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Critiques de Sophie Loubière (1062)
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Cinq cartes brûlées

Dernier roman de Sophie Loubière, Cinq cartes brûlées raconte l'histoire de Laurence Graissac, la fille d'un couple d'infirmier psy qui élève ses deux enfants Thierry L'aîné et Laurence la cadette, dans un pavillon construit dans les années 1950 d'un quartier de Saint Flour.

Rien de folichon jusque-là.

Laurence est en butte aux farces de son frère Thierry qui lui fait croire toutes sortes de sornettes, cache des oiseaux morts dans son cartable et la traite de "Grosse bouse".

Laurence est le souffre-douleur de Thierry.

"Il se glissa derrière elle, appuya deux fois sur son dos avec précaution et lui planta soudain une pique à brochette dans une fesse."

Laurence, se sent rejetée par sa famille et se réfugie dans la nourriture "Les crises de boulimie se multipliaient, incontrôlables. Tartine-party de Nutella saupoudrée de Smarties, orgie de fraises Tagada, chips avec du Kiri, fringale de Pépito et Fanta orange, écrasé de banane et de Bounty au goût de paradis, elle avalait plus vite que son ombre, redoutant de voir surgir son frère derrière le frigo, l'air goguenard, un pantalon de pyjama trop court lui tombant sur les hanches."

Lorsque ses parents divorcent, Laurence est dévastée par le départ de son père.

Elle se retrouve seule en charge de sa mère et de son frère Thierry et tente de faire face aux charges de sa famille en s'investissant dans le sport de haut niveau, puis dans un travail régulier de croupier au casino de Chaudes Aigues.

Je ne saurais en dire plus de peur de spoiler.

Sophie Loubière traite de plusieurs sujets de société au travers de l'histoire de Laurence, les relations frère soeur, le harcèlement dans le sport de haut niveau, les suspicions d'inceste dans les familles, le métier d'Escort girl, la sensibilité électromagnétique et son retentissement sur la santé mentale.

Le livre est bien écrit, bien documenté, et ménage un suspense parfaitement dosé.

Laurence se débat avec elle-même, lutte contre sa boulimie mortifère, parvient à acquérir la silhouette que la société exige de toute femme :

Elle passe de "— Cent vingt-trois kilos." à "Un mètre soixante-quinze, soixante-quinze kilos. le poids de mes vingt ans sans les muscles. Je mange un en-cas avant ma séance. Je m'hydrate régulièrement durant l'effort. Une alimentation équilibrée et un sommeil réparateur sont mes alliés."

Malgré cette victoire de la volonté, elle parvient à un IMC conforme, Laurence reste fragile psychologiquement et son histoire reste soumise à la tyrannie de son frère et de sa mère dont elle ne parvient pas à se détacher et à un attachement viscéral et maladif à son père.

On assiste à une longue descente aux enfers. Laurence semble être sortie d'affaire, d'avoir réglé leur compte à ses démons, mais ils sont toujours là qui veillent à la maintenir sous domination.

Laurence est tiraillée entre le désir de partir et celui de régler définitivement le contentieux avec son frère et sa mère sans y parvenir.

Mais cela est-il réaliste et ne contribue-t-il pas à la rendre dépendante d'une situation qu'elle ne maîtrise plus.

Livre court, qui se lit sans difficulté, sans ennui, qui montre la parfait maîtrise de l'écriture de l'auteur.

Pour les amateurs du genre.


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Écouter le noir

Le bruit, le silence, le danger, la peur, la mort, autant de thèmes abordés dans ces 11 nouvelles.

13 écrivains unissent leurs talents pour nous procurer quelques délicieux moments de frissons littéraires.

J’ai eu plaisir à retrouver Karine Giebel qui s’associe à Barbara Abel pour nous plonger dans une histoire glaçante.

Je ne suis pas particulièrement adepte des nouvelles, j’en lis très peu, mais lorsqu’elles sont de cette qualité, j’en redemande !



Merci à NetGalley et aux Editions Belfond.

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Black coffee

Bienvenue sur la mythique Route 66 - environ 4 000 km entre Chicago et Los Angeles. La "'Mother Road" et ses motels, ses stations services, son désert, ses bikers… Et accessoirement un serial killer qui y sévit depuis 1966.

Sur les traces du tueur en 2011 : l'épouse française d'un homme fugueur/disparu, et un professeur américain spécialisé en criminologie, témoin de meurtres dans sa famille à l'âge de dix ans.



Amère déception après 'L'enfant aux cailloux', un roman noir original, poignant, crédible - gros coup de cœur 2012. Aucun de ces atouts ici : l'intrigue est banale, saupoudrée d'une amourette sirupeuse qui n'apporte rien, hormis une touche de rose dont on pourrait aisément se passer. La fin est totalement prévisible et rebattue. Quant aux méthodes d'investigation : un blog ouvert à tous, dont l'auteur est traçable presque heure par heure, où sont restituées les confessions du suspect et les avancées de l'enquête. Heum, est-ce bien raisonnable ? Je demande à voir pour y croire.



Le livre reste très agréable à lire, le cadre est bien sûr magique et rappelle le célèbre film 'Bagdad Café', sa musique... Mais ce thriller trop formaté est bien pâlichon en regard du précédent de l'auteur.



3/5 pour le plaisir de lecture. Pour le reste... moins...
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Respirer le noir

"Respirer le noir" est un recueil de nouvelles noires écrites par des auteurs qui aiment le noir.

