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Critiques de Pierre Jourde (257)
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Paradis noirs

« Je m’apprête à publier du vécu (Le Voyage du canapé-lit, en janvier) mais je suis travaillé par l’envie de revenir à la veine du roman légèrement bizarre que j’ai longtemps creusée : Festins secrets, Paradis noirs, Le Maréchal absolu ou L’Heure et l’ombre. »

Trois des quatre romans évoqués par Pierre Jourde dans cette citation m’ont toujours fait l’effet d’appartenir à une même famille très particulière de l’étrange. Ce sont trois livres où les frontières entre réel et rêve, souvenir et réalité, réalisme et fantastique se brouillent, trois romans qui cultivent une impression d’irréalité et une atmosphère d’ombre et d’illusion qui les rapproche à mes yeux d’un certain symbolisme belge. Comme les tableaux de Spilliaert ou Degouve de Nuncques, Paradis noirs, Festins secrets et L’Heure et l’ombre plongent le lecteur dans une torpeur cotonneuse où les ombres et la brume semblent cacher des arrière-mondes. Ces ouvrages composent à mes yeux une fratrie spectrale, unie par des ressemblances et des obsessions communes, liée par des jeux de miroirs et un entrelacs de mots et d’images. [...]
Lien : http://cdilpantoine.blogspot..
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L'heure et l'ombre

« Je m'apprête à publier du vécu (Le Voyage du canapé-lit, en janvier) mais je suis travaillé par l'envie de revenir à la veine du roman légèrement bizarre que j'ai longtemps creusée : Festins secrets, Paradis noirs, le Maréchal absolu ou L'Heure et l'ombre. »

Trois des quatre romans évoqués par Pierre Jourde dans cette citation m'ont toujours fait l'effet d'appartenir à une même famille très particulière de l'étrange. Ce sont trois livres où les frontières entre réel et rêve, souvenir et réalité, réalisme et fantastique se brouillent, trois romans qui cultivent une impression d'irréalité et une atmosphère d'ombre et d'illusion qui les rapproche à mes yeux d'un certain symbolisme belge. Comme les tableaux de Spilliaert ou Degouve de Nuncques, Paradis noirs, Festins secrets et L'Heure et l'ombre plongent le lecteur dans une torpeur cotonneuse où les ombres et la brume semblent cacher des arrière-mondes. Ces ouvrages composent à mes yeux une fratrie spectrale, unie par des ressemblances et des obsessions communes, liée par des jeux de miroirs et un entrelacs de mots et d'images. [...]
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Festins secrets

« Je m'apprête à publier du vécu (Le Voyage du canapé-lit, en janvier) mais je suis travaillé par l'envie de revenir à la veine du roman légèrement bizarre que j'ai longtemps creusée : Festins secrets, Paradis noirs, le Maréchal absolu ou L'Heure et l'ombre. »

Trois des quatre romans évoqués par Pierre Jourde dans cette citation m'ont toujours fait l'effet d'appartenir à une même famille très particulière de l'étrange. Ce sont trois livres où les frontières entre réel et rêve, souvenir et réalité, réalisme et fantastique se brouillent, trois romans qui cultivent une impression d'irréalité et une atmosphère d'ombre et d'illusion qui les rapproche à mes yeux d'un certain symbolisme belge. Comme les tableaux de Spilliaert ou Degouve de Nuncques, Paradis noirs, Festins secrets et L'Heure et l'ombre plongent le lecteur dans une torpeur cotonneuse où les ombres et la brume semblent cacher des arrière-mondes. Ces ouvrages composent à mes yeux une fratrie spectrale, unie par des ressemblances et des obsessions communes, liée par des jeux de miroirs et un entrelacs de mots et d'images. [...]
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Pays perdu

En bref, un court livre découvert totalement par hasard et qui ne parlera certainement pas à tout le monde. L'auteur prend comme prétexte un enterrement pour présenter un petit village auvergnat, "une communauté humaine qui se compose d'une dizaine de foyers, serrés sur un très petit espace, à quarante minutes de route de la première ville, et où tout le monde se croise tous les jours, [...]".
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La première pierre

Le livre est paru en 2013, dix ans après « Pays perdu » et la violente agression subie par l'auteur et sa famille quand il est retourné à Lussaud, son pays perdu. Les circonstances de l'agression y sont décrites, ainsi que le procès qui s'ensuivit, le tout suivi par une analyse du pouvoir des mots et de la littérature.

