AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pascale Kramer (74)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Autopsie d'un père

La quatrième de couverture m'avait convaincue: j'ai donc accepté la réception du roman en échange d'une critique dans le cadre du jeu "Masse critique". Je pensais à une analyse de la société actuelle et à une évocation de ses maux; je pensais à une réflexion sur le monde médiatique et politique mais rien de tel, malheureusement. En lieu et place de ce que je pouvais espérer après lecture de la quatrième de couverture, j'ai lu l'histoire d'une relation plus que déprimante; celle d'une femme avec son père. Et encore, même ici, je n'ai rien compris. Pourquoi Ania s'est-elle détachée de son père? Pour quel(s) raison(s) le fossé s'est-il autant creusé? Qu'est-ce qui explique ce froid? cette absence d'amour? Je n'ai pas saisi.



La maison d'édition interroge de son côté: "Que s'est-il passé pour que ce père en vienne à rétrécir ses vues au point de tremper dans une affaire aussi sordide et de devenir un paria?" Peut-elle me livrer la réponse? C'est que je ne l'ai pas trouvé dans le roman. Je n'ai pas compris, en effet, pourquoi et comment ce père, journaliste de gauche, en est venu à tenir des propos contestables. Pourquoi en est-il venu à soutenir l'indéfendable, l'inexcusable? Qu'est-ce qui explique le basculement, le changement?



Flammarion continue: "En auscultant une France sous tension et au bord de l'explosion, Pascale Kramer nous offre un puissant roman sur le basculement politique et le repli sur soi, qu'elle met en scène de manière intime et collective." Je suis bien navrée de n'avoir rien lu sur ce sujet. J'ai vu, perçu, un décor qui y ressemblait mais ce qui nous était présenté, ce sur quoi insistait davantage l'auteure c'était, je crois, la relation ratée entre un père et sa fille et je n'ai guère apprécié sa manière de nous la raconter. Je me suis sincèrement ennuyée: c'était vide, superficiel, froid. Pas d'analyse, pas d'approfondissement. Rien qu'un récit malmené par une écriture que je n'ai pas appréciée.


Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          61
Les vivants

La lente descente aux enfers d'un jeune couple marqué par la mort brutale de leurs deux enfants. À ce couple, Louise et Vincent, s'adjoignent Benoît, le frère tant aimé de Louise, leur mère, ainsi que les parents de Vincent. Cinq personnes marquées définitivement par ce drame, qui va bousculer les rapports si fragiles qui s'étaient lentement établis entre eux au fil du temps. C'est le portrait d'une désagrégation des êtres, tant physique que morale, que nous brosse avec un réel talent d'écriture Pascale Kramer. Hélas, se sauver par la fuite semble être la recette que l'auteure a trouvée pour clore cette tragédie familiale. Un message fort peu réjouissant…
Commenter  J’apprécie          60
Un homme ébranlé

Un homme ébranlé, Pascale Kramer.



Claude est atteint d’un cancer du poumon. Se sachant condamné, il a refusé les traitements lourds et douloureux et imposé à sa famille cette décision. Tout le monde a déjà accepté cette situation qui sous-entend qu’elle sera de courte durée et que le temps présent n’est qu’un sacrifice inutile.

Simone sa compagne, Cédric (fils d’un premier lit), ne comprennent donc pas que tout à coup, après avoir revu Gaël, un enfant illégitime que Claude a conçu une dizaine d’années plus tôt, le malade décide de se soigner : comment se fait-il que ce gosse qu’il n’a pas élevé et qui l’ignore provoque un tel geste d’amour, une prise de conscience tardive auxquels ni Simone qui partage son quotidien, ni Cédric n’ont eu droit ? Pour Simone, il s’agissait juste « de savoir ce qui le tuerait, et de quelle façon, et quand ? » (P66) quand » le traitement avait juste ajouté le mensonge à l’incertitude de l’attente ».

Le gamin, dix ans, grassouillet, curieux et insolent va déclencher chez Simone une étrange envie d’amour, un retour à l’attention gauche qu’elle lui porte. Pas seulement, il met la maisonnée en émoi quand il fugue, un jour, pour tenter de rejoindre sa mère…



Court roman, ce texte a la particularité de ne pas contenir de dialogues. L’auteur préfère s’attarder sur l’expression physique des personnages et de leurs tourments, sur leurs pensées profondes, intimes. L’atmosphère est lourde, la maladie pesante, les esprits vite irrités et rancuniers. Dans ce huis clos autour du cancer, l’auteur a l’originalité de mettre l’accent sur l’entourage du malade, plutôt que sur le condamné qui « sent parfaitement la mort en lui ». C’est dur, c’est noir, mais et heureusement, c’est très court.



Commenter  J’apprécie          60
Autopsie d'un père

Je remercie Babelio pour la réception de ce livre. Publié chez Flammarion en 2016, ce roman de Pascale Kramer m'a plongée dans une sorte de sidération. Cette autopsie apparait en effet comme un état des lieux, sans la moindre atténuation ou diversion, d'une situation de haine féroce et toujours plus folle en région parisienne.



Gabriel est dans le train en direction de Monceau. Dans la journée, il a reçu aux Épinettes, la visite de sa fille Ania et son petit-fils Théo qu'il n'avait pas revus depuis quatre ans. Ils regagnent Paris dans le même train mais ni lui, ni elle ne le savait. Il les observe sans signaler sa présence. En rentrant chez lui, il consigne dans ses carnets cette rencontre avec sa fille qu'il trouve empâtée et méconnaissable.



