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Critiques de Pierre Jourde (255)
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

« Je lis présentement beaucoup de choses sur cette époque : l'impression de bêtise que j'en retire s'ajoute à celle que me procure l'état contemporain des esprits, de sorte que j'ai sur les épaules des montagnes de crétinisme. Il y a eu des époques où la France a été prise de la danse de Saint-Guy. Je la crois, maintenant, un peu paralysée du cerveau ». Voilà quelques propos roboratifs extraits de la correspondance de Flaubert qui pourraient tout à fait servir d'exergue à l'ouvrage de Pierre Jourde et aussi malheureusement convenir parfaitement à l'époque. Et bis repetita placent. Qu'un enseignant-chercheur doublé d'un bon romancier, sur son blog, vive son temps au jour le jour et vitupère contre l'époque, nous pouvions que nous en réjouir et nous laisser aller à l'amer plaisir de la critique. Dans cet ouvrage, il devrait être question, d'art, de littérature, de politique et de grande Histoire avec d'étincelants portraits et des mots terribles ; d'anecdote de trottoir et de quotidien mais visionnaire. Il existe d'illustres prédécesseurs. Nenni, rien de tout cela malheureusement mais plutôt l'irrépressible impression en tournant les pages d'être coincé dans une rame du RER bondée avec en face de soi, crachouillant dans son portable de confondantes banalités, le raseur analphabète habituel. Impossible, je crois, passée la première et humoristique chronique footballistique, de se boucher les oreilles et de trouver le moindre intérêt à tous les insupportables et incultes bavardages de l'écrivain. Pas grand-chose dans ce livre, il me semble, qui n'ait été répété ad nauseam par les médias et qui mériterait que l'on s'y arrête. A la lecture du sous-titre : « C'est la culture qu'on assassine », il faut bien songer à un programme personnel et systématique de Pierre Jourde tant ses chroniques procèdent et participent à l'état d'imbécilité générale qu'il feint pourtant de condamner.





"Jamais nous ne nous lasserons d'offenser les imbéciles" écrivait Bernanos. La partie sociétale, loin apparemment des préoccupations de l'auteur, est la plus affligeante de tout l'ouvrage et la plus significative aussi. Il nous coute d'y revenir car nous ignorons de notre côté le bénéfice qu'un lecteur normalement informé peut tirer de ces chroniques et c'est d'ailleurs le moindre de nos soucis. Passé un certain degré de bêtise, les gens cessent de nous intéresser. La structure des billets de Pierre Jourde est invariablement la même. L'auteur, lorsqu'il s'aventure en terra incognita, le plus souvent couvre ses arrières et encense son adversaire. Courageux mais pas téméraire. Puis il feint d'avoir un point de vue équilibré qui renvoie dos à dos les protagonistes : les cinglés (sic) qui considèrent l'Islam comme le mal absolu et les dénégateurs qui présentent la France comme anti arabe par exemple ou les antisémites et les pro-arabes, les racistes et les censeurs, etc. … La quatrième de couverture et surtout la grossièreté du propos pourrait donner l'illusion d'une certaine radicalité mais Pierre Jourde est invariablement du côté des médias, du pouvoir et de la bien-pensance. Passé le premier et si agréable frisson de la désobéissance, il rassure le boboland. Pierre Jourde insulte et prend bien parti, généralement de la plus outrancière façon en caricaturant systématiquement le point de vue adverse et en critiquant cette caricature. Pascal, à juste titre, dénonçait déjà de son temps cette manoeuvre qui consiste à simplifier outrancièrement une pensée et à y appliquer ensuite sa critique. Nihil novi sub sole. La cerise sur le gâteau, c'est sans aucun doute l'arsenal critique de l'échotier. Ses références ce ne sont jamais le travail scientifique faisant l'objet de nombreuses publications sur les conflits du proche et moyen orient, les religions, le terrorisme, le débat des idées ou toutes autres sujets, ni même quelques articles récents. Il en ignore tout. Pierre Jourde, il lui est arrivé, son fils a, sa femme est, il a un ami qui … Voilà certes qui distrait de l'austère argumentation, met un peu de sucre sur la pièce montée de la critique mais n'a absolument aucune valeur d'un point de vue argumentatif. Pareillement, il est difficile d'apprécier, en la matière, ses incessants et si peu originaux parallèles avec la dernière guerre mondiale, le nazisme et la résistance. Partisan des causes gagnées d'avance, Pierre Jourde n'hésite pas, avec trois quarts de siècle de retard tout de même, à revêtir l'habit de Jean Moulin et à faire pour nous des choix héroïques. Stéphane Hessel, n'en doutons pas, a apprécié la leçon. Nous savons que les billets de Pierre Jourde sont destinés à un magazine de salle d'attente, qu'ils sont publiés aux éditions « Hugo et Compagnie » et qu'ils seront estimés non pas malgré leurs déficiences mais grâce à elles. Cependant, le langage parlé littéralement reproduit, parsemé d'inutiles « quoi », « hein », « c'est lui qui le dit » ; le tombereau des expressions maladroites (« des quantités de générosités », « Mais ne pas penser qu'on puisse », etc. …) ; les flemmards couper-coller (pages 218, 231, 232) ; l'humour de potache montrent, si c'était nécessaire, le peu d'estime en laquelle Pierre Jourde tient son lecteur.