Un complément intéressant à « Pays perdu ».
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La Littérature sans estomac



"Il s'agit de se demander si la littérature est une image de la littérature ou un acte littéraire." (205)



Publier une critique franchement négative à propos d'un livre demande une certaine audace. Il n'y a qu'à voir sur Babelio, où l'on se trouve rarement face à de belles envolées mordantes. Les notations minuscules ne manquent certes pas. Mais les écrits qui les portent sont souvent timides, prudents, font valoir que ce n'est que leur vision personnelle, voire s'excusent. S'excuser de ne pas avoir aimé un livre ?! Pourquoi devrait-on ménager auteurs et maisons d'éditions, leur octroyer un statut supérieur ? Vive la critique à égalité d'esprit, libre, épanouie et créative pourvue qu'elle soit étayée ! Pierre Jourde y excelle. C'est un vrai bonheur de se plonger dans sa prose enlevée, impertinente, souvent drôle, lexicalement riche, parsemée de formules pimpantes qu'on aimerait lui piquer. Même quand il descend en flammèches des auteurs que j'apprécie, je fonds de plaisir. Je dirais même que je fonds doublement de plaisir car l'expérience sensorielle est d'autant plus forte que son point de vue se démarque et entre en collision avec le mien.



"Pourquoi donc le fait de signaler les oeuvres de qualité empêcherait-il de désigner clairement les mauvaises ? Jamais les librairies n'ont été si encombrées d'une masse toujours mouvante de fiction. Il faut donner des raisons de choisir. Ce devoir est devenu d'autant plus impératif que les produits sont frelatés. Des lecteurs de bonne foi lisent ces textes et se convainquent que la « vraie littérature » est celle-là. Or une chose écrite n'est pas bonne à lire par le seul fait qu'elle est écrite, comme tendraient à le faire croire les actuels réflexes protecteurs du livre. Tout texte modifie le monde. Cela diffuse des mots, des représentations. Cela, si peut que ce soit, nous change. Des textes factices, des phrases sans probité, des romans stupides ne restent pas enfermés dans leur cadre de papier. Ils infectent la réalité. Cela appelle un antidote verbal." (25)



En plus de nous régaler de ses habiletés littéraires, il met des mots sur la confusion entretenue par la plupart des maisons d'édition et des médias culturels autour de notre perception de la littérature, sur "cette évolution de la littérature pour amateurs éclairés vers le créneau vendeur". Il nomme, définit – "le roman décoratif, petit récit […] mettant en scène un petit personnage sans identité trop définie […], le tout rapporté dans un langage pas trop compliqué", les "romancules qui ne s'engagent pas et qui n'engagent à rien", "la littérature microcosmopolite qui nous envoie des cartes postales touristiques du potager du coin". Qu'est-ce qu'une littérature exigeante, de qualité ? Comment ne pas se faire avoir par les coups éditoriaux ? L'essence de la réponse tient tout entière dans notre attente. Distraction ? Questionnement existentiel ? Modification des perceptions ? Aller vers de l'inattendu pour bousculer son train-train ou ronronner sur un canapé ? Se faire croire à soi-même qu'on est dans le vent intellectuel, conforter son identité ? le champ de possibilités est vaste pour inventer notre relation aux livres. Il ne tient qu'à chacun de faire de la lecture une école de lucidité et de la critique une pratique d'intégrité, citoyens culturels aux consciences éveillés et actives.



"Pour Proust, la plus grande intensité de réel – le réel retrouvé – se tient au bout de l'extrême littérature. Car, pour ce qui est du réel, dans la vie, la plupart du temps, nous n'y sommes pas. Nous vivons de rêves. Ecrire consiste à rêver avec une intensité telle que nous parvenions à arracher au monde un morceau." (34)



Paradoxalement, les critiques positives de Pierre Jourde m'ennuient terriblement. Et ce d'autant plus quand elles concernent un auteur dont j'aime beaucoup le travail : Eric Chevillard, dont voilà un aphorisme tout en écho au propos :



"Souvent je me demande si je ne perds pas mon temps à défendre de bons livres alors qu'il y en a tant de mauvais à pourfendre.

