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Critiques de Sándor Márai (470)
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Les braises

J'ai aimé découvrir cet auteur hongrois que je ne connaissais que de nom. Ce roman était intéressant à bien des points de vue, notamment pour la psychologie fouillée des personnages et la réflexion sur l'âme humaine.



Néanmoins, je ne peux nier avoir trouvé certains moment sun peu long. Je n'irais pas jusqu'à dire que je me suis ennuyée, mais ce n'est pas un roman impossible à lâcher avant d'en connaître la fin.



J'ai beaucoup aimé la tension entre les deux personnages, cette ambiance intriguante, les secrets peu à peu dévoilés au coin du feu dans ce chàteau sombre. J'ai réussi à deviner une partie de l'histoire au fur et à mesure, mais pas l'ensemble.



La plume était agréable et nous fait découvrir un autre temps. Je continuerai à me plonger dans l'œuvre de cet auteur pour connaître davantage son style.
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Les braises

Dès les premières pages, impossible de lacher le livre !



L'univers de ce huis-clos n'est pas loin de celui du Guépard, le magnifique film de Luchino Visconti : la Vienne du siècle dernier, les fastes de la noblesse autrichienne, les forêts de chasse impériales, la rigueur des sentiments, le beau langage et la belle écriture !



Le décor étant planté, le huis-clos annoncé peut commencer, entre Henri (le noble fortuné) celui qui cherche la vérité, et Conrad (son ami désargenté) celui qui la détient. Curieusement, le dialogue s'avère être un long monologue, fait par le demandeur, qui s'égare très souvent dans des digressions que le détenteur s'efforce de recadrer dans l'essentiel de l'énigme qui les réunit.



Il en résulte de nombreuses redites et longueurs, notamment sur la définition de ce qu'est l'amitié. Pour l'accepter et y trouver intérêt, il convient de replacer l'intrigue dans son époque, quand la noblesse des sentiments était complexe et raffinée. Ainsi, ce long monologue devient passionnant, et dévoile l'intrigue très progressivement.



Henri m'a semblé plutôt antipathique et imbus de son rang, enclin à des affirmations qui feraient scandale aujourd'hui. Conrad m'a paru trop discret et d'une sensibilité plutôt sympathique. Le dénouement de l'intrigue est relativement prévisible, et le suspens s'éternise, mais les dernières pages sont savoureuses.



J'ai conscience de ne pas avoir été très clair dans mon commentaire, mais la confusion des sentiments ne porte pas à l'être.

En résumé, j'ai aimé ce livre pour son originalité et sa belle écriture. Il est des lectures, rares, qui élèvent l'âme, "Les braises" en fait partie.



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Libération

Sandor Marai est un auteur hongrois que les lecteurs de l"Est" ont découvert après la chute du mur de Berlin en 1989 alors qu'il était bien connu ailleurs dans le monde. Libération raconte le siège de Budapest par les Russes au début de l'année 1945. Pendant la guerre 40-45, la Hongrie s'était rangée du côté de l'Allemagne et avait été relativement épargnée. L'avancée des Russes vers l'ouest avait envoyé les habitants de Budapest dans les caves des immeubles. Sandor Marai a écrit ce roman à chaud en 1945. La vie cachée dans les sous-sols pendant des semaines nous est racontée par Elisabeth. Ce roman est très poignant et révèle la nature profonde des différents protagonistes face à cette situation. Un roman court mais marquant raconté par quelqu'un qui a vécu ce pénible moment.
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La Nuit du bûcher

Dans un long récit-confession qu'il est sur le point d'envoyer à ses confrères carmes d'Avila en Espagne, un inquisiteur espagnol mandé à Rome à la fin du XVIe siècle, le narrateur, raconte ce qu'il y a appris en matière d'exécution des hérétiques par le bûcher. L'image de couverture du roman et la quatrième de couverture laissent supposer qu'un rôle prépondérant dans l'intrigue est réservé à la mise à mort du plus célèbre des philosophes hérétiques italiens, Giordano Bruno, le 17 février 1600 au Campo de' Fiori à Rome, où trône une statue en bronze de celui-ci (érigée dans la foulée de prise de la ville par la monarchie italienne supplantant le pouvoir de la Papauté qu'elle veut ainsi condamner). L'éditeur laisse entendre que le célèbre écrivain hongrois Sándor Márai, opposant indéfectible des totalitarismes fasciste et communiste de son temps, a écrit ce roman en 1974 depuis l'Italie en prenant partie pour le héros de la libre pensée et contre la tyrannie de l'Inquisition, pour parler de son époque, comme cela a été fait souvent dans différentes récupérations anachroniques du personnage historique dans des contextes qui en vérité ne s'y prêtent guère.

Passionné de la pensée et de la vie du philosophe, théologien, astronome de Nola, séduisant par son immense érudition, par son pacifisme et son ambition de se faire l'intermédiaire sceptique et provocateur entre catholicisme et protestantisme dans une Europe encore meurtrie par les guerres de religion qu'il parcourt infatigablement, par ses mnémotechniques et pour avoir été sans doute le plus fin connaisseur d'Aristote de son temps, j'ai lu une excellente biographie par le philosophe italien Matteo D'Amico qui met en lumière, après une étude très approfondie des archives du procès contre Bruno, l'impartialité, la méticulosité, le soin que le Saint-Office employa dans la procédure le concernant qui dura sept ans et opposa au prévenu les esprits les plus vifs et les plus attentifs de l'Église. Le contraire des procès staliniens ou d'autres mascarades pseudo-judiciaires expéditives précédant les mises à mort politiques du XXe siècle.