Le professeur Jourde est inquiet pour l'université, nous le sommes avec lui et pour les mêmes raisons. Mais, à la lecture de la partie de son livre consacrée à la littérature, nous sommes carrément anxieux. Les motivations du critique ne sont jamais énoncées aussi clairement que lorsqu'il est dans le déni répété des raisons qui le poussent à parler d'une oeuvre ou d'un écrivain. « Je ne trouve pas que c'est un grand écrivain parce que c'est mon ami (…) Ensuite ce texte ne me rapportera rien. Aucun bénéfice. Il est consacré à un écrivain qui ne fait pas d'articles (Nb : le « s » n'est pas de nous), n'a aucune espèce de pouvoir et vit à l'écart du monde littéraire et critique (…) En revanche, vous ne me verrez pas ici faire l'éloge détaillé d'un ouvrage de Jean-Marie Laclavetine ou de Jérôme Garcin. Je les tiens pour des bons écrivains, mais l'un est mon éditeur, et l'autre dirige les pages culture du cher hebdomadaire où nous nous trouvons présentement ». Tout ceci est répété à l'envi. J'aime cet écrivain parce que c'est mon directeur de thèse ou je trouve ce texte intéressant parce que c'est mon voisin et l'ami de Papa qui l'a écrit. Cela ne vaut pas un zéro sur une copie ? Pour dire la vérité, il vaut mieux être démoli par le professeur Jourde qu'encensé par lui. Je vous laisse juge : « Non, mon ami à moi, c'est un vrai génie. C'est, et je pèse mes mots, l'équivalent de ce que furent Nodier, Lautréamont, Mallarmé ou Beckett en leur temps. Un inventeur, un créateur de formes, un ciseleur de texte pour qui chaque mot compte. Il appartient à la douzaine d'auteurs qui seront considérés dans quelques lustres comme les plus grands de notre temps. Ma main à couper. (…) Ce dernier livre, c'est Jules Renard, Pascal et La Rochefoucauld réunis, et encore plus que ça. (…) le livre sur rien rêvé par Flaubert (…)». Rassurez nous professeur, cela ne vaut pas la moyenne en première année de licence de lettres modernes ?





Nous savons que Pierre Jourde est enseignant-chercheur, auteur d'ouvrages fort intéressants sur l'incongru dans la littérature française, de géographies imaginaires ; qu'il est également un romancier exigeant et que ses livres ironiques, décalés, parfois sombres comptent dans le paysage littéraire français. L'écrivain, pour Claude Simon , c'est celui qui travaille son langage. Et d'ajouter, à propos d'une conférence de Merleau-Ponty à son sujet, cette anecdote : « Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? » Je lui ai répondu : « Ma foi, je pense que ce Claude Simon dont vous venez de parler doit être un type extrêmement intelligent. » Alors il m'a dit : « Oui, mais ce n'est pas vous, c'est vous quand vous êtes assis à votre table et que vous travaillez, que vous travaillez votre langage ». Proust a répondu une fois pour toute à la question que nous nous posons à propos de Jourde : « Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitude, dans la société, dans nos vices ». Oublions donc le latitudinaire chroniqueur pour ne retenir que le romancier qui travaille.

