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Critiques de Pierre Bordage (2033)
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Décade de l'Imaginaire 2013 : Nouvelle vie

Vous allez me dire que mettre cinq à une simple nouvelle est franchement exagéré. Toutefois, que demande-t-on à une nouvelle ? Un bon début, un bon milieu et une bonne fin, certes ; mais surtout une bonne idée, un bon univers développé un minimum (mais pas trop) et un twist central ou final qui sert le récit comme il faut. Pierre Bordage, avec Nouvelle Vie, réussit tout cela et je ne me suis pas rendu compte du temps passé à dévorer ce petit texte. Fluidité et créativité, voilà bien les deux mots qui me viennent à la bouche après cette rapide lecture. Le texte se tient admirablement bien, usant de chaque détail pour étayer la conclusion, et les tenants de l’intrigue ne font jamais tiquer.

Dans un monde d’anticipation où la biogénétique et l’informatique ont fait de tels progrès qu’il devient autorisé pour certaines grandes entreprises de breveter des génomes humains. Comment réagir quand on vous annonce cela à trente-cinq ans, alors que vous avez perdu vos parents étant enfant et que vous devez élever seul une fille bientôt adolescente ? Rien de simple ici, où la notion de famille prend toute sa place, entre l’éthique et la liberté.



Une nouvelle parfaitement maîtrisée donc, qui pose les bonnes questions en un temps record et dispose d’une intrigue bien ficelée. Ravi d’avoir découvert Pierre Bordage ainsi, j’y reviendrai…



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Déguster le noir

Je voudrais commencer par remercier deux amis babéliotes de longue date, pratiquement les premiers depuis que je me suis aventurée sur ce site si dangereux pour moi, en ce sens que les tentations y sont bien trop nombreuses !

Le premier, c'est Yvan Fauth, alias Gruz ici, pour avoir créé et dirigé cette collection sur les cinq sens dont j'ai savouré chaque opus. Grâce à lui, mes yeux, mon nez, mes oreilles, ma peau et mes papilles se sont affûtés, j'ai découvert de nouveaux auteurs (dont j'ai lu des romans par la suite), et dans ce dernier recueil, j'ai dégusté, dans tous les sens du terme ! Yvan, entend les appels de tes fans, s'il te plaît concocte-nous encore un petit dernier avec le fameux sixième sens...

Le second, c'est Messire Godefroy, autrement dit Antyrya, qui suite à un pari sur le futur titre du présent ouvrage (pari que j'ai gagné) me l'a envoyé le jour même de sa parution. Merci à toi Anty, tu es un homme de parole et tu m'as fourni une de mes meilleurs lectures de vacances.



Bon, c'est très bien tout ça, mais quand est-ce qu'on entre dans le vif du sujet, c'est-à-dire ce que j'ai pensé de ces treize nouvelles centrées sur le goût ? Premier constat : il y en a vraiment pour tous les goûts, et à toutes les sauces dans ces presque 300 pages. Du glauque, du terrifiant, du cynique, et même de l'humoristique, chacun y trouvera à boire et à manger.

Second constat : moi qui ne lisais pratiquement pas de nouvelles, excepté celles de Stephen King qui s'apparentent souvent à de courts romans, et bien j'y ai vraiment pris goût, au fur et à mesure de la parution de ces recueils, je les savoure de plus en plus. Elles concentrent les spécificités de chaque auteur, et sauf exception, ne me frustrent plus à cause de leur brièveté. Bien sûr, toutes ne m'ont pas rassasiée de la même façon, quelques-unes m'ont un peu laissée sur ma faim, mais dans l'ensemble je me suis sentie repue à la fin de mon repas, pardon, je voulais dire "de ma lecture".



Mais cessons là les métaphores gastronomiques, je crains de vous gaver !

J'évoquerai d'abord les nouvelles qui m'ont vraiment mis l'eau à la bouche (pardon !), à commencer par celle de Jérémy Fel : "Dans l'arène", dont j'ai d'ailleurs mis un certain temps à comprendre le titre. Elle se situe dans un futur qui pourrait être bientôt d'actualité, et met en scène une petite communauté familiale vivant dans les bâtiments d'une ancienne ferme. Tout est sec, plus rien ne pousse, le ciel est constamment voilé, on étouffe. Aux infos on voit des migrants se faire arrêter, la pollution atmosphérique bat des records, il n'y a presque plus d'eau, bref les curseurs d'aujourd'hui poussés un peu plus loin. Entre les épouses des deux frères qui vivent là, rien ne va plus. Bastien, le fils de Juliette et Olivier, a disparu, manifestement dénoncé pour avoir hébergé des réfugiés. Et Juliette soupçonne fortement Mathilde et Matthias, qui d'autre ? Il n'y a plus personne à des kilomètres à la ronde...Le repas d'anniversaire de Léa, fille de Mathilde et Matthias va précipiter les évènements.

J'ai adoré cette atmosphère angoissante, cette montée en puissance et la brusque révélation qui va complètement changer la perspective, un régal !



Parmi mes préférées également : "La visite" de Nicolas Beuglet, que j'ai trouvée particulièrement savoureuse de par son humour décalé et ses clins d'oeil aux adeptes du bio, du local et de la nourriture "saine". Aujourd'hui est un grand jour, car Gilles va faire la connaissance des parents de son amoureuse, Claire. Marlène et Pierre les accueillent chaleureusement, chez eux tout est beau, y compris Marlène, la très jeune maman de Claire. Pierre, le papa, manie l'humour au second degré, mais la bonne chère va vite détendre l'atmosphère. Attention à ne pas forcer sur le digestif quand même, c'est du costaud !



Dans un tout autre registre, on passe du rire (jaune) aux larmes salées : "Joé", de Christian Blanchard, qui met en abyme l'histoire de Lenny dans "Des souris et des hommes" de Steinbeck. Joé est un doux géant qui n'a qu'un rêve dans la vie, connaître le goût de la mer. Mais elle est loin la mer, et pour l'atteindre il faudra mener bien des combats... Une histoire très courte mais qui m'a beaucoup touchée, d'un auteur que je ne connaissais pas.



