos jours des sociétés matriarcales, matrilocales un peu bonoboénnes.



Paléoanthropologue, Pascal Picq se demande d’abord si les sociétés vouées au culte de la mère, avec les Vénus callipyges, les déesses-mères ont vraiment existé avant de céder la place à la coercition masculine qui « a inventé les moyens les plus vicieux pour entraver, dévaloriser et même interdire aux femmes de pratiquer la chasse avec les mêmes moyens que les hommes » ?

Réponse : Si un anthropologue du futur entrait dans une église avec, côte à côte, une Vierge Marie et un Jésus cloué sur la croix, il pourrait croire à un vieux culte matriarcal qui vénère la maternité et sacrifie les hommes adultes.



Voilà pourquoi, aux questions : comment ? à quel moment ? pourquoi ? la coercition masculine exercée contre les femmes est elle de l’ordre de la nature, ou de la culture ? Est elle universelle, alors qu’existent dans différentes sociétés, toujours à l’heure actuelle, des matriarcats, héritiers des bonobos ?



Rarement un livre aussi documenté, aussi savant, avec un glossaire ( ouf) à la fin, donnera aussi peu de réponses à toutes les questions qui se posent quant au passé des Sapiens. Mais, voilà, dire je ne sais pas est la preuve de l’intelligence d’un chercheur qui sait que la science évolue constamment.

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Et l'évolution créa la femme

Une promesse séduisante, Pascal Picq, paléoanthropologue — spécialiste de l’évolution de la lignée humaine — propose de remonter très loin dans le passé, d’étudier aussi la branche des hominidés qui regroupe les orangs-outans, les chimpanzés, les gorilles et les hommes pour mieux comprendre l’origine de la domination masculine. Hélas, la conclusion est qu’on ne sait pas vraiment d’où elle vient, que pourtant, il y avait d’autres possibles. D’autres possibles, certes, mais à l’exception des bonobos, les hominidés mâles ont tendance à maltraiter leurs femelles.

Malheureusement, à l’exception de deux ou trois choses, telles que le biais cognitif des premiers chercheurs au XIXe siècle, ou les différences entre l’homme et les autres hominidés actuels, ce livre n’apporte pas grand-chose. Il est surtout la constatation qu’en fait, on ne sait pas, on ne comprend pas.

De plus, il faut garder un dictionnaire à portée de main, quand, comme moi, on n’est pas spécialiste.

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Sapiens face à Sapiens : La splendide et trag..



Nous sommes tous nés en Afrique, la terre est peuplée d’une seule race, avec espèces diverses, comme Néanderthal, Denisoviens, Flores, qui ont disparu, nous le savons tous, pour laisser la place à la seule espèce contemporaine, les Sapiens, nous.



Une seule race, une seule espèce.



Pascal Picq nous avait, dans « Premiers hommes » décrit comment au cours des millénaires, les singes, puis les grands singes, puis les australopithèques avaient peuplé l ‘Afrique.

Les premiers hommes, ou différents « homo » dorment non plus dans les arbres, mais dans des entrées de caverne bien protégées, ils cuisent la viande ,se chauffent et s’éclairent. Et sans doute ils entourent leurs morts de rites funéraires.



Le genre « homo » est né, toujours au long de millénaires, puis apparaît l’Homo Erectus ( non, ce n’est pas ce que croyez) simplement, il a appris…. à devenir prédateur au lieu de se faire manger. Il court, et chasse en épuisant les animaux même énormes, devenant des proies éreintées et stressées, et là, paf, coup fatal.

Avec un biface.



Se basant sur des hypothèses et sur les quelques fossiles dont ceux appelés « acheuléens », car trouvés dans le quartier Saint Acheul à Amiens, mais originaires toujours d’Afrique, le livre « Sapiens face à Sapiens » de Pascal Picq, paléoanthropologue n’est pas vraiment un livre de vulgarisation, aussi j’ai essayé de ne parler que de ce que je comprenais, c’est à dire peu.

Les Néandertaliens se sont répandus depuis l’Europe jusqu’en Sibérie , ont rencontré les Denisoviens, et les Sapiens, il y a eu des amours licites ou probablement illicites, on ne saura jamais qui a commencé mais on sait que nos pathologies actuelles, comme le diabète, maladie de Crohn, obésité ou encore pire pathologies cérébrales comme la schizophrénie … sont un héritage des Néanderthaliens.





Pourquoi n’y a t il plus dans le monde que les Sapiens ?



C’est que nos ancêtres ont été des aventuriers, visitant par delà les mers et les horizons, car « Sapiens marche, navigue et envahit, non sans marquer ses conquêtes en laissant des traces sur les parois des grottes et des falaises » ; notamment des mains , ce qui signifie, ceci est à moi .

Ce sont des conquérants, ces Sapiens, c’est à dire nous, et ils se reproduisent en se métissant, alors que les Néandertaliens appauvrissent leur espèce par la consanguinité.



Notre espèce Homo sapiens, à partir de 43 000 ans, s’impose sur les terres des Néanderthaliens. Ce sont des chasseurs-collecteurs munis d’armes de jet.



