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Critiques de Philippe Squarzoni (194)
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Homicide, tome 4 : 2 avril - 22 juillet 1988

Je poursuis la lecture de cette série avec celle du tome 4 (les tomes 1 et 2 sont empruntés, je les ai donc réservés). Nous retrouvons Pellegrini qui met toute son énergie dans une enquête, une seule – même s’il est bien forcé d’en mener d’autre – le meurtre de Latonya Wallace, cette gamine de onze ans qui a été retrouvé assassinée à la fin du premier tome d’Homicides. Les pages de droite du premier chapitre sont saisissantes, elle nous le montre devant la montagne de documents que cette affaire a générée, la montagne de documents qui a dû être rédigée, tous ceux qu’il a dû remplir, pour que la procédure reste dans les clous. Face à toutes ses informations, il se livre aussi à un auto-examen des plus durs. Il n’est pas le seul dans ce cas, à se reprocher ce qui, à leurs yeux, apparaît comme des négligences impardonnables. Pellegrini ruine peu à peu sa santé au fil de ce tome, au point d’être obligé de prendre un arrêt maladie. Et c’est pendant cet arrêt qu’une avancée décisive semble avoir lieu – ou comment le destin peut se jouer de nous, mais pas du tout de la manière dont on peut le penser.

Dans ce quatrième tome, nous retrouvons d’autres enquêteurs acharnés et compétents. Edgerton, par exemple – regarder bien la double page 68-69 qui lui est consacrée. Comme Pellegrini, il est un solitaire, il aime mener ses interrogatoires seuls, travailler seul, ce qui ne l’empêche jamais d’être un policier consciencieux. Troisième policier que nous retrouvons, Worden, un cas à part parce qu’il est un vieux de la vieille, il pourrait largement être à la retraite, sauf qu’il ne prend pas sa retraite. Depuis le début de l’année, il accumule les affaires non résolues, non parce qu’il est un mauvais enquêteur, mais parce que, certaines affaires, personne ne peut les résoudre, et l’on s’en aperçoit très vite. Worden a beau être un sexagénaire, il a trois immenses qualités : un immense sens de l’observation, une incroyable mémoire qui lui permet de bien connaître sa ville, et, dernière qualité qui devrait être banale, évident, il n’est pas raciste. Aussi, je me suis surpris à lui souhaiter le meilleur, à cet enquêteur consciencieux et chevronné.



Mais tous les enquêteurs ne réussissent pas. Prenons Ceruti, arrivé aux homicides en même temps que Pellegrini. Tous les deux ne semblaient guère différents, et pourtant, le second a très vite montré un acharnement et une minutie remarquée, tout comme il a su s’atteler à la rédaction de toutes les procédures certes ennuyeuses, mais utiles pour un enquêteur. Ceruti n’a pas su s’y attacher. Viré ? Non. Mais il est d’autres services que les homicides dans la police de Baltimore.

Tout un chapitre est consacré aux autopsies, aux procédures qui doivent être suivies, aux sensibilités aussi, propres à chaque enquêteur. Il s’agit de montrer la réalité, de démythifier aussi, tout en montrant qu’elles sont un des temps forts de l’enquête, mais qu’elles ne peuvent avoir lieu sans tout ce qui a précédé, c’est à dire toutes les constatations sur les scènes de crime.

Ce tome se termine sur un clifhanger, sur ce qui est annoncé comme étant « l’affaire d’une vie ». Cela donne encore plus envie de lire le tome 5.
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Saison brune

Pfiouuu ! Que cette lecture fut difficile, au point de devoir la morceler en plusieurs temps. Il faut dire qu’elle ne donne pas foi en l’Homme, que ce soit une individualité ou un gouvernement faisant un choix politique au nom de ces individualités.



Ici, Philippe Squarzoni se penche sur le bilan environnemental et éclaire la situation écologique, et plus précisément le réchauffement climatique à l’aune des années 2010. Ne connaissant lui-même pas bien le sujet, il se documente et nous synthétise ici le fruit de ses recherches. Il commence par un état des lieux : la situation actuelle, les causes du réchauffement. Ce vers quoi nous tendons si rien n’est fait, en étudiant des théories plus ou moins optimistes. Il met en lumière nos comportements et les politiques, bien anecdotiques, mises en place pour essayer de contrôler la situation. Il retranscrit documents et témoignages d’experts sur la question, confronte les différentes théories, explique les scénarii possibles.