Heureusement, le romancier hongrois ne tombe pas dans le piège. Pendant la moitié exacte du roman, le narrateur ne rencontre pas Giordano Bruno, mais il découvre un détail peu connu de la procédure : la nuit qui précède la mise à mort sur le bûcher, des « confortatori » laïcs et ecclésiastiques passent les dernières heures de la vie du condamné à essayer de lui arracher une confession sincère et la communion, voire même un désir véridique d'expiation, afin de lui assurer le salut éternel qui vaut bien plus, dans l'esprit de l'époque, que la peine d'être brûlé vif devant une foule excitée... L'écrivain situe ces personnages mineurs, en imaginant fort précisément leurs pensées, leurs motivations et leur statut social dans le cadre d'une confrérie historiquement attestée – et l'on reconnaît aux détails un sérieux travail sur les archives –, de même qu'il imagine à deux reprises des entretiens avec le Grand Inquisiteur, le cardinal Robert Bellarmin, qui comptent parmi les pages les plus saisissantes du roman.

Néanmoins, dans l'itinéraire biographique du narrateur, qui reste le personnage principal, la rencontre avec un Giordano Bruno à peine esquissé, d'abord avec ses confortateurs nocturnes, puis sur le bûcher, l'impénétrabilité de son visage imperturbable dans les deux circonstances, et la mise en parallèle de cette inexpressivité avec celle que le narrateur observe dans deux Pietà de Michel-Ange, constituent les moteurs de l'action du récit. Celle-ci se dynamise dans le dernier tiers du roman, notamment après que la personnalité et les hérésies de Bruno sont révélées par le truchement des propos que Bellarmin adresse au narrateur. Ainsi, c'est la représentation que le prélat présente de l'hérétique et non une opinion du narrateur – qui aurait été bien incapable de se la former tout seul – que l'auteur nous propose, en repoussant encore davantage une lecture facile qui pourrait identifier grossièrement la narrateur à l'auteur, ou laisser entendre un jugement anachronique de Bruno.

La narrateur demeure d'ailleurs profondément un homme de son temps qui, s'il récuse son « métier » d'inquisiteur, ne le fait pas pour les motifs qu'un contemporain pourrait lui attribuer.

Ainsi, le roman possède une finesse et une valeur propres qui n'ont rien à voir avec l'idéologie.

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L'Héritage d'Esther

Avec "L'héritage d'Esther" j'aborde l'univers de Sandor Marai pour la troisième fois. Comme à son habitude, dans ce court récit, l'auteur va à l'essentiel de ses centres d'intérêts: le fond de l'âme humaine confrontée soudain au sens de la vie. Esther, vieillissante raconte ainsi une journée qui le lui révèle. La virtuosité de l'écrivain tient à la densité des impressions, des sentiments et des pensées toutes entières ramassées dans un temps très court. Comme au théâtre, Marai comprime le temps pour mieux en faire ressortir la richesse infinie des situations, de celles qui scellent les destins. Il y a comme une fatalité dans la manière dont les personnages de Mirai se regardent, Esther comme le vieux général des "Braises" ont vu leurs jours basculer, avec l'intrusion d'un autre, au coeur de leur vie. Pour Esther, cet autre s'appelle Lajos. Il réapparaît vingt ans après. Elle en connaît tous les défauts, pourtant, elle se laisse écraser par son arrogance et sa fourberie, dans une sorte de plongée vers le pire. Ainsi Esther n'aura t-elle jamais pu prendre en mains le cours de sa vie. Il y a pour Marai, un caractère inexorable des vies humaines, pour le pire souvent. Il met en scène dans ce roman un de ces schémas qui lui tiennent à coeur avec un talent littéraire exceptionnel.
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L'Héritage d'Esther

Une lecture magnifique pour une histoire lamentablement triste. Seule l'écriture rend la lecture possible de cette histoire tragique.

Esther a aimé absolument, croit-elle, l'a-t-elle cru, un homme, qui l'a attendue, qui a souhaité son courage, sa force, et qui par dépit a épousé la petite soeur Vilma. Laquelle jalouse, envieuse, a détourné les dernières lettres d'amour désespérées de l'homme à destination d'Esther.

Mais pourquoi Esther aurait-elle eu besoin de ces déclarations enflammées, de dernier recours, pour entendre l'appel ? Pourquoi ne s'est-elle pas sortie de ce qu'on appellerait aujourd'hui "sa zone de confort" ?

Parce que l'homme est un joueur ? un menteur ? un aventurier ?

La confrontation entre ces deux personnages vingt ans après leur rupture est tragique, totalement ambivalente, qui dit vrai ? qui dit faux ? Il reste pour le lecteur (mais qui sait ?) qu' Esther a loupé son grand amour de la vie et qu'elle est à 45 ans, comme une vieille en fin de vie (quelle tristesse), qu'elle découvre la trahison atroce et impardonnable de sa petite soeur, et qu'elle ne sait toujours pas qui est véritablement Janos, son amour.

Elle choisira, ou pas, mais elle n'ira pas vers Janos. Car il n'a cessé de mentir, et alors qui croire ?

L'écriture est fluide, limpide.