Éric Chevillard 3051"


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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La première pierre

La première pierre c'est la première des pierres qui ont blessé les enfants de l'auteur, Pierre Jourde, lorsqu'ils reviennent le 31 juillet 2005 passer les vacances d'été dans la maison familiale au cœur d'un hameau du Cantal. Les lanceurs de pierre sont les habitants du village qui ont voulu donner une leçon à l'auteur pour les avoir dépeints et avoir révélé des secrets de famille dans un roman publié en 2003 dans la maison d'édition du médiatique Eric Naulleau, " L'esprit des péninsules ". Les pierres avaient été accompagnées de propos racistes à l'égard des enfants et de noms d'oiseaux contre le père, il s'en était suivi une rixe, un procès avait eu lieu, qui avait défrayé en son temps le microcosme littéraire. Bien que les passions ne soient pas totalement apaisées, avec " La première pierre " Pierre Jourde tente d'expliquer comment se construit un livre d'auto-fiction, comment naissent les personnages, en retraçant l'affaire, il veut se justifier, essayer de démontrer que " Pays perdu " était pavé de bonnes intentions, il fait tout pour réduire le fossé qui s'était créé entre les paysans (dont il est issu) et " l'intellectuel " qu'il est devenu. Pour prendre de la distance, au lieu du " je " classique du roman autobiographique Pierre Jourde s'adresse à l'enfant qu'il était, au " petit bonhomme " et emploie le " tu ". Le livre débute sur la rixe qui a eu lieu en 2005, elle est décrite un peu comme une bagarre dans les dessins de Dubout, mais rapidement le lecteur sent que c'est une affaire sérieuse. Il se poursuit sur les échanges de secrets de famille, sur les non-dits des villages de la France profonde. Puis, l'auteur décortique l'impact du livre sur des gens qui se sont sentis offensés sans l'avoir vraiment lu, qui n'y ont pas trouvé ce que l'auteur avait voulu y mettre. Il explore l'écart entre les mots des auteurs et ceux que reçoivent les lecteurs. Il se termine sur une magnifique description du pays, notamment de l'estive, le voyage des animaux vers la montagne au printemps, où vers la vallée à l'automne. Comme si l'auteur leur dit, " Voilà ce que je voulais montrer de votre pays ". Dans pays perdu, Pierre Jourde a décrit un monde paysan tel qu'il voulait qu'il reste, c'est à dire celui de son enfance, alors que les paysans, eux, sont persuadés qu'il a changé et ne veulent plus de cette image. C'est l'histoire d'une incompréhension. L'auteur le dit lui-même c'est un " livre incertain " c'est à la fois, un roman, un récit, un pamphlet, un essai sur la littérature. C'est un livre pour solde de tout compte. Pour poursuivre, sur le mot de l'auteur " le Far-Centre ", je dirais que c'est " Règlement de compte à OK Cantal " tel le western de John Sturges en 1957. Lecteur, passionné par le milieu littéraire, "La première pierre", ne pouvaient pas mieux combler ma passion. Un livre sur la naissance et la vie d'un livre publié par une petite maison d'édition, qui a entraîné des réactions passionnées, une agression envers l'auteur, un procès sur la liberté d'écrire, des prises de positions partagées de la part des critiques. C'est très intéressant.



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Winter is coming

Ouvrir les pages de ce livre c'était savoir un peu dans quel désordre émotionnel j'allais me retrouver.

Quoi de plus absurde que devoir dire au revoir trop tôt à un être aimé, arraché par une maladie rarissime.

Pierre Jourde, nous délivre ici surement son plus beau récit, nous offre sa plus belle littérature avec une plume sans artifice. Une plume à la fois douce et incisive.

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Pays perdu

Je pense que pour la première fois j'ai du mettre 5/5 à un livre. Pour une petite partie par attachement à des situations connues (je suis Cantalou de descendance), mais surtout par le sujet et la langue. Quelle belle écriture...Fluide, idéalement construite, pas lourde et pourtant si riche en vocabulaire. Et puis le sujet....ces paysans perdus dans ces recoins du Cantal, s'accrochant encore à une terre ingrate. Raymond Depardon en a d'ailleurs fait des images qui pourraient idéalement illustrer cet ouvrage au cas où l'imagination du lecteur ne serait pas à la hauteur ou tout simplement pour le cas où il n'aurait pas la joie d'avoir connu ces "derniers Indiens" comme dirait une autre grande écrivaine du cru: Marie-Hélène Laffon.
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Le Jourde et Naulleau : Précis de littérature d..