Puis, seconde migration, celle qui voit arriver les premiers peuples d’agriculteurs, depuis le Proche-Orient, autrement dit l’âge néolithique, avec la céramique comme nouvelle économie et la sédentarisation.

Le vrai inconvénient de cette révolution, est la domestication des canards et des porcs par les agriculteurs chinois. Les virus de la grippe, d’abord aviaire, se sont adaptés aux cochons puis aux humains. Ces deux souches de la grippe-aviaire et porcine- continuent d’être dévastatrices, comme la grippe de 1918 (le livre a été écrit en 2018)



Enfin, troisième migration, celle des cavaliers qui annoncent l’âge de bronze, venus des steppes et des plaines d’Europe orientale avec le cheval et l’élevage. Malheureusement, la domestication des bœufs et des chevaux entraine l’apparition de la peste, aggravée par l’entrée des chats dans les maisons.



Il y a 10 000 ans, l’humanité invente les divinités et les humanisent, de la même manière qu’elle instaure la domination sur la nature, sur les animaux et de l’homme sur la femme, si l’on peut s’exprimer ainsi. Aux différentes invasions, massacres, sacrifices humains,( qui ont continué à se perpétrer dans les arènes romaines et dans les autodafés de l’inquisition,) les migrations et guerres entre les Sapiens ont été constantes. S’y ajoutent les glaciations, les tsunamis, les éruptions volcaniques. Pourtant nous sommes actuellement dans une longue période interglaciaire peu marquée par les catastrophes naturelles ( en proportion avec avant)



Qu’est ce que l’homme, demande Pascal Picq ? Langage, voyages, arts, empathie, écriture, pour terminer sur une note positive.

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De Darwin à Lévi-Strauss : L'homme et la divers..

Je ne m'attendais pas de la part de Pascal Picq à autant de polémique. Et c'est tant mieux. Cette nouvelle facette de l'auteur me ravit. Comme quoi les paléoanthropologues ne sont pas toujours perdus dans leurs fossiles.

Après une mise en perspective des expériences de Darwin et Lévi-Strauss, il reprend brièvement l'histoire géologique et écologique de la Terre, avec au bout du chemin de l'évolution, l'apparition de Sapiens. Il nous explique que déjà à son époque, Darwin avait perçu le désastre écologique qui nous attendait. Renforcé par le travail de Lévi-Strauss sur l'élimination des peuples autochtones les uns après les autres, absorbés par le mode de vie occidental. Il nous fait revivre le monde de Darwin avec la première révolution industrielle. Le contexte est bien posé.

Passé l'histoire des hominoïdes et des premiers temps de l'Holocène, il en vient à notre époque et c'est là que le discours change résolument de ton. A partir de la deuxième partie « L'inconscience de l'évolution », il énumère tout ce qui « ne va pas » et explique pourquoi nous courrons au désastre. Je ne reviendrait pas sur ces différents éléments, qui nous ont été rappelés à longueur de journée lors de la COP 26. Et encore, ce livre a été écrit en 2015. Le temps passe mais les idées restent les mêmes et toujours aussi difficiles à appliquer.

C'est écrit simplement avec bien sûr quelques références scientifiques, que je trouve abordables.

En résumé, un bon ouvrage de vulgarisation scientifique sur l'évolution de la vie sur terre et ce qu'elle devient.

Encore une fois, nous ne pourrons pas dire que nous n'étions pas prévenus !
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Le nouvel âge de l'humanité



Livre lu dans le cadre de Masse Critique. Je remercie Babelio de m'avoir sélectionnée, ainsi que Allary-Éditions pour leur envoi et leur sympathique message.

J'étais ravie de découvrir ce titre dans la liste. J'avais écouté peu de temps auparavant l'auteur Pascal Picq en parler sur France Info et son propos m'avait incitée à le lire. C'est aujourd'hui chose faite.



Pour ce qui est de la structure, l'auteur ne part pas sur un essai classique comme pour ses précédents ouvrages. Il opte pour un dialogue avec Adama, jeune lycéenne de Terminale, en Afrique. J'ai trouvé à cette forme deux aspects très positifs. D'une part, il en ressort un caractère pédagogique indéniable, d'où une grande accessibilité du livre. D'autre part, il offre une vision non occidentale sur des thèmes qui restent, il faut bien le dire, majoritairement issus de pays occidentaux. La discussion Adama-Pascal Picq ouvre ainsi d'autres axes de réflexion et une vision critique plus ouverte des projets trans- ou posthumanistes.



Et justement, ce sont là les sujets traités. Humanisme, humanité augmentée, transhumanisme, posthumanisme, intelligences artificielles, ... Autant de termes qu'on entend ou voit de plus en plus dans les médias, avec tous les débats que cela peut supposer. Et sans forcément être au clair de ce qu'il y a derrière les mots.



