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Critiques de Thierry Beinstingel (116)
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Faux nègres

Ce roman est un sacré bouquin.

Pas toujours facile à lire mais sans aucun doute intrigant et surtout intéressant dans sa construction et son fil narratif.

Une plongée dans la France profonde, loin de Paris et du microcosme.

Point de départ : des journalistes sont envoyés en reportage dans un petit village de l'Est de la France dont la particularité est d'avoir donné à un parti d'extrême droite son meilleur score lors de la dernière élection présidentielle.

Comment ? Pourquoi ?

Ce sont les questions que va s'attacher à poser Pierre, journaliste par accident, lui qui revient sans vraiment l'avoir voulu d'un exil de vingt ans au moyen orient... Imaginez un peu la confrontation entre Pierre, redécouvrant le pays dont il s'est coupé depuis si longtemps qu'il en devient un nouveau territoire, Pierre, ouvert sur d'autres cultures au point d'en avoir épousé les environnements, adopté les façons de vivre et ces habitants auprès desquels il tente désespérément d'obtenir la réponse à cette question : pourquoi le front national ?

Accompagné de Frédéric, un preneur de son aveugle, personnage aussi savoureux qu'attachant, Pierre écoute ses interlocuteurs parler, réciter, inventer... sans jamais vraiment répondre. Tandis que pendant ce temps, les vies et les destins se dessinent...

Plume incisive, notes poétiques, interrogations historiques, politiques, contextuelles... C'est dense et c'est riche.

Disons que ça ne peut pas laisser indifférent.

Une lecture tout sauf inutile.


Lien : http://www.motspourmots.fr
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Ils désertent

La solitude en milieu périurbain. Images qui évoquent les photos de Raymond Depardon. Le centre commercial, le parking, le rond-point, la cafeteria. Le bitume à perte de vue. Des images saisissantes : des cartes postales fanées de ce début du XXIe siècle. Le sentiment du vide, la nausée. Une élégie à la classe moyenne. Tout cela sans tomber dans le misérabilisme.



Un des personnages est en début de parcours et l’autre en fin de parcours – cela n’est pas anodin à mon sens, ce sont peut-être des archétypes.

Pour le situer, certains lecteurs évoquent Simenon et Houellebeqc.



Extrait

« Cela fait des années que vous n’êtes pas passé dans le coin. Les grandes barres qui autrefois achevaient la ville paraissent plus petites que dans vos souvenirs. Plus sales aussi. Il vous semble qu’il y avait des arbres et des jeux d’enfants entre deux immeubles que vous longez, mais il n’y a plus qu’un parking avec juste une carcasse de voiture en son milieu. [ ] Juste après la station-service (maintenant désaffectée, seul reste l’emplacement des pompes), il y avait un vieux hangar en bois qui ressemblait à un ranch américain. [ ] Vous rejoignez un rond-point derrière lequel vous devinez la zone commerciale. Et c’est là, dans l’arrondi des routes, coincé entre une flopée de panneaux publicitaires, un concessionnaire d’une marque d’automobiles et une enseigne de restauration rapide que surgissent les croix blanches du cimetière militaire. » P160

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Ils désertent

Elle, elle obtient enfin le travail adapté à ses compétences qui lui permet d'accéder à la suprême récompense sociale : l'accès à la propriété. Son emploi consiste à licencier le plus ancien employé de l'entreprise qui vend pourtant avec profit des produits jugés ringards : des papiers peints. Cela fait elle pourra obtenir la consécration professionnelle.

Lui, cet employé, il vit une existence entièrement vouée à son travail de vrp sur les routes de l'Est de la France, non loin de Charleroi. Il a réussi mais sa vie privée est un échec : sa femme "est partie en goguette".

Tous deux vivent repliés dans leur "île déserte" qu'est le travail et leur vie privée est entourée de murailles, isolée de toute présence humaine sauf exceptions.

Elle n'a que l'espoir d'une ascension sociale qu'elle veut offrir à son père disparu. Mais elle ne se méfie pas de la mise en garde d'Hannah Arendt dont l'ouvrage La condition de l'homme moderne traine sur son étagère qui dit "ce que l'homme produit, l'homme le détruit et aucun objet d'usage n'est absolument nécessaire". Elle se demande à quoi peut alors servir le travail mais continue...

