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Critiques de Tom Charbit (43)
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique Privilégie, je commence donc cette critique en remerciant chaleureusement babelio et les éditions Stock pour l'envoi de cet ouvrage qui m'a littéralement coupé le souffle !



Que comble pour un DJ, qui plus est de renommée internationale qui a passé les vingt dernières années de sa vie à ne vivre que la nuit, à mixer sur les plus grandes scènes à travers le monde, à passer de la musique électro, celle des autres mais aussi ses propres compils que de se voir atteint du pire mal qui pourrait lui arriver. Lorsque les premiers acouphènes se font sentir, Juan Llosa, notre protagoniste, ne veut d'abord pas y penser mais lorsque ces derniers deviennent insupportables et qu'ils sont entrecoupés de perte totale audition, Juan a compris qu'il devait se mettre au vert. Échangeant son appartement parisien avec son ami Julian, qui est dans le même branche que lui (c'est même lui qui l'a initié) contre une petite maison en Ardèche,, à la campagne, dans un petit village, Juan ne se doutait pas que cela allait changer sa vie à tout jamais. Lui qui a l'habitude de vivre la nuit, toujours entre deux avions et entre deux soirées généralement très arrosées et pas seulement, Juan a toujours vécu dans l'excès. Il était loin de s'imaginer qu'en s'installant ici, il allait non seulement très vite s'habituer à la vie rurale mais aussi s'attacher à tous les gens de ce petit village. Il va réapprendre à apprécier les plaisirs simples, se laisser enrôler dans des combats écologistes et réapprendre surtout à apprécier ces petits plaisirs simples, qui lui étaient jusqu'alors inconnus, que peut procurer la vie diurne. Certes, il y aura des femmes (mais pour des relations plus sérieuses cette fois-ci) mais lorsqu'il renouera avec Ana, son premier grand amour, qui est désormais mère d'une petite fille, Sascha, qu'elle a eu avec un autre, là encore, Juan, qui croyait que cette dernière était enfin heureuse (lui s'en mord les doigts car il n'a jamais apprécié ce prof de golf duquel elle s'est entichée), là encore Juan n'est pas au bout de ses surprises mais loin de s'imaginer dans quel tourbillon - pas toujours agréable mais à ce sujet je n'en dirais pas plus afin de ne pas vous gâcher le suspense - il va se laisser embarquer !

Oui, la vie est parfois cruelle (bien trop souvent à mon goût d'ailleurs) et elle nous frappe souvent lorsque l'on s-y attend le moins.

Elle peut être belle (cette lecture me l'a démontrée) mais pour cela, il faut savoir saisir les petits plaisirs lorsque ces derniers se présentent à nous et ne pas attendre car certaines choses sont parfois irrémédiables ! On ne vit qu'une fois !



Une lecture désarmante, passionnante, un ouvrage extrêmement bien écrit, bref que dire de plus pour vous convaincre ? Lisez cet ouvrage et vous serez alors votre propre juge mais je peux presque vous assurer que vous ne serez pas déçus ! J'avais moi-même quelques craintes en commençant ce dernier, moi qui ne sui pas du tout fan de la musique électro et n'ai jamais été une très grande fêtarde en me disant que celui-ci n'était pas fait pour moi mais bon, ne dit-on pas qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ? La preuve, je suis ont ne peut plus ravie que de terminer l'année 2021 avec une critique de ce genre ! J'espère que l'année 2022 commencera sur la même lignée !
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Je tiens à remercier chaleureusement les éditions du Seuil et l’opération Masse critique privilégiée pour l’envoi de ce livre.



Le titre m’a immédiatement intrigué, il fait référence à une légende véhiculée par les habitants d’Ibiza, Ce serait à Es Vedrá, petite île à l’ouest d’Ibiza, que se cachaient les sirènes dont le chant envoûtaient les marins. Ces deniers se collaient de la cire dans les oreilles alors qu’Ulysse préférait s’attacher au mat plutôt que de se priver de l’air chant. La photo de couverture du livre évoque ce mythe.

Pourquoi parler d’Ibiza ? L’île est connue pour sa vie nocturne et ses dancings. Le roman nous met dans la peau de Juan Llosa, un DJ mondialement célèbre qui effectue ses prestations aux quatre coins du globe, pouvant animer dans la même semaine des fêtes dans trois continents différents. C’est lui qui nous parle.



Vie trépidante, ponctuée de manque de sommeil, d’attentes dans les aéroports, d’alcool, de rencontres faciles, de drogue, d’argent coulant á flot et enfin de sérieux problèmes de santé.

Juan,sujet à des acouphènes et des pertes de conscience, se voit conseiller de prendre du recul. Il profite de la maison d’un ami dans les Cévennes, rupture totale avec sa vie habituelle…



J’ai éprouvé des difficultés à rédiger cet avis …

Pour y arriver, j’ai entamé une seconde lecture une semaine après la première tant certains sentiments vis-à-vis du livre étaient opposés !



Deux précisions sont toutefois nécessaires : le roman se lit facilement, on ne le lâche pas, et il ne laisse pas indifférent. Ceci est indéniable !



Par contre il m’a souvent irrité …

Tout d’abord, par le recours par le protagoniste, et tout au long du livre, d’un langage familier ou argotique ( dégeu, toxico, matos, se geler les couilles, prendre le melon, etc). Je reconnais qu’il s’agit d’une réaction personnelle, j’attends d’un livre un autre choix de mots. Suis-je devenu tellement vieux jeu ?

D’autre part Juan n’est pas tendre avec les Bretons (tarés), les Catalans (irascibles), les Hollandais (éructant des borborygmes, aux enfants indomptables, aux femmes bâties comme des armoires à glace…).

Enfin, Tom Charbit par le biais de son protagoniste, se doit de nous donner son avis sur tout, et cela entraîne de nombreuses digressions : le régime capitaliste, l’ésotérisme, le gaz de schiste, le yoga tantrique, les radios locales, l’alimentation, le vin naturel…



Passons à ce que j’ai apprécié :

- Ces digressions sont faites avec beaucoup d’humour !

- Bien que mon parcours de vie soit à mille lieues de celui d’un DJ riche et vivant à cent à l’heure, j’ai ressenti beaucoup d’empathie pour le protagoniste. J’aime sa fragilité, son désabusement et son autodérision

- J’ai aimé le contraste entre la vie de Juan comme DJ et celui qui se retrouve dans un environnement tout à l’opposé

- J’ai été frappé par la capacité de l’auteur à changer de registre : la dernière partie du roman est totalement différente du reste du roman, elle y apporte une note plus romantique et plus émouvante.



