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Critiques de Robert Merle (1113)
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L'île

Avec "L'île", Robert Merle imagine et réinvente, sur le postulat de l'histoire des "révoltés du Bounty », les relations interpersonnelles et groupales. J'ai trouvé son postulat de base plutôt pessimiste. Au travers de ce livre, Merle semble nous dire que l'homme, placé dans un contexte favorable à son évolution, ne change pas, ne s'améliore pas. Qu'il s'agisse de Purcell, le héros sans peur et sans reproche, consciencieux jusqu'à la presque niaiserie, Mason, le "Capitaine", qui rêve de mériter ce titre qui lui a échu en conséquence d'un meurtre, ou de Mc Leod, qui voit dans cette nouvelle vie l'occasion de prendre une revanche sur son passé, tous arrivent avec leurs bagages sur cette île, et ne sauront les poser pour construire quelque chose de nouveau.

Au-delà de cette vision un peu pessimiste que je ne partage pas, j'ai trouvé ce roman très agréable à lire, passionnant dans son analyse des rapports humains. Comme l'ont fait remarquer d'autres lecteurs, le langage des Tahitiens est porté par une écriture fleurie et imagée, qui fait voyager. Il nous permet de faire connaissance avec certains de leurs codes, de leurs coutumes, avec leur façon d'appréhender la vie.

Enfin, j'ai trouvé très intéressant le rôle que Merle fait jouer aux Tahitiennes. Elles sont pour moi au cœur de l'ouvrage, et les véritables héroïnes de l'histoire. A la fois frivoles et drôles, intelligentes et naïves, aimantes et haineuses, patientes et travailleuses, elles sont les détentrices d'une espèce de sagesse ancestrale qui tient plus à la connaissance des travers des hommes que d'une divinité quelconque. Je tire donc mon chapeau à Ivoa et à ses compagnes, et surtout à Omaata, dont j'aurais aimé faire la connaissance !
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La Mort est mon métier

La mort est mon métier - Robert Merle.



Il ne s'agit pas de science-fiction, malheureusement dirons-nous.

Robert Merle retrace la vie du commandant et optimisateur du camp d'extermination d'Auschwitz, Rudolf Hoess. Rebaptisé ici Rudolf Lang.

L'auteur essaye de recontruite et peut-être de dessiner le parcours de cette homme depuis son enfance jusqu'à l'ultime outrage de ses dernières années et son éxecution en 1945.

Robert Merle maitrise remarquablement l'exercice et nous suivons pas à pas le destin de cet officier allemand intoxiqué par son sens du devoir, cet être incorruptible au service d'un monde corrompu... jusque l'effacement total de tout discernement.

Magnifique tentative de rationnaliser ce qui défie la raison, Robert Merle nous offre une lecture riche et je ne saurai que trop la conseiller.

Gardons seulement à l'esprit que l'auteur n'offre qu'un point de vue, le sien, aussi brillamment exposé soit-il. Rudolf Hoess était-il juste un méthodique forcené, un éxécutant au zèle maladif? L'auteur, dans sa recherche de la vérité, ne prête-t-il pas à l'objet de son récit des comportements et une psychologie propres à justifier sa démonstration?

D'autres biographies de cet homme proposent des visions plus nuancées et moins catégoriques.

Voilà.

Il s'agit d'un très bel objet littéraire qui doit être considéré comme tel, puissant et nécessaire. Il n'est pas une oeuvre historique.
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Fortune de France, tome 1 : Fortune de France

« Fortune de France », qu'est-ce donc ?



C'est une fresque historique, la saga d'une famille huguenote de 1547 à 1661.

C'est une reconstitution édifiante et extrêmement vivante du contexte historique de l'époque, avec notamment ses querelles et ses guerres religieuses (abordées de l'intérieur).

C'est une restitution minutieuse et passionnante du quotidien et de la mentalité de l'époque, très documentée, qui mêle la grande Histoire, la petite histoire et la fiction.



C'est surtout un grand bonheur de lecture, plein de péripéties en tous genres. Ça bouge, ça secoue, ça vit ! On s'attache aux personnages, on les comprend, on les admire, on les aime.

Dans les tomes 1 à 6 (ceux que j'ai préférés), on suit Pierre de Siorac et dans les suivants, son fils Pierre-Emmanuel prend le relais.



