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Critiques de Shirley Jackson (336)
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Hantise (La maison hantée)

Encore un livre classé fantasy et pourtant adulé de Stephen King qui m’aura laissée de glace. Quand on s’attend à frissonner, il n’y a rien de pire que de s’y ennuyer, de bailler et d’avoir le temps long.



Ils sont trois à vouloir rejoindre la Hill house dite la maison hantée sur avis du Docteur Montaigue partisan d’un programme de recherches dans le cadre de phénomènes paranormaux qui hantent ladite maison.



Théodora, Eléonore et Luke se retrouvent plongés dans cette maison en partageant de leur temps, bavardages, parties d’échec, fous rire, brandy et autres déballages personnels.

Le décor met du temps à être planté, et on est ma foi fort loin de l’habilité de Stephen King à nous faire aimer cette longue période d’acclimatation. Il faut dire que les histoires de chacun n’apportent pas grand chose à l’histoire, on s’imagine des personnages effrayés un tant soit peu, ou suspicieux mais chacun y va de sa propre énergie pour allonger encore et encore des pages sur leur vécu personnel sans grand intérêt. Des personnages manquant cruellement et de crédibilité, et de panache.



Quand arrivent les premiers phénomènes, j’étais déjà à moitié endormie. Et les phénomènes sont tellement disparates et relégués au second plan qu’on se demande si on ne s’est pas trompé de roman. Quand surviennent des fous rires en veux tu en voila, c’est le pompon. Luke ira jusqu’à prétendre que l’humour détend l’atmosphère dans une maison hantée mais moi, j’ai cru à une vaste blague.



Bref, déçue par ce roman où je m’attendais à un minimum de frissons d’halloween, à un minimum de crédibilité venant des personnages, mis à part l’ennui et l’envie d’en terminer vite fait avec ce roman, sans compter une traduction très aléatoire, ce qui a le don de m’énerver, ce roman sera vite relégué aux oubliettes du train fantôme.
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Nous avons toujours vécu au château

Ce livre fait partie de ceux que je nommerais « d'ambiance ». J'avais cru comprendre que le roman était classé dans le fantastique et pourtant pendant une bonne partie du livre, rien d'inhabituel ne transparaît. Une famille qui semble ostracisée dans un village sans qu'on comprenne bien pourquoi… le quotidien vu par les yeux d'une jeune fille sans âge défini qui part faire les courses dans son village et semble subir les regards oppressants des autres, les moqueries ironiques… Tout le long de ce récit au premier abord anodin se distille pourtant un climat inquiétant, où tout semble bien plus compliqué qu'il n'y paraît. le château du titre est une forteresse où se réfugie une famille qu'on apprend petit à petit décimée par un drame familial. C'est la confrontation avec d'autres, des habitants amicaux en visite, un cousin qui recrée du lien qui nous fait découvrir petit à petit le passé que les principaux protagonistes cherchent à oublier.



Pendant une bonne partie du récit on cherche à se convaincre que cette atmosphère d'étrangeté n'est qu'illusion, que rien de surnaturel n'existe mais uniquement les impressions des uns et des autres. L'auteur excelle dans l'art de glisser quelques éléments incongrus au milieu d'un récit banal, comme des apparitions fugaces d'esprits frappeurs dans une maison au coeur de la nuit. On se regarde, on vérifie que l'autre lecteur a bien entendu la même chose que nous (oui ce livre permet l'échange de regards avec le reste de la communauté de lecteurs, quand je vous dis que c'est du fantastique). Et puis le texte continue, comme si de rien n'était… Mais nous ne pouvons pas faire comme si nous n'avions rien entendu… Nous sommes même tentés de venir relire, mais retenus par la peur qu'une malédiction s'abatte sur nous malgré tous les objets protecteurs enterrés autour de la maison par la jeune Mary Kate Blackwood. L'utilisation d'un jeune narrateur inquiétant n'est pas la moindre arme de cette auteure habile.



J'ai aussi apprécié les différents degrés d'analyse du récit, les conflits au sein de la famille, les conflits sociétaux entre vieille noblesse et nouveaux villageois de classe inférieure. Il y a même une partie non négligeable de polar puisqu'on cherche à démêler ce qui s'est réellement passé dans ce château un certain soir. Une enquête complexe puisque les éléments nous sont donnés au compte goutte, avec un « détective » brouillon en la personne de l'oncle Julian, dont la mémoire semble bien gravement atteinte par l'âge et les événements survenus ce fameux soir. Le résultat est un court roman dérangeant, qu'on a du mal à vraiment apprécier mais sans doute était-ce le but de l'auteure, distiller le malaise, l'inconfort, jusque dans un final en suspens qui pourrait servir d'explication à l'ensemble des légendes urbaines de maisons maudites qui existent dans presque tous les villages du monde.

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Nous avons toujours vécu au château

Affectueusement surnommée « cette petite folle de Merricat » par son aînée Constance, la narratrice Mary Katherine a dix-huit ans, même si, à la lecture de son seul récit, alors qu’elle se complaît à se cacher dans les cabanes qu’elle construit, à enterrer des objets dans le jardin et à jouer avec son chat en rêvant de se réfugier sur la lune, là où personne ne lui imposerait de compagnie indésirable, on la prendrait volontiers pour une enfant. Avec sa sœur bientôt trentenaire et son vieil oncle impotent Julian, elle est l’un des trois derniers occupants de l’imposante maison Blackwood.





Cachée au plus profond de son vaste parc à l’abandon, en surplomb du village où Merricat est la seule à se rendre, avec la plus extrême répugnance, pour les courses hebdomadaires, la demeure semble en vérité se replier sur ses habitants, comme pour les protéger d’un monde extérieur qui ne serait que menace et hostilité. C’est d’abord au travers des sous-entendus perfides des villageois et des moqueries de leurs enfants, puis bientôt par la bouche de ce vieil original d’oncle Julian, aussi obsédé par ce qui s’est passé qu’incrédule d’y avoir survécu, que l’on réalise que les trois Blackwood se remettent à peine d’une énigmatique tragédie, qui, six ans plus tôt, a coûté la vie aux autres membres de la famille. Tous ont péri, mystérieusement empoisonnés. Tous, sauf Julian – très diminué depuis -, et les deux sœurs, dont la rumeur continue sans répit d’incriminer l’aînée.





