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Critiques de Thomas Gunzig (550)
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Feel good

Excellent ! Ce roman est une bombe ! Satire sociale réussie et brillante de notre misère sociale où cohabitent émotions, réflexions et humour. Un régal littéraire et c’est du belge ! Bravo Thomas Gunzig, je me suis pourléchée les babines de mon âme en vous lisant.



Au début, nous faisons connaissance avec Alice, née dans une famille du « tout juste ». Tout juste pour les fins de mois, tout juste pour manger, tout juste pour payer les factures. Et ce « tout juste » va la poursuivre de longues années. Avec son petit garçon Achille, elle écume la misère mangeant des spaghettis au beurre cinq jours sur sept. Ce portrait de la misère d’aujourd’hui m’a fait froid dans le dos. Car c’est bel et bien la crise. Même en travaillant, on frise la survie et la désespérance. Alors sans boulot, c’est la galère. Pauvre Alice qui même avec tout son courage patauge encore et encore. Aux portes du désespoir, Alice après avoir écumé toutes sortes de solutions pour s’en sortir, petits boulots dégradants, vols, prostitution, elle se lance dans le projet de kidnapper un bébé d’un riche qui devrait selon ses plans lui verser un bon pactole pour récupérer sa précieuse.

Mais le destin est capricieux et rigole dans son coin en nous jouant les pires déconvenues.



Arrive Tom, enfant moyen, étiqueté très jeune comme débile, enseignement spécial puis un début d’âge adulte difficile où il rêve de devenir écrivain, le prochain prix Goncourt mais Tom reste moyen. Ses livres sont moyens, sa vie moyenne, la misère fait à nouveau son apparition. Autant pour Alice que pour Tom, cette misère suit nos héros comme une sangsue agrippée à leur gorge, à leurs poches, une misère qui pue et fait honte.



Deux personnages profondément humains et attachants. Une écriture qui percute dans laquelle on est happé directement sans le moindre ennui. Une palette d’émotions vertigineuses, larmes, colère, espoir et rire, le tout se partage le premier rôle à tour de rôle dans ce roman.



Feel good c’est quoi en somme quand cette foutue misère humilie nos protagonistes ? Feel good c’est l’envers du décor, la lumière qui brille dans le noir, une vie de merde qu’on renverse à plat de couture parce qu’on n’a plus rien à perdre.



Ce roman donne une pêche incroyable au sens propre comme figuré. Il donne envie d’y croire, de se battre encore une fois, de devenir écrivain,... ça fourmille d’idées, de force, d’espoir. Un magnifique roman que je ne peux que vous recommander. Et qui est tout sauf un feel good.

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Rocky, dernier rivage

« Il savait que si tout le monde faisait comme lui, le monde s'effondrerait encore plus rapidement, le changement climatique serait encore plus brutal... mais tout le monde ne faisait pas comme lui. Tout le monde n'était pas aussi riche qu'il l'était, alors il pouvait s'en foutre, l'argent lui donnait aussi ce droit-là, le plus merveilleux, le plus absolu de tous les droits : s'en foutre. »



Fred en a d'ailleurs tellement rien à foutre, qu'il a comme beaucoup de riches, prévus la roue de secours en cas d'effondrement. Cette roue de secours c'est Safety for life, une agence spécialisée pour créer des sanctuaires sécurisés en cas d'apocalypse.

***

Certains dans notre réalité, vise Mars ( mais je me souviendrais de L'Obscur de Philippe Testa où un champignon détruit les récoltes, incitant les riches à se bouffer les uns les autres car les ressources de base ne sont que sur une seule et unique planète : la nôtre), d'autres préparent des Bunkers (et là je me demande quel est l'intérêt de s'enterrer vivant ? Mais comme je ne suis pas riche, je ne peux pas comprendre le concept de s'enterrer dans un bunker alors qu'il suffirait de dépenser ses milliards à sauver la planète) et puis y a Fred, qui a choisit une île.

***

"Les riches qui règnent sur une société en voie d'effondrement s'achètent seulement le privilège d'être les derniers à mourir de faim." Jared Diamond

Mais Fred doit connaître cette citation de Jared Diamond, car il a très largement pensé à la nourriture. Sa roue de secours est en béton armé. Il ne peut pas manquer de nourritures. Il ne peut pas manquer d'énergie avec un système hydraulique, éolien, solaire et même un générateur. Il ne peut pas manquer de loisirs avec plus de 50 téraoctets de films, musique et ebook. Il ne peut pas manquer de médicaments. Il ne peut pas manquer de vêtements. Il a tout prévu… Il a même embauché deux domestiques ( et là je me marre car en tant que prolétaire de père en fille, je vois venir le truc…)

Mais enfin, pourquoi les domestiques s'évertueraient à donner du temps aux riches, si l'argent n'existe plus ?

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1/ Adieu classe social : Il n'y a pas de classe social pendant la fin du monde !! Les seuls dominants sont ceux qui savent manier les armes et se battre. Les seuls dominants sont ceux qui savent faire pousser des patates et traite une vache. Et comme l'évoquerait Murphy dans Znation : on n'a pas besoin de banquier, mais on a des chiottes, il faut quelqu'un pour récurer les chiottes. Et je me pose toujours cette question, lorsque les riches s'enfermeront dans leur tour, leur bunker ou leur île dorée pendant l'apocalypse, il n'y aura personne pour récurer leurs chiottes… Ils devront tout faire eux-mêmes. Au lieu d'investir pour sauver la planète, ils investissent pour se fabriquer une prison en cas de fin du monde. Je ne suis pas nantie, c'est un concept que je ne peux pas comprendre : mais que ce soit un vaisseau spatial, un bunker ou une île, c'est et ce ne sera finalement, qu'une prison. Une prison où ils boufferont des repas déshydratées et des barquettes surgelées pendant des décennies et qui leur feront regretter les Grands Chefs. Une prison qu'ils devront nettoyer. Et la rolex ne les sauvera pas, ni la belle chemise Gucci, ni le caviar ou la bouteille de vin ultra-chère. Ils seront dans une prison et c'est tout. L'apocalypse efface les employés et les employeurs, efface les comptes en banque, efface la hiérarchie, efface la rentabilité, le capital, la bourse, tout ça n'est plus rien que des mots du passé.

