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Citations de Richard Russo (429)


– C’est encore l’homme qui parle. Toujours l’homme, l’homme, l’homme.
– Qu’est-ce que tu aimerais, Ellie ? Que je ne sois pas un homme ?
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Will passa en courant devant Sully et rejoignit son père qui le regardait de l'air de celui qui sait de quoi il retourne. Le gamimn ne pleurait plus, mais Peter avait selon toutes les apparences suffisamment l'oeil d'un père pour deviner qu'il avait pleuré. Sully avait toujours été pris de court par le chagrin, même lorsqu'il s'agissait du sien, et c'était pour lui un miracle que les autres puissent voir la peine arriver de loin ou deviner si elle venait de frapper. S'il y avait une chose que lui avait reprochée toutes les femmes qu'il avait connues, c'était bien son incapacité à voir quand elles avaient du chagrin. Même son propre fils semblait posséder ce don qui lui manquait tant.
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Ma chérie, le bonheur est un sport très ennuyeux pour ceux qui le regardent.
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Mon père et Wussy étaient des hommes de Mohawk, c'est à dire que l'un et l'autre avaient un jour tourné le dos à une femme. Leurs compagnons étaient nombreux à en avoir abandonné plus d'une. La plupart se rendaient compte maintenant qu'ils avaient fait une connerie. Certains l'admettaient même au bout du énième verre. Il en était aussi, comme Skinny Donovan, qui avaient essayé de revenir, trente ans après, auprès d'une compagne qui, en fait, n'existait plus, qui était devenue acariâtre, ou lubrique, ou folle d'avoir élevé seule ses enfants, desséchée d'avoir couru d'un job au suivant.
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"La seule chose qui l'intéresse, ta mère, disait parfois mon père, c'est qu'on suive ses quatre volontés." Et j'ai compris que, armé de la même perversité, j'avais choisi de ne pas la satisfaire dans la mesure de mon possible. Depuis aussi longtemps que je pouvais me souvenir, je m'étais employé à la contrarier sournoisement, parce qu'elle profitait si mal de la vie, parce qu'elle demandait au plus un peu de fidélité et d'affection, parce qu'elle voulait qu'on fasse ça publiquement, parce que la galerie qu'elle cherchait à épater ne vivait que dans son imagination. Ce n'était pas grand chose à lâcher, pourtant.
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Je l'ai entendu avant de le voir. Il n'y avait qu'une douzaine d'hommes le long du comptoir enfumé, et quelques autres autour du billard dans un coin. Cette voix, ce timbre, ce grain pareil à nul autre ne semblaient pas tant venir du fond de la salle que sortir d'une antémémoire, baignée de liquide amniotique. Une fois de plus, mon coeur m'a fait un drôle de coup. Une fois localisé le bonhomme, assis sur le dernier tabouret du bar, je me suis arrêté pour l'observer. Il parlait à un jeune gars de mon âge. Il ne restait plus qu'un tabouret de libre et, comme il était à côté de lui, je m'y suis installé sans rien dire. Je l'ai bousculé un peu pour poser mon sac entre nous.
Alors il s'est retourné pour voir qui se permettait. Il avait les yeux rouges, le regard légèrement trouble, mais ça n'a duré qu'une seconde.
"Fils !"
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Je ne me ferais pas l'avocat du pari mutuel, pourtant son principe n'est pas dénué d'intérêt, loin de là. J'ai souvent pensé, et même maintenu devant de prétendus éducateurs, qu'il faudrait enseigner l'art du pari à l'université, au même titre que la composition écrite et la civilisation occidentale. Hormis la vie elle-même, rien n'est aussi complexe qu'une course de chevaux, et les innombrables facteurs à prendre en compte forment un excellent exercice intellectuel, à condition que le candidat veuille bien comprendre que, même s'il les maîtrise parfaitement, il n'en tirera aucune garantie de succès. Si avisés soient-ils, les parieurs ne courent pas à la place des chevaux (Untemeyer avait bien sûr raison), mais leur oeil entraîné les rend sensibles à des subtilités qui échappent au commun des mortels. Savoir peser, analyser un vaste ensemble d'informations, pour l'ensemble insignifiantes, et en tirer des conclusions intelligentes, même si elles sont fausses, est une haute forme d'art. Depuis mon intronisation au Mohawk Grill, j'ai rencontré de grands parieurs devant l'Eternel, et aucun n'a jamais confronté d'ayatollah en duel, ni jugé indispensable de se convertir à quoi que ce soit. Le parieur est un homme habité par une foi et une conviction inébranlables: il va y avoir une nouvelle course dans vingt minutes.
