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Critiques de Robert Merle (1108)
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Malevil

Malevil ou le bon sens paysan, Le post apo du terroir.



Quatre copains d'enfance dans la campagne du Périgord raconté par Emmanuel, l'ex directeur d'école du village de 400 âmes, devenu patron d'une exploitation agricole florissante. Une personnalité ambigüe : humaniste mais cynique et manipulateur.

Sa maitresse de maison, une vielle femme appelé La Menou, une "vieille coriace, elle ne manque pas de cœur, même s’il faut le trouver sous plusieurs épaisseurs d’écorce." et son fils Momo, un grand dadais de 49 ans qui n'a pas la lumière à tous les étages et s'exprimant en patois simplet "Mébouemalabé oneieu ! Emebalo !" (Mais foutez-moi la paix, nom de Dieu. J’aime pas l’eau !)

Le camarade Meyssonnier, celui qui a sa carte du Parti, toujours à fustiger les attitudes capitalistes et lorgnant de son oeil mauvais tout ce qui touche à la religion. Appelé malgré son étiquette à faire de grandes choses.

Peyssou, le campagnard typique, celui qui fait plutôt que tergiverser.

Colin, le malingre toujours à vouloir prouver sa force, mais oubliant qu'elle réside dans son astuce.

Et Thomas, le géologue parisien, "un peu raide, un peu gauche encore, en homme de la ville qui n’a pas encore le geste bien rond, ni assez prompte, l’insulte amicale."

Il y a aussi les quelques autres qui apparaitront et disparaitront au fil des pages.

Je vous parle longuement des personnages car c'est l'une des forces de ce texte. Toujours bien brossés, tout en nuance, jamais tout blanc ni tout noir, mais au final pas tout à fait gris non plus. Des psychologies complexes que l'on découvre peu à peu.

La Menou, avec son franc parler m'a fait passer de très bon moment, toujours avec ses bons mots, parfois médisants.

Robert Merle prend son temps, le temps qu'il faut, pour dresser sa géographie, ses protagonistes, leurs histoires. Le quotidien dans toute sa banalité. Et puis, lors d'une réunion informelle dans une cave du château de Malevil en dégustant un bon verre de vin : BOUM



L'originalité de ce roman, c’est d'avoir ancré son histoire dans le terroir, loin des décideurs de la Capitale. Pourquoi la catastrophe ? Qu'en est-il du reste du monde ? Des questions qui n'intéressent pas Robert Merle. Son credo serait plus une étude de psychologie sociale de quelques individus placés dans un environnement critique. Comme toujours, c'est dans les situations extrêmes que les gens révèlent leurs vrais visages, et ici, le lecteur est servi. Nous suivons donc leur tentative de se créer un petit havre de paix malgré l’événement dramatique. Relations sociales, survie, vie politique, religion et tensions dramatiques bercent le lecteur tout au long du récit. Sans oublier les relations hommes femmes.

La place de la femme dans le récit, cela fait parfois tiqué, le lecteur se demande : Merle misogyne ? Non, j'y vois plutôt la continuation de l'ancrage campagnard du roman dans ces années 1970 : la femme au fourneau, les hommes au bistrots, les nouvels moeurs du 68 parisien ne sont pas encore arrivée dans le peroçgord ? Les lignes sur la description de leur corps, (loin du dictat de la maigreur, nous sommes en campagne ! ) et leur rôle au final assez fort, je pense ne pas me tromper. Notamment en poursuivant la lecture, Merle propose d'autre moeurs plus à mêmes de régir ce nouveau monde : amour libre, prêtrise qui peut avoir une copine, utopie communautaire... Il faut savoir s'adapter si l'on veut survivre.



Un roman post apocalyptique du terroir qui fait la part belle aux hommes. Les pages s'animent et surviennent les images des mots. Le tout est servi par une belle plume qui nous fait vivre au plus près cette campagne oubliée. Bref, je vivais pleinement avec les personnages. Et une fin ouverte pour laisser le lecteur décider de la suite des événements.
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Le Jour ne se lève pas pour nous

L'auteur crée un médecin de bord narrateur sur un sous-marin nucléaire.

Il nous propose de découvrir ce mode de vie.

De manières très vivantes et très personnelles , l'auteur aborde tous les aspects de la vie du bord



Les difficultés ne sont pas superficiellement examinées et elles sont souvent vues selon un contexte plus large du plus grand intérêt.

Vie en milieu Confiné dans un cadre hyper exigent , sous-marins nucléaires et dissuasion , ce sont les thèmes évoqués ici dans ce texte nuancé.



Pour conclure , il est possible aujourd'hui de visiter un navire de ce type .Le redoutable, à la cite de la mer à Cherbourg .

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La Mort est mon métier



La mort est mon métier de Robert Merle



Ah! quel métier!!

Robert Merle, dès 1952, retrace la vie de Rudolf Hoess ""Rudolf Lang dans le livre ""à partir d'éléments recueillis après la guerre par un psychologue américain lors du procès de Nuremberg.

Cela nous donne des précisions sur ce qui c'est passé dans le camp de concentration de d'Auschwitz-Birkenau.

Ce livre est un peu long sur le début .