Une impression d’étrangeté plane sur le récit mené par la déconcertante Merricat. Pour conjurer ce qu’elle perçoit de malfaisance chez les villageois qui la harcèlent, la jeune fille s’invente mille rituels protecteurs et bascule dans des images mentales emplies de haine noire lorsqu’ils sont sans effet. Chez elle, toujours flanquée de son chat, elle ne se départit de ses comportements sauvages et fantasques que pour se perdre en adoration devant la douce Constance. Les deux sœurs vivent dans un troublant état fusionnel, l’une mi-elfe mi-sorcière, l’autre véritable fée du logis permettant au trio de poursuivre son existence comme si de rien n’était, le dos tourné à la réalité. Et, pendant que dans la tête de la plus âgée, le temps semble s’être pétrifié dans une maison figée à l’heure du drame, comme si maintenir chaque objet à sa place pouvait effacer la mort de leurs propriétaires, les velléités protectrices de la cadette vont bientôt prendre une tournure inattendue lorsque surgira un cousin, visiblement tout sauf désintéressé.





Intrigué par un drame passé qu’il lui faut plus ou moins deviner au travers du seul prisme de personnages à la psyché de plus en plus manifestement dérangée, baigné dans une atmosphère d’étrangeté ambiguë laissant planer l’inquiétude, le lecteur se retrouve insensiblement entraîné dans une plongée obsédante au coeur de la névrose et de la paranoïa. Un classique adapté au cinéma à redécouvrir, pour son mystère, mais surtout pour son tableau troublant, notamment parce que vu de l’intérieur, de la maladie mentale.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Nous avons toujours vécu au château

Nous avons toujours vécu au château est un roman que j'ai découvert par hasard sur l'étal d'un bouquiniste. Puis plus tard il restait là durant plusieurs mois sur une de ses fameuses piles de livres. J'ai été happé dès les premières pages. Voici en effet une lecture prenante et addictive.

Nous sommes aux abords d'un village de la Nouvelle-Angleterre, aux États-Unis. Cette maison que tout le monde appelle le château est plutôt une grande demeure.

La narratrice s'appelle Mary Katherine Blackwood, sa soeur l'appelle Merricat. Elle a dix-huit ans, et désormais depuis quelques temps elle vit dans cette grande demeure avec sa soeur, Constance, plus âgée qu'elle et son oncle Julian qui commence à perdre la tête. Tous les autres membres de la famille sont décédés. On saura bientôt les circonstances dans lesquelles ils sont morts.

C'est Mary qui va faire les courses en descendant au village, les gens d'en bas ne l'aiment pas, n'aiment pas ceux qui vivent au château. Constance ne sort jamais, elle est retirée, protégée par sa soeur, son oncle, comme si elle était fragile, encore un peu fragile. Un secret étrange pèse sur cette relation familiale.

Quelque chose de mystérieux s'est passé ici il y a quelques temps. Tout semble aujourd'hui à peu près remis dans l'ordre des choses, lorsque de manière imprévue, un cousin débarque au château et alors...

Ici la tension monte graduellement, elle devient par moment étouffante. Roman rustique, au charme gothique comme je l'ai lu ici ? Oui, sans doute, roman atypique épris d'une magie profonde, qui nous amène là où on ne s'attend pas du tout. le fameux château devient peu à peu un personnage à part entière du roman.

Oui, il y a aussi une forme de suspense, puisqu'on ne sait pas comment toute cette histoire va finir.

Mais derrière l'intrigue proche de celle d'un thriller psychologique, j'y ai vu aussi une satire de l'opinion publique, de la foule qui gronde, qui bruit en silence, prête à se déchaîner avec de la violence, une violence irrationnelle, imbécile...

Ce roman insolite m'a fait voyager entre l'innocence abrupte et le mal absolu.

Shirley Jackson, l'auteure de ce roman, m'était parfaitement inconnu jusqu'à ce que je découvre qu'elle était aussi l'auteure de Hantise : La Maison hantée. Encore une histoire de maison, comme si c'était leurs fautes... Un jour, il faudra nous interroger, est-ce que nous prenons suffisamment soin des lieux qui nous habitent ?

La fin du roman m'a fait penser à un autre récit qui m'avait séduit, autre roman de la sororité, Dans la forêt.

Les mots de Shirley Jackson ressemblent à une forme d'incantation et je me suis pris à imaginer qu'ils venaient bercer plus tard encore les gestes et les songes de Mary et Constance, lorsque la foule déchaînée s'était retirée dans les chaumières alentour.

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Nous avons toujours vécu au château

Un petit livre pour hanter mes nuits en cet hiver qui vient de commencer. Encore un livre sur une maison hantee? Ou sur ses habitants, que hante un passe horrible? La maison Blackwood. Les riches Blackwood ont toujours regarde de haut les autres habitants de leur village, mais le livre s'ouvre quand des Blackwood il ne reste plus que deux jeunes soeurs et un vieil oncle handicape et dement. le reste de la famille est mort, tous empoisonnes a l'arsenic.





Les deux soeurs vivent enfermees a la maison. Il n'y a que la plus jeune, Merricat, qui en sorte pour faire des courses, sous les quolibets et les regards haineux de tout le village. La plus agee, Constance, qui a ete accusee de l'empoisonnement et acquittee, n'en sort jamais. Elle soigne son potager et prepare les repas. C'est la fee du logis. A elles deux elles maintiennent la maison exactement en l'etat ou elle etait avant le drame, sans rien y bouger, et Merricat s'adonne a toutes sortes de rituels magiques, senses les proteger de l'exterieur malfaisant. Mais quand arrive un cousin rapace, tout va chambouler.