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Contrairement à beaucoup de soldats, mon père savait très bien ce qu'il voulait faire une fois la guerre finie. Il voulait boire, courir les filles et jouer aux courses. "Il s'en lassera", a prédit ma mère, et elle n'en doutait pas. Elle a quand même essayé de lui emboîter le pas pendant les quelques mois d'agitation furieuse qui ont suivi le retour des troupes, mais sans succès. Il faut dire qu'elle, on ne venait pas de lui tirer dessus pendant trois ans. Quand elle se réveillait le matin, ça ne l'étonnait pas d'être en vie. Ensuite, ça a été marrant un moment, les nuits blanches, les Martini-dry, les photos-finish au champ de courses mais, brusquement, enceinte de moi, elle a décidé que maintenant, la guerre était terminée. Pour la plupart, les gens autour d'elle se calmaient aussi. Les meilleures choses ont une fin, même quand c'est la victoire qu'on fête. Ca ne lui a pas effleuré l'esprit, je pense, que mon père ne fêtait rien. Ou plutôt si : la vie. La sienne.
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"On croirait entendre ta mère", se plaisait-elle à remarquer chaque fois qu'il se montrait désobligeant ou méprisant surtout à l'égard d'un des membres de sa famille à elle.
"Elle veut que j'aille la voir, lui dit Griffin.
_ Ca m'aurait étonnée.
_ Elle n'aime pas la nouvelle maison de retraite.
_ Ca m'aurait étonnée.
_ Elle va tous nous enterrer.
_ Je ne crois pas, mais elle va essayer."
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"Il se trompe sur un point, pourtant, dit Miles en regardant enfin Charlene dans les yeux. Quand il dit que je ne sais pas ce que je veux."
Sans qu'il l'eût entendu ainsi, cette déclaration les rendit tous les deux conscients qu'ils se tenaient par la main dans un coin obscur de la salle. Pour ne pas l'embarrasser, pour lui éviter de répondre, et bien qu'il eût aimé la garder toute la nuit, Miles relâcha la main de Charlene. A sa grande surprise, elle se pencha vers lui et posa sur son front un baiser si affectueux que toute gêne disparut. Miles en eut le coeur arraché, car un baiser est toujours calibré, et celui-ci illustrait le gouffre qui sépare l'amour de l'affection.
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A l'instant, Janine était suffisamment affamée pour dévorer le quartier de citron délavé qui flottait dans son eau. Les écoeurants pieds de porc qui nageaient dans la saumure dans un grand bocal, vers le milieu du comptoir, paraissaient curieusement délicieux, et Janine se vit un instant accroupie par terre, en train de les rogner comme une chienne, puis de les broyer à grands coups de molaires pour en extraire la moelle. Bea, sensible au supplice qu'endurait sa fille, posa un bol de cacahuètes devant elle, et en avala une poignée pour lui montrer combien elles étaient délicieuses. "Mmmmm", fit-elle. Janine n'identifiait que trois besoins primitifs : manger, baiser et assassiner cette emmerdeuse de mère... "Tu sais quoi, Beatrice ?" demanda Janine, qui n'employait le prénom entier que pour suggérer la proximité d'un nouveau matricide. "Tu es jalouse, voilà." De sa jeunesse relative, de son activité sexuelle et du poids perdu, cela allait sans dire.
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Mais c'est ainsi que nous avançons, barque luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé.
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"Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas ta femme , Zach. J'ai seulement dit que je ne me l'envoyais pas .