Remarquablement contées, les aventures de la famille Siorac sont captivantes.

Robert Merle nous offre une immersion totale et dépaysante dans les existences des plus humbles aux plus puissants.

« Fortune de France », c'est une merveilleuse machine à remonter le temps.



L'écriture d'une grande richesse est inventive, qui adopte des tournures de phrases de l'époque, et intègre un vocabulaire savoureux et imagé (langue d'Oc). Rien cependant qui fasse obstacle à la lecture, c'est trop bien fait. Il y a en outre à la fin de chaque volume un petit lexique des termes dont on a perdu l'usage ou qui ont changé de sens avec le temps.



Je vous mets au défi de trouver la moindre longueur dans cette fresque époustouflante et pleine d'humour, d'où l'amour de la vie jaillit à chaque page.
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La Mort est mon métier

Ce livre est le pendant de "si c'est un homme" de Primo Levi. Deux facettes d'un même évènement dramatique. Très bien écrit, on retrouve un peu le style de Camus dans "L'étranger", avec un personnage taiseux, froid et dénué d'affect. Le lecteur passe par différentes émotions: si on peut ressentir de l'empathie au début pour ce personnage, très vite, on se questionne sur ses choix et son impossibilité à ressentir l'amour. On devient spectateur de ses agissements et on comprend, à défaut de pardonner, comment il est humainement possible de fabriquer un monstre.
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Fortune de France, tome 3 : Paris, ma bonne..

Le massacre de la Saint Barthélémy reste à mes yeux l'un des plus sombres et l'un des plus incompréhensifs événements de L'Histoire de France.

Il est en effet difficile d'en appréhender les causes tant elles sont multiples et complexes et certainement encore plus ardu de concevoir ce déchaînement de cruauté des catholiques envers les protestants en cette nuit tragique.



La lecture du troisième tome de Fortune de France dont l'action principale se déroule à Paris quelques jours avant et pendant ce terrible événement m'a apporté, certes, quelques éclaircissements pour mieux comprendre le contexte religieux et politique mais je reste tout aussi abasourdie que Pierre de Soriac (le héros de cette saga) devant tant d'horreurs perpétrées.



Si on a longtemps pensé que Catherine de Médicis et son fils le roi Charles IX étaient les principaux responsables de cette boucherie, on sait maintenant qu'il convient de nuancer ces propos. La ferveur du peuple poussé par les ultras catholiques et agacé par « ce petit reyet de merde »(Charles IX ainsi surnommé par les réformés du Midi) semble être une des causes principales de ce massacre. Il fut impossible de la contenir une fois les ordres donnés...



Dans ce roman, Robert Merle s'attache surtout à nous faire vivre les événements de l'intérieur en suivant pas à pas et cahin-caha les mésaventures du narrateur,un protestant, Pierre de Soriac. Loin de nous donner une vision globale et analytique, il nous propose une lecture toute subjective de cette tragédie historique.

Et je ne m'en plains pas ! J'avais déjà évoqué ici mon engouement pour ce personnage impétueux, intrépide et volage mais tellement attachant et attendrissant par sa franchise, sa bonne foi et sa fidélité à ses amis. Et ce fut un véritable « émeuvement » que de vivre à ses côtés cette Saint Barthélémy, d'en ressentir toute la sauvagerie, toute la meurtrissure et de s'en ulcérer.



Si ce tome 3 me laisse un goût amer dans la bouche, il n'en reste pas moins un petit régal de littérature. Robert Merle manie la langue ancienne et l'occitan avec brio, se joue de ses personnages et amuse toujours autant le lecteur par la truculence de leurs propos.

J'ai particulièrement aimé la rencontre de Siorac avec le baron de Queribus. Un grand moment qui n'a rien à envier à celle des Mousquetaires de Dumas !

Je gage que nous retrouverons le personnage de Queribus accolé à son nouveau compagnon Pierre dans les prochains tomes et je m'en réjouis à l'avance !
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La Mort est mon métier

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman, même si le thème en lui même n'est pas ce que l'on peut qualifier d'appréciable.

J'ai suivi avec intérêt l'histoire du personnage principal mais il est impossible de s'attacher à un tel personnage, si rigide, si froid et dont la conscience même est totalement anéantie par la notion suprême du devoir à accomplir.