Normal il retrace la vie de Rudolf Hoess de sa jeunesse difficile dans sa famille patriarcale à l'extrème qui a formé sa personnalité .

Ce que Robert Merle tente de nous expliquer ,c'est que Hoess à force d'obéir de force , considère que l'obéissance aux autorités supérieure à ses chefs est une qualité première .

Après avoir combattu pendant la 1er guerre mondiale à l'age de 16 ans, il est affilié au parti nazi dès 1922,

il entre dans la SS en juin 1934, et commence sa carrière au sein du système concentrationnaire nazi en novembre de la même année.

Il est commandant des camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, du 1er mai 1940 au 1er décembre 1943, puis de nouveau entre mai et septembre 1944.

Nazi convaincu, il fait preuve non seulement d’une totale obéissance aux ordres d’Heinrich Himmler concernant l’extermination des juifs, mais aussi d’initiatives, afin d’augmenter les capacités exterminatrices d’Auschwitz,

notamment en utilisant le Zyklon B dans un ensemble de chambres à gaz.

Ce que moi j'en déduit : c'est qu'il a été le plus grands Sérial Killer du monde !

cette ténacité qu'il avait de mettre au point un système de machine à tuer ,etait immonde .

Il a été responsable de la mort de 1,13 million de Juifs.

Merle nous glace le sang à chaque page par l'ingénuité de Höess qui bricole à coup d'intuitions, des chambres à gaz et des fours crématoire pour avoir un ""rendement "" maximum.

Je ne lui accorde aucune excuses .

Ce n'est pas parceque tu reçois des baffes par ton père ,qui te donne le droit de devenir un tueur et de plus à grande échelle. Malheureusement c'est le cas .

Qui n'a pas reçu de raclées par le père?

Au total ce roman, sans rien excuser de ses actes abominables, décrit la vie tragique d'un homme qui, sans haine mais par simple devoir, va se faire l'organisateur du crime le plus monstrueux de l'histoire.

(Freud aurait du le psychanaliser ,

c'était un "fou " qui vivait sa vie de famille tranquille avec sa femme et ses trois enfants ).

Mais moi ,dans ce livre , je découvre que tous ceux qui obéissaient étaient pareils a Rudolf Hoess!

du simple gars ss qui actionnait les interrupteurs d'entrée de gaz, aux autres qui tiraient dans la tête des pauvres gens des camps juste pour s'amuser ! Ce n'étaient pas des militaires mais des assassins .

La guerre c'est une merde si tous les hommes pouvaient faire un autodaté de tous leurs armes !....mais là je rëve

d'un autre monde comme dis bien la chanson de Téléphone.

Rudolf Höss est arrêté par les troupes britanniques le 11 mars 1946, condamné à mort, et exécuté par pendaison le 16 avril 1947 sur le lieu même de ses crimes.



Bon je ne voulais pas lire ce livre ! mais j'ai voulu savoir !!

comme je saurais un jour pourquoi des Français dénoncaient des juifs ! et la rafle du Val d'hiv!

Ben merde alors je vais lire une BD de Achille Talon!!!



Fabiolino
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La Mort est mon métier

Cela faisait quelques temps déjà que je voulais découvrir Robert Merle, j’avais d’ailleurs repéré son « Malevil » qui attend toujours dans ma PAL. Mais « La mort est mon métier » s’est finalement invité en premier, l’occasion d’échanger avec mon fils qui a fait cette lecture en janvier pour ses cours.



Et bien je peux dire que j’apprécie la plume de l’auteur car, malgré la difficulté du sujet, j’ai dévoré les 400 pages en une semaine.



Sujet difficile car jamais simple de s’immerger dans l’Histoire des camps de concentration de la seconde guerre mondiale.



Ici l’auteur nous retrace le parcours de Rudolf Höss - Rudolf Lang dans le roman - ancien commandant du camp d’Auschwitz.



La préface de R. Merle est intéressante car il explique entre autre qu’il s’est principalement appuyé sur les rapports de G. Gilbert, un psychologue américain, qui a pu s’entretenir avec ce haut gradé nazi avant son exécution.



« Il y a une différence entre coucher sur le papier ses souvenirs en les arrangeant et être interrogé par un psychologue… » Préface



C’est que Lang/Höss a une personnalité complexe. Une enfance difficile, traumatisante même, où il présente déjà des troubles qui vont façonner sa personnalité. L’éducation très stricte, quasi militaire de son père, le conduit à réprimer ses émotions et à adopter une attitude de soumission. On le découvre peu sociable, avec un grand besoin de cadre, de règles et de rituels pour dérouler sa journée et ne pas faire de « crises ».

La discipline de l’armée ne pouvait que lui convenir, et, conforté par son fort sentiment nationaliste, davantage encore son adhésion pleine et entière à la philosophie nazie.



Et les hauts dirigeants nazis l’ont d’ailleurs bien compris en lui confiant la mise en oeuvre de leur monstrueuse « solution finale ».



« - Je vous ai choisi, vous, à cause de votre talent d’organisateur…

Il bougea légèrement dans l’ombre et articula avec netteté :

…et de vos rares qualités de conscience. » P274



Pour sûr, le bon profil pour obéir aussi aveuglément à de tels ordres. On voit au fil des pages que la soumission au chef est un refuge pour lui, une ligne de conduite qui le rassure et l’apaise. Inutile de se poser de questions, du point de vue moral j’entends, tout est simple : le chef a ordonné ; il suffit d’obéir.