Ian Manook, lui je le connais déjà bien, et il ne m'a pas déçue avec "Feijoada" ! Si, vous savez, ce plat brésilien à base de haricots noirs et de toutes sortes de viande, les restes, les bas-morceaux, ce qu'on trouve quoi ! De l'humour très noir, qui rappelle les films de gansters des années soixante, genre "Les tontons flingueurs", un vocabulaire truculent-succulent, et une chute certes attendue mais vraiment bien dans le ton du thème. Excellent !



Et puis, un peu comme le dessert qui vient en apothéose du repas, il y a cette dernière nouvelle, plus longue, un petit polar à elle toute seule, "Scène de crime" de R. J. Ellory qu'on a toujours autant de plaisir à retrouver dans les recueils d'Yvan. Pas d'humour ici, on est sur les traces d'un tueur de jeunes femmes, l'enquêteur est sur les dents, les cadavres décapités et vidés commencent à s'accumuler dans une atmosphère quasi apocalyptique. Erikson, le policier chargé de l'enquête, va en faire une affaire personnelle... Une intrigue fouillée, dont les ressorts psychologiques vont vous retourner les tripes.



Voilà pour mon quinté de tête, mais parmi les autres récits, certains valent leur pesant de cacahuètes aussi. Prenons par exemple celle qui sert d'apéritif, "Le goût des autres", de Bernard Minier. Un check-point tenu par des américains dans le désert en Irak. Leila, muséologue, et son chauffeur Hassan se font arrêter pour un contrôle qui va se prolonger...Des relents de fantastique pour une nouvelle qui aurait gagné à être un peu plus développée, à mon avis.



A suivre, "Ripaille", d'Anouk Langaney, qui nous a concocté un menu très élaboré des apéritifs aux desserts. Une des convives nous fait part de ses réflexions sur les autres invités et la maîtresse de maison, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a une drôle de vision des plaisirs, de la table mais pas que... C'est assez tordu, mais plaisant, sans plus.



Comme nous avions beaucoup mangé, la nouvelle suivante est tombée à point nommé : "Tous les régimes du monde" de Cédric Sire nous emmène dans le monde du mannequinat, où l'idéal de beauté consiste à faire une taille 32, obtenue en mangeant trois pommes par jour, et au prix de malaises répétés. L'émulation fait des ravages entre Laura et Giulia, mais leur compétition tournera au désastre pour toutes les deux. Un récit glaçant, car certains détails sonnent hélas très vrai.



Pour ne pas rendre ce billet trop indigeste, je ne détaillerai pas les autres nouvelles, bien qu’elles ne manquent pas d’intérêt non plus. Deux d’entre elles traitent du périlleux métier de goûteur, « Amertumes » de Pierre Bordage et « Le goûteur » de Jacques Expert, deux auteurs dont la réputation n’est plus à faire.

« Jalousies » de Sonia Delzongle joue sur le double sens du mot-titre, et évoque le triste sort d’une femme réduite au rôle de poulinière et de servante de son mari à qui elle concocte sans se rebeller de bons petits plats sans attendre la moindre reconnaissance. J'avoue préférer l'auteur quand elle écrit des romans, même si la nouvelle ne manque pas d'intérêt.



"Alfajores" de Nicolas Jaillet nous parle d'un employé de Huei, où l'on transforme de la camelote asiatique en souvenirs "made in France" à grand renfort d'autocollants censés faire authentique. Un jour Pascal "n'a plus le goût"... L'histoire qui m'a le moins marquée, d'ailleurs je ne m'en souvenais plus (j'ai lu le livre pendant mes vacances, il y a un mois !).



Et enfin il nous reste une petite dernière, pour la dent creuse dirons-nous : "Un père à la truffe", de Patricia Delahaie, auteure que je découvre et qui je trouve a parfaitement saisi le concept de "déguster le noir", j'ai beaucoup aimé cet histoire de père qui ressemble un peu à un ogre et qui va passer une journée singulière avec sa gamine de douze ans, qu'il n'a pas vue depuis longtemps. C'est original, et m'a donné envie de mieux connaître l'auteure.



Pour conclure ce looong billet, plus j'en ingurgite, plus je les aime, les nouvelles ! Et je ne peux que vous inviter à une petite dégustation entre initiés, avec des hôtes de marque qui vont vous recevoir aux petits oignons !











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L'enjomineur : 1792

Mais pourquoi je lis si peu de Bordage moi ?

Celui-ci j’avais prévu de le lire il y a deux ans pour le challenge Bordage. Je le lis que maintenant, et encore parce que des amis trolls m’y ont incité pour une LC. Navrant !



Première intrusion dans un Bordage fantasy pour moi (faut dire qu’il n’y en a pas beaucoup). Enfin… fantastique en tout cas, et encore assez léger ; on est à la limite du roman historique, un excellent.

Transcendant les genres, l’auteur inclut ses invariants, ses éléments qui sont sa marque de fabrique. On retrouve l’excrément de ce que l’humanité est capable de produire et de ressentir, présenté sans édulcorant et avec ce talent qui pousserait presque à vomir devant la noirceur du tableau tout en applaudissant. Et au milieu de cette mer d’entropie, des phares de bonté, d’amour et d’héroïsme qui éclairent d’autant mieux par contraste (la scène du mariage de village restera dans ma mémoire). Invariants sur la forme aussi : deux points de vue seulement, alternés dans les chapitres, qui sont tellement loin l’un de l’autre qu’on se demande si seulement ils vont se rejoindre (l’Évangile du Serpent est le must dans le genre) ; avec un PdV guest-star de temps en temps, histoire de lorgner des événements que les deux acteurs principaux ne peuvent pas connaître.



