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Critiques de Pilar Quintana (75)
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La Chienne

Voilà une histoire toute simple, psychologiquement complexe, qui nous vient de Colombie.

Damaris, femme noire et pauvre, la quarantaine vit avec Rogelio sur la côte. Lui est pêcheur, elle travaille comme domestique. Ils ne peuvent avoir d'enfants.

Damaris "à l'âge où les femmes se dessèchent " tombe sur une petite chienne à laquelle elle s'attache comme à un enfant..... mais Damaris traîne un passé douloureux

comme l'écrivaine et sa stérilité ( ou celle de son compagnon), elle le porte comme une plaie.

Dans le décor d'une nature sauvage, celle de la jungle, face à l'océan Pacifique ,

-d' énormes averses, de terribles tempêtes "avec un vent de ceux qui font s'envoler les tuiles et des tonnerres qui font trembler la terre"-, dans sa cabane ou l'eau se glisse entre les fissures et coule à l'intérieur, Damaris pleure son âme, et nous avec....



Un court roman profond et fascinant, qui me rappelle la plume du grand écrivain argentin Eduardo Mallea.



Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce merveilleux livre.

#LaChienne #NetGalleyFrance

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La Chienne

Subsistant de leurs maigres revenus de femme de ménage et de pêcheur, Damaris et son mari Rogelio habitent un logement de fortune accroché à la montagne colombienne, entre mer et jungle. Désespérée à la quarantaine de n’être jamais tombée enceinte, Damaris adopte un jour un chiot, qui ne tarde pas à occuper une place centrale dans sa vie. Son univers s’écroule lorsque la chienne disparaît…





A mi-chemin de la nouvelle et du roman, le récit nous emmène dans un coin de Colombie, où quelques villages, perchés en lisière de jungle sur une côte escarpée battue par la mer, tentent de repousser les assauts d’une nature qui semble n’avoir de cesse que de les effacer. Entre marées et vagues traîtresses, pluies diluviennes et touffeur permanente, végétation envahissante et faune dévoreuse en tout genre, subsister est une lutte quotidienne d’autant plus usante qu’elle se déroule dans la pauvreté et des conditions de vie particulièrement rudimentaires.





Pourtant, le plus terrible pour Damaris reste son désir d’enfant inassouvi qui, au fil des ans, l’a encore bien plus minée qu’elle ne l’imagine. Comme un bois secrètement rongé de l’intérieur et sur le point de s’effondrer, cette femme n’est plus qu’une enveloppe vide prête à se déchirer au prochain accroc. Envahie par un amour dévorant et possessif que les fugues de la chienne finissent par muer en haine, elle se retrouve face à ses failles les plus intimes et les plus anciennes, dévastée par une culpabilité qui la ramène au drame vécu dans son enfance.





Au fil d’une narration sobre et implacable où l’amour s’avère aussi asphyxiant que la jungle qui enserre le village, Pilar Quintana incarne une histoire âprement tragique de désir d’enfant, dans un complexe portrait de femme d’une irréprochable justesse.


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La Chienne

Le désir maternel vu sous un angle complètement atypique, féroce et touchant.



Depuis quelques temps, je suis interpellée par les avis partagés sur ce petit livre qui nous vient de Colombie, j’ai donc eu la curiosité de m’en faire ma propre idée, d’autant plus qu’il s’agit d’un court roman à mi-chemin entre la nouvelle et le roman. Bien m’en a pris, j’ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers très dépaysant, chaud et si humide « qu’un poisson aurait pu survivre hors de l’eau », sur la côte pacifique colombienne, entre océan déchainé et jungle menaçante, chaleur étouffante et pluie diluvienne. J’ai trouvé que Pilar Quintana a réussi à traiter le thème classique du désir maternel de façon à la fois originale, crue, violente et bouleversante.



Damaris et son mari pêcheur vivent dans un cabanon de fortune à la lisière de la jungle. La femme n’a jamais réussi à tomber enceinte malgré de multiples remèdes, décoctions d’herbes médicinales ou même recours à un chamane qui leur soutire les économies de toute une année. En vain. Cela est source d’une grande souffrance, d’une certaine mélancolie et d’une distance au sein du couple. A présent, Damaris a quarante ans, « l’âge auquel les femmes se dessèchent », selon les paroles ô combien pleines de sagesse de son oncle.



Lorsqu’elle décide, sur un coup de tête, d’adopter un chiot, l’animal devient une source exclusive d’amour. Elle va le choyer sans relâche, ne cessant de le caresser, de lui parler, de bien le nourrir, de veiller sur lui. Malgré toutes ces attentions, un jour la petite chienne disparait plongeant la femme dans un grand désarroi. Quelques semaines plus tard, le retour inattendu de l’animal qui ne cesse désormais de vouloir prendre son indépendance malgré les tentatives de sa maitresse de lui apprendre à ne pas s’enfuir ainsi va transformer le comportement de la femme, jusqu’au tragique.



C’est tout d’abord le dépaysement que m’a procuré ce livre qui m’a enchantée. La forêt qui entoure le cabanon est luxuriante, foisonnante et dangereuse, l’océan en contrebas cerné de rochers glissants de mousse et de vagues écumeuses menaçantes. Le tout immergé dans un climat tropical étouffant. Cette nature, enveloppante, et est un peu à l’image de l’amour déployé par Damaris, à savoir âpre, étouffant, mystérieux, changeant.



