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Critiques de Tennessee Williams (190)
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Un tramway nommé Désir

Kowalski, « forgeron » en polonais, est un ouvrier et joueur de poker imposant par sa virilité et sa musculature. Tout l'inverse de Blanche Du Bois, aristocrate qui incarne l'élégance et la douceur des riches familles des états du sud des Etats-Unis. Tandis que Stanley hait la prétention de sa belle-sœur, cette dernière méprise le deux-pièces minable du quartier populaire qu'habitent sa sœur et son mari. Les tensions entre ces deux caractères diamétralement opposées sont inévitables, même Stella ne parviendra pas à les apaiser.



Tennessee Williams nous propose ici un livre à 100% sans idée reçue, sans message tout fait ni morale accusatrice. Moi qui, juste après ma lecture, étais restée assez sceptique face à l'histoire, quelques recherches et lectures complémentaires ont fini par me faire changer totalement d'avis ! Au final, Un tramway nommé désir est une très belle surprise, une lecture que je n'oublierai pas de sitôt tant ses personnages sont déstabilisants et son dénouement intéressant, et que je pourrais synthétiser par la réplique de Blanche (p.180, acte III, scène 3) : « Je ne veux pas de réalisme. Je veux de la féerie. » Quelle réalité est-on prêt à accepter ? Celle qui nous est imposée ou celle dans laquelle on peut vivre ?
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Le printemps romain de Mrs Stone

Roman très court, 100 pages, qui se lit de manière très agréable de part la richesse du vocabulaire, la finesse d'étude des personnages qui sont en plus d'un nombre très restreint.

Mais il n'y a pas de véritable action dans cette histoire toute en retenue, ce qui fait que quelques pages de plus, et l'ennui serait là.
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La chatte sur un toit brûlant

J’ai vu le film, avec Elizabeth Taylor et Paul Newman, il y a plusieurs années et je me souvenais plus ou moins de l'histoire. Lire la pièce de théâtre fût un très agréable moment de lecture et un plaisir différent par rapport à un roman. La pièce comporte trois actes qui sont dans la continuité les uns des autres et ne coupent absolument pas le récit. Le tout est très fluide, les personnages son extravagants, les dialogues savoureux. Le ton est cynique, les altercations vives, parfois blessantes et froides. Un récit plein de rebondissements, des rapports de force et des confrontations amenant certains personnages à dévoiler la vérité et les non-dits. J'ai particulièrement aimé le dialogue du patriarche avec un de ses fils, Brick.
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La Nuit de l'iguane

La nuit de l’Iguane, par Tennessee Williams. Il s’agit d’une pièce de théâtre qui se déroule en 1940 sur la côte occidentale du Mexique, alors encore sauvage. Le décor est celui de la véranda d’un hôtel un peu délabré, au sommet d’une colline surplombant une plage. L’hôtel est tenu par Maxine, une femme maîtresse en volupté, devenue récemment veuve et qui est une amie du révérend Shannon, un pasteur défroqué reconverti dans le tourisme, un homme nerveux, fragile qui a fauté dans la paroisse qu’il administrait. Maxine, qui troquerait bien ses amants occasionnels pour Shanon, ne se déclare franchement qu’à la fin de la pièce. Imaginons dans les rôles de ces deux personnages, Ava Gardner et Richard Burton qui les ont interprétés dans le film de John Huston tiré de la pièce.

Dans une ambiance caniculaire et conflictuelle, les personnages s’animent. L’excitation est vite à son comble. Shannon, contesté par le groupe de touristes – des jeunes filles d’un collège baptiste – dont il a « séduit » la plus jeune, Charlotte, un canari chantant, un vrai « prodige vocal » – trouve refuge dans l’hôtel où il veut faire une halte. Ce n’est pas au programme, et la responsable du collège, Miss Fellowes, s’oppose vivement à Shannon. Surgissent alors deux saltimbanques, une jeune femme peintre, Hannah, et son grand-père Nonno, centenaire et poète, sourd et en fauteuil roulant. Maxine leur trouve « l’air un peu timbré » et rechigne à les héberger d’autant qu’ils sont complètement fauchés. Shannon s’apprête à séduire Hannah, qui est en fait un être équilibré malgré quelques fêlures intimes. Cependant, une famille allemande chante des chants nazis, l’oreille collée à un transistor qui commente la Bataille d’Angleterre.