Ce qui est fabuleux, c’est que Squarzoni réussit le tour de force de rendre intelligible au commun des mortels des éléments qui pourraient vite être indigestes et incompréhensibles pour des non-experts. En intégrant également des réflexions toutes personnelles, il peut ainsi pointer du doigt notre schizophrénie à vouloir changer la situation tout en ne modifiant aucun de nos comportements personnels, ce qui de toute façon serait loin d’être suffisant tant il faut opérer des modifications majeures et drastiques pour sauver la planète telle que nous la connaissons aujourd’hui. Car tous les aspects sont fortement entrelacés et s’attaquer à un seul pan du problème ne pourra pas suffire. Mais nos démocraties ne sont pas prêtes à forcer les citoyens à de tels renoncements de leur mode de vie.



Là où le récit est juste mais terrible, c’est lorsqu’on aborde la conscience qu’il reste une possibilité pour éviter la catastrophe mais que, si on ne passe pas par la voie de l’obligation, rien ne se fera. Ne restera alors qu’une catastrophe inévitable et les actions correctives seront alors bien trop tardives pour empêcher quoi que ce soit. Ce qui aggrave le sujet, c’est que Squarzoni est très loin d’utiliser un ton alarmiste : il reste calme, s’appuyant sur des faits et des hypothèses toutes documentées. Il raconte avec méthode et s’est d’autant plus efficace.



Une lecture ardue mais passionnante et nécessaire, indubitablement !
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Un après-midi un peu couvert

Cela fait du bien quelquefois de lire des récits un peu intimistes loin des grandes batailles qui jalonnent le monde et autres histoires à sensation. Nous sommes ici en compagnie de Pierre sur une île bretonne un peu isolé. Lui qui voulait passer une journée avec sa compagne, une ornithologue, c'est raté !



Il va alors parcourir cette petite île par un après-midi maussade et faire des tas de rencontres avec les locaux. La plupart sont vraiment intéressantes. Non pas que cela sonne authentique. C'est plus que cela. On part vraiment sur des réflexions sur le sens de la vie qui donnent à réfléchir. Généralement, je déteste cela car c'est pompeux à souhait. Ici, tout semble couler de source. C'est plutôt salvateur.



Je n'ai pas trop aimé la calligraphie du texte qui ne me semble pas appropriée. Par contre, l'ambiance est très bien rendue graphiquement grâce à cette tonalité bichrome. On suivra avec plaisir cette chronique intimiste le temps d'une évasion sur une île... le temps d'un après-midi même maussade.
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Garduno, en temps de paix

J'aime bien quand la bd sort des sentiers battus pour s'intéresser au politique ou à l'économique. J'aime bien également quand un auteur a le courage d'exposer ses idées. Ici, elles sont dans l'air du temps et rencontrent généralement la sympathie du plus grand nombre.Il faut savoir que les informations données dans ce documentaire sont assez orientées donc pas très équilibrées.



De tout temps, riches et pauvres ont toujours coexisté sur notre planète. Le capitalisme aurait permis au plus grand nombre d'accéder aux richesses que procure la société de consommation. Le modèle communiste n'a pas vraiment été une réussite. Les inégalités se creusent non seulement à l'intérieur d'un même état mais également avec les pays les plus pauvres. On ne peut que dénoncer cette inégalité. Faut-il diaboliser pour autant la mondialisation ? Faut-il punir les plus fortunés ? etc...



Pour garantir la prospérité, on devrait combattre la pauvreté avec détermination dans les autres pays et à l'intérieur. C'est une question de solidarité et de fraternité. En 10 ans, la mondialisation a apporté par exemple à l'Inde des bienfaits matériels innombrables. De la mondialisation, nous pouvons dire qu’elle a apporté une hausse du niveau de vie global des populations de la planète. Tout est une question de point de vue.



L'interdépendance via les échanges est inévitable et irréversible. Il faut cependant encadrer ce processus. Est-ce mal en soi ? Favoriser les échanges culturels et technologiques n'est pas une tare à moins d'être protectionniste. Juste un chiffre : au XXème siècle, le PIB mondial par habitant a été multiplié par 15. Que faut-il en déduire ?



