Toutes les chroniques rassemblées dans ce recueil toutes datées de 1946 sont classées dans trois parties: la première a donné sont titre au recueil, Chroniques de Babel est une collection d'essais; le seconde partie, est une collection d'essais critiques dont la plupart des thèmes reprennent ceux de la première partie mais avec pour prétextes la critique d'une oeuvre. La troisième partie est constituée de critiques théâtrales. Parce qu'il s'agit de théâtre, Caillois y restitue les intrigues et donne son opinion sur le jeu des comédiens avec la mise en scène. Il donne l'impression de s'ennuyer à cet exercice qui semble lui déplaire. Ce n'est sans pas pour cette seule raison qu'il se montre si sévère avec les spectacles dont il doit rendre compte. L'un de ces compte-rendus porte sur une vie de Galilée et attira mon attention: "Ma vérité" de Hubert le Porrier (pièce en trois actes et cinq tableaux au théâtre La Bruyère). Renseignement pris sur Wikipédia, je trouvais bien une pièce jouée en 1946 au théâtre La Bruyère intitulée "Et pourtant elle tourne" de Herbert le Porrier. L'erreur sur le titre et le prénom de l'auteur de la pièce sont ils imputables à l'éditeur? Mon édition date de 1981, le recueil (posthume ) a été constitué par Elena Vichrova-Caillois. Je n'ai pas si l'erreur a été corrigée depuis.
Mais ce sont les deux premières parties qui font le meilleur de ce volume. Les textes de la seconde partie sont souvent des réécritures de textes de la première (ou peut-être l'inverse je n'ai pas vérifié); reprises, plutôt que redites, reformulation d'une réflexion critique maniaque dans le choix des concepts, dans son souci d'exactitude. La présentation presque en vis-à-vis de ces deux collections d'essais produisent sur ma lecture une sorte d'effet de stéréoscopie de l'esprit critique de Roger Caillois.
Le critique Caillois prend toujours du champ pour juger d'une oeuvre: peut-être plus libre dans ses choix que pour la théâtre, le critique Caillois prend l'ouvrage qu'il juge comme un prétexte à une réflexion anthropologique beaucoup plus vaste pour finalement, porter un jugement, souvent sévère, sur une époque et ses travers dont la production littéraire n'est jamais qu'un symptôme. Roger Caillois n'a jamais été porté que dénigrement et aux jugements à l'emporte-pièce; lorsqu'il s'en prend à André Gide par exemple, il rend un hommage très argumenté au styliste et aux libertés de sa syntaxe tout en faisant fait une très mauvaise publicité au Journal de celui-ci. Même lorsqu'il ne goûte guère les oeuvres dont il rend compte, même lorsque qu'il semble les mépriser, Roger Caillois les rend intéressantes et donne envie d'y aller voir tellement, au final, il a le don de nous laisser libre de notre jugement.
Commenter  J’apprécie         00
J'estime, pour ma part, l'enseignement des contes infiniment plus que les analyses des psychologues et que la philosophie des métaphysiciens. On ne cesse pas de le comprendre et finalement, j'imagine que l'homme n'a rien d'autre à pénétrer; il est vrai que pour y parvenir, la vie entière n'est pas de trop. Quelles que soient sa condition et sa capacité, chacun prend le départ au même point: dès l'enfance, le voici à l’œuvre comme malgré lui. Je n'entends pas Hegel ni Heidegger. Je n'en ai pas chagrin et je ne fais pas d'efforts pour accéder à voir clair dans leurs ténèbres. J'aurais trop peur de réussir (car on m'a instruit en la philosophie des doctes) et je me figure que j'en concevrais un peu de honte, de la même manière qu'il arrive de se sentir honteux, si l'on est un peu riche, devant des plus pauvres que soi. Dans ce concours le plus important, il faut aussi un peu d'égalité. D'ailleurs je suis assuré que toutes les choses importantes sont simples et qu'il ne se cache dans les mots savants ni science ni sagesse.
Chronique de
Max Pol Fouchet sur le livre "Poétique de
Saint John Perse" de Roger Caillois
A l'occasion de la sortie de l'
essai critique de
Roger CAILLOIS consacrée au poète
Saint John Perse, intitulée "L'oeuvre
poétique de
Saint John Perse",
Max Pol FOUCHET présente le poète.