Citations de Romain Gary (5379)
La vie, c'est pas un truc pour tout le monde.
La vie est pavée d’occasions perdues.
Ce que je veux dire, c'est qu'elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis.
_ Car il y a de la flamme dans l'œil des jeunes gens, mais dans celui du vieillard il y a de la lumière !
Instinctivement, sans influence littéraire apparente, je découvris l'humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus.
Je sentais qu’il y avait incompatibilité entre la notoriété, les poids et mesures selon lesquels on jugeait mon œuvre, « la gueule qu’on m’avait faite », et la nature même du livre.
On ne sait pas assez que la faiblesse est une force extraordinaire et qu'il est très difficile de lui résister.
Ce qu'il y avait d'embêtant , c'est que Madame Rosa n'avait pas la sécurité sociale parce qu'elle était clandestine. Depuis la rafle par la police française quand elle était encore jeune et utile comme j'ai eu l'honneur , elle ne voulait figurer nulle part. Pourtant je connais des tas de Juifs à Belleville qui ont des cartes d'identité et toutes sortes de papiers qui les trahissent mais Madame Rosa ne voulait pas courir le risque d'être couchée en bonne et due forme sur des papiers qui le prouvent, car dès qu'on sait qui vous êtes on est sûr de vous le reprocher.[...] Madame Rosa ne figurait donc nulle part et avait des faux papiers pour prouver qu'elle n'avait aucun rapport avec elle-même
Il avait relevé le col de son pardessus et n'avait pas de cheveux comme beaucoup de chauves.
«Je juge les régimes politiques à la quantité de nourriture qu'ils donnent à chacun, et lorsqu'ils y attachent un fil quelconque, lorsqu'ils y mettent des conditions, je les vomis: les hommes ont le droit de manger sans conditions.
- [...] Tu sais ce que c'est, une putain ?
- C'est des personnes qui se défendent avec leur cul.
- Je me demande où tu appris des horreurs pareilles, mais il y a beaucoup de vérité dans ce que tu dis.
Le fripier, un M. Jourdain, était un bonhomme âgé ; il portait sa belle tête de penseur barbu, une calotte de velours noir extrêmement sale ; il était l’éditeur, le rédacteur en chef et l’unique collaborateur d’une publication anarchiste violemment anticléricale, Le Jugement dernier, qu’il distribuait gratuitement tous les dimanches à la sortie des églises et qu’il envoyait régulièrement, depuis trente-cinq ans, au curé de Notre-Dame, avec lequel il était devenu ami.
Je savais qu'il ne s'agissait ni de moi ni d'elle. Il s'agissait de dénuement. Nous avions besoin d'oubli, tous les deux, de gîte d'étape, avant d'aller porter plus loin nos bagages de néant. Il fallut encore traverser le désert où chaque vêtement qui tombe, rompt, éloigne et brutalise, où les regards se fuient pour éviter une nudité qui n'est pas seulement celle des corps, et où le silence accumule ses pierres. Deux êtres en déroute qui s'épaulent de leur solitude et la vie attend que ça passe.
"En dehors des lectures édifiantes qui m'étaient recommandées par ma mère, je dévorais tous les livres qui me tombaient sous la main ou, plus exactement, sur lesquels je mettais discrètement la main chez les bouquinistes du quartier. Je transportais notre butin dans la grange et là, assis par terre, je me plongeais dans l'univers fabuleux de Walter Scott, de Karl May, de Mayn Reed et d'Arsène Lupin. Walter Scott me plaisait beaucoup et il m'arrive encore de m'étendre sur mon lit et de m'élancer à la poursuite de quelque chose d'idéal, de protéger les veuves et de sauver des orphelins - les veuves sont toujours remarquablement belles et enclines à me témoigner leur reconnaissance, après avoir enfermé les orphelins dans une pièce à côté."
Aux environs de la cinquantaine, la virilité fait souvent quelques transferts et cherche à se constituer un capital de puissance à l'abri du déclin glandulaire.
Il ne saurait y avoir de beauté sans justice, d'art sans une réalité humaine digne d'être exaltée.
Un salaud est un salaud, quelle que soit la couleur de sa peau.
Gros Câlin, avec son goût pour les orifices, s'était d'abord coulé dans la cuvette et de là dans le tuyau de canalisation.
Après une descente rafraîchissante d'un étage, il avait débouché dans la cuvette des W.C. des Champjoie du Gestard, juste au moment ou le malheur voulut que madame Champjoie du Gestard venait de prendre ses aises sur le siège.
Gros Câlin se dressa pour respirer et avec curiosité hors du tuyau et ce faisant toucha la personne de madame Champjoie du Gestard.
Celle-ci étant très réservée, aimant la musique et les broderies fines, crut d'abord à une illusion, mais lorsque Gros Câlin persévéra dans ses efforts, donnant ici et là à la moumonette de madame Champjoie du Gestard des coups de tête dans sa sensibilité, celle-ci crut à un accident dans le tuyau et regarda à l'intérieur de la cuvette, pour se trouver devant un python de belle taille, qui émergeait.
Elle poussa alors un hurlement affreux et s'évanouit aussi sec, car il faut bien dire que Gros Câlin a deux mètres
vingt et elle n'y est pas habituée........
Il y a des choses qui nous échappent et que nous ne pouvons pas comprendre, il faut savoir l'admettre.
ça s'appelle l'humilité.
L'espèce humaine était entrée en conflit avec l'espace, la terre, l'air même qu'il lui faut pour vivre.