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Citations de Pier Paolo Pasolini (364)


Pier Paolo Pasolini
« Je sais qu’en tapant toujours sur le même clou, on peut faire s’écrouler une maison. (…) L’histoire nous [en] fournit (…) l’exemple : le refus y a toujours joué un rôle essentiel. Les Saints, les ermites mais aussi les intellectuels, les quelques personnes qui ont fait l’histoire sont celles qui ont dit non, et pas les courtisans et les valets des cardinaux. Cependant, pour être efficace, le refus doit être grand, et non petit, total, et non pas porter sur tel ou tel point, « absurde », contraire au bon sens.»

PPP, « Nous sommes tous en danger », dernier entretien
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La chose la plus importante de ma vie a été ma mère
- à laquelle s'est ajouté maintenant seulement Ninetto.
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Quant à la poésie, j'ai commencé à sept ans : mais je n'étais précoce que par la volonté.
J'ai été un "poète de sept ans"
- comme Rimbaud - mais seulement dans la vie.
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Les personnes les plus adorables sont celles qui ne savent pas qu’elles ont des droits.
Sont adorables également les personnes qui, tout en sachant qu’elles ont des droits ne les revendiquent pas, ou y renoncent tout simplement.
Sont assez sympathiques aussi les personnes qui luttent pour les droits des autres (surtout pour ceux qui ne savent pas qu’ils ont des droits).
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Les pleurs de l’excavatrice (I) – 1956

Ce n’est qu’aimer, et que connaître,
qui compte, non d’avoir aimé,
ni d’avoir connu. C’est angoisse

que vivre d’un amour
révolu. L’âme ne grandit plus.
Voici que dans la chaleur enchantée

de la nuit noire, qui, là-bas,
parmi les méandres du fleuve, et la vision
de la ville assoupie parsemée de lumières,

frémit encore de mille vies,
désaffection, mystère, et misère
des sens, me rendent hostiles

ces formes du monde, qui, hier encore,
constituaient ma raison d’être.
Triste et las, je rentre chez moi, parmi

de noires places de marché, de tristes
routes, tout autour du port fluvial,
parmi les baraques et les entrepôts mêlés

aux derniers prés. Ici règne un silence
de mort : mais tout en bas, boulevard Marconi,
ou à la gare, au bord du Tibre, le soir

paraît encore doux. Vers leurs faubourgs,
leurs hameaux, s’en retournent sur de petites
motos – en bleus, ou bien en pantalons

de travail, mais pleins d’un entrain joyeux,
des jeunes gens, avec un camarade en selle,
hilares, crasseux. Les derniers clients

bavardent, debout, à voix
haute, çà et là, dans la nuit, aux tables
des cafés encore éclairés et presque vides.

Pauvre, merveilleuse cité,
tu m’as appris ce que les hommes
joyeux et cruels, apprennent, enfants,

les petites choses où se découvre
la paisible grandeur de la vie, le fait, ainsi,
de marcher, vigilant et dur, dans la cohue

de la rue, de s’adresser à un autre homme
sans trembler devant lui, de ne pas avoir honte
de vérifier l’argent compté

d’un doigt paresseux, par l’employé
qui file, en sueur, au long des façades,
dans la couleur d’un éternel été ;

me défendre, attaquer, avoir
le monde sous les yeux, et non
seulement dans mon cœur, comprendre

que peu de gens connaissent les passions
dont est faite ma vie :
que s’ils n’ont rien de fraternel, ce sont pourtant

des frères, puisqu’ils connaissent, justement,
des passions d’hommes
et que, joyeux, inconscients, absolus,

ils vivent d’expériences
qui me sont inconnues. Pauvre, merveilleuse
cité, tu m’as fait faire

l’expérience de cette vie
inconnue : jusqu’à me faire découvrir
ce qu’était, pour chacun, le monde.