Il est vrai que le terme "mondialisation" possède déjà une forte charge émotive. Je comprends la charge de l'auteur qui redoute l'accroissement des inégalités, le chômage et la baisse du niveau de vie. Ne faudrait-il pas au contraire encourager la croissance et le progrès ? Le meilleur moyen est de lutter contre la pauvreté. Qu'il y ait des riches ne me dérange pas. Tant mieux pour eux ! Cependant, il ne faut plus qu'il y ait de pauvres ! Il faut tirer le plus grand nombre vers le haut. Certes, la mondialisation est une source d'inquiétude. Il faut sortir des analyses trop simplistes et pousser plus loin la réflexion. La schématisation n'est jamais bonne même si le processus est compliqué.



Au final, cette bd a au moins le mérite de soulever un débat intéressant sur les bienfaits ou les inconvénients de la mondialisation. Même si je ne partage pas toutes les idées de l'auteur et malgré mes critiques les plus cinglantes, j'accorde un trois étoiles à une oeuvre engagée. On sort des sentiers battus et on prend des risques. Objectivement, c'est mérité.
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Homicide, tome 3

En plus de l'enquête sur le meurtre de la petite fille, une série d'agressions et de meurtres de femmes et une vague de délits mettent encore plus la précision de la part de leur hiérarchie sur les enquêteurs qui ont une obligation de résultats.



Même si cette BD est intéressant, les coupures dans le récit des enquêtes criminelles prennent trop d'importance. On fait du surplace et l'intérêt décliné quelque peu pour moi.
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Homicide, tome 1 : 18 janvier - 4 février 1988

Cette BD aborde le quotidien des policiers de la police criminelle de Baltimore émaillé par la violence de la rue et la drogue.



Dans ce premier tome, on aborde a peine l'enquête qui sera le fil rouge de cette série : le meurtre d'une enfant de 11 ans.



L'histoire est à la croisée des chemins entre un documentaire et une intrigue policière.
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Homicide, tome 5 : 22 juillet - 31 décembre 1..

5ème numéro sur des enquêtes de meurtres à Baltimore qui, en 1968, en compte 240 par an. Rien à voir avec ce que diffuse la télévision. Ici, on est dans le cœur de l’action : des crimes parfaits, des tueurs qui n’avouent pas, des vaudous comme la première enquête sur cette femme âgée multi-meurtrière qui oblige plusieurs hommes à se marier avec elle et dont deux maris vivent sous le même toit, ne le sachant pas. Des chiffres du palais de justice qui font froid dans le dos. Dessins réalistes et épurés en noir et blanc avec parfois du rouge.
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Homicide, tome 2 : 4 février- 10 février 1988

La fin du premier tome laissait entrevoir un début de fil rouge.

Et en effet, cet opus est plus construit. En plus de l'norme travail documentaire, nous suivons deux enquêtes de façon plus précises. Cela donne un tome plus équilibré et plus immersif. On gagne en qualité et en intérêt.

Evidemment, le travail documentaire est toujours touffu et précis. Cela donne un livre très écrit, un vrai roman graphique. Mais les deux enquêtes et le suspense que cela procure dynamise l'ensemble. Malgré cela, le dessin, très sobre, rends la reconnaissances des personnages parfois assez difficiles .

A suivre.
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Homicide, tome 1 : 18 janvier - 4 février 1988

Immersion dans la brigade criminelle de Baltimore dans les années 80.



Ce roman graphique est tiré du roman Baltimore de David Simon. Lui-même est journaliste et à passé un an dans une vraie brigade de police à observer le vrai travail de ces policiers. Le livre se veut réaliste et documentaire et le roman graphique de Philippe Squarzoni tire dans la même direction.



Les premières pages peuvent déconcerter et un travail du lecteur est nécessaire pour entrer dans l'ambiance. Les amateurs d’histoire tracée et de trame narrative séquentielle peuvent rentrer chez eux. Le travail documentaire se veut sobre, austère, sombre… A l’image de l’ambiance dans ce commissariat où le décalage entre les moyens et le travail est immense. On pourrait croire à une phase d’introduction, de mise en situation mais cela dure finalement tout le premier tome. L’auteur prend le temps de détailler les situations, les personnages, les doutes, les questionnements, les impasses… Un vrai travail minutieux de reconstitution et de réalisme qui peut facilement rebuter le lecteur un peu fatigué…

Le dessin quant à lui se veut aussi discret et sobre que possible pour illustrer le propos de façon très neutre. Aucune tentative de séduction du lecteur... Pas de compromission.