Sandor Marai est un grand meneur de personnages romanesques. Tout est ambivalence. Et il n'y a pas de véritable conclusion. Pour ma part, j'aurais bien mis un gros pied au c... de Janos, mais aussi une bonne paire de claques à Esther. Mais j'aurais bien pris aussi Esther dans mes bras. Et ainsi pour tous les personnages. Et ainsi, la dernière page tournée, lecteur, je me pose encore plein de questions. C'est fabuleux.

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L'étrangère

Roman assez bref, le cadre est un homme, quadragénaire ou quinquagénaire (peu importe en fait), lettré, cultivé, diplômé, qui décide (plus ou moins forcé ) de partir en "retraite" (entendre, un séjour loin de toute contrainte), pour quelques jours sur les bords de l'Adriatique (Dubrovnik, sans doute), il est hongrois.

Nous sommes au début des années 30.

Il remet en question toute sa vie, toutes ses relations et finira... chut !!!...

Quel est l'intérêt de lire ce livre aujourd'hui ?

En fait, plusieurs, à mes yeux.

D'abord, l'écriture, lectrice de Sandor Maraï depuis peu (mais troisième ouvrage lu), cette écriture est belle, riche, travaillée sans être ampoulée, mais sur ce point Les Révoltés m'avaient davantage plu.

Ensuite, la description dans les moindres détails de ce microcosme, société bourgeoise, cosmopolite, qui se croise à Raguse (Dubrovnik), bref sur ces côtes magnifiquement émeraude, chaudes, douces, petits bourgeois répétant "j'y suis parvenu". Ils sont tous brossés si précisément, si drôlement, sans aucune empathie.

Et puis, ce personnage central, Viktor. Au début, j'ai tenté de m'y attacher , puis j'ai pris du recul. de plus en plus. A tel point qu'à la fin, tout pourrait lui arriver, aucune importance, en toute indifférence.

Et le clou des dernières pages, c'est que tout lui arrive.

Et là... une fois le livre refermé et déposé auprès de ses congénères, je me suis demandée... ne serait-ce pas la volonté de l'auteur que de rendre de moins en moins humain et sympathique, ce Viktor, son "héros" ?

Ce Viktor, issu de la bourgeoisie bien-pensante de l'Europe... Ce Viktor qui s'octroie un moment de "liberté" (sexuelle, à savoir une petite danseuse comme maîtresse, qui subit les regards envieux et désapprobateurs de ses pairs (moments de lecture plutôt jouissifs).

Ce Viktor qui ne sait plus faire la distinction entre le bien et le mal (qu'est-ce qui fait du bien au corps, qu'est-ce qui est mal dans la société ?).

Et ce Viktor qui ne sait pas choisir au fond, donc prendra la pire option pour lui. Comme un abandon, un suicide, une lâcheté.

Une allégorie ? peut-être. Des nations européennes du début des années 30.

Un livre très particulier.

Des pages drôles et presque croustillantes (ces Européens moyens qui se prélassent dans un hôtel déclassé).

Un livre ennuyeux : les ruminations de Viktor, à qui j'aurais donné une bonne paire de claques.

Et ce Viktor pitoyable dans sa recherche d'un bien être égoïste et donc sans issue possible.





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La Nuit du bûcher

Ce petit roman historique prend la forme d'une lettre écrite par le héros, jeune étudiant inquisiteur espagnol envoyé à Rome entre 1598 et 1600 pour se perfectionner dans sa pratique. Il raconte son stage romain, ses expériences et les raisons pour lesquelles il abandonne l'Inquisition, et ne retourne pas en Espagne. Comme récit à la première personne, ce roman, malgré sa brièveté, n'échappe pas toujours au verbiage, mais c'est un peu la loi du genre : seuls Proust, Gide et Céline évitent ce piège. Ce type de récit s'explique par une bonne raison : faire partager au lecteur le point de vue du narrateur, pur fanatique, indifférent au monde qu'il ne voit pas vraiment. Il est tout à sa tâche et ne voit inconvénient à tuer les hérétiques. Il s'extasie devant la beauté d'un grand bûcher et les émotions chrétiennes de l'assistance. Les pendaisons et décapitations romaines le laissent sur sa faim, l'hérétique, selon lui, étant traité avec trop de douceur. L'auteur impose donc au lecteur d'adopter le regard de cet esprit étroit et borné, qui écoute avec admiration les grands rêves de son supérieur hiérarchique, pour qui l'Inquisition est trop artisanale. Il rêve de traiter les mal-pensants de façon plus globale dans des camps à la soviétique où les contrevenants seraient concentrés et rééduqués...



Le narrateur termine son stage sur le cas difficile du philosophe Giordano Bruno, brûlé vif à Rome en 1600. Pour la première fois, il voit un condamné qui ne craint pas l'enfer, repousse le crucifix et méprise tout le spectacle des hommes autour du sacrifice humain catholique dont il est la victime. Une conversation approfondie du héros, avant son retour pour l'Espagne, avec le grand inquisiteur Bellarmin achève de le persuader d'abandonner la carrière inquisitoriale et de partir au loin.



A-t-il été converti au Vrai, au Bien et à la Tolérance, comme dans le roman bien-pensant d'Umberto Eco, et le film qui l'a suivi, "Le Nom de la Rose" ? Pas du tout. Il reste fermement persuadé de la vérité du catholicisme romain et de la nécessité d'éradiquer l'hérésie par le fer et par le feu. Simplement, il comprend que c'est impossible. Tant qu'il restera un homme, un seul, comme Giordano Bruno, pour résister, pour ne pas croire, l'entreprise totalitaire est vaine, puisqu'elle échouera à soumettre toute l'humanité au papisme. C'est par découragement que ce jeune inquisiteur abandonne la partie.