Paléoanthropologue évolutionniste, Pascal Picq se propose de clarifier tout ça. Il débute par un retour sur l'histoire de l'humanité, de son évolution et des coévolution qui l'ont également déterminée. Partie fort intéressante qui permet de refaire le point sur des connaissances souvent oubliées (c'était mon cas tout du moins) afin de pleinement mesurer les impacts des projets et des réalisations espérées des transhumanistes.



Comme dans transhumanisme et posthumanisme il y a le terme humanisme, l'auteur se fait fort dans une seconde partie de rappeler en quoi consiste ce concept né dans l'Europe de la Renaissance et comment il a évolué avec les siècles jusqu'à apparaître dans les concepts cités ci-dessus. On s'aperçoit alors très vite qu'il n'existe pas un seul et même type d'humanisme mais, dès les Lumières, une scission entre les tenants de la pensée, qui éprouvent méfiance voire mépris vis-à-vis des sciences et techniques (branche francophone) et les partisans de celles-ci en soutien à des projets idéologiques (branche anglo-saxonne). Cette dissension se retrouve toujours aujourd'hui avec une plus grande frilosité en France pour tout ce qui est intelligence artificielle, connectivité des objets, etc.



Ces deux parties conduisent en toute fluidité vers la définition des courants transhumanistes, comment sont-ils nés, quand et quels en sont les "pères fondateurs" théoriques avant que la révolution numérique de ces dernières années offre des possibilités de réalisation toujours plus accrues. Ces projets vont de l'amélioration de l'être humain à l'éradication de la mort, en passant par de nouveaux systèmes de procréation avec utérus artificiel, le téléchargement de l'esprit humain dans des programmes informatiques et/ou des supports humanoïdes robotisés, etc. Les exemples fournis par l'auteur donnent le tournis tant ils bouleversent de façon radicale le concept même d'humanité et ce que les transhumanistes considèrent comme les contraintes de la condition humaine à repousser voire à dépasser. Là, Pascal Picq aborde également la question de l'éthique de tels projets car une chose est de pouvoir faire, une autre est de s'interroger avant sur le bien-fondé et les conséquences. Il semblerait que pour les tenants d'un nouvel âge de l'humanité ces questions appartiennent à de vieux concepts de morale qui ne devraient plus avoir cours.



Sans être moralisateur ni partisan du "c'était mieux avant", le paleoanthropologue attire l'attention du lecteur sur les conséquences possibles de ce nouveau stade évolutif - si tant est qu'on puisse encore parler d'évolution. Il est important de prendre conscience des impacts non seulement pour l'Homme mais également sur tout l'environnement qui est déjà bien dégradé.



D'où des espérances transhumanistes envers la conquête spatiale et l'installation de cette H+ comme ils nomment l'humanité augmentée, sur d'autres planètes. De quoi s'interroger sur le devenir de l'espace mis en coupe réglée par des Hommes toujours plus voraces en matières premières.



J'ai trouvé cet essai infiniment passionnant à lire. Le ton ne sombre jamais dans un négativisme complet, pas plus que dans un enthousiasme exacerbé. Pascal Picq m'a permis de mieux poser les tenants et les aboutissants des trans- et posthumanismes, de mieux comprendre et appréhender les concepts. Très marquant et doté d'une abondante bibliographie, l'essai invite à d'ultérieures recherches et à réfléchir plus avant sur le devenir de l'Homme. Ses références à des oeuvres fictionnelles - romans ou films de science-fiction - offrent une ouverture supplémentaire sur le sujet.

C'est donc, à mes yeux, un ouvrage fondamental que je relirai tout ou partie pour encore mieux m'imprégner des questions qu'ils posent.

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S'adapter ou périr

Pascal Picq nous rappelle la fragilité de notre condition humaine, à la merci d'un virus. Il croise plusieurs domaines de connaissances comme l'économie, l'écologie, l'anthropologie, les sciences sociales… pour nous démontrer que nous devons absolument prendre conscience que nous formons avec l'écosystème terrestre un ensemble. Nous ne pouvons pas agir uniquement en raisonnant en termes de profits au détriment d'une prise en compte de la nature. Il nous ramène également à Darwin à travers la théorie de l'évolution qu'il développe longuement en l'adaptant à d'autres domaines. Il parle également d'une société « évolutionnaire », dans laquelle nous sommes obligés de s'adapter en tenant compte des progrès techniques mais aussi des changements climatiques, écologiques, sociaux…

Les questions sont bien posées. Les réponses sont souvent claires et détaillées mais j'ai eu parfois du mal à le suivre dans certaines notions économiques. Ils s'appuie par ailleurs sur moult références.

Un petit livre efficace et utile pour comprendre notre crise actuelle.
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Sapiens face à Sapiens : La splendide et trag..