Lui il refuse de vendre des canapés pour une bonne raison et s'isole dans ses identiques trajets et ses gestes répétés lors des soirées d'étape mais il survit à cette monotonie grâce à Rimbaud qui l'accompagne partout.

Qu'est-ce qui pourra rompre l'absurdité de leur vie ?



Le sympathique jeu de mots du titre : île déserte ou ils désertent est la clef qui sont "ils"? On ne le comprend qu'à la fin : une bonne leçon d'optimisme.

Le lecteur peut éprouver un malaise devant l'absurdité de ces destins car il est pris à partie par l'énonciation à la deuxième personne, symbole de la modernité littéraire.Mais ne nous en tenons pas au simple effet. Il est plus enthousiasmant que l'ordre hiérarchique est bouleversé : le vous pour l'employé et le tu pour la DRH.

De belles peintures embellissent les univers anxiogènes des personnages mais la couleur annoncée de manière récurrente tout au long du texte peut être de mauvais goût ou dictatoriale (les chemisettes du chef ou les enseignes des zones commerciales. La monochromie (encore un symbole de modernité). Cela me fait penser au film de Tati Play Back . Et la réhabilitation des papiers peints à motifs symbole d'un monde perdu est amusante.

Pour rendre hommage à la beauté qui nous entoure, rien de tel que les mots : dans la plus belle scène du roman (chap 25) "l'ancêtre" résiste à la laideur ambiante par des vers de Rimbaud qu'on aimerait entendre de sa voix qui doit être sublime (description p 46-47)

Pourtant la poésie n'est qu'un refuge et peut rendre le monde irréel. La solution est donnée par Hannah : sublime fin et résurrection de la culture dans un monde trop speed. J'adore!
Lien : http://www.ac-nice.fr/lettre..
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Ils désertent

Le récit décrit bien le monde médiocre, conformiste représenté par bon nombre d’entreprises.

Un collaborateur performant doit être ‘liquidé’ parce que son apparence ne cadre pas (plus) avec les préjugés de la Direction. Les répercutions de son départ sur les résultats et donc l’avenir de la société sont secondaires. Seule la frime compte.

C’est une jeune collaboratrice qui est recrutée pour pousser ce commercial vers la sortie. Une jeune, bien évidemment, car, en principe, plus facile à manipuler.

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Vie prolongée d'Arthur Rimbaud

Par son hypothèse d'une survie de Rimbaud, ce roman nous offre une très forte relecture du mythe de Rimbaud.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Vie prolongée d'Arthur Rimbaud

Je n'ai pas trop accroché avec ce roman. Le point de départ est assez improbable mais étant une grande admiratrice de Rimbaud, j'étais très curieuse de découvrir l'histoire imaginée par l'auteur. Finalement, j'ai été dans l'ensemble plutôt déçue. C'est bien écrit et le style est clairement le point fort de ce roman même s'il manque parfois un peu de simplicité. Je me suis intéressée à cette histoire bien qu'elle ne soit que moyennement crédible, malheureusement, elle traîne en longueur et se perd dans des détails inutiles qui alourdissent le récit. Je n'ai finalement pas réussi à venir à bout de cette lecture mitigée. Dommage.
Lien : https://madimado.com/2016/10..
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Faux nègres

