Et si Jésus n’avait jamais été condamné, lecteur ? S’il avait fini sa vie en vieil homme et que le christianisme n’avait jamais vu le jour ?
Pas question, ici, d’égratigner qui que ce soit. Il ne s’agit pas là d’une critique religieuse.
Roger Caillois se focalise sur le moment crucial où Ponce Pilate réfléchit à sa sentence, là où sa méfiance de la religion affronte sa prudence faiblarde, là où il doit décider soit d’entériner la décision des autorités juives et de la foule, soit de libérer un innocent qui n’est que le bouc-émissaire d’une société en pleine mutation. Tout le livre explore le point de divergence, imaginant que, finalement, Ponce Pilate refusera de condamner Jésus.
Quelles que soient tes convictions intimes, viens, lecteur, te laver les mains aux côtés du procurateur qui a changé la face du monde : tu comprendras la complexité de la vie politique de l’époque et ne regarderas peut-être plus Judas du même œil.
Carton plein pour cette lecture exigeante, qui révèle avec beaucoup de finesse les relations ténues qui lient les religions archaïques aux grands monothéismes. Il fait de l’Histoire une matière opaque, malléable et volatile. Loin de l’image que je m’en faisais, celle d’un illuminé sympathique qui a passé son temps à palabrer sur le jeu, Roger Caillois se révèle être un original de la pensée, qui regarde l’Histoire en appliquant la politique du pas de côté, et j’aime la délicatesse dont il use pour contourner avec subtilité les grands tabous religieux.
A lire débarrassé de toute fièvre.
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