Gabriel est un homme de radio qui bénéficiait d'une notoriété certaine jusqu'au jour où "à la demande de l'ensemble de la rédaction" il est exclu de l'antenne. Gabriel avait provoqué un scandale en défendant deux jeunes qui ont massacré un Comorien… L'événement faisait même les gros titres de la presse et Gabriel avait envoyé un exemplaire du journal à sa fille avec le message : "Pour que tu saches" mais elle n'avait pas lu l'article. Ce père qui l'avait méprisée durant toute son adolescence pour ses difficultés scolaires, elle avait cessé de s'y intéresser. Elle vivait en banlieue avec Théo, son fils de six ans, dont le père, un jeune Serbe nommé Novak réapparaissait par intermittence.



Le suicide de Gabriel _dont on ne nous épargne rien_ et les jours qui suivent l'obligent pourtant à s'impliquer. Elle découvre alors Clara, la femme qui vivait avec son père et tout un aréopage qui gravite autour d'elle. Ania la laisse organiser le deuil et l'enterrement, elle semble experte. Le corps est ramené de Monceau aux Épinettes, le jour de l'enterrement est avancé, l'enterrement sera sans cérémonie, le lieu de l'inhumation est modifié au dernier moment, le jour de l'enterrement, une altercation a lieu à la sortie du cimetière, le lendemain la tombe est profanée, la maison des voisins est incendiée.



En somme, du désamour filial à la xénophobie, de la haine à l'extrémisme et à la surenchère de la haine, ce roman laisse bien peu de place à l'empathie. Seule la tendre relation d'Ania avec son fils donne un peu de douceur humaine dans cet univers de brutes : "Assis une jambe repliée sous lui, le petit Théo rêvassait face à la fenêtre. Gabriel le voyait coller son pouce comme pour stopper le défilement du paysage auquel devait se superposer l'ovale de son délicat visage coupé haut et droit par la frange. Le gamin n'avait pas encore remarqué que sa mère pleurait, des larmes rapides qu'elle étalait du bout des doigts. Mais bientôt, il chercha à attirer son attention, effleura la joue mouillée et se retourna pour l'entourer de ses bras, dans un élan tellement concerné, douloureux. Gabriel n'en revenait pas de l'intention et de l'empathie, le gamin lui avait paru emprunté, timide et terne tout à l'heure." (p.11)



Comment Gabriel est-il devenu un extrémiste xénophobe ? Des indices sont présents, épars, incertains. Sans doute serait-il malvenu d'expliquer au risque d'excuser.
Lien : http://www.lirelire.net/2016..
Commenter  J’apprécie          51
Autopsie d'un père

La précision chirurgicale pour l'autopsie de la rupture des liens entre un père et sa fille et plus largement, de la complexité des relations et des comportements humains.



Ce n'est pas la première fois que Pascale Kramer s'attache à disséquer, scalpel à la main, les méandres de la condition humaine. Perspicacité, délicatesse, sensibilité, capacité à transmettre les sentiments, les émotions de ses personnages, parfaite maitrise d'une écriture dense, belle et juste, sont encore une fois au rendez-vous.



Au commencement, étaient... Gabriel, père et homme, historien et journaliste au sommet d'une brillante carrière, et sa fille, Ania, qui ne ressemble pas à ce père prestigieux, ambitieux, sûr de lui. Entre eux, un lien affectif qui ne survivra pas au décès accidentel de l'épouse et mère survenu au début de l'adolescence d'Ania.

Dans autopsie d'un père, sans leçon de morale, sans porter de jugement, Pascale Kramer examine à la loupe la déliquescence des attachements familiaux mis à l'épreuve des revers servis par le destin.

Pour ce roman, Pascale Kramer a fait le choix de points de vue restreints : essentiellement celui, indirect, d'un narrateur extérieur alternant avec celui, intérieur, de la fille, Ania. Deux points de vue privés de dialogues directs, un choix pour souligner, j'imagine, la profondeur de la fracture qui sépare les protagonistes, les non-dits et la surdité qui rongent leurs rapports jusqu'à les rendre quasiment inexistants.



L'auteur laisse une grande liberté d'interprétation à ses lecteurs, quant aux raisons qui ont pu disloquer l'amour filial et séparer durant de longues années un père (qui est avant tout un homme public), d'une fille dans laquelle il ne se reconnait pas. Un peu comme si la nature avait trahi Gabriel en ne lui donnant pas l'enfant qui pouvait être son égal, digne héritière qu'il aurait pu exposer dans ce qui constitue sa vitrine personnelle , là où il affiche ses réussites et sa supériorité. Ania n'est pas en mesure d'être cet objet de fierté pour Gabriel. C'est en tout cas la vision qu'elle semble avoir, et la raison majeure pour laquelle elle fuira son père en se réfugiant dans un internat, peu après la disparition prématurée de sa mère.



L'indifférence teintée de rancune de la fille devenue adulte, le mépris affiché par le père, le silence bilatéral auraient pu perdurer encore longtemps si le père n'avait pas "politico-socialement" gravement dérapé en prenant partie pour des jeunes du village ayant lynché un immigré comorien. Propos tenus publiquement qui vaudront à Gabriel d'être mis au ban par ses pairs, comme d'une grande partie de ses relations et de la population du village où il réside avec sa seconde et jeune épouse, Clara. Désavoué, irrémédiablement atteint dans sa réputation, Gabriel voit se fracasser l'image qu'il donnait de lui-même, chute de son piédestal et réalise brutalement qu'il n'est pas invulnérable. Il se suicide peu de temps après, d'une façon surprenante.

Sa disparition, les funérailles qui s'ensuivent seront, pour Ania, le point de départ d'un retour vers le passé. A cette occasion, elle revient pour la première fois dans la maison de campagne où elle avait grandi. C'est en grande partie à travers ses pensées, ses observations, ses doutes parfois, ses souvenirs rémanents, ses émotions à fleur de peau, le regard que les autres portent sur le disparu, que l'autopsie du père et de l'homme qu'elle ne connait pas va se dérouler. Poussée par la curiosité de -savoir qui était réellement cet homme- (peut-être pour comprendre qui elle est elle-même), Ania partira à la découverte de Gabriel, l'homme dans lequel, quelque part, se trouvait aussi son père.