Enfin, les descriptions de l’Ardèche et de ses habitants sont sublimes et m’ont donné l’envie d’y retourner !









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Les Sirènes d'Es Vedrá

C’est l’histoire , lue d’une traite, de Juan Llosa, un célèbre DJ , de réputation internationale , star incontestée de la musique électronique.



Récit intime, désabusé, drôle, pétri d’autodérision , de lucidité , du passé de Juan : un milieu , celui de la nuit, sympathique mais superficiel, il traine une solide expérience de la fête , des déviances et des excès en tous genres : vingt ans d’alcoolisme et de consommation de stupéfiants, a parcouru la planète en long et en large , voyagé en tournée dans tous les pays d’Europe , au Mexique, aux Caraïbes , au Brésil, au Chili en Argentine, et même au Paraguay .

Gagnant énormément d’argent ,toujours de passage, aussi détaché et indifférent qu’un touriste , vivant là quelques jours où plutôt quelques nuits : Une sorte de Junkie mondain .

Seulement arrivé au sommet de sa carrière , Juan craque .

L’anxiété , le stress , les états d’âme , ça fait tache dans le décor puisque vous faites un métier de rêve ! Ne pas pleurnicher sur votre sort !

Affligé de pertes partielles puis de plus en plus sévères de l’audition, il débarque à trente - huit ans , réveil précipité , retraite anticipée , au cœur d’un petit village du sud de l’Ardèche:



Mais comment se réinventer quand autour de soi tout s’effondre?

Et y- a t- il une vie après la FÊTE ? .

Juan se mêle à la population locale , des vignerons bios aux militants écolos et végans, prend conscience des difficultés croissantes du monde rural lutte à leurs côtés , déplore le marathon des vacances et les cohortes de touristes .

C’est une narration riche, pessimiste , cruelle , d’années de fête , de sexe et de drogues, la face cachée de vies détruites ,de destins brisés , de gens broyés sur l’autel de la fête , «  Le vrai moteur de cette industrie c’est le fric et la fête » , on peut devenir sourd , accro à la cocaïne…

«  L’archétype du gaspillage consumériste et de la vacuité de la fête pour la fête. » .

Ce récit très contemporain , des illusions , d’une révolution intérieure, tisse une histoire d’amour tragique inoubliable , nous parle au cœur de ce que nous sommes, des folies de notre époque : attentats , militantisme écolo- intello- altermondialiste., fric et fête , de ce que l’on aimerait être , de la nécessité de faire face au cours cruel, abrupt de nos existences .

Roman ample , puissant, drôle , très émouvant , bien écrit, bien construit , désabusé , d’une lucidité et d’une densité remarquables .

La fin est saisissante !

Grand merci chaleureux à Babelio et Masse Critique pour l’envoi de ce livre brillant, impossible de le lâcher : un premier roman prometteur !

Mais ce n’est que mon avis, bien sûr !











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Les Sirènes d'Es Vedrá

La musique électro, ce n'est clairement pas ma tasse de thé. Alors, me direz-vous, était-il possible que j'apprécie la lecture des sirènes d'Es Vedra ? Car après tout, le narrateur, Juan Llosa, n'est rien moins qu'un célèbre DJ qui a culminé pendant une vingtaine d'année au sommet de son art. Une vingtaine d'années de voyages, de fêtes, d'excès en tous genres…

Mais un jour, pour des raisons de santé, et pas des moindres pour un DJ, Juan va être obligé de « lever le pied ».

Histoire de se reposer et de récupérer, il va s'installer dans la maison d'un ami en plein coeur de l'Ardèche.

Juan a bien l'intention de profiter de ce break temporaire pour se refaire une santé , mais voilà, se retrouver seul avec soi-même, rencontrer et côtoyer des gens qui n'ont pas forcement les mêmes priorités que lui dans la vie vont l'amener à entamer une réflexion bien plus profonde que prévue.

Certains personnages secondaires sont attachants et pour ma part, j'ai adoré le savoureux Fabrice.

J'ai beaucoup aimé et apprécié cette lecture, bien loin des paillettes du monde de la nuit qui a servie de décor à juan pendant une bonne partie de sa vie.

Le style de l'auteur est très accrocheur, et franchement au vu de la qualité de son écriture, j'espère sincèrement qu'il va faire son chemin dans le paysage des auteurs français, car il le mérite clairement.

Encore un grand merci à Babelio et son opération Masse critique ainsi qu'aux Editions Seuil pour l'envoi de ce livre.



Challenge Multi-Défis 2022





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Les Sirènes d'Es Vedrá

C'est l'histoire d'un DJ mondialement connu qui se retrouve seul dans une maison en pierre, en Ardèche, au milieu de nulle part, avec le Mistral qui souffle, qui siffle, qui le rend fou. Comment en est-t-il arrivé là, c'est tout le sujet de ce roman.



Juan Llosa, 39 ans, raconte comment il est devenu DJ, comment il a passé vingt ans de sa vie à mixer dans les plus grands clubs du monde, comment il a passé ces années en nuits blanches, avec la musique, le sexe, la drogue, l'alcool, l'argent.

Il explique le monde du DJ et son fonctionnement, sa façon de vivre, ses erreurs, la femme de sa vie qu'il a laissée tomber à 18 ans, et toutes les autres.



Et il raconte sa descente aux enfers à cause de ses crises d'acouphènes qui le rendent fou. Jusqu'à avoir des moments de surdité totale. Son style est désabusé, ironique, il me fait penser à du Beigbeder, en fait.



Il raconte comment, pour ne pas devenir sourd, il a échangé son appartement parisien contre une maison en Ardèche, avec un copain DJ. Un médecin lui a conseillé le calme absolu, mais il arrive en hiver dans ce petit bourg qui doit grouiller de touristes l'été, mais qui semble totalement vide. La maison, récemment réaménagée, est faite de baies vitrées côté salon, et la vue est exceptionnelle.

Les montagnes, la rivière, les rochers, les cailloux, les arbres presque morts et presque déracinés, et surtout ce vent qui siffle, qui claque, qui donne froid, qui rend fou aussi.