Lire de la paléoanthropologie me réconcilie avec l'univers. Cela me resitue dans une histoire, celle de mon espèce. Je ne suis d'ailleurs que le produit de cette espèce. Alors, il est possible de relativiser ce qui m'arrive, positif comme négatif. Savoir qu'il y a 200 000 ans, des Homo Sapiens se baladaient déjà sur la terre me rassure. Bien sûr leur culture était différente de la mienne, mais ils avaient déjà une connaissance, une conscience d'eux-mêmes, une représentation du monde et du cosmos. Ces gens, ont certainement ressenti ce que je ressens actuellement face à ma condition d'humain. Encore plus proche de nous, au néolithique, avec la naissance des empires, les guerres, les rivalités, le travail, la civilisation… Bien que les conditions de vie se soient largement améliorées pour une bonne partie, mais une partie seulement, de l'humanité, j'ai le sentiment que rien n'a vraiment changé. Nos excès, nos déviances, nos manquements éthiques sont toujours là, amplifiés par la technologie. Et puis, si l'on considère bien les choses d'un point de vue anthropologique, notre XXIe siècle bien commencé s'inscrit dans la droite ligne des millénaires qui nous ont précédés. Il y a toujours des chasseurs cueilleurs, relégués aux confins de l'écoumène, mais enfin, ils sont toujours là, même acculturés. Notre réchauffement climatique, bien que fortement amplifié par nos activités, s'inscrit dans une époque interglaciaire, celle qui a favorisé notre expansion. Les progrès techniques se poursuivent d'une manière démentielle, notre environnement ne cesse d'être malmené par nos activités, la biodiversité se poursuit, depuis l'extinction de la mégafaune par nos ancêtres...

Alors, le livre de Pascal Picq vient brasser un peu toutes ces notions. C'est un peu brouillon et parfois mal présenté. Et c'est même parfois assez compliqué et on s'y perd un peu. Mais il nous fait revivre notre histoire, nous, représentants de la lignée humaine. J'aime assez ses digressions, ses points de vue, montrant qu'il se démarque parfois du consensus avec ses collègues. Mais j'aime encore plus son regard distancié sur l'Homme et notre société actuelle, sa méfiance vis à vis de nos progrès. Il finit son livre en parlant du transhumanisme. Maintenant notre destinée, s'affranchit de plus en plus de la nature. Quel avenir choisirons-nous  pour nos descendants ?
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Premiers hommes

Pascal Picq nous retrace avec brio l'histoire de nos origines. Depuis celle des grands singes avec lesquels nous avons une parenté commune, puis insistant ensuite sur la grande diversité des Australopithèques et enfin détaillant plus longuement la vie du premier Homo à avoir véritablement apporté les changements qui nous détermineront quelques centaines de milliers d'années plus tard, Homo Erectus. C'est écrit dans une langue simple. Tous les termes spécifiques sont expliqués. Il s'agit d'un ouvrage de vulgarisation accessible à tous, pour peu qu'on s'intéresse à ce sujet.

Ça me procure toujours une étrange émotion de parcourir l'histoire humaine. Cela permet en effet de nous penser, nous les Sapiens, sur une autre échelle. Celle des temps géologiques. Cela me ramène immanquablement au fait que nous ne sommes que la suite de cette histoire et que nous aurons vraisemblablement disparu dans quelques centaines de milliers d'années. Cela relativise énormément toutes nos actions, nos pensées et en fait, tout ce que nous sommes. C'est à dire pas grand-chose. Il conviendrait d'en tirer une certaine humilité. Par ailleurs, nous sommes indissociables du milieu qui nous a vus naître et que nous saccageons au mépris de toute intelligence. Nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. La Terre s'en remettra certainement, pas nous !
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Une époque formidable

Un grand merci à l'équipe Babelio et à l'opération Masse Critique de Septembre, ainsi qu'aux éditions L'Aube pour m'avoir permis de découvrir les entretiens de Denis Lafay.

Je suis un peu honteuse d'avouer que je n'ai pas terminé ce livre. Je n'y arrive pas ! Pourtant le sujet me semblait intéressant : les initiatives, les pistes à suivre, les avis pour vivre notre époque...

En général, j'aime lire de temps en temps des livres qui nous permettent de nous remettre en cause et de réfléchir à notre vie. Cette fois ci, cela n'a pas été le cas.

Je vais tenter d'expliquer pourquoi.



Une préface de Pierre Rabhi. Cette lecture commence décidément très bien car j'apprécie énormément cet auteur, cet homme, cet humaniste.



J'avais décidé de poser sur papier ma critique entretien après entretien.



1- Entretien avec Abdénour Aïnséba.

Chef d'entreprise, républicain avant tout, Européen et musulman.

Ce 1er entretien m'a paru par moment difficile à suivre, par le vocabulaire employé. J'ai cependant suivant les idées.

Ma 1ère réaction a été que l'idée de M. Aïnséba est relativement utopique. Mais après réflexion, et même si je ne suis pas d'accord avec toutes ses idées, je pense qu'il faut de l'utopie pour changer notre monde occidental, et qu'il suffit parfois de quelques personnes pour faire évoluer les choses. Si tous les patrons d'entreprises pouvaient être comme ce monsieur...



2- Entretien avec Isabelle Autissier

C'est le seul nom dans la liste des intervenants qui me parle !

