AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Jourde (255)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Littérature sans estomac

Cet ouvrage date de 2002, mais je ne crois pas que l'avis de Pierre Jourde sur les auteurs cités ait beaucoup changé. Il en aurait même ajouté, je pense...

Le titre fait référence au pamphlet de Julien Gracq "La littérature à l'estomac", paru en 1949.

Je ne me suis attardée que sur ceux dont j'avais lu un ou plusieurs livres.

Entre-autres :

Angot et Darrieussecq : exécution en bonne et dûe forme (j'ai souvent souri et comme je suis une méchante fille, je me suis assez régalée)

Beigbeder : il ne mérite quand même pas (à mon avis) ce qui lui tombe sur le coin du museau

Roze : la pauvre, il ne l'a pas ratée ("le zéro absolu", rapport à son premier roman "Le chasseur zéro", prix Goncourt 1996)

Toussaint, Bernheim, Bobin (le ravi de la crèche) : il a la dent un peu dure

Delerm : léger, mais pas honteux (je partage)

Houellebecq : louche, cynique, mais Écrivain (je partage également)

Pierre Jourde n'a pas dû se faire que des amis dans le milieu de l'édition !

Quoique parfois un peu longuet, j'ai apprécié son humour, ses pastiches, notamment d'Angot et sa férocité atteint souvent sa cible.

Je viens d'apprendre le décès du "Commandant Majeur", Philippe Sollers, dont la suffisance n'est, elle aussi, guère épargnée.

Le dernier chapitre s'intitule "Écrivains", titre évocateur dans lequel il s'attarde sur SES écrivains : Gérard Guegan, Valère Novarina,

Eric Chevillard et Jean-Pierre Richard, que je n'ai pas lus mais dont je garde les noms dans un coin de ma tête.
Commenter  J’apprécie          32
La potiche a peur en rouge & cent autres fa..

la fable express est une parodie et ce recueil les remet au gout du jour avec des jeux de mots, contrepèteries et autres calembours modernes. des explications sont fournies avec chacune d'entre elles, pour ceux qui n'auraient pas la référence mais la majeure partie sont très abordables. conseillé aux personnes aimant l'humour et ayant l'esprit large (de nombreuses blagues sont grivoises et certaines religieuses ou politiques)
Commenter  J’apprécie          10
La potiche a peur en rouge & cent autres fa..

Un livre reçu dans le cadre d'une opération masse critique : merci les éditions Wombat et babelio !

Je ne connaissais pas cette forme des fables express, même si j'en avais lues sans le savoir... Il s'agit de partir d'une phrase, d'un mot même, d'en malmener un peu le son (beaucoup parfois : voir le titre !) pour qu'il se rapproche d'une expression qui n'a pas le même sens. Jauni à l'idée, par exemple. Puis une petite fable est construite pour mener à ce jeu de mot... le tout est accompagné d'une courte explication.



L'introduction permet de comprendre la construction et la contrainte, c'est très clair, et très utile. Certaines fables sont vraiment drôles, même si parfois très capilotractées, les explications peuvent être très rigolotes aussi.  C'est un livre qui se lit vite, à l'humour potache. S'il frôle à certains moments le mauvais goût, l'ensemble reste très chouette à parcourir. Je conseille aux amateurs de jeux de mot (et de contraintes d'écriture) !
Commenter  J’apprécie          00
La potiche a peur en rouge & cent autres fa..

Pierre Jourde a réuni dans La potiche a peur en rouge cent et une « fables express », triviales, rabelaisiennes, absurdes, faites de calembours, contrepèteries ou autres palindromes. La fable express étant une parodie très courte, ironique (voir méchante et licencieuse) visant le plus souvent à détourner des expressions toutes faites. Un exercice, dont l'auteur explique les mécanismes avec érudition lui qui y excelle comme Alphonse Allais, Boris Vian, Marcel Gottlieb, ou ses camarades de l'Oulipo, qui a pour seul but d'amuser. Un objectif à mon avis atteint avec La potiche a peur en rouge avec par exemple ce poème de Francis Blanche : « Cet homme a de l'arthrite. Et pourtant, me dit-il, Il peut avec aisance aller gambader. Mais c'est quand il veut s'arrêter. Que la douleur à nouveau l'horripile. Moralité : L'arthritique est aisé, mais l'arrêt difficile ».