"Car tant qu'il y aura un homme suffisamment obstiné pour maudire ceux qui le supplicient dans la chambre de torture et pour continuer à affirmer ce pour quoi on le brûle sur le bûcher, tous nos nobles efforts se réduiront littéralement en fumée. Ce n'est pas dans ma foi que je me suis trompé, mon frère, c'est dans mon métier. Et c'est toujours une grande tristesse quand on comprend que le métier que l'on a appris est inutile".



"Il est à craindre que tant qu'un tel homme existe quelque part, il soit vain de faire frire les autres sur le gril, de les cuire dans l'huile et de les casser sur la roue. J'avais appris que la Sainte Cause était plus importante que tout, qu'il fallait un Seul Berger et un Seul Troupeau. Mais c'était avant d'être frappé comme par la foudre par un doute effrayant : un homme peut compter plus qu'un troupeau."



Roman étrange, assez pénible à lire, malgré des accents et des passages qui rappellent un peu "Un homme obscur" de Marguerite Yourcenar. Mais autant Yourcenar se sert du regard naïf de son héros simple pour contempler la Hollande du XVII°s, autant Marai, ici, recourt délibérément au point de vue borné d'un fanatique que visite une soudaine prise de conscience, très partielle et peu vraisemblable. La critique du totalitarisme au nom de l'individu est certes bien louable, mais ne frappe pas juste : les communismes se fondent autant sur la peur et l'intimidation que sur l'extermination physique, et la conversion de tous leur est indifférente. Il leur suffit de mentir assez longtemps pour que tous finissent par croire que deux et deux font cinq. L'ouvrage de Marai ne manque donc pas d'originalité, mais souffre de nombreux défauts.
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La Nuit du bûcher

J'ai attendu quelques jours avant de donner mon avis sur ce livre de Sandor Marai. En toute honnêteté, c'est un livre que j'ai lu très rapidement : il est court, les phrases sont concises, et l'intrigue n'est pas vraiment complexe (on pourrait même dire qu'elle est très simple). Mais j'avoue n'avoir pas ressenti de vibration au cours de ma lecture (ou tout du moins pendant une bonne partie de celle-ci). Et pourtant, le thème m’enivre (l'époque, le sujet de l'Inquisition, le lieu du récit : pile poil ce qu'il faut pour m'attirer), l'insertion de personnages et de lieux historiques sont bons pour satisfaire mon goût de curiosité pour l'histoire et les faits sombres de l'époque et donner une impression de grande crédibilité à l'histoire... eh bien en fin de compte ? Ais-je vraiment aimé ce récit, ou pas tant que cela ? Difficile de répondre. Un peu des deux, je crois, si cela est possible.



Je m'explique. Si tout semblait concorder à l'avance avec mes goûts pour ce type de récits littéraires, je crois avoir été un peu déçue. Je ne m'attendais pas à un livre type "Le nom de la Rose" non plus, le volume n'étant déjà pas assez épais pour une telle comparaison, mais un peu, disons... en plus bref : avec quelques intrigues plus complexes, quelques personnages plus détaillés, et des informations sur le sujet à ne plus savoir quoi en faire. Finalement non. Pas du tout. La nuit du bûcher, c'est un livre très simple, assez doux, plutôt lent et qui ne dit que le strict nécessaire. J'ai donc ressenti une pointe de déception, mais cette désillusion n'existait que par ma propre faute : j'ai spéculé sur le roman avant même de l'avoir réellement commencé. Je me suis fait de fausses idées.

Et une fois arrivé là ? A ce moment alors, une fois remballée ma contrariété, tout allait mieux. Il faut accepter le défi : lire une histoire sur le fonctionnement de l'Inquisition à Rome, à la fin du XVIe siècle, qui nous propose, en sus, de voir Giordano Bruno partir en fumée, sans nous en dire d'avantage, sans nous donner de réel examen des faits. C'est pas facile d'accepter un tel défi. Et par suite, ça n'a pas du être facile d'écrire ce livre non plus. Dépouiller une époque de ce qu'elle a de plus florissant, autrement dit de son bouillonnement intellectuel, de ses frémissements sociaux et religieux, mais aussi des frissonnements scientifiques, c'est compliqué à réaliser, je suppose. Personnellement, je n'aurais pas réussi une gageure pareille. J'aurais assommé le monde d'informations toutes plus pesantes et savantes les unes que les autres. Ce qui serait étouffant et à mille lieux de ce livre de Marai. C'est donc un sentiment de respect qui a percé au fil des pages. Du respect pour le sujet et la manière dont l'auteur s'en empare. Et puis du respect pour le pari qui est fait ici. La dépossession qui se réalise au fil des pages coïncide étroitement avec la distance que le narrateur prend avec son propre objectif et le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Pour arriver à un moment d'expropriation de lui-même qui confère bien au récit cette volonté de spoliation sur son personnage et sur le lecteur ; tous deux sont alors démunis des repères dont ils étaient affectés au commencement de ce livre. Nous ressortons de la lecture du roman plus vide que nous y étions arrivés (mais attention : un vide qui est un soulagement, une respiration apaisée, vidée de ses miasmes et de ses préjugés), de même que le personnage principal se sépare de ce qui l'encombre (de ce qui encombre sa foi) pour devenir ce qu'il estime être l'état d'un accord plus pur avec soi-même. Délivré de l'Inquisition et de sa bure il pense être au plus près de ce qui était (et reste encore) son but ; délivré d'un trop d'informations nous sommes peut-être nous aussi au plus près de ce que peut être l'histoire d'un homme à cette époque, nous nous y rapprochons en tout cas, nous y sommes presque.
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Les braises