J'aime énormément la fluidité de l'écriture de Robert Merle et sa puissance narrative. Mais j'ai été un peu dérangée dans ma lecture par tous ces mots d'allemand qu'il a glissé dans tous les dialogues et qui à mon sens n'étaient pas nécessaires au texte. Pour autant, ça ne m'a pas empêchée de plonger dans ce roman et d'atteindre la dernière page en moins de 3 jours à peine.
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Malevil



A la veille de la fin du monde, rien de tel qu'un bon roman d'anticipation pour se préparer !

Malevil est un village du Sud-Ouest de la France dans lequel quelques habitants, occupés à mettre du vin en bouteille dans une cave, ont survécu à une explosion nucléaire qui a décimé le reste de l'humanité. Voilà, le cadre est posé. Et on fait quoi maintenant ? On reconstruit, certes, mais comment ? Selon quelles règles ? Qui doit gouverner ? Le quotidien des survivants s'organise ce qui les amène à faire des choix sociétaux, politiques, économiques dans un monde où les règles ont changé.

Robert Merle signe une œuvre magnifique. Ce roman foisonne d'aventures et abonde de personnages d'une grande profondeur, mais surtout il apporte une vraie réflexion sur l'organisation de la société. Un livre que l'on dévore !

Sur le même thème, on retrouve Ravage de René Barjavel.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Malevil

Je connaissais Robert Merle de nom bien évidemment, comme beaucoup d'entre nous, et puis un jour quelqu'un m'a dit : "tu as déjà lu Malevil ? Non ? Tu devrais..."



Ni une ni deux, je fonce chez mon libraire favoris...

Eh bien figurez vous que j'ai reçu une belle claque à la lecture de ce monument de la littérature post-apocalyptique... La merveilleuse écriture de Robert Merle, une histoire de fin du monde, en France, des personnages tous plus surprenants les uns que les autres, et une intrigue des plus trépidante, bref, une merveille à mes yeux.



Il ne m'aura fallu que quelques heures pour dévorer les 600 pages de ce roman, et, bien évidemment, je ne saurai que vous le conseiller.
Lien : http://testivore.com/malevil/
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La Mort est mon métier

Avant Hannah Arendt et son Eichmann à Jérusalem, Robert Merle dans la Mort est mon métier fait le diagnostic le plus glaçant concernant la mise en oeuvre de la violence nazie. Dans un style admirable, en dépit du sujet, il décrit le caractère industriel : non pas tant du point de vue quantitatif que, précisément de celui de l'organisation « scientifique » du travail, due à Taylor et chère à Ford dès le début du XXe siècle – et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le seul portrait qu'Hitler possédait dans son bureau personnel était celui d'Henri Ford – grande antisémite il est vraie).

A cet « ouvrage », plusieurs protagonistes ont participé. Et tous, en Fhürer (qui signifie leader en allemand) chacun apportant sa pierre et, plus encore, son dévouement au projet de la solution finale. C'est précisément toute cette « industrieuse intelligence » et le zèle que les uns et les autres mettrons à parfaire leur « solution » qui apparaît dans ce tristement sublime roman. C'est, déjà, avant les mots d'Arendt, la « banalité du mal », ce crime d'inconscience, d'irresponsabilité au nom de la seule vertu d'obéissance qui est analysé à travers l'exemple, certes symptomatique et ô combien zélé, de Rudolf (Lang) Höss, responsable du plus grand des camps de la mort.

Certes, il n'est pas question de nier la responsabilité de l'individu chez Robert Merle. Et les pages éblouissantes concernant son enfance avec son père, si elles peuvent paraître éclairer, expliquer un tempérament, ne sont en rien une justification. Preuve en est que Robert Merle parle de « métier », et non de fonction. Or le métier veut, justement, que celui qui l'exerce apporte son intelligence propre au travail prescrit, qu'il développe un savoir-faire, construit dans la confrontation au réel, qu'il devienne un expert au sens de celui qui connaît non pas en théorie les méthodes mais se confronte à la pratique et à ses aléas.