Lorsque peu à peu il sort de la maison pour aller faire ses courses au bourg, il fait des connaissances, et des amis de son pote DJ deviennent peu à peu des amis. Il rencontre des viticulteurs bio, des écolos purs et durs, des fanatiques de l'amour tantrique, des hommes qui ne quittent pas le bord du comptoir du bar du coin, la boisson du cru, les retraités qui connaissent l'histoire du pays, les guerres, les invasions.



Et les parents de la femme qu'il a toujours aimée qui perdent la mémoire et qui sombrent dans l'Alzheimer, les écrivains qui philosophent sur la meilleure façon de retrouver le bonheur, qui passent à la radio, la musique actuelle faite pour plaire aux masses, et là l'histoire commence à devenir, pour moi, une occasion de régler ses comptes ou de donner son avis, négatif bien sûr, sur les faits de société :



On commence avec les réunions pour militer contre le gaz de Schiste, les activistes écologiques, et là il fait un parallèle entre cet activisme de révolte et sa propre musique :



"..la musique que j'ai jouée et contribué a faire connaître, elle vient de cette révolte du peuple"...

(j'en suis restée comme deux ronds de flan, moi)..



Le reste du livre est à l'avenant : chaque moment avec des amis, chaque discussion lui offre la possibilité de, tout en ne prenant pas part à la conversation, donner son opinion dans le livre, si possible en s'énervant, sur divers sujets comme les sociétés américaines de produits chimiques, contre les gens qui exposent leur vie à table, contre les méfaits du porno dans l'amour chez les jeunes, les végans, les restos vegans, les vins "bio" vegans, les sextoys, le cerveau reptilien et j'en passe. La première moitié du roman était bien, la deuxième moitié a été lourde à lire.



Tous ces sermons sous prétexte de donner son avis......sans que ça soit dans une conversation, un débat, ç'aurait été moins indigeste.



Ce roman m'a bien plu, le ton et le style aussi. Dans la première partie. Dans la deuxième partie, même sous-tendue par son histoire d'amour tragique avec Ana, on se noie. J'ai survolé des paragraphes entiers, à force d'être engluée dans ses opinions sur tout et n'importe quoi. Si j'ai terminé le livre, c'est bien pour savoir ce qui arrivait à Ana. En fait, Tom Charbit aurait dû reprendre son souffle un peu, et continuer dans la veine de la première partie. Je trouve dommage de fiche en l'air un bon début avec un joli style, intéressant, pour tomber dans le verbiage.



J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Opération Masse Critique Babelio en partenariat avec les éditions Seuil.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Livre lu dans le cadre d'une opération Masse Critique spéciale. Un grand merci à Babelio pour cette proposition, ainsi qu'aux éditions du Seuil pour leur envoi.



"Pour vivre heureux, vivons perchés"... Ce slogan sur tee-shirt vantant les bonheurs des altitudes "stupéfiantes" résume une partie des Sirènes d'Es Vedra. Une partie seulement car le premier roman de Tom Charbit est beaucoup plus riche que la seule évocation des souvenirs de Juan Llosa, DJ mondialement reconnu et un des maîtres de la musique électronique. Pour être perché, il l'est! Ou plutôt, ses vingt années précédant le récit l'ont été. Alcool, drogues de toutes sortes, célébrité, sexe et jolies plages... tout y est. Y compris l'envers du décor : le jetlag permanent, le dos bousillé par la station debout des heures et des heures, le sommeil en infimes pointillés, les redescentes et les mauvais trips, la surdité forcée par ce genre de vie....



D'où la décision du narrateur de décrocher et d'aller se terrer dans un coin de l'Ardèche. Pour calmer ses acouphènes (pas simple quand le mistral donne à plein). Surtout pour cacher à la planète techno qu'il devient sourd et ne se sent plus apte à assurer ses sets sans grabuge. Et, inconsciemment, pour faire le point à la charnière de la quarantaine.



Difficile de trouver plus opposé comme mode de vie... Et pourtant, l'adulé des clubbers va finir par s'intégrer à l'ambiance d'habitués du petit bar de Ouioui, loin des projecteurs, des bimbos et des "croquettes" qui envoient planer très haut. Ici c'est plutôt tournées au blanc et la découverte de la "poire-chat" (alcool de poire - liqueur de châtaigne... aïe aïe aïe). Et des gens attachés à leur terre, à la préservation de ce qui peut encore l'être dans l'environnement. Et prêts à batailler contre les velléités d'utilisation du gaz de schiste. Juan le fêtard non-stop et insouciant découvre ici l'engagement éthique et l'éthique de vie. Des éthiques même avec les exilés volontaires des grandes villes venus retrouver du sens en Ardèche. L'auteur se révèle grinçant dans la description de certaines "modes" de vie.



Juan revient également sur les amours volatiles de ses deux décennies perchées. Et sur son grand amour d'étudiant.



À travers son narrateur, Tom Charbit pose un regard lucide et souvent amer sur notre époque, sur la vie et ses aléas voire ironies dramatiques. La question des choix que l'on fait et qu'il faut assumer ou payer revient régulièrement au long de ses pages.

J'ai apprécié le style net et direct de l'auteur, sa façon de montrer nombre de clichés pour mieux les démonter et faire voir les réalités sous les façades. J'ai aimé ses descriptions de l'Ardèche, qu'il connaît bien, qui dépeignent sa beauté âpre aussi bien que ses côtés moins faciles à vivre.



Et quid du titre dans tout ça? Es Vedrá est une petite île voisine d'Ibiza. Certains pensent que c'est là qu'Ulysse entendit les fameuses sirènes dont le chant trop beau amenait les marins à fracasser leur navire sur les écueils. Une symbolique très forte en filigrane du récit. Car vouloir écouter les sirènes à un prix. Élevé, forcément.



Une belle découverte, en conclusion, que ce roman. Beaucoup de profondeur, beaucoup de thèmes abordés (peut-être un peu trop même), une écriture plaisante à lire et une dernière partie qui prend aux tripes. Que dire d'autre sinon "Encore!"
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Jean, alias Juan, ne fait pas exception à la règle: 40 ans, grosse crise existentielle. Mais dans son cas, c'est son corps qui lui dit stop, ses oreilles plus exactement! D.J depuis 20 ans tout autour de la planète, il a survécu aux nuits blanches encocaïnés, aux cocktails drogues-alcool -malbouffe-sexe, aux heures passées dans les aéroports et les avions, mais ce sont les acouphènes qui auront raison de lui. Et ses pertes d'audition, des pages blanches angoissantes qui l'empêchent de continuer.