Le verra-t-elle alors toujours tel qu'il lui apparait à travers le filtre de son seul regard et de ses souvenirs d'enfance ? Son indifférence teintée de rancœur profonde et la distance muette qui lui ont servi de bouclier contre son père depuis tant d'années, seront-elles modifiées au cours de ces retrouvailles posthumes ? Pourquoi cet homme arrogant, sûr de lui, s'est-il donné la mort ? D'où lui venait son cynisme, son amertume, cette ironie blessante, ses postures mégalomaniaques ? Sur quel terreau a pu pousser son intolérance radicale aux évolutions de la société, sa haine et son mépris de -l'Autre- ?



Quoi qu'il en soit, dans "l'autopsie d'un père", il ne faut pas attendre de réponses qui seraient servies sur un plateau. Pascale Kramer ne livre pas de mode d'emploi avec une grille et des cases à cocher. Le lecteur ne peut pas s'affranchir de solliciter sa propre perception des choses, éclairé par ses expériences personnelles. Ce sont, à mon sens, les clés nécessaires pour découvrir ce qu'on peut aussi lire entre les lignes. Néanmoins, l'auteur est un excellent guide qui, tout au long de ce beau sombre roman, avec une subtilité remarquable, sème des indices au cœur des situations, au rythme des ambiances, au gré des circonstances.

Pas de "prêt-à-lire" donc, et c'est tant mieux. La complexité des rapports humains, la fragilité de leurs équilibres, ne se prêtent pas à une analyse standardisée, à l'affirmation d'une unique vérité. Sur le terrain de l'humain et des destins, tout est possible, le meilleur comme le pire, l'imprévisible comme l'inéluctable. Pour autant, on peut gager qu'en toutes circonstances, il est possible de dénicher des raisons aux comportements, aux actes, aux dérives humaines. Pascale Kramer le sait, qui se saisit de l'objet, le couche sur sa table d'examen, allume le scialytique, joue du scalpel et part en quête des causes potentielles. Comme un médecin légiste chargé d'une autopsie.



La dernière page tournée , après avoir parcouru le chemin toxique emprunté par Gabriel, s'être interrogé, sur les raisons possibles du lynchage d'un immigré Comorien, sur les motivations des jeunes coupables, le suicide de Gabriel, le rejet, le mépris, l'incompréhension, la haine aveugle et sourde qui rodent de page en page, le lecteur pourrait, à juste titre, être tenté d'ausculter la société dont il fait partie pour en évaluer l'état de santé. Ou pas...





Sombre, inquiétant, oui ; pour autant, ce dixième roman de Pascale Kramer est encore une fois l'expression d'une grande lucidité, le signe aussi d'un intérêt presque compatissant pour le genre humain, quelles que soient les voies que les individus empruntent, de simples humains dont elle présente des tableaux et des destins réalistes, fussent-ils souvent décourageants, voire même dérangeants. Justement parce qu'ils sont réalistes...

Pour ma part, j'ai encore beaucoup aimé que Pascale Kramer me dérange (pas vraiment car ce fut un plaisir) en me sortant de ma bulle confortable. J'admire encore et toujours la maitrise des thèmes qu'elle choisit de traiter, l’intérêt qu'ils présentent, la richesse de son écriture, ses choix techniques sur le plan de la construction de l'ouvrage, et, bien sûr, ce -je ne sais quoi- qui me laisse à penser qu'on ne peut pas écrire aussi bien, aussi juste, si l'on n'est pas profondément -authentique-.



Je remercie l'équipe de Babelio et les Éditions Flammarion pour m'avoir proposé cette lecture et pour leur confiance.






Lien : http://josy-malet-praud.com
Commenter  J’apprécie          41
Les vivants

Sans doute le plus fort de ses livres ( il m'en manque certes). Kramer atteint un sommet dans l'intenable: comment continuer à vivre après l'innommable, l'inconcevable perte de deux enfants? Le pas de côté par le point de vue du frère est une trouvaille superbe. Les tensions sont menées si loin que c'en devient un objet étrange et envoûtant .

Absolument indispensable.
Commenter  J’apprécie          30
Un homme ébranlé

Kramer conte le cancer.

Je le dis souvent, il est des auteurs comme des gens dans la vie. Les rencontres se font fortuitement, et parfois de manière bienheureuse.

Pascale Kramer m'était inconnue jusqu'à présent. C'est au détour de pérégrinations radiophoniques que j'ai découvert cet auteur qui n'en ait pas à son coup d'essai.

Le sujet " D'un homme ébranlé" c'est celui du cancer, mais pas seulement.

Pour résumer l'histoire en deux mots:

Claude est atteint d'un cancer en phase terminale. Simone l'accompagne avec dignité sur ce bout de chemin qu'il lui reste à faire. Il se trouve que Claude a eu naguère un fils avec une relation adultère, et ce fils débarque pour un court séjour dans la maison de Claude.

On imagine très bien tous les non-dits, les situations embarassantes que peut créer ce genre de situation.

Pascale Kramer ne plonge pas tête la première dans ce qui pourrait être une étude de moeurs banale et formatée.

Son style d'écriture empêche de formuler son récit de manière conventionelle.

Effectivement, l'auteur use d'un style revêche à la facilité, précis, incisif, en deux mots elle porte l'estocade et fait mouche, laissant au lecteur l'éffort de se saisir du récit pour extrapoler les situations et les mettre en scène.

