AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sophie Loubière (1086)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Obsolète

C’est en lisant De cendres et de larmes, un thriller aux accents fantastiques que j’ai eu le plaisir de découvrir la plume de Sophie Loubière. Lorsque j’ai découvert qu’Obsolète sortait, je me souviens avoir ressenti cette pointe d’impatience face à l’attente.



L’intrigue promettait un bon moment de lecture et je n’ai pas été déçue !



L’intrigue a beau se situer dans 200 ans après l’effondrement de la civilisation moderne, certaines thématiques sont déjà bien présentes et actuelles et n’ont rien du récit d’anticipation.



En partant de thématiques très actuelles, l’écologie, l’épuisement des ressources, la baisse de la natalité, tout en explorant en profondeur la place de la femme, Sophie Loubière crée un futur à la fois éloigné, mais très proche de nos préoccupations actuelles. Le postulat étant que les solutions existent bien avant l’effondrement et pourtant, l’Homme dans toute sa capacité à fermer les yeux n’a pas anticipé cette fin annoncée.



C’est à la fois un thriller d’anticipation noir, une étude sociétale mais aussi une exploration de l’âme humaine avec ce qu’elle a de plus complexe, notamment avec l’éducation des enfants. La place de la femme mise au rebut, arrivant en fin de vie, à cinquante ans, doit se retirer. Enfin, elle est retirée de son foyer, déclarée obsolète, car elle ne peut plus procréer. Son rôle premier étant dévolu à la procréation, elle doit laisser sa place et permettre à l’homme de créer une seconde famille, car lui n’a aucun souci pour engendrer.



Outre cette thématique principale, Sophie Loubière, décortique l’impact du retrait de la femme sur sa famille,, tout en se penchant sur la revisite de certains faits historiques, balayés pour mieux déconstruire les idées afin d’en imposer d’autres.



Les sentiments sont tempérés par des implants qui permettent de ne plus ressentir ce qui pourrait perturber. Mais le fait de bannir les sentiments n’est pas toujours ce qui rend l’être humain plus humain. La complexité des sentiments, n’est-elle pas, malgré les horreurs, ce qui rend l’être humain plus empathique ? C’est une des questions que l’on se posera à plusieurs reprises. Sophie Loubière, se pose comme une visionnaire, en s’attaquant à la place de la femme dans le futur en observant ce qui se passe aujourd’hui. Le fait est qu’il est difficile pour la femme de disposer librement de son corps, dans certains endroits du globe et ce qui aujourd’hui nous fait réagir, ne le fera certainement plus dans un futur où la terre compte davantage de femmes que d’hommes et où la diminution de la natalité implique la disparition de l’humanité.



L’auteure, pousse le lecteur à la réflexion à travers le portrait de plusieurs femmes, arrivées au moment du « Grand recyclage » et sa normalisation. Elle décortique les usages de cette nouvelle société, son évolution, mais aussi son mode de pensée.



Deux intrigues en une, chacune se construisant en parallèle de l’autre, et même si elles ne se rejoignent pas, elles mettent en exergue ce qui ne fonctionne pas dans ce 2224.



Sophie Loubière ne pouvait construire ce type d’intrigue, sans glisser une enquête sur la disparition de trois fillettes… Même si au paradis, il ne peut pas y avoir de mort, celle-ci amène une enquête particulière, tout en explorant les limites d’un tel système.



C’est assez compliqué de parler de ce livre sans divulguer l’intrigue, car tout est intéressant, tout est transposable à notre époque, tout fait froid dans le dos, malgré le tableau idyllique qu’on veut nous dépeindre…



En s’aventurant vers l’anticipation, avec une pointe de thriller, et un zest de polar, Sophie Loubière prend une certaine hauteur avec un univers dense réfléchi et plausible, puisqu’à travers des recherches très poussées, elle utilise ce qui existe en 2024, pour enfin le rendre aboutit en 2224. Le grand recyclage ne concerne pas que les femmes, c’est toute une société qui se recycle, parfois au détriment de son humanité la plus profonde où le rôle premier de l’être humain est la procréation.



L’être humain n’étant plus maître de ses choix, sous l’égide d’un grand chef d’orchestre serait-il capable de discernement ? De faire la différence entre le bien et le mal lorsque tous les sentiments sont annihilés ? Le fait de passer sous silence, ou d’arranger certains pans historiques, permet-il de gommer ce qui ne va pas chez l’Homme ?



Pour le savoir, il vous faudra découvrir ce livre truffé de bonnes idées, mais aussi diablement construit, où le talent de conteur frise la perfection. Je ne me suis pas ennuyée tout au long de ce récit dense et d’une grande intensité.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
Commenter  J’apprécie          308
De cendres et de larmes

Je ne connaissais pas la plume de Sophie Loubière, j’étais donc curieuse de la découvrir et intriguée par ce couple dont l’un sauve les vivants et l’autre veille les morts.



L’auteure décortique ses personnages, leur donne corps et j’ai aimé Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, son mari Christian, conservateur au cimetière de Bercy. Michael, ado rebelle, né d’un premier mariage, un peu geek qui va se découvrir un talent pour le paranormal. Eliot CM2 harcelé à l’école, un brin froussard et Anna rêveuse mais au caractère affirmé. Sans compter des personnages secondaires qui gravitent autour de cette famille et qui vont apporter leur lot d’interrogation et d’angoisse.



La famille maintient un semblant d’unité malgré un fragile équilibre dû aux métiers bien particuliers des parents. La maison révèle ses fêlures, à l’image de celles de la famille. Lentement. Insidieusement.