« Elle ne voyait rien, juste ce qu’elle parvenait à éclairer plus ou moins avec la lanterne, des fragments, la pointe d’une immense feuille, la tige d’un arbre tapissé de mousse, le bout d’un énorme papillon qui avait des ailes comme remplies de mille yeux, et qui, surpris par la lumière, s’envola et s’agita, effrayé, autour de sa tête. Ses bottes s’accrochaient aux racines, elle s’enfonçait dans la boue, trébuchait, glissait, et pour se tenir debout, elle s’appuyait sur des surfaces dures, mouillées ou fibreuses. Elle était frôlée par des choses rugueuses, poilues ou épineuses et elle sursautait en pensant que c’était une araignée, l’un de ces serpents qui vivaient dans les arbres ou une chauve-souris suceuse de sang, mais rien de la mordit, il n’y avait que les moustiques qui la piquaient, elle s’en moquait… ».



Par ailleurs, le désir maternel est traité de façon singulière, à travers cet attachement à ce chiot, amour qui va connaitre un revirement soudain. Par ailleurs, sa jalousie de femelle vis-à-vis du chiot devenu chienne, va révéler ses failles intimes ; son manque de patience, de stabilité, va la ramener au drame vécu alors qu’elle était enfant. Sans doute, ce traumatisme passé explique sa stérilité et son incapacité à avoir un enfant.



Reporter son désir d’enfant sur la chienne, ne fait que révéler avec plus d’acuité la racine du mal qui ronge cette femme et ne comble pas le manque, incurable. Réussir à se mettre dans la peau d’une mère c’est juste souligner avec plus d’acuité son impossibilité et sa culpabilité liée au traumatisme passé.



« La pluie était toujours si fraîche et propre qu’elle semblait purifier le monde, mais en réalité, c’était à cause d’elle que tout était recouvert d’une couche de moisissure : les branches des arbres, les colonnes de béton du quai, les lampadaires, les mieux des maisons en bois, les murs en planches et les toits de zinc et d’amiante… ».



Un petit livre certes, mais un grand voyage, dépaysant et touchant, une analyse plus subtile qu’il ne parait de prime abord, une belle écriture simple mais travaillée, j’ai passé un excellent moment de lecture !



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La Chienne

Au cœur d’une nature hostile et déchaînée, sur la côte pacifique colombienne entre mer et jungle, Damaris pleure de ne pouvoir enfanter. Quand autour d’elle la nature accorde le miracle de la vie, Damaris et son mari Rogelio attendent désespérément ce miracle qui ne viendra jamais.

Lorsqu’une portée de chiots voit le jour, Damaris s’éprend de l’un d’eux pour accorder à cette chienne tout l’amour qu’elle porte en elle.



Ce court roman m’a rappelé le magnifique livre de Anne Bagrance, Le fils récompense.

J’y ai sûrement recherché inconsciemment des similitudes sans arriver à retrouver la magie du livre de dame Bagrance.

Je n’ai pas ressenti l’amour entre Damaris et sa chienne Chirli ni les prodiges de la nature.

C’est une lecture certes agréable mais qui aurait mérité des parenthèses enchanteresses vu le thème.



Quand un livre ne cesse de nous rappeler un autre livre coup de cœur, difficile d’être immergée pleinement dans ce dernier.
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Nos abîmes

Nous sommes dans les années quatre-vingts en Colombie, dans la métropole de Cali située au pied de la cordillère occidentale du pays. Claudia, huit ans, grandit entre un père vampirisé par son travail de directeur de supermarché, et une mère dont, malgré tous ses efforts, elle n’obtient guère qu’une attention froide et distraite. Beaucoup plus jeune que son époux, cette jolie femme, issue d’une famille bourgeoise qui lui a refusé des études universitaires au nom de ce seul destin digne d’une jeune fille respectable qu’est le mariage, ne trouve un dérivatif à son ennui de mère au foyer que dans les pages de la presse du coeur. Jusqu’au jour où elle amorce une liaison, vite découverte, avec son jeune beau-frère. Tremblante, Claudia assiste à la colère de son père, puis à la dépression de sa mère, alors que le couple menace d’exploser. Pour sortir son épouse de son apathie, le père l’installe avec sa fille pour un séjour de repos dans une finca, au calme dans la montagne.





A partir d’une histoire extrêmement banale, mais racontée à hauteur d’enfant, Pilar Quintana réussit à nous happer dans une narration pleine de tensions et de menaces, menée par une fillette solitaire qui n’a que sa poupée préférée à qui confier ses peurs, mais aussi à protéger, comme bientôt sa mère, d’un environnement familial qui ne joue plus son rôle de cocon protecteur. Déstabilisée par les morts mystérieuses, accidents ou suicides, qui frappent par deux fois son entourage, l’enfant, témoin du mal-être maternel qu’elle absorbe comme une éponge, ne voit bientôt plus autour d’elle que dangers et motifs d’angoisse. Et tandis qu’avec inquiétude, elle observe sa mère s’étourdir de chimères, se lancer dans des initiatives toutes vouées à l’échec, pour finalement se replier dans l’inaccessible refuge de l’alcool et de la dépression, ses cauchemars semblent prendre de plus en plus forme dans la réalité, quand la colère transforme son père en un inconnu aux allures de monstre, quand leur maison pleine de plantes que l’on croirait toutes incontrôlablement volubiles devient une jungle étouffante, et quand autour de la finca, entre brouillards d’altitude, faune venimeuse et récits peuplés de fantômes, se creusent de vertigineux à-pics aux parapets absents ou défaillants.