J'avoue ma déception. Tient-elle aux limites du genre? A celles des auteurs? Ce produit hybride, entre pastiche critique et pamphlet ne m'a pas emballée. J'aurais aimé plus de concision, ou plus de profondeur. Ici on nage en eaux troubles. Deux étoiles à partager entre les compères, et je ne ferai pas de calembour douteux sur l'association des deux patronymes.
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Le Jourde et Naulleau : Précis de littérature d..

J’ai donc commencé ma découverte avec le livre "le Jourde & Naulleau".

Qu’est-ce que c’est? C’est un pamphlet sur la littérature contemporaine et les médias!



Prenant comme exemple l’ouvrage Le Lagarde & Michard, Pierre Jourde et Eric Naulleau en créé une version de la littérature contemporaine.



Mais alors que le Lagarde & Michard a été écrit pour rassembler les plus grands auteurs des derniers siècles, ici monsieur Jourde rassemble ceux qu’il considère comme les…moins bon.

On retrouve donc pèle-mêle Marie Darrieussecq, Marc Levy, Alexandre Jardin, Patrick Besson, Camille Laurens, Anna Galvada, Bernard-Henri Lévy, Philippe Labro, Christine Angot ou encore Philippe Sollers…(et j’en oublie sûrement!)



Les œuvres de ces auteurs sont donc présentés, avec des extraits commentés (afin de bien saisir tout ce que le texte dit) et il y a même des exercices de style et de compréhension à la fin (avec corrections!) comme dans le Lagarde et Michard.



Et franchement, c’est très très drôle!



Bien évidemment les chapitres des auteurs que je connaissais et dont je voyais à peu près le style me parlaient plus…Je me suis bien ennuyée devant des auteurs comme Patrick Besson ou Frédéric Badré, alors que je me bidonnais (oui bidonner, il n’y a pas d’autres mots) devant ceux de Marc Levy ou Anna Gavalda. C’est assez méchant, il faut l’avouer, mais totalement jouissif! Particulièrement les exercices à la fin de chaque présentation d’auteurs. Ils ont vraiment dû s’amuser en l’écrivant, moi en tout cas, je me suis bien amusée en le lisant!

Je le déconseille par contre pour ceux qui aiment énormément les auteurs cités. Ils s’en prennent vraiment plein la figure!
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Pays perdu

Arriver à L., petit village du nord Cantal, ça se mérite. Et encore quand il n'y a pas trop de neige. Préférer la belle saison, quoi.



Mais la neige, quand même...

"Je me souviens du bonheur de ces reliefs effacés, enveloppés dans une substance égale, éblouissante, engourdissant les sensations, avalant même les sons. Plus de prés, de bosquets, de haies, de murs ,de chemins, d'herbe, de taupinières, une continuité douce, des ondulations moelleuses laissant seulement la trace des choses qu'on s'étonnait presque d'avoir connues sous une forme moins parfaite. Moins encore que des traces, une allusion, une esquisse de courbe, rien. D'invraisemblables vagues soulevées par le vent, au bord de l'effondrement, et demeurant comme des rouleaux mécaniques figés dans un temps suspendu. Des éclats de paillettes que la lumière allume, éteint, ranime ailleurs.Et parfois, sous la couche régulière, par une déchirure, comme un rappel , le souvenir d'un monde ancien aboli, un aperçu sur des profondeurs noires et pleines de formes enchevêtrées. Si la neige, à nouveau, pouvait tout envelopper, effacer les reliefs et les chagrins, taire les mots."



Pour régler une affaire de famille, le narrateur (Jourde) et son frère se rendent dans le petit village d'où est originaire leur père, apprenant à leur arrivée le décès d'une jeune fille du village. Les obsèques auront lieu le lendemain. Défilé des voisins et de la famille, des habitants des villages environnants dans la maison des parents, occasion de portraiturer ces figures hautes en couleur ou exemplaires. Jourde ne fait pas dans la dentelle, et quelques pages d'anthologie sont consacrées aux bouses de vache...(j'adore, car en plus c'est du vécu et je confirme la ténacité et l'ambivalence de la chose. En revanche j'ai eu du mal avec les descriptions de crasse chez certains...)



Je ne suis pas originaire de ce coin là, mais ma foi, le monde paysan à l'ancienne, que de souvenirs...