Ici tout est sobre, pas de dialogue, pas de longues descriptions. Une écriture presque ascétique, concise qui néanmoins s'imprime dans l'esprit du lecteur.

Pascale Kramer dépouille l'écriture au point de mettre les sentiments à nu.

Elle visite les émotions humaines exacerbées par la maladie, elle dépeint avec justesse une société peri-urbaine rongée par les cités et la délinquance, tout ceci dans la flamboyance des forsythias.

Elle évoque la fratrie, l'indifférence, la solitude et les regrets.

Il convient de dire que c'est un récit triste, sans concession, aussi froid qu'une radiographie annonçant une mauvaise nouvelle. Car personne n'est dupe, l'injustice de la vie empoignera tous ces destins qui semblent impossibles à être réunis.

Un livre court, coup de poing, qui vaut ce petit éffort qu'il faut faire pour s'en imprégner et le digérer.

Commenter  J’apprécie          30
Un homme ébranlé

Voici un livre qui s'ouvre délicatement sur des odeurs de forsythias et se referme avec précaution sur des odeurs moins légères... de maladie, de médicaments et de défaites. Un homme ébranlé n'est pas un livre doux, c'est un livre qui exprime avec justesse les sentiments qui peuvent chambouler une femme confrontée à la maladie de son époux. Alors, lorsqu'il s'agit pour elle d'accueillir en plus les fruits d'anciens amours regrettés ou de réaliser que les fondements de sa vie sont si fragiles et illusoires, la vie ne devient qu'une attente, une promesse de libération...

Une lecture qui m'a semblée criante de vérité, non consensuelle et d'une force cachée intéressante. L'écriture en est fluide et nette, agréable.

Je pensais lire d'abord Fracas (2007), noté depuis belle lurette... mais c'est avec ce roman que j'ai finalement découvert Pascale Kramer... à suivre, donc.
Lien : http://antigonehc.canalblog...
Commenter  J’apprécie          30
Une famille

Une famille est ma deuxième lecture dans le cadre du coup de cœur des lectrices Femina, une auteure que je ne connaissais pas ! Et pourtant Pascale Kramer a reçu l'an passé le Grand Prix suisse de littérature pour l'ensemble de son œuvre.



C'est l'histoire d'une famille où rien n'est naturel dans les relations fraternelles et filiales. C'est une famille disloquée, qui subit le comportement de Romain le fils aîné, un être pourtant si gentil et généreux mais un être dont la souffrance est plus forte que le reste. A l'occasion de la naissance du deuxième bébé de Lou, l'une des sœurs, la famille se retrouve et découvre que Romain a à nouveau disparu... Pascale Kramer nous livre l'histoire de cette famille en cinq parties, cinq points de vue.



Au fils des pages on se rend compte que finalement, c'est une famille complètement déchirée, qui ne communique que très peu, ou alors deux par deux, jamais tous ensemble. Les informations circulent doucement, ou pas, d'un membre à l'autre. Une famille qui manque d'union, mais une famille qui cherche à émerger. Chacun tente, de son côté d'être heureux, de préserver les autres. Mais ce qui semble être une bonne intention n'est finalement peut-être que le début de secrets, de non-dits, d'incompréhension les uns envers les autres. C'est une famille où l'on n'a pas l'habitude des confidences, de partager ses émotions avec l'autre, on tait ses sentiments, on est pudique, une famille où les liens sont sur le point de rompre.



"Le crâne était à peine couvert d'un duvet transparent, le dessin et la légère dépression de la fontanelle y étaient parfaitement visible. Olivier y apposa sa paume, troublé qu'il soit ainsi donné d'effleurer une âme. Il ne savait nommer l'émotion qu'il ressentait. Ce n'était rien de véritablement agréable, mais d'une telle intensité.  Quelque chose à quoi il ne lui était pas possible de se confronter longtemps et qui lui rendait si impénétrable la patience des mères soumises à ces êtres aveugles, d'une vulnérabilité absolue."



Tour à tour, Olivier le père, Mathilde la petite dernière, Edouard le frère, Danielle la mère, et Lou l'autre sœur vont nous distiller des informations, on va comprendre petit à petit le mal qui ronge Romain, ce membre de la famille qui les unit et les éloigne à la fois. Romain, ce frère, dont l'entrée dans la vie n'a pas été facile, Romain, ce frère si fragile, qui a besoin des autres et qui en même temps les fuit. Romain, ce personnage qui restera un mystère pour tous, sa famille et le lecteur. Romain ce personnage central du roman mais absent à chaque instant.



"En fait Romain avait toujours fait ça, se dit-il : déposer un peu de sa misère auprès de chacun d'eux, juste  ce qu'il les savait capables de supporter sans qu'il ait à subir leur trop grande sollicitude."



Une famille, c'est le roman d'une famille mi-catholique mi-chaotique, une famille qui souffre et qui finalement n'est heureuse que dans l'éloignement, quand les problèmes sont loin des yeux. Cela n'empêche pas les tracas, mais cela permet d'avancer chacun de son côté. Mais Une famille c'est aussi, l'histoire d'une famille qui malgré le nombre de ses membres souffre de solitude. Les amis fuient ce malheur, cela fait peur, on ne sait pas comment aborder une famille qui a ce genre de problèmes, alors on s'en éloigne, involontairement.



"Cela aurait l'occasion de le faire, se dit-elle, se reprochant de ne pas oser, tout comme personne ne s'était jamais autorisé à leur parler de Romain pendant les années où ils avaient été sans nouvelles. Par discrétion, songea-t-elle, les gens nous laissent seuls avec nos malheurs."



Le style et la construction du roman donne de l'ampleur au récit. Il n'y a aucun dialogue, à l'instar de cette famille qui a perdu l'aptitude à communiquer. On a le temps de s'imprégner de l'ambiance, de la tristesse, de l'impuissance de Danielle, Olivier, Edouard, Lou et Mathilde à porter assistance à Romain.