« Il ne m’est jamais venu à l’idée de désobéir aux ordres. » P412



Et c’est par sa narration que l’on voit comment ces camps d’exterminations ont été progressivement élaborés, les difficultés rencontrées et les solutions envisagées. Des horreurs décrites froidement, avec un oeil pragmatique, déshumanisé. Il ne parle d’ailleurs pas d’humains, mais d’unités.



« -En fait, reprit-il, tuer n’est rien. C’est enterrer qui prend du temps. » P319



Une lecture difficile par son contenu, pas simple pour mon fils d’en mesurer vraiment l’horreur et surtout sa réalité. Cela parait tellement impensable que des humains organisent de telles choses…



En faisant quelques recherches sur le net (dont des photographies des protagonistes pour donner plus de réalité à ce récit à mon fils), je suis tombée sur cette citation de Gustave Gilbert, le psychologue :



« Höss donne l'impression générale d'un homme intellectuellement normal, mais avec une apathie de schizophrène, une insensibilité et un manque d'énergie que l'on ne pourrait guère trouver plus développés chez un franc psychopathe ».



Robert Merle le dépeint tel quel dans son livre.

Je ne suis pas prête d’oublier ce récit, ni ce bourreau.



Un livre d’Histoire incontournable, c’est certain.
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L'île

Lire ou relire Robert Merle et puis mourir…

Le faire comme on réaliserait un souhait ultime, poser la dernière pierre d'un édifice, ou faire le dernier pas qui mène à destination. Et comme à chaque fois que je repose l'un de ses romans, il me vient cette sensation qu'il sera difficile de trouver grâce à la prochaine lecture. Voici donc le génie de cet oiseau moqueur, malin, beau et fort tourmenteur.



Nous embarquons avec lui à bord d'une frégate anglaise sillonnant les eaux polynésiennes à la fin du dix-huitième siècle. Et ce voyage devient - comme tous les voyages auxquels nous convie l'auteur - une passionnante découverte des tréfonds pitoyables de l'âme humaine et de ses tourments.

Quel plaisir ressenti lors de cette lecture, et quelle démonstration magistrale à chaque page !

Ce livre est déconcertant par l'habileté de l'auteur à peler l'âme humaine tel un oignon ; et vas-y que j'te découvre cette fureur cachée sous ce bel uniforme, et celle-ci à peine dissimulée sous un tricot rayé. N'avions nous pas vu cette jolie noirceur bien cachée sous cet air impassible et naïf ou encore cette force brutale et ces dents carnassières derrière ce joli minois ? Et quant à celui-là qui se croyait valeureux, humaniste et pur, n'a-t-il pas habilement dissimulé – quasiment à son insu - sous de bonnes couches d'humanité et de piété un autre défaut ?



Le sujet est connu : Sous les tropiques, au beau milieu du vaste océan Pacifique – qui n'a de pacifique que le nom - un équipage se rend coupable de mutinerie après avoir liquidé son odieux capitaine.

Officiers et matelots aborderont à Tahiti et décideront de tenter leur chance afin de gagner une petite île, présumée, absente des cartes et, selon les dires, peu hospitalière.

La chance sourira aux 9 audacieux marins accompagnés dans leur aventure par 6 Tahitiens et 12 vahinés, mais alors qu'ils tentent de reconstruire une société ce petit monde va se déchirer et s'affronter sous les tirs croisés de l'intolérance et du racisme, mais aussi ceux de la discrimination, de l'exclusion et des violences verbales ou physiques.



Comme à chaque fois avec Merle, les humanités sont dévoyées, le doute sourd entre chaque ligne, la réflexion est partout et sur tout. Et à la fin, on a droit à une extra ball comme lorsque la partie dure et qu'on l'a bien mérité !



Un livre à emporter sur une île déserte, assurément.
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La Mort est mon métier

Difficile d'écrire un avis sur un sujet aussi sensible. Je dirai simplement que c'est admirablement bien écrit. C'était la première fois que je lisais Robert Merle, et j'ai aimé son style. D'autant plus que le sujet était fort bien documenté. J'ai cependant un petit bémol pour la première partie qui nous raconte l'histoire depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte du personnage principal. J'ai trouvé cette partie ''trop longue'' par rapport à la deuxième partie qui narre le commandement de ce camp abominable d’Auschwitz et la création de la chambre à gaz. C'était poignant... et d'autant plus troublant qu'on nous le raconte à partir du point de vue des Allemands. Une lecture brise coeur, mais qui est nécessaire pour le souvenir... et surtout pour ne jamais reproduire.
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Week-end à Zuydcoote

A Dunkerque, c'est la débâcle en ce mois de juin 1940... au moment où les files de militaires anglais s'accumulent sur la plage pour être rapatriés par leur armée, un groupe de soldats français tente de survivre et d'échapper aux tirs de l'armée allemande. Quatre soldats au profil différent, qui ne se seraient peut-être pas fréquentés dans la vie civile, entre le prêtre et le combinard, le désabusé un peu amer et le brave type qui pense à sa femme mais qui fantasme sur le moindre jupon.

