Citations de Robert Goddard (302)
Je faisais de mon mieux pour m'apitoyer sur mon propre sort.
Morte. Sa beauté fragile avait été emportée comme une fleur avant la tempête. Je sus aussitôt que les choses n'auraient pu se passer autrement. Je l'avais aimée. Le temps montrerait qu'elle serait la seule femme que j'aimerais jamais, elle que j'avais si peu connue. Entre le premier après-midi à Meongate, et notre dernière rencontre à Bonchurch, il s''était écoulé moins d'un mois, une durée tellement courte par rapport à la vie entière qu'il me restait pour me souvenir d'elle.
C'était, selon les standards de l'ouvrage, une biographie brève et peu éclairante. Mais je trouvai cela étrangement rassurant, et la circonspection est souvent des plus sûrs symptômes de richesse. Or, la richesse était notre cible et notre ambition. Pendant que Max convoitait la fille nous pouvions tous deux diriger notre tir sur le père. Fabian Melville Charnwodd était dans le collimateur.
Le meurtre définit aussi bien le meurtrier que sa victime. Tout ce qu'ils ont été et accompli est balayé par cet événement final. Aucune autre façon de mourir ne marque autant les esprits. A Truro, on ne se rappelait pas Joshua Carnoweth comme un mineur qui avait fait fortune, un aventurier qui se languissait d'amour ou un solitaire sentimental, mais comme le vieil homme riche qui avait été poignardé à mort en haut de Lemon Street en août 1947. Pas plus qu'on ne se rappelait Michael Lanyon comme un héros de guerre séduisant ou un commissaire-priseur consciencieux, mais juste comme le cerveau cupide qui avait fomenté l'agression et avait fini à la potence quelques mois plus tard. Le reste - leur vie, leurs amours, leurs échecs et leurs succès - était discrédité comme autant de détails superflus.
Elle pouvait l'influencer en faveur de M. Wingate.
Ainsi tout doucement, sous un soleil printanier, tandis que le vin blanc flattait mon palais et que l'effleurement fugitif de sa peau achevait de me griser, Eve me menait sur la voie qu'elle avait choisie. Je trahissais qui ? Sellick, Strafford, ou moi ? Je nous trahissais tous les trois, mais Sellick était loin, Strafford était mort, et moi j'étais prêt à échanger n'importe quoi pour une association de quelque nature que ce soit avec Eve.
"Laissez-moi décider toute seule, Martin. J'aimerais bien faire une promenade en barque. Cambridge est une communauté très fermée, comme vous devez le savoir, toujours à l'affût des derniers ragots. Cela fait du bien de rencontrer quelqu'un de l'extérieur."
Je regagnai ma chambre à Princes' Hall avec les mémoires et la liste des ouvrages à consulter, éprouvant, cela me frappa, ce que Strafford avait dû éprouver à la perspective d'un rendez-vous dans Hyde Park avec Elizabeth, un dimanche, soixante-huit ans plus tôt : la joie frémissante de jouer avec le feu.
Harry remarqua tout de suite qu'on avait glissé quelque chose à l'intérieur du passeport. C'étaient les cartes postales représentant Aphrodite et Silène que Miltiades avait trouvées dans la voiture.
_ Ces cartes m'ont donné à réfléchir, poursuivit Miltiades. Cela ressemble à un acte délibéré comme si ces cartes contenaient un message.
_ Quel message, inspecteur ?
_ Je ne sais pas, mais vous formiez une paire tous les deux, comme les cartes. La déesse et le satyre. Ce sont des symboles courants mais de quoi ? La beauté féminine et le désir viril. La jeunesse et la vieillesse. La séduction et la concupiscence. Je pense que le message vous est destiné, monsieur Barnett, mais je ne suis pas sûr de son contenu. Emportez ces cartes. Vous comprendrez peut-être un jour.