C'est Merricat qui raconte, et des le debut elle transmet au lecteur la terreur qui est la sienne chaque fois qu'elle descend au village. Mais aussi ses efforts pour se proteger, elle et sa soeur, de la mechancete se ses habitants, tous traduits en des pratiques proches de la sorcellerie. Je l'ai sentie un peu derangee. Folie douce? Psychose maniaco-depressive? En tous cas elle a eveille en moi une grande pitie.

Mais assez vite j'ai fini par comprendre qu'elle n'est pas tres fiable. Il y a en elle quelque chose de pervers. Ce n'est pas une enfant, elle a 18 ans. Elle est trop sauvage pour son age et elle-meme atteste: “J'ai souvent pense qu'avec un peu de chance, j'aurais pu naitre loup-garou”. Elle vit enfermee, mais volontairement, elle n'est pas une autre Anna Frank. Serait-ce elle qui en fait enferme sa grande soeur et son vieil oncle? Et pourquoi?





C'est a l'evidence un conte de terreur. Avec une question qui plane dans la plus grande partie du livre: qui a empoisonne les parents Blackwood? Qui est responsable de leur mort? Mais d'autres questions se rajoutent, qui incitent a d'autres pistes de lecture qu'un simple suspense. Tout d'abord la mechancete de la foule qui s'acharne, en en prenant un plaisir malsain, sur des femmes sans defense. La foule qui fait la chasse aux sorcieres, comme d'autres foules des siecles auparavant. Puis vient la question du pourquoi ces femmes se confinent, se cloitrent. Ne seraient-elles pas agoraphobes? Ayant peur des espaces ouverts? Mais elles tournent dans les jardins et autres espaces de leur propriete. Plutot demophobes alors, et ce serait la foule, le contact avec d'autres gens qui les oppresse? Il parait que ces phobies touchent plus les adolescents et les jeunes que les plus ages, et plus les femmes que les hommes. Quand on sait que l'auteure, Shirley Jackson, s'est enfermee chez elle les trois ou quatre dernieres annees de sa vie, ces phobies deviennent une piste de comprehension du texte qu'on ne peut delaisser.





Mais ce livre reste surtout pour moi un conte de terreur psychologique, a double tranchant: la terreur qu'inspire a deux jeunes femmes le monde exterieur et la terreur qu'elles-memes inspirent autour d'elles. Chaque cote combat cette terreur differemment. La foule avec une agressivite mechante, qui devient violence effrenee. La jeune soeur avec des rituels empreints de sorcellerie censes la proteger et en meme temps detruire le village avec ses habitants. Elle n'a pour eux que des pensees de mort funeste. N'est-elle vraiment qu'une petite sinistre sorciere?



Un conte terrifiant, comme les terrifiants contes classiques de mon enfance. Avec les ingredients classiques: un chateau, une princesse enfermee, une deuxieme princesse qui n'est peut-etre qu'une reine jalouse ou meme, qui sait, un dragon. Et je n'ai pas eu droit a un prince charmant, tout au plus a un antipathique brigueur d'heritage.



Et comment tout cela finit? Bizarre, bizarre.. Je n'en dirai pas plus.





P.S. Apres le Granny Webster de Caroline Blackwood j'ai j'enchaine avec un livre sur une certaine famille Blackwood. Coincidence? Brrr...

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La loterie

Voilà que j'entre dans la prose de Shirley Jackson, par ce recueil de nouvelles.

Certaines de ces histoires sont effrayantes, d'autres moins...

Mais toutes distillent un malaise diffus qui s'épaissit parfois en gros nuages gris. Toutes sont servies par une écriture ciselée et une traduction qui restitue si bien ces ambiances ternes et ordinaires au-delà du supportable.

Que seraient ces récits, sans les personnages qui les animent? Marionnettes animées elles-même par leur folie, leurs manies leurs préjugés. Pantins guidés par des démons aux visages parfois avenants, souriants. Poupées parfois prises d'une panique insensée.

En vingt nouvelles, comme autant d'étapes, Shirley Jackson couvre un spectre assez large de situations qui se dégradent, d'un quotidien qui se dilue et d'un mal sournoiss qui se répand.

En vingt stations, Shirley Jackson a tracé une ligne qui m'amènera à lire ses romans.

Des nouvelles à lire, donc, tranquillement et sans modération.

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La loterie et autres contes noirs

Sentiment de malaise dans ces 13 nouvelles

*

Critique succinte (à chaud):

*

Un recueil délicieusement terrifique. Pas d'éléments de fantastique mais d'éléments effrayants dans le banal quotidien de citoyens américains.

C'est jouissif. Mais parfois je n'ai pas compris la chute de certaines nouvelles.

La loterie (la première du recueil) n'est pas ma préférée.

J'ai particulièrement apprécié "Louisa je t'en prie , reviens à la maison": quelle fin inattendue "non! elle n'a pas osé!!" *

*

Une lecture dont le suspense est chaque fois à son comble. L'auteure distille des éléments inquiétants au fur et à mesure de l'intrigue qui est au départ si anodine, si paisible.

*

Un format (nouvelles) que l'auteure a maîtrisé de bout en bout.

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Hantise (La maison hantée)

Existe-t-il un fantasme dans le domaine de l'épouvante qui soit aussi tenace que celui de la maison hantée ? Qui n'a jamais fait le cauchemar de se trouver dans une maison inconnue, sans aucun repère, et peut-être même soumis(e) à des phénomènes paranormaux ?



Hill House est une vieille bicoque baroque et gothique comme les architectes du XIXème siècle ont seuls su en bâtir, rivalisant de tourelles et d'échauguettes, crénelées de corbeaux en pierres de taille et ornementées d'un nombre conséquent de gargouilles, à faire pâlir d'envie une cathédrale. Or cette gentilhommière dont vous devinez sans peine l'aspect lugubre ne semble pas uniquement renfermer entre ses murs quelques chauve-souris et autres noires araignées. Le Dr Montague, chercheur dans le domaine parapsychique, est attentif aux rumeurs qui affirment qu'aucun locataire n'a pu dormir à Hill House plus de deux nuits, et il ne lui en faut pas davantage pour vouloir percer ce mystère. Convoquant à ses côtés trois jeunes gens - qui offrent toutes les apparences de la "bande à Scooby-Doo" -, le digne professeur se tient prêt à affronter les mystères de la sinistre baraque.