Juan s'installe malgré lui dans la maison que son ami Vincent avait acheté en Ardèche, s'imaginant déjà vivre une vie de famille pépère au soleil quand il aurait laissé tomber la frénésie de la techno avant que sa femme réclame le divorce.

Après 20 ans de frénésie nocturne et de fêtes, Juan se retrouve donc isolé de tous dans cette grande maison, avec pour seul compagnon un chat sauvage et bientôt, des ruraux activistes. le voici bien forcé à lever le pied, à accepter de se laisser vivre au jour le jour, réapprendre à vivre au rythme du commun des mortels et à écouter son corps.

Plus de fuite en avant, rien non plus pour le retenir de penser à Ana, son amour de jeunesse, l'amour de sa vie, qui refait surface de temps en temps, amoureuse et enceinte d'un abruti.

Tom Charbi nous emmène lentement dans la métamorphose que vit Juan tout au long de cette année 2015 lors de cette retraite ardéchoise qu'il affronte non sans humour mais qui surtout lui permet de mûrir enfin.

J'ai aimé découvrir de plus près ce monde de la nuit, le monde des D.J, mais j'ai surtout été touchée par ce quadragénaire qui refait sa vie à la campagne, car c'est tellement d'actualité. Tom Charbit a lui-même quitté Paris et l'enseignement pour se reconvertir en céramiste en ... Ardèche!

Un beau premier roman prometteur plein d'humanité.
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Juan va bientôt avoir 40 ans et il a passé plus de la moitié de sa vie à mixer sur ses platines dans le monde entier. A l’instar du show-biz, il y a certes la notoriété, la reconnaissance, la vie riche de rencontres, le fric qui pleut... Mais il y a aussi une face beaucoup plus sombre : l’alcool, la drogue, le sexe avec plus ou moins tout ce qui passe, la surdité progressive et le décalage horaire qui flingue, même jeune, l’organisme.



C’est tout cela qui est abordé dans ce 1er roman de Tom Charbit. Juan échange son logement parisien avec un de ses pairs, Julian, qui a une maison en Ardèche. Après une adaptation un peu compliquée, Juan s’habitue aux gens et à la vie du village, à la nature qui l’entoure et qu’il apprécie de plus en plus. Il tire donc un 1er bilan de sa vie et parle en fil rouge d’Ana, son premier amour, plus ou moins le rendez-vous raté de sa vie. Mais cette dernière n’est-elle pas qu’une accumulation de hasards plus ou moins heureux qui s’enchaîne au fil du temps ?



J’ai aimé le ton direct de l’auteur, notamment car il rend très bien compte de l’hypocrisie omniprésente dans le monde entier et dans la vie des Hommes. Il connaît bien le monde des DJ. Les personnages secondaires sont aussi hauts en couleurs, tels qu’Aurore, cette révolutionnaire prête à tout péter pour empêcher l’extraction par forage du gaz de schiste. Je ne m’attendais pas à aller sur ce terrain-là. Le dernier tiers du livre est bon, surtout pour un premier roman. Mais il y a aussi quelques longueurs.

Je ne suis aussi conquise que la plupart des autres Babéliotes dont les critiques sont élogieuses mais je conseillerais ce roman à tous les curieux et aux inconditionnels des rentrées littéraires.

Je remercie Babélio et les éditions du seuil pour l’envoi de ce roman dans le cadre d’une masse critique privilège et je profite de ma première critique de 2022 pour souhaiter une excellente année à tous.

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Les Sirènes d'Es Vedrá

Échangeant avec son ami Julian, DJ comme lui, son appartement parisien contre une maison modeste en plein milieu de l' Ardèche, Juan ne se doutait pas que cette décision allait changer sa vie à tout jamais.



Ce quadragénaire qui avait l'habitude des excès de la nuit (musique, filles, drogues) mais qui a connu une vraie descente aux enfers à cause de ses crises d'acouphènes qui l'ont rendu totalement désœuvré, va réapprendre à apprécier les plaisirs simples provoqués par la vie diurne et inconnus jusque alors



Parmi les beaux livres de rentrée littéraire de janvier, "Les Sirènes d’Es Vedrá" est le premier roman de Tom Charbit, un manuscrit que la maison d'édition Seuil dit avoir reçu par la poste ce roman qui a enthousiasmé toute la maison et nous a beaucoup séduit également .



Récit intime et un peu désabusé d'un ex roi de la nuit qui va apprendre l'essentiel dans une retraite en Ardèche, Les Sirènes d’Es Vedrá" bénéficie de la plume à la fois acerbe et pétrie d'autodérision d'un romancier qui semble avoir mis pas mal de lui dans le personnage principal.



Il y a pas mal de souffle et de justesse dans cette observation mi lucide mi amusée des dérives d'un monde urbain sans cesse en mouvement et d'une quête inassouvie du bonheur



Ce séjour ardéchois qui est dans ses deux premiers tiers une critique de notre société, avant de virer dans le (mélo) drame dans sa dernière partie, assez déchirante, vaut largement le coup d'oeil, et même plus que cela ! livre lu dans le cadre de l'Opération Masse Critique Babelio en partenariat avec les éditions Seuil.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Juan Llosa, trente-neuf ans, DJ depuis plus de vingt ans, se voit brutalement obligé de changer de métier. Comme il le reconnaît lui même, il ne connaît rien en dehors de ce métier, et la réalité n'est vraiment pas "sa came" à lui qui a parcouru la planète, connaît tout des clubbers, du monde de la fête et de la nuit.

En revanche, la came, la vraie, il la connaît bien.

Il viendra habiter la maison de famille de Julian - un ami musicien originaire d'Ardèche, et lui confiera en échange son appartement parisien.

Quel défi d'habiter une maison assez délabrée dans un village un peu perdu - mais tout est fait pour que l'ami d'un enfant du pays se sente chez lui : dans le village on a le sens de l'accueil, on vit au rythme des saisons, on supporte les migrations de touristes, on se retrouve pour faire la fête. Juan reste en contact avec des amis, et en particulier avec Ana, une jeune femme qu'il a connue et aimée "dans une autre vie", et qui vit à Paris avec son compagnon et un bébé, Sascha.