12 nouvelles sur le thème de l'odorat. Même si les nouvelles est un genre que je n'affectionne pas particulièrement il faut reconnaître que le talent de des auteurs de ce livre a réussi à retenir mon attention à chaque fois. Chaque nouvelle, sauf une, m'a séduite et je descerne le prix de l'émotion à Jérôme Loubry, qui est décidément un écrivain que j'apprécie beaucoup. Mes deux favorites Barbara Abel et Karine Gibel ne m'ont pas déçue. Je ne vais pas écrire un mot sur chaque auteur, mais , tous ont su répondre à la commande avec originalité.



















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Écouter le noir

L'avantage d'un recueil de nouvelles c'est que l'on peur rencontrer des auteurs encore jamais lu.

Dans celui-ci, je me suis pourtant précipitée sur ceux que je connais et aime particulièrement , à savoir Karine Giebel et Barbara Abel qui ont eu la bonne idée de travailler ensemble.

Comme il faut s'y attendre dans ce genre de livre, le plaisir a été inégale mais de toute façon jamais égalé avec un roman. Les nouvelles restent 1 genre bien à part et il ne faut sans aucun doute essayer de trouver ce que l'on trouve dans un roman, le genre est différent et donc le plaisir aussi.

Le fait qu'il y ait un thème n'est pas forcément heureux car cela enlève l'effet surprise. Ainsi pour la nouvelle de R Puertolas par exemple, la fin n'a pas par bénéficié de la surprise, la chute , nous l'avons de fait, devinette rapidement.
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Écouter le noir

Un recueil de nouvelles noires, à l'initiative d'Yvan Fauth, sur le thème de l'audition. Des textes rédigés par quelques uns des grands noms du thriller.



Le résultat est inégal :

- j'ai beaucoup aimé : Deaf, de Barbara Abel et Karine Giebel, (même si la fin est un peu prévisible) ; Bloodline, de R. J. Ellory ; Zones de fracture, de Sophie Loubière

- J'ai bien aimé : un sacré chantier, de Nicolas Lebel (une cause d'actualité) ; Le diable m'a dit, de Cédic Sire

- J'ai moins aimé : Tous les chemins mènent au hum, de Sonja Delzongle ; Echos, de Maud Mayeras ; Quand vient le silence, de Laurent Scalese

- Je n'ai pas aimé : Archéomnésis, de Jérôme Camut et Nathalie Hug ( je ne suis pas un adepte de la science fiction) ; ils écouteront jusqu'à la fin de François-Xavier Dillard (le surnaturel, comme la science-fiction...) ; La fête foraine, de Romain Puèrtolas



Mais cela se laisse agréablement lire.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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L'enfant aux cailloux

Elsa Préau, institutrice et directrice d'école à la retraite, a une vie bien réglée.

Elle lit, fait ses courses, fait la cuisine, écrit des lettres à qui veut bien les lire et espionne ses voisins.

A force, elle finit par se persuader que quelque chose cloche dans la maison d'à côté.

Cette famille, les Desmoulins a 2 enfants. Sauf que, de temps en temps, le dimanche, Adèle Préau croit en apercevoir un autre toujours assis sous le même arbre, à jouer avec les mêmes cailloux.

Alors, à cet âge avancé, lorsque l'on prend quelques médicaments pour dormir ou calmer ses angoisses, est-on bien sûr de ce que l'on voit ?

Elsa en est persuadée, cet enfant est en danger et elle décide de mettre en place un plan pour le sauver.



Voilà tout ce que je peux vous dire de l'histoire construite par Sophie loubière en en révélant le moins possible. Toute la réussite de ce roman réside dans ce que je ne vous dis pas.

J'aimerai pouvoir en dire plus, pour vous donner envie de l'ouvrir mais ce serait vraiment vous gâcher une grosse partie du plaisir des découvertes successives, surtout en deuxième partie de roman.



Je ne peux que vous parler de mon expérience de lecture.

Le début a été très très fastidieux. J'ai failli le refermer plusieurs fois, pas par ennui mais pas incompréhension totale de la trame de l'histoire. Il faut dire que l'auteur prend son temps pour poser son personnage central, Elsa. Puis elle prend son temps pour que vous ayez vos certitudes. Quand elle est bien sûre de votre avis bien arrêté, elle déconstruit tout, insinue à nouveau le doute, et reconstruit tout sous un angle différent. Si bien que vous passez votre temps à osciller entre ce que vous croyez être, et ce qui pourrait être.

La façon dont elle le fait est très ingénieuse car vous ne la voyez pas venir.

Alors folle ou pas folle la vieille ? Vous vous poserez la question 258 fois environ.

Ces chapitres là sont donc construits de manière labyrinthique pour faire écho au fonctionnement du cerveau d'Elsa : c'est le fouillis total dans sa tête, et du coup dans la nôtre aussi.



Dans la seconde partie, la tension monte crescendo.

Sophie Loubière distille des informations au compte-gouttes et fait des révélations qu'il est absolument impossible de voir venir.

Là encore, elle prend un malin plaisir à balader le lecteur dans un sens, puis dans l'autre, le laissant seul à ses appréciations qui de toute façon seront fausses !

J'ai particulièrement aimé la façon dont elle nous laisse juger des événements pour nous donner, plus tard, un élément nouveau qui va nous amener à reconsidérer les choses sous un nouvel angle. Ne jugez pas trop vite, vous ne savez pas tout....

Jusqu'à la dernière page, elle vous met KO debout.

La fin est juste dingue !! Ca fait bien longtemps que je n'ai pas lu un bouquin qui apporte autant de révélations et du coup, un éclairage tellement différent sur les événements que ça vous donne envie de relire le début pour en apprécier la saveur (vous savez le début qui vous ennuyait presque à mourir ?)



