Citations de Robert Van Gulik (248)
Lo se frappa brusquement le front.
- Juste ciel ! J'allais oublier ! Je dois m'arrêter au Boudoir de Saphir pour y choisir les danseuses qui animeront mon petit dîner de ce soir. Je mets toujours un point d'honneur à les choisir moi-même ; mes hôtes ont droit à ce qu'il y a de mieux. Bon, heureusement, le Boudoir de Saphir est tout près d'ici.
- C'est une maison de rendez-vous ?
Lo jeta au juge un regard réprobateur.
- Enfin, mon cher, vous n'y pensez pas ! Appelons ça une officine pour la promotion des talents locaux, ou un centre de formation aux arts d'agrément.
"Le vin ambré est chaud dans les coupes d'or
Les rôts et venaisons exhalent leur parfum
Dans la vaisselle d'argent
Et les chandelles rouges brillent haut et clair."
(...)
"Mais le vin est la sueur et le sang des pauvres,
Les rôts et les venaisons leur chair et leurs os.
Et les chandelles rouges
Répandent leurs larmes de désespoir."
(pp. 105 & 108)
Elle est morte heureuse parce qu'elle s'imaginait que le rêve unique de sa vie allait se réaliser. Mais elle était morte boen avant cet instant car elle n'avait plus que ce rêve et il les faut très nombreux pour nous retenir sur la terre.
Tandis que s'enfuit le bonheur, remords et tristesse sont là pour toujours.
Sachez que je me passionne moi-même pour les énigmes criminelles que connut notre glorieux passé, et les juges qui les ont si habilement élucidées ! Mon passe-temps favori consiste à faire une étude soigneuse de ces vieilles affaires. Car ne sont-elles pas le miroir qui nous renvoie l'image de nos propres défauts et faiblesses ? Je crois que tout en consolidant la morale et les mœurs de notre Empire, ces récits préviennent les méchants d'accomplir le mal ! Nulle part ne nous est donnée preuve plus éloquente de la subtilité avec laquelle est tissé le filet de la justice divine.
Bien que tout vous apparaisse aujourd'hui sous de sombres auspices, sachez que derrière les plus profondes ténébres de la nuit, la lune de l'aube luit toujours.
La divinité tutélaire d'une cité déteste voir le sang humain arroser le sol qu'elle protège; c'est pour cette raison que le terrain réservé aux exécutions capitales se trouve toujours en dehors de la ville.
Après avoir humecté d'encre le pinceau, [Yo-lan] écrivit en élégants caractères :
"Amertume, je cherche les mots justes,
Pour ce poème, sous la lampe.
Je ne puis dormir en cette longue nuit,
Je redoute les couvertures solitaires.
Dans le jardin d'automne là-dehors,
C'est le bruissement triste des feuilles qui voltigent.
La lune luit comme une abandonnée
A travers les carreaux de gaze."
- Ah! s'exclama l'Académicien. Tout le caractère nostalgique de l'automne est saisi dans ces quatre vers.
Deux bras nus se nouèrent autour du cou de ma-Jong et, le tirant vers elle, la jeune fille l'embrassa sur les lèvres.le colonel de la garde sentit deux seins libres s'écraser sur son torse et, à leur tour ses bras enveloppèrent la rescapée .
Enfin, mythes et légendes antiques mettent au crédit de la femme un pouvoir magique spécial. Chose plus importante encore, les manuels du sexe - dont on atteste l'existence au début de notre ère, mais qui sans aucun doute sont beaucoup plus vieux - représentent la femme comme la gardienne de l'arcane du sexe et la dépositaire de toute connaissance sexuelle. Tous les textes qui roulent sur les rapports sexuels présentent la femme comme la grande initiatrice et l'homme comme un élève ignorant.
(p.31)
Pour être complètement impartial, un magistrat ne doit pas avoir de liens locaux. [dixit le Juge Ti]
POSTFACE
Le jeu des sept bouts de cartons appelé en chinois Tsi-k'iao-pan, ce qui signifie : les sept ingénieux [ bouts de ]
cartons, est une bien vieille invention qui connut une grande popularité spécialement au XVI° et XVII° siècles. A cette époque, des lettrés renommés publièrent des livres contenant des séries de figures qu'on pouvait obtenir avec des cartons. Au début du XX° siècle ce jeu fut introduit en Occident et on peut encore en trouver dans les magasins de jouets. ( en 1985 ).
On prétend que les chiffres ne peuvent mentir, Votre Excellence ; rien n’est plus faux. Tout dépend de la façon dont on les présente !
C’est étonnant comme les gens aiment clabauder !
Il se cache souvent plus de vérités qu’on ne l’imagine dans ces chansons populaires.
Lorsqu’un arbre porte une branche pourrie, le jardinier la coupe pour sauver la vie de l’arbre.
On commet parfois des erreurs en jugeant ceux qui nous sont proches.
- Pourquoi es-tu si économe, Tao Gan ? demanda le juge. Je sais que tu possèdes un peu d'argent et que tu n'as à subvenir aux besoins de personne. Sans te lancer dans de grandes dépenses, tu pourrais tout de même être moins regardant !
Son mélancolique lieutenant lui jeta un regard humble et expliqua :
- Tant de bonnes choses nous sont accordées par la nature, Noble Juge...un toit pour abriter notre tête, de la nourriture pour notre estomac, des vêtements pour notre corps...Nous acceptons tout cela comme un dû, souvent même nous en faisons mauvais usage, aussi ai-je toujours peur de voir le Ciel se fâcher, et je ne peux souffrir qu'on mette au rebut des choses encore utilisables.
Trois jeunes femmes entrèrent dans la pièce et s'inclinèrent avec grâce. L'une tenait une guitare, la seconde un tambourin. Tandis qu'elles s'asseyaient sur des tabourets, le dos au mur, la troisième, une séduisante petite personne au joli visage, s'approcha de la table pour servir le vin.
" Voici la courtisane Fée d' Argent, élève de Lune d' Automne ", dit M.Feng en la présentant au juge Ti .
Voyant les yeux du poète fixés sur sa tasse* , il** dit à Tao Gan : " Verse-lui du vin, quand il n'y a pas d'huile dans la lampe, la mèche n'éclaire pas!"
* celle du juge
** le juge Ti