Ce roman d'épouvante tient toutes ses promesses. Rythmé, efficace et d'une écriture très accessible, "Maison hantée" de Shirley Jackson m'a transportée entre les murs hostiles de Hill House en compagnie de Luke, Éléonore et Théodora. Mes quelques craintes de départ - motivées par la recommandation de Stephen King le décrivant comme "le meilleur roman fantastique de ces cent dernières années" (sachant que Stephen King n'a jamais réellement réussi à me faire frisonner) -, je me suis laissée prendre au jeu des ombres et des secrets.



Une lecture divertissante dans son genre, de celles qui font courir un inhabituel frisson glacé le long de la colonne vertébrale quand on la découvre tard le soir, dans une maison solitaire... Un huis-clos au charme un peu kitsch mais addictif ; le charme discret d'un téléfilm du dimanche après-midi sur M6.





Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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Nous avons toujours vécu au château

Dieu, que ce roman est triste. Il est aussi triste qu’il est beau. Et il est vraiment superbe. « Nous avons toujours vécu au château » m’a totalement bouleversée, plongée dans une profonde mélancolie tout en m’enchantant par sa beauté et sa subtilité.



Comme il est difficile de parler d’un livre qui touche au plus profond de son âme. Cette lecture m’a accablée tout autant qu’elle m’a ensorcelée. Ce n’était sans doute pas le bon moment pour lire un roman aussi triste vu la période compliquée que je traverse également, on ne peut pas dire que cette lecture m’a remontée le moral, au contraire, mais je ne regrette pas du tout ma lecture. « Nous avons toujours vécu au château » est un très grand roman. Il ne se passe pas grand-chose, le fil narratif est très ténu, et pourtant j’ai été captivée. Jackson instaure une ambiance envoutante et inquiétante à la lisière du fantastique autour de laquelle elle tisse une intrigue subtile qui monte en un délicat crescendo jusqu’à un dénouement saisissant. L’auteure donne vie à des personnages inoubliables. Merricat et Constance sont caractérisées avec une finesse remarquable, tout comme le lien qui les unit.



« Nous avons toujours vécu au château » est la première œuvre de Shirley Jackson que je lis bien que cela fasse bien longtemps que je veux la découvrir. Cette rencontre littéraire a été au-delà de mes attentes. Rarement un livre m’avait touchée à ce point. Evidemment, je poursuivrai ma découverte de l’auteure même si je laisserai sans doute passer un peu de temps pour éviter de trop faire la comparaison avec ce bijou d’émotion.

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Hantise (La maison hantée)

Hugh Crain, richissime industriel du XIXè siècle a construit Hill House, un monstrueux manoir labyrinthique et ténébreux. La légende veut que son fantôme l'habite encore, entouré des enfants qu'il retenait prisonniers dans ses usines. C'est dans cette maison que le Dr. Montague réunit la jeune et belle Theo, le vénal Luke, et Nell, jeune femme fragile, sensible et vulnérable, sous le fallacieux prétexte de les guérir de leurs insomnies chroniques. Mais le docteur, lui, veut étudier les mécanismes de la peur.



Le profond malaise qui caractérise ce roman est à tel point contagieux que le lecteur devient instantanément le cinquième protagoniste de cette histoire. A moins que la maison, Hill House, ne soit celui-là... Car jamais un édifice n'a été ainsi personnifié, incarné, rendu... vivant ! Porte déformée, escalier brinquebalant, statues aux visages effrayants, corridor interminable, bruits sourds et rires démoniaques se succèdent dans le plus simple appareil, ceci n’empêchant nullement nos épidermes de frémir à ces sensations parfaitement reproduites. Finement alcoolisée de peurs, La maison hantée oscille régulièrement entre une atmosphère lourde et des récurrences liées à nos terreurs ancestrales le tout dans une sobriété sincère collant admirablement avec le contexte. Le climat oppressant, la paranoïa ambiante, l'angoisse qui suinte même des murs aux perspectives affolantes car improbables. Et cette porte qui n'en finit pas de se déformer sous la pression d'une force mystérieuse, jusqu'à devenir une véritable bulle de bois... Cette porte, justement, Jackson ne l'ouvre jamais, aucun monstre, aucune apparition ne viendra apaiser notre imagination galopante. Car c'est là le pouvoir hypnotique et terrorisant de ce récit : faire de notre esprit un cheval fou lancé dans une frénésie spéculative...



Cependant plus qu’une histoire de maison hantée, ce roman est aussi le portrait d’une femme qui perd peu à peu la raison en se laissant progressivement dépasser par les événements. Ainsi à travers la description de la folie d’Eleanore dite Nell, le récit semble rester volontairement ambivalent en progressant à la fois sur un mode objectif qui décrit une action autonome de la maison alors qu’au point de vue d’Eleanor dont la nervosité, la culpabilité et l’exaltation morbide ne cessent d’augmenter durant toute l'intrigue, on peut penser alors à travers un mode subjectif que les événements paranormaux sont le fruit de la sensibilité pathologique de certains de ses hôtes. Car c'est peu dire que "La Maison hantée" est fortement empreint de psychanalyse. Le concept freudien de l'inquiétante étrangeté parcourt tout le livre. Ce retour du refoulé lié aux expériences infantiles en rapport avec la relation parents/enfant et qui se rappelle à nous dans quelque chose de familier, c'est dans les grandes lignes ce qui arrive à Eleanor. Son arrivée à Hill House réveille ses peurs et ses remords envers sa mère sur laquelle elle a veillé des années durant jusqu'à sa mort, dont elle se sent en partie responsable. Le manoir est comme un miroir qui lui renvoi sa culpabilité et son mal-être. Est-ce si surprenant dès lors que Hill House semble étrangement vivant, comme s'il possédait une âme qui lui était propre ?



