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Critiques de Sibylle Grimbert (141)
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Le dernier des siens

Comme ce roman aux avis dithyrambiques figurait parmi les 8 romans sélectionnés pour le prix Renaudot 2022, ainsi que parmi les 6 romans français sélectionnés pour le prix Femina 2022, je ne voulais pas être le dernier des miens à l’avoir lu.



Le roman s’ouvre en 1835 sur la scène de massacre assez insoutenable d’une colonie de grands pingouins. Parmi les marins venus décimer ces animaux pacifiques en période de nidification sur l’île d’Eldey au large de la Finlande, Gus, un jeune zoologiste envoyé par le Musée d’Histoire Naturelle de Lille, assiste impuissant à cette avalanche de cruauté. Par hasard, il parvient cependant à recueillir l’un d’entre eux, qui flottait blessé et meurtri dans les eaux glacées. Un spécimen, peut-être bien le dernier de son espèce, qu’il ramène chez lui et qu’il baptise Prosp…



Malgré une scène inaugurale d’une violence rare, Sybille Grimbert propose un roman introspectif qui raconte la relation touchante entre deux êtres qui s’apprivoisent au fil des pages. Un récit bercé par la solitude. Celle d’un animal dorénavant obligé de vivre loin des siens et de son milieu naturel, mais également celle d’un naturaliste qui pensait initialement s’attirer une certaine renommée en étudiant ce spécimen rare, mais qui finit par remettre en question les certitudes de ses compères et d’une époque qui n’imagine pas encore qu’une espèce puisse tout bonnement disparaître.



« Le dernier des siens » est donc d’une part le récit d’une catastrophe écologique, mais surtout un beau roman d’amitié qui invite à réfléchir à notre rapport avec la Nature. Un ouvrage que l’on referme en se rendant compte que l’on vient de quitter Prosp, le dernier représentant de son espèce…
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Le dernier des siens

Envoyé, en cette année 1834, en mission d’observation dans l’archipel écossais des Orcades par le musée d’histoire naturelle de Lille, un jeune zoologue français, Auguste, se joint à des marins partis chasser le grand pingouin – un gibier d’autant plus recherché et lucratif qu’en voie de raréfaction – jusqu’à la petite île Eldey, au large de l’Islande. En vue d’en ramener un spécimen, si possible vivant, au naturaliste qui l’emploie, le jeune homme soustrait un de ces oiseaux, blessé, au massacre systématique que les hommes, ravis de l’aubaine, opèrent sans se poser de questions. Le monde est si vaste et d’une telle profusion...





Mais, voilà que l’ayant installé chez lui, à la grande incompréhension des voisins qui s’empresseraient bien, eux, de tordre le cou à cette espèce de poule aux œufs d’or, Gus, de plus en plus fasciné par son observation du paisible volatile baptisé Prosp, commence à se prendre d’affection pour son pingouin. Au lieu de le ramener à Lille, il décide de se consacrer à son étude, s’installe avec lui aux îles Féroé pour lui offrir une captivité adaptée et, d’année en année, ne cesse d’approfondir un questionnement personnel, encore diffus et totalement atypique pour l’époque, mais qui, pour le lecteur, entre cruellement en résonance avec le présent.





Car, ce dont Gus prend tout juste conscience, avec stupéfaction et en avance sur son temps, c’est que la profusion terrestre n’est pas illimitée et que l’homme, par son activité, est en train d’exterminer d’autres espèces vivantes. Alors qu’il s’emploie de plus en plus désespérément à trouver un congénère pour Prosp, il réalise ainsi que son protégé est réellement « le dernier des siens », et que, n’en déplaise à ses contemporains qui refusent de le croire, les espèces devenues introuvables, comme le dodo depuis bien avant 1700, ne se sont pas simplement réfugiées dans un lieu encore inexploré du globe...





Captivante et touchante histoire d’amitié, même si teintée d’un soupçon d’anthropomorphisme, entre un homme et l’ultime représentant d’une espèce animale – le dernier grand pingouin aurait été tué en 1844 –, ce texte, qui plus est servi par une écriture de toute beauté, met très joliment en perspective, depuis les théories de Buffon, Lamarck, Cuvier et Darwin, jusqu’aux débats contemporains sur la sixième extinction, la prise de conscience par l’homme de l’impact de son activité sur la planète. Bien sûr, premier des siens à réfléchir sur sa responsabilité, Gus est ici davantage un symbole qu’un personnage totalement plausible. Pour se convaincre de son originalité pour l’époque, il suffit de se référer aux hécatombes animales perpétrées lors de ses explorations, exactement à la même période, par le naturaliste Audubon, ainsi que le relate Louis Hamelin dans son tout aussi passionnant Les crépuscules de la Yellowstone.





Sibylle Grimbert signe un fort joli livre, magnifiquement écrit et aussi touchant que ce si gauche et si inoffensif pingouin « aux ailes nanifiées par le bonheur », dont nous n’avons littéralement fait qu’une bouchée. Coup de coeur.


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Le dernier des siens

La rentrée littéraire, chaque fois, c'est, un peu comme la boîte à livres de mon quartier, le rendez-vous des espoirs déçus et des découvertes inattendus.

Que dieu me savonne, et que Bernard Pivot me pardonne.

Que de papier gâché, de quatrièmes de couvertures introspectives et de phrases ennuyeuses promises au pilon !

Déjà, le départ de la course aux prix vient de retentir, et la littérature, semble y être confisquée par quelques notables de la lettre, paraît n'être plus que le refuge des sempiternelles même plumes devenues aphones à force de n'avoir plus rien à dire ?

Serait-il "le dernier des siens", le livre qui aurait une belle et tragique histoire à raconter ?

Sibylle Grimbert a trouvé son inspiration sur un rocher désolé au large de la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de l'Islande.

Elle a été y chercher ses personnages.

Une chance qu'elle en fût revenue à temps pour participer à cette nouvelle et prometteuse rentrée littéraire !