Je suis incapable d’abandonner un livre: je dois le finir, forcément, même s’il m’ennuie profondément. Certain(e)s diront que je perds bêtement mon temps, je le sais, mais rien y fait je dois terminer ce que j’ai commencé; quitte à souffrir, quitte à endurer, à vomir le livre que j’ai commencé. Ainsi, en-a-t-il été avec ce roman. Je ne l’ai pas aimé, je l’ai détesté. Je voulais l’abandonner mais impossible pour moi: il fallait continuer et donc le supporter. J’en suis venue à bout et quelle joie! Quelle joie de terminer un roman qu’on n’a pas compris, qu’on n’a pas saisi. Qu’a voulu raconter l’auteur? je ne le sais pas. 432 pages de lecture, des milliers de mots pour conclure par un « je ne sais pas ». Je ne sais pas ce qu’à voulu me dire ce roman, je ne sais pas les intentions de l’auteur, je ne sais pas …. j’ai lu mais je n’ai rien compris, rien saisi, rien entendu. J’ai vu des mots, des phrases mais je n’ai pas compris leur finalité; j’ai vu des synonymes, des jeux de langue mais je n’ai pas vu leur beauté; j’ai vu l’auteur essayer de raconter ce que la quatrième de couverture annonçait mais c’était, pour moi, d’une grande médiocrité. Il n’y a rien de ce que j’aurais pu espérer: je voulais de l’analyse, de la réflexion, de la puissance dans l’écriture et l’interrogation; je me suis retrouvée avec un livre que je ne saurais pas définir, ne l’ayant pas compris. Je suis littéralement passée à côté de ce roman que je ne conseillerais aucunement. A oublier.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Faux nègres

Pierre, de retour du Moyen Orient, se voit confier un article sur la montée de l'extrême droite dans un petit village de Haute Marne. Pas très excitant de se retrouver dans un hôtel défraîchi, affublé d'un preneur du son muet qu'il ne connaît pas, de tenter de traiter ce sujet qui ne lui parle pas, tout en pensant à sa belle laissée en Iran à Ispahan. Si loin d'ici.



Il y a dans ce roman une plume singulière qui s'arrête avec justesse, réalisme et humilité sur nos provinces, sur des vies, sur des histoires et des souvenirs. Il ancre son récit dans un présent très contemporain, une France dirigée par un agité du bocal puis par un mou à lunettes dont la compagne tweete vite. Une France où l'on essaie par tous les moyens de faire craindre l'arrivée des étrangers dans nos villages comme on a jadis fait trembler à l'arrivée du loup aux portes de Paris.



(.....)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Ils désertent

Un roman qui décrit de manière froide, clinique, cynique et "automatique" l'organisation du travail, la tyrannie et l'hypocrisie de l'entreprise qui déteint inévitablement sur la vie de tous les jours.



Moins bien que "retour aux mots sauvages".
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Faux nègres

Alors je vais être franche de suite, je n’ai pas fini ce livre. Je n’y suis pas du tout arrivée, à titre d’information il m’a fallu deux semaines pour lire moins de 200 pages ! Je vous jure que le mot « soporifique », ne décrirait pas assez bien ce que j’ai ressenti en lisant ces feuilles. En fait sur ce que j’ai lu, il ne se passe absolument rien ! A part une succession de détail sans importance, je pense notamment à une clôture et sa maison, ce livre ne comporte rien de consistant et de passionnant. (D’ailleurs message à ceux qui l’ont fini, je veux bien que vous me dites quand commence l’histoire.)



Ce livre comporte donc une tonne de description qui ne sert à rien, mais en plus de cela j’ai eu aussi l’impression qu’il s’éparpillait dans tous les sens. En effet, on a droit à la vie de Rimbaud, à celle du personnage principal, de son collègue, mais aussi à celle du village entier (ou presque). Ce qui fait un peu beaucoup pour une question au final je trouve.



Et d’ailleurs tout ça pourquoi ?



'Suite blog
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Ils désertent

D'habitude je n'ai pas un grand goût pour les romans qui décrivent la grisaille du monde du travail .

Ce roman là est un peu à part, car s'il est vrai que l'on voit une boite commerciale faire bêtement faillite , et une jeune diplômée utilisée pour renvoyer le vieux commercial simplement passé de mode, le roman n'est pas simpliste pour plusieurs raisons.

D'abord la langue , au début je me sentais rétive à ce qui relève de différents procédés.



Le romancier s'adresse à ses personnages, il dit «tu» à la jeune diplômée et «vous» à l’ancêtre, «on» lorsque les décideurs ne veulent pas être nommés, «ils» quand les personnages deviennent agressifs.



Cela donne une couleur un peu terne au roman, et puis, tout à coup, j'ai compris que cette ambiance impersonnelle moi aussi je la ressentais. Je suis en colère contre tout ceux qui décident d'uniformiser l'arrivée dans nos villes et nos villages .



