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Critiques de Sophie Loubière (1061)
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Black coffee

C'est la troisième fois que je tente un roman de Sophie Loubières, après "Cinq cartes brûlées" (qui ne m'avait pas vraiment convaincue), et "De cendres et de larmes" (dont je n'avais pas écrit de retour, mais qui me laisse un souvenir assez mitigé). Cette fois, c'était quitte ou double, si celui-ci ne me plaisait toujours pas j'abandonnais l'auteure à son triste sort. Parce que bien sûr, sans moi elle n'a plus de lecteurs ! J'rigole...



Bon, elle est sauvée : j'ai aimé, même si j'ai quand même de petites réserves. Les lieux où se déroulent l'histoire (le parcours de la mythique Route 66 qui traverse les USA d'est en ouest, de Chicago à Los Angeles) sont bien décrits, sans enthousiasme excessif. On voit bien que la plupart des sites sont soit à l'abandon, soit totalement artificiels à destination des touristes : vieilles stations-services, troquets à l'image du célèbre Bagdad Café, avec des décors immuables et caricaturaux. Mais c'est bien sur le tracé de cette route que vont se dérouler deux histoires destinées à se croiser, malgré des temporalités en décalage.



On découvre d'abord celle de Desmond, dont la tante enceinte et la petite soeur ont été victimes d'un tueur dans leur maison isolée à l'écart de cette route. Desmond a tenté de s'interposer, mais il n'avait que huit ans... Sa mère est restée complètement traumatisée depuis, elle-même n'en a réchappé que par miracle. Et le mari, où était-il ? Ben sur la route toute la sainte journée, làlàlà ! Il est représentant en vaisselle, et ne rentre que de plus en plus rarement à la maison. Jusqu'à qu'il ne rentre plus du tout.



Ensuite on va faire la connaissance de Lola Lombard, qui 42 ans après cette sinistre histoire est en vacances avec son mari Pierre et ses deux enfants. Ils essaient tant bien que mal de découvrir l'esprit de la route 66, jusqu'à ce soir où Pierre ne revient pas de la laverie où il était parti faire la lessive.

Lola va revenir trois ans plus tard, toujours avec ses enfants, suite à un coup de fil de Pierre qui prétend avoir reçu les confidences d'un tueur en série et les lui avoir envoyées dans un cahier de notes. Lola va finalement prendre connaissance de ce cahier, et décider de tenter de retrouver son cher et tendre en reprenant le chemin de tous les lieux mentionnés dans le cahier.



Je ne vous raconte pas la suite, mais c'est là que j'ai trouvé que l'histoire devenait en même temps plus passionnante, mais aussi plus difficile à croire. Beaucoup de hasards heureux ou tragiques (trop à mon goût), et parfois un peu de mal à suivre, parce que le roman est construit sur une alternance de chapitres courts entre l'histoire de Desmond, devenu professeur à l'académie de criminologie de Chicago, celle de la quête de Clara, et les différents meurtres du mystérieux tueur de la route 66, qui se sont déroulés sur des décennies. Mais on finit par s'habituer à jongler entre ces différents personnages et époques.



J'avoue que j'ai quand même été tenue en haleine sur presque 550 pages, alors que j'ai deviné certains éléments bien avant qu'ils ne soient dévoilés. Je n'ai pas trop cherché la petite bête quand à la vraisemblance à certains moments, j'étais bien immergée dans l'histoire. Je n'ai pas compris l'intérêt de quelques détails, par exemple les horoscopes en tête de chapitres. Certes un des enquêteurs est féru d'astrologie, mais ça ne joue aucun rôle dans l'histoire, ou alors je n'ai pas tout compris ?



En conclusion, j'ai apprécié ma lecture, j'ai passé un bon moment sur trois jours, mais j'avoue que je l'ai vraiment pris comme un pur divertissement, sans trop de souci de vraisemblance. Si vous avez envie de voyager sur la route 66 en compagnie d'un tueur et de ceux qui le traquent, mais bien calé dans votre canapé ou sous la couette, ce roman fera parfaitement l'affaire.
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Black coffee

Second livre de Sophie Loubière que je lis, après L'enfant aux cailloux que j'avais beaucoup aimé.

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Cette fois, l'auteure nous fait voyager le long de la mythique Route 66, qui relie Chicago à Los Angeles.

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En juillet 1966, à Narcissa,en Oklahoma, la famille Blur : Nora, la mère de Desmond et Cassie, sa soeur enceinte Mathilda, sa nièce Samantha, et le berger allemand, coule des jours plutôt paisibles sous la chaleur écrasante de la mi-journée.

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L'homme de la maison, Benjamin Blur, représentant en vaissellle et linge de maison, parcourt les routes. Et c'est justement lors de son absence qu'un inconnu pénètre dans la propriété et massacre Mathilda et la petite Cassie.

Nora s'en sort par miracle, mais ne remontera jamais la pente.

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Un bond dans le temps nous propulse en 1972 à Chicago, où nous retrouvons ce qu'il reste de la gentille famille, Nora et Desmond. Benjamin parcourt toujours le pays pour refourguer sa vaisselle, tandis que son fils veille sur sa mère.. Jusqu'au jour où Benjamin ne rentre pas.

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Le récit est découpé en très courts chapitres. Dans la première partie du livre, ceux consacrés à la vie des Blur sont entrecoupés de récits de meurtres se produisant dans les "villes" traversées par la fameuse route 66.

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En juillet 2007, Desmond devenu journaliste rencontre Lola, mère de deux enfants, qui recherche son mari, Pierre, lequel s'est également volatilisé.

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Les deux jeunes gens, armés d'informations dont dispose Lola, vont suivre la trace du serial killer de la route 66, qui échappe à la police depuis 50 ans.

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J'ai bien aimé ce roman, bien loin de L'enfant aux cailloux. L'histoire tient la route (sans mauvais jeu de mots) et je suis restée sur le qui-vive au fil des pages.

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Le style est remarquable... presque trop même, et on sent nettement les efforts de l'auteure pour construire des phrases originales, qui m'ont parfois fait sourire.

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Mais bon, un livre très agréable à lire, malgré le côté un peu fouillis de la première partie, quand on navigue entre la vie de la famille Blur et la narration des meurtres perpétrés au fil du temps.
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L'enfant aux cailloux

J'ai littéralement dévoré ce livre (c'est simple, commencé hier et terminé aujourd'hui )



Alors ce livre a été un vrai plaisir à lire (je remercie d'ailleurs le membre qui l'a proposé parce que je ne serai pas partie sur genre ce de livre sans cette proposition )



Grosso modo, le livre se décompose en 3 grandes phases :

- une première assez courte où l'on découvre l'enfance d'Elsa Préau, son mariage, son divorce, sa famille jusqu'au pique-nique avec son petit-fils Bastien.

- une seconde où l'on sent monter crescendo le suspens et où l'on est persuadé de savoir par avance où l'auteur veut nous emmener

- une dernière où là... l'auteur nous distille SES RÉVÉLATIONS !