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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Ces textes sont issus du blog de Pierre Jourde, ils ont quelque chose de spontané comme des billet d'humeur. Néanmoins il y a une profonde réflexion sur la société, l'école, les médias, la culture, l'art et la littérature.

L'auteur lutte contre la médiocrité ambiante et les idées touts faites relayées par les journalistes. Mais surtout il épingle les bourdes proférées par les soi-disant progressistes et la gauche bien-pensante. Et en matière d'éducation elles sont légion, et dangereuses.

Le monde des émissions de télévision est analysé finement, ça aide le lecteur à comprendre ce qui se passe réellement sur un plateau de télé, tous les textes sur les médias sont intéressants parce que l'auteur fait partie du microcosme médiatisé. C'est une vision de l'intérieur.

Le petit monde littéraire est dépeint avec humour il y a quelques coups de griffes contre les uns ou les autres mais c'est toujours argumenté et justifié;

J'ai passé un excellent moment à lire ces textes courts (de deux à d'une dizaine de pages) qui sont de beaux textes argumentatifs. La pensée de l'auteur est clairement énoncée, avec humour, en mélangeant les divers niveaux de langues. On rit beaucoup, on s'inquiète un peu, on passe un bon moment de lecture.
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Empailler le toréador

Un délectable parcours à la recherche de l’incongru en littérature.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/02/28/note-de-lecture-empailler-le-toreador-pierre-jourde/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Petits Chaperons dans le rouge

Il y en a pour tous les goûts !



Certains m'ont fait beaucoup rire, ils sont très bien écrits.

Mes préférés ? --> Paysan ; Homéotéleute en -ette ; Visuel ; Sportif ; Space opera ; Sitcom ; Harlequin audace ; Bureaucratique ; Franglais ; Psychanalyse.



Une très bonne base pour un travail d'écriture, ou pour offrir une lecture à voix haute.
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La première pierre

Une réflexion sur la création littéraire et son impact sur la réalité. Pierre Jourde narre l'épreuve qu'il a traversée après la publication de son roman Pays perdu lorsqu'il est retourné dans le village natal qui était le sujet de ce roman.

Le plus intéressant sans doute sont les réflexions que l'auteur dispense au cours du récit des faits.
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La première pierre

Dans ce roman l'auteur revient sur un épisode survenu quelques années auparavant lors de la sortie de l'un de ses romans « Pays perdu ». Il racontait la vie quotidienne difficile des habitants de son village natal d'Auvergne : les jalousies, les relations tendues entre les familles, le rude travail de la campagne, la solidarité … Ce qui pour lui était un vibrant hommage fut reçu par la plupart des villageois comme une offense, une injure. Sa famille et lui furent les victimes d'une tentative de lynchage.

Un très beau livre, captivant et sobre.
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C'est la culture qu'on assassine

J’ai continué ma découverte avec ce essai.



Et j’ai continué à beaucoup apprécier cet auteur : Franchement, j’ai été passionnée, j’avais tout le temps envie de continuer ma lecture! Il est très agréable à lire, tout en étant pas de la littérature trop facile et simple.



Ce livre est constitué de chroniques que l’auteur a écrit sur son blog du Nouvel Observateur, sur des thèmes de société, comme l’école, la politique, l’économie et bien évidemment, la culture.



Donc ce livre est découpé en grands thèmes. Et dans ces grands thèmes, il y a une série d’articles, articles semblables aux blogs qu’on fréquente.



Ici, la littérature n’est pas au centre, loin de là! Elle ne forme qu’un chapitre parmi d’autres sujets d’actualité.



D’ailleurs, je vous mets tout de suite le lien vers son blog du Nouvel Observateur, si vous voulez en lire plus : Blog de Pierre Jourde : Confiture de culture



On retrouve dans cet assemblage de critiques le même ton que dans "Le Jourde & Naulleau", c’est-à-dire l’ironie.

Pierre Jourde sait la manier à la perfection, on peut au moins dire ça! Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvée devant une plume aussi vivante, aussi piquante et sèche!



