Citations de Peter Levine (328)
Beaucoup d'entre nous ont la croyance à la fois erroné et réductrice que pour guérir d'un traumatisme il est nécessaire de faire surgir du passé d'horribles souvenirs. Ce que nous ressentons comme certain, c'st que nous sommes meurtris, fragmentés, honteux, malheureux etc., et nous recherchons l'une ou l'autre cause à cet état, pensant que cela va soulager notre souffrance.
Lors de la "remise en acte", nous entrons dans la boucle et dès que nous avons la tête en bas, nous nous agrippons, tout notre corps crispé. Nous ignorons que la force centrifuge nous empêchera de tomber et d'être tués ou blessés. lorsque nous "remettons en acte" le traumatisme, nous pouvons ressentir de la terreur et/ou exulter d'avoir survécu.
Faute de comprendre les caractéristiques de leur felt sense, beaucoup de personnes vont réprimer et ignorer (éviter) les sensations associées à l'émergence du vortex de guérison. Des images de guérison peuvent être déconcertantes si nous sommes braqués sur des visions terrifiantes. Dans notre empressement à nous souvenir de "ce qui s'est passé", nous supprimons le processus d'expansion que notre système nerveux cherche désespérément et restons plongés, la tête la première, dans le vortex traumatique. La clé de la guérison de Margaret, c'est qu'elle n'a pas agi de cette manière. Lorsque l'image des feuilles est apparue, elle s'est autorisée les sensations agréables qui y étaient associées et, ce faisant, elle a pu quitter celle, horrifiant, d'être attachée à un arbre. Les feuilles (associées au vortex de guérison) lui ont permis de faire face aux couches les plus profondes de son traumatisme sans être abordée par ses motions. Elle s'est transformée de cette façon en une personne plus unifiée et plus résiliente.
Pour renégocier le traumatisme, nous commençons à réparer la rive rompue en tournant en périphérie des deux vortex, le traumatique et le guérisseur, pour graduellement ensuite aller vers leurs centres.
En développant cette métaphore du courant, le choc traumatique peut être conceptualisé comme une force extérieure qui vient briser le contenant protecteur (les rives) de notre vécu. Cette brèche crée alors un tourbillon énergétique, un vortex, et l'énergie vitale fait irruption et se déploie en dehors des berges de notre expérience normale. Ceci entraîne la formation de ce que j'appelle le "vortex traumatique". Habituellement, les individus traumatisés vont soit être aspirés dans ce vortex traumatique, soit l'étirer au maximum en restant à distance respectueuse de l'endroit où la rupture (le traumatisme) s'est produite.
Les organismes ont développé des processus subtils pour guérir les effets du traumatisme. Ces processus englobent l'aptitude à unifier, intégrer et transformer les polarités de l'expansion et de la contraction. Si ces polarités peuvent être progressivement intégrées, le traumatisme sera guéri en toute sécurité. Lorsqu'il traite de blessure physique, le médecin favorise la guérison (il lave la blessure, la protège avec un bandage ou un plâtre, etc.). Le plâtre ne guérit pas l'os brisé ; il fournit le support physique qui permet à l'os d'initier et d'achever sa propre guérison. Le felt sense nous offre un soutien identique. Il intègre les polarités psychiques d'expansion et de contraction et orchestre le miracle de la transformation.
La Somatic Experiencing [...] permet de jeter un pont par-dessus l'abîme qui sépare le ciel et l'enfer en unifiant ces deux pôles. D'un point de vue physiologique, le ciel signifie l'expansion, et l'enfer, la contraction. En les unifiant petit à petit, on guérit le traumatisme en douceur.
Le traumatisme, résolu, est une bénédiction.
Proverbe zen : Si tu comprends, les choses sont comme elles sont, si tu ne le comprends pas, les choses sont comme elles sont.
Dans le théâtre du corps, le traumatisme peut être transformé. Les éléments fragmentés qui perpétuent émotion et comportement traumatique se complètent, s'intègrent et s'unifient. Dans cette unification, s'installe un sentiment de maîtrise et de résolution.
Les actes délibérés requièrent une prise de conscience, et cette dernière est quasi-absente de la "remise en acte". Lorsqu'il y a "remise en acte", l'organisme n'est pas pleinement conscient de ce qui le pousse et le motive. Il agit à la manière du cerveau reptilien. Il fait simplement ce qu'il a à faire.
Des coïncidences curieuses avec des incidents antérieurs précèdent fréquemment la "remise en acte". Ce qui est remarquable, c'est que le lien entre les caractéristiques de la "remise en acte" et du traumatisme originel va être évident aux yeux d'un observateur extérieur, alors que la personne traumatisée va, elle, en être totalement inconsciente.
Les remises en acte fréquentes sont le symptômes le plus étonnant et le plus complexe du traumatisme. Ce phénomène peut sembler être "taillé sur mesure" pour un individu, avec un degré de "coïncidence" stupéfiant entre la remise en acte et la situation originelle.Si certains éléments de la remise en acte sont facilement compréhensibles, d'autres par contre semblent défier toute explication rationnelle.
Dans son livre Violence, le psychiatre James Gilligan déclare de façon éloquente : "... le besoin de rétablir la justice, de la faire régner ou de réparer et prévenir l'injustice est la seule et unique cause de violence universelle."
La majorité des personnes ente de contrôler l'énergie résiduelle en l'intériorisant. Bien que cette façon de procéder soit plus socialement acceptable qu'un acting-out, elle n'est pas moins violente et ne réussit pas à gérer un niveau d'activation élevé. Il est important de comprendre que la stratégie qui consiste intérioriser des procédures de défense instinctives est une firme de relise en acte - peut-être devrait-on l'appeler : acting-in.
Une grande part de la violence qui frappe l'humanité est une conséquence directe ou indirecte de traumatismes non résolus qui sont répétés lors de tentatives ratées de rétablir un sentiment de contrôle.
La remise en acte
La pulsion à compléter le traumatisme dans le but de le guérir est aussi tenace que les symptômes qu'elle engendre. Cette pulsion, se manifestant sous la forme d'une "remise en acte" visant à résoudre le traumatisme, peut être sévère et compulsive, inextricablement, nous sommes entraînés dans de situations qui reproduisent le traumatisme originel de façon plus ou moins explicite.
Tous les êtres humains qui sont confrontés de façon répétitive à des situations qui débordent leurs capacités de réaction finissent par s'identifier à des états d'anxiété et d'impuissance. De plus, ils vivent cette impuissance dans de nombreuses autres situations perçues comme menaçantes. Ils "décident" qu'ils sont impuissants et continuent de diverses façons à agir en victimes. Ils cèdent au sentiment d'impuissance même lorsqu'ils sont en mesure de faire face.
Nous pouvons sortir du déni lorsque nous nous sentons en sécurité. Lorsqu'un autre événement déclenche un "souvenir", ou lorsque notre organisme nous dit : "c'est assez !". Même si des amis, des proches et des thérapeutes peuvent fournir une certaine aide (par exemple thérapeutique), une sensibilité à percevoir l'instant propice est essentielle pour réussir.
Le déni tient la personne traumatisée dans son étau jusqu'à ce que les processus primaires qui bloquent le système décident de la libérer.