Comédie ou tragédie ? Les effets comiques de cette pièce n’effacent pas le cheminement inéluctable de chacun – et chacun de son côté, avec une personnalité unique – vers une destinée dominée selon les cas par la culpabilité, la solitude, des petites satisfactions, de grandes justifications. Et malgré tout quelques espérances, comme l’iguane « qui tire sur la corde qui le tient attaché. Il essaie d’aller plus loin que le bout de sa corde. Comme vous. Comme moi. Comme votre grand-père. » dit Shannon à Hannah.

Délires et réflexions, dans cette pièce, existentialiste façon Oncle Sam.

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Le poulet tueur et la folle honteuse

[Notes de lecture en cours] J'ai appris très récemment que Tennessee Williams avait écrit des nouvelles. Pour moi, il était l'auteur de théâtre génial, qui n'avait pas son pareil pour les angoisses existentielles noyées dans l'alcool, le sexe et les comportements épileptiques.



Le recueil contient 25 nouvelles, des plus anciennes aux plus récentes, précédées d'une préface de Gore Vidal et d'un texte de l'auteur, que l'on pourrait décrire comme un portrait de famille au vitriol.



Le Vieil Homme dans son Fauteuil. Franchement, s'il n'était précisé que ce texte est une préface, sorte de confession de l"auteur, on pourrait le prendre pour une nouvelle, et de très belle facture. Le personnage du père et ses rapports avec son fils (Tennesse Williams, en l'occurrence) et sa belle-mère sont tour à tour décalés, empruntés, tendres... C'est sincère. C'est direct.



Introduction de Gore Vidal. Une fois n'est pas coutume, j'ai lu la préface et elle permet d'appréhender l'auteur et ses démons. Gore Vidal décode bien le style et les angoisses d'un écrivain majeur.



La Vengeance de Nitocris. Véritable preuve du génie de Williams (s'il n'en fallait qu'une), ce texte a été écrit à 16 ans... Les yeux fermés, on sait qu'il est pour Weird Tales. C'est inratable. Et on perçoit toute la distance qui existe entre le guerrier cimérien de R.E. Howard et la reine Nitocris de Williams. Un personnage est un héro pour ado, sans que cela soit péjoratif, et l'autre est (déjà) adulte. N'est pas un de mes textes préférés, mais on perçoit toute la capacité de Williams à dépeindre les passions.



Un Sac de Dame en Perles.En quelque sorte, l'arroseur arrosé... un SDF qui rapporte un sac à une riche bourgeoise qui s'en fout. On a toute la hargne, l'écriture acerbe de Williams au service d'un joyau de cynisme et d'humour noir. C'est grinçant et percutant.



"...Dans Tolstoï, je pense"



Une idylle dans le Mississippi



'J'entends le bruit de ses pas"



Vingt-sept camions pleins de coton



Sable



Dix minutes d'arrêt



"Je te donne une pomme"



En souvenir d'une aristocrate



La chambre noire



L'oriflamme



Parenthèse



Les cochenilles



Il y avait quelque chose en lui... Un bijou d'humour noir. La société bien-pensante est croquée en quelques pages. Une chute digne de ce nom. On retrouve l'atmosphère de ses meilleures pièces.



Un reclus et son hôte. Une nouvelle très dure, désespérée. Un grand cru.



Heureux 10 août. Un tête-à-tête très sombre, morbide et plein d'humanité. Williams soigne la chute.



La période années 70 est à mes yeux plus pauvre, moins novatrice et moins percutante. Les collaborations de Williams à Playboy ou à Esquire, deux magazines de charme, ou à Antaeus ne comptent pas parmi les meilleurs textes, et à mes yeux la raison est évidente. D'ailleurs, quand on regarde sur Wikipedia les entrées Esquire ou Antaeus, T. Williams n'est pas cité parmi les auteurs importants ayant collaboré à ces magazines. On ne s'étonnera pas de trouver pas mal de sexe (et explicite) dans les textes. Les nouvelles sont : L'inventaire à Fontana Bella, Miss Coynte de Greene, Sabbatha et la solitude, Une vie achevée, Das wasser is kalt, La mère au pian, Le poulet tueur et la folle honteuse. En ce qui me concerne, La mère au pian sort du lot. Plus rugueuse, plus humaine et sociale, mais elle n'atteint pas les oeuvres de jeunesse.
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Un tramway nommé Désir

Blanche Dubois débarque chez sa sœur Stella et son beau-frère Stanley Kowalski avec ses fourrures, ses couronnes, son histoire, ses rêves, son désir… Déchirée entre sa libido et son idéal de pureté, Blanche nous emmène dans un voyage mouvementé. Cela se passe dans le Vieux Carré de La Nouvelle-Orléans avec, en filigrane, notes de blues, senteurs de banane et de café et chansons populaires...

