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Citations de Willa Cather (219)


Ce long voyage m’arrachait même à la tendre vigilance des morts. Et le char cahotant m’emportait je ne savais où. Je ne pense pas que j’avais le mal du pays. Je ne m’inquiétais pas non plus de savoir si nous arriverions jamais nulle part. Balloté entre ciel et terre, je m’effritais, je disparaissais. Cette nuit-là, je ne récitai pas mes prières, car ici, je m’en rendais bien compte, ce qui devait arriver arriverait immanquablement.
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Mais il avait l’esprit aussi indolent qu’il était peu économe de la force de son corps. Son amour de la routine valait chez lui pour vice. Il travaillait à la manière d’un insecte, faisant toujours les mêmes gestes de la même façon, sans le moindre souci d’efficacité relative. Il était convaincu des vertus souveraines et intrinsèques du labeur physique, préférait, à tout prendre, faire les choses de la manière la plus pénible. Qu’un champ ait été planté de maïs et il ne supportait pas l’idée d’y semer du blé. Il aimait commencer planter le maïs à la même époque chaque année, que la saison fut en avance ou en retard.
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Onze longues années durant, John Bergson n’avait guère imprimé sa marque sur la terre indomptée qu’il était venu domestiquer. (…) Bergson avait passé ses cinq premières années sur la Ligne à s’endetter et les six dernières à rembourser.
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Il n’y avait rien que la terre. Pas la campagne, mais seulement la matière première dont la campagne est faite. Oui, il n’y avait rien que la terre qui avait de légères ondulations […]. Il me semblait que le monde restait en arrière, que nous étions passés de l’autre côté, et avions quitté la juridiction humaine. Jamais encore je n’avais regardé le ciel sans qu’il y eût la silhouette d’une montagne. Mais on avait là la voûte des cieux toute entière, tout ce qui en existait. […] Je ne crois pas que j’avais le mal du pays. Si nous ne devions jamais arriver nulle part, cela n’avait aucune importance. Pris entre cette terre et ce ciel, je me sentais comme effacé, gommé. Je ne dis pas mes prières cette nuit-là. Ici, pensai-je, ce qui sera sera.
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"Sais-tu, Antonia, que depuis mon départ je pense à toi plus souvent qu'à personne d'autre de cette région du monde ? J'aurais aimé que tu sois ma fiancée, ma femme, ou ma mère, ma sœur, n'importe laquelle des créatures irremplaçables qu'une femme peut être pour un homme. L'idée de mon Antonia est une partie de mon esprit. Tu influences mes sympathies et mes antipathies, tous mes goûts. Et tu exerces cette emprise si continuellement que souvent je ne m'en rends plus compte. Tu fais partie de moi-même, réellement."
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"Je me sentais parfaitement heureux. Peut-être est-ce là ce qu'on éprouve quand on meurt et qu'on devient partie d'un grand tout, que ce soit l'air et le soleil, ou la bonté et la connaissance. Je ne sais pas, mais le bonheur, c'est ça : se dissoudre dans un grand tout. Et quand le bonheur nous vient, il nous vient aussi naturellement que le soleil."
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Les fermiers américains de notre comté étaient aussi à court d'argent que leurs voisins récemment arrivés des pays étrangers. Les uns et les autres avaient immigré dans le Nebraska avec un capital des plus modestes et sans aucune connaissance du sol dont ils auraient à triompher. Tous avaient hypothéqué leurs terres. Cependant, même dans la plus grande détresse, un Pennsylvanien ou un Virginien n'aurait jamais consenti à laisser sa fille travailler pour les autres. Si elle n'était pas capable de devenir institutrice, elle restait à la maison, inactive et vouée à la pauvreté.
N'ayant pas eu l'occasion d'apprendre convenablement l'anglais, les jeunes Tchèques et les jeunes Scandinaves ne pouvaient pas être institutrices. Bien décidées, pourtant, à aider leurs parents, qui luttaient pour s'acquitter de la dette dont les terres étaient grevées, ces filles n'avaient pas d'autres choix que d'entrer en service. [...] Toutes les filles que je connaissais contribuaient à payer des charrues et des moissonneuses, des truies pour la reproduction, des bœufs à engraisser.
Dans notre comté, cette solidarité familiale, eut, entre autres, cette conséquence : les fermiers d'origine étrangère furent les premiers à connaitre l'aisance. Dés que le père s'était débarrassé de sa dette, la fille épousait le fils d'un voisin, en général venu du même pays. La petite campagnarde tchèque ou norvégienne, qui travaillait naguère dans une cuisine de Black Hawk, possède aujourd'hui une grande ferme et une famille dont elle peut être fière. Ses enfants sont élevés dans de meilleures conditions et ont devant eux un avenir plus sûr que ceux de la dame de la ville chez qui elle avait servi.
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Ce long voyage m'arrachait même à la tendre vigilance des morts. Et le char cahotant m'emportait je ne savais où. Je ne pense pas que j'avais le mal du pays. Je ne m'inquiétais pas non plus de savoir si nous arriverions jamais nulle part. Balloté entre ciel et terre, je m'effritais, je disparaissais. Cette nuit-là, je ne récitai pas mes prières; car ici, je m'en rendais bien compte, ce qui devait advenir adviendrait immanquablement.