Le fil rouge de cet entretien est le fait d'entreprendre. Entreprendre un aventure, mais surtout sa propre vie, le tout dans le respect de soi, des autres et de notre environnement.



3- Entretien avec Rober-Pol Druit

Là, j'avoue, j'ai décroché.

Faire un parallèle philophie-attentats islamiques, philosophie-politique, philosophie-entreprise... c'était trop pour moi, trop compliqué à suivre pour la simple lectrice que je suis.



4- Entretien avec Eric Dupond-Moretti

Avocat. La justice de nos jours, ce qu'elle représente et ce qu'elle vaut.

J'avoue, je l'ai lu en diagonale.



Je stoppe ici ma lecture.

En commençant cet ouvrage, je me disais que chaque entretien me permettrait d'avoir une vision différente sur notre monde. Je savais que je ne le lirais pas d'une traite, comme on peut lire un roman. Il faut un temps de réflexion entre chaque entretien.

Mon plus grand reproche à ce livre est la complexité des questions de Denis Lafay et celle des réponses.

Je pense qu'il faut avoir un certain niveau intellectuel que je n'ai pas pour apprécier cette lecture.

Et même si j'aime avoir entre les mains un livre qui me donne matière à réflexion, celui-ci n'en fait pas partie.

Merci quand même à Masse Critique de m'avoir sélectionnée pour ce livre qui me met également face à mes propres limites de lecture.

Je suis sûre, cependant, que certains lecteurs aguerris y trouveront leur bonheur dans la réflexion. Et je suis d'ailleurs curieuse d'en lire les critiques.
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Et l'évolution créa la femme

Pascal Picq a pour objectif de faire le ménage entre les propositions nées de nos idéologies patriarcales, marxistes ou féministes ou encore de dépoussiérer nos préjugés nés des vues antagonistes de Rousseau ou de Hobbes.

Il cherche par une analyse structurale et phylogénétique des comportements de notre espèce à trouver l'origine, les origines de la coercition exercée par les hommes sur les femmes.

Il est parfois difficile de tirer des conclusions claires de l'étude tant elle se veut à la fois authentique (ne reculant pas devant les contradictions) et exhaustive de la connaissance (psychologique, sociologique, anthropologique et bien d'autres logiques encore) de l'homme et de la femme et de leur rapports.

J'ai pourtant glaner ici et là quelques assertions éclairantes:

1. L'évolution fonctionnent avec deux mécanismes la diversification et la sélection naturelle

2. L'investissement dans l'éducation des petits induit la coercition des femmes

3. Contrairement à la plupart des singes, les grands singes sont majoritairement des sociétés patrilocales avec une coercition plus forte

4. Les sapiens sont l'espèce la plus coercitive envers les femmes

5. Avec l'apparition de la sphère privée, la coercition des femmes par son conjoint a encore gagné en intensité

6. Le féminicide est propre à l'espèce humaine

7. Dans toutes les sociétés les femmes ont un prix (échanges culturels ou commerciaux, lignée, dot…)

8. La coercition ne commence pas avec la division des tâches

9. la rivalité des hommes pour l'accès aux femmes reste la 1re cause de la coercition

10. Les populations du sud de l'Europe conservent une idéologie masculine plus marquée

Conclusion : Heureusement que les Bonobos sont là pour nous montrer le bon exemple !!
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Darwin et l'évolution expliqués à nos petits-enfa..

Sous la forme d’un échange ludique à base de questions et réponses d’un enfant à un scientifique, le thème de l’évolution est abordé sous tous ses aspects : les différentes théories qui se sont affrontées, la conceptualisation de la sélection naturelle par Charles Darwin après son célèbre voyage au 19ème Siècle, puis les répercussions de cette théorie sur l’histoire de la vie sur Terre et l’intérêt pour l’humanité de la comprendre dans toute sa complexité pour le bien des générations futures.
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Le nouvel âge de l'humanité

Pascal Picq nous présente ses réflexions sur l’avenir de l’homme, sous la forme d’un dialogue (imaginaire) avec une lycéenne africaine.

Bon, dis comme ça, ça ne dit pas grand-chose, ni du livre, ni du sujet.

Plutôt que l’avenir de l’homme (de l’humanité, hein…), il faudrait plutôt dire LES avenirs. Les avenirs possibles. Et ces avenirs possibles sont envisagés au regard du passé et du présent, qui portent déjà en eux les prémices du futur.



On parle là d’humanisme, de transhumanisme, de post humanisme, en tant qu’évolution des hommes. Je ne vais pas expliquer ici ces notions, elles sont bien trop complexes pour que je sois capable de résumer le propos. Sachez que ce sont des théories qui englobent l’eugénisme (par élimination ou par sélection), la maîtrise de fin de vie, l’homme augmenté, les robots (de l’algorithme à l’androïde), les sciences cognitives, la natalité, la vie éternelle, le mind uploading (téléchargement de l’esprit), etc.



