Nouvel opus dans ce cycle Goddard qui est en cours .
Je dois avouer que je ne comprends pas ce qui a pu entraîner tant de critiques peu positives sur cet opus .
J'aborde Goddard pour ma part avec à l'esprit l'idée qu'il va me surprendre en proposant un nouveau style , une nouvelle route à chaque opus , et içi encore je ne suis pas déçu .
Il y un élément qui revient de manière récurrente dans l'oeuvre de Goddard , c'est sa fascination pour les mystères et les secrets .
Il semble que cet aspect romanesque le passionne , et ïl le fâit ressortir à chaque opus , de maniere différente .
Il adore fouiller dans les non dits des familles , dans les zones d'ombre , que l'on cache avec la plus grande des précautions ....
Içi l'on retrouve cet aspect si addictif chez lui .
Car oui , le lecteur qui découvre Goddard devient addict ...
Cet opus , demeure inédit jusqu'à cette édition , pour une raison qui semble totalement illogique au vu de la qualite du matériau en présence , cet opus s'avère peut être le plus psychologique de l'ensemble de l'oeuvre de Goddard .
C'est peut être cet aspect qui a tant rebute les lecteurs de thrillers sanglants , bourrés de twists ridicules , de supers flics et de psychopathes...
Içi Goddard propose davantage un drame psychologique qu'un thriller ...
Certes , il y a des morts , mais le fâit est que ce n'est pas cela qui intéresse Goddard içi , ïl focalise son regard ,et invite le lecteur à en faire de même , sur un point finalement rarement explore dans la litterature , la psyché humaine .
Oui , Ïl fâut accepter les passages sans suspense aucun , avec des dialogues , avec de l'attente , cela n'étant jamais vain , mais au contraire passionant ...
Goddard construit içi un puzzle mental particulièrement jubilatoire ...
Il invite le lecteur à une plongée au coeur de l'âme humaine , àu plus profond de l'être , du subconscient , dans des territoires où l'on ne va jamais , mais où sont tapis les vrais visages de l'humain...
Tout cela est un vaste programme , on aurait pu croire qu'il etait prétentieux , voir même inconscient de s'aventurer sur ces territoires , qui sont abordés avec de gros souliers en general , par les scénaristes de série B , et autres téléfilms ...
Içi , ce n'est pas un vulgaire thriller psychologique que l'on découvre , mais un drame psychologique sur fond de thriller ...
Chaque personnage est étudié , dissèque , on sait tout de chacun et chacune des protagonistes de cette intrigue , qui peut paraître nébuleuse à ceux qui attendent juste d'un thriller qu'il soit efficace , qu'il leur apporte des frissons , Goddard se moque de cet aspect , ïl a une confiance en lui qui le conduit à élaborer un récit qui meme si ïl reste sur le plan du style relativement lambda , s'apparente à une étude psyschologique d'une pertinence rare ....
Ïl fâut bîen voir néanmoins que cela demande au lecteur un effort de patience , de concentration , de réflexion ....
Mais quelle jubilation intellectuelle quand l'on y reflechis ...
Goddard propose içi d'exploser les carcans du thriller de supermarche pour convier le lecteur à une mise en abyme passionante de l'âme humaine ....
On en vient à regretter que le style soit aussi passe partout sur le plan lexical , car avec cet aspect en plus , cet opus aurait était encore plus jubilatoire ...
En l'état c'est un page turner de très haut niveau , qui doit être decouvert et apprécie à sa juste valeur !!
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La femme que j’avais croisée ce premier soir ne s’effaçait pas de ma mémoire. Au contraire, ma rencontre avec elle semblait prendre de plus en plus de sens à mesure que j’avançais. Moins à cause des paroles que nous avions échangées que du soupçon qu’en la laissant partir si facilement j’avais laissé filer une occasion – sexuelle, psychologique – absolument magique. Je ne connaissais ni son nom ni son adresse. J’ignorais tout d’elle. Et désormais je ne le saurais jamais. C’était une pensée mélancolique soulignée par la solitude. Pourtant, elle renforça ma résolution. Quoi qu’il arrive, je ne retournerais pas à l’existence que j’avais laissée derrière moi.
Je partis dès que je pus obtenir deux semaines de congés et trouvai la station balnéaire* encore hésitante à affronter le tumulte de la pleine saison. Ses façades blanches et ses toits ocre bordaient cinq kilomètres de vagues, de sable et de rochers avec une dignité qui, bien que délabrée, était indéniable. Torquay avec la crânerie gauloise, si vous voulez. Et je le voulais. J'aimais les plages désertes à l'aube. Le picotement des vents salés. Les après-midi éblouissants et les soirées langoureuses. Cet air, jamais obséquieux, d'être le paradis de tout homme. Et de toute femme, aussi.
*Biarritz
La vérité reculait pour m'observer, dissimulée derrière un monticule. L'inconnu se fondait avec le crépuscule. Son visage inaperçu se dissolvait dans la pénombre. Et seul mon reflet me regardait. Je voyageais seul. Mais accompagné
L’insatisfaction que faisaient naître en moi les gens avec qui je buvais ou couchais s’est transformée en mépris pour leur manque de maturité. Je brûlais de fuir leurs beuveries et leurs babillages. D’avoir des amis plus âgés et plus avisés avec qui débattre des vices et des vertus du monde. Mais cela ne se trouvait pas à Cambridge. Je me sentais comme un homme affamé à qui l’on offre des bonbons.
J’étais furieux aussi. Furieux de ne pas avoir été capable de prévoir les conséquences fatales de la gestion de mon frère, ce beau parleur aux idées larges. Et à cause de ma propre naïveté. J’aurais dû tuer dans l’œuf ses ambitions mal placées. Ne pas avoir l’imprudence de lui confier les valeurs et les traditions de Timariot & Small. Comprendre qu’il les voyait tout au plus comme un tremplin pour quelque chose de plus grandiose. C’est-à-dire, grandiose pour lui.
présentation du livre Le temps d'un autre, au poche, par Robert Goddard.