Une famille, c'est un roman que je conseille si vous aimez les histoires de familles dysfonctionnelles, où rien ne coule de source, où la communication n'est pas leur force mais où l'amour est là, indéniablement. Une famille où le bonheur pourrait être présent si l'on prenait les petites joies comme elles viennent et qu'on profitait de chaque instant ; mais où à l'inverse, ce sont les membres qui la composent, qui sont absents de ce bonheur potentiel, à s'inquiéter pour l'un des leurs qui se détruit.



"Nous sommes en train de passer à côté de nos petits-enfants, se dit-elle, nous sommes grands-parents comme nous avons été parents, jamais complètement présents au bonheur."
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
Commenter  J’apprécie          21
Une famille

Pascale Kramer nous raconte dans ce roman l’histoire d’une famille déchirée par le parcours du fils aîné. Alors que Lou, vient d’accoucher de sa seconde fille, tous découvrent que Romain, le fils maudit a encore disparu. Le récit se construit autour de cinq narrateurs, les parents et la fratrie qui donnent chacun leur vision, qui livrent leurs pensées. Olivier, le beau père bousculé dans sa retraite par les évènements. Mathilde, la sœur qui semble vouloir échapper à cette ambiance trop pesante. Édouard qui tient tellement à garder le contact avec son frère. Danielle, la mère empêtrée dans sa culpabilité et Lou, cette jeune maman forte et résignée. Dans cette famille où on a construit sa vie, on cherche à sauver, aider ce fils, ce frère alcoolique malgré tout et peut-être malgré lui.

L’auteur nous offre la peinture d’une famille bourgeoise démunie, déçue, fatiguée face à la déchéance de l’un des leurs. Dans ce microcosme qui vit au rythme des naissances, des retrouvailles, Romain est le personnage central, à la fois si absent et terriblement présent, qui l’a fait basculer hors d’une certaine normalité. Au fil des mauvais souvenirs, des angoisses, que le narrateur égrène se dessine le portrait d’une famille avec ses non-dits, ses secrets, ses rancœurs.

Les personnages sont formidablement vivants dans leur force et leurs failles. L’écriture est concise, précise, l’absence de dialogues donne encore plus d’épaisseur à la vérité de chaque narrateur. C’est une lecture qui vous happe, qui pose des questions sur notre rapport à l’autre. Comment aider et continuer d’aimer quelqu’un qui se détruit ? Comment accepter cette maladie qu’est l’alcoolisme ? Pascal Kramer tisse un récit passionnant comme un canevas où les différentes pièces constituent des tranches de vie qu’elle sait fort bien assembler. J’ai lu ce roman d’une traite et je pense qu’il peut intéresser bien d’autres lecteurs.
Lien : https://valeriehervy.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20
Autopsie d'un père

Je ne suis pas parvenue à pénétrer jusqu'au coeur de ce roman. Je n'ai pas réussi à le trouver alors que je le sentais battre parfois tout près.



Journaliste célèbre, Gabriel se suicide à la suite du scandale qu'il a provoqué en prenant publiquement la défense de deux jeunes blancs assassins d'un Comorien sans-papiers. Sa fille Ania, qui élève seule son fils atteint de surdité, s'était éloignée de cet homme qui ne savait que lui montrer au mieux son indifférence, au pire une condescendance teintée de mépris.

C'est le point de vue de cette jeune femme silencieuse, repliée sur elle-même et sur son fils, qui garde douloureusement les fêlures de son enfance, qui prédomine le plus souvent, laissant les motivations des autres personnages dans une ombre souvent gênante pour la compréhension de la globalité de l'intrigue. Récit et dialogues fusionnent dans une narration "blanche", atone,qui en devient oppressante.

Des rapports père/fille - mère/fils qui semblent au départ être le sujet essentiel, aux rapports sociaux qui restent en filigrane, en passant par la relation à la notoriété, le roman semble courir plusieurs lièvres à la fois et je n'ai pas réussi à discerner un fil qui me permette de les relier de manière convaincante.

C'est un roman que je n'ai en définitive pas vraiment compris.
Commenter  J’apprécie          20
Autopsie d'un père

Babelio m'a souvent fait lire des bouquins qu'à première vue je n'aurais pas choisis. Parfois c'est vraiment génial, parfois au contraire. Autopsie d'un père de Pascale Kramer est un assez bon crû. Mais comme ce roman est le contraire de chaleureux. Et comme il sonne juste, hélas. Gabriel, intellectuel proche de la soixantaine, a pris la défense de deux jeunes hommes qui ont massacré un Comorien sans papiers. Ania, sa fille, qui vient juste de le revoir après des années, apprend qu'il vient de se suicider. Accompagnée de Théo son fils sourd-muet, sept ans, elle fait la connaissance de Clara, la dernière épouse de son père, aux Epinettes, la maison de famille. Le roman ne porte que sur ces quelques jours où le mort habite la demeure, et sur les obsèques.



J'avais très peur d'un regard moralisateur et bien démago vu le parti pris de Gabriel mais c'est loin d'être le fil conducteur du livre. Ce n'en est pas même le thème principal. Comment s'est délité le lien entre le père et la fille, bien avant le sordide? La faute à qui? On n'en saura pas tout mais simplement que le divorce Gabriel-Ania ne datait pas d'hier. Pascale Kramer revient par flashes sur le passé et l'enfance d'Ania, la disparition de sa mère et l'absence de ce père, ou plutôt son indifférence envers cette enfant peu brillante, dans laquelle lui, journaliste très en cour dans les milieux de gauche, ne se reconnaissait pas. Bien peu d'amour au long de cette Autopsie d'un père, et peu de personnnages que l'on se prend à aimer. Du moins fut-ce mon cas. Il reste bien sûr le couple de voisins, qui éleva presque Ania, couple qui vécut lui-même la tragédie de la perte d'un enfant. Jean-Louis et Jacqueline, je me suis pris d'affection pour eux, un sentiment discret comme leur vie. Et le petit Théo, cet enfant du silence, parfois muré parfois vif, que le père, un Serbe un peu intermittent , aime à sa manière un peu intermittente elle aussi.