Ce roman, que je découvre tard, s'il est l'histoire d'un homme qui, jusqu'au bout, aura le sentiment d'avoir accompli son devoir parce qu'il a obéit aux ordres, ne voyant plus dans les victime de son « travail » que de simples quantités à gérer, fait écho aux meilleurs travaux que j'ai personnellement pu lire sur la question de la mise à mort des parias du régime nazi (Juifs, Roms, Slaves, opposants politiques, handicapés…). Enzo Traverso par exemple dans son grand travail sur la généalogie de la violence nazie explique lui aussi (mais plus tard), ô combien on se trompe en pensant avoir affaire à des fous. Gunther Anders aussi, magistralement, et d'autres technocritiques avec lui montreront en effet que ce système fut tout sauf une barbarie comme on emploie généralement le terme pour désigner des primitifs sans foi ni loi. A cet égard d'ailleurs, le travail de l'historien américain Jeffrey Herf montre bien, lui aussi, que le nazisme plonge ses racines dans un culte immodéré pour la technologie (même s'il s'inscrit contre la raison au sens des Lumières), permettant de parler de modernité réactionnaire.



Ainsi, on aurait tort de croire que la bête immonde est définitivement enfouie sous les monceaux d'études et de rappel mémoriel. C'est encore le psychanalyste et père de la psychodynamique du travail, Christophe Dejours, qui dans son excellent Souffrance en France, reprend à son compte le concept arendtien de banalité du mal pour autopsier les organisations du travail contemporaines : le saucissonnage des tâches et des responsabilité, la cécité organisé sur les tenants et aboutissants du travail, les stratégies d'enrôlement des (le terme la encore fait écho) « collaborateurs », la construction des idéologies de défense pour justifier (au regard de ceux qui l'exécute) le « sale boulot », etc., sont toujours à l'oeuvre dans les organisations actuelles du travail. Et qu'on ne vienne pas nous dire que les comparaisons sont sans commune mesure avec le projet hitlérien d'élimination des untermensch (sous-hommes) quand on sait que d'énormes transnationales (type Coca Cola, Monsanto, Nestlé, Esso et autres industries pétrolières évidemment, etc., etc.) non seulement n'hésitent pas à déplacer des populations entières, à ravager leur environnement (et celui de tous), mais encore à prôner un nouvel ordre mondial fondé, une nouvel répartition du pouvoir et de l'espace, et à affirmer la nécessité de créer un homme nouveau (ce qui était déjà le projet d'Henry Ford).



C'est précisément ce projet que l'on peut qualifier de totalitaire (d'où la formule, et les remarquables écrits sur le « totalitarisme industriel » de Bernard Charbonneau). Il s'agit, en somme, de dénaturer l'être humain, non pas en le réduisant au stade animal (au sens bestial - chacun sait d'ailleurs désormais que les animaux ne nuisent pas aux autres espèces ni à leur environnement), mais en pensant pouvoir/devoir l'ériger au rang de dieu, en réalité un monstre qui n'incarne qu'une seule chose : le mal absolu.

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L'île

Littérature française permettant d'apprécier une écriture hautement travaillée. Un titre très court ne laissant pas présager de la longueur du roman qui permet à l'auteur de donner libre cours à ses réflexions sur les cultures, la condition humaine des hommes et femmes, le respect des traditions, de la hiérarchie. Les réactions des personnages ont peu de libre arbitre, en face de situations périlleuses et sérieuses ils suivent plus soit leur entourage soit leur éducation, religion. Pour moi il y a un manque excessif de pragmatisme et une dérive dans les sentiments. Réflexions mises à part, les scènes relatives à l'aventure maritime, à la vie sur un bateau, petit ou gros sont superbement écrites, en particulier à la fin de récit lorsque le blanc et le tahitien traverse une tempête. J'aurais eu plus de plaisir à avoir la moitié moins de page pour l'histoire. Mais pour amoureux de belle écriture la longueur est secondaire.
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La Mort est mon métier

Ainsi, voilà donc comment cela fonctionne dans ce genre de tête...

Rudolf Lang, logisticien méticuleux, a orchestré la mise en place des camps de concentration et la solution finale. C'est lui qui a perfectionné les chambres à gaz, les fours à crémation. Il pensait en terme "d'unités à traiter", et pas à des humains à tuer...

On imagine donc un être froid et sadique.

Mais de sadisme il n'y avait nulle trace chez Rudolf Lang.

Par contre, de la froideur, oui, à l'extrême, proche de la sociopathie. Mais cette froideur pathologique, alliée à un sens de l'honneur sans faille, et à une fidélité sans borne à l'Allemagne, et à cela, rajoutez une éducation religieuse fanatique jusqu'à l'écoeurement, une rigueur de vie terrible (commune à toute l'Europe de cette époque), et un amour inconditionnel pour l'obéissance et l'ordre respecté, et vous obtiendrez un parfait nazi, prêt à mourir pour le Reich et son Führer.