Parlons-en des acteurs : des bijoux, du petit peuple brinquebalé de droite et de gauche par l’ouragan de la Révolution et qui essaie de garder la tête hors de l’eau. Un Émile parangon de vertus, à la beauté physique autant que morale, éduqué et plutôt acquis aux idées neuves et qui voit monter la contre-révolte en Vendée. Il tourne autour de lui comme un vent de l’ancien monde, du temps où les fées n’avaient pas à se cacher. Un Cornuaud beaucoup plus rude, élevé à l’école de la violence pour la survie, enjominé et cherchant désespérément à s’en sortir, recherche qui l’amène à fréquenter à Paris les sociétés secrètes qui volètent auteur du Club de Cordeliers ; un homme qu’on plaint et qu’on hait par intermittence.



Pierre Bordage a beau se présenter comme un écrivain jardinier, il a travaillé son contexte historique à la perfection. La Commune révolutionnaire – la Révolution Française en général – n’est pas une période que je connais bien et j’ai énormément appris grâce à ce talent de conteur inimitable. Pas besoin de film quand on imagine l’assaut des Tuileries à partir de ces lignes. L’histoire ne nous est pas racontée comme s’il s’agissait d’un progrès vers des idéaux magnifiques, mais comme on raconte la Révolution Russe : un beau bordel où les passions des foules sont manipulées par quelques talentueux orateurs, où la lie des comportements humains a pignon sur rue, où l’on en viendrait à regretter l’Ancien Régime et ses belles Lumières du siècle finissant. C’est effrayant… et tellement réaliste. Je suis à présent beaucoup moins impressionné par un Danton et surtout un Marat ; avant que le sang ne s’échappe de leur corps ils en auront fait couler des barils entiers. J’ai plus d’une fois pensé à Staline.



Je l’ai dit, ce livre frôle la perfection. Et la fin nous laisse pantelant, assoiffé, prêts à tout pour lire la suite. Pourtant, je n’ai pas ressenti ce « coup de cœur » qui claque comme un coup de foudre. Plutôt qu’une explosion d’émotion violente, c’est un contentement continu et confortable qui m’a animé. Je pense que la rémanence de ce ressenti se bonifiera avec le temps, comme un excellent cru.



J’ai fini de causer. J’ai hâte de retrouver le patois vendéen qui a illuminé la noirceur tout le long du roman.

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Les Guerriers du silence, tome 1 : Les Guer..

Et une fois de plus mon ami Pierre m'a fait voyager à tracers l'espace et le temps.



Si le mysticisme est bien présent, le côté humain l'est tout autant. Les thèmes forts de Pierre Bordage sont toujours bien présents, même si dans certains de ses romans il est beaucoup plus incisifs. J'ai trouvé beaucoup de subtilité ici, même si les massacres et les guerres de religions ne portent pourtant pas à cela.



Les personnages sont très bien pensés et très recherchés.

J'ai une affection aussi toute particulière pour ce que fait Pierre Bordage des animaux qu'il crée.

Sachant que ce roman est le premier, il reprend parfois des idées dans d'autres de ses romans : je pense ici à la fraternité du Panca. Ce qui est drôle c'est qu'effectivement on se dit tient l'auteur à déjà utilisé l'idée ailleurs, mais en fait ça ne dérange absolument pas , bien au contraire puisque c'est traité de façon différente et que cette façon de faire apporte une certaine dimension au roman.



Ce roman c'est aussi tous les complots internes aux sectes religieuses et aux différents pouvoirs ...et moi qui suis grande fan de Pierre Bordage mais également d'auteurs plus classiques.. avec ce premier tome je ne peux dire qu'une chose Pierre Bordage est l'Alexandre Dumas de la SFFF .



(Tout au long de ma lecture : aussi bien dans les descriptions que dans la façon d'amener l'intrigue, souvent je me disais : "Oh Dumas aurait pu écrire ça si il vivait à notre époque (et si il s'était mis à la SF bien sûr))
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Les Fables de l'Humpur

Les fables de l’humpur sont un roman envoutant , très bien écrit et très immersif .



C’est un texte qui peut déranger ou mettre mal à l’aise car les habitants de cet univers sont des sortes de chimères à la fois humaines et animales .

L’homme a existé dans cet univers , mais il est devenu un mythe discutable en ces lieux et il semble avoir disparu de cette terre , alors même que l’humanité qui subsiste chez les habitants de ce monde , tend à disparaître dans le cadre d’une régression naturelle , encouragée et amplifiée par des tabous religieux et par la vigilance d’un collège religieux .



C’est une sorte de contre-genèse , de régression de retour aux sources avec un personnage en particulier qui ne veut pas aller dans le sens du vent car sa nature semble s’y opposer et il nous conduira à comprendre la leçon à tirer des croyances et des comportements des habitants de ce monde ainsi que celles à tirer de leurs mythes , concernant l’homme et leurs logiques religieuses et « spirituelles « ...



Il y a comme une ombre dramatique , une atmosphère vaguement dramatique , qui plane dans ce texte , car c’est la fin de beaucoup de choses que ce roman qui est principalement l’histoire d’un crépuscule et d’un retour aux sources tragiques et vaguement triste .



Les habitants de ce monde sont entre autres des êtres mi-hommes mi porc , ces aspects mixtes sont très bien traités et cet univers est aussi riche que déroutant ainsi que difficile à définir .



Le mot de la fin ( disons un chapitre pour simplifier ) est absolument surprenant et il classera définitivement ce texte apparemment ambigu dans la science-fiction plus que dans la Fantaisie .



Ce monde est un monde disons de type médiéval , assez religieux et superstitieux , avec une originalité aussi somptueuse que tranquille .

On pensera à la ferme des animaux , à l’ile du docteur Moreau , avec quelques raisons si on compare , mais de loin .....



Il y a effectivement et cependant des analogies quant aux logiques créatives qui sous-tendent ces univers .

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Les chemins de Damas

Ce que j’ai ressenti:…Au bout du tunnel enténébré , la lumière, et au-delà….



L’humanité a un besoin urgent de rêveurs.