"Le dernier des siens", paru aux éditions "Anne Carrière", est la belle surprise de cette rentrée littéraire.

C'est un récit original, profond et touchant.

C'est un beau récit qui nous concerne, qui parle à notre humanité et questionne nos rapports à l'animal.

Sur Eldey, rocher abrupt islandais battu par les vents, deux colonnes en mouvement se dirigent l'une vers l'autre.

Puis soudain c'est le massacre, rapide, violent comme toujours lorsque l'humain s'en mêle.

Une des dernières colonies de grands pingouins, peut-être la dernière, vient d'être décimée.

Un seul a pu survivre, meurtri, blessé, qui a été recueilli, une aile cassé, par Auguste.

Auguste travaille pour un naturaliste du Muséum d'Histoire Naturelle de Lille.

Le pingouin, quand à lui, répondra désormais au nom de Prost.

Quelque chose de profond et de solide va se nouer entre les deux êtres ...

Sybille Grimbert aurait pu se contenter de raconter une belle amitié qui aurait serré le coeur, et ravi tout à chacun de ses lecteurs.

Mais, en même temps que de raconter une histoire touchante, Sybille Grimbert s'est mise en tête de se questionner, de nous questionner ...

Et son livre prend alors une toute autre dimension de s'être élargi ainsi.

Car elle vient dans cet ouvrage intelligent et sensible toucher de sa plume la destinée tragique de la race de ce pingouin aujourd'hui disparu bien sûr, mais aussi de celle d'Auguste, l'humain qui fût son ami.

Car qui des deux a vu le vrai monde ?

Sybille Grimbert, enfin, lâche l'affaire de la fameuse supériorité confiée à l'homme mais sans pour autant sombrer dans les travers d'un animalisme primaire.

Sa réflexion est profonde, bien menée et juste.

Ce livre est tout bonnement la bonne surprise qu'il faut lire dans une rentrée littéraire avec laquelle j'ai un peu joué au début de cette chronique ... trop peut-être ... quoique ...

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Le dernier des siens

-Ohé, il y a quelqu’un ?

-…

Non, le problème c’est qu’il n’y a plus personne.

Gus a beau arpenter la terre à la recherche d’un compagnon pour Prosp, son grand pingouin, force est de constater que les pingouins semblent avoir été rayés de la carte. De grand pingouin point.

En 1835, Gus, jeune assistant du naturaliste du musée d’histoire naturelle de Lille, est missionné pour leur rapporter un spécimen de grand pingouin mort ou vif.

Gus embarque sur un bateau en partance pour l’île d’Eldey, au large de l’Islande, à la recherche du fameux spécimen. Gus assiste, dans une relative indifférence, à une boucherie féroce perpétrée par les marins, sitôt le pied posé sur l’île. Le massacre des pingouins, qui tentent vainement de protéger leurs œufs est total, tous sont méthodiquement exterminés, œufs compris.

Par un heureux concours de circonstance, Gus réussit à capturer une des rares pingouins ayant réussi à s’échapper en se jetant à l’eau (c’est le pingouin qui s’est jeté à l’eau, pas Gus). Gus repart sur les Orcades, son précieux butin bien vivant sous le bras, bien décidé à l’expédier en France, et d’accélérer sa carrière par la même occasion.

Une relation inattendue va alors se développer entre Gus et le pingouin baptisé Prosp, l’animal sauvage va être petit à petit domestiqué, et une relation de confiance va s’établir entre eux.

Le doute va alors s’immiscer dans l’esprit de Gus, de moins en moins décidé à voir son pingouin finir empaillé dans un musée…

La première partie du livre est celle que j’ai trouvé la plus intéressante avec la description des mœurs et des croyances de l’époque ; les scientifiques n’ont pas encore élaboré l’idée d’une possible extinction des espèces par les actes des hommes, ni leurs conséquences pour la planète. Le mécanisme d’apprivoisement mutuel, qui se met en place petit à petit entre Gus et Prosp, est très réaliste et bien décrit, et le lecteur devient le témoin de cette entente hors-norme.

Malheureusement, après ce démarrage prometteur, mon intérêt est allé ensuite decrescendo. Gus part aux îles Féroe, et à partir de là, le récit tourne en rond, puis à vide, dans la dernière tentative de Gus de trouver des congénères à Prosp.

Ce roman, s’il permet d’éveiller les consciences sur les dégâts irrémédiables causés par l’homme sur la planète, s’est avéré à mon gout un peu trop gentil, fade, répétitif tout particulièrement sur la fin. Sybille Grimbert et Gus ressassent en boucle la disparition des espèces, et il m’a manqué des idées nouvelles, un souffle pour repartir sur la fin de la lecture, ou une mise en perspective avec nos connaissances et projections actuelles.

Malgré ces bémols, c’est une lecture qui peut très bien convenir par exemple à un public adolescent sensible à la cause environnementale, et permettre une première prise de conscience sur les impacts irrémédiables de nos actes sur la planète.

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Le dernier des siens

Bye-bye, les oiseaux que j'aimais,

ça se vide dans les rues.

Bye-bye, rendez-vous à jamais,

Les espèces disparues.



C'était une vaine espérance,

C'était une ultime errance,

Et le dernier grand pingouin est tombé…



Eddy, eh dis, c'est le dernier, le dernier billet de l'année.

Le dernier, demain c'est le dernier, le dernier jour de l'année.

On va tourner la page, et rester sage, même si on a la rage,

et on va continuer à faire semblant, pour faire sans blanc.

Faut pas s'arrêter, de s'agiter, pour ne pas entendre le silence,

cher à Rachel, car sonne l'heure de la sixième extinction.

Mais non, pas encore, il reste du temps, fais un effort et attends.

Combien de jours et de nuits, ça fait combien de dodos ?

Ah, euh, y'en a plus, désolé, eux aussi ont disparu…



Alors, comme ça, il est parti, il a quitté la banquise, il avait vachement chaud.