Voyons la suite pour voir si une vraie histoire commencera ou si le documentaire continuera….

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Homicide, tome 2 : 4 février- 10 février 1988

Impression mitigée : le bonus, la vie au quotidien des flics de Baltimore avec son lot pesant de petites frappes, de meurtriers et de coups bas, sûrement assez proche de la réalité. Le malus, un scénario parfois un peu lourd et des personnages qu'on a du mal à distinguer les uns des autres.
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Garduno, en temps de paix

Philippe Squarzoni est un homme engagé, militant d'Attac et Garduno, en temps de paix en est l'illustration.

Dans cette BD dont le second volume est Zapata, en temps de guerre, il expose son point de vue sur les politiques ultra-libérales et sur la mondialisation, chiffres à l'appui. Il fait aussi de nombreuses références à la littérature (Thoreau) et au cinéma (Chaplin). En parallèle, il alimente sa réflexion par ses expériences personnelles : on va le suivre en Croatie alors, volontaire pour la résolution du conflit puis au Mexique, observateur des droits de l'homme au sein d'une communauté zapatiste du Chiapas.

Dès les premières pages, deux mots : libre et occupé. L'auteur fait un parallèle entre l'occupation allemande et l'utilisation de ces deux mots dans notre quotidien.

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Zapata, en temps de guerre

Décembre 1997. Philippe Squarzoni est l’un des premiers membres d’ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne). Mais son engagement n’est pas le fruit du hasard.



A plusieurs reprises, Squarzoni est allé en Croatie (à Pakrac) afin d’aider les habitants (serbes et croates) à reconstruire leur village détruit par le conflit. Son premier voyage date de 1994. Dès lors, il y retournera tous les 6 mois, toujours dans le cadre du volontariat pour mener à bien un projet initié par une ONG. Mais il témoigne également de ses engagements en France, en Angleterre et au Mexique.



Garduno, en temps de paix et Zapata, en temps de guerre relatent son combat contre la mondialisation, la manipulation de l’opinion publique par les politiques, les délocalisations, le libre-échange… Edité pour la première fois en 2002 par Les Requins Marteaux (2003 pour Zapata).



Très vite, le lecteur est associé à la réflexion de l’auteur. En transmettant ce travail d’investigations et de mobilisation sur le terrain, Squarzoni éprouve son style narratif que l’on retrouvera dans ses autres documentaires (Torture blanche, Saison brune, DOL). Le scénario alterne voix-off et dialogues. La voix-off contient à la fois les concepts idéologiques (économique, politique, sociologique…) que l’auteur combat et une argumentation étayée qui développe son opinion personnelle. Les dialogues donnent quant à eux une dynamique à l’ensemble. Ils sont plus spontanés et incitent le lecteur à la réflexion.



Côté graphique, on est face à un mélange entre réalité et métaphore. Cette dernière donne un côté souvent ironique (parfois cynique) aux propos tenus dans la même case. Philippe Squarzoni se met en scène dans son quotidien, qu’il soit privé, professionnel ou militant. En parallèle, et comme je l’avais déjà plus longuement expliqué dans mon article sur Saison brune, le dessinateur fait intervenir des visuels issus de l’imagerie collective : contes, slogans publicitaires, références cinématographiques, courbes d’évolution… des coupures de presse et des photos de journalistes viennent compléter le tableau. L’ensemble permet au lecteur d’entendre tous les sous-entendus inhérents à certains constats. Malgré la lourdeur du thème abordé et le sérieux des propos, la lecture est fluide… J’ai pourtant ressenti le besoin de faire plusieurs pauses.
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Saison brune

"On se prend à revenir en arrière sans cesse comme pour échapper au cours du temps." Philippe Squarzoni (auteur de bandes dessinées "d'intervention politique") revient par petits flash-back sur son enfance heureuse en famille dans la nature ardéchoise "où il s'est constitué", sur sa vie de couple paisible dans la vallée de l'Oisans et sur Lyon, sur le film d'animation de Peter Pan, le préféré de son époque insouciante, pour s'interroger sur la finitude des choses, de la vie en particulier et surtout la fin du monde inéluctable qui nous attend tous vu le désastre écologique actuel.