C’est ainsi que, sous l’apparente simplicité de faits ordinaires, se dévoilent peu à peu, pour cette petite fille douloureusement et trop tôt arrachée à l’enfance, les sombres gouffres sur lesquels l’existence avance à pas de funambule, dans un fragile équilibre qu’elle réalise prêt à rompre à tout instant. Un récit aussi sobre que subtil, comme seuls savent en produire les auteurs de talent.


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Nos abîmes

Pilar Quintana, auteure colombienne, m'avait beaucoup séduite avec son premier livre « La chienne ». Cette auteure semble, dans ces deux livres traduits en français, se focaliser sur l'amour maternel, du moins un amour maternel maladroit empêché par les failles passées.



Dans La chienne, en effet, elle y explorait, de façon atypique et féroce, le désir maternel et comment celui-ci pouvait être influencé par l'ensemble des failles de l'enfance. Au fin fond de la jungle colombienne, une femme ne parvenant pas à avoir d'enfant avec son mari et se rapprochant dangereusement de la quarantaine, reporte ce désir sur un chiot qui, une fois devenu chienne, va provoquer chez elle une forme de jalousie révélant ses abîmes intimes. Son manque de patience, son instabilité, sa frustration vont la ramener au drame vécu alors qu'elle était enfant. Réussir à se mettre dans la peau d'une mère grâce à cette chienne, c'est pour cette femme le déclic permettant de faire remonter à la surface son impossibilité maternelle et sa culpabilité liée au traumatisme passé.



D'amour maternel il est encore question dans ce second livre. Sauf que cette fois, il y a bien une enfant. Une petite Claudia dont la mère, qui se prénomme Claudia également, lui accorde peu d'attention et de temps et surtout est à l'origine de la destruction de la cellule familiale. Une histoire d'adultère vue à hauteur d'enfant qui peu à peu vire au cauchemar. A 8 ans, la fillette était jusque-là convaincue que « les mamans avaient des enfants parce qu'elles le désiraient ». La vie quotidienne, dans laquelle les adultes l'exposent sans trop faire attention à elle – ce qui nous amène à penser qu'elle-même désormais porte et portera des failles inhérente à son identité et certainement des failles problématiques lorsque, à son tour, elle deviendra mère- , comme si elle n'existait pas vraiment, va se charger de lui montrer que la réalité est plus complexe et plus cruelle. Seule avec sa poupée, la fillette, entre angoisse et résignation dans ce cocon familial qui ne joue pas son rôle de cocon protecteur, va tenter de mener son propre chemin dans cette jungle inextricable qu'est le monde des adultes.



Claudia est la fille unique d'un directeur de supermarché et d'une femme au foyer, femme d'une grande beauté qui trompe l'ennui en s'occupant des innombrables plantes vertes de l'appartement (à qui elle consacre plus de temps qu'à sa propre fille), en lisant des magazines people, et en accomplissant ses plus strictes obligations de mère. Quelques sorties dominicales avec son père rompt la vie morne de la fillette. Lorsque la mère trompe son mari avec Gonzalo, le jeune mari de sa belle-soeur, ce fragile équilibre familial vole en éclat. La petite fille est la témoin omnisciente de cette passion et assiste, impuissante et désarmée, à la découverte de la tromperie par son père et sa tante, à la colère du père, à la dépression de la mère désormais privée de son amant. Il est intéressant de voir comment la dépression d'un parent impacte avec violence une enfant.

La personnalité de la mère s'éclaire certes peu à peu. Nous comprenons que sa propre mère lui avait accordé peu d'amour, qu'un profond amour de jeunesse n'avait pu aboutir suite à l'interdiction paternelle dans cette société où un homme déjà marié auparavant n'est pas un bon parti…Autant de failles qui peuvent expliquer l'attitude distante et froide, voire la cruauté, de cette mère avec sa propre fille.



« Les douleurs avaient commencé au déjeuner. C'était la chose la plus horrible qu'elle avait jamais ressentie. Mon père l'avait emmenée à la clinique et là, elle avait souffert toute l'après-midi, toute la nuit, toute la matinée du jour suivant, encore toute une après-midi, avec l'impression qu'elle allait mourir, et encore une nuit complète jusqu'au petit matin.

— Elle est sortie violette. Horrible. Ils me l'ont mise sur la poitrine et moi, tremblante et en pleurs, j'ai pensé : Tous ces efforts pour ça ?

Ma mère a éclaté de rire si fort qu'on a vu son palais, profond et gondolé, comme le torse d'une personne mal nourrie.

— le bébé le plus laid de la clinique, a dit mon père »



Comme dans La chienne, Pilar Quintana adopte une écriture certes très simple à première vue mais qui sait, avec subtilité, faire basculer une histoire de prime abord banale dans le cauchemar.

Cauchemar provenant des questions terrifiantes qui hantent la petite fille la plongeant dans une intranquillité permanente…Son père, derrière un abord gentil et des manières affables, n'est-il pas capable du pire ? Où est Gonzalo désormais ? Sa mère est-elle capable de se suicider comme Grace Kelly dont les journaux de sa mère ont tant parlé ou encore comme Rébéca ? Claudia ne risque-t-elle pas de perdre l'un ou l'autre de ses parents ?