Un roman d'épouvante intelligent et très prenant. Un chef d'œuvre inoubliable.

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Nous avons toujours vécu au château

Curieux, très curieux roman que celui-ci !

Mary Katherine Blackwood vit de façon recluse avec sa soeur Constance et leur Oncle Julian dans la grande demeure familiale, qui recèle d'objets et meubles ayant appartenu aux générations précédentes. Ils sont la risée du village, et quelque chose ne tourne pas rond, ni dans la tête de Mary Katherine (la narratrice), ni dans celle de ses soeur et oncle, pas plus que dans celle des villageois. L'environnement des Blakwood est bizarre, et les choses ne s'arrangent pas lorsqu'un quasi-inconnu débarque un jour dans la maison...

Voilà une lecture qui m'a laissée perplexe. J'ai bien aimé la méticulosité de la narration, l'importance accordée à des détails insignifiants mais délicieux, et la désinvolture avec laquelle sont décrits les événements graves du récit. Mais j'ai également trouvé l'histoire inaboutie -ou alors, j'ai raté plein de choses.

Ce roman est réputé être un chef d'oeuvre de la littérature gothique, et certes l'ambiance est étrange, et il ne manque ni sortilèges, ni nature luxuriante et sauvage, ni peigne en écaille. Mais rien de tout cela ne m'a emportée. J'ai trouvé l'ensemble charmant et un peu désuet (Shirley Jackson a écrit ce livre en 1962), mais sans y adhérer autant que je l'aurais aimé. Dommage.

Ca reste toutefois une découverte originale.
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Nous avons toujours vécu au château

Les Blackwood, Mary Kate, Constance et leur oncle Julian vivent dans une grande demeure "le château", isolés, à l'écart du monde. Seule, Marie Kate sort pour faire les courses, deux fois par semaine suivant un rituel immuable. Elle ne parle à personne et déteste tous les villageois qui le lui rendent bien.

Dans la maison, tout se fait aussi selon des rites et des interdits: repas, cuisine, ménage, jardinage. Marie Kate a un comportement bizarre et des réactions d'enfant, elle fait des cabanes, joue avec son chat, enterre des objets dans le jardin, alors qu'elle a dix-huit ans, Constance a l'air de trouver ça normal. On apprend par les bavardages de l'oncle que quatre membres de la famille ont été victimes d'un empoisonnement au cyanure qui a été mis dans le sucre, pendant un repas, et, sont mortes au château, ce qui ne semble pas choquer les rescapés. C'est apparemment une des sœurs la coupable. Le lecteur commence à se poser plein de questions et aurait bien besoin d'un éclaircissement.

L'arrivée du cousin Charles qui a des vues sur la fortune des sœurs, va etre un véritable catalyseur et entraîner des réactions en chaînes violentes et destructrices. Ce qui ne semble pas perturber nos deux sœurs le moindre du monde. Le lecteur est perplexe devant le décalage entre l'attitude des deux sœurs et les événements, elles restent sans réaction, d'une froideur de marbre et se répètent "nous sommes si heureuses"

L'auteure se joue du lecteur qui attend d'avoir des réponses et des explications à la fin du roman mais il restera sur sa faim !

Livre lu pour le challenge #automnemélancolique
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Hantise (La maison hantée)

Une maison hantée, porteuse de tous les fantasmes

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Lu dans le cadre du challenge Pioche dans ma Pal d'octobre, choisi par @fuyating .

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Le thème est de saison puisqu'on approche d'Halloween, nuit où les créatures surnaturelles sortent du bois.

Ce roman classique de l'épouvante ne comporte pourtant pas de personnages maléfiques ou d'êtres féeriques. Mais bien de phénomènes paranormaux. On pourrait presque penser au film "Poltergeist" tant l'héroine du roman semble possédée par un esprit vengeur de maison.

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Qu'en est-il de l'intrigue? Hill House est un manoir du 19e, construite par un industriel féru d'architecture gothique. Le hic est à l'intérieur. Des phénomènes terrifiants sont le lot de cette maison.

Justement, un célèbre professeur/écrivain/spécialiste des sciences occultes la loue et propose à deux jeunes gens de participer à une recherche.

Un quatuor hétéroclite campe donc dans cette demeure pour quelques semaines. Le professeur, Nell la timide jeune femme, Théodora la vamp ainsi que Luke le futur héritier.

D'évènements étranges en faits inquiétants, la vie à Hill House suit son cours jusqu'à un point de non-retour.

*

Je l'ai lu en 3 nuits, couchée chaudement dans mon lit. Je voulais me faire peur. Le deuxieme matin était folklorique puisque j'avais la sensation bizarre de vols d'objets. J'ai bien erré plusieurs minutes dans la chambre en ayant des réminiscences d'évènements lus la veille. Comme quoi, il a fait son petit effet !



Mais malgré la bonne réputation de ce classique, j'ai tout de même été un poil déçue. Il faut dire que j'ai visionné la série TV éponyme (parue sur Netflix récemment) racontant cette histoire. (enfin une adaptation assez libre puisque le synopsis est complètement différent.) . Pour une fois, j'ai préféré la série (effets visuels et auditifs m'effrayant bien souvent):).

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Je peux quand même vous dire que j'ai beaucoup apprécié la psychologie des deux jeunes femmes (ainsi que la thématique psychiatrique sous-jacente). On observe un malaise grandissant jusqu'à ce fameux point de non-retour. Il est clair que cette maison est carrément horrifique. Le riche vocabulaire permet de bien s'immerger (et je pense que la version originale est encore plus jouissive).

*

Je recommande aux aficionados des fans de Lovecraft , mais pas aux amateurs d'hémoglobine ou zombies.

J'ai entamé de suite ses nouvelles (la Loterie et contes noirs) pour me remettre dans l'ambiance creepy.
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La loterie

Inquiétante étrangeté



Shirley Jackson (1916-1965) est une auteure reconnue (Nous avons toujours vécu au château…) et son nom a même été attribué à un prix qui est censé récompenser chaque année "les meilleurs ouvrages de suspense et d'horreur psychologique tels ceux qu'elle écrivait" (Wikipédia) .