Mais pas du tout, c'était il y a presque deux siècles, il faisait encore très froid.

Alors, il a chuté sur la glace, il s'est luxé les pôles, surtout le nord.

Encore non. Au nord, y' avait les cor – mourants, un massacre, une hécatombe, une opération bébés phoques avant l'heure, mais c'est pas pour la graisse, qu'ils l'agressent, le grand pingouin, c'est pour la chair et les oeufs, ils ont fait comme chez eux, les pêcheurs, comme avec les crabes ou les bulots, c'est facile et ça peut rapporter gros, on assomme et on ramasse, en somme on fait d'la place, mais c'est pas du boulot.



« Quand les tueurs se relevaient, ils emportaient les pingouins flasques, la tête coincée dans leurs poings, les jetaient sur un tas, et l'on pouvait distinguer les deux taches blanches entre leur bec et leur oeil, comme des papillons posés sur la charogne ».



Lorsqu'il était sur la grève, il se mettait en pause, comme s'il faisait grève, en mode ponte et couvaison, quand c'était la saison. Il était maître-nageur, très à l'aise en plongée, mais faire un casse, fallait pas y songer, aucune menace, il était piètre voleur. Et c'était bien là son drame, aucune échappatoire, quand le crime se trame, direct à l'abattoir. Incapable de fuir, avec ses ailes atrophiées, trop facile de lui nuire, y pouvait pas s'méfier.

Erreur de la nature, qui fait parfois des ratures, car rester sur le bord l'a condamné à mort. Les pêcheurs avaient péché, et à trop se gaver, ne purent se faire pardonner. Instaurer des quotas, ça n'existait pas, vu qu'il n'était pas le roi des airs, ce devint le désert.

Et les manchots, me direz-vous ? Ils eurent plus de chance à l'autre pôle,

« on dirait le sud, le temps dure longtemps, et la vie sûrement, plus d'un million d'années.. »



Sibylle Grimbert, sous couvert d'un récit romancé, nous conte l'histoire du dernier grand pingouin, ou présumé tel. La relation qu'elle invente entre l'ultime oiseau plongeur et un scientifique humain rêveur, aux fabuleuses îles Féroé, lui permet de construire une aventure poétique, une quête de l'extrême, en essayant de repousser la mort, la disparition qui signifie l'extinction d'une espèce animale.

Entre l'homme Gus et l'oiseau Prosp naît une complicité qui prend des proportions absolument inédites. Comme pour le vieux Bolivar et le jaguar amazonien de Sepulveda, comme pour le vieil homme et le poisson d'Hemingway, la dualité qui s'instaure entre les deux protagonistes, l'humain et l'animal, est si profonde qu'elle annihile toute rationalité et élude la moindre explication scientifique. Nous sommes ici dans l'allégorie de l'homme face à son destin, une espèce qui s'éteint et tout le monde chavire.



Elle régresse

Son espèce,

N'est plus prospère

Et désespère.

En détresse

Elle cesse,

Et Prosp'erre…

Dans l'amer !



Une bonne dizaine d'années de complicité réciproque, avec des départs et des retours, chercher les siens, retrouver l'humain bienfaiteur, une quête désespérée, jusqu'au bout du destin.



« Un instant, en se souvenant de Prosp, Gus pensa qu'il aurait aimé lui expliquer ce qui lui arrivait, à lui, le grand pingouin. Il se serait excusé de l'avoir mis dans cette situation d'être encore vivant quand tous les siens avaient disparu ; il se serait excusé de ne pas lui avoir trouvé une compagne quand cela était encore possible, de l'avoir ainsi transformé en ce vieillard irascible qu'il était devenu et qui, pour le punir, l'avait quitté ».



C'était bien sûr sans issue, une relation vouée à l'échec, à une époque où l'on ne pouvait envisager l'extinction d'une espèce.

Domestiquer pour sauver, je ne peux m'empêcher de penser à l'oeuvre de Gérald Durrell, le naturaliste britannique frère de l'autre, dont l'enfance à Corfou le fit plus tard regrouper en un « zoo » à Jersey les espèces menacées qu'il découvrit lors de ses voyages naturalistes.

C'était un siècle plus tard, à mi-chemin entre le dernier grand pingouin et le monde actuel.

Cinq décennies ont passé depuis le décret de protection des rapaces, les vautours repeuplent le ciel des causses, des espèces ont été sauvées.

On a enfin compris qu'il faut préserver le milieu naturel pour maintenir la biodiversité. Il semble qu'on s'y soit pris très tard. Trop ?



Ce petit livre est un appel à reconsidérer notre rapport au vivant, une touchante douceur dans un monde de brutes.

Une magnifique façon de finir l'année, avant de changer le calendrier.





Il s'est taillé le grand pingouin

Un costard noir et vêtement chaud.

Tu ris, carnage des gros sagouins,

Plus la peine de faire d'exquis mots...



Prosper, yop la

BOUM !

… ce fut le dernier des siens.
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Le dernier des siens

Gus, un jeune scientifique , envoyé par le Muséum d'Histoire naturelle de Lille , assiste en 1835 au massacre d'une colonie de Grands Pingouins en Islande ... et au retour de cette expédition sanglante recueille à bord du bateau un de ces pingouins blessés voyant là une opportunité d'envoyer un spécimen en France, mort ou vif .



Il ramène l'oiseau aux Orcades chez sa logeuse et après une délicate période d'adaptation , une relation étroite commence à se créer entre celui qu'il baptise Prosp et Gus .



Si au début, son intérêt est d'ordre scientifique, des liens faits de respect , de curiosité et finalement ce qu'il va découvrir avec grand étonnement, d'amitié vont diriger leurs deux vies entre les Orcades et le Danemark en passant par différentes iles du Nord de l'Europe .