Une partie du livre se déroule en pleine montagne, vacances pour la petite famille censée être salvatrices. Elle montre comment la cellule familiale tente de se reconstruire, entourée d'abîmes, désormais extérieurs, enveloppants, donnant le sentiment que chaque personne est une figurine en carton, quelques points dans l'immensité, relativisant ces petites histoires de tromperie au sein de la nature majestueuse, nature dans laquelle la petite Claudia retrouve les jeux et l'innocence de l'enfance avant de se faire rattraper une nouvelle fois par le vertige des abîmes de ses parents sur lesquels la petite fille avance en équilibre instable…



« Alors l'abîme, puisqu'il n'arrivait pas à ce que je me jette dedans et qu'il ne pouvait pas me dévorer, entrait par mes yeux, une chose délicieuse et horrible, une petite boule bondissante dans mon ventre et une nausée dégoutante et pestilentielle, jusqu'à ce qu'il soit enterré bien profondément en moi ».





Creusant les abîmes passées qui eux-mêmes engendrent des abimes entre les membres d'une même famille, transmission intergénérationnelle, Pilar Quintana tisse, telle une araignée en pleine jungle, sans pathos, une histoire subtile qui plonge, de façon contemplative et lente, et non au moyen de rebondissements et d'intensité il faut tout de même le souligner, dans les traumas de l'enfance pour mieux les conjurer. Une histoire plaisante au thème délicat qui manque cependant d'un peu de profondeur pour être réellement marquante.



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Nos abîmes

Claudia, qui porte le même prénom que sa mère, adore cette dernière bien qu’elle se montre très distante. Sa fille comprend très vite qu’elle n’a pas été désirée. Le mari, plus âgé, est directeur d’un supermarché. Il est aussi très jaloux de sa jeune et jolie épouse, surtout lorsqu’elle s’éprend du mari gigolo de la tante Amalia.

La romance tourne court et la mère de Claudia retourne à sa vie futile et ses magazines féminins, vivant la vie des vedettes de cinéma par procuration et s’enfonçant dans la dépression.

Seule enfant du couple, la petite Claudia pose un regard sans tabous sur les grands et raconte avec la franchise de l’enfance cette vie qui rend les adultes tristes et malheureux. Elle cherche à pénétrer ce monde compliqué des adultes en leur posant des tas de questions. Mais sa mère s’enfonce de plus en plus dans une léthargie qui l’éloigne de sa fille.



« Ma mère a commencé à rester au lit du matin au soir. Toute la journée en pyjama et sans se pomponner. La boite de Kleenex à côté d’elle. Le nez et les yeux irrités. Les rideaux fermés. Parfois sans magazine, sans lire ni rien faire, enroulée en boule comme un chat. »



L’angoisse monte lorsque la famille s’installe pour les vacances dans une finca de la montagne pour soigner les allergies maternelles. L’environnement est sauvage, le brouillard fréquent et là, au bord du précipice, la fillette craint pour sa mère dont la dépression et l’alcoolisme s’aggravent. Elle est seule à porter ses angoisses et à ressasser la mort tragique des femmes qui gravitent autour de sa mère.

La nature, étouffante, menaçante, joue un rôle important dans l’histoire en accentuant ce malaise.

« A cet endroit, le canyon était étroit et, en bas, la rivière dans laquelle se jetaient tous les ruisseaux et les cours d’eau de la montagne, était couvert de végétation, une jungle indomptée.

J’ai pensé aux femmes mortes. Se pencher au bord du précipice était comme plonger dans leurs yeux. »



Ce récit raconté avec franchise et maturité par une gamine confrontée au monde des adultes s’avère lourd de menaces. Témoin du mal-être de sa mère, Claudia va devoir trouver son équilibre dans cette mise à distance, n’ayant que sa poupée pour vaincre ses peurs.

Dans un style sobre, l’auteure réussit à tisser un récit oppressant plein de non-dits et qui nous embarque.



Je remercie J’ai lu et Lecteur.com pour cette belle découverte.

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Nos abîmes

Elle est à cet âge où la réalité, l’imagination et le rêve ont encore des frontières floues, aisément franchies. Et pourtant, son sens de l’observation est celui d’un être mature, que les expériences même limitées ont prématurément murie.



Ce qui hante ses cauchemars est cependant construit sur une histoire authentique, celle des deuils qui ont marqués les deux dernières générations de sa famille. Des morts précoces, laissant derrière elles des époux hagards et des orphelins ballotés. Or la mort rode encore autour d’elle, déclinée en suicide ou en accident. Est-ce pour cette raison qu’elle anime d’une vie imaginaire la poupée qu’elle ne quitte pas, autour d’une jungle domestique qui envahit l’espace familial ? Les craintes se focalisent sur ses propres parents et surtout sa mère, dépressive et malheureuse en ménage.



Cette enfant qui ressent en permanence un profond sentiment de solitude, et une fascination pour la mort dans le contexte d’une famille éprouvée par les disparitions, devrait sans aucun doute solliciter les réserves d’empathie de circonstance. Et pourtant, la magie n’opère pas . Est-ce lié à l’écriture qui laisse à distance les sentiments ? Est-ce une conséquence de la traduction ? Dès le départ le style semble maladroit et cela ne contribue bien entendu pas à engendrer la compassion.



Découverte de cette autrice colombienne qui est l’auteur de huit livres dont deux, y compris le présent ont été traduits en français.