Le tout est relaté dans un style fluide et agréable avec des références à l'actualité de l'époque qui donne un sentiment de réalité aux personnages (contexte de la grippe A par exemple)



[...]



Franchement, je le reconnais en toute humilité... cette auteure m'a bien eu !!





Ce livre est vraiment un pépite littéraire.
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Dernier parking avant la plage

Nous sommes en été, au mois de juillet en VVF à Saint-Jean-de-Monts. Cat et ses deux enfants, Pauline et Romain sont en vacances. Cat est partie pour oublier son amant Philippe. Elle fait la connaissance de Christine, une maman avec ses deux enfants, très vite, elles se lient d'amitié. Au même moment, on fait la connaissance de jeunes adolescents qui s'ennuient et s'entraînent le soir à voler des voitures. A un autre moment encore, des malfrats qui jouent gros, et volent des voitures de luxe. Et parallèlement à tout ça, trois jeunes ados, une fille et deux garçons sont dans des cellules séparées. On apprend que d'autres adolescents auparavant ont été retrouvés d'autres non.

Dans une ambiance estivale, le village est faussement tranquille mais François, le veilleur de nuit surveille....

Au début j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. C'est peut-être dues aux scènes et aux ambiances différentes très courtes. Mais au fil des pages l'étau se resserre doucement mais sûrement.

Un joli polar à lire pendant les vacances pour se donner quelques frissons.

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Cinq cartes brûlées

Comme beaucoup d’entre vous, après le confinement, on avait besoin d’aller en librairie et leur montrer notre soutien. J’ai donc récemment craqué pour plusieurs romans dont le dernier livre d’une auteure incontournable du thriller français, « Cinq cartes brulée » de Sophie Loubière. Il vient d’ailleurs de recevoir le prix Landerneau.



Thierry ne supporte pas l’arrivée d’une petite sœur dans la famille, ne plus être l’enfant unique et devoir partager ses parents. Laurence va devenir son souffre douleur. Il n’hésite pas à la tourmenter et l’humilier. C’est plus fort que lui, il lui fait vivre un véritable calvaire.

Une accusation vient faire exploser la famille, ses parents divorcent, son père prend de la distance et sa mère est fragile psychologiquement. Laurence va se réfugier dans la nourriture. Sa vie va être faite de haut et de bas. Elle va notamment être croupière dans un casino et croiser la route du docteur Bashert, rencontre qui va faire basculer sa vie. Je n’en dirais pas plus…



Sophie Loubière sait parfaitement manipuler son lecteur en multipliant les fausses pistes, en ne dévoilant pas tous les éléments immédiatement et en brouillant l’identité du méchant et de la victime. Il ne faut pas toujours se fier aux apparences… Je me suis attachée au personnage de Laurence dans les premières pages puis j’ai été intriguée par son comportement qui m’a semblé dans un premier temps incompréhensible (pourquoi elle prend soin de ce frère vu ce qu’il lui a fait subir ?...)

Si je dois vous conseiller un livre de cette romancière, je vous dirais « l’enfant cailloux » qui pour moi restera LE livre référence même si j’ai bien aimé celui-ci.

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À la mesure de nos silences

Trois destins, trois voix, une belle émotion.



Sophie Loubière nous conte une jolie et triste histoire entre passé et présent, entre différentes manières de percevoir le monde également.



Loin des ambiances de polar de certains de ses romans, l’auteure met en scène trois personnages très différents mais qu’un fil conducteur va rassembler.



Il y a d’abord ce rapprochement d’un grand-père au crépuscule de sa vie, et de son petit-fils adolescent. Une thématique déjà développée par d’autres mais qui, sous l’œil de Sophie Loubière, prend un caractère à la fois universel et très personnel.



Il y a aussi ce retour vers un passé douloureux. Deuxième guerre mondiale et un drame dans le drame, dont on a peu parlé.



A la mesure de nos silences est un superbe et approprié titre de roman. Entre deux personnages plutôt taiseux, adolescent revêche et papy fatigué par le poids du passé, les silences sont autant de mots qui confrontent les générations. Deux personnages qui ne parlent pas pour ne rien dire et qui communiquent avec difficulté, alors qu’ils ont tant de choses à partager.



S’en suit un voyage initiatique sur les pas d’un passé pesant et douloureux ; un passé qui s’intercale dans ce récit au fil des chapitres.



La grande force du roman de Sophie Loubière est cette sensibilité et cette réserve derrière chaque mot et chaque émotion. On est loin de l’émotion surjouée de pacotille, l’auteure pose son récit et construit les relations naissantes avec une jolie délicatesse.



Elle a eu la bonne idée de métamorphoser sa plume alternativement entre les trois personnages, nous plongeant dans la tête de chacun d’eux, avec leur propre langage et leurs propres ressentis. Cela nous donne des changements de tons franchement intéressants, entre une langue hachée et directe (comme peut être celle de la jeunesse d’aujourd’hui), une tonalité plus posée (d’un homme de 82 ans qui a beaucoup vécu) et la manière dont on pouvait s’exprimer il y a plusieurs décennies.



Une prose pleine de poésie pour un roman tendre, sincèrement touchant, poignant parfois, saisissant aussi. Une universalité qui touchera à coup sûr une part très personnelle de chacun, loin des sensations artificiellement exacerbées de pas mal de romans actuels.



Ce livre est sorti le lendemain du massacre terroriste du 07 janvier 2015. Il est aussi là pour nous rappeler toute la barbarie de notre passé, qu’il ne faut justement pas passer sous silence pour ne pas la laisser se reproduire.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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À la mesure de nos silences

Belle surprise que voilà. J'avais entendu parler de cette auteure sans jamais rien avoir lu. Elle a écrit principalement des polars mais aussi quelques romans de belles factures. Sans lire la quatrième de couverture, je me suis laissé happer par ce récit nostalgique et émouvant. Antoine, un adolescent, dans l'année du bac, ne va pas bien. Malmené par son ex-petite-amie qui profite des réseaux sociaux pour le harceler, bien accroché à son portable et à ses jeux vidéo, Antoine songe à quitter le lycée et à vivre sa propre vie sans passer par la case Bac. François, son grand-père, 82 ans, journaliste brillant qui a roulé sa bosse, veut à tout prix le remettre sur le bon chemin, le "kidnappe" et l'emmène à Villefranche-de-Rouergue dans l'Aveyron ou il a passé son enfance. Mais ce voyage dans la superbe Volvo cabriolet P1800, ne va pas être sans heurts entre les deux générations. Dès le début, François va passer un marché avec Antoine pour le convaincre de ne pas lâcher ses études. De ce périple, François aura besoin de raconter à son petit-fils, un épisode sanglant qui s'est passé pendant la seconde guerre mondiale et dont les remords et les regrets le taraude. De ce voyage initiatique, les deux héros, se révéleront et apprendront à se connaître vraiment.