Henri, vieux général de 75 ans vit seul dans son château avec sa très vieille nourrice qui le sert toujours, malgré son grand âge. Il a invité pour un diner au château un vieil ami, Conrad qu'il n'a pas revu de puis plus de 41 ans...Ils ont été condisciples dans les écoles d'officier, et ont été très proches pendant toutes ces années, malgré la différence de leurs caractères, de leurs origines sociales et fortunes personnelles. La famille d'Henri était invitée par l'Empereur, alors que Conrad devait s'endetter pour payer ses uniformes et son loyer.

Conrad a quitté l'armée d'un jour à l'autre, sans informer Henri et a couru les colonies, il est même devenu citoyen britannique, Henri a gravi les échelons jusqu'au grade de général. Une guerre a balayé la vieille Europe, une autre est proche. L'empire austro-hongrois est parti en miettes..

Dès le début du livre progressivement, le lecteur prend conscience de l'animosité et de la rancœur d'Henri envers Conrad. Un ressentiment qui semble-t-il a été présent à son esprit pendant toutes ces années

Quelle en était l'origine ?

Au cours de leur dernière soirée, il y a bien longtemps, Christine, l'épouse d'Henri était présente...depuis, elle est décédée.

La conversation banale de début de repas, devient de plus en plus tendue, sous les questions et les interrogations d'Henri.....et devient confrontation, face à face, du fait des reproches d'Henri, malgré leur fascination réciproque.

Henri, général stratège interroge, essaie avec intelligence et ruse d'encercler Conrad, de lui faire avouer une faute qu'il aurait commise et qui aurait causé son départ précipité...une faute supposée ou réelle qui lui taraude l'esprit, le hante, une braise jamais éteinte au cours de ces longues années, jusqu'à devenir désir de vengeance.

Tour à tour la conversation souvent philosophique aborde la solitude de l'homme, l'amitié, la vérité, la fidélité et l'infidélité, la chasse, le destin.... le cheminement de la pensée passe par des chemins détournés parfois.

Sandor Márai construit une tragédie, en un seul acte, au cours de laquelle il dévoile tout son talent pour l'étude psychologique des personnages, la construction théâtrale et dramatique, la maîtrise de la pensée et de l'encerclement.

Chaque mot est pesé, chaque phrase ciselée...

Une fois refermé le livre, lu dans une édition "Gros caractères", j'ai su que tôt ou tard je relirai ce petit bijou même si je connais l'issue de leur conversation.

En partie seulement...

Ne vous en privez pas


Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Les braises

Henrik et Conrad sont deux amis inséparables depuis l'âge de 12 ans. Ils ont étudié ensemble et se sont installés dans la même ville où ils continuent à passer énormément de temps ensemble. Et un jour, Conrad disparait. Et ce n'est que ans 41 ans plus tard que les deux hommes se retrouvent. Que s'est-il passé? Qu'Est-ce qui a poussé Conrad à s'enfuir?



Le livre nous aide tout doucement à nous glisser dans la peau de Henrik et de Conrad et à essayer de comprendre.



L'écriture est limpide et essaye de nous aider à nous interroger sur le sens de la vie. L'auteur approfondit des sujets qui nous interpellent tous, tels l'amitié, la passion, la solitude et la confiance. Le style m'a fait un peu penser à l'écriture de Joseph Conrad, une nature sombre et toute puissante qui façonne les personnages.
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Les braises

Sándor Márai est reconnu comme l’un des plus grands auteurs de la littérature hongroise, il s’inscrit dans la lignée de Zweig, Schnitzler…..



Ce roman est une confrontation dramatique entre deux hommes autrefois amis. Les Braises, évoque cette amitié perdue. C’est un livre aussi bien sur des amours impossibles, des sentiments violents.



Henri et Conrad avaient dix ans quand ils se sont connus à l’école militaire. Différents en tout de milieu social, d’aspect physique, pas le même centre d’intérêts, ils étaient si on peut le dire complémentaires et inséparables.



Leur amitié ne s’est jamais démentie, et mais leur différence s’est creusée.



Dans la superbe ville de Vivienne du XIX siècle, ils ont connus leurs premiers émois amoureux. Henri devenu général a épousé Christine, ils sont installés dans le château familial. Conrad jusque-là était resté à proximité….. , mais il a disparu un beau jour, puis Christine est morte, Henri le général est resté seul à attendre le retour de son ami Conrad et quarante et un an plus tard Conrad est revenu. Ils sont tous deux devenus de vieux messieurs.



Alors débute une conversation qui relatera l'histoire de ces deux, hommes, d'une femme, (morte), d'amours déçues... Et surtout celle d'une amitié trahie... (Pour moi une étude sur l’amitié).

Conrad et Henri ne s'emporteront jamais. Ils sont endurcis par les épreuves. Ils ont appris à vivre avec cette histoire qui a bouleversée leur vie, et qui brûle encore dans leur estomac.





A lire ou pas ?

Bien sûr, je vous le recommande.