Le Cimetière de Bercy théâtre de toutes les peurs et croisement de toutes les angoisses avec la maison de fonction de 180m2 mal entretenue, aux murs qui suintent, aux craquements assourdissants, qui semble avoir absorbé toutes les horreurs passées…



Je dois dire que dès le prologue Sophie Loubière réussi à éveiller mon intérêt, en débutant son intrigue sur l’incendie qui ravage Notre-Dame de Paris en avril 2019 et donne ainsi le ton à une intrigue qui se révélera noire et dramatique. Le déménagement semblait idyllique pourtant, on assiste à la lente descente aux enfers d’une famille apparemment unie. Côtoyer les morts, ne va pas être de tout repos.



La tension monte crescendo au point que l’auteure joue avec nos nerfs avec une intrigue sur le fil du rasoir entre fantastique et thriller. Pourtant, il n’y a rien de fantastique dans l’imagination des personnages dont les peurs surgissent au gré des bruits, grattements d’animaux ou intrusions au sein de ce cimetière vecteur des peurs les plus primaires. Ajoutez à cela une maison qui semble prendre vie avec des bruits inquiétants et dont l’humidité suite par tous les pores de ses murs, où le moindre craquement prend aux tripes et fait galoper l’imagination de nos chers personnages.



Cette maison représentant le siège familial révèle peu à peu ses failles, à l’image de cette famille dont les relations se délitent au gré des absences de la mère, héroïne des temps modernes, du mal-être de Christian qui sombre peu à peu dans une mélancolie qui l’entraine aux portes de la folie. Une famille à la dérive dont le sort semble inexorablement la mener vers une fin catastrophique.



L’auteure brouille les pistes en maintenant une tension palpable tout le long du récit, jusqu’au final que l’on croit deviner. Un thriller psychologique qui décortique l’âme humaine et aborde en filigrane des questions de société. A travers le personnage de Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, Sophie Loubière rend un bel hommage aux pompiers et leur dévouement, tout en leur donnant un visage humain, à travers leur famille.



Une excellente lecture teintée d’angoisse, grâce à la plume descriptive, immersive, des personnages attachants, aux fêlures palpables. Une tension oppressante qui maintient le lecteur à la frontière du thriller et du surnaturel grâce à une intrigue qui réveille l’imagination.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
Commenter  J’apprécie          300
Cinq cartes brûlées

Comme Magali (@Ladybirdy), je suis assez partagée concernant ce roman, dont j'ai trouvé l'héroïne pas vraiment crédible. A commencer par son nom : Laurence Graissac, fallait oser quand même, parlant d'une jeune femme obèse...Et le titre, je ne l'ai compris que grâce à l'explication donnée dans une critique, comme quoi les cinq cartes "brûlées" sont celles retirées en début de partie par le croupier au black-jack.

L'histoire en elle-même est assez classique : on suit Laurence de sa prime enfance jusqu'à la trentaine, et chaque chapitre de sa vie est introduit par une carte à jouer et son interprétation, qui nous en donne l'orientation générale. Laurence est martyrisée par son frère Thierry, présenté comme un tortionnaire sadique dont elle s'occupe néanmoins avec un dévouement sans faille (ce qui m'a prodigieusement agacée, mais...). Elle va causer l'éclatement de sa famille en "révélant" des faits qui vont amener son père à couper tout lien avec eux, et sa mère à développer des troubles cognitifs. Puis elle se lancera dans l'athlétisme, le lancer plus précisément, où sa carrure lui assurera le succès. Et enfin, après de nombreux déboires, elle se reconvertira comme croupière dans un petit casino, où elle croisera le docteur Bashert, médecin dans un centre thermal, une personne aigrie et qui compense son mal-être par le jeu.

Rien de folichon donc.

Mais le roman commence par une scène sanglante dans un hôtel, et il faudra donc comprendre qui en sont les protagonistes, et comment en sont-ils arrivés là. On devine très vite une partie de l'énigme, par contre le dénouement m'a quand même surprise, c'est l'un des points positifs de cette lecture. Il y en a d'autres, par exemple l'histoire est intéressante malgré le peu d'originalité du sujet, et elle est bien construite. La chronologie est classique, donc pas de risque de s'égarer en chemin, et entre les chapitres prennent place de courts "intermèdes où c'est Laurence qui s'exprime (en italique).

Ce qui m'a gêné en revanche, c'est l’impossibilité de s'identifier ou de ressentir un sentiment positif pour l'un ou l'autre des personnages principaux, que ce soit Laurence, Thierry ou le docteur. Les autres ne sont pas assez développés, à part peut-être la mère qui elle aussi n'inspire guère de sympathie.

Ce roman traînait depuis longtemps dans ma PAL, et il a traîné également longtemps (selon mes critères !) sur ma table de nuit. J'avais du mal à en lire plus de quelques chapitres à la fois. Je mets quand même 3 étoiles pour l'intérêt de l'histoire, la psychologie travaillée des deux héros et la construction du récit qui m'a changé des romans à tiroirs et à chronologie chamboulée que j'ai lus ces derniers temps, c'était reposant ! Mais je suis contente de l'avoir terminé, et de pouvoir passer à autre chose.

Commenter  J’apprécie          3014
Black coffee

Un road-movie sur la célèbre route 66, chantée par les Stones mais bien d'autres avant. Il démarre sur les chapeaux de roue.

Tout y est : le rêve américain en lambeaux, les dérives de la société, le tape-à-l'oeil, les personnages déchus…

La route 66 n'est plus le fleuron support du développement économique flamboyant des années 1950-1960. Les villes poussaient comme des champignons. La route était fière de ses Diner's, de ses stations-services, de son asphalte lisse et roulant.

