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Citations de Pier Paolo Pasolini (364)


Vues de loin, les foules indiennes restent gravées dans la mémoire, avec ce geste d'assentiment, et le sourire enfantin et radieux dans le regard, l'accompagnant toujours. Leur religion tient dans ce geste.
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Il serait si facile …


Il serait si facile de dévoiler
Cette lumière ou cette ombre… Un mot :
Et l’existence, qui en moi existe seule
Sous les voix que chaque homme s’invente
Pour se rapprocher de vérités
Fuyantes, serait exprimée, finalement.
Mais ce mot n’existe pas.
Si toutefois j’écoute dans le bruit
Qui monte du quartier, un son un peu
Plus clair — ou que j’aspire dans l’odeur
De la saison un souffle plus précis
De feuilles mouillées, de pluie, alors,
Allusive, l’indicible vie qui est la mienne
Se dessine à mes yeux, rien qu’un instant,
Et je ne saurais la supporter… Mais un jour,
Ah un jour, je hurlerai à cette vue,
La révélation sera un hurlement…
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.
LES CENDRES DE GRAMSCI

Lo sandalo del contraddirmi, dell’essere
con te et contro te; con te nel cuore,
in luce, contro te buie viscere;

del mio paterno stato traditore
- nel pensiero, in un’ ombra di azione -
mi so ad esso attaccato nel calore

degli istinti, dell’estetica passione;
attratto da una vita proletaria
a te anteriore, è per me religione

la sua allegria, non la millanaria
sua lutta (…)


Scandale de me contredire, d’être
Avec toi, contre toi; avec toi dans mon cœur,
Au grand jour, contre toi dans la nuit de mes viscères;

reniant la condition de mon père
- en pensée, avec un semblant d’action -
Je sais bien que j’y suis lié par la chaleur

des instincts, de cette beauté qui me passionne;
fasciné par une vie prolétaire
née bien avant toi, je fais ma religion

de sa joie, non de sa lutte
millénaire (…)
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Ma chambre a des charmes de palmier...


Ma chambre a des charmes de palmier.
Le lit blanc et pur, défait,
les innocents cahiers : la présence
en moi de cette joie physique
que donne la vie qui se vit en soi.

Puis des moineaux se dispersent comme
un vol confus de papillons ; la terre, au soleil
passionnée et indifférente…

Et dans les vignes brûlées de soleil
et les maisons aux enduits incandescents,
un son de cloche obsédant.
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Les jours et les besognes prolifèrent sans transition, le temps est une fièvre constante, harcelante, qui ne laisse presque jamais de répit et presque par hasard, tant le hasard n’a rien à voir ici avec un destin, une destinée. C’est entre autres de cela que ces gamins sont exclus : du possible, de toute utopie.
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Je suis une loque, qui devra
Retrouver son orgueil, d'une manière ou d'une autre :
Mais il n'y a pas au monde d'indifférence ou de pitié
Qui puissent vous faire oublier comment le nœud

(juste) à la gorge a fondu (à mon âge)
En pleurs. On dit qu'on déteste
Celui à qui on fait du mal. Cela vaudra
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Pier Paolo Pasolini
"Si je me prépare à lutter, comme je peux, et avec toute mon énergie, contre toute forme de terreur, c'est, en réalité, parce que je suis seul."
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Le nouveau pouvoir de consommation permissif s’est purement et simplement servi de nos conquêtes d’intellectuels éclairés, de rationalistes, pour édifier son voligeage de faux laïcisme, de fausse intelligence éclairée, de fausse rationalité. Il s’est servi de nos déconsécrations pour se libérer d’un passé qui, avec toutes ses sottes et atroces consécrations, ne lui servait plus.
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Pour ces raisons, tu dois savoir ceci: dans les enseignements que je te donnerai, je te pousserai - il n'y a pas le moindre doute - à toutes les désacralisations possibles, au manque total de respect pour tout sentiment institué. Mais le fond de mon enseignement consistera à te convaincre de ne pas craindre la sacralité et les sentiments, dont le laïcisme de la société de consommation a privé les hommes en les transformant en automates laids et stupides, adorateurs de fétiches.
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Tout Indien tend à « se fixer », à se reconnaître dans l’aspect mécanique d’une fonction, dans la répétition d’un acte. Sans ce mécanisme et cette répétition, son sentiment d’identité recevrait un sale coup : il tendrait à se défaire et à s’évaporer. C’est pourquoi, à tous les niveaux, les Indiens apparaissent comme codifiés.
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Ce n’était pas vraiment un chant articulé, mais une lamentation, une cantilène. Du reste, tous les chants indiens sont tels. La douleur, l’épouvante, le spasme, la torture, avaient trouvé cet exutoire où se cristalliser : ils échappaient à leur intolérable particularité pour s’organiser et presque s’ordonner dans ce pauvre mécanisme chiffré de paroles et de mélodie.
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PERE
Mais tu ne sais pas que la plus grande joie des pères
C’est de voir leurs fils semblables à eux ?