Je suis allée à Nola en 2013 voir ce tramway nommé désir, celui dans lequel arrive Blanche, et j’ai été émue en pensant aux grandes questions qui traversent le chef-d’œuvre de Tennessee Williams : la folie de Blanche, sa relation avec Stanley, le rôle du blues, la poésie de Williams.

Cette pièce de théâtre culte, jouée pour la première fois en 1947, a été adaptée au cinéma et cela a permis de la faire connaitre ; en tout cas, moi c’est comme ça que je l’ai découvert, grâce à Kazan et au charme de Marlon Brando dans le rôle de Stanley.

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Baby doll

[Notes de lecture - en cours] Je me rends compte, à mesure que je découvre l'univers de Tennessee Williams, que je le connaissais sans le savoir. Jusqu'il y a peu, je n'avais lu aucune de ses pièces, mais j'ai vu un nombre incroyable de films tirés de son oeuvre. Principalement, dans le cadre du "cinéma de minuit" sur FR3 le dimanche soir...



OK, théâtre et cinéma... ce n'est pas pareil.



Ici, Baby Doll (dont j'ai adoré le film... mais passons) est le scénario commandé par Elia Kazan à Tennessee Williams, à partir de deux pièces en un acte.



On retrouve l'aisance de l'auteur pour les relations humaines dures et âpres.Il y a la haine, viscérale. Il y a l'image de l'homme... ou des hommes. Archie, Silva et le père de Baby Doll. Même s'il est mort avant le début de l'histoire, ce dernier joue un rôle par l'image qu'il projette.



Les didascalie de l'auteur, très présentes dans les autres pièces, prennent évidemment tout leur sens dans un synopsis de film, savamment découpé en scènes. Encore une fois, Williams nous livre un thriller, où la tension monte peu à peu, en même temps que s'échauffent les esprits et les corps. Que cherche Archie? Que cherche Silva? Et surtout que cherche Baby Doll... ? Femme-enfant au nom prédestiné.



En 2014, on l'appellerait Purity, Chastity... Bien sûr, c'est un peu vieilli. A 20 ans, en 2014, il serait sans doute difficile de faire croire à une telle histoire, mais (et c'est la force de Williams) c'est assez secondaire. Il nous raconte des choses intemporelles. L'envie, la passion, le pouvoir...



Cela m'a donné envie de revoir le film...



Eté et Fumées, la seconde pièce est une des plus tristes que j'ai lues de Tennessee Williams. Dans la plupart des pièces lues, même si on n'a pas de happy end (faut pas rêver), on a une sorte de dénouement selon les aspirations des gens. Ici, ce n'est pas le cas. Alma rate complètement le coche avec John, car elle est prisonnière de son éducation, de la tradition, de ce qui se fait et ne se fait pas. Et quand elle se renie et s'offre à John, c'est trop tard. Ou alors, elle le fait parce qu'inconsciemment, elle sait que c'est trop tard.



Alma repart. On se dit qu'elle mourra vieille fille. Elle sait ce qu'elle rate. John épouse Nellie... et on retrouve en Nellie une part de Baby Doll... Et dans Alma aussi. Ces deux femmes sont les deux faces de Baby Doll, vierge et aguicheuse. Alma la prude et Nellie la réaliste.



C'est à mon sens ce qui regroupe les deux pièces. Le triangle. Deux hommes et une femme pour Baby Doll. Deux femmes et un homme pour Eté et Fumées.



Et que dire de John, ou de Silva... ils emportent la femme... mais on devine que ce ne sera pas une libération pour eux. John ne changera pas, Nellie sera malheureuse. Baby Doll se lance, mais elle a trop changé d'avis pour que le lecteur y croie pleinement. Et que fera un Silva éconduit. Car c'est une grande force des pièces de Tennesse Williams... elle ne se terminent pas au rideau... en fait, ce rideau qui tombe marque un commencement.

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Soudain l'Été dernier - Le Train de l'Aube ne ..