Au fur et à mesure des situations et des rencontres, c'est la réalité au jour le jour que Robert Merle décrit, le temps d'un weekend, une réalité où chacun essaye de trouver des solutions pour survivre - s'abriter, se nourrir, croire encore à la liberté, garder confiance en l'homme, une réalité qui montre le spectacle de cette humanité confrontée aux situations les plus extrêmes, certains comme les médecins du sanatorium préservant les vies, d'autres se livrant à des exactions, viol, vol, pillages ou se livrant au marché noir.

En alternant moments de calme et de peur, Robert Merle pousse ses personnages et notamment Maillat, un peu dilettante, dans des sentiments extrêmes.Les nombreux dialogues permettent de cerner les personnages et de rendre vivantes les rencontres et ressentir la violence - les personnages sont livrés à eux-mêmes et agissent selon leur personnalité révélant le meilleur comme le pire, évoluant tantôt sous les tirs de l'aviation allemande, tantôt déambulant dans les petites rues où s'alignent les villas cossues...Une alternance de situations qui perturbent Maillat, qui devient le témoin philosophe, entre humour pour mieux se jouer de la réalité et désespoir pour mieux rebondir, qui tente de comprendre et d'affronter l'absurdité de la guerre mais se comportera lui aussi violemment.

Ce premier roman de Robert Merle a été porté à l'écran très fidèlement par Henri Verneuil, impossible d'oublier Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle ou Pierre Mondy qui y tiennent les rôles principaux.
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La Mort est mon métier

Tout l' univers de Rudolf Lang bascule quand il apprend en 1945 le suicide d'Himmler, la fuite de son chef devant ses responsabilités, son chef à qui il avait obéi aveuglément pour l'honneur de l'Allemagne.



Extraordinaire Robert Merle!



J'ai été littéralement pétrifié dès les premières lignes, on s'identifie tellement à ce personnage écrasé par un père à moitié fou. Repéré par les SS pour ses talents d'organisateur et ses rares qualités de conscience il quitte la ferme où il vivotait et monte rapidement les échelons dans la hiérarchie du camp de rééducation d'Auschwitz.



Avait-il le choix en 1940 ,après s'être vu refuser sa mutation au front russe, de ne pas obéir aux ordres d'établir un plan permettant l'élimination journalière de 3000 puis 10000 unités?

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Malevil

Malevil est un roman post-apocalypse des années 70 et on peut dire que c'est une franche réussite !! Par son style ,l'auteur insuffle au roman une atmosphère particulière ,que je ne retrouve plus dans les romans récents et c'est bien dommage. Après l'apocalypse, c'est donc le temps de la survie pour Emmanuel et ses quelques compagnons . J'ai été surprise de tant de sang froid et de raisonnement ,l'émotion est souvent cachée ,les décisions collectives ...Le groupe va être confronter à la convoitise ,au pouvoir tyrannique et toujours ils seront soudés et réfléchiront intelligemment . Et chaque fois ,on se demande si l'on aurait réagit comme eux , une belle leçon !
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La Mort est mon métier

Ce livre est dérangeant, vraiment dérangeant. Parce Rudolf Lang n'est pas un fanatique nazi persuadé d'avoir raison dans sa folie exterminatrice, ni un barbare qui se délecte de la mort de millions d'hommes. Non, en fait, Rudolf Lang ne fait qu'obéir aveuglément aux ordres, aussi inhumains et inconcevables soient-ils. Voila ce qui dérange: l'idée qu'un homme puisse être aussi totalement privé de libre arbitre su simple fait de son éducation et que cela l'amène à entrainer la mort de millions de gens innocents. Ce qui dérange c'est de voir que l'organisation nazie reposait majoritairement sur ce type d'homme, qui avaient grandi dans l'idée du respect de l'autorité et qui étaient incapables de s'y opposer. Rudolf Lang a tenu bon jusqu'au bout dans son entêtement incompréhensible à honorer les décisions de ses supérieurs, il n'a même pas tenter de s'esquiver pour sauver sa peau, il s'est lui-même passé la corde au cou en énonçant froidement les chiffres.

Ce qui m'a marqué dans ce livre, c'est la scène où Auschwitz commence seulement à devenir un camp d'extermination et où ils testent les moyens d'exterminer le plus de Juifs en un minimum de temps. Ces calculs font froid dans le dos, surtout quand ils sont décrits avec la plume implacable de Robert Merle. le plus horrible moment je crois, c'est quand ils font les premiers essais avec le pot d'échappement du camion stationné derrière le baraquement. Et la scène qui s'en suit, quand ils décrivent l'état des corps asphyxiés par les gaz. J'en ai encore des hauts le coeur alors que j'ai lu ce livre il y a plus de deux ans. de même pour les scènes de réunion de famille, où l'homme qui vient d'assassiner des centaines de milliers d'innocents déguste son repas avec ceux qui lui sont proches sans avoir le moindre cas de conscience.