Pascal Picq est paléoanthropologue. C’est un spécialiste de l’homme et de son évolution, au sein de l’environnement. Au gré de ses explications, il évoque par exemple le Darwinisme, en nous expliquant des différences subtiles mais importantes sur certaines théories qui s’y rattachent, en fonction des pays, des cultures concernées. La pensée humaniste n’est pas la même dans les pays anglo-saxons et en France. Cela implique des choix de société différents et des vues différentes sur les questions d’eugénisme par exemple. Cet éclairage est intéressant.



Nous serions dans une nouvelle phase d’évolution, favorisée par l’âge du numérique. Tout ce qui est dit là est vertigineux. En deux décennies, les sociétés sont bouleversées par la généralisation de l’outil numérique. Effrayant. Mais passé ce malaise, on comprend que le numérique n’est qu’un outil et que son utilisation, bonne ou mauvaise, résultera des choix qu feront les hommes, en fonction de leurs histoires, de leurs cultures, de leurs politiques, de leurs réflexions. Et c’est bien pour cela que ces sujets sont essentiels.



Si le ton semble parfois pessimiste, voire catastrophiste à l’abord de certains sujets (effondrement des sociétés dues au vieillissement des populations, désastres écologistes, régressions du QI…), il redevient toujours plus optimiste en replaçant ces sujets dans le cadre le l’évolution : l’homme est capable de trouver des solutions à tous ces problèmes, à toutes ces questions et il les trouvera (sûrement).



Dans ce livre, le choix du dialogue est bienvenu, il permet de structurer les idées, de les exposer de manière bien plus vivante que par un simple exposé. Dans un souci de vulgarisation évident, tout est très bien expliqué. Cependant, il est fait référence à des théories complexes et nombreuses, qu’il est difficile de garder en tête malgré les explications quand on n’y connaît pas grand-chose. C’est donc un livre exigeant, qui demande à être lu à tête reposée.

Il y a quelques répétitions sur certains points, peut-être de ceux que Pascal Picq considère les plus importants, pas de quoi gâcher l’ensemble qui reste très dense et intéressant.



Ce livre m’a donné envie de parler des sujets abordés, de me renseigner et d’en apprendre plus. Il m’a semblé essentiel, pour ma vision du monde et de son avenir.



Merci à babelio d’organiser masse critique et à Allary éditions d’y participer.


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Sapiens face à Sapiens : La splendide et trag..

Nous avons tous en commun le rêve de connaître nos origines. Comment la vie a-t-elle évoluée à partir d’une bactérie primitive jusqu’à l’homme ? Cette préoccupation est très ancienne (Aristote) mais elle ne devient une science qu’à partir du XIXe siècle avec les travaux de Jean-Baptiste de Lamarck, et de Charles Darwin, précédés de peu par la découverte en 1856 du premier homme fossile, l’homme de Néandertal. L’un des premiers livres que j’ai lus sur ce sujet est « L’origine de l’Homme » de Mikhail Neskourk, un savant russe « académique » qui n’hésitait pas à citer Lénine pour étayer ses propos. Depuis ce livre publié en 1958, les connaissances dans ce domaine ont fait des progrès fulgurants. À l’époque il était impensable de prétendre que l’homme de Néandertal était apparu après l’Homo sapiens, comme si l’ordre d’apparition présupposait une certaine supériorité du dernier venu sur le précédent.



 Cette science qui étudie l’évolution humaine depuis les primates jusqu’à l’homme moderne est la paléoanthropologie. Le terme paléoanthropologie a été créé en 1885 par le médecin et anthropologue français Paul Topinard (1830-1911). Avec Yves Coppens (le co-découvreur de Lucy), Pascal Picq est l’un des paléoanthropologues français les plus médiatisés. Il était l’un des invités de la Grande Librairie diffusée le 27 novembre 2019 sur France 5, un spécial « Sauvons la planète ». Au cours de cette émission, Pascal Picq a évoqué l’avenir de l’humanité en expliquant que la survie de celle-ci va dépendre de la capacité de l’homme à inventer les adaptations à un monde qu’il a contribué à modifier.



 Son livre : « Sapiens face à Sapiens » paru fin 2019 fait suite à son ouvrage « Premiers hommes » (2016) qui raconte comment l’homme, en interaction permanente avec la nature, a progressivement transformé la planète au cours d’une « coévolution » avec son environnement. Ce deuxième opus revisite l’histoire de nos origines à la lumière des dernières découvertes notamment en matière d’analyse génétique. Il s’interroge sur le devenir de l’humanité aujourd’hui confrontée aux conséquences de trois grands bouleversements : le développement du smartphone, l’urbanisation de la majorité de l’humanité et enfin l’émergence de l’intelligence artificielle basée sur l’exploitation d’une matière première croissant de façon exponentielle, les données.



 Il insiste sur la plasticité de l’homme capable de s’adapter biologiquement et culturellement à des conditions de vie très différentes. Mais si ses actions et la pensée de l’homme transforment le monde, celui-ci doit se montrer capable de mesurer les conséquences néfastes de ses interventions sous peine d’être le responsable de sa propre disparition.