Bien qu'il soit paru dans l'ancienne collection « Terreur » éditée par Pocket, on ne trouve guère de terreur dans ce recueil de vingt nouvelles (excepté dans "Statue de sel"), mais une inquiétude croissante qui se glisse insidieusement au coeur des personnages.

On n'y trouve pas non plus de surnaturel, mais des faits étranges, insolites qui bousculent le quotidien ordinaire des personnages en question et qui parfois même les déstabilise de manière définitive...

Ce recueil est inégal : certains textes, très réussis, jettent le trouble dans l'esprit du lecteur tandis que d'autres, notamment certains très courts, se laissent facilement oublier.

Quelques récits parmi mes préférés :

- " La Dent " : une femme va se faire soigner une dent à New-York ; elle voyage en car et rencontre un individu singulier…

- " Le Sorcier " : au cours d'un voyage en train, un personnage déclare à un enfant qu'il a commis un crime abominable…

- " Les Renégats " : le chien de madame Walpole a tué les poules d'une voisine ; elle reçoit les conseils « avisés » de ses connaissances, et même de ses enfants, pour éviter que cela se reproduise…

- " Statue de sel " : une femme en vacances à New York se sent de plus en plus angoissée, car tout semble se dégrader autour d'elle...

- Et bien sûr " La Loterie " : chaque année, les habitants d'un village font une loterie ; mais dans quel but ?

A cause de ces récits et de quelques autres, le recueil de Shirley Jackson vaut le détour.
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Hantise (La maison hantée)

Il était bien entendu que des derniers romans que j'ai lus, un seul convenait parfaitement pour une critique en ce 31 octobre. Bien que qualifié de l'un des "meilleurs romans fantastiques du XXème siècle" par Stephen King, son adaptation cinématographique par Robert Wise, La maison du diable (The Haunting), - dont on sait d'autant moins qu'il est tiré du roman de Shirley Jackson que son titre français est nul, absolument inapproprié, et qui ferait plutôt penser à la tuerie d'Amityville - est sans doute bien plus célèbre. Il existe une autre adaptation de 1999, mais je préfère ne pas m'y référer (c'est une nullité).





La maison hantée (The Haunting of Hill House) est d'abord l'histoire d'une jeune femme, Eleanor, avant d'être celle d'une maison ou d'une expérience pseudo ou réellement scientifique. Une histoire que Shirley Jackson dirige d'une main de maître.





Le docteur Montague, docteur en anthropologie (ce qui pose des questions sur ses motivations réelles, l'anthropologie étant bien une science), a décidé de mener une expérience sur les manifestations surnaturelles et, en l'occurrence, sur une maison hantée. Pour ce faire, il a choisi Hill House, manoir sur lequel s'ouvre le roman, maison abandonnée par ses propriétaires depuis 80 ans et sur laquelle il se raconte nombre d'histoires. Bref, Hill House serait hantée. Par quoi, comment se manifeste la hantise, on ne le sait pas, du moins pas tout de suite. Pour son expérience, le docteur Montague a choisi de s'adjoindre les services de personnes inconnues de lui, mais dont les facultés psychiques sont censées sortir du commun. C'est ainsi qu'Eleanor et Theodora, l'une ayant subi (ou provoqué) une pluie de pierres sur sa propre maison, l'autre semblant dotée de pouvoirs télépathiques, répondent à l'invitation du docteur. L'héritier en titre de la maison, à la demande des propriétaires, complète l'équipe (ce qui est louche, et nous amènera à nous demander s'il est complice d'une supercherie, ou bien d'une étude "masquée", comme on en pratique de nos jours en psychologie sociale, par exemple).





Contrairement à Nous avons toujours vécu au château, où le personnage principal est aussi la narratrice, Shirley Jackson avait choisi pour La maison hantée (écrit plus tôt) un parti-pris différent. Elle y utilise toujours le style indirect. Or, on ne sait pas toujours très bien si on voit Eleanor du dehors, d'un point de vue distancié, ou si c'est le point de vue propre d'Eleanor qui nous est imposé. Ainsi la présentation du docteur et des protagonistes semble relever du discours d'un narrateur hors-champ. Mais très vite, on va se rendre compte que l'on suit uniquement les faits et gestes d'Eleanor, et son voyage vers Hill House, ponctué de fantasmes liés à telle ou telle maison aperçue sur la route (Eleanor n'ayant pas de maison à elle), nous fait comprendre que nous sommes bien dans l'esprit de la jeune femme. Et c'est ainsi que, durant tout le roman, Shirley Jackson joue avec le lecteur, le laissant se poser des questions sur l'expérience du docteur Montague, sur la présence des deux domestiques - dont l'une parle comme un robot, répétant les mêmes phrases quelles que soient les questions qu'on lui pose -, sur Luke, l'héritier, ou sur Theodora, qui se lie très vite d'amitié avec Eleanor.





Pour ce qui est des phénomènes paranormaux eux-mêmes, puisqu'il faut bien qu'une maison hantée en soit pourvue, il vous faudra attendre plus que la moitié du roman pour y être confrontés. Shirley Jackson sait prendre son temps, et c'est tant mieux. Mais rien que la vue de la maison est glaçante, suscite la répulsion ; sans parler de toutes les bizarreries qu'elle recèle - et qui seront expliquées rationnellement par le docteur, du moins d'un point de vue architectural (pour le reste...) C'est une maison-labyrinthe aux angles curieux (géométrie non euclidienne ???), qui a, et il l'a dit, inspiré Stephen King pour Shining, mais peut-être encore davantage Kubrick pour le film.