Nous finissons une trilogie qui nous parle des dangers et dérives que peuvent faire les hommes de la religion et la foi. C’était une lecture visionnaire, actuelle, et riche de pistes sur les enjeux politiques de ce monde. On ressort rincés, plus critique sur notre société. Cet auteur arrive à mettre en fiction, dans un avenir proche, toutes les failles de notre système de lois qui régissent le capitalisme, des aspirations sombres que projettent des dizaines d’années à l’avance les puissants de ce monde, l’immense désarroi auquel les individus lambda de cette planète se retrouve confrontés. Quand on vous disait que cette lecture fait peur, c’est parce qu’elle est trop réaliste, trop prévisible, trop effrayante…



– Je crois que l’Europe n’a plus d’avenir, reprit Flamand. Le libéralisme avait entrepris de démanteler ses structures, la guerre les a définitivement rasées. Il faudrait pour les relever une vraie volonté politique. Des visionnaires. Pas une clique de politiciens vendus aux grandes entreprises. Tant que les intérêts des capitaux l’emporteront sur les intérêts humains, l’Europe poursuivra sa descente aux enfers.



Nous, revoici, dans la chronologie du temps, quelques années après la guerre, et elle n’est pas annonciatrice de glorieuse période…Les hommes sont encore plus esclaves, plus pauvres, plus résignés, plus contrits…L’espoir n’est pas de mise, et en plus, un grand fléau frappe toutes les contrées du monde: la disparition des enfants…Pfiou…. Envolés, sans laisser de traces….Ca laisse perplexe, mais c’est diablement addictif, car c’est bien connu, les enfants sont l’avenir, et sans eux, et déjà que ce présent là est ténébreux, on frôle la catastrophe ultime…



La guerre avait opéré une sélection des espèces à rebours : les meilleurs avaient péri sur le Front, il ne restait plus que les médiocres, les planqués et les crétins.



Avec cette quête désespérée , on est happé dans les routes inhospitalières où chaque pas est un danger sous-jacent et l’horizon qui s’ouvre à nous, pas beaucoup plus nauséabond, que sous la bâche où se trouve ce duo de personnages, déterminés à lever le voile sur un phénomène inexplicable…Là, encore dans ce tome, peu de place, à la lumière, si ce n’est, un peu cette fin, presque surnaturelle, pour essayer de contrer le Mal de notre temps…



L’amour n’est pas un sentiment qu’on marchande, c’est un état, une intelligence en action, la merveilleuse intelligence de l’univers.



Au sortir de cette lecture, je me dis que j’ai grandement apprécié l’univers que sait créer cet auteur, sa façon de voir sans artifices, le monde qui nous entoure… J’ai hâte de lire une autre de ses aventures, et j’espère que j’aurai encore plus de plaisir à lire, le prochain qui m’attend dans ma PAL…Pour une première approche, je pense que ces tomes sont un peu inégaux, mais que dans l’ensemble, ça reste une lecture très instructive! La trilogie des Prophéties porte presque trop bien son nom, et je suis bien contente que ma binôme m’est tenue la main pendant cette traversée chaotique d’un avenir possible…. (La binôme signale qu’elle avait la trouille aussi !!! – Cannibal)


Lien : https://fairystelphique.word..
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Wang, tome 2 : Les Aigles d'Orient

Et bien une fois de plus Bordage a réussi a me faire vivre une multitude d'émotions... et comme il est plutôt doué comme écrivain j'ai même eu la nausée lors de certaines descritions.



Un livre qui prend aux tripes parce que même si c'est de la fiction on est dans la réalité malgré tout. Un système ou une minorité de gros bouffent les petits...ou l'exploitation de l'être humain a une finalité peu avouable mais qui est acceptée pour le plus grand bénéfice de certains.



Un roman ou se mèlent de nombreuses scènes de combats et qui nous amènent tout droit vers une humanité décadente.. qui bizarrement me fait penser a notre société actuelle.



Un Bordage que je conseille vivement.. et qui devrait être lu dans les écoles parce qu'il pourrait forcer certaines personnes a penser par eux même ou à voir les choses autrement.
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Les dames blanches

Une étrange bulle blanche d’une cinquantaine de mètres de diamètre est découverte dans une petite ville de l’ouest de la France. Mystérieusement elle attire un enfant de trois ans, Léo qui s’avance vers elle, comme hypnotisé, fasciné. Rien ne l’arrête et il est absorbé par le bulle.



Lorsque sa mère, Elodie décrit le phénomène, on la prend pour une folle, hystérique qui a dû faire mal à son enfant. Une journaliste, Camille, est chargée par son magazine de faire une enquête sur ces étranges évènements. On la surnommera « Madame bulle » et sa première interview sera consacrée à Elodie.



D’autres bulles apparaissent en France mais aussi dans le monde entier et les enfants de moins de quatre ans sont tous attirés par elle et disparaissent.



Tous les pays vont conjuguer leurs efforts pour tenter de les faire disparaître, mais elles grossissent et sont de plus en plus nombreuses. Leur activité magnétique est telle que les réseaux électriques et numériques ne fonctionnent plus et on doit revenir aux anciens moyens de communication.



On fait appel à un artificier de l’armée qui va tenter tous les cocktails existant pour faire exploser la bulle, mais rien n’y fait, alors l’ONU décide d’utiliser les grands moyens avec ce qu’on appellera les « pédokazes »…



Ce que j’en pense :



L’auteur nous décrit très bien ce monde étrange, où l’on essaie de détruire ce que l’on ne comprend pas. Il y a des êtres qui tentent à tout prix d’établir un contact avec les bulles que l’auteur appelle « Les dames blanches », notamment les passionnés d’Ufologie qui se font traiter d’illuminés, comme Basile et Camille dont les dames blanches ont pris un fils, Nathan.