"Le vieux célibataire a l'hospitalité cordiale et généreuse. Il sait ce qu'il doit au monde. La simplicité de ses manières, simplicité dont il se réclame en vous forçant à boire un autre plein verre et à accepter un fromage ou une douzaine d'oeufs, n'est que l'apparence conventionnelle d'un attachement intégriste aux rituels complexes de la civilité paysanne. La conversation se tient assis sur des bancs, de part et d'autre de la table. Le verre rempli à ras bords doit durer. Son contenu marque le développement de la première phase, son remplissage permettra une relance. La conversation avec le vieux cousin n'implique pas nécessairement un langage verbal. Son fonds principal se constitue de grommellements dispersés, d'onomatopées entre lesquels on laisse s'installer un silence de bon aloi.

Là-dessus, quelques remarques à propos du temps, des récoltes, de la famille viennent se détacher en guise de fioritures décoratives. Un attrape-mouche doré pend dans le creux profond de la fenêtre, tortillé comme un ornement baroque dans une église. La lumière avaricieuse ne se dépense qu'à l'éclairer, le prenant pour un luxe, et nos laisse dans la pénombre. Sur la spirale glorieuse s'achèvent de minuscules agonies. D'autres mouches profitent du calme ambiant pour avancer avec soin leur exploration de la toile cirée."



Une unité d'espace (les villages proches) et de temps (deux jours) pour une plongée dans ce monde rural incroyable. L'auteur évoquera aussi son père et le secret de ses origines. Mais là n'est point le sujet, on ne s'attarde pas.



Ce récit/roman n'a pas eu l'heur de plaire aux villageois, qui ont agressé l'auteur lors d'un de ses passages en 2005, des noms d'oiseaux ont fusé, un procès s'en est ensuivi, et le dernier opus de Pierre Jourde, La première pierre, revient sur cette histoire. Il me tarde de le lire!
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Le Maréchal absolu

Comment est-ce possible? Sur internet pas vraiment multitude d'avis sur ce roman! Il faut dire que le bestiau a de quoi impressionner, du haut de ses plus de 700 pages. Quant au thème annoncé en (fort correcte) quatrième de couverture, courage fuyons! Mais un esprit de contradiction et d'aventure très fort, un vague souvenir d'avoir lu La littérature sans estomac, et l'amour des trucs improbables ont contribué à une semaine de lecture scotchante et hallucinante, oui. Qui plus est, dès la première page, j'ai su que ça allait se révéler grandiose.



Alessandro Y., tout puissant Maréchal, règne sur la république d'Hyrcasie. Ne pas chercher dans un atlas, car au fil de la lecture se lèvent des souvenirs de guerres d'indépendance, de guerres civiles en Afrique centrale ou de l'ouest, de despotes d'ex-républiques soviétiques ou d'Amérique du sud, d'Amin Dada à Khadafi il y a du choix.



Diviser pour régner, être craint, éliminer les trop intelligents, ceux à dents longues. Tout prévoir, y compris une flopée de sosies plus ou moins ressemblants chargés des chrysanthèmes, sorties et réunions, et éventuellement de finir dans un attentat sanglant, à votre place.



Mais hélas les rebelles sont maîtres de quasiment tout le pays, acculant dans son palais le Maréchal , qui saoule de ses souvenirs de gloire, passée, présente et à venir, son secrétaire Manfred-Célestin, conseiller, vieille pacotille, inopérante engeance, masseur, barbier...



Avouons un petit coup de mou en fin de première partie, balayé par le chapitre 8, barré de chez barré, où l'Odyssée de Ghor et son armée à travers le monde entier, carrément, est un chef d'oeuvre de grand n'importe quoi. Ensuite, les trois parties suivantes se sont avalées comme des petits pains, en dépit de certains passages fumant de violence et de cruauté. Souvent on a du mal à suivre (pas de souci, les personnages eux aussi se questionnent également, rêvent-ils ou quoi?). Agents dormants, Services secrets s'en donnent à cœur joie, agents doubles (triples voire quadruples), un véritable manège.



Et je n'ai pas parlé de l'écriture, drue, truculente, onirique parfois, familière, travaillée tour à tour, un feu d'artifice. Ah on jubile! Sans oublier une construction ménageant les effets et les rebondissements. Quand on pense qu'un des personnages principaux arrive juste avant la page 300...



A lire absolument, bien sûr!Un grand moment de lecture.