Une belle découverte, une écriture remarquable où l'émotion et le besoin de se faire pardonner se côtoient immanquablement. Je ne peux que vous le conseiller.
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Respirer le noir

Respirer.

Profondément.

Emplir d'air (et de tout ce qu'il contient) mes poumons, ouvrant mes narines, gorge envahie, torax déployé... Je respire.

Un bon coup.

Pour retrouver mon calme.

Pour ne plus trembler.

Pour tourner ma langue sept fois dans ma bouche.

Pour remettre mes mains dans mes poches.

Avant de faire des bêtises que je pourrais regretter.

Envie de meurtre!!!



Que c'est difficile d'être adolescent...

Plus difficile encore, c'est d'être maman d'une adolescente!

Je sais de quoi je parle: allez, debout, c'est l'heure de te lever!

Ramasse tes chausettes!

Lâche donc ton portable, il est presque minuit!

Non, à 14 ans, tu n'as pas besoin d'un compte sur Instagram (sur Babelio, d'accord... Tu ne parles pas français? Et après?).

Non, à 14 ans, tu n'as pas l'âge d'aller boire un coca avec tes copains après 20 heures....

Parles-moi sur un autre ton: je suis ta mère!

Grosse? Mais non, tu n'es pas grosse: 55 kilos pour 1,62 m. Tu es folle!



Respirer le noir. Encore un recueil de nouvelles qui accompagne ma pause-dejeûner (z'avez qu'a lire mon billet sur "Exils"... Je ne vais pas me répéter, tout de même!).

Après avoir "Écouter le noir" que j'avais apprecié malgré une nouvelle qui m'a completement échappée, j'ai mis un certain temps à me replonger dans ce genre de littérature "courte". Pause-dejeûner oblige, donc.

Bien qu'inégales, comme dans tout recueil de nouvelles, j'ai trouvé leur niveau excellent. Peut-être parce que le "Noir" a une odeur. le malheur et la mort se sentant à mille lieues à la ronde, il a semblé plus "simple" ou plus "évident" aux auteurs de créer une nouvelle "noire" tournant autour de la respiration et/ou de l'odorat.

Résultat: inspirées (c'est le cas de le dire, puisqu'elles s'y prêtent), chaque nouvelle se respire, se hume ou coupe le souffle! J'ai même retenu ma respiration...

Bravo à Adeline Dieudonné qui m'a rappelé "Le parfum". J'ai sentis les remugles décrits si nettement que j'ai eu du mal à avaler mon potage!

La nouvelle de Mesdames Karine Giebel / Barbara Abel, duo imbattable ne pouvait qu'être parfaite. Je l'ai lue le souffle court, "aspirant" (ben, oui...) à ce qu'elles épargnent les "gentils", sans savoir qui allait périr. J'aime déjà beaucoup la plûme de chacunes de ces dames séparément. En tandem, c'est formidable. Elles ne sauraient faire autrement. À noter: le talent de ce duo pour planter un décor, installer une ambiance et "parfumer" l'atmosphère d'angoisse, sur un format aussi court qu'une nouvelle, mais avec le brio dont elles usent et abusent quand elles écrivent des romans, textes beaucoup plus copieux. Bref, une réussite! Et la petite pique politique (aaaah...le nom de ce toutou!!). Impayable!



Et maintenant? Comment lier mon intro et mon envie de meurtre avec l'ado de mon deuxième paragraphe? Oui, c'est bien elle que j'ai envie d'étrangler. Et pourtant, c'est ma fille, la chair de ma chair, le fruit de mes entrailles (ma fille, ma bataille, j'voulais pas qu'elle s'en aille... Merci Balavoine...).

Mère indigne? Monstre-maman?

Noooon!

Je voudrais l'étouffer... de baisers, la serrer sur mon coeur à lui couper le souffle, la porter tout contre moi pour sentir son parfum de bébé devenu grand.

Elle est née au début d'une chaude nuit d'octobre, pendant un été indien comme il y en a souvent au Portugal. L'accouchement (très compliqué...) ne s'est pas du tout passé comme je l'avais imaginé pendant les mois de ma grossesse (mais ça, c'est encore une longue histoire...). Quand, vers trois heures du matin, la sage-femme nous a emmenées du bloc opératoire jusqu'a notre chambre, elle a pris soin de coucher ma princesse à mes côtés, tout près de mon coeur, au creux de mes bras... Et jusqu'au matin, j'ai caressé son petit nez retroussé pour sentir sa douce respiration et m'assurer qu'elle était bien vivante...



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Un accident est si vite arrivé

L'art de la nouvelle est un exercice ardu et Sophie Loubière s'en sort très bien. Des nouvelles de 3 à 5 pages vite lues et bien appréciées. Mes préférées :

"0,1 %" ; "Oscar m'a tuée" ; "Élagage d'automne" et "Allez directement à la case Départ". Ces nouvelles sont surprenantes et la chute est très souvent inattendue.

Ces nouvelles seraient de bons scénarios pour des courts métrages. Ces accidents qui sont si vite arrivés peuvent être dûs soit à de la malchance, de l'ingratitude ou carrément à de véritables crimes bien orchestrés.

Ces 22 nouvelles contenues en 144 pages sont une véritable performance pour cette auteure. Bravo !
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L'enfant aux cailloux

Les apparences sont si trompeuses parfois...

*

Un roman sombre qui offre une réflexion sur la maltraitance infantile, la maladie mentale, la solitude de la personne âgée et les relations filiales.

Des grands thèmes qui sont ici bien exploités sous forme de thriller psychologique. Une intrigue qui monte crescendo et qui tient en haleine jusqu'à la fin.

Un personnage central - Elsa la vieille dame - riche en nuances, avec une profondeur psychologique incroyable. Tout le long du récit, je l'ai tour à tour détesté, plainte puis apprécié à sa juste valeur. Chaque lecteur a dû penser à la très connue "Tatie Danielle" pour ce caractère exécrable et irascible.

*

J'ai ressenti les mêmes émotions qu'elle au fil des pages. L'intrigue est tissée de telle manière qu'on apprend les faits au fur et à mesure. Une distillation précise d'évènements pour berner le lecteur.

Ah! Il y a bien quelques petits indices si ...

Donc plus d'effets de surprise? Il y en a bien eu tout de même. On va comprendre ses choix.

*

Au final un polar psychologique original et subtil dans la façon d'aborder la folie et les non-dits d'une famille. Encore et toujours, la non-communication est délétère et l'auteure nous l'a prouvé avec cette version française de "Fenêtre sur cour" en mode empathique.

*

Lu dans le challenge #theblacknovember et Pioche dans ma pal de novembre

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L'enfant aux cailloux

Voila le genre de bouquin que j'aime lire, les pages qui défilent à toute allure, les chapitres courts, la tension qui monte crescendo, le genre de livre impossible à lâcher sans avoir le mot de la fin.



Que vous dire de plus, un tout petit aperçu du tout début du récit, le mieux étant d'en savoir le moins possible pour vous lancé dans cette lecture.