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Nos abîmes

Tout le talent de Pilar Quintana apparaît dans sa façon de raconter une histoire, sans pathos, mais de manière tellement précise que j’ai eu envie de tourner les pages de Nos abîmes pour en savoir plus, pour comprendre ce qui se jouait entre les personnages. Envie de tourner les pages d’un roman plutôt contemplatif, curieux, non ?

Claudia raconte l’histoire de sa famille, de ce qu’elle en a compris alors qu’elle avait huit ans : son papa qui travaillait beaucoup au supermarché dont il était le propriétaire, sa jolie maman, plus jeune que papa, qui fait du mieux qu’elle peut (pas vraiment beaucoup) pour s’occuper de sa fille, entre son jardin de plantes et ses magazines. Sa maman retrouve le sourire quand elle rencontre Gonzalo, mais son entourage réalise vite ce qui arrive et intervient, elle passe désormais son temps au lit à feuilleter ses magazines.

La deuxième partie voit Claudia grandir trop vite, la famille est entourée d’abîmes, au sens propre comme au figuré. L’angoisse monte pour le lecteur qui pressent un drame.

La troisième partie montre le retour à la normale, ou plutôt au statu quo.

J’ai aimé que l’intrigue ne se concentre que sur un seul thème de l’histoire, au point de le faire sentir et ressentir.

Merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.


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La Chienne

La littérature est une fenêtre sur le monde. Elle permet de voyager, de s'immerger dans un univers qui n'est pas le notre, d'élargir notre vision du monde en découvrant les multiples facettes d'un pays, ses habitants, sa culture, ses coutumes, ses moeurs.

« Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez fait partie de ces grands classiques que je souhaite lire depuis longtemps. Malgré cela, ce roman aussi court que brutal, devenu un best-seller dans son pays, lauréat d'un prix littéraire en 2018, marque ma première incursion dans la littérature colombienne.



Ici, l'autrice a une délicate approche de la maternité.



*

Dans ce roman d'une toute petite centaine de pages, Pilar Quintana propose une oeuvre aussi subtile que troublante, aussi émouvante que cruelle.

Damaris, une colombienne en mal d'enfant, trouve du réconfort en adoptant un chiot de quelques jours dont la mère a été retrouvée morte sur la plage. Elle l'appelle Chirli, du nom qu'elle aurait choisi si elle avait eu une fille.



« Comme elle ne savait pas où mettre la chienne, elle la posa sur sa poitrine. Elle se logeait parfaitement dans ses mains et sentait le lait. Une envie terrible de la serrer très fort et de pleurer s'empara d'elle. »



Immédiatement, Damaris s'attache à ce petit animal sans défense. Elle reporte son besoin de tendresse et d'amour sur Chirli qui devient l'enfant qu'elle rêvait d'avoir.

Elle le nourrit à la seringue, dort avec lui, l'emporte partout jusqu'au jour où la chienne se perd dans la jungle.



« Elle cria d'une voix furieuse, neutre, douce et suppliante sans aucun résultat jusqu'à ce que le calme revînt et que l'on n'entendît plus aucun aboiement ni bruit. Face à elle, il n'y avait que la jungle, silencieuse et tranquille comme un monstre qui vient d'avaler sa proie. »



*

Pilar Quintana développe des personnages complexes de manière fouillée et délicate.

Il y a un travail incroyable sur l'écriture pour, en quelques mots, dresser des portraits intenses et ambigus. L'autrice creuse leur psychologie pour nous les rendre sympathiques et l'instant d'après odieux.



En quelques lignes, d'une plume brute et violente, Pilar Quintana arrive à nous mettre dans la peau de cette femme fragile qui souffre de ne pas pouvoir être mère. C'est un amour intense, poussé à l'extrême qui révèle des traits de caractère étrangement fascinants par son ambivalence.

L'autrice exprime des émotions fortes et profondes, elle saisit des sentiments confus qui entremêlent à cet amour démesuré et absolu, la peur de l'abandon et de la perte, la trahison, la culpabilité, l'amertume, l'inquiétude, la chagrin, la frustration et la haine.



J'ai ressenti une tension sourde monter au fil du récit, l'impression tenace et croissante d'un drame à venir. Enfermée dans ce huis-clos écrasant, oubliant le temps qui passait, je n'ai pas pu m'empêcher de le dévorer d'une traite, emportée par ce récit resserré à la beauté indéniable et tragique.



*

Si j'ai aimé ce petit livre, c'est aussi pour son décor qui participe grandement à rendre les émotions si intenses et bouleversantes.

Damaris vit dans un petit village côtier de Colombie, un endroit isolé, d'une extrême pauvreté, cerné par la forêt amazonienne d'un côté et l'océan de l'autre. C'est un lieu dangereux et traître qu'il faut connaître pour ne pas se faire piéger.



L'écriture est intense, brutale, percutante, excessivement sensorielle. J'aime la façon dont l'autrice parvient à nous faire basculer dans ce monde angoissant où la jungle et l'océan Pacifique forment un rempart naturel et entretiennent l'idée de huis-clos. La nature sauvage, ici, est autant sublimée qu'inquiétante. Les odeurs, les bruits, les couleurs, les animaux sauvages et la flore, la sensation de chaleur étouffante et de moiteur renforcent cette impression désagréable d'oppression et d'agression.