Quand on prend conscience que ce type de gens existe vraiment, et qu'ils existent peut-être toujours, on est en droit d'avoir peur. Ce livre fait partie de ceux qu'on oublie pas.
Lien : https://theunamedbookshelf.w..
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La Mort est mon métier

Rudolf Lang apprend à treize ans que son destin est tout tracé : il entrera dans les ordres pour expier les fautes paternelles. A la mort de son père en 1914, le jeune garçon se libère de cette volonté et oeuvre pour partir au front. Il deviendra finalement soldat en 1916, dès seize ans. Dès lors, sa vie sera intimement liée au sentiment patriotique.

Voici un roman-documentaire choc. Même si on estime avoir lu de nombreux ouvrages sur le nazisme, celui-ci offre un éclairage particulier. Robert Merle prend l'exemple de Rudolf Hoess (qui a réellement existé) pour montrer comment les idéaux nazis ont pu s'enkyster chez un individu - mais pas n'importe quel individu - et faire de lui un monstre. Rudolf a été élevé par un père tyrannique, impitoyable, obsédé par la religion et le péché. Croyant échapper à l'emprise paternelle, le jeune homme se "libère" en rejoignant l'armée, où il subit de fait d'autres tyrannies : celle de la hiérarchie, mais aussi celle de l'extrême rigueur qu'il s'impose lui-même. Nous suivons le cheminement de cet homme froid, ce "petit fonctionnaire calme et scrupuleux" (p. 369), capable du meilleur et du pire, qui éprouve plus de plaisir en cirant ses bottes qu'entre les bras d'une femme... Le fait que son sens de la discipline occulte tout sentiment, toute faculté de jugement est terrifiant : "Je n'ai pas à m'occuper de ce que je pense. Mon devoir est d'obéir." (p. 363). Le sadisme semble étrangement absent de ses actes, ceux-ci sont dictés par un effroyable souci d'ordre et d'obéissance envers un idéal... Ce récit a de quoi bouleverser bien des idées préconçues. Il est évidemment dur, parfois insoutenable, puisque Rudolf Lang fut un rouage important du monstrueux mécanisme d'élimination des Juifs...



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La Mort est mon métier

Très intéressée par la Seconde Guerre Mondiale, ce livre s'est vite retrouvé entre mes mains. En effet, j'étais intriguée de lire un livre sur la Shoah du point de vue d'un officier SS. Mais ce n'est pas n'importe quel SS, il s'agit de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz.



Cette lecture fut déroutante car je me suis pris d'affection pour le jeune Rudolf qui suit des règles rigides et dont le père veut en faire un ecclésiastique. Puis viens l'adolescence, Rudolf s'engage et devient un dragon. Finalement, désillusionné, il devient un monstre qui causera des millions de morts.



Le point de vue de Monsieur Merle sur la déshumanisation est intéressante. Toutefois, je ne partage pas son point de vue. En effet, je pense qu'il ne faut pas en faire une généralité. Plusieurs SS étaient conscients de leurs actes, l'antisémitisme étant très présent à cette époque.



En conclusion, ce fut une excellente lecture. Pour toutes les personnes intéressées au sujet de la Shoah et du fonctionnement des camps d'extermination, ce livre est un passage obligé.

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Week-end à Zuydcoote

Alors que j'ai vu le film Week-End à Zuydcoote des dizaines de fois, je n'ai jamais pris le temps de lire le roman dont il est l'adaptation. Un oubli réparé aujourd'hui.

Au cours de la lecture j'ai pu mesurer combien le film devait au livre, mais aussi combien les acteurs collent à leur personnage.

Le groupe qui se constitue à Zuydcoote, sous la houlette de Alexandre, est composé de Maillat, Pierson, Dhéry, des personnages qui ne se seraient jamais rencontrés. Autour d'une roulotte qui sert de camp de base, approvisionnées en victuailles et boissons "cantinées", ils reconstituent un groupe hétéroclite dans lequel au sens propre et au figuré chacun a une place bien précise. De nouvelles habitudes s'installent, donnant le change pour quelques jours et permettant d'oublier la guerre et la situation catastrophique de l'armée française. Ils y confrontent leurs points de vue sur leur vie d'avant, leur vie future et la guerre.

On voit se dessiner alors ce que sera la société française sous l'occupation.

Maillat est décidé à embarquer pour l'Angleterre. Dhéry veut tenter la collusion et les affaires avec l'occupant. Pierson, le prêtre ne veut rien révéler de ce que serait son sacerdoce dans une France occupée. Alexandre rêve de s'échapper vers son midi natal.

Ces rêves dérisoires face aux obus de 77 qui tombent au hasard leur permettent de vivre ce qui sera peut être leurs dernières journées, et c'est derrière les gestes du quotidien, corvées d'eau, popote, vaisselle, ouverture des boites de singe qu'ils cherchent à oublier.

Le seul à échapper à la pression du groupe est Maillat, anglophone, il cherche désespérément à embarquer sollicitant les soldats anglais pour lui permettre de se fondre parmi eux. Dans ses pérégrinations il va se trouver confronté à l'absurdité de la guerre et à la lâcheté des hommes profitant de la confusion pour s'affranchir des règles morales. C'est ainsi qu'il rencontre le chauffeur de taxi parisien Virrel, et Jeanne décidée à rester dans sa maison malgré la disparition de ses grands-parents et les pillards qui s'en prennent à elle.