Court roman de 173pages, Autopsie d'un père est un livre profond, qui remue sans bouleverser tant l'empathie n'a pas été voulue par Pascale Kramer. C'est donc un roman que je qualifierai de dur, de gris. Ce n'en est pas moins un bon roman qui évite le mélo et les leçons. C'est déjà ça. Merci à Babelio pour sa confiance.

Commenter  J’apprécie          20
Autopsie d'un père

Un titre et un résumé prometteurs. C'est ce qui m'a fait accepter ce livre dans le cadre de Masse critique et je remercie les éditions Flammarion pour l'envoi J'avais surement de ce fait, des le départ beaucoup d'attentes D’où certainement ma déception.

Oui je vais le dire dès à présent: le titre et le résumé sont pour moi assez trompeurs. Je m'attendais à une analyse de la société actuelle beaucoup plus poussée, j'espérais un examen minutieux de la relation père/fille, quelque chose qui ressemblerait davantage à une autopsie que ce que nous offre Pascale Kramer.

Parce que, bien que l'auteur nous présente quelques explications et voire plutôt quelques pistes, les raisons profondes de cette distance et ce brusque retour ne sont que très superficiellement abordées et découvertes qu'au cours des discussions avec Clara la belle mère.

Pourtant le thème est puissant, si quotidien et tragiquement douloureux touchant tout le monde. Des non-dits envenimant des relations fragiles , des raisons aisément identifiables comme ici le décès de la mère. Des pistes exploitables et si légèrement traitées.

Ania semble si indifférente à tout ce qui l'entoure que je me suis presque demandé, si l'allusion à ses difficultés d'apprentissage ne cachait quelque chose d'autre, mais non le sujet n'a pas été développé, hormis Théo le petit fils malentendant, ce roman ne traite pas d'autre handicap, au plutôt si , de celui de communiquer. Théo n'entend pas littéralement mais ceux sont les autres qui ont du mal à s'entendre.

Donc plus on avance moins on en sait, en quelque sorte, car de l'homme que fut Gabriel nous n'en découvrirons guère, un journaliste gauchiste passionné, qui va ruiner sa carrière et sa vie pour avoir défendu des meurtriers , oui mais encore ? Un père malheureux d'avoir perdu sa fille et si peu connu son petit fils ? Un homme de conviction qui pour autant se suicide ? mais pourquoi ? Que de questions sans réponses.

Que dire sur l'analyse sociétale à partir du positionnement de Gabriel ? Des répercussions ? De la xénophobie, de la France sous tension au bord de l'explosion ?

j'ai beau chercher je ne trouve rien à dire si se n'est que thème est effleuré tout simplement.

Je vais peut être vous donner à penser que ce je n'ai rien aimé dans ce livre et bien ce n'est pas le cas. La plume de l'auteure est belle même si son style est un peu particulier, puisque dialogues et récits sont très étroitement mêlés Le coté réaliste de l'histoire n'en est que bien rendu, c'est froid, triste comme tout ce qui touche au deuil peut l’être.

Que dire des personnages ? Et bien il est très difficile pour moi d'éprouver de l'empathie pour Gabriel et Ania. Clara est perturbante par son coté je maitrise tout y compris ses émotions. C'est le petit Théo qui m'a le plus touché ,un gamin dont le rêve semblait être de connaitre son grand père

Que dire du final déconcertant ? Il manque des pages c'est pas possible.

Je conclurais donc en disant que je ressors avec un sentiment de manque et de questions restées sans réponses que j'ai déjà abordées mais il m'en reste encore une : que vient faire la disparition du Degas dans cette histoire ?

Oui ce roman était assez curieux avec de nombreux passages descriptifs autour du défunt certaines d'un intérêt discutable ( je pense à l histoire des chaussettes) et d'autres traduisant bien l'ambiance de deuil et je n 'ai pas vraiment tout compris, ce que l'auteur souhaitait vraiment démontrer.
Lien : http://missneferlectures.ekl..
Commenter  J’apprécie          20
Autopsie d'un père



Si la littérature pour mission de jeter le trouble chez le lecteur, « l’autopsie d’un père » joue bien ce rôle.



Gabriel, le père d’Ania, brillant chroniqueur radio, tendance gauche caviar, « homme à femme » (sic p. 97), écrivain narcissique, est devenu un neo-réac, fustigeant le multiculturalisme et défenseur du « repli sur soi ». Au point de prendre parti pour les meurtriers nocturnes d’un Comorien sans-papiers, dans une ratonnade cruelle et gratuite. Quel est donc le parcours de cet « intellectuel » qu’on aperçoit sur le vif dans un court épisode au début du livre ?



Sa fille Ania, entretient avec lui des relations distantes, rebutée dès l’enfance, dit-elle, par son ironie et une suffisance « élitiste » qu’elle vivait mal. Par elle, on apprend la mort du père, socialement rejeté pour ses articles scandaleux et provocateurs. Ania prend dès lors le récit en main, dressant l’autopsie d’un homme viré à droite et qui se compromet avec les violences racistes.



Le livre de Pascale Kramer, qui repose sur le ton neutre d’ Ania, décrit les malaises diffus d’une société contemporaine, - et demeure à mon avis ambigu sur la responsabilité des propos d’un intellectuel.



