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Citations de Richard Russo (429)


Pour Mickey, la musique occupait la place numéro un. (...) A treize ans, il jouait dans un groupe. A seize ans, il se faufilait en douce dans les bars louches de New Heaven où il côtoyait des types plus âgés dont les petites amies ne portaient pas de soutien-gorge et semblaient prendre plaisir à le faire savoir en se penchant devant Mickey, lequel raconterait plus tard à Lincoln et Teddy, en plaisantant, qu'il n'avait pas débandé durant tout l'été 1965.
(p. 34)
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Un court instant, on a cru avoir gagné. C'est vrai, on était jeunes et innocents.
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Il l'avait aimée et il l'aime encore... quand même... malgré tout. Mickey et Lincoln, ses amis de jeunesse ? Il les aime eux aussi. Encore. Quand même. Malgré tout. Exactement comme il a toujours voulu être aimé. Comme chacun espère être aimé.
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Elle lisait. Tous les soirs. (...) C'est grâce à ma mère que j'ai appris que lire n'était pas un devoir, mais une récompense, grâce à elle que j'ai eu l'intuition d'un vérité essentielle : la plupart des gens sont enfermés dans une existence solitaire, une vie restreinte par le manque et l'absence d'imagination; des limites que ne connaissent pas les lecteurs. Vous ne pouvez pas créer un écrivain sans créer d'abord un lecteur, et c'est ce que ma mère a fait de moi. En outre, même si je n'avais plus l'âge de m'intéresser à ses livres, ceux-ci participèrent à la fabrication de l’écrivain que je deviendrais plus tard, un écrivain qui, contrairement à beaucoup d'autres formés à l'Université, ne considérait pas le mot "intrigue" comme un gros mot, qui faisait attention au public et au rythme, et qui se montrait peu tolérant vis-à-vis des prétentions littéraires.
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- C'est agréable de se préparer une tasse à la fois, lance Coffin de la cuisine. Si seulement on trouvait autre chose à faire de ces capsules plutôt que de les balancer à la poubelle. Doit y en avoir des millions à la décharge.
- Je ne sais même pas où elle se trouve, avoue Lincoln.
- C'est parce qu'elle n'existe plus. Il y en avait une autrefois. Maintenant, on envoie tous nos déchets sur le continent. Ça devient le problème de quelqu'un d'autre. Plus je vieillis, plus je pense à ce genre de choses. Des gens qui ne nous connaissent même pas s'occupent de nos merdes.
- Ça m'étonnerait qu'ils le fassent gratuitement, répond Lincoln, histoire d'entretenir la conversation.
[...]
- Non, vous avez sûrement raison. Mais quand même. J'ai lu quelque part qu'il y a un vortex de déchets au milieu du Pacifique. Des courants océaniens emportent tout là-bas. Vous balancez une capsule par-dessus bord au large de l'Oregon, une autre dans la mer du Japon et elles finissent toutes les deux au même endroit. Des centaines de kilomètres de capsules Keurig, de sacs plastique et toutes sortes de merdes flottent sur l'eau, et y a pas un seul humain aux alentours. Rien qui permette d'établir le lien entre vous et le crime. Votre père, il s'inquiète à cause de tout ça lui aussi, en pensant au monde qu'on va laisser à nos enfants ?
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- Même les types bourrés n’agissent pas sans raison.
- Certes, mais la plupart du temps, eux seuls les comprennent.
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-Vous aimez les animaux ?
- Comme la plupart des flics, je les préfère aux gens. Encore jamais connu un qui mentait.
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Son prénom sur les lèvres de sa femme est, comme toujours, un délice. À l'instar de la plupart des couples mariés, ils emploient généralement des diminutifs. Anita garde son prénom complet pour les moments intimes. Cette utilisation parcimonieuse laisse entendre que, pour elle du moins, il reste l'homme à qui elle a dit : "Moi, Anita, j'accepte de prendre Lincoln..." Exception faite des cheveux blancs, des reflux gastriques et des douleurs dans le dos.
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— Le livre est le meilleur ami de l'homme - Teddy fit jouer ses sourcils en tirant sur un cigare imaginaire [...] - en dehors du chien. "En dedans", il fait trop noir pour lire.
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"Cet homme est si bon pour moi. Si au moins je pouvais l'aimer.