Bien évidemment, comme pour "Le Jourde & Naulleau", il n’épargne rien ni personne. Mais j’ai souvent eu l’impression de lire ce que beaucoup pense mais n’osent pas dire, de peur de se prendre des foudres bien-pensantes.



Je me suis retrouvée dans plusieurs de ses positions. Quelques exemples…



- J’ai l’impression que maintenant, les critiques littéraires parlent plus de l’auteur en lui-même que du texte. Et franchement, moi, je m’en moque de l’auteur. De ce qu’il aime manger, avec qui il partage sa vie…Cela ne m’intéresse absolument pas. C’est pourquoi aux salons littéraires, il faut vraiment que cela soit un auteur très très important à mes yeux pour que j’aille demander une dédicace (par exemple Daniel Pennac ou Luis Sepulveda)

Je trouve qu’un retour aux textes et aux textes seulement serait vraiment bénéfique!



- Les réformes des concours d’enseignements qui tendent plus à créer des fonctionnaires que des professeurs, ainsi que l’enseignement qui s’appauvrit d’années en années…c’est vraiment dommage, surtout avec toutes les réformes qui nous bombardent continuellement depuis quelques années!



- La pauvreté flagrante des chaines et des émissions de la télévision…C’est bien simple, moi, j’ai arrêté de la regarder. Cela ne m’intéresse plus du tout, je préfère plutôt lire que de zoner devant la télé! J’ai lu il y a quelques mois un autre livre qui en parle ON/ OFF, très bien lui aussi!



- La désinformation des médias…qui peuvent s’amuser à nous faire croire ce qu’ils veulent, qui ne cherchent à faire que des scoops, du grandiose ou choquant, plutôt que de parler des véritables sujets plus compliqués certes, mais bien plus passionnants!….



Vraiment, je me suis souvent retrouvée dans ces articles, au point de ne jamais vouloir m’arrêter! J’ai donc réellement apprécié ma lecture!
Lien : http://writeifyouplease.word..
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La première pierre

Tragique et révélateur de la violence dont sont capables hommes et femmes envers un de ceux qu'ils considéraient avant comme un fils, un frère ou un ami. Pierre Jourde règle ses comptes avec son village natal où chaque été il revenait. Ses habitants lui vouent aujourd'hui une rancoeur éternelle suite à un roman précédent "Pays perdu" paru en 2005 qui réveilla des colères, révéla des tabous que lui-même ignorait, dans une incompréhension mutuelle, une totale méprise car, en voulant rendre une peinture tendre et affectueuse de ces terres rudes et isolées, les relations amicales se sont transformées en haine et violence. Avec le recul, après les mois d'instruction, il revient sur ce conflit qui a bouleversé sa vie, sa famille et qui aurait pu leur être fatal et qui l'oblige aujourd'hui à tirer un trait sur le village qui lui tourne le dos.
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Pays perdu

On découvre un univers qu'on croyait perdu à jamais à travers des descriptions effrayantes et d'une grande poésie.L'écriture est magnifique , et le livre se lit d'un trait .Le narrateur a pour la région de ses origines un grand amour mêlé de dégoût et de nostalgie . Le livre édité en 2003 et a valu à son auteur bien des déboires et on a envie de lire " la suite " , " La première pierre " qui vient de paraitre pour la rentrée littéraire 2013!
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Le Maréchal absolu

Avec Pierre Jourde, il convient d'avoir l'estomac solidement accroché quand on s'attaque à ses œuvres. En l'occurrence, on pourrait croire que son imposant pavé sur la fin de ce dictateur grotesque, consiste en un mélange indigeste de cuisines épicées mais discordantes, issues des plus beaux exemples d'autocrates qu'a connu le monde. Il n'en est rien. Si les premiers chapitres sont truculents, on se fait vite retourner la tête par les subtiles jeux d'influences, d'espionnages et de manipulations qui se mettent en place. Si la société, le pays, le monde dans lequel vit ce Maréchal Absolu, est fictif, il n'en devient pas moins universel, car sa précision époustouflante finit par le rendre familier, évident. Au final, on a la sensation de lire un puissant essai sur l'exercice du pouvoir, fût-il autocratique, fût-il mégalomaniaque. Vouloir tout contrôler, tout manipuler, tout connaître, tend à la folie, à la paranoïa, jusqu'à des extrêmes insoupçonnées.
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Littérature monstre : Etudes sur la modernité l..