Par certains côtés, Ania conforte le regard méprisant du père sur la société : elle mène une « vie médiocre », sinon dégradée, socialement et matériellement. C’est le « bas de gamme » du couple, avec négligences et laisser-aller à tous les étages. Son intérieur domestique ressemble à celui de sa copine Chloé, comme au décor de la crèche. Quant aux jeunes du village, ils deviennent au choix meurtriers ou incendiaires, mais Gabriel les excuse au nom du « chacun chez soi » des xénophobes.



D’un autre point de vue, ces jeunes qui attaquent les voisins « idéalistes » (comprendre antiracistes et bien pensants), représentent une menace pour le vivre ensemble, car ils pratiquent la Haine d’autrui : la xénophobie ouvre sur le régime totalitaire fasciste. L’intrigue sonne comme un avertissement politique et social, à prendre en compte au vu des élections.



L’écriture neutre, sans parti pris, de Pascale Kramer sert au lecteur un plat cruel, avec morts violentes, suicides affreux, incendies fulgurants. Et l’annonce brutale des situations douloureuses.



Le récit vit dans une temporalité condensée, les rencontres proches et ratées des différents protagonistes - Gabriel aperçoit brièvement sa fille dans le train, Ania écourte sa visite aux Épinettes chez Gabriel, Clara n’arrive pas à temps - il sous-entend qu’il est déjà trop tard : le Mal est dans le tissu politique et social, les drames, déjà enclenchés.



Au lecteur d’ouvrir ses yeux et ses oreilles, de n’être pas sourd à ses dépens, comme Theo, inattentif, comme Ania qui écoute à retardement. Seule Clara, la nouvelle compagne de Gabriel, semble prendre conscience des situations sans pour autant avoir de prise sur elles.



L’écriture est assez rapide, les repères, brièvement mentionnés ; les personnages entrent sans frapper, on les connaîtra en chemin.



En saura-t-on davantage sur le cheminement de Gabriel ? Pas sûr !



Mais on en connaît des modèles, tel Richard Millet qui a défrayé bien des chroniques, notamment pour son « Éloge littéraire d'Anders Breivik ». Avec ce dernier http://bit.ly/1qBuutD on se sentira plus « concerné »- le mot de Gabriel à l’intention des bourreaux !, par ses victimes que par lui qui intente un procès pour traitement "inhumain" dans sa prison norvégienne…



Merci aux éditions Flammarion de m’avoir fait parvenir ce livre via Babelio.

Commenter  J’apprécie          20
L'implacable brutalité du réveil

Un roman troublant que celui de Pascale Kramer, Alissa vient d’accoucher d’une petite fille prénommée Una, elle forme un couple heureux avec Richard, père et mari attentionné .

Mais depuis l’accouchement Alissa vit mal ses nouvelles réalités de la vie, elle doute, se questionne, seule toute la journée à s’occuper de ce petit bébé, dans ce nouvel appartement, et sa mère lui annonce son divorce, Alissa n’a plus de repère, ce n’était pas cette vie là qu'elle souhaitait, et pourtant aucun retour en arrière ne lui est possible.

Richard de son côté, retrouve presque chaque jour leur ami Jim avec qui il a un projet, ce militaire mutilé va se marier avec Audrey et sa grandeur d’âme, ils vont devoir affronter le quotidien.

L’auteur n’édulcore rien de la douleur de ses personnages, bien au contraire, elle nous la fait partager au plus intime, avec un sentiment très fort, mais tout en retenue, avec pudeur.

Ce livre très visuel ne peut pas être raconté il faut le lire pour en éprouver tous les sentiments
Commenter  J’apprécie          20
Gloria

Pascale Kramer a l'art d'écrire des romans très courts, mais très denses. En peu de pages, elle campe décor et personnages, expose faits, ressentis, réactions... Elle est très habile pour montrer comme de petits événements, de petits gestes peuvent tout changer. Elle a l'art de sous-entendre certaines choses. Tout cela en un style direct, vif, fluide, apparemment simple.

Et elle a aussi une manière très persuasive de montrer à son lecteur que les gens sont idiots et égoïstes.



Michel a été jugé par ses amis, son entourage. Il a abandonné la seule personne qui croyait en lui sans réserve. Cette attitude est étrange, et montre comme l'être humain est retors.

D'autre part, comment réagirions-nous si quelqu'un de notre entourage était soupçonné de pédophilie. On sait bien que souvent, on ne connaît pas parfaitement ceux qu'on croit connaître. La situation est très délicate.

Pascale Kramer s'y entend pour décrire des situations ambiguës, la plus probante étant la scène où Michel se rend chez Mariama et tombe sur les trois fillettes.

[...]

Lire la suite sur:
Lien : http://www.lalivrophile.net/..
Commenter  J’apprécie          20
Les vivants

La mort de deux jeunes enfants (4et 8 ans) suite à l’immaturité de leur mère et de leur oncle vient brusquement faire basculer la vie des protagonistes de ce drame et de leur famille proche.

Les héros principaux sont de très jeunes gens (17 à 25 ans), pleins de vie et d’avenir. Mais les conséquences d’un acte si léger et si rapide sont si dramatiquement irréversibles qu’aucun d’eux n’arrive à accepter, à concrétiser, à assumer, et à s’organiser autour de cet évènement. Chacun va donc tenter de cacher ou nier la vérité ou de se faire complice et solidaire du mensonge, afin d’atténuer sa responsabilité, comme seule issue possible à la situation, même si ce leurre ne fonctionne qu’en surface. La mère malgré quelques sursauts va s’abimer dans la maladie, se réfugier dans les médicaments, et sombrer lentement vers l’absence au monde et à soi-même Quant au père et au frère, le seul recours à leur chagrin est la fuite d’abord vers le sexe, vécu pour l’un, imaginé pour l’autre, puis vers un ailleurs où ils ne seront plus en présence de cette douleur impossible à gérer ou guérir, douleur de sa femme et de ses parents, pour le mari, douleur de sa sœur et de sa mère, pour le frère, et qui les empêche de renaître quand même à leur propre vie.