Sibylle Grimbert a réussi à transmettre dans ce roman l'évolution de la pensée de ce scientifique devant la disparition d'une espèce, notion qui n'avait pas encore vraiment émergé, la seule espèce connue ayant disparu de façon officielle étant le Dodo . De l'incrédibilité de cette possible extinction au véritable traumatisme existentiel , Gus , sur une quinzaine d'années de cohabitation avec le pingouin, passe par de nombreuses fausses idées puis à une prise de conscience qui trouve un fort écho vis à vis de notre inquiétante situation actuelle .



L'écrivaine évite aussi l'écueil d'un anthropomorphisme qui aurait nui à la crédibilité de son récit. On s'attache à Prosp comme personnage principal sans se faire d'illusion sur son devenir ni espérer un "happy end " qui serait mal venu dans le message envoyé par ce roman .



Quand on lit à la fin du livre toutes les sources dont s'est inspirée Sibylle Grimbert, on constate un gros travail de recherches sur le sujet de la prise de conscience de la disparition de certaines espèces fragiles liée à l'homme . On ne peut que se battre à notre échelle et motiver les jeunes générations sur la préservation de la diversité de la nature .



J'ai beaucoup aimé ce roman , j'ai apprécié l' approche qu' a eu Sibylle Grimbert sans juger mais en mettant bien le doigt là où ça fait mal ...



Roman lu en Novembre 2022
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Le fils de Sam Green

Somptueux appartements sur Park Avenue, villas au bord de la mer, yachts pour les parties de pêche, grosses berlines allemandes, vêtements et chaussures sur mesure … Il avait tout cela et bien plus encore. Il était le prince de New-York puisqu’il était le fils du roi de la finance, le fils de Sam Green. Son nom lui ouvrait toutes les portes, lui offrait tous les privilèges, attisait envies et convoitises. Mais cela, c’était avant … Avant que la bombe explose et éclabousse d’opprobre ce nom qui jusque-là était synonyme de réussite. Le discret Sam Green était un escroc à la tête d’une fragile pyramide qui s’est effondrée comme un château de cartes, provoquant ruines, suicides et procès en série. Depuis Sam Green est en prison et son fils, désigné comme son complice, brisé, haï par tous, s’interroge sur sa vie, ses choix, ses doutes, ses lâchetés, ses faiblesses.





Largement inspiré de l’affaire Madoff, Le fils de Sam Green nous entraîne dans la descente aux enfers d’un homme qui avait tout et qui a tout perdu. Riche par la naissance, adulé par tous, il se retrouve seul et honni du jour au lendemain. Victime d’un père qui l’a compromis ou témoin consentant d’une vaste escroquerie ? Le fils avait des doutes mais il aurait fallu du courage pour chercher plus loin que les vagues doutes qui l’effleuraient parfois. Alors il a fermé les yeux, fait taire sa conscience pour profiter du système et de ses avantages. A l’heure du bilan, le fils de Sam Green se remet en question et ce qu’il découvre de lui-même n’est pas glorieux. Il aurait pu choisir sa propre voie, il aurait pu dénoncer, il n’a pas voulu renoncer à l’argent facile…

Fine analyse d’un milieu privilégié frivole en apparence mais profondément cruel, Le fils de Sam Green est un roman passionnant, décrivant sans concessions la jungle capitaliste. Mais c’est aussi et surtout un roman sur la filiation, sur cette relation ambiguë parfois qui unit un père et son fils, faite de rivalité, de désir de faire ses preuves, de recherche de l’approbation et qui souvent aboutit à « tuer le père ». Une belle réussite, bien documentée et très aboutie.

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Le dernier des siens

Ce n'est un secret pour personne, elle a commencé.

Elle est là, inéluctable et tragique, nous précipitant vers l'abîme dans l'indifférence quasi-générale.

Sur un rythme sans précédent dans l'Histoire humaine, elle menace aujourd'hui près d'un million d'espèces animales et végétales dont certaines, qui peuplaient nos forêts ou nos océans depuis la nuit des temps, disparaîtront avant même que nous n'en ayons entendu parler : c'est la sixième extinction de masse...

La plus rapide, la plus effroyable, la seule dont nous soyons exclusivement responsables (que dis-je, coupables !).



Toutefois en 1835, quand un naturaliste français prénommé Auguste - ou Gus - se joint en observateur à une sanglante expédition de pêche dans le Grand Nord, il ne se doute pas un instant qu'une telle hécatombe soit envisageable. Quand il assiste à l'extermination d'une colonie de grands pingouins, menée par ses compagnons d'aventure dans la joie et la bonne humeur, il ne sait pas que moins de 10 ans plus tard (1844), ce merveilleux volatile (qui partage avec le dodo le même destin terrible et la même incapacité à voler) sera considéré comme définitivement éteint. Et quand il se décide à recueillir l'une de ces bêtes pour la ramener vivante au musée d'Histoire naturelle de Lille, il n'imagine pas qu'il vient de sauver du massacre celui qui deviendra le dernier des grands pingouins.



Ce qui ne devait être que la simple étude scientifique d'un spécimen animal sans émotion ni conscience se transforme progressivement en une relation très forte faite d'abord de curiosité, de respect, puis de confiance grandissante, et enfin de complicité et de véritable affection.

Peu à peu, Gus tombe sous le charme de cet oiseau singulier, qu'il nomme Prosp et dont il ne se lasse pas d'admirer la silhouette, le plumage, l'intensité du regard ou la démarche si particulière, tout en balancements et en oscillations. Il détaille ainsi au fil des pages les habitudes et les traits de caractère du palmipède, les nuances de son odeur ou des grognements plus ou moins rauques qu'il émet au grès des circonstances, s'étonnant autant de son agilité sous marine que de son embarras à terre.

C'est beau, drôle parfois, touchant souvent, et bien écrit toujours.



Alors évidemment le lecteur lui aussi s'attache au pingouin, il se régale des descriptions superbes et pleines de vie offertes par Sibylle Grimbert.