 Pascal Picq souligne le fait que les études comparées en éthologie montrent que les sociétés pratiquant « la solidarité, la coopération et l’altruisme s’adaptent mieux et résistent mieux aux périodes de crise ».



 Cet ouvrage m’a permis de mettre à jour mes quelques connaissances sur l’origine de l’homme et son évolution. On sait désormais que Sapiens n’est pas la seule espèce humaine et qu’elle a été en concurrence avec d’autres lignées : Neandertal, Denisova, Florès, Luzon, Naledi. Contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, les hommes de Neandertal n’étaient pas des hommes arriérés inférieurs au Sapiens. Le volume de leur cerveau (1500-1700 cm3) était considérablement plus important que celui de l’homme actuel (1340 cm3). Des croisements ont eu lieu avec Sapiens, ce qui explique que l’on retrouve aujourd’hui des gênes de Neandertal dans l’homme moderne. Ces deux lignées ont un ancêtre commun, mais il n’est pas identifié à ce jour. Depuis 2018 on a la preuve que les Sapiens ont des origines africaines (500 000 ans) et qu’il n’y a pas trace de la présence de Neandertal en Afrique.



 Concernant la colonisation des deux Amériques, l’auteur défend l’hypothèse que le détroit de Béring n’est pas le seul passage et que la navigation à partir de l’Europe ou de l’Australie dès 50 000 ans a. v. — J. C. est tout à fait plausible.



 La dernière partie du livre « L’axialisation du monde » évoque des concepts plus spéculatifs et donc plus ardus à comprendre, mais reste intéressante.



 En conclusion, Pascal Picq considère que l’évolution de l’humanité ne doit pas être regardée comme une marche linéaire vers un progrès absolu, mais comme le résultat d’une coévolution de l’homme avec son environnement. Les choix des modes de développement économique des pays riches commencent à se traduire par des déséquilibres visibles. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, Sapiens est menacé par sa propre évolution, victime de son succès : la fertilité masculine s’est effondrée depuis 60 ans, car les spermatozoïdes sont très sensibles aux facteurs environnementaux. Le développement du numérique a des effets délétères sur les libertés individuelles et a des impacts sur les relations sociales, l’activité physique, la créativité, la mémorisation… Une partie de l’humanité s’isole dans son confort et cesse d’être active intellectuellement et physiquement. Cette déliquescence se manifeste au détriment des catégories sociales situées au plus près des moyens de production (les travailleurs pauvres). Ceci explique la raison pour laquelle aujourd’hui les inégalités s’accentuent. Notre modèle économique est remis en question.



« Aujourd’hui, un grand débat occupe le monde économique et social, et il divise celles et ceux qui prétendent qu’il faut continuer comme avant - la preuve, quel succès ! - et celles et ceux qui plaident pour un changement de paradigme et, par-delà, pour dépasser les oppositions idéologiques du XXe siècle. » (page 309)



 Sapiens est face à lui-même et seul responsable de son avenir.



 Un ouvrage qui fait le point des connaissances sur ce que l’on sait aujourd’hui concernant les origines de l’homme et qui aborde sans tabous les perspectives d’évolution avec une vision humaniste.



 Un regret cependant, la mauvaise qualité de l’impression des cartes qui rend leur lecture assez pénible.



Bibliographie :



- « Sapiens face à Sapiens, la splendide et tragique histoire de l’humanité », Pascal Picq, Flammarion (2019), 309 pages.



- « Premiers hommes », Pascal Picq, Flammarion, collection Champs histoire (2018), 339 pages.



Vocabulaire : (définitions données d’après Wikipédia)



Altricialité : Ce terme définit le degré et la vitesse de maturation d’un cerveau animal au cours de son développement. L’être humain est caractérisé par une altricialité primaire puisque le nouveau-né n’est pas immédiatement compétent et a besoin de son entourage, son cerveau n’atteignant que 25 % de sa taille adulte, mais aussi par une altricialité secondaire, c’est-à-dire que la croissance du cerveau s’effectue essentiellement après la naissance.



Coévolution : En biologie, la coévolution décrit les transformations qui se produisent au cours de l’évolution entre deux espèces (coévolution par paire) ou plus de deux espèces (coévolution diffuse) à la suite de leurs influences réciproques.



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Qu'est-ce que l'humain ?



Les éditions de vulgarisation scientifique Le pommier et Universcience éditions se sont unies pour nous offrir ce recueil de trois conférences données à la Cité des Sciences, par deux scientifiques, un neurologue et un paléoanthropologue et un philosophe sur une question essentielle : qu’est ce qui définit l'être humain.



Pour Didier Vincent , ce qui différencie l’homme c’est le langage et le sexe.

Pascal Picq retrace d’abord l’histoire de l’anthropologie issue de l'étude de la préhistoire, passe en revue certaines pratiques l’interdit sexuel, la vie sociale, la chasse et le partage de la nourriture….Puis il s’intéresse lui aussi au langage. Je ne résiste pas au plaisir de vous relater une expérience avec la chimpanzé Sarah qui communiquait avec le langage des signes. On lui donna une série de photos d’humains et chimpanzés qu’elle connaissait, en lui demandant de séparer humain et chimpanzés. Ce qu’elle fit sans problème mais en se rangeant parmi les humains. Un détail qui m’a étonnée, Pascal Picq précise que parmi les chimpanzés il y avait son père, mais un singe a t il la possibilité de savoir qui est son père ?