J'ai senti venir la fin, tout en la redoutant. Mon coeur s'est serré devant tant de violence, et j'ai eu besoin de la tendresse de mon chat pour m'endormir.



*

Pilar Quintana nous offre un récit dérangeant, éprouvant, mais singulièrement fascinant.

Un huis-clos brut et violent sur le désir de maternité.

Une autrice à découvrir.
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La Chienne

Surprenant, émouvant, dépaysant, troublant. Ce petit livre m'a conquise. L'histoire de Damaris et son mari Rogelio met en exergue le désir de maternité.

Damaris désire plus que tout d'être enfin maman, Rogelio n'est pas un goujat egocentré, il va lui aussi aller à la recherce de plantes pour augmenter les chances que Damaris se retrouve enceinte.

Damaris va finalement porter tout son amour à une petite chienne reçue de sa voisine.

Les similitudes des angoisses entre une mère qui attend son adolescent sorti et Damaris qui recherche cette chienne partie dans la jungle est extrêmement émouvant.

Pilar Quintana nous offre un roman très intense où la dureté de la nature, nous sommes dans la jungle Colombienne, et la détresse d'une femme en manque d'enfant se melent.

" elle avait l'impression que la vie était comme une crique et qu'elle devait la traverser avec les pieds enfoncé dans la boue et de l'eau jusqu'à la taille, seul, dans un corps qui ne lui donnait pas d'enfant et ne servait qu'à casser des choses."

Damaris se laisse submerger par les émotions et nous montre combien sa détresse est immense.

Complètement conquise par l'histoire et le style.

















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La Chienne

Ce petit livre de 153 pages a été lu avec plaisir et rapidité. Nous sommes presque dans le format d'une nouvelle.



J'ai accroché tout de suite à cette histoire qui nous parle du désir d'enfant, des liens d'attachement entre un animal et un humain, tout ça au cœur d'une nature sauvage et dure.



C'est Damaris le personnage principal de cette histoire et pour elle la vie n'a jamais été vraiment facile. La nature ne l'a jamais gâtée. Des épisodes douloureux dans son enfance vont la marquer à jamais et son désir de mère, une fois adulte, ne sera jamais combler.



Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayer et d'avoir mis toutes les chances de son côté avec son mari Rogelio. Un homme qui nous parait rustre au départ mais qui ne l'est pas vraiment.

Alors l'arrivée de cette chienne dans la vie de Damaris va révéler en elle, la mère qu'elle n'a pas été. Le prénom donné à la chienne est celui qu'elle aurait donné à une fille: Chirli.



On voit alors Damaris devenir mère, on la voit nourrir, langer, nettoyer, chérir la petite chienne. On va aussi très vite la voir s'inquiéter aussi quand la chienne va disparaitre une première fois.

Puis, la chienne va devenir adulte et elle va alors devenir fugueuse et mère à son tour.... Ce qui va profondément bouleverser Damaris...

Ce livre est une petite pépite d'émotions où dans un court espace Pila Quintana nous parle de maternité, de mal de vivre, d'amour, tout ceci dans le décor sauvage et rugissant de la côte océanique Colombienne. Il va résonner longtemps en moi ce petit livre et je vous invite à le découvrir et ainsi mieux connaitre Damaris et la chienne.

Une pépite qui se dévore comme l'océan dévore les falaises de la côte bolivienne.



Je remercie sincèrement Babelio et les Editions J'ai Lu pour ce partenariat lors d'une masse critique Littérature (Masse critique qui a lieu à 7 heure du matin ce qui me convient tout à fait).




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Nos abîmes

La couverture colorée, particulièrement attirante m’a fait choisir ce roman comme première lecture de l’année.



J’ai fait la connaissance de Claudia, fillette intelligent et éveillée qui vit en Colombie avec ses parents dans une maison très moderne, entourée de fleurs et plantes envahissantes, le transformant en véritable jungle.

Claudia vit avec sa mère qui porte le même prénom qu’elle. La fillette n’a de cesse d’attirer son attention, en vain. Uniquement préoccupé de sa précieuse personne, elle passe ses journées à feuilleter des magazines et à s’occuper de ses plantes.

Le père, directeur de supermarché est rarement à la maison et ne semble pas concerné par les problèmes domestiques bien qu’il adore sa fille.

Claudia s’ennuie, alors elle observe, elle écoute, elle se fait son opinion sur des sujets qui ne sont pas de son âge.

A 8 ans, elle a des idées précises sur la mort et les destins tragiques qu’elle découvre sur le papier glacé des magazines people qui accrochent son regard. La mort de la princesse de Monaco et de Nathalie Wood lui cause une peine infinie.

Lorsque maman Claudia s’enfonce dans la dépression après le départ soudain de son amant, la fillette se retrouve encore plus seule.

Paulina, sa poupée, est témoin de ses observations, de ses questionnements, de ses peurs. Elle lui raconte tout comme à la meilleure amie qu’elle aurait aimé avoir.



Bon, j’arrête, je ne voudrais pas vous faire pleurer sur cette histoire qui n’est pas vraiment triste.

Nous observons une fillette adorable, courageuse, curieuse, intelligente.

J’ai aimé la suivre dans ses promenades

L’auteure donne une grande place à mille petites choses qui mises bout à bout font le quotidien de l’enfant et meublent sa solitude.



