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Critiques de Xavier Dorison (2214)
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Le Troisième Testament, tome 1 : Marc ou le r..

Il y a eu l'Ancien, puis le Nouveau, alors pourquoi il n'y aurait pas Le Troisième Testament ?



Et s'il existait un manuscrit qui chamboulerait le dogme chrétien, remettrait en cause l'histoire même du Christ ?

Imaginez un peu l'effet sur les moines inquisiteurs du Moyen âge : ce texte aurait eu de quoi les faire trembler dans leur froc !



L'hypothèse m'amuse et je suis prête à suivre Conrad de Marbourg, ancien inquisiteur énigmatique et la jeune Elisabeth d'Elsenor, fille adoptive d'archevêque, qui se sont mis en quête de ce mystérieux manuscrit.

D'autant plus que l'aventure s'annonce époustouflante ! Paysages vertigineux, courses poursuites, séquences voltige et émotion viennent surprendre le lecteur en pleine recherche ésotérique !

Et comme disait Oscar Wilde, " le seul moyen de se délivrer d'une tentation , c'est d'y céder", alors cédons !
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Comment faire fortune en juin 40

Laurent Astier, Fabien Nury et Xavier Dorison : une vraie « dream team » de la bande dessinée franco-belge actuelle s’est associée pour créer un opus solo sur un thème rarement abordé, et encore moins sous l’angle de l’humour : la débâcle française de 1940 ! J’ai en plus apprécié ‘‘Comment faire fortune en juin 40’’ dans son édition de luxe, c'est-à-dire dans un écrin cartonné rouge pétant et par des planches en noir et blanc, ce que je préfère vu le trait utilisé par Laurent Astier ici, ce qui colle parfaitement à l’ambiance « d’époque » d’abord, et ce qui s’associe tout aussi bien à l’ambiance « roman noir » entre casse et drame.



Qui dit œuvre de casse, dit forcément un casting qui doit élever le niveau. Les quatre personnages principaux ont été choisis avec soin par les auteurs. D’abord, il y a Franck, boxeur habitué aux projecteurs des rings, mais aussi cambrioleur particulièrement rôdé ; les auteurs l’ont voulu comme un Lino Ventura trapu. Ensuite, vient Sambio, qui cherche et semble réussir à devenir un caïd de la pègre parisienne ; les auteurs l’ont imaginé comme un Alain Delon toujours plus cynique et désabusé. Kurtz est, quant à lui, un mécano débrouillard et surtout déserteur de la Wehrmacht, autant dire que la situation ne lui plaît guère. Ce trio très masculin est complété par la douce présence de Ninon, experte en mécanique, ce qui s’applique aux explosifs comme aux serrures des coffres les plus résistants ; elle a le charme des personnages féminins résistants pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les autres personnages font finalement que de très petites interventions, puisque nous suivons le quatuor principal dans un road-trip infernal à travers le France de 1940, la France de l’Exode et du début de la collaboration.

Dès le départ, le scénario donne le ton d’une aventure débridée et volontairement en marge de la marche bien connue de l’Histoire : Fabien Nury et Xavier Dorison brassent leur culture. Les Français subissent la débâcle face à l’avancée allemande ; l’exode débute pour certains ; d’autres tentent déjà de se retrouver du bon côté de la bataille, voire de tirer les marrons du feu. Le lecteur peut forcément regretter de ne voir que des esquisses de personnalité se former pour la majeure partie des personnages : dans un tel « road movie », on égrène les pertes au compte-gouttes au départ, puis vient la saucée aux trois-quarts de l’aventure…

Le dessin de Laurent Astier est à la fois énergique et aux traits suffisamment arrondis pour créer un mélange trouble entre la dynamique de la violence et la caractérisation volontairement touchante des personnages. Personnellement, j’ai pu apprécier son travail en noir et blanc après avoir acheté (et fait dédicacer par l’artiste) la version de luxe à la 25e Heure du Livre du Mans 2015. Forcément, sans les couleurs, le trait du dessinateur fait davantage mouche, ou en tout cas a davantage de poids pour faire la décision.



Comment faire fortune en juin 40 est donc une bande dessinée très cinématographique bien réjouissante, à mi-chemin volontaire entre le film de casse et le film de guerre sur la vie sous l’Occupation. Ce trio composé de Laurent Astier, Fabien Nury et Xavier DOrison mériterait bien d’autres albums pour nous divertir.

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Le chant du cygne, tome 2 : Qu'un seul nous..

Avril 1917. Katzinki a enfin réussi à gagner la confiance de ses soldats. Avec ses hommes, toujours en possession de la pétition de la côte 108, signée par des milliers de poilus qui souhaitent mettre fin à toutes ces boucheries inutiles, ils font la route vers l'assemblée nationale afin de la remettre en main propre à Morvan. Malheureusement, cela ne plait pas à tout le monde. Derrière eux, Puzzle, toujours à leurs trousses. Plus que jamais déterminé à arrêter ces mutins depuis qu'il a essuyé un affront et perdu quelques-uns de ses hommes...