En quelques mots le personnage principal est celui d'Elsa ancienne directrice d'école à la retraite, celle-ci vit seule et elle passe beaucoup de temps à sa fenêtre à épier ses voisins, son fils Martin médecin lui rend également souvent visite.



Je pense qu'il ne serait pas raisonnable d'en écrire plus, donc je vous laisse ouvrir ce bouquin afin de découvrir plus par vous même ce personnage. Bonne lecture!
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Respirer le noir

S'il continue dans cette veine, Yvan Fauth (alias mon ami @Gruz sur Babelio) va vraiment me rendre accro aux nouvelles, moi qui n'en lisait presque jamais il y a deux ans à peine ! Mais depuis qu'il m'a fait découvrir cette collection autour des sens qu'il dirige avec brio, je viens réclamer ma dose à chaque nouvelle parution. Et pour mieux s'assurer de ma dépendance, ce diable d'homme a eu une idée imparable à l'occasion de la parution du quatrième opus : organiser un concours sur son blog EmOtionS, dont le gagnant remporterait un exemplaire de "Respirer le Noir" dédicacé par chacun des 13 auteurs, rien que ça ! Et devinez quoi : j'ai gagné ! Dès lors, j'étais foutue...



Ah, il faut que je m'interrompe ; je viens de sentir une délicieuse odeur, oubliée depuis des mois ici : la PLUIE ! Je vais respirer cette fragrance digne des meilleurs parfums, après tant de sécheresse, à plus tard.



(15 minutes plus tard) Voilà c'est déjà fini, mais je m'en suis mis plein les narines ! Mais revenons à d'autres effluves, plus ou moins ragoûtants selon les textes.



Premier invité : R.J. Ellory himself, dans "Le parfum du laurier-rose", cette fleur "à la fois belle et mortellement vénéneuse". Andersen était un bon policier. Mais il a tué. Et pendant 29 ans, c'est l'odeur du sang qui le poursuivra du fond de sa cellule. Sauf parfois en rêve, où une petite victime innocente lui enverra le doux parfum abricoté du laurier-rose. Mais Andersen a purgé sa peine... Une de mes nouvelles préférées, où l'empathie ne va pas nécessairement là où on l'attendrait.



Sophie Loubière vient ensuite nous faire "Respirer la mort". Pas très engageant, présenté comme ça ! Surtout que ça commence par la tête d'un gamin enfoncée dans une bouse par son grand frère... En grandissant, Willy (l'embousé) développe des capacités olfactives extraordinaires, et parfois très gênantes : "tu sens la sardine", dira-t-il un soir à son père rentré plus tard qu'à l'accoutumée. Las, c'était plutôt la morue, comme le comprendra la mère ! Mais ce sens surdéveloppé va peu à peu prendre une place bien trop importante dans l'existence de Willy... Excellent texte également, qui figure dans mon top 5.



Franck Bouysse va m'emmener en territoire plus connu, en évoquant la triste vie d'un individu atteint du Fish-Odor Syndrom dans "Je suis un poisson". Je connaissais déjà cette affection par le biais d'un roman jeunesse ("la fourmi rouge" d'Emilie Chazerand") et je m'attendais donc à ce que l'auteur nous décrit de la vie sociale plutôt limitée des victimes de ce syndrome. Par contre la conclusion...chapeau ! Elle résonne d'ailleurs avec la fin du texte précédent, et avec une actualité pas encore enterrée. Un peu court à mon sens, mais Franck Bouysse a eu du nez !



"Cristal qui sent" de Mo Malo (tiens : ça m'évoque un autre cristal, celui de Théodore Sturgeon pour les férus de SF, et le clin d'oeil est certainement voulu !). Je ne connais pas encore cet auteur, mais il semble que ses romans se déroulent souvent dans le Grand Nord. ce texte ne fait pas exception, nous y suivons une expédition cherchant à localiser la sépulture de Villmussen, dernier compagnon de route d'un explorateur dont la mission s'était achevée tragiquement. Au cours de leur périple, ils vont tomber sur un mystérieux rocher doté d'une propriété inédite : il "sent". Et après en avoir réalisé un prélèvement, leurs propres capacités olfactives vont se modifier d'une façon incroyable. Et justement, je n'y ai pas vraiment cru, je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire, peut-être parce qu'il faisait environ 40° à l'extérieur quand je l'ai lue ?



Changeons de décor avec "Deux heures et trente minutes", et partons pour le palais de l'Elysée, avec Dominique Maisons, auteur encore inconnu pour moi. Il y fait bien plus confortable, l'atmosphère y est feutré, mais un drame vient de s'y produire, qui pourrait menacer la sécurité de la nation tout entière. Et notamment son jeune dirigeant, dont l'évocation m'a fait sourire. retenez votre respiration, sinon tant pis pour vous ! Une nouvelle un peu plus légère, plaisante, mais qui ne marquera pas durablement ma mémoire, olfactive ou autre.



Mais la suivante, attention, là on entre dans du lourd ! Et pourtant François-Xavier Dillard nous emmène dans son "Happy world", un parc d'attraction qui m'a rappelé "Europa-park", un endroit de rêve où comme le héros, j'aimais emmener ma petite famille lorsque nos enfants étaient plus jeunes. Le seul inconvénient de ces endroits, c'est qu'il faut faire d'interminables queues pour profiter des attractions les plus prisées. Et ça, Nicolas (le papa) ne le supporte pas. Samia (la maman) va donc se dévouer et poireauter dans la file d'accès du Speed Mountain, le dernier-né des manèges du parc. Pendant ce temps-là, Nico et les enfants vont faire un petit tour dans ces grosses bulles transparentes qui roulent sur l'eau, ça a l'air trop fun !

Pendant ce temps-là, un commando de sinistres individus s'apprête à diffuser le contenu de mystérieuses bonbonnes par le circuit d'irrigation du parc... Comme pour la plupart des lecteurs, cette histoire m'a prise à la gorge, je retenais mon souffle tout au long des 6 chapitres et de l'épilogue qui les conclut. C'est un texte élaboré malgré sa relative brièveté, il comporte tous les éléments que j'aime dans un roman. Dans le top 2 sans hésiter !



Après, la chute fut un peu brutale avec le "Glandy" d'Adeline Dieudonné que pourtant j'apprécie pour ses romans. Mais cette fois je n'ai pas accroché du tout. L'histoire serait tirée d'un fait divers, elle se passe juste avant la première guerre mondiale. Glandy est au service d'un petit notable, et supporte mal sa condition, surtout qu'il s'est amouraché de la fille de son patron. C'est Carnaval, et il s'imagine que sous un déguisement il pourra l'approcher et la séduire. Le rapport avec le thème ? Très lointain, quelques odeurs évoquées, notamment celle du vomi après la cuite, miam-miam ! J'ai passé très vite à la nouvelle suivante...