Enfin bref, je ne sais pas si ma chronique est très claire car je n'ai au final pu parler de rien. Je ne peux pas non plus vous parler des thèmes abordés, ce serait trop en dire là aussi.



Il faut ABSOLUMENT lire ce bouquin, c'est tout ce que j'ai à dire !


Lien : https://audebouquine.blogspo..
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Obsolète

Nous sommes en 2224. Après le Grand Effondrement, la civilisation que nous connaissons aujourd'hui n'est plus. Une des préoccupations majeures de la nouvelle société, c'est de tenter de survivre au mieux malgré les ravages d'un terrible réchauffement climatique, et ce, avec très peu d'énergies fossiles. Pour y arriver, on recycle presque tout. Il est logique que cette société modèle dans ses pratiques énergétiques ait aussi éradiqué toutes formes de violences : plus de meurtres, plus de racisme, en bref, plus de violences physiques, psychologiques ni sexuelles. La société s'est transformée : beaucoup d'hommes et de femmes sont devenus stériles et la baisse drastique le la population demande des ajustements. Pour tenter de conserver un ratio acceptable dans la population, à 50 ans, les femmes sont « retirées ». Ainsi les hommes capables de se reproduire pourront féconder une femme plus jeune. Mais ce Grand Recyclage, qu'est-ce que c'est exactement ? où vont les femmes qui ne peuvent plus se reproduire ? Eh bien, Maya, une IA extrêmement performante et incroyablement compétente, promet à toutes les Retirées un avenir radieux, une vie idyllique dans le domaine des Hautes-Plaines… Vraiment ?

***

La narratrice des chapitres en italique, les seuls numérotés, s'appelle Rachel. Elle est sur le point d'être retirée et se pose forcément beaucoup de questions. Elle commence à nous raconter son enfance, sa soeur autiste, son père Charlus, qui a eu des jumeaux avec sa troisième compagne, Keen, son compagnon, leurs enfants Neo et Sky. Elle nous apprend aussi assez rapidement que, si on veut, on peut se retirer avant l'heure volontairement, et choisir un suicide assisté. C'est ce qu'à fait Marie, sa mère, en toute conscience. Tous portent un BMH, un Bracelet Modérateur d'Humeur dont le petit écran leur donne des renseignements sur les émotions qu'ils éprouvent et qui prend en charge leur modération… On suivra Rachel dans ses souvenirs, pas toujours chronologiques, puis nous l'accompagnerons au présent et nous partagerons ce qu'elle est en train de vivre.

***

En choisissant les titres des six parties de ce roman d'anticipation doublé d'une enquête sur des meurtres, Sophie Loubière nous raconte déjà une histoire : Conditionner, Retirer, Collecter, Trier, Réduire, Recycler… Je ne sais plus où j'ai lu qu'une dystopie, c'était somme toute une utopie entièrement réalisée. Voilà une définition qui semble parfaitement convenir à Obsolète : une société en apparence idéale, où tout a été pensé pour une vie en collectivité, un bonheur sans nuage au sein d'une communauté altruiste et bienveillante. C'était le projet de départ qui, réalisé, ne s'apparente guère au monde parfait dont les humains avaient rêvé. Obsolète est à mon avis un bon roman qui pose des questions essentielles et qui met en lumière les terribles résultats de nos aveuglements contemporains. Sophie Loubière s'attache à traiter de nombreux thèmes (trop sans doute)  scolarité et mentorat, vie familiale, supériorité du collectif sur le particulier, etc. Ce qui m'a le plus intéressée, c'est la vision volontairement tendancieuse du rôle des femmes. L'autrice ne cesse de souligner les contradictions entre ce que la société impose à ces femmes : faire comme si elles étaient libres et agissaient par choix pour le bien de la collectivité, alors qu'elles sont formatées pour suivre une voie toute tracée, finalement un peu comme dans les années cinquante. Les costumes conçus par Charlus concrétisent cet incroyable retour en arrière… Si j'ai bien aimé ce roman, je regrette de nombreuses longueurs, des passages extrêmement détaillés qui n'étaient pas nécessaires à la compréhension et qui viennent souvent casser le rythme de la narration.



[Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE]

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De cendres et de larmes

Dernier roman de Sophie Loubière, de cendres et de Larmes nous entraine dans les régions inconnues du coeur et de l'âme humaine.

Des personnages atypiques.

Madeline, Caporal Cheffe dans une brigade des pompiers de Paris, côtoie chaque jour le danger lorsqu'elle intervient dans la lutte contre les incendies, dont notamment celui de Notre Dame, mais plus dure est sa confrontation quotidienne avec la misère du monde, familles fracassées au sens propre et au figuré, enfants non désirés abandonnés ou maltraités, couples en déliquescence qui pour ultime preuve d'amour se détestent jusqu'à commettre l'irréparable.

Madeline est une femme forte. Côtoyer ce danger et cette misère, met sa famille à l'abri pense-t-elle. Est-ce bien sûr ?

Mère d'un ado qu'elle a eu avec Eric, un bipolaire dont elle a divorcée, elle est aussi mère de deux enfants plus jeunes, Anna et Eliot dont le père est Christian, un employé de la ville de Paris chargé de l'entretien des Parcs et Jardins, qui se retrouve propulsé Gardien (conservateur dit le titre officiel) du cimetière de Charenton dans le 12ème arrondissement de Paris.

L'occupation gratuite d'une maison immense sise dans l'emprise du cimetière est le principal intérêt du poste que Christian accepte non sans avoir consulté sa famille auparavant. Une visite de la maison permet de mesurer l'enthousiasme de tous ses membres. En effet, qui n'a jamais rêvé d'habiter dans un cimetière…

La famille se retrouve dans la situation des héros de Shining le roman de Stephen King. Il semblerait que la maison du cimetière ait sa propre vie et que ses anciens occupants, notamment ceux qui sont disparus de façon violente, se manifestent.