Que vous arriviez à Dinard, Saint-Malo, Dinan, vous passerez par les mêmes zones semi industrielles et commerciales que traverse aussi le vieux commercial.



Et si vous voulez vous y loger avec un salaire moyen, vous habiterez des lotissements qui ressemblent à ceux de Dijon ,Marseille , Rennes et à l'endroit où habite la jeune diplômée.

Je connais mal le monde des affaires, mais ce n'est pas difficile d'imaginer que si une boîte qui vend des canapés rachète un grossiste de papiers peints , elle n'aura aucun intérêt à développer la vente des dits papiers peints!



Et pour vivre et rêver?



Et bien il reste la littérature .. Rimbaud Hannah Arendt et la solution au monde qui va si mal? le romancier en propose une à laquelle je ne crois guère: ouvrir une librairie..
Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Ils désertent

Commencé sur le jeu de mot du titre , ce livre ne tient pas ses promesses de légèreté, et sa critique sociale est si inaboutie qu'elle ne peut lui servir d'excuse. .



Deux personnages principaux, au sein d'une même entreprise. Une jeune femme dynamique mais bien seule , arrivée à la force des poignets, responsable des ventes désignée par « tu ». Un VRP quinquagénaire bourru, affublé des surnoms de « l'ancêtre » et « l'ours », homme charmant et sensible, en fait, le livre nous le révélera (ha!ha ! Elle a su dénicher le rare en lui!), désigné par l'auteur par « vous ».

Elle est chargée de le licencier (on ne comprend pas très bien, car c'est lui qui réalise le plus gros chiffre de ventes, mais vous savez comme les entreprise sont méchantes). Tous deux apprennent au fil des pages que le travail et la reconnaissance sociale ne sont peut-être pas l'essentiel dans la vie. Sacrée découverte !

Bon, c'est assez cliché, même si il y a des descriptions parfois savoureuses de la solitude des êtres et de la vie de province.

Il y a quelques trouvailles littéraires (le tu/vous, les listes d'adjectifs) mais qui paraissent vite assez vaines. Le fait que lui soit passionné de Rimbaud et qu'elle lise Anna Harendt alourdit plutôt qu'il n'élève le propos.

Ce n'est pas un mauvais livre, mais c'est loin d'en être un bon, je trouve.
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Ils désertent

"Ils désertent" était dans la 1ère sélection des prix Goncourt et Fémina et pourtant il semble avoir été un peu oublié par la critique.



C'est un livre très actuel sur le monde de l'entreprise dont j'ai apprécié l'écriture originale.



Le titre est un jeu de mots. On peut entendre "Ils désertent" qui suggère le mouvement, mais aussi île déserte qui renvoie à la solitude et à un certain immobilisme.



Les deux principaux personnages, un vieux VRP, dit l'ancêtre et une jeune directrice des ventes, ne sont jamais nommés. Ils s'expriment tous deux à la 2ème personne, lui par le vouvoiement et elle par le tutoiement.



Tout les oppose.



Lui a participé à la création de l'entreprise. Depuis 40 ans il sillonne la France des zones commerciales pour vendre ses papiers peints aux grandes enseignes. Il a ses clients attitrés et il a de bons résultats.



Elle est jeune et vient d'être recrutée. On lui fait miroiter un poste de directrice des ventes à une condition: qu'elle licencie l'ancêtre qui refuse d'évoluer en vendant également des canapés.



La question centrale du livre est de savoir jusqu'où, dans une entreprise, on peut entrer en résistance et dire non à un objectif.



C'est un livre intelligent, original, émouvant aussi et bien écrit.



Pourtant...

une fois refermé, malgré le plaisir que j'ai eu à le lire, il me semble qu'il ne va pas me laisser un grand souvenir.
Lien : http://leslivresdechris.blog..
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Ils désertent

Chacun sa route, chacun son chemin. "Ils désertent" trace le destin de deux personnages jamais nommés. Elle est jeune, sportive, diplômée d'une école de commerce et accède enfin à un emploi au niveau de sa formation après avoir vivoté en compagnie d'autres jeunes précaires comme chef de rayon dans une enseigne commerciale dédiée aux sports.