Je ne suis pas un spécialiste de Tennessee Williams, mais je retrouve ici les mêmes traits observés pour La Chatte sur un Toit brûlant et La Descente d'Orphée. Les dialogues percutants (parfois même imbriqués les uns dans les autres), le poids du temps qu passe (qui est un acteur invisible, finalement), les Traditions et le milieu globalement aisé financièrement (ou plutôt le rapport à l'argent et comment il conditionne les rapports humains).



Soudain l'été dernier est une courte pièce, moins d'une centaine de pages, où l'on assiste à un duel (encore quelque chose que j'ai observé chez Tennessee Williams) entre une mère et l'amie d'un homme mort. Les circonstances de la mort se dénouent pendant la pièce. Le but de la mère n'étant pas vraiment de faire la lumière sur la mort de son fils, mais plutôt d'effacer ce souvenir de la mémoire de l'amie en question.



C'est très puissant et intense. La tension monte graduellement. Et les éclairages de Williams montrent tour à tour les vrais visages des protagonistes. De telle sorte que le lecteur est déboussolé. Ce qu'il tenait pour vrai au départ vacille et cède la place à d'autres certitudes, de nouveau démontées.



Ainsi, l'amie qui paraissait coupable finit par se parer de l'apparence de la victime et la mère éplorée devient un monstre enclin à cacher un sombre secret, auquel elle a pris part. Et si sacrifice il y a (cf. 4è de couverture), c'est tout autant celui qui procède du meurtre que celui perpétré par la mère qui entend garder au yeux du monde la réputation de son fils intacte. Le thème de la virilité, que l'on trouve dans d'autres pièces de l'auteur, est abordé de biais, avec un parfum de scandale certain.



De nouveau, Tennessee Williams nous entraîne dans les méandres de l'âme humaine, et ce que l'on y trouve n'est pas glorieux.



La seconde pièce m'a paru moins en phase et la compilation des deux au sein d'un même volume me semble moins cohérente. Le seule thème commun est la folie, ou les velléités d'une dame/veuve solitaire et d'âge avancé à qui on passe tous ses caprices, mais c'est très ténu.



Le Train de l'Aube ne s'arrête plus ici nous raconte l'exil doré d'une "vamp", riche et acariâtre, très portée sur la "chose". Arrive un homme (de nouveau, virilité et séduction, comme souvent) qui porte la réputation d'annoncer la mort de ses hôtes par sa seule venue. La veuve à qui il rend visite, occupée à dicter ses mémoires, est fort malade et convie une amie tout aussi barrée afin de discuter de ce visiteur. S'ensuit un jeu de séduction (on n'en est pas à un mariage/veuvage près). J'ai pas mal pensé à Sunset Boulevard, même si le contexte n'est pas tout à fait le même.



Le ton m'a paru décalé. Les rapports aux domestiques italiens, le duo de vamps, les dialogues ironiques et décalés... apportent une touche d'humour. Parfois même un comique de situation, quasi burlesque à certains moments. Le recours aux Valets de scène, qui déplacent les objets, décors, paravents, et interviennent à part entière, cela génère aussi des effets comiques. On se surprend à sourire ou même à rire. Chose rare chez Williams, me semble-t-il (mais je manque de connaissance sur l'ensemble de son oeuvre).

Au final, la première pièce m'a semblé trop courte, tant je l'ai appréciée (ou alors je l'ai appréciée parce qu'elle était courte...). Et la seconde m'a paru trop longue, le propos se diluant et les dialogues faisant moins souvent mouche.
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La chatte sur un toit brûlant

Le volume se compose de deux pièces. La première pièce du tome, La Chatte sur un Toit brûlant, est un classique. D'ailleurs, la photo de la couverture est issue de l'adaptation cinématographique. Que j'ai vu il y a bien longtemps.



Tennessee Williams nous livre à petites touches le destin de Brick et Margaret. Lui un ancien sportif, qui ne peut se résoudre à l'inaction. Elle, amoureuse et exubérante. Possessive et persuasive.



Les dialogues sont millimétrés, pesés. Les répliques fusent et réagissent. Chez Williams, pas de ressort lié à la situation, mais de l'action, venant des dialogues.



On pourrait être dans du Shakespeare. Le Roi meurt et on se partage ses avoirs. Air connu. Le happy end, ou ce qui s'en rapproche le plus chez Williams, vient soulager tout ce monde, englué dans les haines et les envies. En l'occurrence, le fait ou non d'avoir des enfants, le fait ou non d'être un "bon" fils... C'est bien vu de Williams, tout à fait ancré dans le quotidien, intemporel, absolu. Le dramaturge nous livre une vision exacerbée, déchirante, désespérée de l'âme humaine.