J'ai reçu Les Sirènes d'Es Vedrà dans le cadre d'une Masse Critique de Babelio, et je remercie les Editions du Seuil.

Le titre du roman fait référence à l'Odyssée : les habitants d'Es Vedrà, île voisine d'Ibiza, affirment que c'est là que se trouvaient les sirènes qui, selon Homère, tentèrent d'ensorceler Ulysse. Je ne pense pas que j'aurais, de moi-même, choisi de lire un roman sur l'histoire d'un DJ en pleine reconversion. Et j'aurais eu tort. En sortant de ma zone de confort j'ai beaucoup appris sur le monde de la nuit, les fêtes, un monde du divertissement incroyable ou rien n'est jamais impossible ! Mais c'est surtout la nouvelle version de Juan qui m'a intéressée, sa rencontre avec une région et des habitants à mille années lumière de sa vie antérieure. Ses faux-pas, sa bonne volonté et sa prise de conscience des difficultés d'un monde rural qu'il apprend à connaître et apprécier sont bien décrits. J'ai beaucoup aimé le style précis de l'auteur, les dialogues, l'humour des situations. La dérision n'est jamais loin : autodérision mais aussi réflexion désabusée sur notre monde et ses valeurs artificielles. Je garderai à l'esprit les superbes descriptions de l'Ardèche. Un seul regret : certaines longueurs et des explications vraiment inutiles.

La fin du roman est inattendue, et nous fournit un nouvel éclairage.

Un beau moment de lecture.
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Les sirènes d'Es Vedrà titre mystérieux , vient de l'endroit où le mythique héros Ulysse rencontre les sirènes , lui se fait attacher au mât pour pouvoir entendre le chant à la fois beau et redoutable , et fait boucher les oreilles de son équipage par de la cire .

Ce chant des sirènes actuellement c'est l'histoire de la descente aux enfers de Juan , DJ de renommée internationale qui a vécu à cent à l'heure , entrainé dans un rythme de folie avec tout ce qui va avec le monde de la nuit , c'est à dire , drogues , alcool , filles .

Et puis la quarantaine arrive et l'impensable aussi , les acouphènes violents qui deviennent de plus en plus fréquents , les maux de tête terribles et comble de malheur , la surdité qui frappe par surprise , surdité partielle bien entendu mais signe annonciateur d'une surdité définitive sans aucun espoir de guérison .

Le tableau du monde de la nuit est effrayant et hélas tellement juste .

Il y a heureusement une belle note d'espoir , une très belle histoire d'amour avec Ana .

Que dire de ce roman ?

Certes il est bien écrit , addictif , je l'ai lu quasi d'une traite mais suis je la seule à avoir ressenti ça ?

Trop de sujets actuels évoqués et parfois peu nuancés , il y a trop de longueurs , quelques pages qui m'ont donné envie de jeter l'éponge et heureusement j'ai continué en passant tout de même quelques pages indigestes , je dis heureusement car la fin est très belle .

Dommage le coup de coeur annoncé par les premières pages , le coup de coeur tant attendu m'a fait faux bond , je ne serai donc pas dithyrambique comme les autres avis mais j'assume .

Un grand merci à Babelio pour ce Masse critique privilégié.

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Les Sirènes d'Es Vedrá

Ce sera mon coup de coeur de l'année (même si elle ne fait que commencer) !



Voilà bien longtemps que je n'avais pas lu un roman d'une telle intensité, mêlant habilement les rires et les larmes, clairvoyant et éclairant, d'une grande profondeur d'analyse tout en adoptant une légèreté dans le ton et un humour irrésistible. C'est simple : je me suis amusée et j'ai ri de bon coeur pendant les 2 premiers tiers puis j'ai peiné à lire le dernier tiers à travers mes larmes …

Je m'attendais bien à des moments tragiques mais c'est tellement bien écrit que le texte vous prend aux tripes ! ça sonne tellement juste. En tous cas pour ma part, des souvenirs sont remontés à la surface et j'ai reconnu plusieurs fois des situations que j'ai pu vivre ou des personnes que j'ai croisées. Je suis bluffée de la qualité de ce premier roman ! Tom Charbit a une plume remarquable, aiguisée et acérée bien que toute en délicatesse, au vocabulaire fourni et précis.

Reparcourant le passé de son personnage Juan depuis les années 90 environ, l'auteur nous dressent des portraits sans concession et inoubliables : le viticulteur ardéchois, la fille de milliardaire grec sur le yatch de papa, le couple végan venu pour un stage de yoga tantrique, divers copains DJ, le patron de café du village, l'hôtesse d'accueil du supermarché du coin, le guide touristique féru d'Histoire locale, … autant de personnages qui gravitent autour de Juan et composent son nouveau quotidien. Une remise en question sévère s'impose à lui suite à un souci de santé comme cela peut nous arriver à tous. Ok il a brûlé la chandelle par les deux bouts mais personne n'est à l'abri d'un souci de santé qui empêche de poursuivre la carrière entreprise. Que faire alors ? Comment changer radicalement de vie ? Pas simple !

Ce roman écrit à la première personne est une longue confession de cette remise en question. Cependant l'auteur a choisi un personnage qui ne s'apitoie pas sur son sort, au contraire. J'en ai aimé le regard distant qu'il porte sur les choses et les êtres, il est très lucide sur sa situation. Mais il a aussi un regard amusé, quelque peu narquois sur les autres. Réunissez des personnes ayant des modes de vie carrément différents cela donne lieu à des situations cocasses très crédibles car j'en ai vécu du même style. Je me suis souvent reconnu ou bien j'ai reconnu des proches au fil des pages, à ma plus grande surprise du reste car je pensais avoir bien peu en commun avec un DJ « du monde de la nuit » mondialement reconnu. Les descriptions sonnent vraies et ont par là même une portée universelle incontestable.

Bref vous l'aurez compris, j'ai a-do-ré ce roman !!!

A lire et faire lire, à partager sans modération !



Je remercie Babelio pour l'opération Masse Critique privilégiée ainsi que les éditions du Seuil pour ce beau cadeau!
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Je remercie sincèrement les éditions du Seuil, ainsi que les équipes de Babelio, pour m’avoir sélectionnée afin de découvrir le premier roman de Tom Charbit. Malheureusement, je n’ai absolument pas accroché, que ce soit à l’histoire, au protagoniste, ou au style d’écriture.