"Une fin, au bout du compte ça revient toujours au même, il suffit de trouver une façon de se taire".

L'auteur, lui ne se tait pas, il ne veut pas d'un album écologique vain, mais n'y connaissant rien, ni en écosystèmes, ni en gaz à effet de serre, ni en biosphère ou sècheresse, fonte des glaciers,changements climatiques...il va se renseigner auprès de spécialiste et nous livre les résultats de son enquête dans Saison brune,un bilan alarmiste,un constat pessimiste, celui de l' "avenir chaotique" d'un monde au bord du gouffre.

Saison brune, cette saison que l'on quitte pour aller vers l'inconnu en attente d'un hypothétique regain,brune comme celle de la véritable image de la terre "plongée dans une partie d'ombre", alors que pour nous la montrer "bien ronde toute jolie" on choisit de toujours nous la montrer dans une vision circulaire ce qui truque l'idée qu'on s'en fait.

Faire l'autruche pour ne pas voir l'échéance fatale, se taire pour faire comme tout le monde et suivre le troupeau.

Philippe Squarzoni, lui ne se tait pas car sa BD dénonce avec chiffres à l'appui, schémas et même photos de politiques (qui se mêlent parfois aux dessins en noir et blanc) qui, hypocrites, regardent surtout leurs intérêts.

C'est bien de s'engager, surtout lorsque l'on possède un si joli coup de pinceau pour rendre la beauté des ombres et lumières de la nature à préserver.
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Torture blanche

« En décembre 2002 et janvier 2003, Philippe Squarzoni a fait partie de la 41è Mission de Protection du Peuple Palestinien dans les territoires occupés. C’est ce voyage militant qui est raconté dans les 80 pages de ce livre au fil duquel Squarzoni donne la parole aux autres membres de la mission. Au moment où le processus d’Oslo est dans l’impasse, alors que la deuxième Intifada bat son plein, “Torture Blanche” nous amène à la rencontre du peuple palestinien, mais aussi des forces pacifistes israéliennes. Dans un monde tout juste reconfiguré dans la lutte contre le terrorisme, le conflit israélo-palestinien semble un paradigme des logiques de la globalisation. Et, tout en décrivant les stratégies de conquête de l’état d’Israël au travers des colonies et du mur de séparation, Squarzoni met en valeur la dimension économique du conflit et son caractère colonial » (source : Les Requins Marteaux à l’occasion de la première édition en 2004).



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En 2012, la sortie de Saison Brune a donné lieu à plusieurs rééditions d’albums de Philippe Squarzoni chez Delcourt. Avantage direct : il est désormais possible de se les procurer facilement. L’occasion pour moi de vous parler d’un nouvel album sur le conflit israélo-palestinien (ça faisait longtemps ! :P) et qui traite des tortures psychologiques ou “tortures blanches”.



Torture blanche est un carnet de bord d’un séjour en Palestine effectué en décembre 2002.



« Nous sommes le 41è mission à partir dans le cadre des campagnes civiles internationales de protection du peuple palestinien. Le but de ces missions est d’essayer de limiter, par la présence d’observateurs internationaux, les souffrances infligées aux Palestiniens. En mars dernier, pendant l’opération Rempart, des militants ont accompagné les ambulances palestiniennes ou tenté de protéger des camps de réfugiés. Depuis, les missions se sont succédé ces derniers mois. Souvent sollicitées par les Palestiniens eux-mêmes. Il y a en ce moment plusieurs groupes en même temps que le nôtre. Une centaine d’internationaux… mais la spécificité de la 41è mission, c’est que nous sommes tous membres d’ATTAC ».



Entendez-le comme vous voudrez, mais pour moi, ces missions internationales n’ont d’autre but que de proposer un bouclier humain aux palestiniens. Ensuite, il y a les objectifs sous-jacents : apporter des vivres, vêtements, médicaments… aux palestiniens. Mais l’enjeu premier est la protection des populations et la question de la mise en danger de l’intégrité physique est omniprésente dans cet album :



Marie ? Tu veux bien marcher devant avec moi ? Tu es bonde. On a moins de chances de se faire tirer dessus si tu es devant…



La mission en elle-même n’a duré que quelques jours mais on ressent parfaitement le malaise de la situation. Passé le premier étonnement essentiellement dû au format de l’album (86 pages c’est assez maigre pour traiter ce sujet), j’ai grandement apprécié cet ouvrage qui venait à la fois confirmer des points abordés dans d’autres ouvrages que j’avais lu (bien que publiés après Torture blanche) et qui les complète bien. Il est vrai que c’est la première fois que je prends connaissance d’un album qui aborde le sujet de ces missions internationales de manière aussi précise.