_ Ca, il est fou de toi, ai-je répondu avec la nonchalance feinte d'une expression soigneusement choisie.
_ Je sais. C'est affreux.
_ C'est affreux d'être aimé ?
_ Oui, a-t-elle dit en regardant ailleurs. Moi, je voudrais ... un amour qui me ressemble."
Un amour qui lui ressemble. Il y avait là un mélange de simplicité, d'impudeur et d'arrogance qui m'a coupé le souffle. Cela paraissait ce jour-là et aujourd'hui encore, un voeu légitime, mais qu'il fallait être idiot au dernier degré, ou d'une naïveté sans borne, pour formuler.
"Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas tout le temps comme ça. Je peux remercier ton grand-père."
La remarque m'a pris au dépourvu, bien qu'elle n'aurait pas dû.
"Tu ne te souviens pas ? m'a-t-elle demandé avec un sourire tordu, les yeux mi-clos, comme si elle contemplait une horreur.
_ Non." J'avais pourtant une idée.
"La Fête foraine, Mange-ta-dinde, l'Hiver, a-t-elle prononcé.
_ Tu oublies le Quatre-Juillet.
_ Non. Parce qu'il n'y en a plus. Depuis longtemps."
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Quand je reviens sur cette période avec un minimum de recul, je suis frappé, même assez horrifié, par la facilité avec laquelle j'ai réussi à effacer ma mère, à la reléguer dans un coin reculé de ma conscience. La plupart du temps, tout simplement, je n'y pensais plus.
Tout ce que je peux dire pour ma défense, c'est que je n'étais en cela ni spécialement désinvolte ni spécialement insensible. Je l'aimais, c'est certain, et j'avais peur pour elle. Je l'avais chassée de mes préoccupations quotidiennes pour des raisons, voire une nécessité analogues à celles qui m'avaient permis, en dormant, d'ignorer les assauts nocturnes de mon père, quand j'étais plus petit. Je m'étais forcé à dormir parce que, à l'époque, je n'avais simplement pas les moyens d'y prêter attention. Je n'étais pas davantage capable, quelques années plus tard, de considérer l'état lamentable dans lequel elle se trouvait, encore moins de réfléchir à ce qu'elle allait devenir.
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Quatre-Juillet. Fête foraine. Mange-ta-dinde. Et l'Hiver. Je n'ai compris tout le cynisme du mot de mon grand-père qu'à l'âge adulte. L'été qu'il réduisait à une journée. L'automne à une panoplie d'attractions foraines de troisième zone, entre la ménagerie puante, la boue et le purin. Puis Thanksgiving, obligatoire et carnivore, qu'il qualifiait d' "infecte coutume". Le reste, Hiver avec une majuscule. Voilà quelles furent les saisons de ma mère après qu'elle eut vraiment compris ce que désignait mon père par "concurrence". Comme elle travaillait pour la compagnie du téléphone, elle connaissait tous les endroits où il faisait meilleur. A la fin de sa journée, elle me parlait des autres opératrices avec qui elle bavardait, situées elles à Tucson, dans l'Arizona. A Albuquerque, au Nouveau-Mexique. A San Diego, en Californie. Tous Etats où le mot Eté prend une majuscule. "Un jour... disait-elle sans finir sa phrase. Un jour..."
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Le bonheur est un sport très ennuyeux pour ceux qui le regardent.
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C'était à croire que les premiers et vigoureux habitants de la ville, à qui la morts n'était pourtant pas étrangère, avaient sous-estimé son ampleur et la surface nécessaire pour accueillir tous ceux qui succomberaient aux rudes hivers, aux rencontres violentes avec des sauvages et aux maladies diverses. Ou bien était-ce, au contraire, la vie, leur propre fécondité, qu'ils avaient mal évaluée ? Paradoxalement, cela revenait au même.
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N'empêche, elle lisait pour s'évader. Pourquoi ? Pas un seul instant au cours de cette magnifique semaine pleine de soleil, de plats sophistiqués, d'alcool et de sexe à perdre haleine, il n'avait éprouvé l'envie d'être ailleurs.