Puis viennent les bruits, nocturnes, signes de hantise obligés propres à la fin du XIXème siècle. Une journée passe. Les inscriptions écrites avec une substance gluante rouge, qui mentionnent Eleanor, prennent le relais. Une journée passe. Les bruits reviennent, le froid s'insinue partout et persiste dans une pièce en particulier, les inscriptions et les taches rouges et gluantes se multiplient. Puis viennent les visions. Peu à peu, on voit le docteur Montague, Luke, et peut-être surtout Theodora, se comporter de manière étrange. Un passage étonnant montre Eleanor les espionnant : on s'aperçoit alors que chacun d'eux, lorsqu'il mentionne les autres occupants, ne parle jamais d'Eleanor... Eleanor passe successivement d'un sentiment affectueux à la répulsion pour chacun d'entre eux, et spécifiquement à l'égard de Theodora. Enfin, Eleanor, qui s'est toujours sentie rejetée et qui souhaite de toute ses forces être acceptée, va pousser l'expérience jusqu'à ses limites.





Histoire d'une jeune femme instable, tyrannisée pendant toute sa vie d'adulte par une mère malade qui vient de mourir, rongée par la culpabilité, et dont Hill House va révéler les failles. Roman horrifique, certes, mais roman bien tout autant psychologique, La maison hantée laisse un goût amer, d'une grande tristesse.
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Nous avons toujours vécu au château

Rien de tel que ce livre pour rencontrer l’horreur et la folie.

Je ne sais pas comment et grâce à qui j’ai pu mettre ce livre dans ma pal.

Une chose est sûre je l’ai cherché pendant longtemps, il faisait partie de ces livres incontournables que je devais acheter.



C’est une histoire d’une famille disséminée en une soirée lors d’un repas… par du poison. Enfin presque tous… il ne reste que deux filles et leur oncle. Bien sûr ils vivent dans une grande maison bourgeoise entourée par des villageois qui les détestent.

Cette histoire a un aspect lugubre. Une sorte de malaise plane tout le long du roman.



Une chose est sûre, c’est un ouvrage à découvrir.

Je lirais d’autres récits de cette auteure. J’ai vraiment apprécié ce côté irréel et empreint de folie…



Bonne lecture !
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Hantise (La maison hantée)

En commençant La Maison hantée de Shirley Jackson, si l'on y cherche de l'horreur brute et de l'hémoglobine partout, on court tout de suite vers une grosse déception.



L'auteure américaine, sorcière à ses heures, surtout un stylo à la main, compose posément, mot à mot, une ambiance singulière qui s'empare de l'esprit. La maison hantée est un classique de chez classique du récit d'horreur, tant en littérature qu'au cinéma. Poltergeists et fantômes font florès et touchent, ou pas, une fibre qui doute en nous.



A Hill House, où un docteur en parapsychologie a invité deux jeunes femmes, Eleanor et Theodora, ainsi que le futur héritier du domaine, Luke, la maison aurait repoussé sans concession toute velléité d'y résider depuis plusieurs décennies.

Décidé à noter tout phénomène étrange dont il serait témoin, le groupe tente de prendre ses marques et de faire connaissance. L'aspect de cette monumentale demeure à l'architecture biscornue soumet d'emblée ses observateurs à un déséquilibre des sens par ses proportions et ses angles aberrants. L'intérieur écrase par une atmosphère oppressante qui ne peut que s'accentuer à mesure que des manifestations surviennent pendant la nuit. L'épouvante ici passe par les sons et l'impossibilité de s'en représenter concrètement la cause. Et ça fonctionne, offrant à ma lecture un délicieux petit frisson qui m'a parcouru l'échine.



Le personnage d'Eleanor donne le point de vue du groupe. On la découvre prête à prendre la route pour Hill House sur invitation du Dr Montague, un parfait inconnu, pour un séjour de trois mois d'observations scientifiques sans plus de précisions. Eleanor apparaît tout de suite comme une femme fragile, qui n'a pas connu le bonheur ayant du soigner une mère autoritaire jusqu'à sa mort. Elle manque de confiance en elle et est par conséquent la première surprise à se voir accepter la singulière proposition du professeur. Le trajet jusqu'à Hill House permet de se rendre compte de sa vulnérabilité et d'une certaine instabilité mentale.

Première arrivée à Hill House, l'impression de la demeure s'abat avec force sur elle, la poussant même instinctivement à s'enfuir. C'est donc avec intérêt qu'on suit son évolution au cours de son séjour en ces murs étranges, ainsi que celle de ses rapports aux autres membres du groupe. Plus spécialement Theodora, belle femme sensuelle à la présence forte et au caractère ambigu, à l'occasion mauvaise. Ou est-ce la perception qu'en a Eleanor qui nous la montre ainsi? Mystère...



En tout cas, La Maison hantée, sans doute le roman le plus connu de Shirley Jackson, est parfaite pour une lecture nocturne, bien au chaud sous sa couette ou pelotonnée dans un fauteuil... avec en bruit de fond le grincement du bois qui travaille et des tuyauteries. Est-ce bien sûr?
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Nous avons toujours vécu au château

Voici qu'Halloween s'annonce, et je vais donc, pour l'occasion, me consacrer pendant une certaine période à l'épouvante, au fantastique et à l'angoisse. Bon, c'est vrai, c'est surtout parce qu'il y a une pile de livres comme La maison hantée, le tome 2 de la nouvelle intégrale de Poe et quelques autres petites friandises qui m'attendent sagement depuis un bon bout de temps. Et je vais commencer par un roman que j'ai lu il y a deux ans, mais que j'ai encore bien en tête, et dont j'ai jusque-là eu la flemme (pour changer) d'écrire la critique.





De Shirley Jackson, nous ne connaissons finalement pas grand-chose en France. Elle a été peu traduite, et à part La nouvelle La loterie, et les romans La maison hantée et Nous avons toujours vécu au château, on connaît rarement d'autres œuvres - du moins c'est mon cas.