La seconde pièce, La Descente d'Orphée, m'était inconnue. Quand on regarde la distribution des acteurs pour la première parisienne, on est frappé par le niveau très relevé. Arletty, bien sûr, mais pas seulement. Il faut du lourd pour que cela ne soit pas caricatural, à coup sûr.



Tout se passe dans une petite ville américaine. J'ai supposé le Midwest. Avec les tumbleweeds qui roulent au gré du vent. Les haines se lâchent. De nouveau, les trahisons, les compromissions, les secrets se nouent et se dénouent. On est dans un suspense, un thriller, implacable. Chez Tennessee Williams, les gens jugent leur prochain. Les condamnent. Dur. Et cela frappe juste. On se reconnaît. Oh, bien sûr, on n'a pas envie de se reconnaître dans ces femmes envieuses qui passent leur temps à épier et médire... mais c'est tellement bien vu de l'auteur.



Au final, une découverte.



Coller deux pièces peut se révéler tout à fait inadéquat. Cependant, plusieurs points les relient. Le poids du passé tout d'abord, pas seulement celui de l'histoire des personnages, mais celui de la Tradition (avec une majuscule). Ensuite la beauté, la jeunesse, et le temps qui passe. Enfin, quelque chose d'instinctif, de primal, de viscéral. Je me suis surpris à penser que les personnages criaient, bien plus souvent que nécessaire. Tellement les répliques me semblaient devoir se hurler, frénétiquement, obsessionnellement.



Mais ce qui m'a le plus frappé dans les deux pièces, ce sont les didascalies, les indications fournies par Williams lui-même. La première pièce est un huis-clos, un duel... mais surtout un ballet. La place des protagonistes est réglée par l'auteur. Cela avance, recule, bouge, se positionne... car les places occupées ont de l'importance. La gestion de l'espace est un acteur à part entière. Efficace, terriblement efficace. La seconde pièce se déroule dans plusieurs endroits selon les tableaux, mais de nouveau on retrouve ce souci du positionnement des acteurs. Le hasard n'a pas de place ici.
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La Nuit de l'iguane

Femmes voluptueuses, indolentes, paysages du Sud des Etats-Unis et du Mexique, crépuscules et grandes maisons avec porche. Dans les trois pièces / nouvelles présentées dans ce recueil, on retrouve les décors de prédilection de Tennessee Williams. Les ayant lus il y a longtemps déjà, je ne me souviens plus exactement de l'intrigue, mais restent en moi des traces de ces atmosphères lourdes, moites et chargées de désir difficilement réprimé. d'ailleurs, la photo de couverture qui illustre cette édition annonce bien ces thèmes.



La Nuit de l'Iguane est bien sûr la pièce la plus connue du recueil et est encore régulièrement jouée et en France et dans le monde. Je trouve ce titre fascinant, intrigant.

Mais ce sont finalement les deux pièces / nouvelles suivantes qui m'auront le plus marquée.

Dans le Long Séjour Interrompu, on retrouve Baby Doll, celle du film éponyme que Tennessee Williams co-écrira plus tard avec Elia Kazan. Cette nouvelle est donc antérieure au film et l'aura partiellement inspiré. Baby Doll est plus charnue que dans le film, "c'est une femme indolente, aux formes amples, mais son ampleur n'est pas accueillante", "sa chevelure noire et luisante". Difficile, quand on a vu dans le film cette Baby Doll blonde et poupine, de s'y faire.



Il y a enfin et surtout -pour moi- Vingt-Sept Remorques Pleines de Coton.

Ah ce titre, rien que ce titre! Je n'ai qu'à fermer les yeux pour retrouver toute cette mythologie du sud, Steinbeck, McCullers, Faulkner, Kerouac...

J'ai aimé l'indolence des dialogues, les didascalies descriptives, l'atmosphère, "c'est le début de la soirée, et le ciel est légèrement teinté de rose par le crépuscule " - dans la nouvelle précédente, d'ailleurs, ça donnait ça: " c'est un ciel orageux, où le vent souffle avec un miaulement de chat / Un e musique à la manière de Prokofiev accompagne le lever du rideau, et contribue à créer une atmosphère de lyrisme grotesque".