"On squattait les boutiques vides, les bureaux, les appartements. Les réfugiés y proliféraient, les lieux devenaient trop étroits pour loger toute la marmaille. On poussait les vieux toujours un peu plus loin, un peu plus à l'étroit. Ils s'obstinaient à vivre, à occuper quelques précieux centimètres carrés du bout des semelles de leurs charentaises. La grand-mère finissait dans le buffet Henri IV, où elle attendait la fin, ce n'était pas une mauvaise propédeutique au cercueil. Un autre se recueillait au fond du vase Ming, qui peut accoutumer à l'urne cinéraire."(etc... page 109)



"A la suite d'une erreur d'orientation de son aide de camp, Ghor s'empare de la Papouasie. L'opération se solde par de lourdes pertes. Plusieurs compagnies sont mangées par l'ennemi. D'autres sont mises à sécher en prévision des disettes futures. La division Grossmann disparaît au beau milieu de la campagne, s'égare dans la jungle et le brouillard des plateaux, traverse une chute d'eau, longe un corridor souterrain, trouve des escaliers, les monte, massacre une petite troupe d'indigènes qui s'opposait à son passage, écarte un rideau rouge, et apparaît sur la scène de l'opéra de Manaus pendant une représentation d'Aïda, sous les applaudissements du public." (etc...page 141)
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Le Maréchal absolu

Un étonnant récit multi-enchâssé, ambitieux et touffu. À l'issue, un régal.



Publiée en septembre 2012, la douzième œuvre de fiction de Pierre Jourde semble d'abord imposante avec ses 730 pages toutes en densité, et sa quatrième de couverture certes intelligente, mais pouvant aisément induire le lecteur en erreur...



En effet, si le personnage du « Maréchal absolu », tel qu’il apparaît dès le début du récit, a bien toutes les caractéristiques d’un « ogre sanguinaire et rabelaisien » (et si ce clin d’œil immédiat à Bakhtine et à sa polyphonie est pleinement justifié), le roman N’EST PAS (comme je l’avais craint un instant) - ou plutôt ne se réduit absolument pas à - la fresque déjantée des délires et méfaits d’un synthétique dictateur africain, qui aurait alors nécessairement pâli de l’inévitable comparaison avec l’Ahmadou Kourouma de « En attendant le vote des bêtes sauvages » et le Sonny Labou Tansi de « La vie et demie », chefs d’œuvre de verve et de truculence bien difficiles à égaler.



Ainsi, même si Pierre Jourde nous régale de descriptions savoureuses et cruelles, ce n’est pas sur ce terrain du grotesque atomisant qu’il a principalement établi son projet. Dès la deuxième partie du roman, soit au bout de 170 pages haletantes mais légèrement « déjà lues », sa véritable ambition se dévoile : il s’agit ici de construire un enchâssement sauvage dans lequel les récits, de narrateurs peu fiables en laborieux souvenirs déjà partiellement dissous dans l’acide métaphorique, de miroirs déformants en éventuels contes pour grands enfants ou en « histoires à dormir debout » pourtant racontées avec sérieux (l’énorme quête conquérante, mondiale et sans fin du flamboyant généralissime Ghor en étant certainement le plus bel exemple), vont pouvoir se dissoudre allègrement, pour finir dans les limbes incertains et largement hallucinés de villages abandonnés aux restes des guerres civiles, de camps de regroupement retournés à l’état sauvage, ou enfin, de faubourgs inondés dans lesquels pourront disparaître les barques du maréchal et du lecteur...



Allant encore plus loin que le sémillant et troublant « Reality Show » de Larry Beinhart, Pierre Jourde nous donne à voir, dans toute son ampleur, la vaine tentative du réel pour être autre chose qu’un récit… Aux emboîtements des narrations répondent ainsi, tour à tour, les empilements des sosies du maréchal, les intrications des complots à l’intérieur des complots, ourdis par les dignitaires médiocres et dépravés comme par les spécialistes éminents et gris des « Services », ou encore les bribes de mémoire arrachées aux derniers fidèles du dictateur déchu, disparus ou retraités…



Demandant sans doute un peu d’élan initial, cette lecture est une expérience précieuse.



"Afin de bien comprendre, il faut remonter aux origines du Maréchal, à l'époque où il n'était rien, pas même encore Alessandro Y. Avec Gaspaldi, Gris a patiemment reconstruit la vie factice du Maréchal, sa famille, ses origines. Ils font tous ça, les Guides suprêmes, je le sais bien. Mais dans le cas du Maréchal, c'est différent. Gris aurait pu n'avoir qu'à toiletter un peu. Dans le cas du Maréchal, il a dû partir de zéro. Brainstorming permanent, genre équipe de scénaristes hollywoodiens, tu vois. Toute une vie à fabriquer, ça implique de tailler dans la réalité. Car le Maréchal est issu d'un vide absolu."