Moi qui redoutais un peu le roman trop "superficiel" bourré de bons sentiments, l'histoire facile d'une amitié légère entre un homme et un animal exotique qui se prêterait à toutes sortes de tours rigolos, quelle ne fut pas ma joie en plongeant tout entier dans ce texte fort, poignant, intelligent, qui évite soigneusement le piège de l'anthropomorphisme ! L'auteur y évoque brièvement les thèses et théories des grands naturalistes (Lamarck, Cuvier, Darwin), mais propose avant tout une réflexion profonde sur la fragilité des équilibres, l'interdépendance entre les espèces, la place de l'Homme et de l'Animal dans le concert sacré du vivant, ou encore les conséquences néfastes de la domestication...

Sibylle Grimbert nous invite à suivre l'exemple de Gus et Prosp ("il y avait comme une intersection entre leurs deux mondes, une zone de croisement dans laquelle ils vivaient en bonne intelligence"), et à travers l'histoire de cette rencontre fortuite et bouleversante, à une époque où le concept "d'extinction de masse" n'existait pas encore, elle lance un vibrant appel à la sauvegarde de la biodiversité.



Quel beau témoignage que celui de Gus, dévoué tout entier à cette créature fragile dont il a un jour, presque par hasard, accepté la responsabilité !

Et quel drame pour lui de réaliser peu à peu, d'abord avec incrédulité, puis avec inquiétude et enfin avec horreur, que son ami, celui qu'il a sauvé, soigné et nourri, celui avec qui il a appris à communiquer ("de même qu'il ne comprenait pas le langage des pingouins, le pingouin ne saisissait pas le sien, et pourtant Gus était convaincu qu'ils se comprenaient, que dans l'immensité de leur vocabulaire à chacun, ils avaient trouvé des modulations, un ton, des inflexions en commun"), que cet être précis et aimé pourrait bien être l'ultime représentant de son espèce, "le dernier à connaître les sensations, le langage, l'instinct des siens, le seul de toute la non-éternité des grands pingouins à se souvenir des plus de cent mille ans qu'ils venaient de passer sur terre".

Et notre pauvre narrateur de s'interroger sans fin sur les causes de ce déclin aussi funeste qu'inimaginable : "aucun des mécanismes de la disparition chez Lyell [géologue et naturaliste écossais] ne s'applique au cas précis des grands pingouins. Ni le climat [...] ni la compétition entre animaux [...]. Reste l'homme : mais en quoi les grands pingouins qui vivent loin de nous nous nuiraient-ils ? Je ne vois pas. Alors, se pourrait-il que nous, les êtres humains, ayons commis une erreur ?"

Ça se pourrait bien, Gus, ça se pourrait bien...



Un paquet d'erreurs, même, et c'est pourquoi tu tombes de haut, cher Gus, toi qui crus longtemps comme l'ensemble de tes contemporains (et comme beaucoup trop des miens) que "la terre n'est que profusion", que "rien ne change si absolument, que les forces vitales agissent et que la vie se reforme toujours", que "la nature, si bien huilée, si équilibrée, empêche la fin de ce qui n'est pas nuisible à l'homme".

Cet optimisme t'honore, mais la triste réalité est tout autre, comme en témoigne la fin du roman, empreinte d'une infinie tristesse et d'une terrible lucidité quant aux catastrophes qui s'annoncent.

Déjà le grand pingouin n'est plus, le vivant recule, le monde s'effrite.

Vertige.

"Si la Terre avait été plate, Gus aurait dit qu'elle venait de pencher telle une assiette et que son contenu dégringolait dans le vide, et pourtant l'Écossais [son ami Buchanan] continuait d'avancer devant lui comme si de rien n'était".
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Il n'y a pas de secret

Paula a 14 ans lorsque sa maman Valérie disparaît du jour au lendemain sans donner d'explications. Elle se retrouve seule avec son papa dans l'incertitude d'un possible retour, dans l'espoir de comprendre pourquoi elle a agi ainsi et dans la tourmente des jours sans elle. Pourquoi cette maman a-t-elle abandonné son enfant et son mari? Les aimait-elle réellement ou se cachait-elle derrière un semblant de vie? Maitresse d'un autre homme, aimait-elle suffisamment son mari ? L'aurait-elle rejoint quelque part et tourné le dos à tout ce qu'elle avait construit jusqu'ici ?

Paula essaiera tant bien que mal de cerner et de comprendre sa maman et tentera de vivre aux côtés de son papa. Une reconstruction et une mise en question sur elle-même seront alors nécessaires pour continuer à avancer...



Ce roman est une véritable introspection de la part de la narratrice et une analyse approfondie sur la vie suite au départ brutal de sa maman. D'une écriture intimiste, Sybille Grimbert nous livre un roman sur le concept de la famille et du noyau qui éclate au sein de celle-ci. Livrée à elle-même, Paula analyse et essaie de comprendre ce qui a poussé sa mère à quitter le foyer. Elle se penche sur l'icône maternelle et les liens qu'elle a pu tisser avec elle, sans parvenir à comprendre son geste.

Une histoire moderne sur les liens familiaux où ni Paula ni son papa ne sortent grandis.



Il n'y a pas de secret... de famille...
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Le fils de Sam Green

Ca démarrait plutôt bien. Et puis je ne sais pourquoi, je me suis rapidement détaché de ce personnage et de l'histoire racontée, alors que le sujet même m'intéressait vraiment. Je m'y suis rapidement ennuyé, n'ayant en plus guère d'empathie pour ce pauvre petit fils de ... devenu victime collatéral de son escroc de père.

Mais bon, les avis semble aller à l'inverse de mon sentiment donc ..
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Le dernier des siens

À l'heure où, selon la plupart des spécialistes, une sixième extinction massive des espèces a commencé, Le dernier des siens est un très beau récit sur les rapports entre les êtres humains et les animaux.