Quant à l'exposé de Serres, je n’en ai pas vu le fil directeur.



Alors maintenant après avoir vu la nature et la culture est-ce que je sais ce qu’est l’Homme. Non pas vraiment.



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La plus belle histoire des animaux

Sous la forme d'entretiens avec trois spécialistes de la question animale, tour à tour, un préhistorien, un ethnologue et un neuropsychiatre et éthologue lui-aussi, menés par une journaliste et écrivain, passionnée des relations de l'homme à la nature, ce livre nous emporte à la découverte de notre humanité, ou du moins de ce qui la définissait et de ce qui nous en reste.

Le résumer est chose difficile : sinon qu'il crie des évidences : notre sort et celui du monde qui nous entoure et du monde animal en particulier ont toujours été intimement liés et aujourd'hui plus que jamais et qu'il est grand temps, sinon urgent de réviser notre relation avec le monde animal, nos frères en animalité même, osons dire, au nom de notre humanité justement, au nom de la dignité humaine.

Trois entretiens donc, trois parties.

La première raconte l'aventure animale et humaine depuis l'aube des espèces, Celle-ci a pu paraître rébarbative à certains, c'est dommage car c'est tout à fait passionnant, en particulier de comprendre comment et pourquoi s'opèrent les sélections et les mutations et de voir tout ce que nous partageons avec l'animal, de voir à quel point la nature qui n'est pas figée est astucieuse.

La deuxième partie, non moins passionnante, raconte l'histoire de la domestication. La première, avec le loup, premier compagnon de l'homme à la chasse, et comment le chien a pris sa place, celle du bombyx du mûrier, totalement dépendant de l'homme « le jour où l'exploitation de la soie naturelle n'intéressera plus l'homme, cette espèce disparaîtra dans les quelques jours qui suivront »... et bien d'autres, m'ont étonnée. Mais encore tellement d'autres considérations captivantes, telle la frontière ténue entre la domesticité et l'état sauvage ou les transformations anatomiques et physiologiques voire comportementales de l'animal du fait de la domestication... les conséquences environnementales, mais pas seulement, d'une domestication mal maîtrisée.. bref, une somme d'informations bigrement intéressantes et surprenantes dans ce chapitre.

La troisième partie aborde l'ultime question à laquelle ce chapitre nous conduit, et que, par paresse, j'extrais du prologue de Karine Lou Matignon : « Si preuve est donc faite que les bêtes ne sont plus des machines et que nous ne sommes pas les élus que nous pensions être, est-il acceptable de continuer à les exploiter ? Allons-nous inventer d'autres formes de relations avec eux pour les années et les siècles à venir sans pour autant confondre l'animal avec l'homme ? » et in fine, celle de notre place dans la nature et de notre humanité.
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S'adapter ou périr

Quels enseignements peut-on tirer de la crise sanitaire actuelle ?

Pascal Picq, paléoanthropologue, spécialiste de l'évolution de la lignée humaine nous livre ses réflexions autour d'un dialogue avec Denis Lafay.



Pascal Picq décortique la théorie de l'évolution, le capitalisme, et la science face à cet évènement planétaire qui contraint chaque organisme, chaque système à s'adapter.

Cette situation fait surgir une prise de conscience : celle de notre vulnérabilité et de notre responsabilité nous contraignant à réfléchir aux conséquences de nos actions, et à réduire l'écart entre la conscience et l'action.



Une écriture fluide et une réflexion documentée.

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Le sexe, l'homme et l'évolution

Devrait être mis sur la liste des livres à lire ....des lycéens....pour commencer, de tous c'est certain, cela rendrait service à beaucoup.

L'orientation, l'attachement, la fidélité, et tous les thèmes de la vie érotique sont abordés clairement et scientifiquement, ce n'est pas incompatible. Qu'est ce qui est humain, ou nous différencie des animaux dans notre sexualité....pas grand chose ?...Somme nous si différents de nos lointain ancêtre?....Pourquoi une sexualité? elle nous fait évolué ou c'est nous qui la faisons évoluer? A moins que la faisant régresser....nous régressons nous aussi...
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Les origines de l'homme : L'odyssée de l'espèce

Même si l'ouvrage n'est plus tout récent, il offre une très intéressante rétrospective sur l'histoire de l'animal bizarre que nous sommes...

Un très bon ouvrage de vulgarisation qui, une fois refermé, nous place à notre juste place dans l'histoire de l'Univers et cela donne le vertige, surtout quand il nous dit que notre existence tient surtout au hasard!

Pascal Picq, en vrai scientifique, nous dit aussi que la paléo-anthropologie continue à s'enrichir, notamment grâce aux découvertes en génétique des populations et en biologie moléculaire.

Passionnant !!!
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