_ L'indifférence, monsieur Barnett. Dans quelques mois Mlle Mallender aura été oubliée par la plupart de ses amis. Dans un an, plus personne ne pensera à elle.
_ Je ne peux pas le croire.
_ Vous verrez. Je le sais par expérience. Avez-vous entendu parler d'Eirene Kapsalis ?
_ Non.
_ Alors la preuve est faite. Eirene Kapsalis était l'épouse d'Andreas Kapsalis, le magnat de la marine marchande. Elle a disparu il y a sept ans sans laisser de traces. Aujourd'hui qui se souvient d'elle ?
_ Vous.
_ Oui, parce que l'échec de mes tentatives pour la retrouver m'a valu d'être transféré de la police d'Athènes à celle d'ici. C'est moi qui ai dû porter le poids de la culpabilité d'autres personnes.
_Peu avant de quitter Athènes, poursuivit-il, j'ai vu M. Kapsalis passer dans sa voiture conduite par un chauffeur. Il était avec sa maîtresse. Ils riaient et buvaient. Je n'ai pas eu l'impression qu'ils pensaient beaucoup à Eirene.
Harry était sûr d'une chose : Minter ne lui plaisait pas. Il avait déjà rencontré ce genre d'homme qui affiche sa petite amie et sa carte de crédit dans Lindos dès le début de la saison. En fait, ce que Harry éprouvait n'était rien d'autre que de la jalousie, une jalousie d'un type particulier. Il avait l'impression que cela faisait des années qu'il n'avait pas rencontré un Anglais qui ne soit pas plus jeune ou en meilleure santé que lui. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il en était venu à préférer les Grecs.
-Je le serais, dit-elle.
-Tu seras quoi ? demande Penelope.
-Heureuse.
J’étais furieux aussi. Furieux de ne pas avoir été capable de prévoir les conséquences fatales de la gestion de mon frère, ce beau parleur aux idées larges. Et à cause de ma propre naïveté. J’aurais dû tuer dans l’œuf ses ambitions mal placées. Ne pas avoir l’imprudence de lui confier les valeurs et les traditions de Timariot & Small. Comprendre qu’il les voyait tout au plus comme un tremplin pour quelque chose de plus grandiose. C’est-à-dire, grandiose pour lui.
Vivre dans le passé. Cette phrase est toujours employée de façon péjorative, comme si le passé était nécessairement inférieur au futur, ou en tout cas moins important : on ne reproche jamais à personne de regarder vers l’avant, seulement de regarder en arrière. Mais la vérité, c’est que nous vivons bel et bien dans le passé, que ça nous plaise ou non. C’est là que notre vie prend forme. Quelque part devant nous, près ou loin, c’est la fin. Mais derrière, enveloppé dans les nuages de l’oubli, se trouve le commencement.
La vie gagne en tristesse à mesure que nous gagnons en âge, criblés de revers et de regrets, accablés par la conscience insidieuse de notre propre insuffisance. Quand l’ambition est contrariée, l’espoir éteint, que faire d’autre sinon pleurer sur nos erreurs ?
La plupart des caractéristiques de la vie dont enfants je commençais à prendre conscience n'étaient en fait que des impératifs imposés par la guerre, que je confondais avec un état des choses permanent.
Ne plus se préoccuper de rien était sûrement la seule façon qu'elle avait trouvée de survivre.
Il y avait quelque chose de perturbant dans leurs gestes et leur apparence, quelque chose de laid et de vengeur dans leurs yeux, quelque chose de la meute, de celle dont les instincts couvent chez tout un chacun.
-Mauvais équipement plus mauvais commandement égalent des vies gâchées inutilement.
-Vous êtes bien informé...
-Pas du tout. C'était déjà comme cela pendant la guerre de Crimée. Je me doutais bien que la situation actuelle n'était pas différente.
Un avenir devient inévitable dès l'instant où il touche le présent.
Nous sommes obligés de vivre avec le passé, mais nous ne sommes pas obligés de nous enfermer dedans.