Un personnage omniprésent dans ce livre, mais toujours silencieux et vu comme en contre-jour par le frère parce qu’il le juge et le croit froid ou indifférent au drame, est la grand-mère maternelle des enfants, seule à tout observer, tout comprendre et tout prendre en charge, le matériel comme l’immatériel, seule à tenter de gérer au mieux la situation et de prendre les décisions financières difficiles et ultimes qui permettront et faciliteront l’éloignement des deux jeunes gens vers leur renaissance….

La description du temps, soleil, vent, nuages, froid, moiteur et touffeur de l’air accompagne comme une musique tous les événements grands ou petits de ce roman, semblant parfois même comme une justification des actes et évènements qui le composent.

Commenter  J’apprécie          20
Fracas

Valérie est venue aider ses parents, le temps d'un week-end. La veille, une forte intempérie a dévasté le jardin et inondé le salon. Nous sommes dans un coin isolé de Californie. Suite à un éboulement de terrain, un rocher en équilibre instable menace à présent la maison. Il faudra s'en occuper plus tard, le dynamiter peut-être. Tandis que sa mère s'acharne à réparer les dégâts, son père va et vient, inutile. Un coup de fil annonce un accident, celui de Cindy, la jeune fille qui garde habituellement les enfants du frère de Valérie. La nuit dernière, une voiture l'a fauchée alors qu'elle sortait en courant d'un motel, pieds nus...



Ce roman est un objet d'orfèvrerie, un peu précieux, parfait et froid. Pascale Kramer excelle, c'est indéniable, à disséquer les attitudes, gestes et infimes mouvements de ses personnages. Chaque détail est observé finement, analysé, qu'il fasse sens ou non pour le lecteur. Quelque chose se joue dans cette famille qui se retrouve tout à coup le temps d'une journée, autour d'un drame présent en creux, et dans un décor de désolation dans lequel chacun peine à trouver sa place.



L'univers très glacé de Fracas m'a laissé un peu de marbre, je dois le dire, malgré tout le talent d'écriture déployé, contrairement à Un homme ébranlé lu il y a quelques temps et que j'ai beaucoup aimé, qui m'a semblé également beaucoup plus fort émotionnellement parlant.

Malgré une légère déception sur ce titre dont j'attendais beaucoup, trop peut-être, c'est une auteure que je vais continuer de suivre avec attention, cependant... Son écriture exigeante, qui ne permet pas de lectures distraites, me semble pleine de promesse.




Lien : http://antigonehc.canalblog...
Commenter  J’apprécie          20
Les indulgences



Kramer contre Kramer

Lorsqu’elle a remis son treizième roman à son éditrice, la Suissesse Pascale Kramer pouvait-elle imaginer qu’il sortirait au moment même où Benoît Jacquot, Jacques Doillon et Gérard Miller sont accusés d’agressions sexuelles sur mineures ? Non, bien sûr. Et pourtant, on ne lit pas cette histoire, à laquelle l’inceste ajoute un interdit supplémentaire, sans penser à cette actualité des serial-prédateurs. Voici donc les faits, prescrits. En octobre 1977, au sein d’une famille bourgeoise de Lausanne, Clémence, 13 ans, tombe amoureuse de son oncle Vincent, un lovelace avantageux et un commissaire-priseur fameux de vingt-six ans son aîné. Elle est « cuisante », il est brillant. Cinq ans plus tard, dans une confédération où la majorité civile est encore fixée à 20 ans (elle sera à 18 ans en 1996), Clémence et Vincent ont, dans un hôtel, leur première relation sexuelle. Douloureuse pour elle, indifférente pour lui. Bientôt, l’aventure sera ébruitée et c’est contre Clémence, la victime, soupçonnée d’avoir aguiché son oncle marié, que la parentèle corsetée se retournera. C’est à peine s’il est reproché à Vincent d’avoir cédé, par « faiblesse », aux « avances » de l’adolescente exaltée. Autre époque, sale époque. Mais il ne faudrait pas réduire ce roman choral, passionnant et complexe aux scandales d’aujourd’hui, ni en faire un préquel du « Consentement ».



La suite après la publicité





En racontant, de 1977 à 2016 et sous des angles différents, trois générations de femmes d’une même famille, Pascale Kramer décrit, avec cinquante nuances de gris, l’évolution souterraine des mœurs, des relations amoureuses, de la morale et des « indulgences ».




Lien : https://www.nouvelobs.com/cu..
Commenter  J’apprécie          10
Les indulgences

C'est une histoire, point.

Je n'ai pas apprécié l'écriture, il me semblait lire un scénario dont les pages étaient mélangées.

Mais par moments je pensais aux films de Sautet, tiens le séduisant oncle se prénomme Vincent.

Le récit m'a paru décousu dans plusieurs chapitres, je cherchais le personnage auquel se rapportait l'écrit, obligée de remonter quelques lignes pour bien poser le contexte.

Je crois qu'il manque un réel narrateur.

Je tenterai malgré tout une autre lecture de cette écrivaine .

Est ce une idée ou la photo de couverture reprends les mêmes personnes que sur le livre "Les amants du Lutetia".

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pascale Kramer (252)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Derrière la haine" de Barbara Abel.

Quel cadeau le parrain de Milo offre-t-il au garçon pour ses 4 ans ?

un ballon de foot
une petite voiture
des gants de boxe

10 questions
148 lecteurs ont répondu
Thème : Derrière la haine de Barbara AbelCréer un quiz sur cet auteur

{* *}