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2/ Adieu le faire-valoir : se lever le matin pour montrer sa réussite sociale, la qualité de ses crèmes anti-rides, ses beaux vêtements, ses beaux cheveux… « A quoi cela servait-il d'être beau et bien conservé quand personne n'était là pour le voir ? » Et tout ce qui était motivant pour se lever et donner un sens à l'existence de sa porche ou de sa rolex, devient ridicule. Cependant, Fred n'accepte pas cela. D'ailleurs, il pense encore que ses domestiques vont le voler, car il accorde trop d'importance au matériel. Il ne comprend pas que ce n'est plus important… Il est en colère que toute sa réussite sociale ne soit plus que poussière dans ce nouveau monde. Il ne réalise pas que ce sont les objets qui le possèdent et non l'inverse. Que sa belle prison de verre qu'il a pu s'offrir pour survivre à l'apocalypse n'est que l'illusion du monde d'avant.



*******

3/ Adieu oisiveté envié : Ce qui fait la beauté de l'existence, ce sont nos sens en éveille. Ce qui est plaisant à contempler, comme la nouveauté ( « si un Arc-en-ciel dure un quart-d 'heure, on ne le regarde plus », Goethe), la nature, les animaux, les arbres. Ce qui est beau à écouter comme le chant des oiseaux, le bruit des vagues, les grillons le soir… Les odeurs de lavande, de pluies, de nourritures… Etc… Est-ce que les riches, qui ont tellement l'habitude de voir de magnifiques paysages, font-ils encore attention ? Probablement non, sinon ils ne s'évertueraient pas à chasser les animaux pour le plaisir ou capitaliser sur les ressources… Est-ce que les riches observent le panorama avec des dollars dans les yeux ? Avec ses billets devant les yeux, ils ne peuvent plus bien le voir alors ils le détruisent ?…

Mais la beauté de l'existence, c'est également les rencontres, l'amour, l'amitié, la famille. Si vous fondez votre vie sur l'argent, l'apparence et vos possessions matérielles, que se passera-t-il lorsque vous serez sur une île déserte, avec pour compagnon votre épouse vénale et vos enfants qui n'ont jamais manqué de rien financièrement ? Vos enfants qui vont grandir sans ami, sans histoire romantique ?

L'ennui va les dévorer. Très vite, ils vont se liquéfier à travers le Xanax, l'alcool et les écrans numériques… Rien ne pourrait être pire que cet ennui ? C'est alors qu'une tempête solaire provoque une sorte de blackout numérique sur tout leur système (alors je n'y connais rien, mais en gros toutes les sauvegardes de films, musiques et ebook disparaissent), ne laissant qu'un seul film. le dernier film au monde que l'on peut encore regarder : Rocky de Sylvester Stallone. Le seul et unique film pour le restant de leur existence.

«Il n'y aurait plus jamais d'albums en général. Plus personne ne ferait de musique. Ni de nouveaux films, ni de nouveaux romans, ni de nouvelles peintures. »

Alors la citation de Jared Diamond, nous allons la modifier un petit peu : les riches qui règnent sur une société en effondrement, ne s'offrent que le privilège d'être les derniers à regretter ce qu'ils n'ont pas voulu sauver lorsqu'ils le pouvaient…



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En réalité je m'égare avec mes points de vue sociaux. Car Fred, Helen, Alexandre et Jeanne se retrouvent sur cette île de fin du monde, à cause d'un virus. Ils ne sont pas responsables d'avoir détruit la planète. Et c'est peut-être cela qui les rend inaptes à se construire, car ils ne sont pas responsables. Ils subissent la perte de tout ce qui pour eux avait de la valeur. Au même niveau que le reste de l'humanité et ils n'ont que deux choix : continuer à vivre dans l'illusion du monde d'avant, ou réapprendre à vivre différemment. Ceci dit, je ne vois pas comment ils pourraient être heureux, surtout les enfants qui vont grandir sans personne d'autre qu'eux-mêmes. Riches ou pauvres, sur une île déserte, on est seul.



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Un très très grand merci à Babelio et les Editions Au Diable Vauvert de m'avoir sélectionnée pour cet excellent roman, lors de la masse critique Automne 2023.



Le plus jouissif dans cette lecture, c'est de les observer comprendre petit à petit ce que nous avons compris depuis longtemps. Très plaisant à lire toutes ses pages sarcastiques.
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Rocky, dernier rivage

Ils sont riches, ils sont privilégiés. Mais tout cela pourrait rapidement se conjuguer au passé, tant la catastrophe annoncée depuis des décennies est imminente. Alors ls s'organisent. Celui qui a fait fortune lorsque le feu couvait met sa famille à l'abri, à 600 km des côtes, il a même effacé toute trace de l'île sur Google.

Son épouse, ses deux adolescents et un couple d'employés se retrouvent en huis clos sur ce petit territoire où rien ne manque, aucun risque immédiat de disette ou d'ennui : les provisions abondent let les disques durs regorgent de tout ce ce que la culture effondrée a pu créer de divertissement.



Mais que deviennent les valeurs de l'humanité dans un tel isolement ? Quel est le sens de cette mise à l'abri ? Comment simuler une normalité que la catastrophe a balayée ? Que signifie tout simplement être riche dans un contexte où l'argent n'a plus court ?





Coup de coeur absolu pour ce roman post apocalyptique, qui m'a rappelé les huis clos qu'écrivit. Robert Merle dans les années 70. Huis clos qui finissaient toujours dans le sang.





Le pourquoi de l'effondrement est abordé dans un scénario crédible, mais là n'est pas le sujet. Il s'agit surtout d'interroger le sens de nos existences, en tant que prisonniers d'un système d'autodestruction, une obsolescence programmée. le paradigme est mort, il faut tout réinventer.





Véritable tourne-page, difficile à lâcher.



368 pages Au diable Vauvert 31 août 2023


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Le sang des bêtes

Ce roman, j’ai bien envie de la qualifier de fantaisiste, toutefois je ne pourrais me permettre de le maintenir dans cette catégorie car il renferme plus que la fantaisie qui est présente au service de vérités que l’auteur avait envie d’exposer.



Tom, le personnage principal y fait figure d’individu déprimé. Il se demande de quoi est faite sa vie, sa vie de bodybuilder dominé par l’apparence des individus, qui côtoie sa femme par habitude, qui passe du temps à se poser des questions auxquelles il ne peut répondre.