« J’observais les fourmis qui rampaient sur les troncs et les oiseaux qui se perchaient sur les branches. Je cherchais des nids. Je poursuivais les sauterelles et les papillons. Je chassais les grenouilles qui vivaient sur mes plantes, sous les feuilles, je les gardais un moment prisonnières puis je les relâchais. »



J’ai aimé cette histoire douce-amère, servie par une écriture poétique et précise.

L’auteure donne une foultitude de détails sur les lieux, les maisons, les paysages, les conditions météo.

Ces personnages sont minutieusement décrits

Ce livre ravira les amateurs de lectures contemplatives.



J’ai passé un excellent moment avec Claudia, même si la fin m’a semblé un peu trop abrupte.



Merci à NetGalley et aux Editions Calman-Levy

#Nosabîmes #NetGalleyFrance

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Nos abîmes

Cap sur Cali, en Colombie, en 1983, où nous faisons la connaissance d’un couple, plutôt mal assorti et de leur fille de huit ans Claudia.



Ils ont presque vingt ans d’écart et leur mariage relevait plus de la raison que de l’amour, en tout cas lui était bien plus amoureux qu’elle. Il est propriétaire d’un supermarché, gagne bien sa vie, alors qu’elle s’ennuie : les heures s’écoulent au rythme de la lecture des magazines people. Claudia qui, entre parenthèses, se rend bien compte qu’elle n’a que peu d’importance pour sa mère, qui lui a dit qu’elle ne voulait pas d’enfant !



Elle trouve un peu de tendresse auprès de sa tante, la sœur de son père qui décide de faire un voyage mystérieux en Europe et les informe au retour qu’elle a épousé Gonzalo, bellâtre tout en muscles, bien plus jeune qu’elle.



Il arrive ce qui devait arriver : Gonzalo et Claudia-mère deviennent amants et finissent par se faire prendre en flagrant délit. Exit Gonzalo, mais où est-il parti, Claudia parfois imagine que son père est responsable de la disparition. La mère sombre dans la dépression…



Cette famille avait tout pour me plaire : la grand-mère paternelle de Claudia est morte en couches, faisant d’emblée du bébé un criminel aux yeux du père qui va les abandonner aux grands-parents, et lorsqu’il les « récupèrent » il va se montre cruel avec le père de Claudia. On est donc dans le registre de l’abandon, et du côté de Claudia-mère, ce n’est guère plus chaleureux…



L’histoire est racontée, au jour le jour, ou presque par la petite fille, âgée de huit ans, avec une inversion des rôles, puisque c’est elle qui veille sur sa mère, essaie de capter un peu d’attention, en vain, dépression ou auto-centrisme, on ne sait plus très bien. Toujours est-il que les morts, les suicides et les abîmes de chacun vont prendre une place importante dans le récit. Le tout sur fond de Grace Kelly, Natalie Wood et d’autres personnes au destin tragique.



Encore une fois, je suis restée sur ma faim, car l’auteure a trop tutoyé la romance avec ce récit qui aurait gagné à plus de profondeur. Seule, la petite fille a réussi à me convaincre, mais les adultes sont vraiment trop défaillants et ne tirent jamais de leçon de ce qui leur arrive. Les déceptions s’enchaînent décidément. La fin est étrange et laisse un goût d’inachevé.



Je voulais découvrir l’écriture de Pilar Quintana dont on a beaucoup parlé du roman précédent « La chienne » que je lirai peut-être un jour pour ne pas avoir de regrets.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Levy qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteure.



#Nosabîmes #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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La Chienne

Un véritable roman sud-américain !



Un roman sud-américain par ses ellipses, à la Miguel Bonnefoy et à la Garcia Marquez.



Un roman sud-américain par ses hyperboles, cette chienne qui se comporte comme un enfant gâté et trop longtemps désiré, cette mer et cette jungle qui rivalisent de pièges et de séduction pour engloutir l'innocence.



Un roman sud-américain, par son réalisme et son atmosphère, c'est d'ailleurs peut-être le personnage principal du roman, avec ses gosses enguenillés qui jouent dans les immondices sur la plage, ses dialogues truculents et ses balles perdues lors des règlements de compte entre petits caïds.



Un roman sud-américain, par son symbolisme, entre une mer imprévisible, impétueuse, qui ne rejette que des cadavres et une jungle envahissante, oppressante, menaçante, …



Un roman sud-américain, ou en tout cas l'idée conforme à l'idée que je me fais de la littérature sud-américaine …

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La Chienne

Damaris souffre de ne pas avoir d’enfant. La quarantaine approchant, la sécheresse la guette.

Quand une voisine lui propose d’adopter un chiot de quelques jours, Damaris n’hésite pas et tant pis pours son mari qui risque de voir d’un mauvais œil ce nouvel animal, lui qui est si brutal avec les bêtes.

Jusqu’au jour où la chienne disparait…

Voilà, les éléments sont posés.

Damaris choie la chienne, s’inquiète lors de sa disparition, jalouse la bête qui revient pleine, ne supporte plus ses fugues….

Je suis bien déçue. J’ai trouvé que le récit, court au demeurant, ne tenait pas ses promesses.

Damaris et son inconstance avec Chirli m’est restée complétement étrangère.

Si vous avez un animal de compagnie, vous comprendrez aisément ce que leurs bêtises peuvent avoir d’exaspérant parfois. Mais le revirement de Damaris à l’endroit de l’animal m’est incompréhensible.

En outre, j’ai trouvé Rogelio, le mari pourtant présenté comme une brute, bien patient, bien tolérant face aux caprices de sa femme.