Sophie Loubières met à nu le rêve américain en égratignant la théorie Schumpetérienne de la destruction créatrice d'emplois.

La route 66 est progressivement abandonnée, certains tronçons sont retournés au désert, les stations-services abandonnées, les Diner's fermés. Il y a un petit côté Bagdad Café dans la narration. le film et le roman sont d'ailleurs cités.

La route 66 est devenu un musée mort-vivant pour nostalgiques.

Côté personnages ce n'est guère plus reluisant.

En 1966 ( !), Narcissa dans l'Oklahoma, Desmond Blur un jeune enfant de neuf ans assiste au meurtre de sa mère Nora, de sa tante Mathilde, et de sa soeur Cassie. le père Benjamin, un VRP en vaisselle est absent et lui reprochera d'avoir attaché le chien Clyde, qui aurait pu les défendre contre le tueur. Des remords que le petit Desmond portera toute sa vie, il a pourtant assené un coup de hache au meurtrier mais, sa petite taille fait qu'il n'a pu atteindre que le haut de la cuisse d'un homme qui lui lancé un « Fils de bâtard ! » Avant de lui lancer un couteau qui se plantera dans la poitrine non loin du coeur.

En 1998, Desmond est journaliste au Chicago Sun Times et obtient le Pulitzer pour ses articles d'investigation sur les tueurs en série.

En 2010, Desmond, «… auteur d'un mémoire sur La Sociologie du crime, lauréat du Hans Mattick Haward remis par l'académie de Criminologie de l'Illinois » est professeur à l'Université de Loyola, Chicago.

L'histoire de Desmond est l'histoire d'une relation ratée entre un père et un fils. Ses parents se séparent après le drame. Nora s'en est sortie avec des séquelles et meurt en 1975 après avoir vécu comme une ombre.

Pierre Lombard est français. Ex rock critique, ex musicien, ex peintre en chute libre. Il veut se refaire une santé en emmenant sa famille - Gaston, le fils qu'il a eu avec Lola sa femme, qui elle-même a une fille Annette, d'un premier mariage – sur la route 66 de Chicago à Los Angeles. Là il compte acquérir des antiquités, Juke-Box, Flippers, de la grande époque pour une bouchée de pain, et les revendre sur E-Bay. Vaste programme…

Question santé, il ne parviendra pas à s'en refaire une.

L'histoire repose sur le destin croisé de ces personnages, Desmond, Lola et Pierre.

En 2010, au décès de son père, Desmond se rend à Sedona où Benjamin habitait avec Eleda Deronse sa nouvelle compagne.

Le passé de Desmond le rattrape. Sedona est située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Flagstaff qui est une ville sur la route 66. Il acquiert la conviction que le drame de sa famille est l'oeuvre d'un sérial killer. le Killer de la route 66.

Il remonte la piste et c'est ainsi qu'il va croiser la route de Lola et de Pierre.

Le road-movie s'accélère et entraîne le lecteur dans une enquête palpitante au long cours qui remonte jusqu'en 1966.

Sophie Loubière s'en sort avec brio et parvient à tenir le lecteur en haleine tout au long d'un récit de 520 pages.

C'est le premier récit que je lis d'elle et je suis fan de Black Coffee. Une suite est parue intitulée White Coffee. A suivre !
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          302
L'enfant aux cailloux

Formidable thriller psychologique, mais pas seulement !



Ancienne directrice d'école, Elsa Préau est désormais retraitée et vit seule dans la maison de son enfance. Sa vie est réglée comme du papier à musique et ses faits, gestes et pensées sont minutieusement consignés dans des petits carnets. Intelligente, vive et très au fait de l'actualité, elle envoie également beaucoup de courriers pour faire part de ses suggestions au maire, à des ministres… Elle rencontre son fils médecin de loin en loin, au restaurant. Leurs échanges sont déconcertants, amers, cruels. Un jour, la vie d'Elsa bascule : il lui semble assister à un cas de maltraitance sur enfant dans le jardin de ses voisins...



Quelle(s) claque(s) ! Ce thriller psychologique ne laisse pas de répit au lecteur pour peu qu'il entre dans l'histoire (ce que j'ai fait avec zèle). La plume de Sophie Loubière est vive et limpide, le récit nous entraîne dans un tourbillon fortement dérangeant : maltraitance, paranoïa, ambivalence des relations parents-enfants adultes, solitude... Un roman riche, bouleversant, vertigineux, qui fait réfléchir (et pleurer). Glaçant et brillant.



Commenter  J’apprécie          300
De cendres et de larmes

Sophie Loubière a l’immense qualité et le grand talent de ne jamais proposer le même roman. Autres ambiances, autres rythmes, autres thématiques, mais avec comme point commun une plume soignée au plus près des émotions.



De cendres et de larmes est un roman noir, bien sûr, mais j’aurais vraiment tendance à insister sur le « pas que ». Voilà surtout l’histoire d’une famille, dans laquelle on s’immerge, qui a de quoi attirer un large panel de lecteurs.



Une famille un peu comme les autres. A une différence près, les parents ont des métiers atypiques qui ont une réelle influence sur leur environnement direct. A la différence aussi de l’endroit où ils vivent (et ce n’est pas rien…).



A lire le résumé de la quatrième de couverture, on pourrait croire à un livre d’horreur. On en est bien loin, c’est au contraire un récit tout en nuances d’émotions. La tension en fait partie, l’autrice travaillant particulièrement son ambiance dans la deuxième partie. Cette atmosphère est l’ADN du livre, qui n’est pas du genre à proposer des rebondissements continuels.