C'est un auteur qu'on classe dans le fantastique, mais dont le fantastique, d'après ce que j'ai pu lire d'elle, ne colle pas à la célèbre définition de Todorov. Pour ce qui est de La loterie et de Nous avons toujours vécu au château, on retrouve une ambiance étrange dans un milieu qui, pourtant, repose sur un décor réaliste. Ici, le ton est très vite donné : une jeune fille d'environ 18 ans qui vit dans une grande maison un peu à l'écart du village, doit justement aller faire les courses dans ce village, dont les habitants semblent lui être ouvertement hostiles ; mais elle-même éprouve des sensations assez curieuses vis-à-vis de ces habitants, comme le fait de ne pas supporter que les enfants la touchent. Shirley Jackson fait preuve dans les paragraphes d'introduction d'une maîtrise qui jette le lecteur immédiatement dans le trouble et instille une ambiguïté dérangeante. Est-ce que la narratrice est paranoïaque ? Est-ce que le village est constitué de gros cinglés ?





On apprendra que le village entier se montre en effet véritablement hostile à la famille Blackwood, qui comprend Merrycat, la narratrice (de son véritable prénom Mary Katherine), sa sœur aînée Constance et leur oncle Julian, handicapé et en mauvaise santé. On apprendra également, petit à petit, qu'un drame familial s'est joué dans la maison et que l'hostilité des villageois n'y est pas étrangère. Surtout, on verra Merrycat évoluer dans un monde qui reste depuis des années celui de l'enfance, courant ici et là, se cachant dans des grottes avec son chat, inventant toutes sortes de jeux typiques de l'enfance. Des jeux qui sont aussi des rituels, et correspondent donc à des fonctions et à des buts précis.





La tension est palpable, on sent que quelque chose cloche dans ce petit monde clos, que la tragédie familiale n'a pas dit son dernier mot. C'est peut-être alors que le roman se relâche un peu, et perd de sa densité. L'arrivée, principalement, d'un cousin de la famille, Charles, très intéressé par l'héritage des deux sœurs, va certes servir de catalyseur, mais dans le même temps, il casse un peu l'ambiance très particulière du texte. Je regrette aussi qu'on sache dès le départ l'âge de Merrycat, qui agit sans cesse comme une enfant, et il me semble qu'il aurait été plus percutant, d'un point de vue dramatique, qu'on apprenne son âge véritable beaucoup plus tard.





Néanmoins, je ne peux pas terminer cet article sans dire que Nous avons toujours vécu au château est, peut-être par-dessus tout, l'histoire de l'amour inconditionnel qui lie deux sœurs, de leur relation symbiotique, radicale jusqu'à atteindre un point de non-retour (rassurez-vous, je ne divulgâche pas la fin). Et c'est dans cette relation fusionnelle que se manifeste également l'atmosphère très spécifique de ce roman, et le fantastique si personnel de Shirley Jackson.
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Nous avons toujours vécu au château

Quel étrange récit que Nous avons toujours vécu au château. Entre conte gothique et chronique familiale et d'un petit village.



La narratrice est Mary Katherine Blackwood, 18 ans, fantasque sauvageonne qui enterre ses "trésors" dans les terres autour de la maison pour protéger le domaine. Elle vit avec son aînée Constance, qu'elle aime plus que tout, du vieil Oncle Julian, infirme et à la mémoire fluctuante, et de Jonas, son chat qui la suit partout dans ses cachettes sylvestres. Ces quatre personnages vivent dans une sorte de monde à eux, à l'écart du village où les Blackwood, en.particulier les demoiselles, sont honnies.



Merrycat a une prédilection pour les rites qu'elle crée afin que rien ne vienne perturber son havre déjà bien malmené six ans auparavant. Aux personnes qu'elle ne supporte pas, elle est capable de réciter le plus sérieusement du monde les divers alcaloïdes mortels de l'amanite phalloïde. Une jeune fille bien singulière et très peu encline à des efforts pour se faire apprécier.



Paru dans les années 1960, le roman dégage une atmosphère ambiguë qui fonctionne toujours aussi bien. La grande maison Blackwood, avec les divers services de porcelaine, nappes damassées et argenteries apportées par chaque nouvelle épousée de la famille, possède une attraction à la fois surannée et intemporelle. D'où l'envoûtement émanant des pages de ce livre. Shirley Jackson savait rendre palpable les ambiances spéciales mises en scène dans ses histoires.



Il me reste son recueil La loterie ainsi que Hantise, récemment réédités après nouvelle traduction. Je sens d'avance que je vais me régaler.
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Nous avons toujours vécu au château

Deux soeurs et un vieil homme mal en point, dans une demeure patricienne de la Nouvelle-Angleterre.

Les jours s'écoulent un un rituel immuable entre la cuisine et le jardin, tout juste troublés par les courses indispensables au bourg, où des regards malveillants guettent derrière chaque carreau, où chaque pas est un défi relevé, un danger affronté.

Merricat Blackwood, la cadette, est seule à sortir affronter le monde, les deux autres se terrent au fond de la grande maison et sa belle blonde soeur Constance ne semble vivre que pour les plantes qu'elle cultive amoureusement, les repas qu'elle prépare religieusement et cette maison à moitié vide qu'elle entretient comme une église.

Nulle trace d'ennui pourtant, dans ce quotidien où chaque chose, chaque geste, semble empreint d'une magie profonde.



Quelque chose s'est passé, autrefois, qui a rendu les lieux si vides, si paisibles, si terrifiés par l'extérieur. Quelque chose va se passer bientôt, qui changera le cours des choses à jamais. D'ailleurs, n'est-ce pas une voiture qui vient de s'arrêter devant le perron ?



La poésie du banal, le pouvoir secret des choses et des mots, l'extraordinaire des êtres et des situations, composent une histoire pleine de charme et de mystère, empreinte d'un infime malaise et d'un suspense raffiné.

J'ai pensé parfois à Stoker, cet exquis détournement fait par Chan-wook Park de l'Ombre d'un doute. Si l'histoire n'est pas la même, on y retrouve le même fond retors sous une parfaite élégance, le même soupçon de candeur perverse, des personnages, des thèmes, des situations assez comparables. Et c'est tout aussi délicieux.

La voix de Merrycat pourrait être celle du Mal absolu comme de la parfaite innocence, si les deux à la fois ne s'incarnent pas en elle. Tissée d'une langue simple et puissante, comme une incantation, elle fascine le lecteur de bout en bout et donne envie de se réfugier aux côtés des sorcières sur la lune...
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