De l’autre, on trouve tous les fadas du complot, ultra militaristes qui voient une occasion de donner un sens à leur vie en devenant des miliciens. On s’attache quand même au premier artificier, ex légionnaire, porté sur la bouteille qui retrouve un sens à sa vie, en imaginant ses cocktails explosifs, alors que d’autres sont franchement antipathiques…



Pierre Bordage, comme d’habitude nous décrit bien les dérives du monde moderne, la façon dont les militaires décident de recenser tous les enfants et demandent aux parents de désigner un des leurs pour devenir une bombe humaine, car c’est la seule façon, apparemment, de déstabiliser les dames blanches, mais c’est un répit de courte durée. C’est ce qu’on va appeler « Loi d’Issac »



On retrouve bien-sûr la passion de Pierre Bordage pour la mythologie et aussi pour l’Histoire, certains éléments rappellent la milice sous l’Occupation, (les dénonciations, les rafles au petit matin, le traitement des enfants Kamikazes qui évoque les camps de concentration). Mais, certaines descriptions font penser à ce qui se passe de nos jours, terrorisme, Etat d’urgence… malgré tout, il semble garder foi en l’être humain…



Bref, j’ai beaucoup aimé ce roman. Cette histoire m’a plu d’emblée et j’ai dévoré le livre. J’ai découvert l’auteur avec « Le feu de Dieu » qui m’avait beaucoup plu. Donc, j’ai bien l’intention de continuer à découvrir son univers.



Note : 8/10
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Porteurs d'âmes

Bordage nous raconte l'histoire de trois vies, de trois destins.



Léonie, une jeune femme africaine, vendue par ses parents et prostituée depuis l'âge de 8 ans, jusqu'au jour ou elle arrive a s'enfuir. Clandestine dans la capitale, elle sert de cobaye dans un pseudo institut pharmaceutique afin de pouvoir survivre.

Cyrian, un jeune étudiant, issu de la haute bourgeoisie. Imbu de sa personne et capable de tout pour arriver à ses fins. Il désire plus que tout entrer dans la confrérie des Titans. Une confrérie ou tout est permis et ou les expériences sortent de l'ordinaire.

Et enfin, Edmé, la cinquantaine, flic en errance, que sa direction cherche à mettre sur le carreau.



Il est intéressant de voir chaque chapitre raconter, l'un après l'autre, l'histoire des personnages. D'autant que Bordage, aussi bien dans le caractère que dans la narration arrive à créer un monde appartenant à chacun d'eux.

Il faut avouer que ce roman est très riche, l'auteur, une fois de plus, arrive a méler les genres avec brio. On passe du fantastique au policier / thriller en passant par un roman de société. En effet, Bordage n'est pas avare dans ses critiques de notre monde actuel.



J'ai beaucoup apprécié ce roman, qui met en avant les affres de notre monde d'aujourd'hui et qui touche juste, là ou il faut.



Je n'aime pourtant pas , en général, les romans qui relatent de violence sexuelles, mais j'avoue que Bordage a su le faire avec une grande humanité et ma lecture n'en a pas été perturbée.



Ce roman est peut-être long a démarrer (cela se conçoit avec trois personnages à mettre en place), mais une fois passé ce cap il est complètement addictif..
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Les Guerriers du silence, tome 2 : Terra ma..

Dans ce deuxième volet, Pierre Bordage prend son temps.. tous doucement il nous amène de nouveaux personnages, qui vont grandir en maturité, pour certains, tout au long des pages.

Il continue sur sa lancée et sur le développement intensif des "sectes" religieuses qui dominent l'univers et qui continuent leur ascension.



C'est toujours un plaisir, pour moi, de rentrer dans l'univers de Pierre Bordage et de toucher du doigts ses thèmes de prédilections. Mais une fois encore je le trouve moins incisif et plus dans le développement, par rapport à son tome premier. Il aurait pu rendre cette triloge plus courte dans un sens mais dans un autre ,sa façon de conter est tellement agréable ... et puis quand il s'agit de complot il a une façon magistrale de dire les choses.. ce deuxième tome me conforte dans l'idée qu'il est l'Alexandre Dumas de la SFFF français avec ce genre de roman.
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La fraternité du Panca, tome 2 : Soeur Ynolde

Ce deuxième tome de la fraternité du Panca gagne en intensité. Il est beaucoup plus mouvementé que le premier.



Dans cet épisode on retrouve Inolde qui va donc poursuivre la mission de son père puisqu'elle est le 4ème "frère" de la fraternité. Elle va donc partir a la recherche du 3ème frère. Mais c'est sans compter sur les ennemis de la fratenité du Panca qui vont mettre tout en oeuvre pour arrêter la quête de soeur Inolde.



Bordage joue sur deux fronts , celle d'Inolde et de Silf le Jnandiran , assassin de son état et nouveau personnage.

D'ailleurs Bordage a su faire de ses personnages des être intriguants et attachants. Les talents de conteur de l'auteur ne sont plus a démontrer (pour moi) et j'adore une fois de plus son roman qui me fait voyager.

Il traite comme toujours ses thèmes de prédilections mais en plus ici il démontre que la mémoire et l'histoire ont leur importance dans la vie de tout un chacun . Et que chaque chaine est liée par des maillons et que chaque maillon a son utilité et complète l'autre.. enfin pour en savoir plus sur ce sujet il faudra lire la fraternité du Panca.



j'ai quand à moi, hâte de savoir ou cet auteur de talent va m'emmener avec son troisième tome.
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Chroniques des Ombres

Un accident nucléaire touche la terre, les populations survivantes sont divisées en 2: d'un côté les cités unifiées qui se sont protégées des retombées radioactives et de l'autre les territoires horcites véritables jungle ou tout être vivant (ou presque) a muté.

Mais une vague de meurtre décime les cités unifiées. Ganesh jeune fouineur mène l'enquête.



Bordage a des thèmes de prédilections dans ses romans.. et celui-ci ne fait pas exception. L'être humain est une fois de plus mis en avant, ainsi que toute une morale de pensées et politique. Néanmoins, même si ce sont des sujets très récurrents chez cet auteur, il faut avouer que son talent de conteur et ses mises en scène font que chacun de ses romans reste unique et plus que plaisant à lire et a découvrir. Il arrive a nous emmener dans des mondes qui nous font voyager et nous immerge complètement dans son histoire.



Un roman ou la théorie des complots à une large place avec toujours une critique de la société et de l'être humain. Mais surtout avec une once d'espoir. Même si l'être humain par sa nature intrinsèque a vocation a "bouffer" d'autres êtres humains pour arriver à ses fins, il reste quand même certaines personnes plus censées que d'autres qui réfléchissent a un avenir serein .