Je dois avouer avoir trouvé la première moitié du livre un peu longue à se mettre en place. Un choix dont je ne doute pas qu’il soit clairement assumé par l’écrivaine, qui a pris l’option de raconter le quotidien de cette famille. Durant cette partie du livre, point de suspense, les éléments s’organisent autour du quotidien familial.



Mais, je ne me suis ennuyé à aucun moment, preuve que ce démarrage fonctionne. Et la seconde moitié donne tout son sens au roman, avec davantage d’intensité. Un livre se juge dans son entièreté.



Sophie Loubière montre combien un boulot peut être dévorant et a une influence directe sur le couple. On ne gère pas un rôle de caporale cheffe sapeur-pompier sans enflammer son quotidien (sans mauvais jeu de mot).



Et on ne devient pas gardien de cimetière, en y faisant loger sa famille, sans que ça ne déteigne sur ses proches. Voilà le fait qui va tout chambouler.



Non, nous ne sommes pas chez Stephen King, (même si l’une des thématiques sur les affres de la création artistique n’est pas sans rappeler le Maître). Mais au fil des chapitres, on sent l’angoisse sourdre, imprégner les lieux comme les âmes. Mais toujours au plus près du réalisme et des émotions familiales.



Outre que le livre met en valeur deux métiers singuliers, avec force détails, cette intrigue marque aussi le travail fait sur le deuil.



L’autrice joue de cette ambivalence entre vie et mort, dans un couple où l’un sauve les vies et l’autre veille les morts. Dans ce contexte, la terre est meuble, certains trébuchent au risque d’emporter les autres avec.



Après le prologue très noir, il fallait s’attendre à ce que le récit dérive vers davantage de noirceur à un moment. Rien de surjoué, juste une tension qui devient prégnante. Avant un final réussi, surprenant, bien joué, bien mené.



Sophie Loubière sait développer des personnages qui sonnent vrai, leur insuffler vie, creuser leur psychologie et créer une ambiance. De cendres et de larmes est un roman tout en nuances, humain, jusqu’au bout.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
Commenter  J’apprécie          281
L'enfant aux cailloux

J'ai adoré ce livre qui est conduit avec grande habileté.

On fait connaissance avec Elsa Préau, institutrice retraitée.

Encore un peu, on aurait envie de vivre une vie paisible comme la sienne.

Et puis, elle observe la famille d'en face et un enfant l'inquiète.

Elle va alerter les autorités.

Va-t-on la croire dans sa ville et nous lecteurs?

Un suspense s'installe jusque la fin . C'est vraiment prenant tout en n'installant pas un malaise.

Commenter  J’apprécie          280
Obsolète

Spécialiste du noir, Sophie Loubière surprend ses lecteurs en les entrainant dans un roman d’anticipation.



Avec cette histoire, elle se présente en digne héritière de Margaret Atwood et de sa « servante écarlate ». Mais contrairement à son aïeule, dont j’avais eu du mal à adhérer à la prédiction de départ, j’ai parfaitement imaginé cet avenir hypothétique.



Quand on voit comment sont considérées les femmes de plus de cinquante ans à notre époque, il ne manque plus que la création d’un bracelet qui limite nos émotions, pour que la théorie du livre devienne réalité.



Cette histoire repose sur un gros travail de documentation et de réflexion qui permet d’expliquer et de justifier toutes les décisions prises par la communauté. Dans un but à priori légitime de protection et de survie, les protagonistes ont accepté leur nouvelle vie pragmatique et liberticide. Chaque loi répondait à une véritable problématique. Mises bout à bout, toutes ses règles enferment les personnes dans un univers sécurisé mais aseptisé.



Grâce au destin de plusieurs personnages, on comprend vite que ce monde « parfait » n’est pas sans défaut, ni sans faille. On assiste aux conséquences sur leurs quotidiens d’un tel mode de fonctionnement. Rachel nous offre la possibilité de connaitre la face cachée du « recyclage » des femmes pendant que son mari remet en cause la perfection du système en menant son enquête sur des meurtres maquillés.



L’autrice mène donc de front ses deux narrations (celles qui partent, ceux qui restent) afin de nous plonger dans la réalité de ce futur ambigu. Elle intercale quelques chapitres didactiques, nous racontant les évènements qui ont façonné cette nouvelle manière de vivre. Ainsi, porté par sa plume magnifique, j’ai été envouté par ce roman total, intelligent et inquiétant. Un voyage dans le temps qui fait réfléchir. Un grand livre !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
Commenter  J’apprécie          270
Obsolète

La côte d'Opale en 2224. Face au déclin de la population suite au Grand Effondrement, la Gouvernance territoriale a décidé le Grand Recyclage des femmes à 50 ans de telle façon que leur mari soit Réattribué à une femme plus jeune qui soit en mesure de lui donner d'autres enfants. On ne sait pas ce que deviennent les Retirées car aucune n'est revenue pour raconter. Afin que la société vive en harmonie, que les émotions ne prennent pas le dessus et conduisent au chaos, chacun porte un BMH (bracelet modérateur d'humeur) qui les régule. Mais dans ce monde hyper-contrôlé, où chacun est fliqué en permanence, trois petites filles de 7-8 ans sont retrouvées mortes étranglées.

Ayant déjà lu trois romans noirs, que j'avais appréciés, de Sophie Loubière, mais n'étant pas friande de dystopie ou d'anticipation, j'ai longuement hésité à me plonger dans "Obsolète" et je ne le regrette absolument pas.

L'auteure innove totalement par rapport à ce qu'elle a déjà écrit avec ce livre qui est à la fois un polar, un roman d'anticipation et un féministe.