Dans cet essai captivant, Pierre Jourde s'interroge sur l'aspiration à la singularité de la littérature, en particulier à la Belle Epoque, et des "formes excessives" (monstrueuses donc) qui en résultent. L'exégèse des "loufoqueries" sert une réflexion sur la modernité littéraire, aussi les écrivains contemporains ne sont-ils pas publiés (ni épargnés). Brillant et passionnant.
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Le voyage du canapé-lit

Alors que l'on pense accompagner les "transporteurs" au long du parcours, très rapidement ce trajet n'est qu'un prétexte, au cours des étapes, de servir de point de départ à des histoires passées... Dans un premier temps.

Le quart du livre passé, on se demande si le divan n'est pas celui d'un psy. L'auteur se répand alors en pseudo réflexions dont on ne comprend pas l'aboutissement tant le cheminement est tordu. La méfiance aurait dû être de rigueur car le départ lui-même n'est déjà pas évident.

L'auteur semble vouloir régler ses comptes avec sa famille puis avec l'environnement littéraire.

On s'éloigne très rapidement du cheminement de ce canapé, tout comme l'humour présent au départ, disparaît assez rapidement.



Le résultat m'est apparu ennuyeux, sans grand intérêt et très très éloigné de son titre.



Une lecture que je n'ai pas terminée : je n'apprenais rien, on ne me racontait rien de construit.



Je n'aime pas me faire une impression sur un auteur à la lecture d'un seul de ses livres. Je tenterai donc une nouvelle expérience mais il va me falloir un peu de temps pour me détacher de cette image d'ennui.
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La grande solderie

Pierre Jourde signe ici trois parodies et s'attaque, comme à son habitude, aux icônes frelatées, aux poncifs et autres clichés. Ce recueil commence fort avec un texte consacré à une émission littéraire "imaginaire", dans laquelle le présentateur reçoit avec déférence les quatre têtes de gondoles du roman contemporain. Entre les réponses pleines d'emphases et de suffisances, les raisonnements abscons, chacun radote sa stratégie éditoriale et marketing en surjouant l'écrivain maudit, rebelle ou appartenant à une minorité. La seconde s'attaque à un mythe du cinéma, et voici notre Pierre Jourde imaginant une variation d'Alien à la sauce Belge dans laquelle l’héroïne, pédicure de son état, va devoir combattre une nouvelle espèce d'extraterrestre aidée d'un stagiaire et d'un chat. Le dernier texte est un conte détourné, c'est peut-être celui sur lequel j'ai le moins accroché mais je conseille néanmoins fortement ce recueil aussi drôle qu'acide.
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La Littérature sans estomac

Pierre Jourde est un grand professeur de littérature, un habile pamphlétaire qui démonte intelligemment les absurdités et l’influence du modèle économique du livre sur la production littéraire française.

Comme tout pamphlet, il génère des accords et des désaccords. Ennemi de la littérature blanche (surtout si elle est écrite par des femmes), Pierre Jourde promeut la suprématie de la recherche formelle sur le vécu.

Parmi les exemples de «grande littérature » proposés, il y a pourtant du vrai. Quand ces grands hommes écrivent sur le sexe ou l’objectivation des femmes, c’est beau et c’est profond.

Bref, on ne va pas être d’accord ! Et ce n’est pas grave…

Finalement le seul avantage de ce livre a été de me faire découvrir le blog L’Autofictif d’Eric Chevillard !
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Le voyage du canapé-lit

Le thème : La grand-mère est décédée, la mère a décidé qu'il faut transporter le canapé-lit depuis la région parisienne jusqu'à la maison de campagne en Auvergne. Deux des fils et une belle-fille s'en chargent, et le roman décrit leur voyage dans la camionnette qui transporte le fameux canapé-lit. Tous trois évoquent des souvenirs personnels et des souvenirs de famille, commentent le trajet, et se chipotent avec humour (mais est-ce toujours vraiment de l'humour ?) (Un roman de 280 pages)



J'ai apprécié : Qu'ai-je apprécié ? d'abord la présentation de l'éditeur dans la 4ème de couverture : elle est très positive et m'a incité à acheter le livre, en plus du conseil de mon excellente libraire de Saint-Didier en Velay que je salue au passage. le début du roman est excellent et on s'installe confortablement, certain qu'on est de déguster une belle histoire avec de l'aventure et de l'humour. Les derniers kilomètres du voyage et l'arrivée à la maison de campagne sont de bons moments. Certains des souvenirs égrénés au cours de ce voyage sont touchants ou amusants. Je comparerai le style de ce roman à Trois hommes dans un bateau de Jérôme K. Jérôme, dont Pierre Jourde donne un extrait en exergue du roman.