Juan est un DJ internationalement connu, qui mixe aux quatre coins du monde. Continuellement en voyage, il traverse les pays comme le temps à une vitesse fulgurante. Après plus de vingt ans de carrière, les effets dévastateurs de ce rythme fou (drogue, alcool, volume sonore…) commencent à se faire sentir. Juan a notamment des problèmes d’audition, des acouphènes dû au volume exponentielle des sets qu’il jouait. Il décide de se reposer un temps en pleine campagne, au fin fond de l’Ardèche, afin de faire le point sur sa vie et de retrouver un peu de sérénité. Très rapidement, il va nouer des liens avec la population locale et s’imprégner totalement de ce nouveau rythme de vie, paisible, calme et ensoleillé, loin de son quotidien passé. Ce sera l’occasion pour lui de faire le point sur sa relation avec Ana, son ex dont il est toujours amoureux ; mais aussi de raisonner Julian, son jeune poulain, qui suit ses traces dans le monde de la nuit.



J’ai trouvé ce récit assez indigeste. La première partie du récit était pourtant agréable à découvrir, avec un personnage très humain, attachant, qui inspirait pitié et tristesse. Ses problèmes auditifs et sa relation avortée avec Ana sont des sujets de fond qui m’intéressaient, mais que je n’ai plus retrouvé dans la seconde partie, trop mécanique, froide, totalement vide de sens et de sentiments.



Il faut dire que les sujets sont (trop) nombreux et souvent uniquement abordés, sans être développés ; on se demande alors où se trouve l’intérêt réel du récit. J’ai en tête notamment les grands serments sur le gaz de schiste, produites par les sociétés américaines, qui viennent se placer dans l’histoire par je ne sais quel miracle, sans qu’aucun lien précis ne les y invite. C’est également le cas pour les longues discussions sur les postures vegans, ou bios, qui sont lourdes à lire et en totale inadéquation avec le récit. Ces passages étaient particulièrement barbants, non qu’ils soient inintéressants, mais pas forcément les bienvenus dans cette histoire, que je pensais plutôt intimiste et émotive. Finalement, ce n’est qu’au dénouement que l’on retrouve un peu de l’essence de la première partie, avec un retour sur l’histoire entre Juan et Ana et beaucoup de sentiments, particulièrement les bienvenus. Dommage que l’ensemble du livre n’a pas été écrit dans la même veine que ces scènes-là !



Enfin, globalement, je n’ai pas apprécié le style d’écriture, que j’ai trouvé, de la même manière que les sujets abordés ci-dessus, particulièrement lourd. Des paragraphes entiers s’étalaient, assez inutiles, comme si l’auteur souhaitait remplir des pages et des pages, sans servir l’histoire, qui n’avançait pas d’un pouce. Je pense notamment aux longues séries de descriptions, trop précises et alourdissantes, sur les paysages, l’environnement, les personnages, qui m’ont ennuyées.



Une histoire qui commençait bien, mais les longueurs à répétition et la lourdeur du texte ont vite freinés mon ardeur : je n'ai pas pris de plaisir avec cette lecture.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Un titre énigmatique pour un roman qui nous happe assez vite. Au début cela ne semble qu'un long monologue, Juan un DJ qui a quelques problèmes de santé, dus à son métier s'exile pour quelques temps en Ardèche. Loin de tout et de tous. Un break quoi... Il nous raconte dans ces pages sa vie trépidante, les excès (alcool, drogue, sexe, nuits blanches) et les fêtes, monstrueuses. Un monde en mouvement habité par la musique. Et puis peu à peu une histoire prend forme, ponctuée par de nombreuses réflexions sur notre monde.

Au milieu du livre l'histoire s'enlise un peu. Combat écologique, amour malheureux, ardéchois du cru contre fêtards sans limite. Cela fourmille de personnages, d'idées, de discussions. L'auteur décrit ce monde avec violence et tendresse. La nature est omniprésente, le bruit, les sensations, les saisons. L'auteur en parle bien.

Et puis le roman bascule dans une actualité désespérante. C'est glaçant, même si l'histoire est connue. On ne s'attendait pas au détour d'une phrase à retomber dans ce cauchemar.

Ecrit d'une plume alerte on suit les déboires de Juan avec intensité. L'auteur sait manier l'humour et le tragique. Avec une tendresse pour ses personnages.

Le roman d'une époque, désabusé certes, mais tellement vrai.

Merci à babelio et au Seuil de m'avoir fait découvrir ce livre.
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Les Sirènes d'Es Vedrá

D'une qualité indéniable, ce livre inclut le lecteur dans l'histoire racontée.

Il peut s'y trouver, s'y retrouver.

Il peut découvrir, ressentir.

Il ne peut être indifférent à l'histoire de Juan, dj atteint d'acouphènes et en perdition parmi ces « gens broyés sur l'autel de la fête ».



Un monde dans le monde se raconte dans la descente aux enfers de l'homme englouti par les heures de « vol », les tours du monde infernaux, l'alcool, les drogues, l'amour sans amour… sauf une femme, Ana et l'engloutissement de leur relation absorbée par les abus, dérives, mal-être… et pourtant présente, respectueuse, assoiffée de retrouvailles.



Juan réfugié dans un village du sud de l'Ardèche tente d'y voir clair.

Il porte un regard lucide sur lui-même, sur les autres, sur la société.

Lucidité auto-destructrice et destructrice, rencontres, découvertes écolo-altermondialistes, découverte de l'autre, des autres.



Présence d'une nature forte et puissante, dérangeante souvent pour le citadin enfoui dans l'artificiel.

Les descriptions de paysages, les sensations dues aux éléments naturels, les villageois, les rues, les routes en lacets, la maison, tout existe sans fioritures langagières et nous plonge dans l'univers de Juan, ses doutes, ses excès, ses appels à l'aide sous la dérision voire le mépris de ses propos.



Puis la chute, il est si difficile de changer…



Pourtant le livre va se refermer sur un espoir surgi de l'horreur, de la tristesse et de l'éveil à l'autre vie (dite normale???) grâce à une petite vie balbutiante posée dans ses bras et à l'amour, le vrai même s'il n'est plus que cendres.



Un très beau livre où l'on écoute le vent, les paroles, où l'on boit l'apéro au village, où l'on observe les uns et les autres, où l'on rit aussi (la scène de l'accouchement dans l'eau…), où l'on s'émeut, se révolte, rejette, évite de juger, tente de comprendre, verse une larme, rumine sur le titre qui n'est pas innocent, bref la vie, une vie, des vies.