Dit comme cela la chose parait triviale. Sophie Loubière parvient à renouveler la façon de traiter ce sujet. le couple et ses enfants, autrefois soudés et organisés pour faire face aux absences de Madeline, souvent d'astreinte et parfois sollicité en urgence, connait ses premières avaries. Soit que la maison vive réellement, soit que l'atmosphère du lieu révèle les dimensions cachées de chacun des personnages, la machine familiale jusqu'alors bien huilée, se grippe…

« — Je ne veux pas que tu t'angoisses… On va s'adapter à la situation.

— S'adapter à la situation ? Il faudrait déjà que les plombs arrêtent de sauter dès qu'on branche le grille-pain et que les radiateurs se décident à chauffer ! »

Madeline est partagée maintenant entre ses nouvelles contraintes familiales et son travail qui lui laisse de moins en moins de temps :

« Les sapeurs-pompiers prenaient en charge une épouse au nez brisé couverte d'ecchymoses, ou un nouveau-né dont le comportement évoquait le syndrome du bébé secoué. »

« Car le feu prenait aussi la rue, nourri par la détermination des Gilets jaunes, quadruplant les sorties du FPT1 pour des incendies de barricades. »

« Un chariot brûlé à Pyramides, des palettes incendiées à la ZAC Chalon, un scooter calciné Cité Grise, un Abribus aux vitres éclatées square Contenot, une voiture cramée à Bercy… Et des mortiers lancés sur ses hommes pris pour cible à la Passerelle – la vidéo circulait déjà sur les réseaux sociaux. »

Les enfants sont livrés à eux-mêmes et ne peuvent plus compter sur les parents disponibles qu'ils avaient autrefois :

« Il (Eliot) courait lâchement, sans s'arrêter, avec la crainte de se faire coincer dans les toilettes par Yacine et sa bande, comme le pauvre Yliès, et s'imaginait déjà la tête dans la cuvette, sous les ricanements de ses tortionnaires :

— C'est bon, t'as plus soif, le croque-mort ? »

« — Au fait, Michael, c'est quoi, cette heure de colle sur ton carnet ?

— C'est juste un exo que j'ai oublié de rendre à la prof de SVT. Vous allez pas me soûler avec ça ! »

La petite Anna, la plus fantasque explore le cimetière malgré l'interdiction formelle de son père :

« Anna avala sa salive. Mentir était parfois nécessaire pour protéger ses amis et gagner quelques minutes d'attention.

— Bah, c'est elle.

— Qui ça, « elle » ?

— La petite fille qui habitait ici et qui est morte.

— Anna, mais qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y a jamais eu de petite fille dans cette maison. »

Le roman prend son temps pour décoller, bien qu'il ne fasse que 200 pages. La première partie se traîne un peu jusqu'à l'arrivée de nouveaux personnages.

« On les amena dans un camp, à Paris. Dans des cabanes, adossées à un pont sur une voie de chemin de fer désaffectée, harcelées par le vent, là où aucun rêve n'a jamais germé. »

Un roman qui flirte avec le surnaturel sans jamais y tomber vraiment. La fin est inattendue.

J'ai trouvé à ce récit un côté expérimental qui peut parfois dérouter, mais l'envie de lire le récit jusqu'à son épilogue l'emporte.

Sophie Loubière propose de consulter le blog qu'elle a spécialement réalisé pour expliquer ses motivations dans l'écriture de son dernier roman.

Comme toujours, la description des personnages, de leur métier, des situations qu'ils vivent est extrêmement bien documenté et rend le récit crédible et jamais ennuyeux à lire.

Après 5 cartes brûlées et Black Coffee, j'ai trouvé le même plaisir à la lecture de de cendres et de larmes.




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White Coffee

Au secours ! J’ai cru que je n’en verrai jamais le bout !

Plus de 700 pages. Plus de 8 jours pour le lire.

Ah, Sophie, Sophie ! Tu as mis le paquet.

Mais tu as bien fait, c’était bien, très bien même.

Le problème c’est que j’avais pas mal oublié Black coffee. Six ans après l’avoir lu, ça peut se comprendre.

Et puis, avec tous ces allers-retours entre Nancy et les Etats-Unis, je me suis pas mal perdue, surtout aux Etats-Unis.

Au début des chapitres, je ne savais jamais de qui on parlait.

A Nancy, par contre, j’étais dans mon élément. L’Excelsior, le café Foy, le Made in France rue St Epvre (c’est la sandwicherie de mon neveu)………. Tout ça, je connais par cœur.

Elle a bien du mérite Lola. Parce que Pierre, son mari, c’est pas vraiment un cadeau.

Donc voilà, j’ai passé 8 jours intenses, avec pas mal de suspens et des personnages hors norme.

Et surtout avec une furieuse envie d’aller faire un tour à Chautauqua et l’idée saugrenue d’y rencontrer Desmond G.Blur.

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L'enfant aux cailloux

L'enfant aux cailloux m'intriguait depuis un certain temps et je ne regrette pas d'avoir cédé à ma curiosité. Sous forme de thriller psychologique , le thème de la maltraitance est traité. Comme très souvent, quant il s'agit de maltraitance, le doute s'installe. On ne veut tellement pas croire en cette violence que l'on cherche des parades, des explications à ce qui nous trouble. Sophie Loubière a réussi ici à semer et entretenir ce doute à travers le personnage d'Elsa Préau qui m'a intriguée dès les premières pages. Nous faisons sa connaissance à travers un "jeu" qui ne fait que renforcer nos interrogations.