Sachant que ce roman a été bati sous forme d'épisodes au départ, j'ai quand même eu un petit regret lors de cette lecture. Tout simplement certaines questions n'ont pas obtenu de réponse. Je pense tout particulièrement au personnage de Théo. Mais cette petite "lacune" n'a en rien nuit a mon plaisir de lectrice puisque j'ai accordé 5 étoiles

En parlant de personnage , je les ai trouver tout particulièrement travaillé et, prenant pour certain une grande intensité au fil des pages. Une chose est sûre Bordage a une capacité à nous rendre ses "créatures" sympathiques.



J'ai aussi eu un sentiment étrange en lisant ce roman...dérangeant même parfois. En effet, j'y ai vu beaucoup de corrélations avec notre actualité de début d'année. Cette volonté d'imposer par la force ou par le ruse une idéologie parfois religieuse, parfois politique. Sans entrer plus profondemment dans le sujet ou je risque de me brûler ,je vais juste développer une des choses qui m'a marquée. Rien que dans l'idée de donner les pleins pouvoir a un maire alors que la situation des cités unifiées était critique cela m'a très fortement fait penser au fameux état d'urgence instauré par notre gouvernement.



Et pour conclure j'ai tout simplement adoré ce roman qui pousse a la réflexion .



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Wang, tome 1 : Les portes d'Occident

Est-ce vraiment un bouquin de science-fiction ?

Nous sommes l'étape intermédiaire qui annonce ces temps futurs. A moins que … à moins que les occidentaux ne prennent conscience … Ne pas voir le verre à moitié vide … Alors ce sera un livre de SF.

Pierre Bordage nous entrainent dans un futur plus que probable. Une sonnette d'alarme sur notre repli sur soi ?

Sur notre nationalisme exacerbé … On est chez nous entend-t-on … On a gagné … On est les plus forts. Les oriflammes volent au vent et soit disant rassemblent la nation.

Pauvre gens qui se prennent pour le centre du monde.

Wang, dix-sept ans, est né du mauvais côté de la barrière, celui des magouilles et de la survie comme objectif. Contraint de fuir il lie connaissance avec Lhassa et entreprennent de passer la barrière électromagnétique pour un rêve d'occident, mais en fait que se passe-t-il derrière cette frontière ? Rien ne filtre mais sera toujours mieux que de rester dans un monde sans avenir.

Avec cet auteur pas de temps mort dès le début du livre nous sommes dans l'action. Les phrases et les paragraphes glissent comme un rosé bien frais les jours de canicules.

Pierre Bordage est un grand conteur, un de ceux qui vous embarquent dans un tourbillon d'événements. Même si j'ai moins adhéré sur certains passages de la fin du livre, dans l'ensemble j'y ai pris beaucoup de plaisir.

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Ceux qui sauront

C'est drôle comme un mot dont vous n'avez jamais entendu parlé pendant près de soixante ans, d'un seul coup se présente à vous à tout bout de champ. Ici c'est le mot uchronie. J'en faisait la remarque à un membre par lequel je ne savais pas ce que cela voulait dire il y a quelques semaines et paf je prends un bouquin à la médiathèque et pil poil j'ai la définition sur la première page. Trop fort camarade.

Uchronie, que l'on pourrait traduire en gros par : et si.

Et si l'histoire avait été différente.

Et si la royauté avait repris les rênes (reines ?) de la France.

Et si Versailles en était la capitale.

Et si les gens d'en haut gardaient le savoir rien que pour eux.

Et si les donzelles faisaient toujours des mariages arrangés par les parents dans le but de garder et d’accroître leur pouvoir.

Et si les gens d'en-bas en étaient réduits qu'à n'être que des esclaves.

Merde je ne pourrai pas écrire cette critique puisque je n'aurai pas eu accès à l'éducation.

En fait je n'aurai même pas pu lire ce livre.

En vrai je ne saurai même pas ce qu'est qu'un livre.

Je passerai peut-être mon temps à lutiner des demoiselles dans des meules de foin ?

Chacun en tirera les conclusions qui s'imposent.

Pierre Bordage se livre ici à une autre histoire de France. Une histoire ou s'entremêlent les destins de Clara et Jean.

C'est l'écriture, le rythme qui fait toute la différence, qui donne de l'attrait à ce livre. Comme d'habitude je me suis laissé embarquer sans réfléchir m'appuyant sur le phrasé mélodieux de cet écrivain.

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Échos dans le temps

Grande nouvelle ! Pierre Bordage sait faire des romans courts sans perdre en qualité.



Ce petit roman peut être qualifié de « léger » relativement à ce que je connais de lui. Il ne plombe ni le moral ni l'atmosphère. Il ne dénonce pas le comportement stupide de l'humanité. Il ne gère pas des catastrophes ultimes (quoique Bordage ne s'empêcher d'annoncer la mort de milliards d'humains dans le futur). L'aventure est la priorité. Objectif : résoudre une enquête policière qui tord les courbes du temps. C'est fou ce que le scénario m'a rappelé le premier film Terminator, la guerre contre les machines en moins.



Le tour de force de Bordage, c'est d'avoir introduit comme narratrice Jeanne, une jeune femme fragile et très malade engoncée dans une vie de famille plutôt pathétique ; elle n'attend plus grand chose de la vie. Les événements temporels qui déboulent vont se charger d'épicer cette vie. Le bizarre qui pénètre dans la vie de gens du commun sans frapper à la porte, c'est du pur fantastique. L'auteur est toujours très doué pour peindre des êtres vraiment humains et c'est à eux que l'on s'attache le plus, les voyageurs temporels étant volontairement déshumanisés (dans le sens très peu émotifs ; des stoïciens absolus).

Quoique, les criminels que tout le monde recherchent sont très intrigants durant tout le roman. Les lettres qu'ils s'envoient apportent au lecteur (à moi en tout cas) plus une sensation de sympathie que de mépris pour les actes odieux qu'ils auraient commis.