Il y a aussi cette brusque brutalité de Jake qui disparaît comme elle est venue, cette violence morale et physique que les dialogues parviennent à rendre avec tant de force, de réalisme. Ce passage où Jake tord le poignet à Flora, menaçant, juste avant d'imaginer, amusé, qu'il la mangerait bien si elle était une belle meringue toute blanche.

Ces nouvelles, comme toutes celles de Tennessee Williams que je connais, frôlent la folie et la violence.



Enfin, petite anecdote, j'ai découvert en reprenant le livre que c'était Marcel Aymé, l'auteur entre autres des contes du Chat Perché, qui avait traduit la Nuit de l'Iguane (et les Sorcières de Salem d'Arthur Miller).



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La ménagerie de verre - Le paradis sur Terre

Une mère qui veut à tout prix trouver un mari à sa fille, un fils qui ne se plaît pas dans son travail, rêvant à un projet plus exotique, une fille qui ne fait pas grand chose à part s'occuper de ses animaux en verre (la fameuse "ménagerie"), car trop timide et craintive... L'intrigue de cette pièce de théâtre est assez simple à résumer. C'est plutôt dans le style d'écriture que Tennesse Williams m'a conquis pour cette pièce. Une alternance d'échanges "ping-pong" et de prises de parole plus développée, qui offre à la pièce un rythme appuyé et parfois burlesque.
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Un tramway nommé Désir

Joué pour la première fois en 1947 puis adapté en film avec Marlon Brando et Vivien Leigh, ce classique de la littérature américaine me faisait de l’œil depuis un certain temps. Stella, jeune fille de bonne famille, est mariée avec Stanley Kowalski, un ouvrier d’origine polonaise, et enceinte de leur premier enfant. C’est alors qu’elle voit débarquer Blanche, sa sœur, dans leur petit appartement miteux. À partir de là, tout va exploser, les relations vont se tendre et finir par laisser place à la vérité toute crue.

Ma première action a été de faire une bêtise : lire les trois premières pages qui racontent l’intégralité de l’histoire (non, ce n’était pas un prologue…). C’est un texte qui est intéressant à lire, mais a posteriori.

Ma première impression a été de me dire : lire du théâtre, c’est quand même bizarre et pas très confortable… Par exemple on a une tirade forte, on est emporté par les mots, on imagine la scène, et là pof ! didascalie du style « (Il se tourne vers la droite) », et c’est dommage. Je pense qu’il vaut mieux regarder le film ou voir la pièce, et n’avoir le texte que comme appui et souvenir, car ça reste quand même un huis-clos à connaître.

L’édition 1018 propose également trois autres pièces : Portrait d’une madone, Propriété condamnée, Parle-moi comme la pluie et laisse-moi écouter. Elles sont plus courtes mais tournent autour des mêmes thèmes : la solitude, le mensonge, la cruauté de la vie.
Lien : http://therewillbebooks.word..
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La chatte sur un toit brûlant

Un de mes auteurs préférés. Une de mes pièces préférées aussi. « La Chatte sur un toit brûlant » de Tennessee Williams. Immortalisée par Élisabeth Taylor et Paul Newman.



États-Unis, une famille, deux couples viennent rendre visite au grand-père malade. Il y a Maggie et Brick, couple qui bat méchamment de l’aile à cause de la mort de Skipper, meilleur ami de Brick ; une mort que ce dernier met sur le dos de sa femme. Une Maggie frustrée parce que son mari refuse par conséquent d’accomplir son devoir conjugal.

Et il y a Gooper, le frère de Brick, et son épouse qui, comme Maggie, veulent faire main basse sur l’héritage du grand-père mourant. Mais Gooper aura des efforts à faire, Brick étant le préféré des deux frères aux yeux du patriarche.



La famille va s’entredéchirer, Brick sombrer de plus en plus dans l’alcool, son couple atteindre un point de non-retour, malgré les tentatives de Maggie pour raviver la flamme.



Une histoire de famille, d’héritage, d’autodestruction, de déchéance conjugale, de luxure, de fuite face à un quotidien disloqué par trop déprimant. C’est un registre dans lequel Tennessee Williams est particulièrement brillant, avec sa façon géniale d’écrire son intrigue à tiroirs de façon à suivre les différentes relations. On ment, on charme, on désire, on hait, Les personnages sont fouillés et attachants, même quand ils ont mauvais caractère. Tennessee Williams les a dessinés avec épaisseur. Un classique juste incontournable.