Merci à Babelio et aux Éditions Wombat.
Commenter  J’apprécie          642
La première pierre

Intéressante l'explication par l'auteur de la haine que son précédent roman a suscité dans cette contrée isolée, rappel de son "lynchage" lors de son retour au village après la parution de Pays perdu, procès après l'agression dont il fut victime. Il est vrai que s'en prendre aux enfants est inadmissible néanmoins je peux comprendre pourquoi il fut tant détesté.

Un point me gêne c'est lorsque l'auteur dit : MES fermiers en parlant de ceux auxquels il loue les terres.. Nous ne sommes plus au temps des seigneurs !!!
Commenter  J’apprécie          10
La première pierre

J’ai également lu son dernier livre, qui a fait pas mal de bruit au moment de la rentrée littéraire. C’est d’ailleurs à cause de la sortie de ce roman que mon collègue m’a parlé de Pierre Jourde. J’étais donc assez curieuse de le découvrir.





Avant toute chose, ce livre m’a donné très envie de lire le roman "Pays perdu" dont l’auteur parle tout le temps!





Pierre Jourde revient sur ce qui s’est passé en 2005. Quand lorsqu’un de ces romans Pays perdu est paru, une partie des habitants d’un village d’Auvergne – dont il est question dans le livre – s’est offusquée de voir leurs secrets dans un roman et a décidé de se venger.

Alors qu’il revenait passer ses vacances avec sa famille en Auvergne, ils lui sont tombés dessus, allant d’insultes jusqu’aux coups, obligeant la famille Jourde à partir précipitamment.





Des plaintes, des mensonges face à la loi et la justice, de longues années de tribunal vont suivre cette journée-là. Pierre Jourde va également s’apercevoir, alors qu’il se croyait faisant partie de ce village, qu’on l’a toujours considéré comme un étranger.





J’ai beaucoup aimé la question qui est posée : faut-il ou non raconter des choses réelles dans les romans? Est-ce la peine? N’est-ce pas une intrusion dans la vie privée des gens?





Je peux tout à fait comprendre les gens de ce petit village. J’espère bien ne jamais jamais apparaître dans une œuvre de fiction, que cela soit en bien ou mal, surtout si je ne suis pas prévenue à l’avance. C’est une véritable atteinte à la vie privée, j’en serais très malheureuse. Donc je les comprends tout à fait.

Mais je ne pense pas que j’irais jusqu’à jeter des pierres sur des enfants…





Il faut se poser la question, alors qu’en ce moment, les procès de ce genre contre les auteurs s’additionnent. Peuvent-ils vraiment tout écrire?

Franchement, je serais d’avis que non. Qu’il vaut mieux rester dans la fiction, ou changer les faits et les personnes au point qu’ils ne soient plus reconnaissables par personne.





Il dit que les secrets de ce village étaient des faux secrets, que tous étaient au courant et que donc, cela ne changeait pas grand chose. Mais je trouve qu’il y a tout de même une grande différence entre un secret oral et des pages de papier imprimées et qu’on peut trouver dans toutes les librairies de France.





Ce livre m’a donc mise assez mal à l’aise finalement, même si je l’ai trouvé passionnant…D’ailleurs qu’est-ce que c’est? Un roman? Pas vraiment…une sorte de témoignage?





C’est surtout ça le problème je trouve… je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question : pourquoi est-ce qu’il a écrit ce livre, 10 ans après les faits? A quoi est-ce que cela servait? Alors que "Pays perdu" était pour lui un éloge de son pays natal, qu’est-ce qu’est que "Première pierre"? Cela ressemble tout de même assez à une sorte de règlement de compte…





Je peux tout à fait comprendre qu’il a eu envie de rétablir sa vérité, après tout ce qu’on lui a fait subir durant ces années-là, les mensonges des gens, les inventions des médias qui disaient n’importe quoi…Ce qui lui est arrivé est inadmissible, sans aucun doute. Mais écrire ce livre était absolument nécessaire? Je pense que pour lui, cela ne va que envenimer la situation.



