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Citations de William Wilkie Collins (453)


En apparence, mon système peut sembler compliqué ? poursuivit le capitaine. A tout prendre, pourtant, c'est la simplicité même. Je me borne à éviter les erreurs dans lesquelles tombent les praticiens vulgaires. Cela revient à dire que je ne plaide jamais pour moi-même et que je ne m'adresse jamais aux gens riches, deux fatales méprises, que commettent en permanence les praticiens de second ordre. Les gens modestes peuvent avoir parfois de généreuses impulsions en matière d'argent ; les gens riches jamais.
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Il n'était nullement affecté par la physionomie sévère et le langage acéré de Miss Garth. La proposition qu'elle lui adressait le soulageait, tout simplement ; il le laissait voir avec la plus engageante franchise. Cette fois, l'oeil vert prit l'initiative et incita l'oeil brun à exprimer, lui aussi, un retour de sérénité. Le coin des lèvres se retroussa de plus belle ; par un mouvement rapide, l'homme glissa son parapluie sous son bras et tira de son habit un gros portefeuille noir démodé. Il en sortit un crayon et une carte de visite, hésita, réfléchit un instant, puis traça rapidement quelques mots sur la carte qu'il remit aussitôt à Miss Garth, avec l'empressement le plus civil.
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C'était une soirée monotone et sans air. La mer se taisait à l'est, majestueuse et grisâtre, dans un repos absolu. La ligne de l'horizon se noyait, invisible, dans les profondeurs brumeuses du ciel ; immobiles sur l'onde paresseuse, les nefs oisives prenaient je ne sais quels airs de fantômes ; au sud la haute muraille bordant la tranchée maritime, et la massive tour ronde perchée sur le monticule herbu, opposaient aux regards une barrière sombre et lui fermaient toute perspective. A l'ouest, une traînée rouge du soleil couchant faisait resplendir l'extrême limite des cieux, norcissait la silhouette des arbres qui frangeaient les marges lointaines du grand marécage intérieur et changeait ses petites flaques d'eau brillante en flaques de sang.
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Le vallon était putride et désolé, et ses versants - raides et irréguliers - étaient formés de masse de roches décolorées, de bandes d'herbe et d'amas de feuilles mortes. Un marécage sombre et envahi par les herbes recouvrait le fond de la dépression. Dans la partie la plus profonde, la pluie tombée durant la nuit avait formé une mare d'eau stagnante où des feuilles flétries flottaient au milieu des vapeurs pestilentielles. Cet endroit ne connaissait ni les rayons du soleil ni la chaleur humaine, car de toutes les parties de la forêt, c'était celle où la végétation était la plus dense et où les hommes s'aventuraient le plus rarement. Les indigènes nommaient ce lieu "le vallon de l'homme sauvage". En effet, quelques années auparavant, des voyageurs passant par là par hasard avaient aperçu l'un de ces parias hantant ce funeste lieu.
Le prêtre s'approcha encore plus près du bord et, détachant ses yeux de l'enfant, s'arma de courage pour accomplir son dessein criminel. L'aspect effrayant du lieu ne l'affectait en rien. L'état de terreur où il se trouvait était bien trop réel et intense pour cohabiter avec une chose aussi indéfinie et floue que la superstition. En cet instant, il ne ressentait ni pitié ni remords, et pourtant il était incapable de jeter l'enfant dans le précipice. Il ne comprenait pas bien ce qui le retenait ; il n'arrivait pas à percevoir l'origine de la peur qui le tenaillait... mais il restait immobile, fixant la mare d'eau comme s'il était en train de rêver.
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Les hommes ! Ce sont les ennemis de notre innocence et de notre paix ; ils nous accaparent corps et âme, nous séparent de nos proches, lient nos vies sans défense aux leurs comme on attache un chien à sa niche. Et pour nous donner quoi en retour ?
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N'allez pas croire que je suis superstitieux ; j'ai lu beaucoup de livres au cours de ma vie ; à ma manière je suis un savant
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Mes yeux s'accommodaient au jour parcimonieux qui entrait par le trou de la toiture, et je fus bientôt convaincu qu'il s'agissait, à en juger par ses dimensions, du cadavre d'un homme, cadavre sur lequel on avait apparemment jeté un drap, et qui était resté là, livré à la corruption, suffisamment longtemps pour que le tissu se couvrît de cette moisissure bleutée.
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-- Mais dites-moi, Betzee, ma chère, demandait l'oncle Joseph, pourquoi personne n'entre-t-il jamais dans ces vieilles chambres moisies ?
-- Parce qu'il y a un fantôme dedans, répondit Betsey dans un éclat de rire, comme si elle ne voyait pas de différence entre une série de chambres hantées et une série d'excellentes plaisanteries.