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La chatte sur un toit brûlant

Parce que j'allais voir une représentation théâtrale de "La Chatte..." j'ai, heureusement, relu le texte et découvert par la même occasion "La descente d'Orphée".

Quel texte et quelle pensée, quelle sauvagerie dans la rage et l'appétit, l'angoisse, le désespoir de vivre.



La représentation théâtrale, a été de mon point de vue, une adaptation hors sujet : la première partie, traitée façon théâtre de boulevard (en voilà une conception originale !) et la seconde, dans un ton grinçant.

Supprimés tout ce qui nous ramène à l'absence d'intimité : pas de lieu où échapper au regard, aux oreilles des autres, sauf en devenant un professionnel de la dissimulation. Cette chambre conjugale, joue un rôle principal : c'est un vrai hall de gare. Chacun y déboule quand bon lui semble, sans crier gare, et quand la porte est close, des oreilles épient à la porte, aux murs, les conversations téléphoniques, les cris des enfants., des domestiques envahissent la pièce. La rage d'épier, sous le prextexte de prendre soin de l'autre, de le comprendre, ou de défendre les siens est toujours le moteur de toute action. Et ce plaisir, de coincer l'autre dans une case ! Il faut avoir la rage de vivre et de s'en sortir pour faire table rase des préjugés et conquérir une liberté. De quoi étouffer dans cette maison de verre et de papier où tout se voit, où tout s'entend. Et quand Brick parle de la cage de verre de son métier de chroniqueur sportif ne parle-t-il pas du cadre de sa vie ? Lui aussi est devenu un "regardeur" d'autres qui vivent en pleine possession de leurs moyens physiques et intellectuels. Un regardeur regardé et étiqueté comme ces insectes mis sous verre.

Est-il homosexuel ? "Grande" question ! Qu'est-ce qui l'a cassé ? La mort de son ami d'enfance et, surtout, la prise de conscience qu'il n'aura plus jamais ni la force, ni l'insouciance de sa jeunesse ? Cette femme qu'il a aimé et qui exige de lui qu'il se comporte en adulte ? Ce père qui doit affronter la venue de sa propre mort, cesser de dissimuler sa haine pour sa femme, l'ainé de ses fils, assumer sa préférence pour ce fils alcoolique au charme nonchalant, qui essaie de le fuir, lui, le père, qui a gagné sa toute puissance. Ou bien réalise-t-il qu'il n'a rien fait de sa vie et qu'il préfère se réfugier dans une sérenité d'oubli. Pauvre Brick. Il se retrouve rejeté, abandonné par la mort de son ami, coincé entre cette épouse trop séduisante et ce père carnassier. Faut dire qu'ils se ressemblent le Grand Père et Margareth en grands prédateurs dans la hyénitude de cette famille. Violent et âpre, sans pitiè.



Tout aussi violent et cruel "La descente d'Orphée". Là encore, c'est une société qui s'épie, qui dépéce celles et ceux qui ne leur ressemblent pas. C'est une société qui vit comme dans un fortin interdisant son accès, aux "pièces-rapportées", celle épousée-achetée à laquelle son moribond de mari ne laissera aucune chance de lui survivre pour faire autre chose de SON bien, celle qui se réfugie dans la peinture, artiste dont le talent est reconnu, mais qui préfére s'aveugler de ses visions pour mieux transcender la réalité de la cruauté de son shérif de mari, celui qui seulement armé d'une guitare s'est arrété au mauvais endroit, et puis l'"erreur de la nature", celle qui vraiment n'a rien de commun avec cette famille, cette communauté. C'est surement elle, l'oiseau sans pattes, "il ne peut pas se poser et il passe toute sa vie à planer dans le ciel", et si elle réussit à ouvrir tout grand ses ailes, à devenir "couleur de ciel", alors elle échapera à ses congénères, ces oiseaux de proie qui ne l'attraperont jamais parcequ'ils ne la verront "même pas, au sommet du ciel, près du soleil."



Au fond, cette mauvaise mise en scéne m'a permis de redécouvrir un fabuleux écrivain.
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Cat on a Hot Tin Roof and Other Plays

La note que je mets est pour le livre en général, avec les trois pièces.