En 1834, "Gus", un zoologiste français, alors qu'il assiste à un massacre d'une colonie de grand pingouin, d'une grande violence, attrape un pingouin sans réellement réfléchir à son geste.

La phase d'adaptation passée, une relation improbable et touchante d'amitié, et d'amour aussi, s'installe entre Gus et "son" pingouin. Elle deviendra d'autant plus forte, que le scientifique prend conscience que son protégé est certainement le dernier de son espèce.



« Les populations déclinaient lentement, et leur souvenir s'effaçait. Comment comprendre une chose pareille ? Comment comprendre que ce qui a été, ce qui a été nombreux, proliférant, s'efface ? »



Passionnante lecture. Les descriptions scientifiques sont simples et à la portée de tous. De même que les théories - celles de Lamarck, Cuvier ... ou encore Darwin, la seule que je connaissais ;-) - de l'époque sur l'extinction des espèces.

Passionnante et intéressante lecture qui donne à réfléchir, qui interroge sur la place de l'homme dans la nature. Le ton n'est absolument pas moralisateur ; l'impact de ce récit n'en est que plus fort.

Merci Sybille Grimbert.



« Gus aurait mieux surmonté la disparition du grand pingouin s'il avait pu accuser un volcan, ou les orques, ou des ours blancs. Mais cet oiseau mourrait d'avoir été la matière première des ragoûts, de steaks noirs, d'huile qui n'était même pas meilleure que celle des baleines. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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La horde

Laure, dix ans, est une petite fille comme toutes les autres, du moins au premier regard.

Ganaël est un démon qui a attendu des siècles durant la perle rare à posséder.



Sibylle Grimbert nous relate cette histoire de possession à travers le regard d'une entité surnaturelle vouée à pervertir l'humanité.

Le démon prend un malin plaisir à nous relater chacune de ses victoires, sa lente progression à travers les cellules de l'enfant et les subtiles modifications qu'il inspire.

Toutefois, rapidement, le récit va prendre une direction assez inattendue.



Un roman où le fantastique n'est qu'une excuse pour explorer la lente dérive d'un individu vers son côté sombre. L'auteure ne s'embarrasse pas de description superflue, chaque chapitre marque la progression et le changement de la gamine. Mais est-ce vraiment un changement ? L'auteure explore les déviances inhérentes à notre libre arbitre. Le récit se fait volontiers ironique dans les rapports qu'entretiennent Laure et Ganaël.

Si l'une s'accommode plutôt bien de ses sombres désirs, l'autre semble déstabilisé par les émotions humaines et finalement, intrigué par cette métamorphose. L'élève finira-t-elle par dépasser le maître ?



Une agréable lecture mais sans plus.
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Le dernier des siens

En pleine conférence des Nations-Unis sur la biodiversité, (à laquelle nombre de chefs d’états n’ont pas jugé bon de se rendre), la disparition des espèces due aux activités humaines devrait alerter tout un chacun, et pour ce faire, pourquoi ne pas passer par le biais du roman ?

C’est ce que fait Sibylle Grimbert en emmenant le lecteur dans les années 1835 à 1846, aux côtés d’un jeune scientifique envoyé par le muséum d’histoire naturelle de Lille pour rapporter un spécimen, mort ou vif, de grand pingouin. Dès les premières pages, Gus assiste sur l’île d’Eldey au massacre par des marins d’une colonie de quelques dizaines de grands pingouins. Un seul est récupéré, blessé mais vivant, et Gus se met en tête de le rapporter ainsi en France. Il ne se doute pas qu’il va s’attacher au volatile, tenir compte de ses humeurs et de ses besoins au point de rester avec lui dans l’Atlantique Nord. Tous deux iront, au gré des rencontres et des décisions de Gus, dans les Orcades et les Féroé, ainsi qu’en Islande.



Le jeune zoologiste se passionne d’autant plus pour l’animal, qu’il nomme Prosp, qu’il entend par ouïe-dire, puis constate par lui-même, que plus aucun autre individu de cette espèce ne survit. Il connaissait l’extinction des espèces en théorie, mais se rend compte qu’il y assiste au plus près.

Par la même occasion, nous autres, lecteurs, observons aussi le processus en détail. L’écriture de Sibylle Grimbert rend superbement bien le drame qui s’annonce et la dépression qui touche Gus face à cette extinction. Le fond et la forme se rejoignent dans un très beau plaidoyer pour la protection des espèces, sans procéder à une démonstration, et en gardant bien d’un bout à l’autre du livre à l’esprit que Gus est un homme du dix-neuvième siècle, et ne raisonne donc pas avec les connaissances de notre époque. Et que Prosp est un pingouin, pas un animal domestique !

Une lecture en apnée, avec des personnages très touchants et un décor gris et froid particulièrement bien rendu. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman, mais surtout : lisez-le !
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Toute une affaire

Sabine travaille au sein de l'entreprise familiale Sanglay dans le domaine de la mode masculine. Son frère Timothée y est également employé et c'est son demi-frère Daniel qui tient les rênes de l'entreprise créée par leur père.

La récente rupture avec Fabrice, son compagnon depuis trois ans, plonge Sabine dans une situation fragile où règnent doute et manque de repères. Intégrer un milieu rassurant entourée des siens lui semble être une solution réconfortante.

Néanmoins, oeuvrer en collaboration avec sa fratrie s'avère être délicat et souvent compliqué voire frustrant. La personnalité dominatrice de Daniel et la mainmise de son père sur les décisions et orientations des affaires mettent Sabine dans une position ambivalente offrant un certain confort toutefois l'empêchant de s'épanouir complètement et de trouver son identité.

Devoir constamment se heurter aux attitudes patriarcales, elle se perd et ne trouve plus ni intérêt ni motivation dans ce qu'elle fait, se sent prisonnière.

Elle rêve alors de s'envoler, de jouir de liberté et malgré toutes les chaînes qui la lient à cette organisation familiale, elle ose annoncer cette petite phrase choc : « j'arrête tout » !