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C'était bien là l'un des aspects de cette guerre; elle arrachait un gars à sa petite ville, lui donnait du panache, une démarche de matamore, une vie digne du cinéma - et puis une mort pareille à celle des anges rebelles.
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À l'intérieur des vivants aussi, languissaient des captifs. Oui, en vérité, à l'intérieur des gens qui marchaient et travaillaient en plein soleil, des captifs vivaient dans les ténèbres - et jamais on ne les voyait, de l'heure de leur naissance à celle de leur trépas. Dans ces geôles brillait la lune, et le prisonniers rampaient jusqu'aux fenêtres pour contempler de leurs yeux tristes le globe blanc qui ne trahissait nul secret et comprenait toute chose.
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En regardant autour de moi, j'eus l'impression que l'herbe était le pays même, comme l'eau est la mer. L'herbe rouge donnait à l'immense prairie une couleur vineuse, cette couleur qu'ont certaines algues quand elles viennent d'être rejetées sur la plage. Et dans cette végétation, il y avait tant de mouvements que le pays tout entier semblait courir.
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Ballotté entre ciel et terre, je m'effritais, je disparaissais. Cette nuit-là, je ne récitai pas mes prières ; car ici, je m'en rendais bien compte, ce qui devait advenir adviendrait immanquablement.
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"Dans leurs plus grands malheurs," se dit-il, "les gens ont envie d'être seuls. Et ils en ont le droit. Et ce sont les malheurs qui arrivent à l'intérieur de soi qui sont les plus grands. Il est sûr que la chose la plus triste au monde c'est de cesser d'aimer - pour peu qu'on ait jamais commencé."
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Comme si Rosicky avait eu le don spécial d'aimer les gens, tout comme d'autres ont une oreille douée pour la musique ou un oeil doué pour la couleur. C'était une façon d'être à la fois tranquille et discrète : elle était tout simplement là. On le sentait à ses mains aussi.
(...)
Elle se demanda si ce n'était pas une main de Tzigane, vive, rapide et légère dans sa façon de communiquer : une main étrange pour un fermier.
(...)
C'était une main humaine et chaleureuse, non dépourvue d'adresse, pleine de générosité et de cette qualité que Polly appelait "tzigane" - quelque chose de leste, de vivant et de sûr, qui n'était pas sans évoquer la patte des animaux.
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" Naturellement, ça veut dire que tu nous quittes pour de bon, lui dit-elle avec un soupir. Mais ça ne veut pas dire que je te perdrai. Regarde mon papa qui est ici. Ca fait des années qu'il est mort et pourtant il est plus réel pour moi que pratiquement n'importe qui d'autre. Jamais il ne sort de ma vie. Je lui parle, je lui demande conseil tout le temps. Plus je vieillis, mieux je le connais et mieux je le comprends. "
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" Ca doit te rendre tellement heureux, Jim, d'avoir ton esprit plein de si jolies pensées tout le temps, et d'avoir les mots pour les exprimer. Moi, j'aurais tant voulu aller à l'école, tu sais."
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J'étais quelque chose posé au soleil, et qui le recevait, tout comme les citrouilles, et je ne souhaitais rien d'autre. J'étais complétement heureux. C'est peut-être comme cela que nous nous sentons lorsque nous mourrons. Nous devenons alors une partie d'un immense tout, que ce soit le soleil et l'air ou le bien et la connaissance. De toute façon, c'est le bonheur ; se dissoudre dans la totalité et l'immensité. Quand ça nous arrive, cela vient aussi naturellement que le sommeil.
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Il savait qu'il existe un tel rêve d'amitié prête à tous les sacrifices, d'amour désintéressé, parmi les journaliers, les hommes qui font marcher les trains, les navires, les moissonneuses, les batteuses et les marteaux-piqueurs du monde entier. Et Tom avait amené ce rêve avec lui à l'université, où les promotions acquises par le truchement d'influences personnelles sont considérées comme tout à fait honorables.
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Tous ces après-midi d'automne se répétèrent, identiques,mais je ne m'en lassai pas. Aussi loin que nous regardions, sur des kilomètres, l'herbe d'un rouge cuivré était inondée de soleil; ses rayons étaient plus chauds et plus mordants qu'à n'importe quelle autre heure du jour. Dans leur blondeur, les champs de maïs prenaient une teinte d'or rouge, les meules de foin devenaient roses et allongeaient leur ombre. Toute la prairie avait l'allure du buisson ardent qui flambe sans se consumer. Cette heure toujours offrait la jubilation de la victoire, d'une fin triomphante, telle la mort d'un héros, de ces héros qui meurent jeunes et glorieusement. C'était une transfiguration soudaine, l'apothéose de la journée.
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Tous ces après-midi d'automne se répétèrent, identiques, mais je ne m'en lassai pas. Aussi loin que nous regardions, sur des kilomètres, l'herbe d'un rouge cuivré était inondée de soleil; ses rayons étaient plus chauds et plus mordants qu'à n'importe quelle autre heure du jour. Dans leur blondeur, les champs de maïs prenaient une teinte d'or rouge, les meules de foin devenaient roses et allongeaient leur ombre. Toute la prairie avait l'allure du buisson ardent qui flambe sans se consumer. Cette heure toujours offrait la jubilation de la victoire, d'une fin triomphante, telle la mort d'un héros, de ces héros qui meurent jeunes et glorieusement. C'était une transfiguration soudaine, l'apothéose de la journée.
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