(…)
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Les Cendres de Gramsci (III) – 1954

Un chiffon rouge, comme celui
noué au cou des partisans
et, près de l’urne, sur le sol cendré,

deux géraniums, d’un rouge différent,
Te voici donc, banni, en ta grâce sévère,
non catholique, enregistré parmi ces morts

étrangers. Les cendres de Gramsci… Pris entre l’espérance
et ma vieille défiance, je m’approche, venu
par hasard en cette maigre serre, face à

ta tombe, et à ton esprit qui est resté
ici-bas parmi ces gens libres (Ou bien c’est quelque chose
de différent peut-être, de plus extasié

et de plus humble aussi, ivre symbiose
d’adolescence, de sexe et de mort…)
Et en ce pays, où jamais ne fit trêve

ta passion, je sens quel fut ton tort
– ici, dans le repos des tombes – et en même temps
combien tu eus raison – en notre inquiet

destin – d’écrire tes ultimes
pages pendant les jours de ton assassinat.
Je vois ici, attestant la semence

non encore dispersée de l’antique pouvoir,
ces morts attachés à une possession
qui plonge au fond des siècles son abomination

et sa grandeur : et aussi, obsédante,
cette vibration d’enclumes, en sourdine,
étouffée et poignante – depuis l’humble

quartier – pour en attester la fin.
Et me voici moi-même… pauvre, vêtu
d’habits que les pauvres lorgnent dans des vitrines

au clinquant grossier, et qu’est venue faner
la saleté des routes les plus ignorées
des banquettes de tram, qui dénaturent,

pour moi, toute journée : alors que je puis de moins en moins connaître
de tels loisirs, dans le tourment
de survivre, et s’il m’advient

d’aimer le monde, ce n’est que d’un violent
et naïf amour sensuel,
tout comme, adolescent incertain, autrefois,

je l’ai haï, quand me blessait en lui, bourgeois,
mon propre mal, bourgeois ; et si le monde
est – avec toi – maintenant divisé, n’est-ce point objet

de rancœur, de mépris presque
mystique, que la fraction qui en détient le pouvoir ?
Pourtant, sans ta rigueur, je subsiste,

car je ne choisis point. Je vis sans rien vouloir,
en cet après-guerre évanoui : aimant
ce monde que je hais – en sa misère,

méprisant et perdu – par un scandale obscur de ma conscience…
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Qu'est-ce qu'il y a, après, sur la route? Les villages. A un moment, entre les arbres merveilleux et l'étendue sordide des clairières, apparaît, entre des talus blancs, des marécages desséchés, un étang. Il y a des femmes ou des garçons, tout autour, qui se lavent ou nettoient leurs tissus. Cette fois, il n' y a personne. Aussitôt après, surgit le village : un amas de murettes blanches, elles aussi faite de boue et de bouses de vache, et par-dessus des toits de chaume. Au milieu, des terre-pleins poudreux, envahis de chèvres, de vaches et de buffles. Tout de suite commence le fourmillement, comme d'innombrables vermisseaux colorés. C'est le bazar, la rue centrale du village, l'éternelle enfilade de boutiques, soutenues par des pattes de bois, avec, à l'intérieur, des marchandises et le vendeur accroupi, et, devant, le tourbillon des vieux, des garçons, des femmes, avec leurs guenilles colorées et leur très doux sourire au milieu des bosses répugnantes des vaches errantes.
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("parlant" de son personnage "Carlo") Comme je l'ai dit, c'est un ingénieur : autrement dit, s'il est assez intellectuel pour vivre les contradictions sociales et politiques de notre temps, il ne l'est pas assez pour les vivres à travers cette conscience qui assure l'unité de l'individu, faisait de l'état schizoïde un état naturel et de l'ambiguïté un mode d'être.
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Pier Paolo Pasolini
Danses

Je vais me regarder dans le miroir
pour voir ce que j'ai été,
mais comme l'eau, le miroir est
changeant
et ce que je suis devenu est changeant
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Pier Paolo Pasolini
« Le refus a toujours constitué un rôle essentiel. Les saints, les ermites, mais aussi les intellectuels. Le petit nombre d’hommes qui ont fait l’Histoire sont ceux qui ont dit non, et non les courtisans et les valets des cardinaux. Pour être efficace, le refus doit être grand, et non petit, total, et non pas porter sur tel ou tel point, absurde, contraire au bon sens… »
P.P.Pasolini
(Entretien avec Furio Colombo, La Stampa, 8 novembre 1975)
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Pier Paolo Pasolini
Avrei voluto urlare, e ero muto
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En Inde l’atmosphère est favorable à la religiosité, comme le confirment les rapports les plus banals. Mais, à mes yeux, cela n’implique pas que les Indiens soient vraiment préoccupés par de sérieux problèmes religieux. Certaines de leurs formes de religiosité sont forcées, typiquement médiévales : aliénations dues à l’épouvantable situation économique et hygiénique du pays, véritables névroses mystiques, qui rappellent celles qui eurent lie en Europe, au Moyen Âge, précisément, et qui peuvent frapper des individus ou des communautés entières. Mais plus qu’une religiosité spécifique (celle qui produit les phénomènes mystiques ou la puissance cléricale), j’ai observé, chez les Indiens, une religiosité générale et diffuse : un produit moyen de la religion. La non-violence, en quelque sorte, la douceur, la bonté des hindous. Ils ont peut-être perdu contact avec les sources directes de leur religion (qui est évidemment une religion dégénérée), mais ils continuent à en être des fruits vivants. Ainsi, leur religion, qui est la plus abstraite et la plus philosophique du monde, en théorie, est, en fait, en réalité, une religion totalement pratique : une manière de vivre.