Et il fut plus anéanti par la réaction d'Himmler,- de celui dont il recevait les ordres, et les convois, qui se suicida à son arrestation, esquivant ainsi la responsabilité de ces horreurs- que de la défaite de l'Allemagne elle-même. L'honneur et la fidélité à l'armée allemande était TOUT pour Rudolf Lang. Il aurait pu tuer sa femme et ses enfants, si, au nom de l'Allemagne, Himmler le lui avait demandé.

Ainsi donc, voilà comment fonctionnait un esprit de nazi...

Robert Merle a saisi cela avec justesse et pudeur. Bien sur, ce n'est qu'un exemple de type de nazi qui a sévit. Il y en avait de plus exécrables encore. Mais ici, Robert Merle reste sobre, et nous dépeint cet homme là, pas un autre... Et ça dit ce que cela a à dire, pas de fioritures, pas de fausses excuses. Les faits sont là. Durs, atroces, et bien réels.

Ce livre nous donne une idée, bien assez précise, de ce qui s'est passé, et de comment cela a pu être possible. Avec des hommes déshumanisés, désabusés, manipulés à l'extrême. Une psychopathie générale qui peut sévir en période de crise.

[note... attention, cette maladie n'est pas éradiquée, elle sévit toujours, sous d'autres noms, d'autres latitudes, mais aussi en Europe, pas si loin...

Car le fascisme a encore de beaux jours devant lui, et la lobotomisation des esprits maléables, la manipulation des masses, sont encore une activité très pratiquée et très appréciée des marchands de religions et d'armes...]

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La Mort est mon métier

Robert Merle nous propose dans ce livre une biographie romancée, du moins dans sa première partie de rudolf Hoess, qui fût commandant du camps d'Auschwitz-Birkenau, véritable usine de mort.

Hoess est le prototype même du fonctionnaire nazi, obéissant, sans états d'âme. Un livre qui vous glace le sang, ahurissant...et pourtant basé sur des faits réels.

Ce qui interpelle, dans ces biographies d'officiers SS, qu'ils soient commandants de camps ou membres des Einsatzgruppen, c'est qu'ils ressemblent à "monsieur tout le monde", ce sont des gens "ordinaires". Même pour certains issus des classes supérieures de la société.

Voici un livre qui n'explique pas tout, mais qui permet de se questionner.
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L'île

Robert Merle nous offre ici un formidable roman maritime qui s'inspire de la fuite des mutins de la Bounty à travers le Pacifique à la fin du XVIIIème siècle. Mais il ne livre pas un roman historique, il imagine les personnages et les situations.

Il nous fait appareiller avec le Blossom et partager la tragédie de son équipage et de Purcell...

Cet ouvrage est un grand roman humain et maritime dans la tradition du genre.
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La Mort est mon métier

Le roman tourne autour d'un seul homme Rudolph Hoess, directeur du camp d'Aushcwitz. L'auteur retrace sa vie en romançant différents éléments réels concernant Hoess.



De l'enfance à l'adulte, on découvre un homme aux comportements étranges, dont la sensibilité est inexistante, sans doute tuée dans l'oeuf par la folie du père. Aujourd'hui on verrait chez Hoess, une forme de psychose délirante et un déficit émotionnel de grande ampleur. Son bien-être passe par des gestes répétitifs et l'armée comme la prison lui vont comme un gant puisque son "plaisir" est d'obéir. Dans ces lieux, son temps est réglé, sa tâche est définie c'est rassurant. Il s'est opposé pourtant d'une certaine façon à son père en refusant de devenir prêtre mais pour mieux entrer dans une autre religion l'Allemagne!



Cet individu terriblement efficace et respectant à la lettre les ordres donnés, va mettre en oeuvre l'extermination des juifs au camp d'Auschwitz sans jamais être troublé par son "travail", peu de choses le troublent sauf à la fin la trahison de son chef...



L' Allemagne de l'entre deux guerre et la montée du nazisme sont parfaitement racontées. J'ai été totalement effarée par ce personnage froid, distant, violent qui est tout autant ce petit garçon terrorisé par son père. Sa perversion tient dans la jouissance de la bonne exécution des ordres ! Quand ce genre d'individu rencontre un chef mythomane et manipulateur on obtient cet sorte de monstre qu'est Hoess.