Et celle-ci m'a flanqué un uppercut, car elle est très réaliste et pourrait fort bien être lue dans la page fait-divers d'un quotidien régional. C'est "Le monde d'après", d'Hervé Commère, et ça se passe dans le monde de maintenant, celui que nous connaissons depuis l'apparition d'un sale petit virus. Un village très tranquille, surtout depuis que la carterie Bellegrand, unique entreprise du coin, a dû fermer ses portes face à la concurrence étrangère. Le petit lotissement construit à l'époque de la prospérité a été déserté, les habitants s'en vont chercher du travail sous d'autres cieux. Mais un jour, un agent immobilier se met en tête de redonner vie à ces pavillons abandonnés. Ce qu'il ignore, c'est qu'il y a très longtemps, un jeune garçon avait volé une clé de chacun des pavillons. Je n'ai absolument pas trouvé de lien avec le sens de l'odorat, je n'ai pas compris ce que cette nouvelle faisait dans ce recueil, mais à part ça j'ai vraiment beaucoup aimé.



"Miracle" de Vincent Hauuy, que je ne connaissais pas, et qui ne m'a vraiment pas transcendé avec son polar d'anticipation où il nous convie à une plongée neuronale dans la psyché d'un tueur comateux. Je me suis un peu perdue dans cette sombre histoire où le parfum" Miracle" de Lancôme tient un rôle essentiel. Sans plus, une des nouvelles que j'ai le moins aimée.



Jérôme Loubry, par contre, m'a énormément touchée avec "Les doux parfums du cimetière", l'histoire de Pierre qui a perdu sa mère et vient régulièrement lui parler sur sa tombe, lui raconter les autres visiteurs du lieu qu'il caractérise chacun par une odeur. On croise Monsieur Gâteau, ainsi nommé parce que le tabac de sa pipe rappelle à Pierre l'odeur des gâteaux que sa mère lui confectionnait. Madame Cerise et Patchouli, à cause de son parfum capiteux, qui vient "visiter" son mari et lui montrer sa poitrine opulente (ce que Pierre, caché derrière un arbre, ne manque jamais de guetter). Benoît, un joggeur qui passe par le cimetière pour raconter ses performances sportives à ses grands-parents devient Monsieur Vinaigre. Et bien d'autres encore, dont il épie les conversations avec leurs défunts. A cause de sa sensibilité particulière aux fragrances de chacun, il va devenir "le Nez de la Mort". Une histoire délicate, qui pourrait être triste mais que j'ai trouvée au contraire pleine de fraîcheur et très émouvante.



Place à Chrystel Duchamp, avec "L'amour à mort" qui nous mènera du paradis à l'enfer avec un passage par le purgatoire. En trois brefs chapitres, une histoire qui au départ paraissait banale va se transformer en un pur cauchemar. Très efficace, et bouchez-vous le nez, l'enfer ça ne sent pas bon !



Et enfin, pour clore ce festival dédié à notre sens de l'odorat, le duo de choc déjà présent dans les autres opus, isolément ou ensemble, j'ai nommé Barbara Abel et Karine Giebel, qui nous ont concocté "Petit nouveau", un titre dont nous comprendrons le sens à la toute fin du récit. On y retrouve un thème traité dans une autre des nouvelles présentées ici, mais cela n'a n' absolument pas nui à l'intérêt que j'y ai porté. je préfère ne pas trop en dire, mais si vous connaissez un peu ces deux auteures, vous vous douterez qu'il y aura de la noirceur, du suspense, plusieurs histoires qui s'imbriqueront, et un talent extraordinaire pour emporter le lecteur. Et tout ça en partant également d'un fait réel... Sans conteste, la meilleure histoire en cerise sur le gâteau bien odorant que nous a cuisiné Yvan !



Je me rends compte que ma critique est devenue aussi longue que mon nez, et qu'il faut que je reprenne mon souffle, que je respire une bonne bouffée d'air frais, et vous aussi sans doute. Comme entretemps la nuit est tombée, je vous invite à m'accompagner dans mon jardin, où enfin l'odeur piquante de l'herbe desséchée a cédé la place aux doux effluves de la terre mouillée.

Mais, c'est étrange, une odeur inconnue vient agresser mes narines...















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Pour en finir avec les hommes (et la choucr..

J'ai lu plusieurs romans de Sophie Loubière qui m'ont bien plu. Mais là c'est un véritable flop. Je pense que je n'ai pas vraiment saisis son propos. Ce sont des petites histoires sur les rencontres homme -femme. Celle-ci aspire à rencontrer un homme qui aime. C'est résumé très simplement. L'autrice mêle l'amour à l'humour caustique qui normalement ne me déplaît pas mais j'avoue que je n'ai pas adhéré. Tant pis.

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À la mesure de nos silences

François Valent vieillit. C'est le combat contre la souche de son arbre qui le lui dit : son cœur ne supporte plus les efforts violents. En l'absence de sa femme Clémence, partie apprivoiser ses grandes douleurs à la cure thermale, il croise par hasard son ancienne bru, divorcée, pas très en forme. C'est son fils, Antoine, qui lui cause des soucis : ce dernier, adolescent dans toute sa splendeur, accro aux réseaux sociaux et à sa console de jeux, ne cesse de se disputer, aussi bien avec elle qu'avec son père quand il le voit. Il est d'ailleurs bien parti pour rater son bac, ses études, sa vie...

Pendant la seconde guerre mondiale, un narrateur décrit les évènements qui ont eu lieu dans le village de Villefranche-de-Rouergue, et qui ont conduit à un drame historique mais dont l'histoire a perdu le souvenir, et des drames bien plus personnels.

C'est vendredi soir, et François a sorti sa belle voiture de collection pour faire la sortie du lycée. Il propose un deal à Antoine, ce petit-fils qu'il ne côtoie plus : en échange d'un weekend en sa compagnie, sans communication avec l'extérieur, le jeune homme pourra choisir soit de travailler plus assidument pour obtenir son bac, soit d'être riche !



Voici donc une drôle de quête à laquelle nous convie Sophie Loubière : partir sur les trace du passé d'un grand-père, comprendre ses choix et ses échecs, pour "sauver" un petit-fils. Ça, bien sûr, c'est là où le lecteur pense être convié. Mais A la mesure de nos silences comporte suffisamment de surprises pour dévier de cette ligne que l'on croit discerner dans les premières pages.

Pour moi, ce livre parle avant tout d'une rencontre entre deux individus d'une même famille, chacun persuadé de connaitre l'autre. D'un côté, un papi has been, ancien reporter de guerre, qui a couvert de sa présence les conflits du monde entier, au détriment de sa famille. De l'autre, un adolescent, un geek qui joue à la guerre, désabusé voire fainéant, qui ne veut rien faire de sa vie, obnubilé par ses équipements connectés.

Les apparences sont souvent trompeuses, et les motivations profondes aussi : est-ce vraiment son petit-fils que François va sauver en remontant à ses origines, à son histoire, aux évènements de Villefranche-de-Rouergue ?