Le monde qu'elle décrit n'est pas une dystopie complètement déjantée, sortie d'une imagination très fertile, mais une projection cataclysmique mais vraisemblable de ce que nous vivons actuellement : place de plus en plus importante donnée à l'intelligence artificielle, ressources naturelles insuffisantes, températures extérieures caniculaires, baisse de la fertilité, submersion de territoires entiers..... Cela fait froid dans le dos, car on se dit que ce qu'elle invente comme le bracelet régulateur d'humeur, l'obsolescence d'une partie de la population, Big Brother is watching you...pourraient devenir une réalité.

Dans ce monde de 2224, nous suivons des personnages comme vous et moi dont, entre autres, Rachel, à qui il ne reste que 28 jours avant d'être Retirée. Le texte alterne la description de la communauté qu'elle va quitter et son enfance, ses sentiments, ce qu'elle pense de sa vie à la première personne . Ce roman pose bien sûr la question de la place des femmes dans la société du futur mais surtout dans la nôtre, le Grand Recyclage pouvant être vu comme la métaphore de la ménopause qui invisibilise et désocialise les femmes qui ne peuvent plus procréer, partant du postulat, que bien sûr, je rejette, que la procréation est le rôle essentiel qu’inconsciemment on attribue aux femmes et qu'elles-mêmes s'attribuent parfois, se sentant inutiles après 50 ans. Il fictionnalise une réalité dans certains pays où le nombre de filles dépasse celui des garçons, donc on procède à un "tri" sélectif par l'avortement ou par l'élimination à la naissance.

Il chosifie la femme et en fait un objet en fin de vie à recycler comme un vieil aspirateur; ce qui est frappant, dans ce roman, c'est que les femmes ne se posent pas de questions et acceptent leur sort tellement elles ont été conditionnées.

Mais "Obsolète" reste un polar noir avec un double mystère : que deviennent les femmes Retirées? et qui a tué les trois fillettes? qui donne l'occasion à l'auteur de développer sa vision féministe de la place accordée aux femmes.

Ce roman est une vraie surprise car il est totalement différent des précédents. Et c'est une totale réussite, un tour de force qui m'a complètement happée pour son intrigue, pour la description d'un monde à venir, pour l'arrière-plan féministe. Il m'a rappelé "La servante écarlate" de Margaret Atwood pour le corps de la femme, machine à procréer et "Les heures rouges" (2018) de Leni Zumas, dystopie féministe, qui décrit la régression de la liberté des femmes à disposer de leurs corps, là aussi pas si dystopique que cela quand on observe ce qui se passe aux États-Unis.

Commenter  J’apprécie          2711
Cinq cartes brûlées

Premier, chapitre : scène sanglante dans une chambre d'hôtel.

Qui ? Pourquoi ? On ne sait pas.

Non on ne sait pas parce qu'on passe ensuite, au fil des chapitres, sur la vie de Laurence Graissac,

de son enfance à la trentaine.

Enfant trop ronde, harcelée et humiliée par son frère, abusée par son père.

Adulte aux divers et difficiles parcours.

Neuf cartes de tarot éclairent sur les neuf étapes déterminantes de sa vie.

La manipulation semble être coutumière dans la famille Graissac.

La tension et l'angoisse montent au fil de la lecture.

Où tout cela va-t-il nous mener ?

On passe de l'empathie à l'agacement envers Laurence.

L'enfance est certainement déterminante dans chaque adulte.

Peut-elle mener à des névroses, des dérèglements de comportement, des pathologies plus profondes

?

De chapitre en chapitre, les questionnements augmentent, les suppositions abondent.

De fausse piste en fausse piste, on s'égare.

Tout cela est diablement bien mené, bien amené.

Elle est douée Sophie Loubière pour créer des personnages, des atmosphères.

Même si l'ambiance est lourde, de plus en plus lourde, j'ai savouré ce roman, jamais déçue par cette excellente romancière.
Commenter  J’apprécie          270
Écouter le noir

Premier recueil de nouvelles noires par 13 auteurs sous la direction d’Yvan Fauth, il est composé de 11 nouvelles sur le thème de l’audition. Un sujet qui le touche de près, souffrant d’hyperacousie et je peux vous dire que c’est l’enfer !



Globalement j’ai aimé mais moins que “Regarder le noir” peut-être parce que le sujet est plus difficile à traiter, plus abstrait. Malgré tout je m’aperçois que je prends goût aux nouvelles et plus particulièrement aux recueils de nouvelles.



Les meilleures pour moi ont été : “Ils écouteront jusqu’à la fin” de François-Xavier Dillard et “Quand vient le silence” de Laurent Scalèse.



Celles que j’ai le moins appréciées et qui sont limites hors sujet : “Archéomnésis” de Jérôme Camut et Nathalie Hug et “Un sacré chantier” de Nicolas Lebel.



Une jolie découverte d’auteur, Cédric Sire avec “Le diable m’a dit” !



1 - “Deaf” - Barbara Abel et Karine Giebel 4,5★

2 - “Archéomnésis” - Jérôme Camut et Nathalie Hug 3★

3 - “Tous les chemins mènent au hum” - Sonja Delzongle 4,5★

4 - “Ils écouteront jusqu’à la fin” - François-Xavier Dillard 5★

5 - “Bloodline” - R. J. Ellory 4,5★

6 - “Un sacré chantier” - Nicolas Lebel 2,5★

7 - “Zones de fracture” - Sophie Loubière 4,5★

8 - “Echos” - Maud Mayeras 3,★

9 - “La fête foraine” - Romain Puértolas 3,5★

10 - “Quand vient le silence” - Laurent Scalèse 5★

11 - “Le diable m’a dit” - Cédric Sire 4★



Je suis très admirative de ces auteurs qui se plient au jeu des figures imposées et que l’on apprécie ou pas, je trouve ça brillant et sympathique ! J’attends le suivant avec impatience !



CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
Commenter  J’apprécie          271
Cinq cartes brûlées

Dès les premières pages, l’auteure nous plonge dans un bain de sang, après les galipettes de rigueur. Le ton est donné, ce sera en rouge sang et noir sans espoir.



♫ En rouge et Noir… ♪



Mais comment en est-on arrivé là ? Petit retour en arrière avec une scène des plus belles : la naissance d’un enfant. Oh que c’est beau le petit frère (Thierry) qui embrasse se petite soeur (Laurence) qui vient de naître.



STOP ! Le rose bonbon n’est pas de mise, remisez les dragées, le grand frère de trois ans n’a pas du tout l’intention que le moutard (on dit "moutarde" pour une fille ?) lui ravisse sa place de petit dieu vivant.



♫ Oh ooooh, Laurence… ♪ Y a tant de frères que je ne suis pas ♪ Y a tant de phrases qu’on dit, que je ne te dirais pas ♪



Brimée par son frère Thierry, rabaissée sans cesse par lui, face à des parents qui portent des lunettes noirs d’aveugles et qui n’ont pas l’air de se rendre compte que le frangin est un tyran doublé d’un tortionnaire.



On parlait d’un thriller psychologique et on y était en plein dedans ! Face à une descente aux enfers de Laurence, nous sommes impuissants. Elle, elle a trouvé refuge dans la nourriture, se gavant de tout et dans l’amour que lui porte son père.



Quand tout éclate, la descente continue jusqu’à ce que… La suite dans le roman !



Il est des romans que l’on lit sans se rendre compte que les pages tournent, des romans sans scènes d’action notoire, qui nous parlent de la vie du quotidien, les brimades d’un frère, envers sa soeur, de parents dépassés, de voisins médisants, d’actes qui puent l’interdit… Et sans nous en rendre compte, nous l’engloutissons avec un appétit d’ogre.



Pourtant, de prime abord, les personnages ne sont pas sympathiques… Thierry, le frère aîné, qui en grandissant devient un parasite glandouilleur critiqueur et qui a loupé sa vie. Une mère qui est parfois à l’ouest, un père qui a un comportement suspect et une Laurence qui se laisse faire, qui ne se rebelle pas contre son frangin, qui encaisse tout le temps, qui se casse le cul et qu’on ne remercie même pas.



Durant des pages et des pages, j’ai eu envie de gifler Laurence, de lui hurler de pousser son frangin tortionnaire dans les escaliers, de le frapper à grands coups de pelle, de la découper en morceau et de le foutre dans la poubelle des déchets organiques (le tri des déchets, c’est important !).



Cette manière de tout encaisser sans ruer dans les brancards m’a exaspéré et pourtant, j’ai continué ma lecture parce que l’ambiance était tendue comme la corde d’un string et que je voulais savoir si Laurence allait, enfin, se reprendre.



Puis, fiat lux…



Dans ce roman noir, sombre, psychologique, l’auteure aborde plusieurs sujets de sociétés comme la boulimie, la mauvaise estime de soi, les brimades scolaires et en milieu familial, la perte de confiance, le regard des autres, le pôle emploi (notre Actiris ne doit pas valoir mieux), le sport de haut niveau, le harcèlement, les rumeurs d’inceste, l’éclatement de la famille, les casinos, les escort girl et le courant électrique.



Dis ainsi, ça fait bordel sans nom mais l’auteure a tout bien classé, tout bien mis en scène et tous ces ingrédients se marient harmonieusement dans l’histoire, sans peser, la touche finale était que le suspense et le mystère sont dosés correctement et qu’ils se diffusent lentement dans le récit.



Mon bémol sera pour le fait que je n’ai pas eu d’accroches avec les différents personnages et que si j’avais apprécié Laurence gamine, j’ai perdu mon estime pour elle lorsqu’elle est devenue adulte et qu’elle a continué à aimer son tortionnaire de frangin, à accepter toutes ses insultes… Avant, une fois encore, de retourner ma veste avant le truc final. Je dis "truc" à dessein.



Un roman noir qui se lit tout seul, les mains accrochées aux pages, les grognements de fureur aux bords des lèvres avant de tout terminer en soupirant devant ses vies éclatées, foutues, écartelées, en se demandant où tout cela à commencer à foirer… À la naissance de Laurence, hélas.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          272
L'enfant aux cailloux



Elsa est retraitée de l'Éducation nationale. Ancienne institutrice, elle a toujours eu beaucoup d'affection et d'attention pour les enfants qui lui étaient confiés.

Très attachée à son petit-fils dont elle n'a pas autant de nouvelles qu'elle voudrait, elle contemple le spectacle des enfants des voisins qui jouent sous ses fenêtres. Mais il lui semble rapidement que l'un de ces enfants est maltraité.

Elle tente de donner l'alerte mais son fils, médecin, met ça sur le compte des élucubrations d'une vieille dame.

C'est ma deuxième lecture de cette autrice et je ne suis pas déçue.

Thriller psychologique bien ficelé même s'il n'est pas vraiment original. Il aborde les personnages avec beaucoup d'humanité et suscite des émotions inattendues dans ce type de récit.