Excellent roman sur le fond et la forme qui m'a accaparé de la première à la dernière ligne.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Malevil

Avant l'apocalypse, il y avait une vie normale, celle d'un paisible village du sud-ouest de la France avec son quotidien, ses habitants, la prochaine échéance des élections municipales de 1977.

Et puis, alors qu'Emmanuel Comte a rassemblé quelques amis autour d'un verre dans sa cave, le cataclysme attendu se produit.

Attendu car l'auteur entame son récit par le rappel de scènes de la vie d'avant, qui permettent de mieux cerner le décor et les personnages.

On entre ensuite de plein fouet dans le récit post-apocalyptique lui-même et, au-delà des conséquences immédiates de la destruction du monde, on voit poindre, petit à petit, les travers humains qui ont émaillé l'Histoire de l'humanité.

Ainsi de la manière d'organiser la survie, des tentatives de réinstaurer quelques repères de civilisation ou de dominer le groupe.

Au-delà de la désolation résultant de la bombe, l'auteur nous livre un récit des turpitudes humaines, des régimes qui se remettent en place, de la démocratie des premiers temps à la dictature ou à la loi du plus fort.

C'est un roman particulièrement prenant, qui relate parfaitement la vie du terroir et de ce qu'on appelait le monde paysan, et qui recèle beaucoup d'espoir.

Même si techniquement, certains points semblent peu vraisemblables, cela n'entame en rien l'intérêt de l'œuvre.

Par ailleurs, le contrepoint créé entre le récit principal d'Emmanuel et les notes de Thomas apportent au lecteur une sorte de vue en trois dimensions qui donne d'autant plus de relief au roman.

Un excellent livre qui se dévore tant les péripéties qui émaillent les chapitres incitent à vouloir connaître la suite.
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Week-end à Zuydcoote

Robert Merle a reçu le prix Goncourt en 1949 pour son premier roman Week end à Zuydcoote.



Le récit se déroule sur le temps restreint d’un week-end, quatre chapitres correspondant à quatre demi-journées, à Zuydcoote, commune française du département du Nord, bordée par la mer du Nord, au cours de l’Opération Dynamo, sans qu’elle soit jamais nommée et décrivant notamment, sur le samedi après-midi, le bombardement d’un navire qui s’inspire également de faits réels.



Historiquement, du 26 mai au 4 juin 1940, en raison de l’avancée rapide des forces militaires allemandes, les troupes anglaises, ainsi que des divisions françaises et belges se trouvent encerclées. La retraite est organisée en urgence vers le Royaume-Uni avec des rembarquements dans une zone de conflits aériens et terrestres. Si 338 000 hommes seront rembarqués, 35 000 soldats, majoritairement français, seront capturés et d’autres trouveront la mort. Durant cette opération, un bateau « Le Crested Eagle » sera bombardé, avec un bilan de 300 morts. L’épave est toujours visible sur la plage de Zuydcoote.



Durant deux jours, on suit Julien Maillat, soldat français, parlant bien anglais, dans ses rencontres et dans son lien à trois autres soldats très différents, mais que la guerre a rapprochés. C’est oppressant, car l’échappatoire recherchée n’existe pas. C’est violent, comme toute guerre, avec ses morts, ses viols, ses pillages. C’est intense, car ce qu’on a, à un moment donné, peut ne plus exister quelques heures plus tard.



Robert Merle a vécu cette période et ces événements. Cette première découverte de cet auteur me donne envie de poursuivre, même si ce n’est pas immédiatement par « La mort est mon métier », sur un autre pan de la deuxième guerre mondiale.

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Week-end à Zuydcoote

Je connaissais très peu Robert Merle à part Malevil, et quelle merveilleuse surprise que ce livre célèbre par son titre et ses adaptations au cinéma, qui nous fait traverser ces deux jours de défaite avec un homme perdu, qui essaye de survivre, la mort et la destruction tout autour, avec comme seul espoir d'être fait prisonnier.

Chaque rencontre, chaque événement positif sont un petit plaisir d'être en vie (la bienveillance d'un soldat anglais, le sourire d'une jeune fille, une bombe qui vous épargne, le goût du pain frais, la bouteille de whisky partagée...), puis quand l'horreur le rattrape, l'état second et l'émotion du héros sont décrits avec la justesse de celui qui a vécu ces drames...