Commence alors une période mêlant attentes et difficultés à se positionner dans ce « tout est possible » et pouvoir prendre son envol.

Je découvre Sybille Grimbert et suis assez bousculée par son style. Longues phrases, métaphores subtiles, vocabulaire recherché s'allient pour nous offrir une écriture de qualité néanmoins dressant des barrières pour déchiffrer le dénouement de l'histoire. J'avoue m'y être un peu perdue surtout dans la première partie. Puis, une fois apprivoisé, ce style m'a permis de trouver un certain plaisir de lecture.

Je dirais donc que ce roman me laisse une impression en demi-teinte.

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Le fils de Sam Green

Il est le fils de Sam Green et cela suffit pour qu’on le respecte, qu’on l’admire et le jalouse. Green, un nom qui a lui seul symbolise la richesse, le pouvoir et la confiance. Un nom auquel les plus grosses fortunes d’Amérique confient leur argent, persuadées que leur placement est le meilleur qui soit et qu’il leur rapportera toujours plus. Jusqu’au jour où s’immisce un doute concernant ces méthodes miraculeuses… Et là, la pyramide s’effondre, le pot aux roses est découvert. Des milliers de gens se voient ruinés du jour au lendemain et crient vengeance. Et parmi eux se trouve le narrateur, ce fils déchu, trahi par son propre père et projeté malgré lui au cœur d’un scandale qui le dépasse… Une question se pose alors : est-il une simple victime ou le complice de l’une des plus grosses arnaques du XXème siècle ?



Dans ce roman habilement construit, Sibylle Grimbert nous ouvre les portes du monde de la finance et nous plonge en pleine introspection, celle d’un homme blessé, d’un fils trompé, qui voit son univers et tout ce qu’il a toujours connu et qu’il tenait pour légitime, se déliter sous ses yeux. Avec la révélation du scandale s’opère une véritable remise en question de ce qu’il est, de ses valeurs, de ses certitudes… Tout à coup, les masques tombent, le décor s’effondre et seules restent la haine et la colère. Parce qu’il est le fils de Sam Green, le narrateur se retrouve assis d’office sur le banc des accusés et des bourreaux, mais jusqu’à quel point hérite-t-on des erreurs de ses parents ? Le nom qui hier apportait prestige et gloire est aujourd’hui synonyme d’opprobre et de honte. En s’inspirant d’un fait réel, Sibylle Grimbert choisit de dresser un portrait psychologique incisif et pertinent de l’une des victimes collatérales de l’un des plus gros escrocs de notre temps. Un roman efficace et bien rythmé !
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Le dernier des siens

Le sujet du livre, l'extinction d'une espèce, donne réellement à réfléchir, ses abords sont nombreux, mêlent à la fois des questions anthropologiques, éthiques, écologiques, spirituelles. La fusion des deux amis fait plaisir à voir, la domestication, le sens à trouver, le rapport à la nature, le braconnage... C'est bien pensé et aisé à lire. Il m'a manqué pas grand chose pour adhérer complètement au contenu, sans savoir comment l'identifier. Peut être des répétitions, ou une trame prévisible.
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Le dernier des siens

1835, Gus, zoologiste à Lille est le témoin, lors d’une mission sur l’île Eldey au large des côtes islandaises du massacre de grands pingouins. Il en recueille un qu’il va apprivoiser et le nomme « Prosp ». Cette espèce est menacée d’une extinction inéluctable qui sera confirmée dans les années qui suivent. L’autrice bâtit une histoire attachante sur la relation homme animal ou les certitudes de l’homme de sa toute puissance sur la nature vacillent et ou le pas qu’il parvient à faire vers l’autre est source de bonheur.
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La horde

Je t’avais dit qu’après le dernier Sandrine Collette, j’allais me faire un roman facile, dans le sens où je voulais pas trop réfléchir, et passer un bon moment de lecture.

«La horde», c’est la couv qui m’a appelé. La couv, le titre, et le premier paragraphe. Je t’ai dit déjà, je lis pas souvent les quatrièmes. Les éditeurs ont tendance à raconter des conneries dessus, un peu comme des marchands de lessive.

Sibylle Grimbert, je la connais pas. Jamais rien lu d’elle. J’ai cru comprendre qu’elle faisait plutôt dans le blanchâtre mais quand t’auras lu (si tu l’as pas encore fait) «La viande des chiens, le sang des loups» de Misha Halden (Justine Niogret), tu sauras pourquoi ça me fait pas peur les auteurs qui font dans le blanc ou la littérature jeunesse... Parfois, tu tombes sur une pépite, et elle te marque pour les trois mois qui suivent.

En plus Anne Carrière, elle est pas connue pour ses romans noirs, donc la surprise pouvait être totale.

Dès les premières lignes, je me suis dit que c’était une sacrée bonne idée. Décider de vivre une histoire par la voix d’un démon qui s’incarne dans un Playmobil, c’est juste osé. On est à un million de kilomètres de «L’exorciste» et de ses dérivés, et j’aime bien ça. De plus l’héroïne est une petite fille, et depuis un certain roman d’une certaine auteuse, où j’ai pas franchement adhéré à la dithyrambe générale, je fais gaffe... Les petites filles, en littérature, ça peut être tout mais aussi n’importe quoi. Bon, j’exagère. Mais tu me connais, j’ai tendance à exagérer.

Je te dis de quoi ça cause, ce roman.

D’abord, il y a Laure. Laure, elle a dix ans, et c’est une chouette môme. Gentille, avec des copines, elle va à la piscine (clin d’œil à Éric Maravélias, j’me comprends) et franchement, on voit pas trop ce qui pourrait changer ça. Mais l’autre personnage, c’est Ganaël. Ganaël, ça fait quelques milliers d’années qu’il fait la planche sur son marécage, et il en a marre. Il voudrait bien vivre sa vie. Ganaël, c’est un démon. Un vrai, comme t’en a sûrement croisé plein, mais juste t’as pas fait gaffe.