——————————————–



En tout cas, ce livre donne envie de lire "Pays perdu", ne serait-ce que pour se faire sa propre idée de ce qu’il y a dans ce roman : hommage pour une région de la France ou bien offense envers les villageois?

Je vais chercher à le lire en tout cas!
Lien : http://writeifyouplease.word..
Commenter  J’apprécie          50
La première pierre

Suite à la parution de "Pays perdu", où il se livre à un portrait du très reculé village auvergnat de son enfance, l'auteur s'est vu lynché par les familles du village, qui ont très mal reçu ce témoignage, qui se voulait pourtant lyrique et laudatif. La mise au jour de certains secrets de famille autant que la description de leur misère ont été très mal vécues par les habitants qui ont jeté l'opprobre sur Jourde et les siens. "La Première Pierre" raconte les suites de cette affaire, le procès, les conséquences plusieurs années après....L'auteur se livre à une poignante explication de texte, en mettant l'accent une nouvelle fois sur ce "pays perdu" qui malgré sa boue, son absence de modernité, ses vices et ses travers, demeure pour lui un éden pur et simple auquel il revient toujours et qu'il a voulu louer et sublimer par une oeuvre littéraire. Un très beau récit, porté par une plume somptueuse.
Commenter  J’apprécie          130
La première pierre

Le livre est paru en 2013, dix ans après « Pays perdu » et la violente agression subie par l'auteur et sa famille quand il est retourné à Lussaud, son pays perdu. Les circonstances de l'agression y sont décrites, ainsi que le procès qui s'ensuivit, le tout suivi par une analyse du pouvoir des mots et de la littérature.

Un complément intéressant à « Pays perdu ».
Commenter  J’apprécie          40
La première pierre

Un an après la parution de "Pays perdu", alors qu'aucun de ses précédents livres n'était jamais parvenu là-haut, la polémique bien orchestrée est lancée : « Surtout, tu ne cognes pas… Si on t'agresse, tu ne réponds pas. » Pierre Jourde, son épouse et ses trois enfants, revenus pour passer quelques vacances dans leur maison, sont littéralement agressés, violentés.

Pourtant, après avoir reçu insultes et menaces, il avait pris la peine d'écrire à chaque habitant de Lussaud pour expliquer sa démarche d'écrivain mais ce fut en pure perte. Ici, l'auteur parle à la deuxième personne du singulier, ce qui donne un caractère encore plus émouvant au texte : « Si tu as écrit ce livre, c'est par amour du pays, tu y viens deux à trois fois par an depuis ta naissance. »

On lui reproche d'avoir révélé des histoires intimes alors qu'il avait changé tous les noms sans révéler le nom du Pays perdu : «… il y en a qui ne les savaient pas dans la famille. » À peine arrivé, tout dégénère : « Les pierres commencent à voler. Tout le monde s'y met. » Ses deux aînés, métis, sont traités de « sales Arabes » et son plus jeune fils, âgé d'un an est blessé à la tête. le sang coule.

Tout cela aboutit deux ans après au tribunal d'Aurillac et les auteurs des violences sont condamnés mais rien n'est terminé. Pierre Jourde va plus loin dans ce livre pour tenter de comprendre et d'expliquer pourquoi des gens avec lesquels il partageait tant de choses en sont arrivés là.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          100
La première pierre

Une réflexion sur la création littéraire et son impact sur la réalité. Pierre Jourde narre l'épreuve qu'il a traversée après la publication de son roman Pays perdu lorsqu'il est retourné dans le village natal qui était le sujet de ce roman.

Le plus intéressant sans doute sont les réflexions que l'auteur dispense au cours du récit des faits.
Commenter  J’apprécie          20
La première pierre

Ce livre a été écrit à la suite de "Pays perdu" et des réactions violentes qu'il a provoqué au sein du village auvergnat dont il était question.