Quelques faits, un lieu réduit (quelques centaines de mètres), un temps court sur 2 jours (Le temps de lecture) et un style tout en dialogues, émaillé de quelques ressentis personnels, un livre attachant et qui laisse un poids sur la poitrine : la guerre est vraiment inhumaine !
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La Mort est mon métier

Tuer est devenue une entreprise servie par un « patriote » zélé, élevé dans le respect de l’autorité civile ou religieuse, qui ne se pose pas de question. Lui, son rôle est d’augmenter la cadence d’extermination en résolvant les problèmes « techniques ». Comme toute entreprise, il s’agit de limiter les déplacements de la « marchandise » entre le point de livraison et les « ateliers », de ne pas trop stocker, d’utiliser les moyens permettant le traitement en masse, de rassurer ceux qui travaillent, ceux qui transitent et les riverains, …

Si tout ceci n’avait pas existé, j’aurais très vite jeté ce roman que j’aurais considéré comme provenant d’un auteur névrosé, malsain dont le seul but serait d’écœurer le lecteur… oui mais …

On verra dans ce roman un témoignage historique mais aussi, sans atteindre ce niveau d’horreur, une illustration de ce qu’un homme peut faire en fonction de son éducation, des relations qu’il a pu avoir avec les autres depuis son enfance, de l’organisation dans laquelle on le fait évoluer.

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L'île

Fin 18e, sur un voilier anglais parti vers Tahiti éclate une mutinerie. Pour éviter la pendaison, l'équipage, en compagnie de quelque tahitiens et thaitiennes vont tenter de survivre sur une petite île inconnue.



Racisme, égoïsme, fierté, choc des cultures, vont se confronter à l'éthique déontologique de l'idéaliste lieutenant Purcell.



Du début à la fin, Robert Merle maintient un suspense, une intensité dramatique incroyable!

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Malevil

Bienvenue en Périgord - son terroir savoureux, ses petits villages pleins de charme... et ses châteaux. Malevil n'est pas le plus typique d'entre eux, construit il y a bien des siècles par des Anglais résolus à rester établis dans le pays, mais il est aussi solide qu'un roc, bien à l'abri de sa falaise, un abri parfait pour défier le passage du temps et des guerres.

Un petit groupe de compagnons est en train de mettre du vin en bouteille dans l'antique cave voûtée du domaine lorsque le cataclysme s'abat. Guerre atomique totale, imprévue, dont on ignore l'origine mais qui en quelques secondes anéantit toute vie à la surface du monde.

Une fois passés les premiers moments de stupeur et de désolation, il faut s'organiser pour survivre. Après tout, l'essentiel est à portée de main : un refuge sûr, des réserves de nourriture, de grain et de matériaux de première nécessité, quelques bêtes et un chef résolu à faire surmonter à ses amis le deuil de leurs familles. Mais survivre pour quoi, si l'unique femme qui reste est trop vieille pour se reproduire ? Si la première pluie peut être radioactive, et apporter la mort plus sûrement que la vie ? Si personne d'autre n'a survécu ?



A ce roman, les esprits chagrins pourraient reprocher une certaine facilité : un peu trop miraculeusement, tout est réuni dans ce vaisseau de pierre pour que la vie y reprenne. Ressources et compétences, puisque les survivants sont paysans, artisans, avec un scientifique en prime - et non un ramassis de citadins manchots qui passerait bien vite l'arme à gauche faute de savoir se débrouiller.

Toutefois, l'intention de l'auteur est moins le réalisme de la situation de base - encore qu'il sache la rendre tout à fait crédible - que ses implications, ses conséquences : comment la vie va pouvoir reprendre à partir de ce petit concentré d'humanité, dans un monde où la destruction implique aussi le renouveau.

Adaptation sociale, adaptation psychologique et même affective à ce nouvel état de survie : cette histoire est pleine de questions intéressantes - mais aussi de rebondissements, de suspense et d'émotion, avec de beaux personnages et un amour de la vie qui affleure à chaque page. Tout ceci forme un très beau roman, qui se dévore d'un bout à l'autre avec autant de plaisir que de curiosité.
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Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

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à Zuydcoote'
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