On en arrive même à une espèce de paradoxe : les Indiens, abstraits et philosophiques à l’origine, sont actuellement un peuple pragmatique (fût-ce d’un pragmatisme qui permet de vivre dans une situation humaine absurde), tandis que les Chinois, pragmatiques et empiriques à l’origine, sont actuellement un peuple extrêmement idéologique et dogmatique (bien qu’ils résolvent pratiquement une situation humaine qui semblait sans solution).

Ainsi, en Inde, maintenant, plus qu’à l’entretien d’une religion, l’atmosphère est propice à tout esprit religieux pragmatique, quel qu’il soit. (pp. 54-56)
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« Mais avec la vieille Europe qui se réinstalle dans ses gonds solennels, naît l'Europe
moderne :
le Néo-capitalisme;
le Marché Commun, les États-Unis d'Europe, les industriels éclairés et « fraternels »,
les problèmes des relations humaines, du temps libre, de l'aliénation.
Le Marché Commun viendra
Entre temps on danse la Danse Commune.
Les petites bourgeoisies fascistes
Sont prêtes pour l'Unité de l'Europe
Au nom de la Commune Pénurie. »

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Pier Paolo Pasolini
"Pour un certain temps, jeune, j'ai cru à la révolution comme y croient les jeunes d'aujourd'hui. Aujourd'hui je commence à croire un peu moins à cette palingénésie. Je suis en ce moment apocalyptique, je vois devant moi un monde douloureux et toujours plus laid. Je n'ai pas d'espoir, donc je n'imagine même pas de monde futur."
-Pier Paolo Pasolini, entrevue par Enzo Biagi-
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La mort ne consiste pas
à ne plus pouvoir communiquer
mais à ne plus être compris.
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Pasolini est avant tout un poète civil. son thème dominant est la plainte sur sa propre nation, jadis créatrice et glorieuse, aujourd'hui dégradée et stérile. C'est le même thème que celui de poètes d'avant le Risorgimento, comme Foscolo et Leopradi. Après le Risorgimento, avec Carducci et D'Annunzio, la poésie civile devient triomphaliste, autrement dit, elle ment. Mais l'Italie perd la guerre, le fascisme s'écroule, et la plainte redevient authentique et actuelle. Pasolini est le poète qui, dans l'après-guerre, exprime le mieux cette authenticité et cette actualité du thème de la plainte sur la patrie déchue (Alberto Moravia, préface)
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"je persuade Moravia de faire du moins quelques pas du côté de l'hôtel et de respirer quelques bouffées de cet air, d'une première nuit en Inde..."
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Les nouvelles valeurs de la consommation prévoient en effet le laïcisme (?), la tolérance (?) et un hédonisme plus que déchaîné, capable de ridiculiser l'épargne, la prévoyance, la respectabilité, la pudeur, la retenue et, en somme, tous les vieux "bons sentiments".
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En reprenant la lutte qui d'ailleurs est dans sa tradition (la lutte de la papauté contre l'empire), mais pas pour la conquête du pouvoir, l'Église pourrait être le guide, grandiose mais non autoritaire, de tous ceux qui refusent (c'est un marxiste qui parle, et justement en qualité de marxiste) le nouveau pouvoir de la consommation, qui est complètement irreligieux, totalitaire, violent, faussement tolérant et même, plus répressif que jamais, corrupteur, dégradant (jamais plus qu'aujourd'hui n'a eu de sens l'affirmation de Marx selon laquelle le Capital transforme la dignité humaine en marchandise d'échange). C'est donc ce refus que l'Église pourrait symboliser, en retournant à ses origines, c'est-à-dire à l'opposition et à la révolte. Faire cela ou accepter un pouvoir qui ne veut plus d'elle, ou alors se suicider.
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Ah ce n'est pas pour moi cette beauté
de cristal, ce printemps amer :
un cri, même de joie, et je serais vaincu.
(Je referme les volets et laisse le monde
seul, avec son ciel d'argent).
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