Réactions qui sont allées jusqu'aux coups et injures racistes envers ses enfants.

Plaintes, tribunal...

Et ce livre pour expliquer et justifier.

"Pays perdu" avait provoqué en moi trop d'émotions personnelles et ravivé trop de souvenirs pour

que "La première pierre" ne me paraisse superfétatoire, bien que j'en comprenne l'importance pour l'auteur.

Je ne suis pas allée au bout.

Commenter  J’apprécie          00
La première pierre

Grand livre.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
Commenter  J’apprécie          00
La première pierre

En 2003, Pierre Jourde publiait « Pays Perdu », un récit où il parlait d’un petit village du Cantal, dont sa famille est originaire. Jourde souhaitait faire l’éloge de son village et montrer son attachement, pourtant le livre a fortement déplu aux habitants de ce village, car certains s’étaient reconnus sous des termes qu’ils estimaient peu flatteurs, voire humiliants. Aussi, l’année suivante, alors qu’il y retournait, Pierre Jourde et sa famille sont victimes de menaces et d’une violente agression par des habitants qui veulent en découdre car ils s’estiment calomniés par le récit et victimes de trahisons gratuites, alors que certains n’ont même pas lu le livre. S’ensuit, en 2007, un procès retentissant, car très médiatisé, où les agresseurs sont condamnés, mais Pierre Jourde est mis au ban de son village.



La Première Pierre, écrit dix ans après la publication du texte qui sema la discorde, revient sur cet épisode de la vie de Pierre Jourde, revenant sur les faits à partir du moment de l’agression jusqu’au procès. L’auteur propose un récit minutieux de l’escalade de violence au village, ainsi qu’une réflexion sur les éléments qui l’ont poussé à écrire « Pays perdu », qui était à l’origine « globalement, un éloge du pays » mais qui a en fait eu le tort de « raviver les souffrances ».



Les années ont passé, mais au village, rien ne sera plus comme avant. Pierre Joudre analyse sans complaisance les causes de la violence ; il a été coupable de maladresses, qui ont transformé de vieux amis en adversaires résolus à le blesser lui et sa famille alors qu’il se réclamait des leurs. « Tu n’es même pas un inconnu, tu es un fantôme, une non-présence. »



S’en est suivi un débat sur la liberté de l’écrivain et le pouvoir de la littérature. Peut-on parler absolument de tout et se dégager des conséquences de ses écrits (ou de ses dessins, ou caricatures…) ?



Commenter  J’apprécie          583
La première pierre

Lire "pays perdu" ?
Commenter  J’apprécie          00
La première pierre

C'est l'histoire (vraie) d'un écrivain qui manque de se faire lyncher par les gens qu'il aime dans un pays qu'il aime... Etrange réaction de ces personnes qui se sont senties bafouées alors que l'écrivain pensait leur rendre hommage... J'ai malgré tout eu du mal à terminer le roman, qui, selon moi, tire un peu en longueur vers la fin.
Commenter  J’apprécie          10
La première pierre

Dans Pays perdu, paru en 2003, Pierre Jourde décrivait le petit village du fin fond des montagnes du Cantal dont est originaire sa famille (depuis Louis XIV !), où il a passé des vacances étant gamin (bagarres, s'étaler dans le purin, cuites, travaux champêtres, vêlage, etc...) et est revenu chaque été avec sa famille.



Après parution du récit, certains villageois l'ont lu (ou du moins une partie), n'ont pas apprécié, il y a eu des courriers, surtout l'auteur s'est fendu d'une lettre explicative.



En 2005 le voilà donc revenant avec famille complète et bagages pour un nouveau séjour. Plusieurs villageois foncent dans sa cour. Injures (certaines racistes à l'égard de ses gamins), coups échangés, blessures, jets de pierre (dont l'une atteindra son petit de 15 mois), voiture caillassée, bref, c'est la fuite obligée.

Ensuite en 2007 un procès.



Depuis, fêlures, cassures, on ne se salue pas, ceux qui ont témoigné pour lui sont quelque peu ostracisés, même les nouveaux arrivés au village, des gens de l'extérieur, ont pris fait et cause.