Ganaël a repéré Laure, et il décide de prendre possession de cette petite fille et de lui apprendre les trucs que t’apprends pas aux petites filles d’habitude.

Genre, la cruauté, l’indifférence à la souffrance... Le Mal.

Une langue vive, au ras du sol, parce que Laure, elle est petite, comme toi quand t’avais dix ans, et que tu jouais à «t’es pas cap».

Et puis tu vas devenir Laure, et te souvenir, ces trucs de mômes, ces histoires de fées et de fantômes qui frappaient aux portes ou qui faisaient démarrer les mobylettes.

Donc c’est une histoire, bien racontée, mais pas que.

Pas que parce que celui qui cause, celui qui dit «je», c’est le démon. Et c’est juste génial. Parce que la possession, c’est comme les frites, si tu fais pas deux bains, c’est raté. Un premier bain dans de l’huile à 220° (c’est la température de l’enfer, tu savais pas ?) et un second bain, plus long, à 180°(c’est la température du purgatoire).

Ce qui est vraiment étonnant, c’est de voir le démon qui s’approche de la condition humaine, et qui finit par... Je te dis pas, je déconne.

J’ai aimé l’ironie, présente tout au long du texte, j’ai aimé Laure, qui se rend compte que finalement, être méchant, c’est pas idiot, ça peut aider à vivre plus confortablement. T’en connais des comme elle, je le sais.

Comment lier un démon et une petite fille ? Comment faire de cette relation pas franchement simple au départ, une vraie relation, presque amoureuse, la même que celle qui perdure au sein d’un couple, quand l’autre accepte l’un, malgré...

T’as rencontré des pervers narcissiques ?

Tu sais ceux qui sont incapables, ou presque, d’empathie, mais tu t’en es pas rendu compte tout de suite, ceux qui ne parlent que d’eux, tout le temps, et que tout ramène à eux, en permanence, ceux qui détruisent ceux qui les entourent, et notamment dans le cadre du duel, représenté par le couple.

Ceux là.

La soumission, elle est dans ce roman.

La lutte contre la volonté de l’autre, elle est dans ce roman.

La violence psychologique, elle est dans ce roman.

La tentation, l’envie, elles sont dans ce roman.

L’innocence des enfants (t’y crois toi ?), elle est dans ce roman.

Mais voir l’humanité de l’extérieur, en bronzant sur son marécage (ça te rappelle des gens ?) et en faire partie, c’est pas pareil...

J’ai cru tomber sur un roman sympa, facile à lire, et distrayant, je me suis pas trompé.

C’est ce que je te disais. Parfois, dans le blanc, il y a du noir, et ça fait du gris.

Foncé, le gris.


Lien : http://leslivresdelie.org
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Le dernier des siens

Ce qui est rare est convoité puis disparaît. Ce qui s’éteint est par la suite oublié. Un constat extrêmement douloureux quand l’homme agit en toute conscience, en épuisant les ressources naturelles et en décimant des êtres vivants. Insignifiant grain de sable, l’humain dédaigneux grippe l’engrenage de la nature et imagine à tord que ses actions sont sans conséquences et que ce qu’il n’a plus sous les yeux a migré ailleurs.



Mer du nord, milieu du 19ème, il nous est conté l’histoire touchante d’un attachement inattendu entre un zoologiste et un grand pingouin survivant d’un massacre auquel le scientifique a assisté sans saisir la gravité de cet événement. A travers l’introspection de l’homme, on nous parle surtout de prise de conscience, de responsabilité et de désarroi face à un animal sauvage domestiqué qu’on aime, privé de sa véritable nature par la faute des hommes. Finalement qui du scientifique éveillé et du grand pingouin, est le dernier des siens?

Un récit puissant qui se révèle à la fois un véritable ode à la nature et un cri d’alarme.
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Le dernier des siens

L'idée de départ - La vie et la disparition dans l'Atlantique Nord, du dernier Grand Pingouin - était plutôt intéressante. Surtout si, comme moi, on est sensible à la cause animal, au devenir de la planète, de la nature et donc à celui de l'humanité. Alors pourquoi suis-je un peu déçu par la lecture de ce roman ?

Premièrement le style est assez « plat », sans souffle ni poésie (le sujet s'y prête pourtant). de plus il y a trop de redondances à mon goût. Deuxièmement, même si l'histoire est réaliste, je l'ai trouvé un peu naïve, parfois même peu vraisemblable, mais peut-être suis-je trop terre-à-terre ?

Il y a pourtant de bonnes choses dans ce texte. Les réflexions sur les rapports entre l'homme et l'animal sauvage et/ou de compagnie. Car Prosp, ce pingouin là, devient au fur et à mesure un animal de compagnie. Peut-on appeler "Amitié" ce rapport ? Et puis il y a d'autres questions importantes : p. 161 « Comment comprendre une chose pareille ? Comment comprendre que ce qui a été, ce qui a été nombreux, proliférant, s'efface ? ». P.174 « ... les japonais qui vivent de l'autre côté du globe. Mais un globe pouvait-il avoir un côté ? ».

Lu dans le cadre du Comité de lecture d'une bibliothèque du Nord. Je précise que ce roman se déroule au milieu du 19ème siècle et que le personnage principal (outre Prosp) est un jeune chercheur qui travaille pour le Musée d'Histoire Naturelle de Lille. Je n'ai encore jamais visité ce musée (qui est assez réputé pourtant) mais du coup je compte le faire bientôt, ne serait-ce que pour vérifier si il possède un spécimen de grand pingouin. La littérature sert aussi à ça : Sortir de la lecture pour voir le Monde en vrai.

Allez, salut.

P.S. : Me relisant, je me rends compte que je suis décidément très paradoxal ; réclamant plus de poésie tout en m'affirmant terre-à-terre !

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