Puis il rencontre N7A, jeune femme sans identité, qu’il invite à s’installer chez lui, entre sa femme qui accepte bien difficilement cette présence, son fils qui se sépare de son épouse et son père qui s’installe là afin de n’être pas seul pour recevoir la chimiothérapie qui le guérira de son cancer.



On constatera que ce lieu de vie commun n’est autre qu’une poudrière dans laquelle N7A constituera l’étincelle…



Mais N7A est bien plus, elle est celle qui fera réfléchir, se poser quelque temps pour observer sa vie, peut-être même pour changer…



On observera des habitudes et des comportements par lesquels la micro-société que compose cette famille pourrait s'enrichir comme notre société actuelle si riche de ses différences.



On notera également l'importance de posséder une identité pour un individu, avec une pensée pour les personnes qui, dans nos populations, ne peuvent se faire une place, parce qu'elle ne peuvent se définir elle-même.



Bravo à l’auteur qui offre au lecteur un roman capable de faire réfléchir et sourire en même temps.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Le sang des bêtes

Tom , la cinquantaine, est vendeur d'aliments protéinés et autres pour des personnes qui fréquentent les salles de musculations, font des régimes et veulent améliorer l'apparence de leurs corps. Il s'applique à améliorer sa silhouette depuis l'âge de 17 ans, d'abord chez lui et ensuite dans des salles de sport.

Il n'est pas mécontent du résultat et ce qu'il désirait surtout, c'est d'échapper à son déterminisme physique de Juif ashkénaze long, filiforme, maigre, sans muscles.

Il vit avec Mathilde depuis 25 ans , par habitude maintenant.

Son fils, Jérémie, revient chez eux. Il ne s'entend plus avec sa compagne.

Son père, très âgé, atteint d'un cancer, revient chez eux également.

Et par-dessus le marché, Tom recueille N7A , une jeune dame qui se faisait maltraiter par son propriétaire comme elle l'affirme et ce, devant le magasin de Tom.

Tom est généreux mais perdu dans sa vie, on a envie d'affirmer qu'il est dépressif. Il avoue n'avoir plus de désir pour rien.

Pas joyeux au début mais je me suis vite laissée prendre par les réflexions très profondes de l'auteur, son humour pas commun et son écriture magnifique, tellement agréable au point de relire des passages.

Très étonnante la façon dont tous les personnages en présence l'un de l'autre se parlent, en toute franchise, sans dentelles.

Thomas Gunzig fait preuve de beaucoup d'imagination quant à la provenance de la jeune femme. On se doute qu'il glisse pas mal d'éléments autobiographiques dans son récit, notamment au sujet de ses origines paternelles. Il a sensiblement le même âge que son héros aussi.

Pour la lectrice que je suis, j'ai aimé voir revenir le soleil après une période sombre et cela petit à petit.

Un très beau roman d'un auteur que j'avais beaucoup apprécié dans "Feel good" qui sort maintenant en poche et qui était parfaitement en harmonie avec les évènements des gilets jaunes.



Un tout grand merci à Masse critique de Babelio et aux éditions " Au Diable Vauvert" . Un beau cadeau que cette lecture d'un auteur qui vaut vraiment la peine d'être lu.

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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Tous les amoureux de Blake et Mortimer se souviennent du Mystère de la Grande Pyramide, la deuxième aventure de nos héros préférés, scénarisée et dessinée par Edgar P. Jacobs. C’est dans cette BD que le cheik Abdel Razek égrainait sa célèbre formule magique « Par Horus demeure ! » avec laquelle il envoutait et détruisait l’esprit du méchant de service, le fameux colonel Olrick.



Dans le Dernier Pharaon, François Schuiten dessinateur de bande dessinée et scénographe belge, nous propose une suite à l’album de Jacobs qui date de 1950. Avec cette histoire complète, François Schuiten nous livre une version personnelle sans chercher à copier le Maître Bruxellois. En refusant d’être un adepte de la ligne claire, il n’en demeure pas moins que son trait hachuré et tout en volume reste agréable à parcourir. Ses personnages sont bien dessinés et ses bâtiments sont d’une réalité époustouflante. Cette marque de fabrique se retrouve en effet dans la magnifique reconstitution qu’il nous fait de Bruxelles et de son palais de justice où se passe l’action principale.



Les deux scénaristes Jaco van Dormael et Thomas Gunzig qui ont accompagné François Schuiten dans cette écriture à trois mains, ont su apporter une touche d’originalité dans une histoire qui sait préserver malgré tout la marque Jacobs. Un rayonnement électromagnétique qui condamne le fonctionnement des appareils électriques, un côté apocalyptique mêlé de fantastique et d’ésotérisme à la sauce archéologique, tous les ingrédients sont réunis pour une histoire qui vous mènera de la première à la quatre-vingt douzième page d’un seul trait de plume. Le trait d’union de 69 ans entre l’œuvre originale et cette suite, est une vraie réussite.



Les habitués de la ligne claire seront surement déçus par cette version. Les amoureux des bulles remplies de texte à n’en plus finir ne trouverons pas leur compte. Certains crieront au crime de lèse-majesté en voyant leur Blake et Mortimer vieillis. Les tenants du « c’était mieux avant » fuiront cette BD. Le « Nostalgie quand tu nous tiens » et le « Que diable allait-il faire dans cette galère?» ont tous les deux bien fonctionné pour notre ami François Schuiten. La sauce a bien pris et elle nous livre un très beau cadeau qui aura toute sa place dans les présents de fin d’année !!!

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Feel good

Alice grandit dans un foyer aimant. Papa, professeur de gymnastique, et maman au foyer depuis que la supérette dans laquelle elle travaillait a fermé. Malheureusement, Papa décède d'un cancer foudroyant alors qu'elle n'a que 12 ans. Dès lors, la vie devient « tout juste » avec la maigre assurance-vie et le chômage. À 20 ans, elle se présente à la boutique de chaussures Bocacci... 25 ans plus tard, elle y travaille encore. C'est là qu'elle rencontre Nathan, un client. Rapidement, ils forment un couple et deux mois plus tard, Alice est enceinte. Chose que Nathan n'est pas prêt à assumer. La jeune femme élève alors seule Achille. Tout se passe bien jusqu'au jour où madame Moretti, de par son âge avancé et un chiffre d'affaires en baisse, ferme boutique. Dès lors, la vie devient « tout juste », malgré les petits boulots, les vols à l'étalage... Elle a alors une sombre idée en tête et c'est là, par un curieux hasard, qu'elle va faire la connaissance de Tom, un écrivain qui vivote de ses livres...