"On l'avait enfermé dans le fourgon, nanti d'une camisole de contention, en bon cuir de vachette pleine peau, et flanqué de quatre miliciens. Pas des tendres, la Milice, hein, surtout dans le fond des départements. En moins de cinq minutes, le bûcheron avait fait éclater la camisole. Après, dans le fourgon, ç'avait été, à ce qu'on m'avait décrit, massacre à la tronçonneuse le retour. Trois kilos de TNT qui explosent dans la chambre de la petite sœur. Vu du dehors, paraît-il, l'habitacle était tellement secoué qu'on l'aurait cru bondé de taureaux en émeute. Indescriptible, dedans, quand on a ouvert. J'ai lu les rapports avec attention, tu penses bien. Finalement, il se l'est prise sa rafale de pistolet-mitrailleur. Et il a survécu. Trois mois d'hôpital, quatre opérations."



"Aussi idiot que cela soit, cela revenait me tourmenter : si l'autre, le fantoche, la future marionnette balançant au bout de son unique fil, n'était que le double d'un Maréchal caché, à savoir moi-même, qu'est-ce qui empêchait de supposer que moi, qui me prenais pour l'origine, le vrai, l'authentique, je ne sois pas le double de quelqu'un d'autre ? C'est la loi métaphysique du regressum ad infinitum, si tu m'autorises un peu de cuistrerie. j'ai eu de bonnes lectures, durant ma semi-retraite, je me suis cultivé, pendant que l'autre idiot, dans ses uniformes rutilants, passait son temps à déjouer des complots, à faire fusiller, à signer des décrets et à lire des rapports. "



"La vieille me disait avec minutie qu'Omar lui disait avec mépris que Kobal disait avec ironie que le Maréchal lui disait avec suavité que l'apparent moralisme occidental dissimulait bien souvent une forme de racisme, on le savait bien, mais enfin ils raquaient, on avait besoin d'eux, l'important était de donner le change."



"La plupart du temps, la servante déposait sur la table un plat rempli d'une viande en sauce. Aux éventuelles questions sur la nature de l'animal dont nous allions ingérer le cadavre, elle répondait par un haussement d'épaules et un grommellement. Lorsqu'on levait le couvercle, des remugles de sauvagine vous assaillaient, exhalés par les morceaux baignés dans une sauce mélancolique, déjà presque figée. Tout de suite, on était pris de l'irrépressible envie de remettre le couvercle, d'en plomber le bord, et d'aller inhumer ces pauvres restes à l'orée d'un bois, par une nuit sans lune."

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Le Tibet sans peine

Un livre qui vous entraîne loin. Loin de nos contrées occidentales, loin de nos villes, loin de nos voyages formatés, un livre qui nous emmène au Tibet. Un livre plein d'humour et d'auto-dérision que j'ai eu grand plaisir à lire. Un livre court à l'écriture soignée. Un livre qui se lit tant pour la narration du voyage que pour le style de l'auteur. Bref, si vous avez envie de passer un moment agréable, venez voyager au travers des lignes de ce livre.
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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La présence

Voici un texte hautement littéraire qui plaira à ceux qui s’interrogent sur l’Homme.



La collection

La maison d’édition Les allusifs a lancé une nouvelle collection qui s’appelle « Les peurs » et propose donc cet exercice de style, Pierre Jourde est le premier à « se prêter au jeu. »



Le livre

Pierre Jourde nous parle ici des peurs qui l’assaillent avant de dormir dans un lieu inconnu et qui lui rappellent sa peur enfantine des cauchemars. Il évoque ainsi le poids du passé et interroge son inconscient et sa part d’humain et « d’inhumain ».



Ce que j’en ai pensé

Ce livre m’a retourné le cerveau. Il m’est très difficile d’en parler sans le vider de son sens et de sa force. En très peu de mots – 87 pages – mais extrêmement précis, l’auteur parvient à créer un texte hautement littéraire et psychanalytique. Chaque phrase résonne en moi.






Lien : http://delphinesbooksandmore..
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Festins secrets

Pierre Jourde écrit très bien, je n'en disconviens pas, mais la peinture qu'il fait des êtres et de la province est vraiment trop glauque pour être crédible. On veut bien croire que la France profonde regorge de notables corrompus, de paysans dégénérés ou mutilés par les machines et les animaux, mais de là à en faire tous des organisateurs de ballets roses et des criminels, y faut pas pousser la mémé dans les orties quand même !