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« Une goutte de thé est pour la langue d’une femme ce qu’est une goutte d’huile pour une lampe qui s’éteint. » (p. 145)
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Ainsi que le Juge aurait pu entendre cette histoire, ainsi l'entendra le Lecteur maintenant. Aucune circonstance d'importance, du début à la fin de cette révélation, ne sera relatée par ouïe dire. Quand l'auteur de ces lignes d'introduction (du nom de Walter Hartright) sera plus étroitement lié que d'autres aux incidents rapportés, il les décrira en sa propre personne. Quand son expérience fera défaut, il se retirera de la position de narrateur ; et sa tâche sera poursuivie, au point où il se sera arrêté, par d'autres personnes qui peuvent parler des circonstances en question de par leur propre connaissance, tout aussi clairement et positivement qu'il en avait parlé avant eux.
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L’opinion populaire en Angleterre me paraît non seulement tenir la culture des muscles pour une activité aussi importante que la culture de l’esprit, mais aller, sinon en théorie, du moins dans la pratique, jusqu’à donner le pas à la première sur la seconde, attitude que je juge aussi absurde que dangereuse. Un exemple : je ne relève chez nos compatriotes aucun enthousiasme aussi franc ni aussi massif que celui suscité par vos épreuves universitaires d’aviron. Ou bien encore : je vois votre éducation physique donner lieu à des célébrations publiques dans les écoles et les collèges, et je demande à tout témoin non prévenu de me dire ce qui occupe la plus grande place dans la presse, de la démonstration, le jour de la remise des prix, de ce que les jeunes peuvent faire de leur esprit, ou de l’exhibition en plein air, le jour des compétitions scolaires, de ce qu’ils peuvent faire avec leur corps. Vous savez parfaitement bien lesquels de ces exploits donnent lieu aux plus bruyantes acclamations, occupent la une des journaux et, conséquence inévitable, confèrent les plus grands honneurs aux héros du jour.
Nouveau murmure de la part de Un, Deux et Trois :
– Nous n’avons rien à répondre à cela, monsieur. Jusqu’ici nous sommes d’accord avec vous. Nouvelle ratification de l’opinion prédominante de la part de Smith et Jones.
– Très bien ! poursuivit Sir Patrick, nous sommes du même avis sur les dispositions du public. Si ce sentiment général est à respecter et à encourager, dites-moi quel avantage en est résulté pour la nation. Où se situe l’influence de ces modernes accès d’enthousiasme viril sur les préoccupations importantes de la vie ? Et en quoi ont-elles amélioré le caractère de la population ? Chacun d’entre nous s’en trouve-t-il plus disposé à conformer ses intérêts privés au bien du plus grand nombre ? Traitons-nous les questions sociales de notre temps d’une manière sensiblement plus résolue, plus radicale et plus ferme ? Appliquons nous avec plus d’exactitude et de probité notre code d’éthique commerciale ? Y a-t-il quelque chose de plus sain et de plus élevé dans ces divertissements, qui, dans tous les pays, reflètent fidèlement le goût du public ? Présentez-moi des réponses affirmatives à toutes ces questions, avec de solides preuves à l’appui, et je conviendrai que cet engouement pour les sports athlétiques n’est pas qu’un nouvel avatar de notre présomption et de notre barbarie insulaires.

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La voiture se mit en marche, et je restai au milieu de la route avec une vague envie de l’arrêter aussitôt – pourquoi ? je n’aurais su le dire moi-même – , mais la pensée que j’aurais pu effrayer la jeune femme ou lui déplaire me retint. Le bruit des roues s’éloigna, et la voiture se perdit dans la nuit. La dame en blanc avait disparu.
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De mon temps, les tenants de la peinture moderne se limitaient à quelques aristocrates et personnages de vieille souche qui, en matière de goût au moins, ne se permettaient jamais de penser par eux-mêmes. Ils héritaient ou bien achetaient une galerie plus ou moins garnie de tableaux anciens. Placer leur foi en ces oeuvres sur la base de ouï-dire procédait autant de leur éducation que placer leur foi en le roi, en la Chambre des Lords et en celle des communes. C'était un article de leur credo que de croire que les grands peintres étaient les peintres défunts et que, plus les vivants imitaient les morts, plus ils avaient de chances de devenir eux-mêmes, à l'avenir et dans une moindre mesure, grands.
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Lorsque je fus présenté à cette dernière, qui n’était autre que la gouvernante de miss Fairlie, je me souvins en souriant du portrait qu’en avait fait miss Halcombe : « Possédant toutes les vertus cardinales, mais ne comptant pour rien ! » Mrs Vesey personnifiait bien la quiétude et l’amabilité. Un sourire serein éclairait éternellement son visage placide. Dans la vie, certains courent, d’autres flânent. Mrs Vesey, elle, s’asseyait. Elle s’asseyait dans la maison, le matin et le soir, elle s’asseyait dans le jardin, elle s’asseyait aux fenêtres dans les corridors, elle s’asseyait sur un pliant quand on l’obligeait à aller se promener. Elle s’asseyait avant de parler, avant de répondre ne fût-ce que « oui » ou « non », avant de regarder quelque chose, avec toujours le même sourire, la même inclination de tête paisible, la même confortable position des mains et des bras.