Merci aux Éditions le Seuil et à Babelio pour cette découverte.

Merci aussi à l'auteur Tom Charbit pour ce premier roman. Que sera le deuxième?
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Les Sirènes d'Es Vedrá

A presque 40 ans, Juan est une célébrité dans le monde de la nuit. DJ mondialement connu, il est toujours par mont et par vaux, conjuguant fêtes, alcool et drogues. Mais lorsque son corps le trahit et que la surdité le guette, il lui faut réagir ! Juan décide alors de partir se mettre au vert en Ardèche, loin de la jet set. Commence alors pour lui une nouvelle vie auprès des habitants et de leurs traditions...

Je n'aurai sans doute jamais lu ce roman si Babelio ne me l'avait pas proposé lors d'une Masse Critique et je les en remercie, tout comme les éditions du Seuil, car j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture !

Grâce aux nombreux allers/retours entre passé et présent, on comprend mieux la vie tumultueuse de Juan, ses excès et leurs conséquences mais aussi sa nouvelle vie faite de rencontres et de bonheurs simples.

Je me suis vraiment attachée à son personnage. Les étapes qui mènent à sa résilience sont faites de doutes, de questionnements qu'il aborde avec beaucoup de sincérité et d'autodérision parfois.

Et que dire de la fin ? Inattendue et émouvante, je n'ai pu retenir quelques larmes...

A découvrir !!!

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Les Sirènes d'Es Vedrá

Tom CHARBIT. Les sirènes d’Es Vedra.



Je tiens à remercier Babelio et les éditions du Seuil de m’avoir confié ce livre. C’est une belle découverte, un eplume fine, fluide et qui décrit un univers que je ne connaissais pas, ne fréquentant pas ce genre d’établissement (je suis sans doute trop âgée pour aller sur les dance floor). Il y a de l’humanité, de l’humilité, d’amitié, et beaucoup d’amour dans ce récit.



Cette histoire se déroule de nos jours, dans les années 1990- 2020. Notre héros, Juan Llosa est un DJ célèbre, un clone de David Guetta. Pendant 20 années, il a officié dans toutes les grandes salles de spectacle, de danse, aux commandes de ses platines. Il a traversé les océans à de nombreuses reprises pour balancer cette musique électronique qui emporte les danseurs tout au long des longues nuits et même des journées. Aujourd’hui, il est à Ibiza, hier il était au Japon et dans trois jours il sera à Moscou, puis au Canada, etc..... Il connaît les aéroports bien mieux que son appartement parisien. Il est célibataire. Les voyages ne l’effraient pas et l’argent coule à flot. Sans cesse en jet-lag, il faut reprendre un cours de vie plus approprié, en finir avec le show-biz. Vingt années eà courir d’un continent à l’autre. Pour tenir ce régime, il abuse des paradis artificiels, alcool, drogues, sexe, et ce bruit, la violence des sonos, en un mot, il brûle la chandelle par les deux bouts.



A l’aube de ses quarante ans, il ressent des phénomènes acoustiques : il est sujet à des acouphènes, des maux de tête qui le plongent dans le désarroi. Il doit donc consulter un médecin ORL. Le diagnostic est sans appel : il est menacé de surdité profonde. S’il veut échapper à ce mal, il doit mettre sa profession en suspens. Julian, son ami et mentor va lui offrir un lieu de retraite, de villégiature, une petite maison en Ardèche. Juan va se retirer au calme, loin du gotha, des nuits psychédéliques, de la musique électro. Il s’installe dans cette demeure, ouverte à tout vent. Il se mêle à la population locale et fréquente assidûment ses voisins. Une nouvelle vie, un nouveau décor. La nature présente nous dévoile les saisons qui se suivent inexorablement, avec les travaux du monde rural. Mais parviendra-t-il à s’intégrer à ces gens du peuple, ces vignerons, ces commerçants locaux, le patron du café, l’hôtesse d’accueil de la supérette... Quel sera son avenir dans ce milieu qui lui est inconnu, loin de la capitale, de ses nombreuses conquêtes féminines, des ces trajets longues distances, de ses addictions à des drogues, des médicaments psychotropes de ses nuits sans sommeil ? Parviendra-t-il à s’implanter dans cette paisible bourgade ?



Tom CHARBIT nous décrit de façon brutale la vie insouciante, de ce DJ professionnel, grisé par le succès. Ses problèmes de surdité vont lui permettre d’échapper à l’univers impitoyable de fêtes, de musique à tue-tête et des nombreux excès qui constituent le quotidien de notre héros. Retiré dans une bourgade de la France profonde, il retrouvera une vie paisible. Mais un évènement majeur, consécutif à l’attentat du Bataclan en 2015, va lui donner une force surnaturelle pour affronter son nouveau destin. Le titre de ce roman fait allusion aux sirènes rencontrées par Ulysse et dont il s’est protégé en bouchant à la cire les oreilles de ses marins et en se faisant ligoté au mat de son embarcation. Il a entendu leurs appels mais n’a pu succomber leurs sortilège ; c'est la légende..



Un roman puissant, émouvant (j’ai versé encore quelques larmes), une bonne analyse de la société actuelle, la fracture sociale entre la province et la capitale. Une délicate description de ces paysages naturels, peu impactés par le progrès, la déforestation. Et dans ce contexte de vrais et profonds sentiments unissent les gens, la fraternité, la solidarité, l’entraide entre les divers protagonistes et les générations. Un roman de qualité, dont je me permets de vous conseiller la lecture. (15/01/2022).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

A Ibiza, la légende dit que les Sirènes auxquelles Ulysse a échappé se trouvaient à Es Vedra, une île proche. Aujourd'hui Ibiza est devenue un lieu de tourisme de masse où l'on vient de partout faire la fête aux sons des musiques électroniques. Et dans cette société aux valeurs superficielles, sexe, alcool et drogue font partie de ces nuits débridées.

Juan , le héros principal est l'un des DJ vedette de ces nuits branchées à Ibiza mais aussi dans d'autres endroits du même genre de par le monde.