Ce petit thriller fonctionne très bien.
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Obsolète

À 50 ans, si tu es une femme, que tu aies une Rolex au poignet ou pas, tu es quand même has been, retirée de ton foyer et envoyée au Domaine des Hautes-Plaines, pour y mener une vie tranquille. C’est le grand recyclage, la retraite à 50 ballais, en fait. Fuck la réforme des retraites !



Nous sommes en 2224, au cap Gris-Nez, dans un monde post-apocalypse, dans une dystopie qui met en scène une petite société d’humains qui se sont adapté à leur nouvel environnement, dans des sociétés avec moins de dépenses énergétiques, plus écologiques, sans violences (fini les meurtres, les vols, les viols,…), avec de l’empathie pour les autres, sans homophobie, sans racisme, sans religions…



Purée, mais c’est le pied, cette société ! Je signe où ? On pourrait l’avoir en 2024 et ne pas attendre 200 ans ??



Ah oui, mais il y a un mais… Un gros MAIS ! Les émotions des gens sont régulées, contrôlées… Alors oui, c’est facile d’endiguer les crimes et autres saloperies. Et puis, comme la fertilité a diminué et que les femmes sont plus nombreuses que les hommes (pauvres choux, va), elles doivent se retirer du jeu, à 50 ans et leurs époux (ou leurs compagnes, pour les couples lesbiens) est prié de reprendre une autre femelle et de refaire des enfants. Repeuplement démographique, en fait !



Oups, ça sent déjà moins bon, vous ne trouvez pas ? Et c’est là que réside toute la puissance de cette dystopie, car l’autrice, au lieu de nous plonger dans une société totalitariste et horrible, version "Servante écarlate" ou "1984", nous amène dans une société qui ressemble à un cocon, à un modèle parfait, à une société dans laquelle il fait bon vivre, loin du métro-boulot-dodo, en harmonie avec la Nature (qui a morflé).



Ce qui fout la trouille, dans cette dystopie, c’est lorsque l’on comprend ce qu’il pourrait y avoir derrière l’envers du décor (et on ne met pas 200 pages à capter qu’il doit y avoir une couille dans le pâté). Mais pour tout savoir, il faudra attendre le chapitre concerné et l’autrice vous donnera les détails au fur et à mesure… Glaçant et troublant, notamment avec les sempiternelles excuses du "nous n’avions pas le choix".



D’ailleurs, une scène m’a fait penser à celles de l’arrivée des Juifs et autres prisonniers, dans les camps de concentration… Et pourtant, je vous assure que la scène était joyeuse, dans ce roman ! Mais elle m’a fait l’effet d’une douche glacée. Le talent de l’autrice était là aussi.



Mais avant d’arriver à l’épisode du grand recyclage, nous aurons à résoudre la mort mystérieuse de trois habitants du village et il faudra de la persévérance à certains pour mener l’enquête, sans se faire remarquer, puisque l’on a dit que c’était un tragique accident.



Deux arcs narratifs, donc, dans ce pavé de 500 pages : enquêter sur des morts mystérieuses, découvrir le/la/les coupables et se préparer au départ de certaines femmes pour le grand recyclage et à la vie d’après. Dire que personne ne se révolte…



Le côté polar est un peu léger, car ce n’est pas le plus important, mais ce qui arrivera lors des conclusions de celui qui a mené l’enquête et qui tentera de faire comprendre aux autres leurs erreurs, qui ont mené à cette folie ! Et là, c’était brillant, une fois de plus.



Si au départ, j’ai eu un peu de mal en commençant la lecture de cette dystopie, je me suis faite happer ensuite et même si je n’ai pas ressenti de véritable empathie pour les différents personnages, j’ai grandement apprécié ce récit d’anticipation, de ce post Grand Effondrement et cette société que l’autrice a mise en place, qui semble être un havre de paix, mais qui cache des trucs pas nets et qui nous renvoie vers nos sociétés à nous, notamment dans certains de nos travers, telle la surconsommation…



Une dystopie à découvrir absolument !




Lien : https://thecanniballecteur.w..
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De cendres et de larmes

Vu le nombre élevé de critiques je ferai court.



Madeline Mara, caporal cheffe- sapeur pompier de Paris, assurait régulièrement vingt- quatre heures de présence les jours d'astreintes, son métier était de sauver les gens—— Faire face à des situations difficiles —- déposer des gens démunis , traumatisés: violences conjugales ou graves dépressions ——- à la porte des hôpitaux sans savoir ce qu'il leur arrivait par la suite .

Christian, son mari avait pour mission de lui faciliter la vie , il alignait ses RT T de jardinier aux espaces verts , afin de faire de ces journées sans maman des moments de plaisir qui chasseraient de la tête de leurs trois enfants Michael ,Eliot et Anna, l'anxiété engendrée par le métier de Madeleine , à très haut risque …



Cette famille rêve depuis longtemps d'un appartement plus grand : un rêve impossible dans la région parisienne ….

Lorsque le poste de conservateur au cimetière de Bercy se présente pour Christian , avec un pavillon de 180 m2 la famille Mara s'y installe sans hésiter .



Peu à peu les enfants acceptent , pendant que Madeline enchaîne les gardes pour sauver les vivants , Christian se met à veiller les morts ..

La lourdeur et l'âpreté de ce nouveau métier réveille en Christian le besoin impérieux d'extérioriser ses émotions , ses peurs diffuses par la peinture et quelle peinture !

Il qualifiait ses toiles d''«  OeUVRES ORGANIQUES ÉPHÉMÈRES » .