L’ouvrage se découpe en six grands chapitres et la narration nous pose, dans un premier temps, auprès de chacun des membres de la 41è mission. Ainsi, on recueille leurs points de vue respectifs, on mesure leur engagement et leur positionnement quant aux actions à entreprendre et au contexte socio-politique en présence.



Au niveau graphique, le style est simple et sans artifices. Les dessins se contentent d’être descriptifs et servent les propos rapportés par l’auteur. Du reportage graphique des interventions en elles-mêmes (rencontres avec les populations, manifestations, compte-rendu visuel de l’état de la ville d’Hébron…), à la retranscription d’extraits d’interview durant lesquels les interlocuteurs interviennent pour parler du conflit (Squarzoni ne recourt à aucun artifice : l’interlocuteur est face à lui, assez immobile, installé devant un fond blanc… le lecteur « coute »). De plus, pour renforcer l’impact de son propos, Squarzoni injecte ponctuellement des photos prises sur le terrain, des cartes de la région et quelques visuels issus de l’imagerie collective. En somme, cette narration graphique déjà décrite lors de mon article sur Saison brune était déjà mise à l’épreuve par l’auteur en 2004, bien qu’elle moins efficiente sur Torture Blanche.
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Saison brune

Réchauffement climatique ? C’est un terme qui nous est familier mais, je le reconnais, qui m’est également très abstrait. Dès qu’un discours (interview, documentaire…) manie plus de trois termes trop techniques ou de considérations trop scientifiques, mon attention se dérobe.



Pourtant, certains mots sont récurrents. Canicule, ouragans, fonte des glaces, pollution… tout cela, nous connaissons. C’est concret du moins, quand on prend le temps d’écouter un minimum les informations. Voilà pour la partie visible de l’iceberg. Sans être trop naïve, je savais que cela ne se limitait pas qu’à cela mais je suis incapable de faire un état des lieux pertinent. Ce qui n’est pas le cas de Philippe Squarzoni. Avec Saison brune, il nous permet d’entre-apercevoir la partie immergée de l’iceberg. Et honnêtement, vous dire que je n’ai pas eu peur serait vous mentir.



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Durant tout l’album, on sent la difficulté de l’auteur à traiter son sujet. Cette difficulté est liée à une raison : comment, aux vus des éléments en sa possession, ne pas livrer un ouvrage alarmant ? Comment laisser au lecteur la possibilité de ne pas sortir totalement abattu de cette lecture ? C’est impossible.



Dès les premières pages, on sent que le sujet sera grave. L’auteur tâtonne et tente plusieurs entrées en matière. Ainsi, il prend le temps de présenter les motivations et les constats qui l’ont conduit à la réalisation d’un album entièrement dédié à la question du réchauffement climatique. Puis, il rentre dans le vif du sujet, ce qui donnera lieu à un chapitre certes un peu didactique mais ô combien utile pour préparer le lecteur à accueillir la suite. Il y aura ensuite des redondances, des propos récurrents tout au long de l’album, mais cela aide réellement le lecteur à mémoriser les informations importantes. Cela l’aide aussi à prendre du recul et à ne pas être tétanisé par cette quantité d’informations… Cela nous aide enfin à réfléchir à la question objectivement, à nous remettre en question individuellement et à nous positionner.



A l’aide d’interviews de scientifiques, de journalistes, climatologues, économistes, ingénieurs, physiciens… on prend connaissance des savoirs actuels sur le réchauffement climatique. On accède aussi à tout un champ de possibles répercussions que cet impact climatique pourrait produire. Et elles sont nombreuses. Cela nécessite que les solutions soient pensées non pas aux plans nationaux mais à l’échelle internationale. Cela nécessite que l’on repense aussi nos modes de consommation très énergivores. Je ne vais pas vous faire un résumé de l’ouvrage car cela ne rimerait à rien, d’autant que le travail de Squarzoni est déjà un résumé très dense de la situation.



Délité davantage, le message se perdrait.