"Tu as été amputé de toi-même. D'un lieu qui est toi-même. Tu ignorais que c'est un livre qui effectuerait cette douloureuse opération. Pas tout le lieu, mais une grande partie de lui, à présent, te rejette. La littérature sépare, comme le scalpel, c'est là son premier effet. Elle sépare, et puis elle recompose aussi."



Un récit écrit non avec je (Pays perdu utilisait le je et le nous), mais le tu . "Et tu comprends brusquement, pauvre naïf petit bonhomme..."



Le procès a eu lieu, donc loin de moi l'idée ou la possibilité de prendre parti. D'ailleurs Jourde ne semble pas vouloir régler ses comptes avec ce livre, et j'ai senti qu'il craignait encore de l'incompréhension. A l'époque, les journalistes se sont déplacés, on en a même parlé à l'étranger. Pas dans mon coin, et finalement je me demande si la clameur n'était pas déjà bien retombée. Sauf les traces au village.



Jourde se défend de certaines accusations, son objectif était de montrer "la royauté dans l'alcool, la noblesse dans la solitude, la grandeur dans la merde." "Au début, ça n'avait pas été un livre, mais une simple nouvelle, qui se cantonnait à la narration des obsèques de la fille de François et Marie-Claude. Une fois la nouvelle publiée, tu lui avais donné les dimensions d'un livre, simplement en décrivant les vivants qui viennent voir la morte, à la veillée, et les morts qui ne pourront pas venir, mais qui sont là quand même. (...) Il n'y avait pas un "eux", ni un "je", mais le plus souvent un "nous" qui t'englobait, toi, ta famille et les autres familles dans une collectivité rassemblée autour du deuil. Qui vous associait dans tout ce que tu évoquais, puisque tu t'étais vautré tout petit dans la fosse à purin, vautré jeune homme dans la neige, perdu d'alcool, puisque ton père, tu le racontais, était issu d'une union adultérine et consanguine. Qui vous associait aussi dans les saisons et les travaux."



Il essaie de comprendre comment ses écrits ont choqué ou été mal compris.

"Aussi t'en veulent-ils, non pas de ce qu'ils croient que tu n'aimes pas, mais bien plutôt de ce qu'ils n'aiment pas en eux-mêmes."

"Dire le handicap, c'est désigner celui qui en est affecté. Le désigner, c'est le dénoncer. Il n'y a pas de neutralité de la parole envisagée ainsi. Elles est positive ou négative, elle choisit le bien ou le mal. Par conséquent, dire une chose qui n'est pas belle, ou pas tout à fait normale, vouloir que cela se fixe dans l'écrit, c'est la vouloir en tant qu'elle est mauvaise, c'est vouloir le mal; T. se voyait dénoncé."



Voilà aussi un point important : il reconnaît n'avoir pas réalisé qu'un secret peut être connu de tout un village, mais pas des principaux concernés. L'histoire de son père était connue, mais lui ne l'a apprise que tardivement. De même dans son livre il évoque un secret de ce genre -bien connu- mais la révélation a choqué."Ce dont tu ne t'es pas douté, disait-il, c'est que ces histoires que tu as rapportées, des histoires intimes, il y en a que ne les savaient pas dans la famille."



Il a brisé le "culte du silence qui se transmet de génération en génération dans ces hameaux. Parler de ce qui se passe dans une autre maison, c'est un peu comme y pénétrer. Cela ne peut se réaliser qu'au prix de grandes précautions. L'espace de la maison, avec tout ce qu'il peut contenir d'intimité, a quelque chose de sacré: il est celui de la maîtrise, de la propriété, du quant-à-soi. On reste un moment sur le seuil, on n'entre pas plus loin sans demandes réitérées, on ne s'assoit pas sans le même jeu d'invites et de refus. Une fois assis devant le verre, on ne parle pas de soi, bien sûr, et jamais de ses sentiments, de ses chagrins."