J'ai aimé l'évocation d'un épisode de l'histoire qui m'était totalement inconnu, la pudeur avec laquelle l'auteur approche la honte et le remord de ceux qui y ont assisté (et le fait de découvrir pourquoi une avenue de Villefranche-de-Rouergue se nomme "avenue des Croates"). J'ai beaucoup aimé le rapprochement des deux protagonistes, leurs rapprochements mais aussi leurs éloignements, la passation de l'ancienne génération vers la nouvelle de son histoire, de ses erreurs, mais aussi de l'art de déguster un vin ou du plaisir de conduire une voiture de collection bien entretenue. J'ai aimé également la finesse d'évocation des univers de chacun des narrateurs de l'histoire, le passage d'un univers "d'jeuns" avec son langage, ses codes, et ses outils (connectés) à celui de l'homme au bout du chemin qui cultive son jardin mais reste sensible, toujours et aujourd'hui encore, à la détresse humaine. J'ai enfin aimé être surprise par le drame qui survient à la fin du livre, auquel je ne m'attendais certes pas !

Je suis en revanche moins sensible au "happy end" qui clôt l'ouvrage, et qui me parait étrangement factice après cette échappée belle improbable. Oui, s'inscrire dans une histoire familiale, lui donner du sens et une direction, c'est important. Et parfois, quand cette histoire nourrit la réalité d'un individu, elle peut avoir un impact sur sa vie. Mais Sophie Loubière traite bien trop finement et intelligemment ses personnages pour se permettre de tels raccourcis !

En bref, j'ai aimé ce livre, A la mesure de nos silences, dont le titre est sacrément bien choisi, pour son histoire, sa finesse d'analyse, l'écriture fluide qui s'adapte à chaque narrateur, et si j'ai moins aimé la fin, ce livre me donne envie de découvrir d'autres livres de cet auteure.

Je remercie Babelio et les Editions Fleuves de ce beau cadeau, et suis ravie à l'idée de rencontrer Sophie Loubière lundi !



PS : j'ai lu A la mesure de nos silences à l'occasion d'un déplacement dans le sud de la France, et c'est un formidable compagnon de voyage !

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L'enfant aux cailloux

L'enfant aux cailloux est un roman prenant et surprenant qui se découvre jusqu'au dernier mot de la dernière phrase.

Sophie Loubière en bonne journaliste aime explorer les angles morts et comme le Petit Poucet elle sème les petits cailloux des questionnements et interrogations dès les premiers chapitres.



Le scénario est amené par petites touches, alternant des chapitres courts et des chapitres épistolaires ou des extraits d'un journal intime, sans que l'on sache exactement où l'auteure souhaite nous attirer.



Tout ce que l'on devine entre les lignes c'est que malgré quelques « normalités assez insignifiantes » se cachent des drames et que toutes les informations distillées au compte-gouttes auront leur importance à un moment donné.



La romancière française excelle à faire surgir et resurgir le doute, partant de mots en apparence banals et de formules anodines.

Peu à peu chaque phrase creuse et alimente un soupçon et c'est tout le langage qui devient potentiellement le signe d'un secret caché, que nous attendons que soit réactivé ou remis sous tension.



Le rythme est calqué autour d'un malaise qui s'installe insidieusement et que l'on ne saurait qualifier tant il semble inoffensif.



L'écriture de Sophie Loubière provoque des émotions fortes et marquantes car elle raconte des drames humains réalistes qui pourraient se cacher au coin de nos rues, le tout avec une écriture simple et efficace dotée d'un suspense psychologique très raffiné.



Les deux thèmatiques porteuses du récit, la maltraitance et la santé mentale sont abordées/dénoncées comme des réels problèmes de société.



C'est un roman roman dur, rude, touchant et vibrant qui déjoue les clichés et bouscule le lecteur dans ses certitudes.



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White Coffee

Etant sortie plutôt enthousiasmée de ma lecture récente de "Black Coffee", je n'ai pas voulu attendre trop longtemps pour m'attaquer à sa suite, "White coffee". En effet, ce sont des histoires très denses, entremêlées, avec de nombreux personnages et il est assez facile de s'y perdre. Mais finalement, il ne s'agit pas réellement d'une suite, même si on y retrouve la plupart des personnages (ainsi que quelques nouveaux), et si de nombreuses allusions aux évènement passés parsèment le livre, d'où l'intérêt de l'avoir lu avant. Cependant, comme il s'agit d'un nouveau départ pour les principaux acteurs, on peut aussi faire l'impasse sur "Black coffee".



Eté 2011, Lola Lombard et ses enfants Gaston et Annette sont de retour à Nancy après leur folle équipée sur la route 66 à la recherche de Pierre, mari de Lola et père de Gaston. Ils tentent de se reconstruire et de surmonter les traumatismes endurés aus Etats-Unis suite à la rencontre d'un tueur fou, quand Pierre les surprend par son retour inopiné. Lola qui souhaitait entamer une nouvelle page de sa vie et qui entretient à distance une correspondance passionnée avec Desmond Blur va-t-elle bien vivre ce revirement qu'elle n'attendait plus ?



De son côté, Desmond, professeur en criminologie est invité à Chatauqua dans l'état de New York pour une série de conférences. Lors de son séjour, il va être confronté à une série d'évènements étranges, à la limite du paranormal, et va un peu malgré lui être entraîné dans une enquête labyrinthique et semée de rebondissements, tant dans le passé de la ville que dans son présent.



Et survolant ces deux histoires parallèles, l'ombre du tueur de la route 66, le sinistre David Owens, plane encore...



Comme dans "Black coffee", l'histoire n'est pas linéaire et saute d'un lieu à l'autre, d'un protagoniste au suivant, et le déroulé est également agrémenté de quelques retours en arrière, mieux vaut ne pas trop être attaché aux récits simples sous peine d'être perdu. J'avoue qu'à certains moments les tribulations de Desmond à Chatauqua m'ont légèrement agacée, j'aurai préféré me concentrer sur une intrigue plus ramassée. Par contre j'ai davantage apprécié la partie française sur la famille Lombard. Pauvre Lola, soit dit en passant... S'il y a un personnage imbuvable dans le roman, c'est Pierre, qui va allègrement piétiner les états d'âme de sa femme pour se consacrer à sa propre gloire, si on peut dire. J'en ai croisé des sales types dans son genre, je peux vous dire qu'ils n'ont pas fait long feu dans mon entourage !



Contrairement à l'opus précédent, il y a relativement peu d'action ici, on est bien plus dans l'aspect psychologique, les rapports humains et familiaux. La relation entre Pierre et son fils Gaston n'est pas des plus faciles, entre les attentes du gamin et l'égocentrisme du père. Quant à Lola, elle se débat entre difficultés financières, résurgence de ses douloureuses mésaventures aux Etats-Unis, conflit avec Pierre et désir de poursuivre sa relation avec Desmond en dépit de la distance qui les sépare.