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La Nuit du bûcher

C’est avec beaucoup de bonheur que je reviens en Europe pour le défi "1 Mois 1 Pays en livres", et plus précisément en Hongrie, pour découvrir Sándor Márai ! Le sujet de ce roman, une immersion dans l’Inquisition entre 1598 et 1600, m’intriguait énormément et la plume de l’auteur a achevé de donner à cette œuvre les dernières touches de couleurs dont elle pouvait avoir besoin. Avant de débuter, rappelons que l’Inquisition espagnole est créée en novembre 1478 et l’Inquisition romaine en juillet 1542.



Ce livre est en fait la longue lettre d’un carme espagnol qui témoigne de sa formation, à partir de 1598, auprès de l’Inquisition romaine qui doit lui apprendre ses techniques afin qu’il les rapporte dans son pays d’origine. Ce point de départ est très symbolique puisque l’année 1958 est marquée par la promulgation de l’édit de Nantes qui doit mettre fin aux guerres de Religion en France, et par la mort du roi Philippe II d’Espagne, un prince de la Contre-Réforme. Avec une efficacité terrifiante, l’auteur nous plonge alors dans le fanatisme, les tortures et la paranoïa de l’Inquisition.



Toutes les caractéristiques du totalitarisme sont là : mainmise sur la société, idéologie, système procédurier, acteurs multiples déresponsabilisés, dénonciation, condamnation de la libre pensée, ostracisme, violences, exécutions… Dans ces ténèbres, j’ai adoré la savoureuse ironie de Sándor Márai qui écrit : « car le Saint-Office, avec une indulgence inexplicable, jugeait que celui qui avait péché par la plume devait être détruit par la hache » (p. 101) ! Mais l’espoir perdure puisque l’exécution du penseur Giordano Bruno prouve que les idées voyagent vite et que certains individus ont le courage de renoncer à l’insouciance garantie par le totalitarisme pour retrouver leur libre arbitre.
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Les braises

QUAND LA SOUFFRANCE COUVE SOUS LES BRAISES DU PASSÉ.

Je découvre Sandor Marai, écrivain hongrois du début du XXème avec un roman sublime, passionnant et hautement philosophique sur l’amitié, l’amour et le temps qui passe.

Deux amis d’enfance, Henri et Conrad, que tout sépare sauf leur formation commune à l’école militaire, se retrouvent après 41 ans de séparation. Pourquoi Conrad a-t-il disparu le lendemain d’une partie de chasse ? Les deux vieillards se retrouvent dans le huis clos de la salle à manger du château d’Henri au cours d’un dîner dont le décor est reconstitué exactement selon celui de leur dernier repas.

La première partie du roman est écrite au passé et narre l’enfance des deux protagonistes, la seconde au présent pendant leur tête à tête d’une nuit durant. Henri est l’avocat général, Conrad le témoin interrogé. La souffrance et la blessure muette de Henri ne peuvent laisser indifférent aucun lecteur qui a aimé au moins une fois passionnément dans sa vie. La tension monte au fil des pages et débouchera (ou non selon l’interprétation de chacun) sur la réponse à la question.

Du grand style, que j’ai rapproché de son contemporain Zweig dont le destin- joug totalitaire, émigration, suicide- a été proche.

Une révélation !
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Journal, tome 1 : Les années hongroises 1943-..

Lectrice de Sandor Marai depuis peu, intriguée et passionnée par l'oeuvre, ses fondements politiques, sociaux, et moraux, ainsi qu'historiques, l'existence de ce Journal m'a évidemment attirée. Et je l'ai lu avec une avidité qui a été similaire à la lecture d'un thriller, nonobstant l'absence de suspense.

Un Journal d'un grand écrivain est sans doute quelque chose de particulier entre le public et l'intime, entre le correct et le croustillant. J'imagine.

Ici, le Journal est d'abord un carnet de vie, tenu par un être vivant, respirant, souffrant, transpirant, aimant, vomissant, mangeant, puant, se lavant, et surtout pensant, pensant à son oeuvre, sa vie, l'une n'étant pas sans l'autre, l'autre n'ayant pas de sens seule.

Le Journal suit chacune des années de 1943 à 1948, soit six chapitres. Chacune est marquée : la guerre encore lointaine, l'invasion par les Allemands et l'abandon aux nazis, les déportations, puis, les bombardements et l'invasion - la libération - par les Soviétiques, la confusion, et enfin la soviétisation, la bolchévisation, les exécutions, la perte des libertés, et la préparation inexorable de l'exil.

Il est sûr que lire le Journal c'est lire, relire, découvrir ou se rappeler ces années d'entrée dans la guerre froide, dans la perte de ces petits pays. La Hongrie paye le prix fort. Sandor Marai exprime à maintes reprises la honte qu'il ressent devant la lâcheté de son pays, sa patrie.

Lire ce Journal c'est forcément s'intéresser passionnément à cette histoire ou du moins vouloir la découvrir et la comprendre. Marai ne se fait pas militant. Il se place toujours comme citoyen hongrois, aimant profondément son pays, son histoire, sa langue, et il est toujours européen. Et lorsque l'on remet dans son contexte et ce Journal mais aussi d'autres oeuvres de l'auteur, on est stupéfait par cette ouverture d'esprit, grandeur d'âme, et profondeur de l'intelligence, qui fait que Sandor Marai revendique sa "magyarité" mais toujours liée à son "européanité".