Être tout juste tous les mois, calculer le moindre euro dépensé alors qu'elle voudrait tant, à tout le moins, nourrir son fils autrement qu'avec des pâtes 5 fois par semaine, quant aux petits plaisirs, n'en parlons pas, ça commence à la miner, Alice. Alors, faut-il être désespéré au point d'enlever un enfant et réclamer une rançon ? Mais son plan, aussi foireux et original soit-il, va l'entrainer dans un tout autre chemin. Chemin que Tom va, bien malgré lui, emprunter aussi. Cette satire sociale, originale, entrainante, tout à la fois touchante et drôle, dépeint une réalité bien triste et explore, intelligemment et avec vivacité, divers thèmes tels que la précarité/pauvreté, les inégalités sociales, l'écriture, le milieu littéraire, l'amour, le paraître... Les personnages d'Alice et Tom sont touchants, attachants, et profondément humains. Si la première partie se veut plus sociale, réaliste et dénonciatrice, la seconde se révèle fantaisiste, grinçante parfois et enlevée. Un roman finement mené et savamment dosé...
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10 000 litres d'horreur pure : Modeste cont..

Ce qui s'apparente au départ à une dédicace envers les films de slashers (la cabane dans les bois, rencontre de bouzeux, post-ados stéréotypés, huis-clos, décisions stupides et voiture en panne), devient finalement un grand hommage au cinéma Bis.

Sous-culture comme dirait le titre.

Mais on s'en rend compte au fur et à mesure que les codes du slasher ne sont pas respectés : une fille finale? Une vieille vengeance? et dit donc la miss bimbo débile n'est pas si débile enfin de compte. Et la science bien évidemment, même si le scientifique fou en est absent, la science avec son protagoniste chimiste vient argumenter ce brillant hommage à la série Z science-fiction/horrifique (Plan 9 from outer space n'a qu'à bien se tenir face à cette invasion plus que bizarroïde). Car de l'horreur il y'en a mais c'est un cauchemar complètement fou qui vous entraînera dans une cave à 1000m, des expériences génétiques, des frigos et des baignoires, des créatures inimaginables et des bébés aquatiques carnivores. Tout y est, entre la folie incohérente et le génie de l'imagination.

Et c'est bien écrit, alors je ne peux émettre que du ravissement face à ce beau clin d'oeil envers le cinéma Bis.

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Feel good

D'abord il y a Alice, 46 ans, mère célibataire d'Achille, 8 ans. Fille unique, grandie dans une famille où le père adoré est mort quand elle avait 12 ans et où la mère a perdu son travail et n'en a jamais retrouvé. Alice connaît depuis longtemps le sens du « tout juste » : tout juste de quoi payer à manger et les factures urgentes. Pour le reste (loisirs, chouettes vêtements, coiffeur, vacances,...), il y a les rêves. Alice grandit, ne fait pas d'études, trouve à 19 ans un travail de vendeuse dans un petit magasin de chaussures. Rencontre des garçons, Nathan, notamment. le plus courageux de tous : il la laisse tomber sans états d'âme lorsqu'elle lui annonce qu'elle est tombée enceinte accidentellement : « c'est toi que cela regarde. J'ai pas à assumer ça ». Dont acte. Alice accouche, élève Achille, l'inscrit à la crèche puis à l'école. Ça coûte cher, mais jusque là elle s'en sort « tout juste ». Puis le magasin de chaussures ferme, la faute aux centres commerciaux en périphérie de la ville et aux grandes chaînes de magasins spécialisés. Alors ce n'est plus « tout juste », c'est la dèche totale, la misère. Alice enchaîne les boulots alimentaires, mais cela lui laisse à peine de quoi faire des pâtes au beurre tous les jours. Alice chercher désespérément une idée qui la rendrait riche d'un seul coup, pour longtemps et à coup sûr.

Et puis il y a Tom, 45 ans, qui vient de se faire larguer par sa femme. Enfant un peu « à part », placé dans l'enseignement spécialisé, il sentait depuis tout petit qu'il était différent, un génie incompris, et qu'il serait plus tard un grand écrivain. Et de fait, Tom écrit des romans, mais ils n'ont que très peu de succès. Donc Tom n'est pas riche, il est même pauvre, mais il compte quand même sur son roman en cours d'écriture pour le sortir de là, au moins un peu.

Forcément, Alice et Tom vont se rencontrer, au détour de l'idée, aussi désespérée que rocambolesque, qu'a eue Alice pour devenir riche. Une idée qui va changer leur vie à tous les deux, mais pour le meilleur ou pour le pire ? Un indice : ceci n'est pas un roman feel good...

Je ne vous dirai pas si cette histoire finit bien, seulement que ces pages vous feront ressentir ce qu'est la vie quotidienne infernale des gens en situation de précarité, dont le porte-monnaie est vide le 12 du mois (chaque mois), qui courent les hard-discounts pour se nourrir et les agences d'interim pour trouver un boulot à la noix (n'importe lequel) et ne pas perdre leurs allocations de chômage et/ou se retrouver à la rue, qui se privent de soins médicaux pour acheter des chaussures (en seconde main) à leurs enfants, qui ne vont jamais au resto, au ciné, au théâtre ou en vacances. Des gens humiliés par la vie et sa bureaucratie absurde mais qui tentent de rester dignes, jusqu'à ce que le désespoir les pousse dans leurs derniers retranchements.

Cette comédie humaine très réaliste aurait pu être sombre, sinistre, totalement déprimante. le monde qu'elle donne à voir n'est pas réjouissant, mais l'auteur est un joyeux pessimiste, alors il donne à ses personnages désespérés un grain de folie, d'audace et de force., pour alléger le tout.