Un roman de référence sur la guerre, la période trouble de la défaite française, le drame de la poche de Dunkerque, et les prémices de l'occupation et de l collaboration.

A lire


Lien : https://camalonga.wordpress...
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La Mort est mon métier

Si un livre m'a glacé le sang, c'est bien celui-ci



Ecrire un livre sur les atrocités de cette période n'est pas chose facile. Mais écrire un livre du côté des bourreaux, à la première personne de plus ; j'en suis resté impressionné par le talent de Robert Merle d'avoir écrit ce livre. Lire ce roman en partie historique, en connaissant déjà la fin monstrueuse, est très difficile mais cela ne m'a pas empêché de le lire en un peu plus d'une journée. Dès le départ, certains caractères particuliers germent en ce personnage ; l'obéissance, la docilité, l'aveuglement. Rien n'est épargné pour souligner la "banalité du mal" de Rudolf Lang, alias Rudolf Höß. La découverte d'un homme qui ne suit que les ordres, pense seulement au bien de sa nation et remet toute la responsabilité sur son supérieur direct, il n'y a rien de plus terrible. L'anéantissement d'un peuple entier ressemble dès lors à un "problème administratif" où tout se calcule, se compte et où les idées les plus diaboliques sont à prendre



Les interprétations sont diverses, mais ces livres comme "Eichmann à Jérusalem" de Hannah Arendt ou encore les procès après-guerre nous enseignent que désormais, suivre des ordres n'est pas une justification pour les tyrans, même si cela n'aurait jamais dû être le cas



Il me faut encore poursuivre sur cette voie, mais j'avoue que cela demande un effort de se plonger dans cette partie de notre histoire humaine, surtout que je fais de nombreuses recherches en parallèle
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La Mort est mon métier

Robert Merle nous présente une période d'histoire abominable : celle du génocide des juifs, mais surtout grâce aux entretiens du Psychologue US Gilbert lors des interrogatoires à Nuremberg il retrace le parcours de Rudolf Hoess qui, comme des milliers d'autres allemands après la défaite de14/18 ont du accepter des boulots précaires, le chômage...pour se faire cueillir par la "machine" nazi !

Rudolf devait être prêtre pour " racheter" les fautes de son père : un catholique autoritaire et méprisant à son égard...et, au décès de ce dernier, ayant refusé cette clause héréditaire imposée, il part s'engager dans le corps des dragons mais il sera démobilisé et sera obligé de se chercher un travail qui ne lui convient pas .

Il est anxieux, antisocial, rebelle : c'est un "poisson froid" qui va avoir du mal à s'intégrer avec ses camarades et, suite à une bagarre : il fera de la prison puis cherchera un emploi car le chômage et la misère font rage en ces temps de chaos post guerre..

Et, peu à peu il va succomber aux sirènes d'un nouveau parti qui va le conduire au fil des années vers une carrière militaire au service des méfaits, crimes de l'idéologie faciste.

Homme de devoir, de méthode, d'organisation, fiable et fidèle il va gravir tous les échelons pour arriver à être le commandant en chef du camp d'Auschwitz et là, Robert Merle avec finesse, style et pudeur nous décrit toutes les horreurs qui ont été perpétrées pour exterminer dans un souci de rentabilité, d'efficacité 5 millions de juifs ! Rudolf a mis son sens de l'organisation, son zèle et sa vie au service de la grandeur de l'Allemagne !

A tel point que, même au procès Rudolf n'a pas nié les faits et il a affirmé encore " avoir obéi " et "ne pas avoir de remords " !

Robert Merle pose le problème de l'humanisme, des dégâts des idéologies qui utilisent les hommes pour accomplir le pire ! Car, cette obéissance aveugle a poussé un peuple à en détruire un autre dans des conditions atroces et impensables ! Et, pourtant : il y a eu d'autres génocides moins médiatisés mais aussi graves ( le génocide arménien, celui des Hutus et Tutsis ...sans parler de ceux qui subrepticement se déroulent actuellement contre des populations qu'on veut anéantir ! ).

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La Mort est mon métier

5 étoiles sans hésiter pour ce grand grand classique, indispensable, nécessaire mais ô combien difficile à lire, à entendre, à réaliser.



Les pages sont lourdes tant elles regorgent de réalités, de scènes, de données chiffrées accablantes, qui donnent la nausée, la chair de poule.



Je termine cet opus, l'estomac noué, la gorge serrée.



Pourtant, je ne peux que vous conseiller de lire ces pages qui donnent un éclairage très précis, quasi clinique, sur une fâcheuse réalité : comment un homme ordinaire peut basculer dans l'horreur la plus totale, et commettre l'irréparable.

Il est certain que si vous êtes plus attirés par une lecture sucrée, détente en ce moment, il vaut mieux remettre cette lecture à plus tard.



Rudolf Lang (personnage inspiré de Rudolf Hoess), "une sacrée caboche de Bavarois", "un hareng mort", "tout à fait sans coeur" (comme il se décrit lui-même), cynique personnage "aux yeux froids", "déshumanisé" ... suit les ordres tombés de plus haut, fait son devoir à tout prix, désireux aveuglement de suivre les ordres et à qui "il n'est jamais venu à l'idée de désobéir aux ordres".