Quoi qu’il en soit, on accède aux causes et aux effets, on s’interroge sur les limites et les solutions. Mais les freins sont nombreux, hétérogènes et étroitement liés.



Alors oui, en tant que lecteur, on suffoque face au constat. On respire lorsque apparaissent quelques pleines pages disséminées çà et là ouvrant sur un massif montagneux ou une vallée verdoyante. Courbes, graphiques, tableaux cohabitent harmonieusement avec des images issues de l’imagerie collective (Peter Pan, Santa Claus…). Squarzoni n’hésite pas à conserver les slogans publicitaires qui sont associées à ces images d’Epinal, ce qui donne une dimension parfois ironique, parfois sarcastique… On avait déjà vu les bénéfices narratifs que Alpha… Direction tirait de ce procédé (lu mais une simple chroniquette sur le blog, je vous renvoie vers la synthèse kbd). On mesure tout le décalage entre l’objectif commercial (et l’idéal de vie qu’il sous-tend) et les contraintes écologiques auxquelles les sociétés doivent faire face (et face auxquelles elles se dérobent). Cela en devient parfois pathétique de voir à quel point nos comportements sont irresponsables. La faute à qui ? Aux médias qui servent les intérêts des politiques et des lobbyings industriels. En vulgarisant et en contredisant les conclusions des rapports produits par des scientifiques, les médias créent le doute dans l’opinion publique et aident les climato-sceptiques à construire leurs arguments.



Une pause. La fin d’un chapitre…



… et on repart pour une apnée de lecture et des pages qu’on ne peut que dévorer de manière boulimique. Le constat est alarmant, certes, mais dans cette nouvelle prise de conscience, nous ne sommes pas seuls. En effet, Philippe Squarzoni n’hésite pas à se mettre lui-même en scène pour partager ses doutes, ses inquiétudes, ses dégouts et ses espoirs. Car il ne faut pas oublier que quel que soit le rythme de lecture de chacun, l’album accompagnera le lecteur tout au plus sur 4 ou 5 jours ! L’auteur a consacré six années de travail (recherches documentaires, interview…) pour réaliser ce projet qui tient en « seulement » 500 pages. Les recherches bibliographiques qu’il a effectuées et les informations qu’il a récoltées l’ont mis à mal. Il ne cache pas les répercussions que cela a produit sur son quotidien et la forte remise en question tant personnelle que professionnelle que cela a suscité et que cela doit susciter encore.



Et comme il fallait conclure, l’auteur bute de nouveau sur la manière de clore son ouvrage. On le sent soucieux d’explorer son sujet sans rien omettre, soucieux de rester objectif, soucieux de ne laisser planer aucune ambiguïté sur la question et SURTOUT soucieux de ne pas laisser son lecteur sur un dénouement pessimiste. Mais cela n’est pas possible.
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Saison brune

Une BD de vulgarisation sous la forme d’une enquête journalistique autour des problématiques du réchauffement climatique qui date de 2010 et qui est très bien faite. Il y a énormément de références, d’explications scientifiques abordables et de réflexions politiques et sociétales. C’est vraiment très complet, on aborde la question par tous les angles. Les informations ne sont pas toujours présentées avec méthode (on n’a pas d’unités sur les graphes, il y a un côté info dump qui mériterait d’être allégé par des chapitres circonscrits… ) et la police d’écriture est pénible à lire. Mais c’est une brique qui aborde beaucoup beaucoup de thèmes en un seul endroit avec sérieux et c’est une belle somme d’informations (en tout cas, en comparaison avec les BDs du genre que j’ai pu lire, on couvre ici vraiment toutes les thématiques, contrairement à beaucoup qui n’aborderont que tel ou tel aspect).



Mais alors la déprime ultime. Surtout quand tu vois à quel point c’est encore pire plus de 10 ans après la rédaction… Mais en plus l’auteur est foncièrement pessimiste et ne le cache pas, et toute la seconde partie (où on quitte la partie purement scientifique pour aborder le politique et la société) t’assomme dans sa dépression à lui (et dans la tienne quand tu es un tant soit peu écho-anxieux ^^). Du coup, je ne pense pas avoir appris grand chose de fondamentalement nouveau… Mais j’ai pris la totale toute en un et c’est la déprime quoi…



Mais si vous avez des gens qui ont besoin d’entendre ces messages dans votre entourage, c’est une très bonne référence.
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Saison brune

Saison brune est une bande dessinée documentaire très dense et détaillée sur le réchauffement climatique, la situation concrète, les évolutions possibles, les solutions envisagées, les effets futurs éventuels.