J'ai peu apprécié ce roman, et pendant sa lecture j'ai eu un peu la même impression générale que quand j'ai lu Trois hommes dans un bateau de Jérôme K. Jérôme, qui raconte de façon que je trouve très plate (chacun sa perception) des histoires qui pourraient être amusantes, voire en plus intéressantes ou même profondes. Les histoires qu'on trouve dans le voyage du canapé-lit sont racontées de façon souvent un peu verbeuse. Pourtant l'idée de départ est bonne, mais j'ai rapidement trouvé ennuyeuses les conversations entre les trois voyageurs qui transportent le canapé. L'auteur mentionne les noms des villes traversées sans que ça ajoute quoi que ce soit, et il donne sur la route des détails dont, pour ma part, je n'ai rien eu à faire : en quoi est-il intéressant de dire que les parents de l'abbé Delille ont habité Aigueperse, et de consacrer presque deux pages à citer ses poèmes pompeux, même si l'abbé Delille était un poète académique ? Comme Pierre Jourde l'écrit lui même : "le récit, qui déjà n'avance guère, ralentit encore" (p. 236) et "assez de sperme, de pipi, de caca" (p. 240). Tout ceci ne m'empêchera pas de lire un jour un autre roman de Pierre Jourde, pour voir...

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Petits Chaperons dans le rouge

Les Exercices de style de Raymond Queneau sont utilisés en atelier d'écriture et à l'école depuis bien longtemps (réécrire un passage en changeant de personne, de registre ou de point de vue). Mais ces activités d'écriture sont toujours négligées au profit d'une obsession idéologique morbide pour la lecture et l'analyse de textes du patrimoine... Pour Dominique Bucheton, la pratique de la réécriture en général serait une des activités les plus efficaces pour la maîtrise de l'écrit (cf. Refonder l'enseignement de l'écriture), car elle permet de prendre du recul sur sa pratique, de se libérer de la charge cognitive de première écriture (imaginer, respecter les consignes, sélectionner ce qui est à dire, choisir le point de vue, tourner correctement la phrase, trouver du vocabulaire, orthographier...), et de motiver le passage à un travail de précision sur la forme (un recopiage en corrigeant les fautes d'orthographe s'apparente à de la punition...), et sur la juste mesure des mots et de l'acte de parole (le maître d'atelier va ainsi relancer l'écriture après lecture du premier travail par une proposition de réécriture : ton texte n'est pas assez visuel, peux-tu faire une variante visuelle ?).



Utiliser les différents types de discours, c'est chercher à identifier leur fonctionnement, c'est devenir moins naïf devant les procédés rhétoriques, publicitaires ou jouant sur le pathos. La variante "maladroit" (directement repris de Queneau et de son célèbre "C'est en écrivant qu'on devient écriveron.") est fondamentale, tout comme par exemple la "Copie de CE2" (aux volontaires fautes d'orthographe), car elle permet de se rendre compte de ce qui est lourd ou futile. De manière générale, chaque version peut être considérée comme un outrage de procédé, une exagération maladroite à éviter. Réécrire était également un des conseils principaux proposés par Antoine Albalat, que ce soit par la pratique oubliée du pastiche - technique d'apprentissage d'un certain Marcel Proust - (cf. L'Art l'écrire) qu'on retrouve ici entre autres dans les styles "Sportif", "Rock n'roll", "Médical" ou "Mathématique" (où l'auteur a importé un style) ou celle de l'élagage - Le Travail du style d'après les brouillons des grands écrivains - que l'on retrouve dans les "Succinct", "Haïku", "Lapidaire". L'exercice permet de se rendre compte par son écriture à soi, sous sa plume en action, de l'effet d'une figure de style, d'un mot, du rythme des phrases, d'un placement particulier de virgule... Cela entraîne ainsi une écriture, et par ricochet, une lecture plus attentive au détail, moins naïve, ce qui est le propre d'une littératie réelle (passage du déchiffrement des phrases et de l'encodage - alphabétisation illettrée -, à une compréhension en détail d'un acte de langage, dans ses finesses et nuances).