Il est en fin de carrière, quarante ans de métier, commercial, représentant, commis voyageur, il a été au gré des évolutions du langage, un fidèle vendeur de papiers peints. Fin de carrière qui lui autorise de la distance et de la constance, il ne vendra pas les nouveaux produits que les managers de l'entreprise qu'il a contribué à fonder imposent à leurs équipes au nom d'un business plan bien incertain. On l'appelle l'ancêtre ou l'ours dans la société relookée par de chefs adeptes du management par le stress.

Les chapitres alternent les parcours de l'un et l'autre. Le tutoiement et le vouvoiement choisis par l'auteur pour rapprocher le lecteur de ses personnages fonctionne à merveille, l'empathie nous gagne lorsque nous la tutoyions la sportive, lorsque nous le vouvoyons l'ancêtre. L'inéluctable fatalité économique, la tristesse des paysages de banlieue, les autoroutes la nuit, l'indifférence ordinaire s'incarnent et rendent le récit tendu et poignant.

Roman très contemporain, roman social, "Ils désertent" est aussi empreint de poésie, de finesse, d'optimisme.





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Ils désertent

Elle, elle obtient enfin le travail adapté à ses compétences qui lui permet d'accéder à la suprême récompense sociale : l'accès à la propriété. Son emploi consiste à licencier le plus ancien employé de l'entreprise qui vend pourtant avec profit des produits jugés ringards : des papiers peints. Cela fait elle pourra obtenir la consécration professionnelle.

Lui, cet employé, il vit une existence entièrement vouée à son travail de vrp sur les routes de l'Est de la France, non loin de Charleroi. Il a réussi mais sa vie privée est un échec : sa femme "est partie en goguette".

Tous deux vivent repliés dans leur "île déserte" qu'est le travail et leur vie privée est entourée de murailles, isolée de toute présence humaine sauf exceptions.

Elle n'a que l'espoir d'une ascension sociale qu'elle veut offrir à son père disparu. Mais elle ne se méfie pas de la mise en garde d'Hannah Arendt dont l'ouvrage La condition de l'homme moderne traine sur son étagère qui dit "ce que l'homme produit, l'homme le détruit et aucun objet d'usage n'est absolument nécessaire". Elle se demande à quoi peut alors servir le travail mais continue...

Lui il refuse de vendre des canapés pour une bonne raison et s'isole dans ses identiques trajets et ses gestes répétés lors des soirées d'étape mais il survit à cette monotonie grâce à Rimbaud qui l'accompagne partout.

Qu'est-ce qui pourra rompre l'absurdité de leur vie ?



Le sympathique jeu de mots du titre : île déserte ou ils désertent est la clef qui sont "ils"? On ne le comprend qu'à la fin : une bonne leçon d'optimisme.

Le lecteur peut éprouver un malaise devant l'absurdité de ces destins car il est pris à partie par l'énonciation à la deuxième personne, symbole de la modernité littéraire.Mais ne nous en tenons pas au simple effet. Il est plus enthousiasmant que l'ordre hiérarchique est bouleversé : le vous pour l'employé et le tu pour la DRH.

De belles peintures embellissent les univers anxiogènes des personnages mais la couleur annoncée de manière récurrente tout au long du texte peut être de mauvais goût ou dictatoriale (les chemisettes du chef ou les enseignes des zones commerciales. La monochromie (encore un symbole de modernité). Cela me fait penser au film de Tati Play Back . Et la réhabilitation des papiers peints à motifs symbole d'un monde perdu est amusante.

Pour rendre hommage à la beauté qui nous entoure, rien de tel que les mots : dans la plus belle scène du roman (chap 25) "l'ancêtre" résiste à la laideur ambiante par des vers de Rimbaud qu'on aimerait entendre de sa voix qui doit être sublime (description p 46-47)

Pourtant la poésie n'est qu'un refuge et peut rendre le monde irréel. La solution est donnée par Hannah : sublime fin et résurrection de la culture dans un monde trop speed. J'adore!



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Retour aux mots sauvages

Une écriture qui retraduit le monde du travail aseptisé, incohérent. Où l'on se trouve seul même si on est parmi les autres. Pas de révolte, pas de bruit et un cynisme incroyable.