Entre satire sociale et réflexion affûtée et parfois cynique sur le travail d'écrivain/d'écriture (ça sent le vécu), "Feel good" est un roman attachant (y compris au sens premier du terme puisqu'on ne le lâche plus une fois commencé), qui sonne très juste. L'auteur a un grand talent de conteur, la plume fluide et le sens de la formule (pour ceux/celles qui connaissent ses chroniques en radio, on croirait l'entendre nous lire le livre dans notre tête). Ce n'est pas du feel good, mais vous vous sentirez bien quand même, parce qu'à la fin il y a un peu d'espoir qui perce à travers le brouillard des difficultés (cf la fleur qui éclot sur le cactus de la couverture). Et surtout, parce qu'il y a toute l'empathie et la tendresse de Thomas Gunzig pour ses personnages paumés de la vie.
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La vie sauvage

La vie sauvage, c'est celle de Charles, seul survivant, alors qu'il n'était qu'un bébé, d'un crash aérien quelque part au-dessus de la jungle africaine. Recueilli par un groupe d'hommes armés en guerre perpétuelle, tantôt victimes, tantôt bourreaux, contre une autre bande, une autre milice, tribu ou ethnie, il grandit sous l'aile de Cul-Nu, son père adoptif à l'immense culture générale, féru de littérature et de poésie. Elevé au milieu des mots de Verlaine, de Baudelaire ou de l'Encyclopédie, Charles l'enfant sauvage est aussi témoin de la cruauté des hommes dans ce coin du monde oublié de la civilisation.



Oublié ? C'est sans compter sur Google Maps qui, par le plus grand des hasards et le miracle de la technologie, permet à la famille de Charles de le retrouver le jour de ses 16 ans. Et de l'arracher à Septembre, la jeune fille dont il est éperdument amoureux, et à leur vie sauvage, pour le rapatrier vers sa ville natale, une bourgade du nord de l'Europe, et vers la civilisation.



La civilisation, vraiment ? Sérieusement ?



Charles découvre une ville morne, un climat gris et glacial, un oncle et une tante qui ne savent pas quoi faire de lui, deux cousins adolescents mal dans leur peau, la superficialité de ses camarades d'école, l'incompétence ou l'indifférence de ses professeurs, des psychologues et des adultes en général.



Rien ni personne ne trouve grâce aux yeux de Charles, en colère, en rage, qui hait cet endroit et ces gens de toute son âme, et qui n'a qu'une idée en tête, retourner en Afrique pour retrouver Septembre. Mais pour mener son plan à bien, il comprend vite qu'il a intérêt à faire profil bas et à faire semblant de s'adapter et de s'intégrer.



La « vie sauvage » n'est donc peut-être pas celle qu'on croit ou, à tout le moins, ce roman-conte-fable veut montrer que la vie « civilisée », d'une façon plus sournoise ou insidieuse, peut, elle aussi, être cruelle et traumatisante. Ici le trait est certes forcé, c'est plein de clichés, d'invraisemblances et de personnages caricaturaux. Ca ridiculise les adolescents, dépeints comme décérébrés, futiles, amorphes, moutons, « loosers » ou « cools », accros aux réseaux sociaux et obnubilés par le nombre de « like » récolté à chaque publication. Ca flingue les adultes, qui cachent à peine mieux leur superficialité et leur vide existentiel abyssal sous un vernis de bourgeoisie et d'aisance financière. Ca vitriole le système éducatif encroûté et inadapté, ça dézingue la faiblesse des femmes quadras en mal d'amour, le clientélisme politique et les gourous du développement personnel.



Ecrit à hauteur d'adolescence (au ton parfois potache, parfois condescendant), « La vie sauvage » est surtout une charge féroce contre les adultes coincés dans leurs vies étriquées et vaines, incapables d'offrir d'autres perspectives à la génération suivante. C'est aussi une réflexion cruelle sur le sens de la vie et le vide de l'existence, celui qu'on peut ressentir (ou pas) plus ou moins consciemment à l'adolescence, et qui renvoie peut-être, parfois (ou pas), douloureusement au gâchis de nos propres vies.



Comme dans ses chroniques à la radio*, l'auteur a le ton acerbe, le sens de la formule et de la métaphore. Il livre un conte sombre, immoral et absurde, bourré d'humour noir et éclairé de poésie.

Et d'espoir, puisqu'au final certains des camarades de Charles trouveront peut-être une autre voie.

Et d'amour, puisqu'au final il n'y a peut-être que cela qui compte.



* "La plume de Gunzig", sur La Première (RTBF)
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Rocky, dernier rivage

* Retour aux sources *



Que voilà un sympathique roman post apocalyptique mâtiné d'île déserte.



Un immonde virus s'abat sur la terre. Un tiers variole, un tiers Ebola et un tiers de je ne sais plus quoi. La sale bestiole a une incubation longue et asymptomatique. Aucun remède ou vaccin pour aider les hommes, tous condamnés à y passer. (Là dessus on voit que la Covid et le confinement a donné des idées macabres à Thomas Gunzig).



Fred, c'est un super riche. Pas un ultrariche, non, mais dans la moyenne des super riches. Il s'est promis de protéger sa famille.



Dans les débuts de la pandémie, il s'achète une île privée pour y mettre sa famille. iI l'a choisit bien son île... pas trop chaude, pas trop froide, pas trop en vue des côtes. Bref, une île où personne ne va les déranger. Il engage un couple de domestiques pour s'occuper de la maison, faire le ménage, à manger.

Il a tout prévu : des quantités astronomiques de nourritures, une éolienne, un data center contenant des milliers de films, séries, musiques,... en attendant que sa passe.

Il mène une vie totalement oisive avec sa famille sur son île déserte.

Petit à petit les nouvelles du continent s'amenuisent, puis disparaissent. Ils sont seuls sur terre.



C'est un joli huis clos qui se met en place où l'humain s'accroche à ce qu'il connait, aux dernières bribes de la technologie, aux derniers cachets de médicaments.

L'argent n'a plus cours. La domination des riches sur les pauvres n'existe plus. Les gens de maison redeviennent égaux. Reste la loi du plus fort... ou du plus fourbe... ou du plus fou.

Ces humains riches apprennent à revenir à l'essentiel, mais pour ça, il aura fallu une bonne dose de folie qui se traduira chez chacun de façon différente... Et Rocky. (Adriennnnnnnnnnnnneeeeee --> oui celui-là en personne).