Tout ça lui «  hameçonnait » le cerveau ….

Au coeur de ce très fragile équilibre où les métiers de l'un et de l'autre pèsent lourd , la maison , humide , détériorée ,,vieille de deux siècles, , endommagée suite à la tempête de 2008, en proie à certaines moisissures , était condamnée à une très lente dégradation ….Elle n'était pas saine ….Elle révélait ses chagrins , cela ne datait pas d'hier, car le cimetière était construit sur d'anciennes carrières situées à une vingtaine de mètres de profondeur d'où un terrain argileux très humide ….

Christian sombre dans un état d'épuisement et d'angoisse , abattu et migraineux , il ne se contrôle plus et ce n'est pas l'ancien gardien qui va le rassurer …



Ce roman noir pétri de tensions sous- jacentes , de menaces , de quotidien pas facile à gérer , nous immerge dans le quotidien de vies de familles touchées par la violence ,la pauvreté , la misère sociale , vu le métier de Madeline , le rapport à la mort ,le vécu de ces pompiers courageux confrontés à une société parfois irresponsable …..

L'atmosphère se dégrade , lentement, insidieusement, un brin de fantastique ,fêlures du passé , hallucinations , expériences paranormales , tension extrême , pimentent le tout .



L'auteure mène ce roman noir à la touche sociale et politique avec un talent indéniable , une plume soignée , mais il ne faut pas trop en dire.



Un excellent récit à la frontière du surnaturel ——-ce qui m'a un peu gênée ——-et du thriller angoissant .

Le final est réussi.

Pas un livre de l'été ….



Ce n'est que mon avis , bien sûr ….

J'ai encore fait trop long ….

J'avais lu en 2014 avec grand plaisir «  L’enfant aux cailloux » …

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De cendres et de larmes

Grâce à Fleuve Editions, via net galley, j'ai eu le plaisir de découvrir la plume de Sophie Loubière en lisant son dernier roman : De cendres et de larmes.

Madeline, Christian et leurs enfants rêvent depuis longtemps d'un appartement plus grand où chacun aurait son espace. Un rêve rendu impossible par la réalité du marché parisien.

Quand l'occasion se présente pour Christian d'obtenir le poste de conservateur au cimetière de Bercy, avec un pavillon de fonction de 180 m2, la famille Mara n'hésite pas et s'y installe au début de l'été 2019.

Peu à peu, les enfants se font au panorama.

Tandis que Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, sauve les vivants, Christian veille les morts. L'âpreté de son métier réveille bientôt en lui le besoin d'extérioriser ses émotions par la peinture. Au cœur de ce fragile équilibre où les métiers de l'un et de l'autre pèsent lourds, la maison révèle ses fêlures. Lentement. Insidieusement.

Quelque chose menace cette famille recluse au milieu des tombes. Une menace dont personne ne mesure encore l'ampleur.

De cendres et de larmes est un très bon roman noir, qui parle de la famille, de la difficulté d'avoir un métier prenant (sapeur-pompier) et un métier « étrange » (gardien de cimetière).

C'est un roman très axé sur la famille, sur son bien-être, sur comment les choses peuvent déraper rapidement.

Peu à peu, on sent que la menace décrite dans le résumé est là, tapie dans l'ombre. Présente mais on ne sait pas trop ce qu'est cette menace.

J'ai imaginé plusieurs pistes, élaboré plusieurs scénarios dans ma tête et j'avais tout faux :)

L'autrice nous balade au fil des pages, pour un final surprenant, auquel je ne m'attendais pas. Quand à l'épilogue, il clos parfaitement ce roman.

Je trouve difficile de chroniquer De cendres et de larmes car j'ai peur de spoiler sans le vouloir.

J'ai adoré l'histoire, les personnages, le cadre très particulier dans lequel ce roman se déroule en partie (un cimetière et sa maison de gardien).

Bref, tout m'a plu y compris l'écriture de Sophie Loubière. Je suis ravie de ma lecture et je la relirais sans aucune hésitation.

Ma note : cinq étoiles.
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Respirer le noir

Après avoir découvert – il y a un an – le sens du toucher avec « Toucher le noir » (ma chronique est toujours disponible sur mon blog), c'est l'odorat que j'ai choisi d'appréhender avec ce recueil de nouvelles.



Sous la forme de nouvelles, cette collection, initiée par Yvan Fauth, se concentre autour des cinq sens dans le domaine de la littérature noire. Débutée avec l'écoute (« Ecouter le noir »), suivie par la vue (« Regarder le noir »), vient ensuite le toucher (« Toucher le noir ») et ce tome-ci vient en quatrième tome avant de se clôturer par le goût (paru juste avant l'été).



Pour les lecteurs les plus réfractaires au style littéraire des nouvelles, ce recueil serait amène à les séduire au vu des grands noms de la littérature noire qui y prennent part à nouveau, qu'ils viennent du Royaume-Uni (comme R.J. Ellory) mais aussi de France et De Belgique.



J'ai beaucoup aimé la manière dont chacun de ces auteurs de renom a eu d'aborder le thème de l'odorat, chacun de façon très personnelle. En fin de compte, ils ne sont liés que par une très fine ligne directrice et c'est intéressant de lire ces textes si différents, avec chacun des sensibilités particulières.



J'apprécie en fait beaucoup ce type de format entre deux lectures compliquées ou quand j'ai l'esprit tellement embrouillé de 1000 et 1 choses que je suis au bord de la saturation pure et simple. En fin de compte, je ne lis pas assez de nouvelles !