Bref, je me suis régalé. C'est idéal pour la détente des neurones. Tout au plus, en tirant le bouchon, pourrais-je regretter une hypothèse implicite utilisée par Bordage liée à la synchronisation des durées entre l'époque contemporaine et le futur. Regret largement compensé par la poésie portée par les fameux « échos » qu'évoque le titre.

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La Fraternite du Panca, tome 3 : Frère Kalkin

Frere kalkin est le troisième maillon de la fraternité du panca. Sa quête se poursuit.



Pierre Bordage renouvelle son space opéra dans ce troisième opus en ne centralisant plus toute l'intrigue sur Silf mais en lui adjoignant d'autres personnages. Les femmes sont réellement mises en avant.



Bordage reste fidèle à ses thèmes de prédilection, et c'est tout à son honneur. Tout comme sa plume qui est une des plus belles dans la science fiction française. Ses descriptions sont splendides et ses personnages très travaillés.



C'est une fois de plus un immense moment de lecture pour moi.
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Abzalon

Excellentissime moment de lecture en compagnie d'Abzalon, Ellula, Artien et tant d'autres ! D'ailleurs on peut dire que j'ai dévoré les plus de 500 pages de ce roman…

Comme je disais ailleurs, Bordage est en train de devenir mon « Gemmell SF ». Je m'explique : Gemmell, c'est l'auteur dont je garde précieusement les quelques livres qu'il me reste à lire de lui pour quand j'aurai envie de lire de l'excellente fantasy, mais, avec sa disparition bien trop précoce, snif, ma réserve s'amenuise inexorablement. Bordage, que « le Tout » le bénisse, a une bibliographie des plus étendues et est toujours parmi nous, ce dont je me réjouis à chaque fois que j'en lis un (je me dis « oh c'est bon, et il m'en reste tant de lui à lire, c'est super ! »).



Abzalon commence fort, très très fort. En compagnie d'Abzalon le « monstre », en prison, qui plus est, et Loello, son compagnon à l'opposé de lui qu'il a pris sous son aile. Incarcération en milieu hostile, voire infernal, car le but est de réduire le nombre des prisonniers de 157 000 à 5000 (et sans procéder à des exécutions mais en provoquant surpopulation de quartiers en fermant la plupart d'entre eux et « famine » au sein de la prison). Autant dire que les conditions de vie y sont plutôt des conditions de mort…



Abzalon l'assassin de femmes (dont on ne saura pas vraiment le pourquoi, cela m'a un peu manqué), pour son plus grand bien dans ce cas de figure, est énorme et monstrueux et écrabouille ceux qui l'emmerdent (pas nombreux) comme des insectes, Loello lui servant d'yeux car il « sent » les présences alentours. Bref, le roman commence sur le chapeaux de roues ! Enfin pas tout à fait…

Comme dans « les guerriers du silence », on a un prologue à chaque chapitre, « extrait de journal… » des moncles (Moine de la religion de « l'Un », des clones, autrement dit) du voyage de l'Estérion). Ces prologues, contrairement à ceux des « guerriers du silence » (qui ne faisaient que dévoiler les trucs importants du chapitre et que j'avais fini par sauter), sont très utiles et expliquent bien le contexte social et politique (politico-religieux en fait) de la planète Ester. Comment des colons humains ont débarqué comme en pays conquis, traitant les « Qvals », population autochtone, comme s'ils n'existaient pas, les refoulant en territoires hostiles. C'est très bien écrit, très clair, et les guerres de religion (oui oui, les moines sont ici des tueurs, ça alors, mais où peut-il bien aller chercher tout ça ? Dans notre réalité ? ah ben oui…) et d'intérêt pour les ressources naturelles qui font rage détruisent assez rapidement la planète et ses satellites.



Forts de la connaissance de ce destin, les responsables ont décidé de construire un vaisseau interstellaire qui enverra des populations « adaptées à la survie » sur une autre planète, il y en a pour plusieurs centaines d'années de voyage. Je me suis longtemps demandé pourquoi ils envoyaient des kroptes et des anciens prisonniers avec quelques « moncles » au milieu. Si vous êtes comme moi, la réponse arrivera en son temps ! Claire nette et sans bavure…

On s'attache grandement aux personnages, à cette gueule cassée d'Abzalon (et pas que cassé de la gueule, d'ailleurs) et son pote Loello, surtout, et j'ai particulièrement apprécié le moncle Artien. C'est un personnage magnifique, profond, extrêmement humain, je l'ai vraiment adoré, avec ses "jugements", ses questionnements métaphysiques, son envie d'être "humain"...



Le "féminisme" de Bordage est très présent dans ce bouquin, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je mets féminisme entre guillemets car en fait, Bordage prône surtout la liberté d'être, quel que soit le genre de la personne... (Masculin, féminin, clone ou autre... arfeu !)



Je ne pense pas sauter sur la suite lointaine (Orchéron) de suite, je préfère savourer mon bonheur d'avoir lu ce petit bijou. Merci Siabelle pour la lecture commune !
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Griots célestes, tome 1 : Qui-vient-du-bruit

Après les guerres de dispersion, les hommes ont été éparpillés au travers de la galaxie. Les griots ont pour mission de leur chanter leur histoire afin qu'ils conservent à l'esprit que les hommes sont issus d'une même souche, même si ils sont dispersés sur différentes planètes. Mais ces chants ne parlent plus à tous, un mouvement contestataire gronde et agi.



Bordage à travers un space opéra se questionne sur l'humanité et l'homme. Beaucoup de sujets sont abordés, mais au final assez succintement, juste le temps de se poser des questions. Pour cela Bordage reprend certaines "facettes" historiques ou culturelles des différentes ethnies humaines.

Il s'interroge sur la place des femmes, des handicapés et des vieux, sur l'endoctrinement des enfants terroristes, sur les croyances liées à la religion, sur le métissage (mutant), sur la peur de l'homme face à l'inconnu et encore bien d'autres...