Je ne vous en dirai pas plus, si vous avez le temps, c'est du bon, et c'est du belge !
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Le sang des bêtes

Alors que la routine s’écrit autour du muscle, de ses muscles et de ceux de ses clients, à qui il vend les protéines qui les aideront à sculpter un corps rêvé, une altercation capte son attention dans la rue. Un homme s’en prend violemment à une jeune femme rousse, qui semble soumise. Le même jour, son père l’informe que ses jours sont comptés et qu’il a donc décid de venir vivre chez lui, alors que son propre fils, brisé par une rupture rejoint aussi le petit appartement transformé en colocation de fortune. Il n’y manque que l’étrange jeune femme rousse, qui prétend être tout autre chose que ce que son aspect ne laisse croire…



Comédie loufoque, qui sert de support à de nombreuses réflexions

sur le couple, la famille et la génétique sous toutes ses formes (épigénétique, organismes génétiquement modifiés, transmission…) avec la question en filigrane du rôle des valeurs éducatives.



C’est léger, drôle, mais tout de même sérieux, avec un vrai débat sur la famille et le couple.



Un grand plaisir de lecture

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Manuel de survie à l'usage des incapables

Bienvenue dans un monde d'hyper-consommation et de profit à tout crin.

Bienvenue dans un monde où l'être humain n'est plus qu'un outil de production parmi d'autres.

Bienvenue dans un monde où la surexploitation de la main-d'oeuvre laisse les travailleurs lambda abrutis de fatigue après leurs journées d'un boulot aberrant, tout juste capables de pousser sur le bouton du micro-ondes et celui de la télécommande.

Bienvenue dans cette dystopie (si si, vous allez voir, on n'y est pas encore).

Parce que dans ce joyeux univers où les nouveaux temples sont les hypermarchés et les centres commerciaux, il est devenu possible de privatiser les ADN et de croiser son code génétique avec celui d'espèces animales, histoire de donner naissance à des êtres ayant certes l'aspect humain, mais porteurs des caractéristiques du loup, du mamba vert ou de la loutre.

C'est dans ce monde merveilleux qu'évolue Jean-Jean, agent de sécurité dans un supermarché. Une vie monotone, ennuyeuse, sans perspective, jusqu'au jour où il est impliqué dans le décès accidentel de Martine, caissière tout juste virée pour avoir perdu du temps à fricoter avec un collègue sur son lieu de travail (faute gravissime s'il en est, puisque autant de temps perdu à ne pas scanner les achats des clients impatients). Malheureusement pour la vie certes déprimante mais néanmoins paisible de Jean-Jean, les quatre fils-loups de Martine hurlent à la vengeance. S'ensuit une course-poursuite enragée et sanglante, qui mènera paradoxalement tout ce petit monde à un improbable retour à la nature.



Ce "Manuel de survie…" est à la fois une dystopie, un thriller rocambolesque et un roman noir, cynique et sans grand espoir, puisque même la mort est… comment dire… exploitée. Si le style n'a rien d'extraordinaire, le ton est à l'humour décalé, et la narration est cinématographique et rythmée : les chapitres sont courts, passant d'un personnage à l'autre avec force rebondissements. Satire décapante du consumérisme, ce "manuel" foutraque et pas inoubliable n'assurera peut-être pas notre survie dans ce monde de dingues, mais il permet au moins de passer un moment divertissant.
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Feel good

Et si on lisait un roman en train de s’écrire, êtes-vous prêt pour une intrusion dans le cerveau fertile d’un romancier ?



Une héroïne désespérée, il faut vraiment l’être pour enlever un bébé devant une crèche. Alice la quarantaine, vendeuse au chômage bientôt en fin de droit, entre 800 et 1200 euros par mois pour vivre, un enfant de sept ans à charge. Un héros tristement larguée par son épouse et incompris de sa fille, Tom écrivain sans succès depuis trop longtemps. Et si ces deux-là se rencontraient se demande notre écrivain, pourrait-on en faire un « feel good book » ? Un homme et une femme chabadabada … ?



Pas tout à fait, nous sommes chez les exclus, les sans-grades, les humbles, les pauvres quoi ! Ceux qui ont peur à partir du quinze du mois. Mais alors comment réussir un roman qui fait du bien en parlant de notre monde contemporain où même en traversant la rue on ne trouve pas de travail ?



Pari réussi, Thomas Gunzig, dont on a récemment parlé de son précédent roman sorti en poche la vie sauvage, nous emporte dans un roman formidable qui parle de notre époque, véritable fabrique à exclusion. Un récit sans concession sur la précarité des travailleurs pauvres qui est aussi une vraie plongée en littérature. Le lecteur captivé observe un écrivain en travail d’écriture. Un livre, deux livres se construisent devant nous.



Ce pourrait être juste un procédé, un gag, presque une imposture mais c’est sans compter la sincérité, l’empathie et la bienveillance dont le romancier entoure ses personnages.



J’oubliais, « Feel good » est un livre très efficace bien sûr mais aussi très drôle. Thomas Gunzig est un pessimiste gai qui dessine un tableau hyperréaliste de ce début de siècle sans être décliniste, cynique ou désespéré. Une très bonne surprise de cette rentrée littéraire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le sang des bêtes

Tom, la cinquantaine, est le propriétaire d’une boutique de compléments alimentaires pour body-builders. Lui-même va régulièrement sculpter son corps en salle de sport. Son couple avec Mathilde bat un peu de l’aile. Celui de son fils Jérémie avec la woke Jade est dans un état pire encore. Un jour, Tom voit de sa boutique une jeune femme se faire violenter par l’homme qui l’accompagne. Il ne réagit pas mais, honteux, se jure de le faire si la situation se reproduit. Et en effet, la fois d’après il porte secours à la jeune femme dont l’identité va se révéler pour le moins surprenante… ● En peu de pages, ce roman aborde des thèmes qui paraissent trop grands pour lui : la manipulation génétique, l’identité juive, la Shoah, le wokisme, le courage, le sens de la vie, le cancer… et j’en passe. S’il se lit sans déplaisir, il nous fait rester sur notre faim. ● On se demande un peu le genre de ce qu’on vient de lire : fable ? conte ? autre chose ? Il y a bien une composante absurde, à la belge, façon Magritte, dans ce récit original, mais on a l’impression que tout n’est qu’effleuré, et que l’ouvrage cherche son ton sans le trouver. Les différents fils du récit flottent épars et l’on peine à distinguer leur synergie, voire leur intersection. Flirtant à la fois avec le comique et avec le tragique, le récit installe inconfortablement le lecteur sur cette ligne de crête, le laissant avec ses interrogations et un certain malaise. ● Ainsi, ce roman m’apparaît plus comme une ébauche qu’il faudrait retravailler et surtout enrichir pour lui donner vraiment forme. ● Je remercie Babelio et les éditions Au Diable Vauvert pour l’envoi de ce livre.
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Le sang des bêtes