J'ai, il est vrai, toujours la peur d'être déçue car distiller une ambiance, placer les décors, introduire les personnages en quelques pages seulement est un vrai travail d'équilibriste. Pourtant, avec ses recueils chapeautés par mon confère blogueur, Yvan Fauth du blog EmOtionS, je suis certaine de passer un excellent moment de lecture et d'évasion. Encore une fois, c'est une mission remplie avec beaucoup de succès.



Voilà donc encore une lecture parfaite pour cet été !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Cinq cartes brûlées

Faites vos jeux, rien ne va plus! Je découvre Sophie Loubière romancière, elle a déjà plusieurs livres à son actif. Et voilà un blackjack addictif auquel elle nous convie. Je ne connais pourtant rien à ce jeu.



La scène inaugurale, de sang et violence , présentant mystérieusement deux protagonistes, sera reprise vers la fin, plus détaillée encore...Le lecteur comprend bien que le récit ensuite a pour but d'expliquer comment les choses en sont venues là.



le déroulé d'une existence difficile nous est conté: celui de Laurence, petite fille joufflue devenue obèse, dans une famille qui parait horrible: père incestueux, frère maltraitant car jaloux, mère névrosée. On ne peut qu'éprouver de la compassion pour elle, même si elle ne semble pas très sympathique. Devenue croupière au casino du coin, elle a trouvé un certain équilibre.



Mais n'oublions pas les cinq cartes brûlées , symboliquement exclues, cachées...Je n'en dirai pas plus.



J'ai trouvé la construction du roman habile et intrigante, les cartes introduisant chaque partie symbolisant une étape vers l'enfer, vers Eros et Thanatos...



Le style, sans être original, offre de belles descriptions, la nature et l'environnement fusionnant avec les méandres troublants et sombres des esprits. Notamment ce pylone électrique, trop près de la maison de Laurence, aux ondes négatives... Le final est assez surprenant. Je reviendrai avec plaisir vers l'auteure. Elle sait nous ferrer et nous tenir prisonniers de l'intrigue.
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Cinq cartes brûlées

À quoi bon écrire une critique vu leur nombre élevé ?



Même si je ne suis pas une spécialiste du genre je tenais à saluer le talent de cette excellente romancière dont j'avais lu en 2014 « -Lenfant-aux-cailloux" .

Laurence , l'héroïne très tourmentée vient au monde au printemps : le 21 mars 1979, Laurence « Graissac, » depuis le premier jour de sa naissance : une véritable bombe à retardement ….

Elle grandit à Saint - Flour , dans un sinistre pavillon construit, juste en face d'un dangereux transformateur, aux côtés de son frère : Thierry, tyrannique , insultant , railleur , il prend un malin plaisir à l'humilier quotidiennement , une mère déjantée , un père , dont je ne dirai pas grand chose,… sinon une séparation avec son épouse : accusatrice et pénible.

Laurence se laisse aller , est gagnée par l'obésité , son nom de famille Graissac ajoute à l'humiliation…..

Un chemin de croix violent , dur , pavé de blessures à vif , un destin balayé par des souffrances d'une rare intensité ….



Laurence ne pourra compter que sur elle même ….



La noirceur submerge le lecteur , j'ai lu ce livre pratiquement d'une traite , happée par cette longue descente aux enfers ….

La mise en pages est habile , variée, avec les cartes annonciatrices des chapitres , leur titre utilise , à la manière d'une comptine le verbe «  Prendre «  .

Se succèdent chapitres à la narration classique et pages en italique où Laurence dévoile ses pensées .

Révélations , suspense, rebondissements , manipulation mentale , celle dont on ne revient jamais , construction très efficace , l'auteure nous balade , manipule son lecteur , analyse avec minutie la véritable personnalité de Laurence , fragile , très perturbée , errant à la limite de la psychose , proche du basculement .

Nous plongeons jusqu'au bout au coeur de ce mystère distribué brillamment comme un jeu de cartes ….



Roman addictif, noir, très noir , thriller psychologique d'une rare intensité , sombre , brillant , talentueux , bien construit , nous en sortons bousculés , bluffés , l'auteure explore les abîmes de l'âme humaine d'une manière virtuose ….dont on ne sort pas indemne !



Mais ce n'est que mon avis , bien sûr , comme toujours .



«  Ma fille a toujours eu cette capacité à se créer son propre monde. Un monde où elle se plaît , où elle se protège , tout en se détruisant et en détruisant les autres » …















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Obsolète

Cette dystopie-polar est bien réalisée et agréable à lire. Elle répond pas mal, même si c'est particulier, à de nombreuses questions contemporaines. Notamment celle de la surpopulation. On avance de deux siècles, et la solution trouvée est radicale (en plus de résoudre le problème du financement de la vieillesse et de ses maladies) : à 50 ans les femmes, plus nombreuses, sont obsolètes, recyclées ; les hommes, de leur côté ont le droit de refonder une famille. La ménopause se concrétise par un "Grand remplacement". Je vous laisse deviner ce qui est décidé de leur sort, dans une société totalement contrôlée, aseptisée, réglée comme du papier à musique. Côté polar : si c'est plutôt léger, en revanche les mobiles développés sont très intéressants. Côté science fiction c'est malin, un savant mélange, je trouve, entre "Soleil vert" réservée aux femmes et la série brésilienne "3%" avec cette idée de méritocratie. Bien pensé.
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De cendres et de larmes

Je ne connaissais pas la plume de Sophie Loubière, j’étais donc curieuse de la découvrir et intriguée par ce couple dont l’un sauve les vivants et l’autre veille les morts.