A lire
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Ils désertent

Elle est nouvelle dans la boîte, chef des ventes même, et sa première mission est de virer le meilleur vendeur de papier peint :"L'ancêtre" comme disent ses collègues. Le seul vrp qui se promène avec ses échantillons reliés comme des beaux livres et ,sans doute le seul à se passionner pour Rimbaud, quitte à se recueillir sur sa tombe quand il est dans le secteur.



Ce roman surprend par le style littéraire employé mais aussi parce qu'il laisse transparaître autre chose que cette peinture du monde du travail.

Il se dégage de ces "portraits d'entreprise" une certaine poésie et une mélancolie tout en laissant place à l'espoir à la fin du roman.
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Autour de Franck

En marge de « Franck » le livre d'Anne Savelli paru l'année dernière chez Stock

deux textes

d'Anne Savelli « douze façons de parler de toi» : « fait de fragments dont la progression, qui peut sembler chaotique à première vue, suit cependant la trajectoire de Franck. On y trouve, à intervalles réguliers, des photographies prises sur la plage de Wimereux, station balnéaire située près de Boulogne-sur-Mer, lieu réinventé de son adolescence. L'humiliation, la mer : voilà ce qui m'a guidé. » comme elle le présente

de Thierry Beinstingel « avant Frank » écrit en réaction à la lecture du livre d'Anne Savelli : les histoires d'une jeunesse fugueuse, dix ans avant, et la gare de l'Est comme Franck, d'autres lieux, une rupture, un chemin en équilibre, sans stabilité

et puis un fichier mp3 ou incorporé à l'eBook d'une lecture croisée par eux, la haite et frêle voix d'Anne Savelli, sa fragilité et sa précision extrême dans la diction, alternant avec la voix ferme de Thierry Beinstingel.

On peut lire aussi le billet de Pierre Ménard, responsable de la réunion et de l'édition numérique des éléments constituant «autour de Franck » sur http://www.liminaire.fr/spip.php?article1364

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Retour aux mots sauvages

Lui, c'est le nouveau dans l'entreprise. On lui demande de choisir un prénom pour ce métier de téléopérateur. Il a choisi Eric. Répondre au téléphone, déblatérer à ces clients anonymes des questions types. Vendre les nouveaux produits pour atteindre les objectifs. L’ancien électricien est devenu Eric. Il parle toute la journée pour ne dire que des formules, des phrases préconstruites. Des suicides surviennent dans l’entreprise. L’incompréhension, l’incrédulité cèdent place à des questions de fond. Un jour, Eric rappelle un client pour lui donner un renseignement. Il téléphone à un client de son propre gré sans autorisation.



L’écriture singulière de ce livre m’a harponnée. Une écriture qui donne une force, un pouvoir aux mots. Pas de fioriture pour ce livre sur la déshumanisation du monde du travail. Des entreprises où la personne est considérée comme un objet de rendement et perd son identité.

Les mots, Eric en dit à longueur de journées au téléphone. Des mots choisis, pesés par des spécialistes du marketing. Toujours être poli envers le client sans rentrer dans la bulle du personnel ou de l’intime. Garder ses distances avec le client mais sans le lui montrer. L’allécher par un discours et lui vendre le nouveau produit. Dans l’entreprise où Eric travaille, des employés se suicident. Sur d’autres sites ou dans d’autres services. Il y a les réactions de l’extérieur : ce n’est pas possible, on ne se suicide pas à cause de son travail. Eric rappelle un client au téléphone, lui rend service.



La suite sur :

http://fibromaman.blogspot.com/2010/11/thierry-beinstingel-retour-aux-mots.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Seize nouvelles

J'ai lu ce petit ouvrage coloré, et joliment illustré, avec curiosité et force a été de constater que les textes édités sont de qualité relativement inégales. Il ne faut pas s'attendre à y trouver "des nouvelles" à proprement parler mais plutôt des réponses à un défi, ou à une commande, celle d'une "recette secrète" à dévoiler. Chacun a donné sa version du thème, comme dans un atelier d'écriture. On peut les imaginer tous réunis autour d'une table... Les résultats sont souvent plutôt amusants.
Lien : http://antigonehc.canalblog...
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