Tom a la cinquantaine. Il se demande ce qu’il a fait de sa vie : vendeur de produits pour bodybuilders, voilà qui ne vend pas du rêve ! Il a une vie bien rangée avec sa femme, Mathilde, mais pour autant cela ne lui convient plus. Il ne nous ferait pas une petite dépression le Tommy ? Tout bascule lorsque son fils, Jérémie, revient à la maison. C’est le pompon ! Mais ce n’est pas tout… Voilà que son père, gravement malade, débarque aussi ! Alors, comment se sortir de tout ça ? En envoyant tout paître ? Non, on ne peut pas ! Alors il faut faire quelque chose ! Et si on sauvait la dame qui se fait molester par son compagnon devant son magasin ? Ah, oui, c’est une bonne idée, ça ! Sauf que cette splendide rousse en question est une vache dans un corps de femme… Oui, oui, vous avez bien lu !



Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais je vais m’empresser de combler mes lacunes ! C’est à la fois pétillant, drôle et cela donne à réfléchir. Avec humour, Thomas Gunzig nous mène sur le chemin des origines, de l’identité (son personnage est un juif ashkénaze), des gènes… et cette fable devient vite une quête initiatique.



Un grand merci à Babelio et aux Editions Au Diable Vauvert pour cette découverte !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Manuel de survie à l'usage des incapables

Bienvenue dans le monde de l'étrange et de l'insolite . Aucun rapport avec la magie , c'est P. Sébastien et ses sardines qui vont être déçus , mais bel et bien avec un nouvel univers futuriste capable de répondre présent aux moindres de vos désirs , aux plus excentriques de vos attentes . Ainsi , n'est-il pas anormal de pouvoir désormais épouser une femme à l'ADN croisé avec celui d'un mamba vert ce qui est le cas de Jean-Jean , libre à vous d'imaginer la chaleur et l'affectuosité émanant de sa moyennement chère et pas vraiment tendre moitié . Le comble serait que ce même Jean-Jean , agent de sécurité consciencieux dans une grande surface , soit devenu la cible privilégiée de quatre hommes-loups , louveteaux pas vraiment certifiés Baden-Powell mais plutôt dangereux braqueurs de fourgons , au prétexte d'avoir assassiné leur mère , caissière sur la sellette qu'il tenta de faire tomber pour liaison interdite avec un autre employé , Jacques Chirac :) , à coup de biiiiiip - alerte spoil ! Bon , on a tous fait des conneries , le loup semble avoir la rancune facile...



Plutôt ardu à synthétiser , cet ovni fait dans la critique acerbe , le pamphlet acide et corrosif d'une société ultra matérialiste aux exigences boostées à l'extrême . Le ton volontairement caustique et la douce folie émanant de ce récit apparaissent comme de véritables baumes apposés sur un légitime questionnement des plus actuels : y a t-il des limites au toujours plus et sont-elles génératrices de bonheur accru ? Gunzig fournit ici quelques éléments de réponse intéressants .

Des êtres tristes , éteints et un peu perdus dans une société qui , paradoxalement , n'a jamais proposer d'offre aussi pléthorique .

Un western urbain déjanté , inutile de vous dire que les zygomatiques en ont pour leur argent .

Une course-poursuite rythmée et sanglante suscitant , ça et là , de petites réflexions personnelles . La confusion des genres fonctionne à plein et justifie ce bon moment de lecture .

Les plus symptomatiques d'une société en perte de repères étant ces quatre frangins canidés aux caractères totalement dissemblables - Noir/colère , Blanc/chef de meute...- , caractères qu'il conviendra d'analyser afin d'y décrypter celui à adopter histoire de ne pas trop y laisser de plumes...enfin de poils...dans ce monde devenu par trop inhumain , et pour cause...

Ce roman n'est certes pas inoubliable mais permettra à tous ses lecteurs de passer un agréable moment pour peu qu'ils en acceptent le postulat de départ à savoir la volonté de divertir à coups de situations ubuesques et de piqûres de rappel bien senties .



Un grand merci à Babélio et aux éditions Au Diable Vauvert pour ce petit moment passé , une fois n'est pas coutume , à hurler avec les loups .

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Le sang des bêtes

Tom a 50 ans et ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle. Vendeur dans un magasin de compléments alimentaires pour bodybuilders, il s'ennuie et se demande ce qu'il a fait de sa vie, et pas seulement sur le plan professionnel : son couple avec Mathilde tient plus par habitude et force d'inertie que par amour et passion. Tom se demande ce qu'il fait là, pour qui, pour quoi, et ne sait pas comment s'y prendre pour y changer quelque chose, à supposer qu'il en ait l'énergie. Bref, Tom déprime. Pour ne rien arranger, son grand fiston mollasson et pleurnichard réemménage chez eux après s'être fait largué par Jade, sa copine wokiste, et son vieux père s'invite sur le canapé familial le temps (indéterminé) de sa chimiothérapie.



Pour Tom qui n'aspire qu'au calme et à la tranquillité, les prochaines semaines s'annoncent chaotiques.



Une dose supplémentaire de bouleversements s'ajoute à sa vie quelques jours plus tard, quand Tom vient à la rescousse d'une jeune femme malmenée par l'homme qu'elle accompagne. Ni une ni deux, Tom ramène à la maison cette jeune femme pour le moins étrange : elle parle de l'homme avec qui elle était comme de son « propriétaire », elle n'a pas de papiers, et une drôle d'identité : N7A.

Qui ou quoi qu'elle soit, sa présence va provoquer une grande remise en question dans la vie de Tom et du reste de la famille.



Il y a dans ce roman (cette fable) du burlesque, de l'improbable, du questionnement existentiel, du désenchantement, de la lucidité et du cynisme, de la sensibilité et de l'empathie. du Thomas Gunzig, donc.