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Il est une théorie qui établit qui établit un lien direct entre l'adresse au jeu de billard et la maladresse au lit. Je la trouve relativement pertinente, si on en reste toutefois aux adolescents. A Mohawk, les bons joueurs étaient tous réputés grands coureurs, mais je n'ai jamais vu en quoi leur renommée était fondée. On s'accordait à dire que les réguliers du billard étaient des hommes d'expérience, et les récits de conquêtes voyagent plus vie encore su le feutre vert que su une lac tranquille. Cela étant, je n'ai jamais rencontré, ni à l'époque ni par la suite, aucun soi-disant tombeur fou de billard qui soit capable de parler simplement à une femme.
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J'ai lu quelques bons livres cet été-là, ainsi qu'un grand nombre de mauvais, et je les ai tous aimés. A l'écart dans mon monde à moi, j'ai appris plusieurs choses importantes. Il m'est arrivé de prendre un livre au hasard sur les étagères, d'en lire vingt ou trente pages sans comprendre un seul mot, ou seulement de le croire. Mas je découvrais ensuite, en y revenant quinze jours plus tard, que tout était limpide et explicite, et qu'en fait bien peu de choses m'avaient échappé. (...)J'ai peu à peu acquis la ferme conviction qu'il était vain, en général, de vouloir enseigner quoi que ce soit à quiconque. La seule chose à faire consiste à isoler les gens quelque part et à leur donner quelque chose à lire.
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Mais il lui a toujours manqué une sorte de passion, et c'est ce qui nous déconcerte, sa mère et moi. Il y a quelques années encore, le moteurs des voitures de location était "bridé", c'est à dire qu'un limitateur de vitesse empêchait le conducteur de presser sur le champignon et de faire n'importe quoi. Mon fils semble doté d'un dispositif du même ordre. Les grandes joies, les grosses colères, les vives angoisses lui sont inconnues.
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Voilà sans doute ce que je recherchais : cette différence programmée, sans doute d'origine génétique, entre ma mère et moi, la cause de notre conflit incessant et la raison pour laquelle j'étais généralement incapable, comme elle le disait, de me ranger de son côté.
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Curieux comme notre perception du destin change au cours d’une vie. Jeunes, nous croyons ce que croient les jeunes, que tout dans l’existence est affaire de choix. Nous avons une centaine de portes devant nous, nous choisissons d’en ouvrir une, puis il en arrive encore cent, et il faut recommencer. Nous choisissons ce que nous ferons, mais aussi qui nous serons. Sans doute le bruit de chacune de ces portes qui, au fur et à mesure, se referment derrière nous devrait-il nous troubler, mais non. Même si elles se ressemblent et nous amènent au même endroit. Il s’en trouvera à l’occasion quelques-unes de verrouillées, mais qu’importe, puisque tant d’autres ne le sont pas. Le choix lui-même n’est peut-être qu’une illusion, mais nous n’en tenons pas compte. Nous sommes trop curieux de savoir ce que cache la prochaine, celle qui nous conduira espère-t-on, au cœur du mystère. Nonobstant les preuves manifestes du contraire, toujours plus abondantes, nous restons sûrs que, tout au bout, une fois les choix faits, nous aurons trouvé notre vraie destination, et que celle-ci révèlera son sens. La jeunesse voit ainsi la vie, à l’endroit, les yeux sur la lorgnette qui balaie avidement l’infini du ciel et ses myriades de possibilités. En opposant le libre arbitre et la responsabilité individuelle, la religion confirme le besoin des plus jeunes de se croire au milieu de la scène, de dire oui à ceci, non à cela, sous l’œil accusateur de la moralité.
Mais il est un moment où cela change. Fruit de la déception et de la répétition, le doute remplace la curiosité. De guerre lasse, nous commençons à situer le vrai, à comprendre que les portes sont plus nombreuses derrière qu’il n’en reste devant, et nous sommes pour la première fois tentés de retourner la lorgnette et de regarder le monde par le mauvais bout – mais qui peut dire lequel est le bon ? Comme les choses prennent alors une autre allure ! De plus larges contours émergent, les décisions individuelles perdent leur consistance. Regarder la vie à l’envers, comme tout le monde s’y essaie après un certain âge, revient à la dépouiller de son mystère et à l’habiller de fatalité – ennemie jurée du théâtre. Voilà du moins ce qui m’apparaît à moi Louis Charles Lynch. L’homme que je suis devenu, l’existence que j’ai menée, - n’est-ce pas une série de dominos qui se suivent comme ils se doivent, et non comme je le voudrais ?
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