Un récit plutôt plein d'amertume, oui, de tristesse. Heureusement les derniers chapitres nous élèvent au dessus du village, avec le récit d'une des dernières estives, "au cul des vaches" comme on dit par chez moi. "Herbe, vaches, eau, ciel et vent sont les cinq ingrédients uniques qui composent ce monde. Un compromis entre l'Asie centrale et le Far West : le Far Centre."



Pour finir par clamer qu'une fois mort, il demeurera "toujours là, malgré eux, chez soi".
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          100
La première pierre

J’ai lu ce livre avec un certain malaise ! Il faudrait lire tout d’abord le livre « Pays perdu » pour mieux comprendre le deuxième bouquin. Ce « pays perdu » c’est le pays de son enfance, où il a encore une maison. Mais comme il parle des gens de ce village, certains l’ont très mal pris. A son arrivée au village il se retrouve dans un guet-apens, il donne des coups de poings et les habitants jettent des pierres sur sa famille et sur sa voiture. J’ai un peu senti ce livre comme un règlement de compte, bien qu’il s’en défende. Il y a encore de la haine et aucun pardon possible ! HS
Commenter  J’apprécie          10
La première pierre

Dans ce roman l'auteur revient sur un épisode survenu quelques années auparavant lors de la sortie de l'un de ses romans « Pays perdu ». Il racontait la vie quotidienne difficile des habitants de son village natal d'Auvergne : les jalousies, les relations tendues entre les familles, le rude travail de la campagne, la solidarité … Ce qui pour lui était un vibrant hommage fut reçu par la plupart des villageois comme une offense, une injure. Sa famille et lui furent les victimes d'une tentative de lynchage.

Un très beau livre, captivant et sobre.
Commenter  J’apprécie          20
La première pierre

N°708 - Décembre 2013.

LA PREMIERE PIERRE – Pierre Jourde – Gallimard.[2013]

C'est bien la première fois que je lis un livre qui est le compte rendu et le commentaire d'un autre livre que je n'ai pas lu. De qui s'agit-il donc ?

L'auteur, Pierre Jourde, romancier, critique littéraire et universitaire est originaire de Lusseaud, un petit village d'Auvergne où il revient chaque année passer ses vacances dans la maison de famille. Il a, en 2003, publié un livre, « Pays perdu » qui, selon ses dires, se voulait être un hommage à ce terroir et à ses habitants, des individus ainsi devenus des personnages de roman dont les noms avait été, bien entendu, transformés. Dans ce premier livre il parlait de la rudesse de la vie montagnarde, de la solidarité qui cimente les gens, tout cela à l'occasion de la mort de la fille d'un voisin. Il se demande d'ailleurs comment « un livre publié chez un petit éditeur par un auteur peu connu »avait bien pu parvenir chez des gens qui pourtant lisent peu. Le paradoxe fut sans doute que parmi ses nombreux détracteurs, peu avaient effectivement lu ce récit et que d'autres parmi eux l'avaient trouvé peut-être naïf mais pas méchant. L'ennui c'est qu'une partie de ces derniers qui y avaient pourtant vu au départ « un beau livre » y ont lu une attaque personnelle inacceptable, une incursion dans leurs vies et cette fiction les a « rendu fous de rage ». L'auteur fit donc l'objet de critiques qui nourrirent une polémique et son retour estival a rapidement dégénéré en une lapidation, un véritable lynchage, quelques allusions précises à un adultère ancien de sa grand-mère, la filiation douteuse de l'auteur et des remarques acerbes sur sa vie privée personnelle. Un peu comme si de longues années de jalousie et de haine éclataient enfin en cette journée estivale, sous les yeux de sa famille, un peu comme si Hugo était rossé par les les Thénardier, comme si Zola était bastonné par les Rougon-Macquart ! Tout cela se termine en bataille rangée, un contre tous, mais l'auteur qui pratique la boxe ose se défendre ce qui, dans l'esprit des autochtones aggrave son cas. Sa mère lui avait pourtant conseillé de ne pas répondre si on l'agressait.