Ce roman, qui se lit très vite, est bourré de réflexions sur le sens de la vie, l'amour, le temps qui passe, la transmission,... C'est un peu son défaut : il est trop court et aborde, sans les approfondir, un peu trop de thèmes : manipulations génétiques, wokisme, véganisme, cancer, Shoah, identité, courage, conditions humaine et animale.



Je trouve qu'il est un cran en-dessous des romans précédents de l'auteur : moins féroce que « La vie sauvage », moins attachant que « Feel good », moins jubilatoire. Mais comme les autres, il fait sourire et réfléchir, il nous renvoie à nous-mêmes, il nous touche par la tendresse qu'il montre à l'égard de ses personnages.



En partenariat avec les Editions Au Diable Vauvert via une opération Masse Critique privilégiée de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Feel good

La pauvreté : spaghetti au beurre tous les jours, appartement loué super étroit, factures d’électricité, d’eau, de gaz en retard.

La pauvreté : accepter n’importe quel boulot pour ne pas perdre les allocations de chômage depuis que le magasin/le bureau dans lesquels on travaillait ont fermé/licencié/restructuré.

La pauvreté à en crier de désespoir, parce qu’on ne peut faire plaisir à son enfant, parce qu’on le nourrit de tout ce qu’il y a de moins cher donc peu de fruits et légumes, parce qu’on ne peut l’emmener en vacances, parce qu’on ne va même pas au cinéma, ni au restaurant, ni boire un verre, ni chez le coiffeur, ni s’acheter des vêtements, parce que tout est calculé, parce qu’on est toujours « tout juste » et même en-dessous du tout juste.



Alice, presque la cinquantaine. Tom, quarante-cinq ans environ. Ils ne se connaissent pas, mais ont un point en commun : ils sont pauvres.

Deux points en commun, même : ils sont seuls. L’une depuis 8 ans, depuis l’annonce de sa grossesse à son amant ; l’autre depuis peu.

L’une était vendeuse dans un magasin de chaussures, l’autre est écrivain, mais dans le genre mi-raté, vous voyez ?

Ils finiront par se rencontrer autour d’un rapt d’enfant. C’est là que leur vie pourra changer, s’ils le veulent.



Quel roman ! L’auteur explore les points de vue successifs des deux protagonistes en faisant preuve d’une sagacité extraordinaire. Il faut dire qu’il exploite aussi le thème de l’écriture, dans lequel il excelle. En effet, il manie sa plume avec toute la véracité possible, toute l’humanité possible. Pas de feel good, ici, oh non ! Pas de clichés, pas de leçon de morale sous-jacente, mais une construction originale, un style clair et percutant, de multiples références à l’univers culturel connu des amateurs de littérature, aux auteurs classiques et contemporains, à la Grande Librairie, aux prix, à la rentrée littéraire – et Babelio, qui apparait au fil d’une page !

Une réflexion sur l’amour, aussi, en arrière-plan.



La vision du monde est vraiment pessimiste au départ, à se claquer la tête au mur, mais elle est réaliste. Tout est vu à partir du monde des pauvres, les vrais. Ceux qui demandent de l’argent pour pouvoir vivre, au sens premier du terme, jusqu’à la fin du mois, et à qui les riches refusent cet argent, parce qu’alors « ce n’est pas leur rendre service, notre société va être une société d’assistés ! »

Paradoxalement, ce roman fait du bien, alors que ce n’est pas un roman feel good.

Si vous voulez expérimenter ce paradoxe, jetez-vous dans cette lecture piquante et inédite.

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La vie sauvage

Voici un drôle de livre écrit par un auteur belge né à Bruxelles, oú il vit , chroniqueur à la radio, déniché par Marylin, mon amie fidèle de la médiathèque.

L'auteur imagine l'histoire d'un bébé rescapé d'un accident d'avion: Charles ,(qui grandit dans la jungle africaine),: le drame du vol Paris - le Cap, oú 320 passagers et membres d'équipage avaient disparu , ce jour là , dans une zone entre le Congo et la République Centrafricaine .

La France et la Belgique dépêchèrent des secours et des experts .

Retrouvé par hasard dans la jungle le jour de ses seize ans, ramené à sa famille dans une petite ville belge , il fait connaissance avec son oncle Alain Vanhout, le bourgmestre, Murielle , son épouse, ses cousins : Frédéric, mal dans sa peau, et Aurore, deux adolescents .......

Charles :" enfant sauvage "éduqué en pleine brousse , refuge d'une bande armée, à la fois victime et rebelle , mûr et cultivé, grâce à son père adoptif, grand amateur de littérature , qui l'a initié à la poésie et à la philosophie ..........

Celui-ci , en réintégrant l'Europe prend connaissance de l'univers scolaire , de la vie familiale et sociale en Belgique .

Rien ne lui convient , il critique violemment le milieu enseignant , et, pourtant il s'agit de professeurs désintéressés et dévoués ......

Tous les personnages à part cul- nu , Aurore et Septembre , la femme qu'il aime, sont dépeints de maniére caricaturale !

Ses camarades : "les loosers, "les cools "et "les populaires " sont ridiculisés ,

Il déplore la tyrannie et l'absurdité des réseaux sociaux .

Il évoque avec férocité la futilité des jeunes d'aujourd'hui et leur côté moutonnier ........

Le vocabulaire est riche , brillant , ponctué de métaphores, les dialogues sont crus et contemporains .

Nombre de citations de poèmes classiques viennent enrichir le texte avec grâce , " de Charles-Baudelaire, Gerard-de-Nerval, Paul-Verlaine en excluant Arthur-Rimbaud, "prétentieux , menteur, malhonnête , déserteur ......"

L'auteur utilise un style direct, sans fioritures, il est doué pour les images poétiques et pose un regard cruel et décalé , féroce sur notre société contemporaine .

C'est une critique impitoyable , ironique , sous forme de fable parfois absurde et burlesque de la civilisation dans une petite ville du Nord de l'Europe , teintée d'humour, une oeuvre drôle , à la fois sombre et optimiste puisque à la fin l'amour attend notre héros ! N'en disons pas plus .......

Un livre qui fait réfléchir , revenons au titre , et si " La-vie-sauvage" n'était pas celle que l'on croit ?

Je ne connais pas l'auteur, édité au "Diable Vauvert ,"peut- être mes amies belges le connaissent -elles ?

Ce n'est que mon avis , bien sûr !
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