FILS
Je le sais, on dirait que les pères
Ne demandent rien d’autre à la vie.
Bon, si vraiment tu veux que nous soyons semblables,
Deviens, toi, comme moi !

(Affabulazione)
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je sors du bar, moi, triste parmi ces joyeux
chair parmi ces esprits; et arrive
quelque chose de terrible...oh rien qu'un frisson,

une sensation, un rien...Evidemment
j'étais étourdi par tout ce soleil dominical...
Comme sortant de l'intérieur, je mettais un pied

au-delà de la clôture de joncs secs du bar,
tout fut derrière moi.
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Il y a une dizaine d’années, le sens du mot « obéissance » et celui du mot « désobéissance » étaient profondément différents. Le mot « obéissance » désignait encore cet horrible sentiment qu’elle avait été durant des siècles de contre-réforme, de cléricalisme, de moralisme petit-bourgeois, de fascisme, alors que le mot « désobéissance » désignait encore ce merveilleux sentiment qui incitait à se révolter contre tout cela.
Cela, contre toute logique ce que nous appelons historique, a été balayé non par la rébellion des « désobéissants », mais par une volonté nouvelle des « obéissants » (j’insiste : la première véritable et grande révolution de droite).
Contre-réforme, cléricalisme, moralisme petit-bourgeois, fascisme, sont des « restes » qui gênent en premier lieu le nouveau pouvoir. Est-ce contre ces « restes » que nous luttons ? Est-ce aux normes de ces restes que nous « désobéissons » ?
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Il n'est pas facile de t'aider dans la lutte que tu mènes - toi qui est complexé et faible - contre tous les autres, qui sont forts parce que individuellement ce sont des champions de la majorité.
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Chez les jeunes, le conformisme des adultes est déjà mûr, féroce, complet. Ils savent d'une manière très subtile comment faire souffrir les jeunes du même âge, et ils le font bien mieux que les adultes, parce que leur volonté de faire souffrir est gratuite : c'est une violence à l'état pur. Leur découverte de cette volonté est la découverte d'un droit. Leur pression pédagogique sur toi ne connaît ni la persuasion, ni la compréhension, ni aucune forme de pitié ou d'humanité. C'est seulement au moment où tes camarades deviennent tes amis qu'ils découvrent sans doute la persuasion, la compréhension, la pitié, l'humanité ; mais les amis ne sont tout au plus que quatre ou cinq. Les autres sont des loups et ils t'utilisent comme un cobaye servant à exprimer leur violence, et vis-à-vis duquel ils peuvent vérifier la validité de leur conformisme.
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La victoire de Kapitonov. Tout le reste est dépassé, fade. Il y a quelque chose de physique dans la présence invisible de cette victoire, rendue plus évidente encore par la modestie totale et véritable de Kapitonov. Moi, d'ailleurs, c'est la première fois que j'approche un athlète des jeux Olympiques, et cette situation a son charme. Je découvre une histoire d'une simplicité stupéfiante. D'après le peu que je sais, la vie des Russes a toujours cette simplicité: elle est toujours typique et très semblable aux autres. Ce qui est stupéfiant, c'est que cela ne l'appauvrit pas du tout, ne la rend pas grise et anonyme. Au contraire, tous les jeunes Russes que j'ai connus ont des trésors d'idéaux et de projets. Je reconnais toujours en eux les grands personnages si intenses et si originaux des romans de leur XIXe siècle. Ils ont, au fond d'eux-mêmes, quelque chose qui les rend toujours tendus et émus. Seul le désordre engourdit et humilie la passion: l'ordre la libère.
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Pourquoi cette tragédie dans au moins les deux tiers de l'Italie? Pourquoi ce génocide dû à l'acculturation sournoisement imposée par les classes dominantes? Mais parce que la classe dominante a séparé nettement "progrès" et "développement". Seul le développement l'intéresse, parce que c'est de lui seul qu'elle tire ses profits. Il faut une bonne fois établir une distinction drastique entre ces deux termes : "progrès" et "développement". On peut concevoir un développement sans progrès, chose monstrueuse que vivons dans presque les deux tiers de l'Italie ; mais, au fond, on peut aussi concevoir un progrès sans développement, comme cela serait si, dans certaines zones paysannes, on appliquait de nouveaux modes de vie civile et culturelle sans ou avec un minimum de développement matériel. Ce qu'il faut - et c'est à mon sens là le rôle du parti communiste et des intellectuels progressistes - c'est prendre conscience de cette dissociation atroce et en faire prendre conscience aux masses populaires, pour qu'elle disparaisse et que développement et progrès coïncident.
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qui peut, à l'ombre du pouvoir, se permettre de parler des êtres humains comme s'il s'agissait de données
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Ce langage - examiné en tant justement que langage verbal - révèle deux caractéristiques apparemment opposées et inconciliables : d'une part, un canon rhétorique caractérisé par l'hyperbole et le simplisme (on dit "assassin" pour dire "indirectement responsable politiquement d'un assassinat" : ce que les juges de nos tribunaux - ignorant de toute subtilité linguistique étrangère au barreau - n'ont même pas vaguement soupçonné)
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