Une vieille dame douce, extraordinairement tranquille et bien agréable ! Devant elle, on oubliait même qu’elle existait… La nature a tant à faire, et il y a tant de variétés parmi les êtres et les choses qu’elle produit que, de temps à autre, certainement, elle ne doit plus distinguer très clairement entre les différentes espèces au développement desquelles elle doit veiller. Aussi ai-je toujours eu la conviction intime que la nature s’occupait à faire pousser des choux au moment de la naissance de Mrs Vesey et que la bonne dame se ressentait de ce qu’avait été à cette heure-là la préoccupation de notre mère à tous.
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"Il était des outrages que son mari avait le droit de lui infliger au nom même du mariage, et dont la seule idée lui glaçait les sangs. Sir Patrick était-il en mesure de l'en protéger ? Absurdité ! Le droit et la société dotaient son mari de ses prérogatives conjugales. Le droit et la société n'avaient qu'une réponse à lui donner, si d'aventure elle demandait leur soutien : vous êtes sa femme."
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À dix heures, le lendemain matin, Mr. Neal, qui attendait la visite médicale fixée par lui-même pour ce moment-là, jeta un regard à sa montre et découvrit, à sa grande surprise, qu'il attendait en vain. Il était près de onze heures lorsque la porte s'ouvrit et livra passage au docteur.
— J'avais pris rendez-vous pour dix heures, dit Mr. Neal. Dans mon pays, un médecin est un homme ponctuel.
— Dans mon pays, répondit le docteur, sans mauvaise humeur, le médecin est comme les autres hommes, à la merci des accidents. Je vous prie d'accepter mes excuses, monsieur, pour avoir été si long. J'ai été retenu par un cas grave, celui de Mr. Armadale, dont vous avez rencontré hier la voiture.
Mr. Neal leva sur son interlocuteur un regard plein d'une aigre surprise. Il y avait de l'anxiété sur la figure du docteur, un embarras dans ses manières, qu'il ne s'expliquait point. Les deux hommes se regardèrent un moment en silence, deux types bien tranchés : l'Écossais long, maigre, dur et régulier; l'Allemand corpulent, bonhomme, tout en courbes imprécises. Le premier semblait n'avoir jamais été jeune; le second paraissait ne devoir jamais vieillir.
— Me permettrai-je de vous rappeler, fit Mr. Neal, que le cas qu'il s'agit d'examiner en ce moment est le mien, et non celui de Mr. Armadale?
— Certainement, répondit le docteur, hésitant encore entre le malade qu'il venait de quitter et celui qu'il avait à présent devant lui. Vous paraissez souffrir d'une légère claudication? Permettez-moi d'examiner votre pied.La maladie de Mr. Neal, quelle que fût l'importance que lui-même y accordait, ne présentait rien d'extraordinaire d'un point de vue médical. Il avait un rhumatisme à la cheville. Les questions nécessaires furent posées, on y répondit et les bains nécessaires furent prescrits. Au bout de dix minutes, la consultation se terminait, et le patient attendait, dans un silence significatif, que le médecin prît congé.
— Je ne puis me dissimuler, dit ce dernier avec hésitation en se levant, que je vais être indiscret, aussi vous prierai-je de m'excuser, mais je suis obligé de revenir au cas de Mr. Armadale.
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Accablée par ses efforts d'intelligence, Mrs Wragge ne poursuivait plus que dans ses rêves la confection de sa fameuse omelette. Sa tête penchait d'un côté, son corps de l'autre. Un doux ronflement lui échappait. De temps en temps une de ses mains, soulevée en l'air, agitait une poêle chimérique et retombait, avec un faible choc, sur le livre de cuisine étalé en son giron. Au bruit de la voix conjugale, elle se dressa debout en sursaut et, l'intelligence encore endormie mais les yeux tout grands ouverts, elle fit face au capitaine.
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Cela me fait pitié, se disait-elle, d’entendre vanter la vertu de femmes qui n’ont jamais su ce que c’est que la tentation ! Quel beau mérite de vivre honorablement quand votre existence n’est qu’une suite de biens et de jouissances ? Sa mère a-t-elle connu le dénûment ? Ses sœurs ont-elles été abandonnées dans la rue ?
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Un homme s'encadra sur le seuil.
Il ne s'agissait ni d'un gentleman, ni d'un ouvrier, ni d'un domestique. Il était fort mal vêtu de drap noir lustré. Plutôt que d'épouser sa silhouette, sa redingote tombait comme si elle avait été accrochée à un cintre. Son gilet était trop court et trop juste. Son pantalon ressemblait à une paire de sacs noirs informes. Il flottait dans ses gants, et ses bottines crissaient détestablement à chacun de ses déplacements. Son oeil avait quelque chose d'odieusement pénétrant - un oeil qui paraissait habile à épier par les trous de serrure. Ses grandes oreilles, orientées vers l'avant comme celles d'un singe, plaidaient coupables de la mesquine habitude d'écouter aux portes.
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La souffrance développe le mal que chacun porte en soi autant qu'elle développe le bien. Ce qu'il y avait de bon chez Mrs. Milroy céda peu à peu à l'influence néfaste de la maladie. De mois en mois, tandis qu'elle devenait plus faible physiquement, elle devint, moralement, de plus en plus mauvaise.
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