Bien entendu, il y a dépôts de plainte de part et d'autre, procès-verbaux de police parfois laborieux, instructions contradictoires, mauvaise foi ordinaire, négations des faits pourtant patents et finalement audience devant le tribunal d'Aurillac avec constitution d'avocats, effets de manches et finalement verdict condamnant tout le monde à des amendes et à de la prison avec sursis. Mais puisque l'auteur est un écrivain, la presse locale et nationale s'en mêle, prend partie, tout comme les réseaux sociaux de sorte que ce qui aurait pu être un épiphénomène devient rapidement une affaire où s'opposent deux conceptions. D'une part un type de la ville, universitaire et écrivain qui, sous couvert de ragots dont il s'est fait l'écho, a violé une communauté paysanne à laquelle il ne comprend rien, montrant l'arrogance des citadins et surtout des intellectuels face aux vrais valeurs de la France rurale incarnées par des paysans désarmés, autant dire une notion pétainiste de la terre « qui ne peut mentir ». D'autre part ceux qui ont aimé ce livre et qui insistent sur l'illustration de la beauté des campagnes et de la vie paysanne, prônent la liberté d'écrire et la sacralisation de la littérature face à des analphabètes. La polémique était donc totale et chacun y allait de son commentaire.

Le problème se posait donc à l'auteur qui, dans la rédaction de « La première pierre » s’interpelle lui-même sous le vocable de « Petit bonhomme ». Il prend conscience, à la lumière de ces faits que la littérature a au moins une fonction, celle de « tenter d'opposer, à toutes les fictions rudimentaire, la complexité du réel » mais ce n'est pas suffisant, il sent qu'il doit s'expliquer plus avant, dégonfler cette baudruche qu'il a contribué naïvement peut-être à créer et que d'autres se sont chargés de gonfler. C'est qu'il a écrit ce livre avec son cœur, surpris par la polémique qui a suivi, nourrie par exploitation partisane de passages sortis volontairement de leur contexte ou mal interprétés dans le seul but de choquer, un peu comme si ce livre ressemblait malgré lui à un os offert à ronger, une sorte d'occasion donnée aux autres de se venger de celui qui certes était d'ici mais qui avait réussi, habitait la ville, écrivait des livres, ne grattait plus la terre et donc ne leur ressemblait plus ! On aurait sans doute voulu qu'il fût, s'autocensurant, moins lui-même, plus consensuel et coopératif avec ceux qui étaient ses personnages, qu'il restât dans les limites « correctes » de la littérature. De ce qui n'était à l'origine qu’une nouvelle relatant les obsèques d'une enfant il a voulu faire un livre où il parlait des gens, de leur histoire, de ce terroir qu'il n'avait pas assez idéalisé, donnant des détails qui ne tissaient pas forcement « une bonne image » de l'Auvergne. Ce faisant, il avait touché aux morts et cela devenait « dégoûtant ». Il fallait donc le lui faire payer. Alors on lui avait renvoyé au visage l'opprobre d'une bâtardise qu'il n’ignorait cependant pas. Et tout est ressorti à partir de là, la faiblesse de ce père tardivement reconnu par le mari de cette mère infidèle et bafoué par elle, l'héritage qui avait fait de lui un riche propriétaire dont des générations de pauvres fermiers trouvaient ainsi, par delà le temps, l'occasion de se venger. Pour eux, les riches dont Jourde fait partie ne pouvaient qu'être mauvais et ce livre était une occasion à ne pas manquer de le dire, malgré les verres entrechoqués, les fêtes données au village, les messes entendues et les coups de main donnés par l'auteur lui-même, pour les travaux des champs. Il était accepté bien qu'il soit définitivement « un étranger ». Ainsi Pierre Jourde se sentait investi d’une mission, celle de rendre à son père sa fierté et c'est avec ce livre qu'il entendait le faire de sorte que « la mort du père menait à l'écriture du livre, ce tombeau ».