- Ben vous êtes au moins deux", envoya quelqu'un à l'autre bout du comptoir, et Zach sentit le bar entier tomber sur les épaules.

p158
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Ce qui nous nourrit dans cette vie est peut-être aussi ce qui nous l'enlève.
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Janine croyait fermement que sa mère était une de ces pauvres femmes qui étaient parvenues à faire ce qu'elle-même, merde, avait bien failli réussir aussi : elle avait mené toute son existence adulte sans éprouver un seul orgasme. Le jour où Bea mourrait, on pourrait véritablement déclarer qu'elle partait les pieds devant sans jamais avoir pris le sien.
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Ces incertitudes étaient du bois sec qui n’attendait plus qu’une étincelle pour provoquer une déflagration.
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- Hé! " coupa Miles, prêt à ajouter qu'on n'était pas là pour crier, lorsqu'il vit les yeux de la petite s'emplir de larmes. Mon Dieu, se dit-il malgré lui, c'est terrible d'avoir cet âge, quand les émotions restent si près de la surface que la moindre turbulence les fait exploser. Et, tout simplement, c'était cela, être adulte - avoir appris à enterrer profondément les choses. À les garder invisibles, et, autant que possible, oubliées.
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A ton âge un garçon a besoin d'être épaulé, m'a dit Rose. Un de ces quatre, tu vas te retrouver avec une copine enceinte, et qu'est-ce que tu feras, ce jour-là ?

J'ai eu envie de lui expliquer que c'était moins simple que ça. Elle n'était cependant pas la seule à redouter - mal à propos - les conséquences de l'excès de liberté dont, si l'on peut dire, je jouissais. Les clients du Grill voulaient toujours savoir si je culbutais une petite quelque part, et ils m'encourageaient fortement dans ce sens. " À ton âge, je baisais tous les soirs à condition de trouver une chambre" aimait à me répéter Skinny. J'avais du mal à l'imaginer à douze ans, et encore moins passer à l'acte.
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Pour Griffin, qui avait maintenant cinquante-sept ans - à peu près l'âge de ses parents lorsqu'il avait épousé Joy -, les noms de localités du cap avaient gardé toute leur magie : Falmouth, Woods Hole, Barnstable, Dennis, Orleans, Harwich. Ces toponymes le ramenaient à son enfance, au siège arrière de la voiture familiale, où il avait passé une bonne partie de sa jeunesse, sans ceinture, les bras posés sur les sièges avant, à tendre l'oreille pour attraper des bribes de ce qu'ils se disaient sans jamais essayer de l'inclure dans leurs conversations. Non pas qu'elles l'aient intéressé tant que ça, mais il était conscient que se prenaient là des décisions ayant des conséquences directes sur sa vie, et, s'il les interceptait assez tôt, peut-être aurait-il l'opportunité de donner son avis. Malheureusement, le simple fait que son menton soit posé sur l'appuie-tête semblait l'exclure d'emblée. Dans l'ensemble, les informations qu'il glanait ne valaient pas tant d'efforts. "Wellfleet, disait par exemple sa mère, le nez dans un atlas routier. Pourquoi est-ce qu'on n'a jamais essayé Wellfleet ?" L'année où Griffin entra en seconde, celle de leur dernier séjour au cap, ils avaient déjà ratissé les locations saisonnières de la région. Chaque été, au moment de rendre les clés à l'agence, on leur demandait s'ils envisageaient de revenir l'année suivante. Ils répondaient toujours par la négative, et Griffin commençait à douter que cet endroit rêvé existe pour de bon. Il finit par conclure que le chercher leur suffisait peut-être.
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A son grand étonnement, il s'aperçut qu'il se fichait de ce que le coach [de basket] pensait de lui. Quoique, pas tant que ça, en vérité, car cet été-là (...), le coach était parvenu à se sectionner l'extrémité de ce qu'il appelait son 'doigt à chatte' en tentant de déloger une branche coincée entre les lames et le cadre de sa tondeuse sans avoir au préalable coupé le moteur, et Teddy, en l'apprenant, ne put s'empêcher de sourire, non sans éprouver un sentiment de culpabilité.
(p. 32)
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