Il aurait vraiment pu me plaire ce roman, mais j'ai eu trop de mal à "raccrocher les wagons" entre tous ces développements entremêlés, et cela a nui à mon plaisir de lecture. J'ai mis du temps à terminer, je n'étais pas tenue en haleine comme avec "Black coffee". Et comme en plus je traverse une période un peu difficile, la fatigue s'en est mêlée...

j'en profite d'ailleurs pour m'excuser auprès de mes babélami(e)s de ne pas être très assidue sur mon fil en ce moment, et de ne pas voir tous vos billets.

N'en soyez pas vexés, c'est juste que j'ai beaucoup de mal à assurer plus que mon boulot actuellement, d'ailleurs je n'ai pas écrit de retours sur la plupart de mes dernières lectures, je n'y arrive tout simplement pas même si j'en ai envie.



Pour conclure, ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable, peutêtre aurais-je mieux fait de m'en tenir au premier ?
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L'enfant aux cailloux

Elsa Préau est une grand-mère pleine d'amour pour son petit-fils Bastien, une râleuse qui se révolte contre les grandes injustices et les petits désagréments du monde moderne à coups de lettres aux ministres, et une ancienne directrice d'école aujourd'hui bien seule...



Mais, surtout, Elsa Préau est une douce dingue, une de celles qui s'intéressent à tous et à qui la fantaisie ne fait jamais défaut. Une de celles aussi qui inquiètent leur entourage à force de déraper, de se promener avec un marteau ou de confondre rêve et réalité.



Alors, quand Elsa Préau voit un enfant maltraité avec ses jumelles dans le jardin d'en face, personne ne sait si c'est du lard ou du cochon. Le lecteur pas plus que les autres. S'en suivent des pages et des pages sur ce thème, tantôt délicieuses de tendresse, tantôt ennuyeuses comme les cailloux de l'enfant. Jusqu'à ce dénouement qui explique tout, un peu trop astucieux pour être honnête, un peu trop bien-pensant pour être vrai...



Le bilan est en demi-teinte pour moi : je me suis beaucoup attachée à Elsa pour sa fantaisie, sa volonté et son grand coeur. Mais l'histoire m'a semblé trop longue et un peu simpliste.



Prix Lion Noir 2012, Challenge Atout Prix, 7/xx
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Cinq cartes brûlées

Ce livre m'a été dédicacé et dans sa dédicace, Sophie Loubière écrit : « Des cartes de la vie, la dernière est toujours fatale … » ; je viens de le refermer et n'ai pu que constater l'exactitude ce cette phase.

C'est une histoire sombre que nous conte l'auteure. Tout débute par un crime dans une chambre d'hôtel, vite oublié.

L'histoire débute par une bonne nouvelle : la naissance de Laurence.

Il semblerait que les bonnes fées ne se soient pas penchées sur le berceau de cette mystérieuse Laurence, rejetée par un frère jaloux qui lui mène la vie dure. Elle est mal dans sa peau on le constate, elle est grosse, elle mange tout ce qui lui tombe sous la main. Pourquoi ? Que cache ce mal être ? Que s'est-il passé entre son père et elle ? tout est problématique dans sa vie, on la sent malheureuse. Pourtant des perches lui sont tendues : elle fait du lancer de marteau et obtient rapidement de très belles récompenses, ça ne lui suffit pas, elle abandonne. Mais que cherche-t-elle de plus ? Elle finit par trouver un emploi de croupière au Casino de Chaudes-Aigues, mais apparemment ça ne lui suffit pas ….. Et puis ce frère, toujours ce frère, un boulet !

Chaque partie du bouquin est précédée d'une carte à jouer avec son explication, sa mise en garde, sa prédiction.

C'est un thriller psychologique bien écrit, l'intrigue est bien menée, il se lit facilement. On ne s'attend pas du tout à la chute de l'histoire, qui remet tout en question. Dommage que cette chute soit un peu brève elle aurait mérité un peu plus d'attention.

J'aime beaucoup la façon dont Sophie Loubière nous emmène sur un mauvais chemin, on est baladé tout au long des chapitres et quand on arrive au bout on tombe de haut ; c'est une manipulatrice de l'écriture. Bravo la surprise est de taille !

Elle est terrible cette dernière carte : le Joker avec pour commentaire : « le joker représente ce qui est caché. Souvent porteur d'un message important. »

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Écouter le noir

Même si je ne suis pas une grande adepte des nouvelles, quand elles sont réunies et présentées par Yvan Fauth (@Gruz sur Babelio), il m'est difficile de résister ! Cette collection sur le "Noir" dont chaque volume est axé sur un sens différent est particulièrement attractive, les meilleures plumes du genre s'y trouvent réunies, parfois en duo, comme c'est le cas pour les deux premiers récits. Contrainte à respecter : chaque histoire doit donner une large place à l'ouïe.



Barbara Abel et Karine Giebel (rien de moins que deux de mes auteures préférées, quand même !) ont co-écrit "Deaf", où se mêlent l'histoire d'un couple de jeunes fugueurs sourds qui craint d'être séparé, et celle d'une mère prise en otage par des braqueurs et coincée dans le coffre de leur véhicule. Terrifiant, je me suis mise dans la peau de cette femme et me suis rongé les ongles d'angoisse ! Une de mes nouvelles préférées, suffisamment longue pour bien l'apprécier.



On passe à "Archéomnésis" de Jérôme Camut et Nathalie Hug, qui eux ont l'habitude d'écrire ensemble leurs romans, comme "Islanova" par exemple.

Le registre est très différent, on est plus dans la science-fiction. Une réunion virtuelle entre un "gardien" terrien, une femme décédée depuis longtemps, un tricentenaire, une Intelligence Artificielle et une jeune femme envoyée avec des milliers d'autres pour coloniser une nouvelle planète. Le thème du son est bien présent, mais pas vraiment en accord avec le reste du recueil à mon avis, j'ai trouvé ce récit assez inintéressant, et ne m'y suis pas attardée.



"Tous les chemins mènent au "hum" " de Sonia Delzongle (encore une de mes chouchoutes). Là, on revient au coeur du sujet avec cet homme qui souffre de Bruit dans la tête, tout comme d'autres malheureux "humeurs" comme on les surnomme, répartis dans des endroits précis sur la Terre. Ce qui pourrait n'être qu'un banal problème d'acouphènes va se révéler un véritable fléau... Une quinzaine de pages seulement, mais une histoire complète et bien construite, pari réussi pour ma part. Cette nouvelle est d'ailleurs développée dans un roman : "Le dernier chant"



"Ils écouteront jusqu'à la fin" de François-Xavier Dillard, un auteur que je ne connais pas encore, mais dont je note le nom. Sa nouvelle est construite en plusieurs chapitres et conte l'histoire d'un violoniste virtuose que sa quête d'une oeuvre inédite de Tchaïkovski va mener aux frontières de la folie, et bien plus loin encore pour ses auditeurs... Une histoire surprenante et originale, dont j'ai apprécié la chute, même si je l'ai vue venir.