L'écriture de variantes, par exemple "Paysan", "Chaperon sanglant" ou même "Harlequin audace", permet de mieux comprendre le texte original, l'arrière-plan mental, le symbole sexuel, la valeur des actions et les décisions des personnages (aussi dans "point de vue du loup", "de la mère"). "Sitcom" rapproche le conte d'un genre contemporain et permet d'observer les différences de codes de valeur (naïveté, matérialisme). En maniant et en réécrivant l’œuvre de Perrault, on se l'approprie, on en approche la couche de signification intime, on connaît si bien le conte qu'on en est l'auteur. Et c'est bien là toute la symbolique de l'exercice, réécrire un conte n'est pas un crime de lèse-majesté mais au contraire la démarche normale de la littérature et du conte par excellence : on nous raconte une histoire attrayante, on le reraconte à notre tour. L'exactitude des mots et des péripéties est un obstacle à ce libre passage des histoires, on raconte comme cela nous touche et comme on croit que cela va toucher (de même qu'on doit lire en déformant, en jouant). On active, on éteint certaines significations... on fait des clins d'oeil à l'auditeur, des références à ce qu'il connaît, on provoque sa réaction, on jour sur ses attentes et on les déjoue... Reprendre un conte, s'entraîner à le faire, c'est apprendre l'un des actes humains les plus primitifs et les plus socialement valorisés.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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La potiche a peur en rouge & cent autres fa..

la fable express est une parodie et ce recueil les remet au gout du jour avec des jeux de mots, contrepèteries et autres calembours modernes. des explications sont fournies avec chacune d'entre elles, pour ceux qui n'auraient pas la référence mais la majeure partie sont très abordables. conseillé aux personnes aimant l'humour et ayant l'esprit large (de nombreuses blagues sont grivoises et certaines religieuses ou politiques)
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Le Jourde et Naulleau : Précis de littérature d..

Il n'est nul besoin d'avoir lu les quinze auteurs qui se font joyeusement étriller dans ce précis de littérature : de nombreuses citations sont offertes à notre curiosité. On est amusé, mais aussi horrifié par les travers de ces écrivains contemporains : mièvres, narcissiques, obsédés, idiots, méprisants, grotesques, abscons, abrutis...

Si la critique est aisée, Jourde et Naulleau savent se renouveler afin de ne pas nous infliger quinze fois le même pensum.

Une lecture très réjouissante qui évitera de perdre son temps avec celle de certains cadors du métier !
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Winter is coming

Winter is coming. L’hommage bouleversant que Pierre Jourde rend à son fils Gabriel, emporté par un cancer foudroyant, alors qu’il n’avait pas 20 ans. Une prose sobre, acérée, honnête - à l’image de l’auteur - qui tente malgré tout de mettre des mots sur l’indicible. Et aussi la souffrance, les espoirs perdus, l’incompréhension, l’injustice, les regrets, la peur, le deuil, le manque… Un cri de rage, un cri d’impuissance, un cri d’amour incommensurable.
Lien : https://esper-lu-ette.blogsp..
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Winter is coming

Qu’il est difficile de critiquer le livre d’un père qui a perdu son enfant. Être aveuglée sans cesse par le récit, par les mots, par sa douleur, et n’en garder finalement que le récit, les mots, et sa douleur. Oui car je n’ai vu que cela, une lettre d’amour incroyablement belle d’un père pour son fils. La délicatesse de sa plume contraste sans cesse avec la violence de ses émotions pourtant si pudiquement dévoilées. On comprend à demi-mot, et le poids dans notre poitrine, au fil de la lecture, bouscule les larmes qui affluent dans nos yeux. Quant au titre, si lourd de sens, rendre hommage à l’art de son fils tout en exprimant ce qu’il a dû vivre et ce qu’il vivra toujours dans son coeur désormais : le froid.
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