Himmler en personne lui confie la tâche de former un escadron de SS, puis celle abjecte d'exterminer le plus d'"inaptes" possibles, davantage qu'à Treblinka. Ce sont des ordres !

A plusieurs reprises, on perçoit des doutes, des tentatives de refus de la part de Rudolf, mais les ordres sont les ordres.



"Notre Führer Adolf Hitler avait défini une fois pour toutes l'honneur SS. Il avait fait de cette définition la devise de sa troupe d'élite : "Ton honneur", avait-il dit, "c'est ta fidélité". Désormais, par conséquent, tout était parfaitement simple et clair. On n'avait plus de cas de conscience à se poser. Il suffisait seulement d'être fidèle, c'est-à-dire d'obéir. Notre devoir, notre unique devoir était d'obéir. Et grâce à cette obéissance absolue, consentie dans le véritable esprit du Corps noir, nous étions sûrs de ne plus jamais nous tromper, d'être toujours dans le droit chemin, de servir inébranlablement, dans les bons et les mauvais jours, le principe éternel : L'Allemagne, l'Allemagne au-dessus de tout."



"- Mais c'est tout bonnement impossible !

[...]

- Mein Lieber, dit-il d'un air jovial et important, Napoléon a dit qu'"impossible" n'était pas un mot français. Depuis 34, nous essayons de prouver au monde que ce n'est pas un mot allemand."



Les chiffres ne me dérangent pas mais ceux relatifs à Auschwitz, aux Konzentrationslager, alors ceux-là, je les vomis (excusez-moi pour l'image !).

Les descriptions sont cliniques. Aucun détail n'est épargné au lecteur, les étapes nécessaires à l'élaboration de la meilleur technique, celles qui vont permettre tuer encore davantage sont disséquées, de même que celles qui visent extermination totale ... Rappelez moi, je vous ai dit que cette lecture n'était pas une lecture détente !

Pourtant, il faut les avoir lus ces détails, au moins une fois, pour ne pas oublier, pour essayer aussi de comprendre comment les SS ont pu basculer dans ces abjections les plus totales.

L'absurdité de la guerre n'échappe pas à la plume de Robert Merle. On retrouve le même désarroi des soldats qu'évoquer dans "Les Feux" quand la guerre s'arrête et qu'ils sont livrés à eux-mêmes, plus aucun ordre ne tombant d'en-haut, ne sachant que faire, ni comment agir. Des jeunes enrôlés que l'on s'empresse de destituer quand on n'a plus besoin d'eux.



Rien n'est suggéré dans cette oeuvre, la plume est excellente, sans concession aucune ...

C'est aussi ça la littérature, porter un regard sur les pages sombres de l'Histoire fait du bien quelque part, et aiguise notre perception et notre conscience, nous pousse à réfléchir.

Une oeuvre capitale.
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La Mort est mon métier

Il est ainsi des livres complexes, plaçant le lecteur en plein paradoxe : apprécier une très belle écriture mais pour un sujet des plus insoutenables.



Écrit à la première personne, le roman raconte la majeure partie de la vie de Rudolph Lang, l'homme qui deviendra le commandant du camp de concentration d'Auschwitz. Débutant en 1913, nous découvrons un jeune adolescent de 13 ans, grandissant dans une famille ultra-catholique et sous domination patriarcale. le père est l'incarnation pure de l'autorité suprême, intransigeant et omnipotent, violent et manipulateur. Il inculquera ainsi la discipline et l'obéissance à son fils, marqué comme au fer rouge.

Suite à un incident dans son école, au cours duquel un de ses camarades se casse la jambe, il choisit de confesser au prêtre de son établissement ce qu'il pense être de sa responsabilité, motivé par la crainte d'être réprimandé par son père. Malheureusement pour lui, ce qu'il voulait éviter se produit, et le traumatisme est tel qu'il tombe dans une forme de catatonie dépressive grave, à la suite de laquelle il reniera la foi chrétienne.



1914 marque le début de la 1ère guerre mondiale mais aussi pour Rudolph la mort de son père. A partir de ce moment, il n'aura qu'une obsession : rejoindre les combattants allemands et ce, en dépit de son jeune âge. Il finira par parvenir à ses fins et rejoindra l'unité des dragons de cavalerie. Là déjà, sa personnalité s'affirme : rigoureux, ferme et obéissant, dénué d'émotions. A sa démobilisation, il connaît la misère, le désoeuvrement et la frustration mais il découvre alors le parti national-socialiste d'Adolph Hitler. Intronisé au sein des SS par Himmler, il monte petit à petit les échelons, jusqu'à prendre la direction du camp d'Auschwitz pour y mettre en place une forme d'industrialisation de la mise à mort des détenus.



La mort est mon métier est un livre à la fois choquant et passionnant. Robert Merle fait là un grand travail d'analyse et de génèse en quelque sorte du parcours de Rudolph Lang (Hoess) en lien avec son développement personnel et psychique. Il n'y a là de la part de l'auteur aucune volonté d'expliquer voire d'excuser un comportement et des actions mais bien d'essayer de trouver des pistes pour comprendre comment un homme a pu en arriver là, à ce degré extrême de barbarie sans une once de regret ou de remords ?