J'aime beaucoup le style de Tennesse Williams, avec ses personnages forts, avec une forte personnalité, dans un univers où tout va vite... du moins, c'est ce que je pensais après avoir lu "La ménagerie de verre"... Mais mon opinion à quelque peu changé après la lecture de ces trois pièces. Ci-dessous, un bref résumé de ce que j'ai pensé de chaque histoire:



Cat on a Hot Tin Roof: J'ai trouvé le rythme un peu lent, et certaines scènes étaient très répétitives (mais combien Brick prend-il de verre durant cette pièce ?). Cependant, après avoir lu les trois pièces, cette histoires est, je trouve, celle qui correspond le mieux au style "Tennessee Williams". Des personnages forts, comme Big Daddy ou Big Mama, et en un sens, même Margaret. La fin m'a bien plu. Je sais que T. Williams n'est pas un grand fan des "happy end", donc je trouve cette fin suffisante et elle me convient.



The milk train doesn't stop here anymore: J'ai trouvé cette histoire super lente ! En fait, pendant tout le livre, une femme âgée est en train de mourir, et tout le monde en est conscient sauf elle ! Le but de l'autre personnage principal, Chris, n'est pas très clair, même à la fin... En fait je crois que je ne suis pas du tout entrée dans l'univers de cette histoire. Je ne pouvais m'identifier à personne, ce qui n'a pas vraiment aidé...



The night of the iguana: Cette histoires est entre les deux. Pas déplaisante, mais pas géniale non plus. Les scènes sont assez répétitives, mais les personnages sont bien développés et complexes... Les discussions entre Hannah et Shannon sont en général assez intéressantes. Mais bon... sans plus...



La ménagerie de verre reste donc ma pièce préférée de Tennesse Williams à ce jour.
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Le printemps romain de Mrs Stone

Madame Kareen Stone est une ancienne actrice américaine "en retraite". Elle s'est installée à Rome et vit entourée , selon son "amie " Meg Bishop, d'une "bande de putains somptueuses et de dandys androgynes", dont Paolo. Paolo, qui lui a été présenté par une comtesse, entremetteuse à ses heures perdues, entre de beaux jeunes hommes désargentés, et de riches femmes, surtout américaines. Une commission au passage sur les bénéfices ne fait pas de mal.

Madame Stone surnage au milieu de ces personnages, consciente de sa beauté fanée, de ces gigolos qui l'entourent, et jouant parfois leur jeu en acceptant leurs demandes financières.

Le temps qui passe ne serait rien sans les propos méchants de ceux qui veulent abuser de ces femmes à la dérive.

Cette dérive chez elle se traduit par ce qu'elle appelle la perte de sa dignité, l'abandon de toute retenue.

Le soleil qui se couche sur Rome, c'est le soleil qui se couche sue la vie de Mme Stone.

Comme le dit Paolo, p 31, "Je hais le soleil mort. je cesse de l'aimer quand la chaleur l'abandonne". Lui ne s'intéresse aux femmes que lorsqu'elles ont encore quelque chose à donner...de l'argent.
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Le printemps romain de Mrs Stone

Une actrice à la fleur de l’âge commence à se rendre compte que ses charmes disparaissent, elle fait appel à des gigolos. Un beau roman qui se passe à Rome il nous fait vivre la tristesse de cette femme. Ce livre se marque par ses personnages égoïstes qui ne pensent qu'à eux"
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Le boxeur manchot

Dans ce recueil, une nouvelle, "Le masseur noir", m'avait particulièrement touchée. J'en ai fait la lecture, sous un arbre, à un petit groupe de personnes réunies par "L'Usine bis", association culturelle de Bruxelles. Excellentes réactions.

T. Williams est indémodable.
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Soudain l'été dernier

Tennessee Williams, États-Unis, a écrit des pièces de théàtre à part.

Ses personnes centrales sont des hommes ou des femmes qui ont de grands problèmes psychiques.

Une pièce boulversante est Soudain l'été dernier - Suddenly last summer.

Adapté au cinéma.

Sujets: sexualité, homosexualité, tentative de dissimulation.



Pour plus d'information, voir lien.
Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki..
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La Ménagerie de verre

C'est un livre que j'ai du lire pour a littérature anglaise, donc je l'ai lu en VO, et heureusement pour moi car je crois que j'aurais arrêter de le lire dès la première page si je l'avais lu en français. Malgré l'histoire peu passionante les personnages sont très attachants et divertisants. Cependant ce n'est pas vraiment un chef œuvre de la littérature américaine, je suis légèrement déçus.
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