L’auteure décortique ses personnages, leur donne corps et j’ai aimé Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, son mari Christian, conservateur au cimetière de Bercy. Michael, ado rebelle, né d’un premier mariage, un peu geek qui va se découvrir un talent pour le paranormal. Eliot CM2 harcelé à l’école, un brin froussard et Anna rêveuse mais au caractère affirmé. Sans compter des personnages secondaires qui gravitent autour de cette famille et qui vont apporter leur lot d’interrogation et d’angoisse.



La famille maintient un semblant d’unité malgré un fragile équilibre dû aux métiers bien particuliers des parents. La maison révèle ses fêlures, à l’image de celles de la famille. Lentement. Insidieusement.



Le Cimetière de Bercy théâtre de toutes les peurs et croisement de toutes les angoisses avec la maison de fonction de 180m2 mal entretenue, aux murs qui suintent, aux craquements assourdissants, qui semble avoir absorbé toutes les horreurs passées…



Je dois dire que dès le prologue Sophie Loubière réussi à éveiller mon intérêt, en débutant son intrigue sur l’incendie qui ravage Notre-Dame de Paris en avril 2019 et donne ainsi le ton à une intrigue qui se révélera noire et dramatique. Le déménagement semblait idyllique pourtant, on assiste à la lente descente aux enfers d’une famille apparemment unie. Côtoyer les morts, ne va pas être de tout repos.



La tension monte crescendo au point que l’auteure joue avec nos nerfs avec une intrigue sur le fil du rasoir entre fantastique et thriller. Pourtant, il n’y a rien de fantastique dans l’imagination des personnages dont les peurs surgissent au gré des bruits, grattements d’animaux ou intrusions au sein de ce cimetière vecteur des peurs les plus primaires. Ajoutez à cela une maison qui semble prendre vie avec des bruits inquiétants et dont l’humidité suite par tous les pores de ses murs, où le moindre craquement prend aux tripes et fait galoper l’imagination de nos chers personnages.



Cette maison représentant le siège familial révèle peu à peu ses failles, à l’image de cette famille dont les relations se délitent au gré des absences de la mère, héroïne des temps modernes, du mal-être de Christian qui sombre peu à peu dans une mélancolie qui l’entraine aux portes de la folie. Une famille à la dérive dont le sort semble inexorablement la mener vers une fin catastrophique.



L’auteure brouille les pistes en maintenant une tension palpable tout le long du récit, jusqu’au final que l’on croit deviner. Un thriller psychologique qui décortique l’âme humaine et aborde en filigrane des questions de société. A travers le personnage de Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, Sophie Loubière rend un bel hommage aux pompiers et leur dévouement, tout en leur donnant un visage humain, à travers leur famille.



Une excellente lecture teintée d’angoisse, grâce à la plume descriptive, immersive, des personnages attachants, aux fêlures palpables. Une tension oppressante qui maintient le lecteur à la frontière du thriller et du surnaturel grâce à une intrigue qui réveille l’imagination.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Cinq cartes brûlées

Comme Magali (@Ladybirdy), je suis assez partagée concernant ce roman, dont j'ai trouvé l'héroïne pas vraiment crédible. A commencer par son nom : Laurence Graissac, fallait oser quand même, parlant d'une jeune femme obèse...Et le titre, je ne l'ai compris que grâce à l'explication donnée dans une critique, comme quoi les cinq cartes "brûlées" sont celles retirées en début de partie par le croupier au black-jack.

L'histoire en elle-même est assez classique : on suit Laurence de sa prime enfance jusqu'à la trentaine, et chaque chapitre de sa vie est introduit par une carte à jouer et son interprétation, qui nous en donne l'orientation générale. Laurence est martyrisée par son frère Thierry, présenté comme un tortionnaire sadique dont elle s'occupe néanmoins avec un dévouement sans faille (ce qui m'a prodigieusement agacée, mais...). Elle va causer l'éclatement de sa famille en "révélant" des faits qui vont amener son père à couper tout lien avec eux, et sa mère à développer des troubles cognitifs. Puis elle se lancera dans l'athlétisme, le lancer plus précisément, où sa carrure lui assurera le succès. Et enfin, après de nombreux déboires, elle se reconvertira comme croupière dans un petit casino, où elle croisera le docteur Bashert, médecin dans un centre thermal, une personne aigrie et qui compense son mal-être par le jeu.

Rien de folichon donc.

Mais le roman commence par une scène sanglante dans un hôtel, et il faudra donc comprendre qui en sont les protagonistes, et comment en sont-ils arrivés là. On devine très vite une partie de l'énigme, par contre le dénouement m'a quand même surprise, c'est l'un des points positifs de cette lecture. Il y en a d'autres, par exemple l'histoire est intéressante malgré le peu d'originalité du sujet, et elle est bien construite. La chronologie est classique, donc pas de risque de s'égarer en chemin, et entre les chapitres prennent place de courts "intermèdes où c'est Laurence qui s'exprime (en italique).

Ce qui m'a gêné en revanche, c'est l’impossibilité de s'identifier ou de ressentir un sentiment positif pour l'un ou l'autre des personnages principaux, que ce soit Laurence, Thierry ou le docteur. Les autres ne sont pas assez développés, à part peut-être la mère qui elle aussi n'inspire guère de sympathie.

Ce roman traînait depuis longtemps dans ma PAL, et il a traîné également longtemps (selon mes critères !) sur ma table de nuit. J'avais du mal à en lire plus de quelques chapitres à la fois. Je mets quand même 3 étoiles pour l'intérêt de l'histoire, la psychologie travaillée des deux héros et la construction du récit qui m'a changé des romans à tiroirs et à chronologie chamboulée que j'ai lus ces derniers temps, c'était reposant ! Mais je suis contente de l'avoir terminé, et de pouvoir passer à autre chose.

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