J'ai eu le plus grand mal à considérer Rudolph Lang comme un homme ordinaire, porté à un très haut poste de responsabilité, avec pour seule explication sa capacité de soumission à l'autorité. Son absence totale d'humanité, à l'égard même de ses propres enfants, trouve pour moi d'autres origines pour compléter ce portrait glaçant, plus anciennes, plus primitives. Les derniers chapitres sont d'ailleurs effrayants de froids calculs sur l'organisation qu'il met en place pour répondre à la demande d'extermination d'êtres humains comme on traiterait de cafards ou de punaises, avec efficience…

La colère qu'il exprime (enfin une émotion!) à l'annonce de la mort d'Himmler résume par ailleurs son mode de pensée : il y a les donneurs d'ordres et les simples exécutants, et la responsabilité des actes incombent aux premiers. le Reichsfürher s'étant suicidé par ingestion d'une ampoule de cyanure, Rudolph se sent alors douloureusement trahi, abandonné par celui qu'il « respectait comme un père », comme une victime expiatoire. A lui revient de payer ce qui a été acté, douloureuse redite de son histoire avec son propre père...

A lire. Absolument.
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La Mort est mon métier

J'appréhendais la lecture de ce roman en raison de la gravité de son sujet et j'ai effectivement fait quelques cauchemars.

Avec "La mort est mon métier" publié en 1952 Robert Merle fait le choix d'une biographie romancée de Rudolf Hoess, officier de la SS qui a construit et dirigé le camp d'extermination d'Auschwitz. Ce criminel de guerre a une responsabilité de premier plan dans le génocide des juifs d'Europe. Il a été condamné à mort au procès de Nuremberg et c'est d'après les archives du procès que Robert Merle raconte à la première personne la vie de celui qu'il renomme Rudolf Lang.

C'était risqué après les témoignages poignants des victimes de la Shoah.

Pourtant il réussit à montrer comment un homme devient un monstre sans en avoir conscience.

Dès son enfance il est soumis à l'autorité paternelle. Terrorisé par ce dernier, il s'engage dans l'armée pour échapper à la prêtrise, devient ouvrier après la Première Guerre mondiale puis SA, fait de la prison pour meurtre. Obsédé par la grandeur de l'Allemagne, ce SS est incapable de désobéir à un ordre. Il pense que c'est son devoir et devient dangereux parce qu'il agit par conviction, pas par intérêt. Supprimer des millions de juifs, qu'il compte en unités, ne lui pose aucun problème de conscience. D'ailleurs, il conçoit lui-même la partie technique d'élimination des cadavres de la solution finale.

C'est un roman terrible, l'histoire d'un homme complètement déshumanisé. Je suis d'ailleurs incapable de choisir des extraits de ce livre tellement l'horreur est grande.

J'en suis encore bouleversée.







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Fortune de France, tome 1 : Fortune de France

J'ai un souvenir très vivant et souriant de l'orgie de "Fortune de France" qui m'a prise il y a une vingtaine d'année quand, en découvrant ce premier tome, j'ai enchaîné dans la foulée avec les dix suivants!

L'intérêt a fini certes par s'émousser, toujours est-il que la série reste encore sur mon podium des façons les plus agréables de découvrir un pan de l'histoire de France et en particulier dans cet opus un XVIème siècle incroyablement vivant, servi par des personnages hyper attachants et une langue délicieuse;

Que chacun se retire en sa chacunière s'il n'est pas de cet avis :-)
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Le Propre de l'homme

Un anthropologue récemment remarié cherche un sujet de livre. Toute la famille recomposée vit au Etats-Unis.

Au cours d'un diner, son voisin vétérinaire lui propose d'adopter une petite chimpanzée qui va bientôt naître. Elle sera, à la naissance séparée de sa mère, celle-ci tuant systématiquement ses bébés.

Edmund Dale tient le sujet pour son prochain livre et accompagné de sa femme Suzy et de leurs trois enfants vont accueillir ce petit chimpanzé. Ce sera une fille qui sera prénommée Chloé.

Emma, qui est muette, sera engagée pour apprendre à la famille Dale, l'Ameslan, langage des signes en vigueur en Amérique du nord, et eux se chargeront de l'inculquer à Chloé.

En parallèle, la nièce de la cuisinière des Dale vient d'accoucher d'une petite Maria et fait de fréquentes visites. Chloé et Maria ont donc le même âge, ce qui permettra de comparer leur évolution respective.

Chloé est élevée comme une petite humaine n'ayant aucun repaire avec ses congénères, Les progrès sont rapides avec la langue des signes. Les deux petites s'adorent mais un jour un miroir lui fera découvrir sa différence.

C'est un roman passionnant rendant le personnage de Chloé attachant. Grâce à Robert Merle on y apprend qu'un animal est doué de raison et de réflexion. Le reste de la famille est un peu caricaturale mais les situations décrites font de ce livre un récit hyper réaliste. Ce n'est pas qu'un roman car la réflexion sur le sujet se poursuit bien après le mot fin.

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Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

chez ma mère'
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à Zuydcoote'
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