Je vais poursuivre la découverte des romans de Sophie Loubière
Commenter  J’apprécie          260
Cinq cartes brûlées

Construction réussie puisque je l’ai lu pratiquement d’une traite. Les premières pages décrivent un meurtre dans une chambre d’hôtel. Retour arrière sur Laurence martyrisée par son frère, championne olympique, puis obèse et enfin croupière dans un casino où elle distribue des cartes. De multiples rebondissements qui manipulent le lecteur, une bonne psychologie des personnages. Beaucoup de sujets de société traités et surtout pourquoi des individus arrive à ça ?
Commenter  J’apprécie          260
De cendres et de larmes

On aurait pu imaginer en commençant ce roman, nonobstant le prologue, que cette histoire allait concerner une famille comme tant d'autres, des parents avec le fils ainé, un ado , né d'un premier mariage de la mère, un garçon de 10 ans, un peu froussard, et une petite dernière plutôt effrontée .



Mais d'emblée, le lecteur est propulsé au coeur de l'incendie de Notre Dame à la suite de la cheffe sapeur pompier, Madeline , pas ordinaire comme profession pour la Maman .

Pour quitter un appartement trop petit pour la famille , le père accepte de devenir gardien d'un cimetière avec sa maison de fonction , une opportunité pour eux .

Chacun compose à sa façon avec la proximité des tombes et de l'idée de la mort y trouvant même un terrain de jeux ou d'expériences .

En fait, c'est surtout la maison qui se révèle insalubre et inquiétante et qui va entrainer peu à peu la dislocation familiale.



Sophie Loubière explore de nombreux thèmes : la compatibilité entre la passion pour son métier et sa vie familiale, le harcèlement à l'école, la création artistique, les remords et le glissement vers la folie, l'exploitation de jeunes étrangers par des bandes mafieuses , etc ...



Sans doute un peu trop de sujets à la fois pour un roman assez court , qui a un peu de mal à démarrer et qui laisse finalement un certain nombre d'interrogations en suspens .

Mais Sophie Loubière sait créer les ambiances sans verser dans le morbide ou le surnaturel , elle insère à chaque début de chapitre un petit texte explicatif sur les symboles des ornements funéraires et le lecteur chemine gravement avec les personnages dans les allées du cimetière , entre tombes et mausolées en s'inquiétant pour le devenir de cette famille.



Je remercie NetGalley et Fleuve éditions



#Decendresetdelarmes #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          260
Cinq cartes brûlées

En partant d'une histoire de fait divers véridique qui s'est déroulé dans une chambre d'hôtel ou une jeune femme assène plusieurs coup de couteaux à un homme, Sophie Loubière nous raconte comment Laurence en arrive à ce moment là.



Le récit est romancé l'auteur ne connaissant pas la vraie histoire de ce fait divers cependant elle est plus que crédible, de son enfance auprès de ces parents et de son frère Thierry dont elle devient le souffre douleur, l'adoration que Laurence a pour son père et le divorce de ces parents.



Laurence va également être instrumentalisé par sa mère pour que celle-ci obtienne la garde de ses enfants, elle ne verra également plus son père qui va construire une autre famille.



Commence alors pour Laurence une vie difficile ou elle va trouver refuge dans la nourriture et devenir obèse mais elle va trouver la force de transformer cette différence en un atout pour son futur.



Le récit ici est entrecoupé de passage en italique ou Laurence s'adresse à nous directement ce qui rend le récit encore plus poignant, l'idée des cartes insérées dans le récit est également un vrai plus et c'est en partie lié au vécu de Laurence également.



Je ne suis pas une grande adepte des romans noirs habituellement mais ici regroupé au thriller psychologique cela a fonctionné.



L'écrit de Sophie Loubière fait également mouche il n'y a pas besoin d'un roman avec énormément de pages pour que le récit soit poignant ce qui est le cas ici, on en vient même à "pardonner" Laurence pour son geste étant donné son vécu.



Ce récit évoque également un bon nombre de thème la famille, la dépression, le chômage, la folie, l'absence, la nourriture, le sport etc... On sent également une part de vécu sur certains aspects du roman de la part de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          260
Écouter le noir

Qu'elles soient d'anticipation, du domaine du thriller ou du récit fantastique, ces onze nouvelles tournant autour du thème de l'écoute vont vous faire frissonner d'effroi et glacer d'horreur.

Tous concoctés par d'incontournables auteurs du noir qui figurent régulièrement en bonne place dans les têtes de gondole de nos librairies, ces récits nous immergent dans un univers où les sons (ou leur cruelle absence) vont faire basculer les protagonistes de ce recueil dans d'insolites, d'improbables et terrifiantes situations qui s'avéreront fatales pour la plupart d'entre eux.

Qu'ils soient sourds ou malentendants, parasités ou même paralysés par l'envahissante présence de sons obsédants susceptibles de leur faire perdre toute raison ou toute perception de la notion de danger... les personnages sortis de l'imagination foisonnante de cette brochette d'auteurs nous entraînent dans leur noir sillage où le danger résonne et fait écho de sa toute puissance à chaque bruissement, chaque soupir, chaque murmure, chaque pas, chaque claquement, chaque éclat de voix ou même chaque silence.

Courtes mais intenses, ces nouvelles qui comptent quelques pépites m'ont replongée avec délice dans la plume acérée et captivante

d'écrivains qui semblent être à l'écoute des attentes de leurs lecteurs en matière de lecture !

A quand "Voir le noir" ?
Lien : https://leslecturesdisabello..
Commenter  J’apprécie          260
À la mesure de nos silences

Il suffit parfois d'être attiré par un titre et faire une bonne pioche !



Un road movie qui entraine François, octogénaire et Antoine, son petit fils , un ado accroc aux SMS, Facebook et jeux virtuels (vous voyez ce que je veux dire, vous en avez un à la maison ?) sur les routes vers Villefranche-de -Rouergue au volant d'une sublime Volvo des années soixante !