Il est certes riche, mais à 40 ans , sa santé devient chancelante : de multiples voyages en avion, abus de drogue, d'alcool, et abus de décibels. Il souffre de plus en plus d'acouphènes et surtout de surdité. Cette surdité accompagnée de malaises lui tombe dessus par période, ne dure pas mais devient très gênante pour un homme dont le métier est liée au son !



A contre coeur, il obéit au médecin spécialiste qui lui ordonne de se reposer sans quoi sa surdité risque de s'installer. Il s'en va dans un tout petit village perdu en Ardèche où seul le mistral fait souffrir ses tympans. Ce changement de vie est radical. Petit à petit il va à la rencontre des villageois qui ont des préoccupations bien plus humainement importantes : empêcher une multinationale de venir s'implanter dans les campagnes avoisinantes pour y exploiter le fameux gaz de schiste. Il aussi va lentement mais sûrement s'attacher à leurs préoccupations et va, avec eux, militer contre cette exploitation.



Il va aussi renouer une certaine amitié avec Ana, qui a été sa petite amie avant qu'il ne devienne l'homme constamment en voyage dans un autre monde.

Il retourne parfois à Paris , et chaque fois il en revient désabusé. Cette ville est trop bruyante, trop rapide, trop sale, trop…. Et puis , il y les attentats terroristes du Bataclan et autres endroits parisiens.

A partir de là, sa vie va prendre un tournant inattendu.



J'ai eu du mal à dire si j'ai aimé ou pas ce roman, une fois refermé.



La première partie du roman décrit un monde superficiel, où l'argent, le sexe, la drogue , l'alcool, le non respect de son propre corps sont la norme. Comme Ulysse, ces noceurs sont attirés par des sirènes malsaines voire morbides.



La suite, en Ardèche, nous fait voir Juan sous un autre jour. Là les relations entre les villageois sont vraies. Il n'y a pas toutes ces sirènes et tous ont un but en commun : empêcher l'exploitation de gaz de schiste dont les retombées sont néfastes à la santé.



Enfin, les retrouvailles avec Ana et les événements qui vont s'ensuivre, et qui vont changer radicalement Juan.



Au final, c'est un peu cliché, un peu cousu de fil blanc. Quoique cette opposition entre la vie de Juan jusqu'à ses 40 ans et l'après peut d'une part faire écho au mythe d'Ulysse et d'autre part, être un genre de recensement des dérives de notre société moderne. Mais il faut alors "lire entre les lignes".



Le style est fluide, assez simple à lire ; cela cacherait-il donc une certaine profondeur selon l'angle de lecture ? Peut-être …. C'est pour cela d'ailleurs que j'ai attendu quelques jours pendant lesquels j'ai un peu réfléchi avant d'écrire cette chronique.



Merci Babelio et aux éditions du Seuil pour cette découverte qui m'a fait connaître un nouvel auteur et un sujet plutôt inhabituel pour moi.
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Jean, Juan pour les besoins du star system, est un DJ de renommée mondiale. Menant depuis 20 ans une vie de folie. A l’aube de la quarantaine, son corps le rappelle à l’ordre et lui présente la note de ces années d’excès.



Un choc pour Juan qui, contraint et forcé, échange son appartement parisien contre la maison d’un ami en Ardèche. A l’approche de la basse saison, le voilà soumis aux conditions climatiques inhabituelles, au calme et à une existence sans stress.





Un retour au calme qui ne se fera pas sans surprises, ni sans effort. L'histoire d'une renaissance sur fond de critique de la société actuelle, une lecture plaisante teintée d'humour et de cynisme.
Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

L'Ardèche hors saison et une sorte de David Guetta se mettant au vert pour cause de début de surdité et d'acouphènes intempestifs forment le duo improbable de ce roman. Le DJ se prénomme Juan, jouit d'une petite quarantaine sans trop de scrupules vis à vis de l'argent ( les comptes en banque sont pleins car les sets à Ibiza ou dans tous les lieux branchés de la planète lui ont rapporté un max) et profite d'une sexualité joyeuse avec quelques beautés locales, insensibles à sa célébrité ( donc sans doute aimantées par son charme qui n'est jamais décrit dans le roman, ni réellement ressenti par le lecteur). Encore un livre branchouille pourrait-on penser à première vue, sauf que ce premier opus de Tom Charbit séduit d'emblée par une certaine nonchalance dans l'histoire qui ne sort jamais trop d'une certaine banalité mais qui aime à mêler amour d'une région ( longuement décrite sous tous ses aspects) prétexte à des digressions assez pêchues sur nos vies dans une société amoureuse de fric et de performance. Tout y passe ( ou presque) de la mondialisation à la maternité, du tourisme de masse à l'écologie. Au départ on pense à une resucée de Vernon Subutex de Despentes ( en mieux, car, faut l'avouer, la trilogie est loin d'être ses meilleurs écrits) qui aurait été un peu squatté par Houellebecq.

Assez nonchalamment, le roman avance de façon agréable, car jouissant d'une jolie écriture. On prend plaisir à ce séjour ardéchois qui se moque un peu de faire du grand romanesque avec de grands sentiments ( avec, quand même, un dernier tiers qui va s'y employer avec émotion), préférant se payer avec une certaine noirceur les nombreux travers de nos sociétés. Ainsi, sur le petit monde du livre, Tom Charbit fait dire à son narrateur : " Je vais arrêter de demander conseil à la libraire du village d'à côté, à chaque fois elle s'emballe pour un bouquin en me disant que c'est génial, alors qu'en fait c'est juste ce qui est sorti de mieux au cours des deux derniers mois.... Tu vois, au fond, je suis sûr qu'elle est convaincue d'être une passionnée de littérature alors qu'elle n'est qu'un petit soldat au service d'une énorme industrie. Quand j'étais DJ, moi aussi je passais mon temps à m'extasier sur des nouveautés qui si on les écoutait avec un poil de recul n'avaient en réalité strictement aucun intérêt." Alors, à l'aune de cette semonce bien pensée de l'auteur, disons donc que "Les Sirènes d'Es Vedra" se lit facilement, agréablement, n'enthousiasmera pas les grands amateurs de belles histoires bien cousues ( très souvent de fils blancs) mais plaira à ceux qui aime toutefois être accompagnés par un joli style et de nombreux coups de griffes bien sentis ( peut être dérangeants). C'est déjà pas mal du tout, pas encore un grand roman, mais certainement mieux que "Anéantir" dont on nous rebat les oreilles ( grand auteur avec gros contrat oblige).
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