Quant aux révélations qu'il fait sur les habitants, le « petit bonhomme » les assume puisque, même si elles sont tragiques, elles n'ont rien de mystérieux, sont connues de tous mais doivent rester secrètes. Pierre Jourde ne se destinait pas à écrire sur ce pays, seul les obsèques de cette jeune fille ont été le déclencheur et dans son livre il évoque le village, l'histoire clandestine de sa famille et « l’incapacité à dire » de l'auteur « avait produit le livre » parce que dans un village tout se sait, même si des choses restent secrètes au sein même d'une famille. Maintenant, après tout cela, quand il revient à Lussaud on l'ignore , il est une non-présence, sauf peut-être quelques-uns que cela ne concerne pas. Il éprouve pour lui ce qu'est le non-pardon mais qui s'étend aussi à tous ceux qui l'ont soutenu, même à ceux qui depuis ont acquis une maison au village et même à leurs enfants ! Pour faire bonne mesure il y a eu une pétition, des menaces, des intimidations, des petites bassesses qui signifiaient à l'auteur que même dix ans après il n'était plus chez lui.



J'ai lu ce livre passionné et passionnant par le problème qu'il soulève mais aussi par la manière lumineuse dont il est écrit. Je l'ai lu comme une autre manière de se libérer, d’exorciser cette haine, malgré le risque de rallumer les querelles à cause des noms cités [« En même temps il faut bien que les choses soient dites »]. Je l'ai lu comme un plaidoyer en faveur de l'écriture qui est une catharsis. Elle est un droit et même un devoir pour l'écrivain parce que qu'il porte en lui doit être exprimer, la sanie qui coule de sa blessure doit être épongée même s'il doit pour cela convoquer des fantômes. L’écrivain n'a pas forcément quelque chose à vendre, il porte en lui un message qu'il doit exprimer avec des mots, quoiqu'il lui en coûte, même s'il bouscule un peu sa famille. Et le « petit bonhomme » doute «  Mais qu'est ce que tu dis là, tu dis ce qu'on ne dit jamais... tu sais que le silence est plus digne...tu installes la honte dans ta maison. La littérature est une honte » mais il s'exprime en voulant surtout ne faire de mal à personne. Il règle des comptes, il aggrave son cas en quelque sorte avec ce deuxième livre, mais il a gardé cette maison au village et je trouve cela plutôt bien, une manière de dire à tous qu'il a fait ce qu'il avait à faire !

©Hervé GAUTIER – Décembre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          80
La première pierre

La Première Pierre est un très beau roman de Pierre Jourde. L'auteur revient sur les événements qui ont défrayé la chronique, en 2005, lors de l'affaire qui a suivie la publication de Pays perdu, roman de le terre, roman des origines qui célèbre, à sa façon, la singularité de ce village d'Auvergne hors du temps.

Dans ce roman, l'auteur s'adresse à lui-même avec le pronom personnel "tu" ce qui permet de donner véritablement un effet d'introspection. De plus, ce "tu" est à la fois une façon d'imaginer comment le père - décédé - peut s'adresser à son fils. La figure du double chez le narrateur est donc ici renouvelée, comme souvent dans les romans de Jourde.

Ce roman, à la fois beau, subtil et intelligent permet de faire vivre au lecteur le processus de réflexion qui amène l'écrivain, au fur et à mesure de l'écriture du roman, à comprendre cette affaire dans toute sa profondeur. Qui a jeté la première pierre ? Ce roman permet de comprendre que la littérature a encore aujourd'hui un grand pouvoir, et que ce pouvoir peut-être nuisible.

Au bout du compte n'est-ce pas le langage littéraire qui est un frein à la compréhension de l'oeuvre par ces paysans ? Ce langage qui n'est pas celui de la communication mais celui de la réinvention de lui-même semble être au coeur du problème, au même titre que son auteur qui a eu la naïveté de croire que ce roman n'aurait pas de conséquences, preuve en est que Jourde connaissait bien mal la mentalité de ces personnes.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Jourde (989)Voir plus

Quiz Voir plus

1er mai

Quel pays ne fête pas le 1er mai ?

France
Danemark
Sénégal
Luxembourg
Italie
Belgique
Portugal
Allemagne
Espagne

1 questions
2 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}