Enfin, je suis restée complétement hermétique à la fin du texte. Je n’en dirai pas plus pour ne pas divulgâcher.



Il y a cependant dans ce très court roman une évocation de la vie des habitants de cette région côtière de Colombie très bien rendue. L’écart colossal de niveau de vie entre la poignée de riches et la multitude de pauvres, la précarité énorme dans laquelle vivent ces derniers, l’hostilité de la nature environnante : la mer est dangereuse, la jungle l’est aussi, les animaux le sont également…

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La Chienne

Cette histoire nous parle d'une femme dont le désir d'enfanter est insatisfait et qui compense sa douleur en reportant son amour sur une chienne qu'elle a recueillie. C'est avant tout une fable cruelle qui évoque ce que nous projetons sur un animal dans notre relation à lui. Il peut être le réceptacle de nos manques, de nos frustrations, de nos douleurs... Toutes ces choses qui ne lui appartiennent pas et qui nous conduisent à le faire objet de nos peurs, de nos désirs de possession. Sauf que l'animal n'est pas une chose destinée à nous combler et il est un être sensible qui a ses propres besoins.



Du moins est-ce ainsi que j'aie lu cette histoire, mais je reste assez démunie pour en parler... Je n'ai pas éprouvé beaucoup d'émotions si ce n'est de l'empathie pour cette chienne, mais est-ce véritablement ce que l'auteure cherchait ?
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La Chienne

Damaris et son mari n'ont jamais réussi à avoir un enfant bien qu'ils aient fait appel à tous les breuvages,à tous les saints et les chamanes possibles. Pour Damaris cela reste une souffrance sous-jacente. Lorsque le hasard l'amène à adopter une petite chienne,elle lui donne le prénom qu'elle aurait donné à sa fille, Chirli,et se sent prête à tout pour la protéger même si pour cela elle devait tuer son mari pas toujours tendre avec les chiens.

Au cours du temps cet amour se transforme pourtant et le comportement de la chienne déclenche des émotions imprévisibles chez Damaris.

D'une histoire banale en apparence, on sent la tragédie gonfler comme une tornade. Car,derrière ce désir de maternité jamais comblé,se cache un autre drame plus ancien qui continue à ronger cette femme. La culpabilité est si forte qu'aucune punition ne sera jamais suffisante pour l'étouffer. Alors, si Chirli prend tout d'abord la place de l'enfant tant désiré, elle devient ensuite l'alter ego de Damaris qui projette inconsciemment sur elle tout ce qu'elle ne supporte pas d'elle même.

La tension croissante est accentuée par la forêt colombiene, son climat étouffant et ses orages terribles.

J'ai crains à tout moment que Damaris ne bascule dans le vide...

C'est un roman bien plus noir qu'il ne le laisse prévoir.
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La Chienne

Une claque ! Un roman dépaysant aux confins du monde qui abrite une nature sauvage aussi dangereuse qu’envoûtante.

Je n’aurais pas pu apprécier cette œuvre de fiction sans avoir pris connaissance de la biographie de l’auteure Pilar Quintana, victime de violences conjugales, qui a eu le courage de quitter sa terre natale, son mari et ce qui la rattachait à son identité.



Ce court roman nous entraîne au cœur du Pacifique, en Colombie, où les éléments se déchaînent parfois avec violence : l’eau personnifiée en vagues ou en pluies diluviennes occupent une part fondamentale dans l’écriture. La jungle est aussi une facette de cette nature mystérieuse, belle et menaçante.

Damaris a la quarantaine, est mariée depuis de nombreuses années à un pêcheur et son grand drame est de ne pas avoir eu d’enfant. Après un long chemin auprès de guérisseurs, Damaris finit par accepter l’idée qu’elle ne connaîtra pas la maternité tout en s’éloignant de son mari, rompant le dialogue petit à petit.

Lorsqu’elle adopte un chiot, Damaris se sent responsable de ce petit être et va le chérir, jusqu’à ce que l’indépendance de sa chienne, qui la quitte parfois plusieurs jours, la plonge dans une mélancolie existentielle qui va se transformer en rage au fur et à mesure du récit.

Ce roman doit être lu comme un exutoire, celui de l’auteure qui transpose dans la violence de Damaris la violence de sa propre histoire, son ressenti et le processus engagé pour se relever.

C’est une exploration de soi, du passé, des remords, de la complexité de l’âme humaine et un récit de cette terre lointaine qui nous fait voyager le temps de la lecture.
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La Chienne

J'ai lu ce roman dans le cadre d'un challenge. C'est un roman d'une auteure colombienne sur le désir de maternité d'une femme qui n'a pas eu d'enfant et dont l'horloge biologique et son entourage lui rappelle sans cesse qu'ele n'est qu'une épouse et pas une mère.

L'adoption d'un chiot par cette femme qui transfère sur cet animal tout l'amour qu'elle ne donne plus à son mari car leur couple est stérile et ce manque d'aimer.

Les relations entre la chienne et Damaris évoluent entre amour et haine car au fur et à mesure elle déplore l'attitude de la chienne et semble vouloir se venger sur cet animal de tout ce qu'elle refoule en elle.

J'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour Damaris, son attitude par rapport au désir maternel s'exprime d'une façon qui ne m'a pas particulièrement plu.

Je suis peut être passée à côté des intentions de l'auteure.

Je vous laisse faire votre propre opinion.
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