Scénario un peu classique et convenu qui m'a, au départ, je dois l'avouer, fait craindre de m'être fourvoyé entre un senior sentencieux et un gamin bougon .



Or, si François conduit Antoine dans la ville où il a vécu enfant pendant l'occupation, pour lui raconter un épisode dramatique qui va marquer sa vie, celui qui a le plus besoin de l'autre n'est pas celui qu'on imagine et on rentre petit à petit dans l' engrenage irraisonné de la fuite en avant de François pour un acte commis gamin sous l'emprise de la jalousie.



Culpabilité que l'adulte porte comme une croix, fuyant son pays et sa famille dans la peau d'un reporter de guerre toujours à l'affut d'un bon papier dans les coins les plus dangereux de la planète guettant la mort comme une rédemptrice .



Entre les chapitres, l'histoire racontée par François de son enfance pendant la guerre et qui aborde un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale: la rébellion en 1943 de jeunes musulmans croates enrôlés de force dans les troupes SS et qui s'est terminée dans le sang .



La honte et le remords poursuivent ce vieil homme si maladroit dans ses rapports avec ses propres enfants.



L'écriture est très sensible donnant un roman poignant sur la difficulté d'accepter ses fautes, de comprendre et de pardonner aussi aux autres.



Petit bémol sur la toute fin du roman ...
Commenter  J’apprécie          260
L'enfant aux cailloux

Imaginez la version française de Fenêtre sur cour d’Hitchcock, sauf que le héros n’est pas un grand et fringant reporter coincé malgré lui à cause d’une jambe cassée dans un immeuble new-yorkais, mais une vieille femme de 80 ans, coincée dans son pavillon bourgeois de la banlieue parisienne. Cela devrait plutôt bien vous résumer le thriller de Sophie Loubière. Son héroïne, Elsa Préau est une ancienne institutrice à la retraite qui végète avec ses petites habitudes dans cette banlieue parisienne qu’elle a toujours connue. Son fils, médecin, vient la voir souvent mais on sent que le devoir filial l’emporte sur le réel plaisir de boire un thé accompagné de gâteaux avec sa tendre maman. Notre octogénaire est donc plutôt solitaire et tente tant bien que mal de s’occuper. Ça tombe bien, un nouveau couple de voisins attire tout particulièrement son attention, et surtout le petit garçon solitaire, type chien galeux qui vit avec eux mais ne semble pas réellement faire partie de la jolie famille. Mal fagoté, malingre et renfermé cet enfant n’est pas traité de la même façon que les deux autres marmots du couple. Elsa Préau, dont la spécialité est de sensibiliser les plus hautes instances sur les travers de la société actuelle à coup de lettres assassines, en fait une affaire personnelle : pour elle, quelque chose cloche dans cette famille en apparence bien sous tout rapport. Qui est cet enfant ? Que lui font-ils subir ? Elsa décide de venir en aide à cet enfant invisible aux yeux de tous, qui lui rappelle tant son propre petit-fils. Mais comment croire une vieille femme dont tout le monde s’avise à penser qu’elle n’a plus toute sa tête et qui, on le découvre au fur et à mesure, porte le poids d’un passé qui ne plaide pas vraiment en sa faveur ? A-t-elle rêvé cet enfant ? Est-elle folle ? Bonne à interner ?



Efficace et bien écrit, L’enfant aux cailloux est porté par une héroïne attachante, touchante d’imperfections. Outre une intrigue policière originale, Sophie Loubière a su dépeindre avec une vraie justesse de ton le portrait d’une femme esseulée et perturbée, en proie avec ses propres démons. L’enfant aux cailloux c’est aussi et avant tout le regard posé par notre société actuelle sur la vieillesse et le devoir de solidarité qui nous incombe envers les plus faibles. J’y ai personnellement perçu un tableau social derrière l’intrigue, quasiment reléguée au second plan ; question de point de vue. Et c’est ce que j’ai tant apprécié dans ce roman psychologique car les multiples niveaux de lecture permettent de s’approprier chacun à sa manière ce thriller qui ne vous laissera pas indifférents.


Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          260
Black coffee

Dépaysement garanti !

Quel chemin parcouru avec Desmond, depuis juillet 1966 où, à Narcissa, dans l’Oklahoma, sa sœur et sa tante ont été sauvagement assassinés et où sa mère et lui-même ont été sérieusement blessés.

Ce n’est qu’en 2011 qu’il connaîtra la vérité, grâce à Lola, une jeune femme lorraine à la recherche de son mari disparu sur la fameuse Route 66 qui relie Chicago à Los Angeles.

Une histoire habilement menée, à la progression maîtrisée, nous menant de l’émotion dans les premières pages à la fébrilité et à l’angoisse à la fin du livre.

Un récit parfaitement documenté, la route 66 nous semble familière après cette lecture.



Sophie Loubière a effectué ce voyage avec sa famille, s’en est largement inspiré, a construit son histoire autour des lieux qu’elle a visités, et campé ses personnages en s’inspirant largement de ce qu’ils ont vécu. Un blog mentionné en toute fin du livre nous permet de poursuivre ce voyage mythique et de comprendre comment est né ce roman. Un superbe prolongement de la lecture avec des photos magnifiques réalisées par sa fille Annette, exactement comme dans le livre

http://blackcoffee66.blogspot.fr/

Commenter  J’apprécie          264




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Sophie Loubière Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "L'enfant aux cailloux" de Sophie Loubière.

Comment s’appelle la retraitée de l’histoire ?

Elsa
Laurie
Isabelle

10 questions
34 lecteurs ont répondu
Thème : L'enfant aux cailloux de Sophie LoubièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}