On comprend aisément, à le lire, qu'il n'a pas aimé sa première nomination comme jeune prof dans une ville de l'est de la France, que la ruralité lui pèse, mais il en remet de telles couches dans la "glauquitude" que l'on a envie de lui dire qu'en en faisant trop, on décrit un pays et une société qui n'existe pas...



Pierre Jourde n'aime pas grand chose, ni le landernau littéraire parisien, ni la province. Son oeuvre, tant fictionelle que critique, manque parfois d'humanité, d'empathie et de tendresse envers ses personnages, les lieux et les auteurs qu'il pourfend.

C'est dommage, car il y a vraiment une écriture et un talent
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La Littérature sans estomac

Cet ouvrage date de 2002, mais je ne crois pas que l'avis de Pierre Jourde sur les auteurs cités ait beaucoup changé. Il en aurait même ajouté, je pense...

Le titre fait référence au pamphlet de Julien Gracq "La littérature à l'estomac", paru en 1949.

Je ne me suis attardée que sur ceux dont j'avais lu un ou plusieurs livres.

Entre-autres :

Angot et Darrieussecq : exécution en bonne et dûe forme (j'ai souvent souri et comme je suis une méchante fille, je me suis assez régalée)

Beigbeder : il ne mérite quand même pas (à mon avis) ce qui lui tombe sur le coin du museau

Roze : la pauvre, il ne l'a pas ratée ("le zéro absolu", rapport à son premier roman "Le chasseur zéro", prix Goncourt 1996)

Toussaint, Bernheim, Bobin (le ravi de la crèche) : il a la dent un peu dure

Delerm : léger, mais pas honteux (je partage)

Houellebecq : louche, cynique, mais Écrivain (je partage également)

Pierre Jourde n'a pas dû se faire que des amis dans le milieu de l'édition !

Quoique parfois un peu longuet, j'ai apprécié son humour, ses pastiches, notamment d'Angot et sa férocité atteint souvent sa cible.

Je viens d'apprendre le décès du "Commandant Majeur", Philippe Sollers, dont la suffisance n'est, elle aussi, guère épargnée.

Le dernier chapitre s'intitule "Écrivains", titre évocateur dans lequel il s'attarde sur SES écrivains : Gérard Guegan, Valère Novarina,

Eric Chevillard et Jean-Pierre Richard, que je n'ai pas lus mais dont je garde les noms dans un coin de ma tête.
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Pays perdu

Une langue magnifique, précise, poétique, d'une maîtrise parfaite qui décrit merveilleusement ce pays perdu, perdu dans le temps autant que dans l'espace. Mais cette maîtrise m'a aussi mise mal à l'aise quand elle raconte les gens, leur vie, où tout ne semble que misère, saleté, violence et alcool, ce dernier régnant en maître du jeu. Il y a dans ce livre une certaine provocation à réduire le monde agricole même reculé à cette misère. Les pages évoquant l'omniprésence de la merde tant animale qu'humaine sont sidérentes, celles sur le sort des animaux, bétail, volaille ou autres, sont d'une cruauté complaisante. Certains passages sont magnifiques et prenants. Alors, un grand livre, certes, par le propos et la langue, mais avec un côté trop réducteur.. Née la même année que l'auteur, j'ai passé beaucoup de temps de mon enfance à la campagne... même si les monts du Lyonnais n'ont pas l'âpreté du Cantal, encore que, à l'époque, c'était un bout du monde... je garde des souvenirs plus lumineux... C'est cela qui me semble manquer à ce livre... la lumière.

Et puis... j'ai lu dans la foulée La première pierre, livre qui répond aux conséquences et à la polémique suscitées par Pays perdu. Et là, j'ai mieux compris ce que l'auteur avait voulu exprimer, le second apportant les notes de lumière dont semble absent le premier. Peut être eut il fallu le second avant le premier... je n'en suis pas sûre...
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La Littérature sans estomac

Sans nier certains aspects relevés dans l oeuvre, à savoir que le marché de l'édition reste affaire de business ne le nions pas, je me demande sincèrement si cette critique se veut vraiment pertinente en attaquant C.Bobin, P. Forrest ou Sollers. Je crois ne pas avoir besoin de gaspiller mon argent dans une critique essentiellement négative pour me faire un avis personnel.
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