Ce Journal est aussi l'occasion de partager avec son auteur ses lectures. Puisque selon lui, un écrivain est d'abord un lecteur. Il dévore et nous fait partager ses "notes" de lecture. Magnifiques. Proust, Krudy, Mann, et tous ces auteurs hongrois que nous ne connaissons pas, Goethe, Huxley, il est ouvert à tout, il lit, il lit, pas une journée sans quelques heures de lectures.

Le Journal est le journal d'un grand lecteur, passionné, découvreur, malgré les difficultés à se procurer et malgré la douleur d'avoir perdu des livres dans les bombardements (ce que l'on retrouvera plusieurs fois dans ses romans).

Enfin, Sandor se prépare à l'exil. Car il a vu les lâchetés, les changements, les procès sommaires, les retournements, les trahisons, les profiteurs, les salauds, il a vu, et il a compris ce qu'était devenu son cher pays, sa belle Hongrie et sa belle langue. Il a mal, quitter, s'exiler c'est avant tout perdre sa langue quand on est écrivain. Dans quelle langue alors pourrais-je écrire ? et dans quelle langue serais-je un écrivain ? A ce moment-là, il m'a rappelé le superbement triste livre d'Agota Kritof, sa compatriote, exilée, et ne sachant plus dans quelle langue elle pourra écrire. Ces pages sont extrêmement belles et touchantes car elles ont une portée universelle qui touche à la condition de tout exilé.

Dans la plume de Sandor Marai, la question n'en est que plus douloureuse.

Et puis, il y a l'Enfant. Dans le Journal, Sandor raconte sa rencontre avec l'Enfant, Janos. Ici on touche à l'intime. Une émotion, la douleur de la perte du petit (en 1939), et l'apparition de Janos, et une forme de réapprentissage de l'amour paternel. Là, dans ce Journal, les pages sont à la fois douloureuses et lumineuses, tragédie et pages noires d'avoir perdu et enterré un enfant, face à l'éclosion, la clarté, l'innocence du jeune Janos. Encore des pages magnifiques d''émotion et pleines d'amour.

Lire le Journal d'un écrivain n'est peut être pas une démarche simple si on ne connait pas vraiment son auteur. Je n'aime pas donner des leçons. Sauf que je vais en donner au moins une. Si on veut découvrir l'auteur et son oeuvre, pourquoi pas par ce Journal ? Mais ce n'est pas une biographie, ce n'est pas un roman, et c'est au jour le jour, donc cela peut donner un aspect un peu décousu. Donc ce serait dommage.

J'en reviens donc à... si on veut découvrir Sandor Marai, Les Révoltés, Les Braises ou L'Héritage d'Esther, de mon point de vue, permettent une approche fort sympathique.

Le Journal est un éclairage.

Ou, comme pour moi, le Journal est indispensable, car cet écrivain est passionnant et pas du tout vieilli, les idées qu'il exprime sont justes et il est souvent d'une telle lucidité.

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Les Confessions d'un bourgeois

Un livre dense, très agréable à lire car la plume de Sandor Marai est toujours très belle, ajustée, léchée, drôle d'ironie, sensible aussi.

Des confessions, qui couvrent la période d'avant-guerre (la première, celle de 1914-1918) pour le premier tome. Où l'on découvre l'enfance bourgeoise d'un petit hongrois dans un royaume certes magyar, mais multiconfessionnel, multiculturel et très clivé socialement.

Cette partie est stupéfiante si l'on se repère à l'âge de l'auteur lorsqu'il a publié ces confessions, il a alors, il n'a alors que 35 ans. Le regard qu'il jette sur son enfance est d'une maturité étonnante. J'ai suivi ses confessions, parfois très intimes, avec émotion et je me suis mise à aimer ce garçon, vivant les tensions sociales, religieuses, ethniques, dans une petite ville provinciale, d'un petit royaume annexé à un immense empire au centre de l'Europe et déjà en train de disparaître. Ce premier volet s'arrête en 1914 avec l'attentat de Sarajevo.

Le second tome va se dérouler principalement en Allemagne au début des années 20. La description de cette Allemagne occupée par les vainqueurs est époustouflante. Là aussi, je me suis rappelée à chaque page que Sandor Marai a publié ces pages en 1935. Il est d'une sincérité, d'une justesse, d'une clairvoyance incroyables. Lorsqu'il décrit Munich qu'il arpente au début des années vingt, j'ai vu Munich tel que je l'ai parcouru il n'y a pas si longtemps. Ses observations sont parfois un peu datées. Certes, mais je me suis rappelée à chaque fois avec tendresse l'époque d'écriture.

Historiquement, les confessions m'ont ramenée vers d'autres lectures, voire des "leçons" d'histoire, et sans doute que pour d'autres lecteurs, elles seront une découverte et tant mieux.

J'ai admiré l'audace et la sincérité de ce que l'on pourrait appeler "aveux".

J'ai aimé le paradoxe entre la fraîcheur et la maturité, la lucidité, le refus de l'apitoiement (ce qui peut constituer un risque dans ce genre littéraire), la franchise, l'intelligence de la plume et du regard porté sur les contemporains.