Quand on sait qu'elle a été publiée voici 10 ans et que rien n'a vraiment changé depuis, on reste sans voix ...



Philippe Squarzoni avouant ne pas connaitre le sujet, il fait des recherches, lit de nombreux ouvrages et partage l'avancée de ses lectures, de son travail et de ses réflexions en les illustrant. J'ai vraiment eu l'impression de découvrir l'état exact de la situation climatique en même temps que lui, et j'ai apprécié ce parallèle.



J'ai également trouvé nécessaires et reposantes les parenthèses personnelles, les souvenirs, les plongées dans la nature : cela permet au lecteur de souffler un peu au milieu des constats inéluctables et déprimants qui se déversent.



Contrairement à Saison Brune 2.0 (sur la pollution numérique), les explications scientifiques ainsi que les positions des uns et des autres sont très nombreuses.



Malgré la qualité du travail de recherches et la qualité du graphisme, j'ai cependant regretté que l'auteur ne parvienne pas à finir son livre, comme il le reconnait d'ailleurs. Le dernier quart de l'ouvrage m'a paru moins synthétique, plus bavard, avec des longueurs et redites.



Ceci étant, cela ne m'empêche pas d'en recommander la lecture !









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Homicide, tome 2 : 4 février- 10 février 1988

Ce deuxième tome mixe toujours la réalité du métier de terrain des policiers de la criminelle de Baltimore avec l'enquête sur le meurtre d'une enfant. On entre plus dans le vif de L'histoire avec l'enquête.

Cependant, les parties qui retracent comme un documentaire le métier prend trop de place à mon goût et alourdisse la lecture. Ce qui fait qu'il y a de trop grandes coupure dans le récit de l'enquête et le rythme narratif s'en ressent.
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Homicide, tome 1 : 18 janvier - 4 février 1988

Un livre qui nous transporte au cœur de l’unité « homicide » de la police de Baltimore. Avec les inspecteurs, on découvre les étapes d’une enquête pour homicide : la recherche d’indices, les interrogatoires de témoins compliqués, la paperasse, les enquêtes qui n'avancent pas, la pression des chefs…

On est loin des clichés des séries TV américaines car, ici, on suit quelques enquêtes avec des inspecteurs qui ont affaire à des meurtres de dealers, des suicides, des accidents avec arme… bref, rien de transcendants, mais pourtant indispensables à résoudre.

C’est un livre qui est à la fois très intéressant et en même temps qui manque de rythme. On est tout simplement dans un témoignage brute des inspecteurs de la section « homicide », quelques tranches de vie et quelques enquêtes qui n’aboutissent pas toutes, bref ce n’est pas un récit qui s’intéresse à des affaires intrigantes, étonnantes ou exaltantes mais ce qui est intéressant c’est de découvrir le véritable travail de ces hommes qui sont là pour enquêter sur plus de 240 homicides dans les rues de Baltimore.
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Homicide, tome 5 : 22 juillet - 31 décembre 1..

5e tome et conclusion de cette série adaptative du roman de David Simon.

J'ai pris un plaisir monstre à lire le tout en parallèle et voir comment Squarzoni s'est risqué à la difficulté de retranscrire 1000 pages de romane n 600 pages de BD.

Et l'auteur s'en sort en main de maître à mon goût. Il a réussi à retranscrire l'ambiance décrite dans le livre et nous la faire vivre dans ce médium. Idem pour ce que vivent les enquêteurs avec les difficultés rencontrées dans leur quotidien et cette recherche de vérité qui peut aller jusqu'à les consumer eux et leur vie privée.

Il y a une forme de fatalité et d'espoir dans le livre, ce ying et yang désarçonnant mais qui m'a fait vibrer lors de la lecture. Et je retrouve cette dualité dans la BD.

Oui beaucoup de choses sont absentes, mais c'est logique quand on voit la densité de l'oeuvre originale (sinon, il aurait fallu 10 tomes et encore pour réellement balayer l'ensemble), mais il y a assez d'éléments présentés pour se rendre compte du travail réalisé par le journaliste américain et comprendre l'enjeu de cette brigade de Baltimore.
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