Ensuite arrive "Bloodline", de R.J. Ellory, l'histoire de soeurs jumelles, Janine et Carole, très fusionnelles comme le sont souvent les jumeaux. Janine est sourde, ce qui n'empêche pas une totale compréhension mutuelle. L'histoire alterne entre des souvenirs, en italique, et le temps présent où un homme se fait violemment percuter par une voiture et est pris en charge à l'hôpital par Carole, infirmière. J'ai aimé cette histoire de "liens du sang" que rien ne rompt, cet amour indéfectible d'une soeur prête à tout pour sa jumelle. Les passages en italique sont particulièrement touchants.



On change de registre avec "Un sacré chantier", de Nicolas Lebel, dont je n'avais jamais rien lu, et si je me base sur cette nouvelle, je ne lirai rien. Elle est très courte, elle parle d'une femme qui est convoquée au commissariat, où elle va se retrouver confrontée à son patron contre lequel elle a porté plainte pour agression sexuelle. Le commissariat est en travaux, et le bruit engendré va perturber l'entretien... Bon, la façon dont la jeune femme est traitée est très choquante, mais à part cela, je ne comprends pas bien ce que ce texte vient faire là, excepté le bruit ambiant il ne rentre pas vraiment dans les critères.



Heureusement, ensuite on enchaîne avec "Zones de fracture" de Sophie Loubière. Même si je n'avais pas particulièrement apprécié "Cinq cartes brûlées", son dernier roman, cette nouvelle d'une quarantaine de pages, racontée de cinq points de vue différents est plaisante et aboutie. On entendra la victime, qui n'a rien "entendu venir" justement, son mari, qui a entendu trop tard, sa fille, qui ne supporte plus ces bruits-là, son amant, qui n'a pas tout compris, et le témoin de la scène qui n'a pas tout vu mais a tout entendu. Une nouvelle bien construite qui fait partie des meilleures du recueil à mon avis.



"Echos" de Maud Mayeras, (dont j'ai hâte de lire la dernière parution : "Les Monstres") prend la suite avec son héros Charlie, un petit garçon de 7 ans qui souffre d'hyperacousie, et dont le grand frère Lucas est mort écrasé par un chauffard. Mais voilà, un an plus tard Charlie entend Lucas qui pleure en appelant leur maman, elle qui est partie après le drame...

Sans doute la plus noire de ces histoires, qui m'a littéralement fait frémir.



Avec "La fête foraine" de Romain Puertolas, on change à nouveau complètement d'univers, c'est bien plus léger, ce qui permet de souffler un peu ! Romain et Patricia ont loué un appartement par le biais d'une de ces plateforme que nombre d'entre nous utilisent, ils ont choisi de passer des vacances en amoureux aux Canaries. L'appartement est vaste, très lumineux et surtout...très sonore ! Où l'on se dit qu'il faut parfois se méfier des petites annonces. C'est drôle, rafraîchissant au milieu de toute cette noirceur et même si l'on voit gros comme une maison où l'auteur va en venir j'ai souri de bon coeur.



L'accalmie est de courte durée, "Quand vient le silence" de Laurent Scalese se charge de nous remettre dans un bain sombre et glauque. Xavier vient de se faire virer comme un malpropre de son boulot et il a noyé sa rancoeur dans l'alcool avec un copain avant de rentrer chez lui en voiture, bien éméché. Une silhouette surgit dans la nuit, il ne peut éviter la collision. Mais la jeune fille qu'il a heurté est encore vivante...

C'est l'histoire d'une vengeance horrible, glaciale, avec une touche de fantastique, ça vous prend aux tripes et vous laisse hébété, tous vos sens en déroute.



Et ce n'est pas avec "Le diable m'a dit...", de Cédric Sire, que vous allez reprendre vos esprits ! Joan, écrivain, a perdu sa femme Dahlia dans d'horribles circonstances 12 ans auparavant, tuée par un maniaque qui laissait toujours le même message auprès de ses victimes : " le diable m'a dit de le faire". Après celui de Dahlia, les meurtres ont pris fin, mais Joan vient seulement de retrouver goût à l'écriture quand il est brutalement enlevé et séquestré dans un endroit où le seul son est celui de l'eau qui s'écoule. Ce son est une allusion aux endroits où ont été retrouvés les cadavres autrefois, toujours immergés dans des lacs, des rivières ou dans le réservoir du château d'au pour Dahlia. La suite relate le face-à-face (aveugle) entre Joan et son ravisseur, jusqu'à l'explosion finale.

J'ai moyennement apprécié, certains éléments sont à la limite de l'incohérence, mais l'ambiance est prenante.



Et nous voici au bout de ce recueil très varié, avec d'excellentes surprises et deux ou trois déceptions. La plupart de ces nouvelles sont fort bien construites et n'ont pas engendré chez moi de frustration même si certaines sont très courtes. Je félicite Yvan Fauth d'avoir réussi à rassembler tous ces talents autour de cette thématique pas si évidente. Comme il l'explique en introduction, le sens de l'ouïe revêt une importance particulière pour lui qui souffre d'acouphènes et d'hyperacousie, mais qui a réussi à transformer ce handicap en élan positif.

Ma note un peu mitigée est due aux trois nouvelles qui m'ont moins "parlé", mais à peine "Ecouter le Noir" terminé je me suis précipitée à la médiathèque pour y récupérer " Regarder le Noir", que je me réjouis de découvrir très bientôt !



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Black coffee



Plus que l’histoire, celle d’un tueur en série impuni pendant 50 ans, Black coffee nous fait voyager le long de la première route transcontinentale, allant de Chicago à Los Angeles : la Mother road, traversant 8 états , appelée la Route 66. Route, puisqu’elle est à la fois street dans les villages, et road dans les campagnes.

Route 66, donc, avec ses panneaux vintages , ses villes fantômes dans le fin fond du désert de Mojave, en un mot immortalisée dans Bagdad café, carrelages noirs et blancs, sièges en plastique, percolateur en panne, vielles voitures rouillées, le tout gardé dans nos mémoires par le film de 1987.

Sophie Loubière égrène une partie de cette route de presque 4000 kilomètres, depuis l’Oklahoma, où a lieu la première scène (le premier meurtre), le grand Canyon, Las Vegas, l’Arizona, elle nous précise que le Bagdad café s’appelait auparavant « « Sidewinder café » .



Recherches, disparition, quiproquos, coïncidences, actes manqués, perte du seul carnet probant, rencontres totalement improbables, malheurs à la pelle et pour finir histoire d’amour.

Le tout assaisonné à chaque chapitre d’un horoscope écrit en anglais, pour resituer l’un ou l’autre des personnages différents. J’avoue, ces horoscopes, je ne les ai pas lus, je ne sais même pas s’ils ont un rapport avec l’histoire de cette chasse à l’homme interposée. Le tueur en série s’est en effet épanché et a raconté ses crimes ( en bon petit Raskolnikov), précisément au mari français disparu recherché par sa famille. Méprise, double recherche, rien ne devrait coller, mais imprévus multiples, ça colle finalement . Bon.

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