Une belle lecture.
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L'étrangère

Je découvre Sandor Màrai à travers ce roman écrit en 1934. Il me laisse une impression étrange, tant semble déroutant ce voyage intérieur, au plus profond des pensées de Victor Henrik Askenasi qui dit de lui :

« Vit à Paris. Quarante-huit ans. Catholique romain. Professeur à l’École des langues orientales en littérature grecque et langues d’Asie Mineure. Marié. Un enfant. »

Le personnage d’Askenasi, habité par le sentiment de la vacuité de sa propre vie, et refusant cette impression constante d’insatisfaction, se découvre au fil du livre, sur la pointe des pieds, comme par effraction, il apparaît presque par hasard à la fin du premier chapitre, dans cet hôtel de Dubrovnik où la chaleur insupportable n ’est pas anecdotique.

Tout concourt en effet à suggérer à quel point cet homme, se sent oppressé, écrasé. Ainsi, avant même que la vie d’Askenasi ne prenne forme pour le lecteur, le personnage s’inscrit au début du roman, dans la description d’un manque qui le submerge, alors qu’il arrive dans la ville. Les objets ont, tout au long du récit, la valeur symbolique d’un vain amoncellement, dans un accord parfait avec l’humeur du personnage. L’histoire est donc celle d’une spirale du vide, frôlant l’absurde, jusqu’au meurtre, évoqué de façon quasi allusive, comme un geste naturel, une quasi délivrance, alors que cette femme de la chambre 42 est une parfaite étrangère. Elle renvoie toutefois Askenasi aux autres femmes de sa vie, dans ce sentiment d’inachevé que ses histoires d’amour lui ont laissé, la dernière en date avec la danseuse, pour laquelle il quitte sa femme et qu’il avoue pourtant ne pas comprendre…

L’étrangère devient alors une figure allégorique de la propre existence d’Askenasi, les dernières pages du livre le mesurent à lui-même, ce tête à tête final est glaçant.

Difficile d’éprouver de l’empathie pour une telle figure mais l’écriture réussit le tour de force virtuose de nous faire partager une forme de folie, de l’intérieur.

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L'étrangère





Je ne recommanderais certes pas ce livre à tout le monde. Objectivement il ne se passe pas grand chose. On s’immisce dans les moindres pensées d’un homme.

Un professeur de lettres et chercheur a quitté sa femme avec laquelle il s’entendait bien pour une autre rencontrée dans la rue et qui, dit-il lui même, ne vaut pas son épouse. Sa vision de la vie change à partir de ce moment là, ses relations aux autres également. Dépressif il sombre dans la folie, c’est en tout cas ma lecture de son évolution.

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Dernier jour à Budapest

Sindbad quitte son domicile un matin avec soixante pengos en poche....il doit acheter une robe à sa fille. Mais la journée sera longue, et au fil des rencontres, ou des ballades en calèche, les pengos s'envolent. Sindbad, c'est le nom du héros du roman "Sindbad ou la Nostalgie" de Gyula Krúdy, un nom que Sándor Márai donnera à son personnage principal qui n'est autre que Gyula Krúdy lui-même.

Un personnage, un auteur qu'il aime et veut honorer, et surtout qui fait partie de la culture hongroise.

Découvrir un peu plus deux auteurs, découvrir une époque, un pays voisin, mais si loin de nous, belle tentation de lecture...! une tentation déçue en partie.

Certes le lecteur découvrira un peu plus cette société hongroise, Budapest et certains de ses lieux emblématiques, ses cafés, ses restaurants, sa culture, mais aussi la cuisine hongroise, les lectures de Krúdy, les auteurs et le peuple hongrois, les femmes qu'il aimait tant séduire, la littérature hongroise, l'hiver et l'été hongrois...mais les phrases longues, passant du coq à l'âne, sont parfois déroutantes.

J'ai renoncé à compter les mots "Il écrivait"...on doit largement dépasser la centaine, voire plus....."il écrivait", il écrivait sur tout...sa vie était organisée autour de l'écriture, y compris dans les bars où il se trouve et dépense les pengos de la robe de sa fille...Cette répétition est parfois lassante et impossible à mémoriser.

Les temps ont passé et peu de livres de Krúdy sont arrivés jusqu'à nous. Oubliés, balayés !

Peut-être est-il encore lu en Hongrie ? Quelle place a-t-il dans le cœur des lecteurs hongrois contemporains. On peut, sans aucun doute, en dire autant de tant d’écrivains français qui publièrent avant 1940..le temps passe vite et très vite la vie nous pousse à passer à autre chose...

Sándor Márai... Gyula Krúdy...deux auteurs que j'ai appréciés et commentés. L'étincelle n'est pas venue, ne pas totalement enflammé. Des petites pépites nostalgiques et plaisantes côtoient une certaine forme d'ennui, de déjà lu.

J'ai eu parfois envie de le refermer, ce que je n'aime pas trop. J'ai résisté.....

Toutefois, je conserverai de cette lecture la nostalgie de cette époque, de cette culture, de ce pays qu'a souhaité nous transmettre Sándor Márai.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Le Premier Amour

un professeur de latin vieillissant dans une petite ville de hongrie.

A l'occasion d'un séjour d'été dans une station thermale démodée il rencontre un jeune homme très pauvre qui lui fait découvrir que le mal être qu'il ressent n'est rien d'autre que de la SOLITUDE.

A partir de ce constat il commence à se raconter dans son journal sa vie va basculer quand il va découvrir et l'amour et la jalousie

Sandor Marai nous livre une superbe étude de personnages jeunes ou vieux Je comprends mieux la place qu' occupe cet auteur hongrois sur les tables des bonnes librairies. A goûter sans modération
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