Si le fond de ce récit m'a plu, je suis plus réservée sur la forme qui a nuit à la fluidité de ma lecture. Entre les nombreux noms inventés (ou étrangés mais détournés de leur définition) et les longues tirades sous forme de "sourates" ou de "versets", cela a mis un poids supplémentaire a un sujet déjà lourd. Ce style de narration donne aussi un effet un peu moralisateur qui m'a déplu (Oui, oui je t'entends déjà walktapus sur l'effet moralisateur :) )



Néanmoins, je reste conquise par pierre Bordage, parce que même si je lui reproche une certaine forme d'écriture, au final elle est adaptée à son récit et à ce qu'il veut dire.



J'avoue avoir eu du mal à écrire cette "critique" et je ne suis pas sure d'avoir pu trouver les mots juste pour exprimer ma pensée.
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Objectif Terre : Unicef

Un recueil de 15 nouvelles au profit de l'Unicef. On se fait plaisir en lisant tout en commettant une bonne action !



J'ai beaucoup aimé :

- La Projet POLLEN de Tatiana de Rosnay ;

- Un loup pour l'homme de Nicolas Lebel ;

- Vocabulaire impropre à la consommation de Jacques Expert ;

- Madame Matheson de Niko Tackian ;

- La Révolution Bienveillante de Ian Manook ;

- Sauver de Cécile Coulon ;

- Ouest de Franck Bouyse.



J'ai bien aimé :

- L'Entre-Deux de Pierre Bordage ;

- L'Arche de Bertrand de Sandrine Collette ;

- Monsieur Pierre de Adèle Bréau ;

- L'Écologie émotionnelle de Mathias Malzieu ;

- La Fierté des Centeno ;

- Tout est bien qui finit de manière étonnante de Bernard Werber.



J'ai moins aimé :

- Ne pas pleurer de Fabrice Colin ;

- Koï 2034 de Mona Le Bris-Leleux.



On n'hésite pas, on achète !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Inkarmations

Que se serait-il passé si cette monstruosité éructante et hystérique nommée Adolf Hitler avait été éliminée avant d'avoir eu le temps de faire des millions de morts ? Et comment se fait-il que toutes les tentatives d'assassinat dirigées contre lui aient aussi lamentablement échoué, comme s'il avait été en quelque sorte… protégé ? Ce sont des questions - en particulier la seconde - que je me suis souvent posées… et Pierre Bordage également dans son nouveau roman, "Inkarmations".



C'est en effet sur le “cas” Adolf Hitler que s'ouvre le roman avec la mise en scène d'une hypothétique série d'attentats contre le jeune Adolf - nous sommes alors en 1910 - , peintre anonyme et raté hébergé dans un foyer pour hommes et vivotant de divers petits boulots. Des tentatives d'attentats étrangement perpétrées par les forces des ténèbres, et déjouées - tout aussi étrangement - par les forces de la lumière… Est-ce à dire que le futur Führer aurait été secrètement investi d'une mission divine ? Ce serait aller trop vite, bien trop vite, en besogne...



Car le monde dans lequel nous introduit "Inkarmations" est un monde complexe, occulte et divisé qui voit s'affronter de toute éternité des entités spirituelles opposées en charge des destinées des humains et de la terre : les Karmacharis qui veillent à y préserver l'harmonie et la paix, et les Rakchas qui ont juré la perte de l'humanité. Chacun de ces mondes antagonistes possède sa hiérarchie, ses règles, ses récits fondateurs et ses acteurs, qui seront les personnages principaux du roman.



Karmacharis ou Rakchas, ils sont tous dotés d'une personnalité et d'une psychologie particulière, de compétences et d'atouts spécifiques mais également de faiblesses, de questionnements et de doutes - en particulier sur eux-mêmes, la validité des ordres qu'ils ont reçus et le sens profond de leurs missions. Jusqu'ici, rien de bien original par rapport à tous ces récits de fantasy - mais pas seulement - qui bâtissent des mondes au sein desquels s'affrontent, comme dans une vision en noir et blanc, les forces du bien et du mal et leurs représentants.



Là où réside l'originalité de "Inkarmations", c'est que, précisément, nous ne sommes pas ici dans un déchiffrement primaire - où ce qui n'est pas noir est blanc, et inversement - de l'histoire de l'humanité et de sa destinée. Les récits, les époques et les lieux s'entremêlent dans une trame complexe et secrètement interconnectée qui se dévoile peu à peu au gré des aventures de tous ces personnages. Nous les suivons dans leurs voyages, ces entités ponctuellement incarnées sur la terre à l'un ou l'autre de ses points d'entrée de l'espace et du temps : à Vienne au début du siècle dernier, devant Jérusalem assiégée par les troupes babyloniennes, dans une grotte des âges préhistoriques ou dans la Chine de la fin du XXIIe siècle où ont trouvé refuge les restes d'une humanité post apocalyptique irradiée et malade…



Missions secrètes, interventions occultes et qui doivent le rester : protéger ou au contraire détruire une vie pour permettre ou empêcher un avenir, ouvrir un champ de possibilités, en clore à tout jamais un autre, sans altérer le dessin fondamental - sous peine de faire advenir un irrémédiable chaos. Un équilibre précaire, fragile, perpétuellement menacé par des forces antagonistes aux volontés opposées et dont dépend l'intégrité d'ensemble d'une trame karmique qui à chaque instant se tisse ou se défait - une trame dont l'humanité ne peut être consciente et qu'elle doit à jamais ignorer...



"Inkarmations" n'est pas, en tous cas pour moi, le meilleur livre de Pierre Bordage : les personnages manquent un peu de substance (j'ai eu, personnellement, un peu de mal à m'y attacher) et le récit, en permanence éclaté en différents points de l'espace et du temps, n'est pas toujours facile à suivre. Mais l'écriture est fluide, le sujet passionnant, la réflexion intéressante et l'intrigue - en forme de jeu de construction qui reprend la célèbre métaphore du battement de l'aile du papillon - devient vite addictive.



Même si je lui préfère d'autres oeuvres de Bordage, comme “Arkane” ou “Le livre des prophéties”, "Inkarmations" est néanmoins un bon roman qui sait reprendre avec originalité un thème souvent traité, et je l'ai lu avec intérêt et plaisir.



[Challenge Multi-Défis 2020]

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