Xavier Dorison et Emmanuel Herzet nous offrent un second volet à la hauteur du premier. Pas de temps mort et peu de répit dans cet album où moult péripéties et rebondissements jalonnent la route de ces poilus bien décidés à rejoindre Paris. Inspiré par des faits historiques, ce scénario passionnant de bout en bout est finement construit, mettant sans cesse en doute la véritable nature de ces hommes et les rapports qu'ils entretiennent entre eux. Des héros charismatiques et finalement touchants, partagés entre courage, trahison et lâcheté. le dessin de Cédric Babouche sert à merveille cette ambiance soutenue et ce rythme nerveux : un trait vif et expressif, une mise en page dynamique et des aquarelles éclatantes de toute beauté.

Une belle réussite...
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Long John Silver, Tome 1 : Lady Vivian Hast..

Amateurs de chasses au trésor, d'exotisme et de piraterie, les aventures de ce vieux loup de mer coriace et roublard sont faites pour vous! Xavier Dorison et Mathieu Lauffray nous offrent avec ce premier tome un vibrant hommage à Robert Louis Stevenson dont ils se sont librement inspirés pour donner naissance à cette série consacrée à l'un des personnages de « L'île au trésor » : Long John Silver. Nous voilà donc dix ans après les événements relatés dans le roman initial et notre marin s'est tourné vers la piraterie, acquérant une réputation d'efficacité redoutable dans le milieu. Guère surprenant dans ces circonstances que, lorsque l'aristocrate en disgrâce Lady Vivian Hastings décident de monter une expédition secrète afin de contrecarrer les plans de son époux, se soit tout naturellement à lui qu'on lui conseille de s'adresser. Nous voilà donc partis pour une nouvelle aventure en quête d'un autre trésor perdu, celui de Guyanacapac, qui reposerait depuis des siècles bien à l'abri au cœur de la jungle amazonienne.



C'est sans guère de difficultés que l'on se plonge dans les aventures de ce groupe de personnages aux motivations et personnalités très différentes qui vont devoir apprendre tant bien que mal à travailler ensemble s'ils veulent récupérer leur part du butin. Chaque protagoniste bénéficie d'une psychologie fouillée et soignée qui nous les rendent vite attachants, qu'il s'agisse de Vivian Hastings, séductrice et manipulatrice rongée par la solitude, docteur Liveset, scientifique intègre possédant malgré tout une part d'ombre, et bien sur Long John Silver, pirate usé par la maladie mais néanmoins charismatique et téméraire. Ce premier album n'est toutefois pas exempt de défauts, à commencer par les graphismes qui, en ce qui me concerne, me perturbent plus qu'ils ne me charment (notamment au niveau du traitement des personnages). Difficile également d'oublier qu'il s'agit avant tout d'un tome purement introductif qui nous laisse un peu trop sur notre faim et souffre de quelques problèmes de rythme.



Malgré ces petites imperfections, ce premier album relatant le départ de l'expédition de Long John Silver et ses compagnons se révèle d'une indéniable qualité. Piraterie, aventure, trésor..., rien de tel pour captiver le lecteur et lui faire retrouver, le temps de la lecture, son âme d'enfant. J'attends avec impatience de découvrir les trois autres volumes de cette collection!
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Le château des animaux, tome 1 : Miss Bengalore

Quelque part en France, dans une ferme perdue et oubliée des hommes, les animaux ont créé une république. Mais, évidemment, les plus forts ont pris le pouvoir. Le taureau est devenu le président Sylvio, véritable dictateur totalitaire, secondé par le coq et une milice de chiens.

Dans ce château des animaux, la poule Adélaïde est condamné à mort pour avoir dissimulé un œuf à la collecte de la république et sera dévorée par les chiens. Cette exécution éveille certaines consciences, comme celle de Marguerite, la vieille oie qui essaye de lancer une révolution et entraîne avec elle, la craintive Miss Bangalore, une chatte qui ne cherche qu’à protéger ses chatons.

Toutefois, la violence des faibles ne peut pas rivaliser avec celle des forts. Alors, il existe peut-être d’autres moyens. Les animaux opprimés vont développer des trésors de ruse pour bousculer la dictature. Et si la désobéissance était plus efficace par le rire !!!

Cette BD reprend, évidemment, la trame et l’objectif de La ferme des animaux, le court roman anthropomorphique de George Orwell, publié juste après la Seconde Guerre mondiale et qui dénonçait les dictatures totalitaires et leurs fonctionnement, en prenant comme exemple la mise en place du stalinisme. Ici la prise du pouvoir par les animaux n’est pas raconté. On est déjà dans la dictature. Le scénariste Dorison, qui n’en est pas à son coup d’essai, souhaite s’attaquer à tous les totalitarismes en montrant que l’intelligence et le courage sont plus efficace que la violence et la force.

Pour ce premier tome d’une série qui est censé en compter quatre, le pari est pour le moment réussi.

Le scénario est plutôt intelligent et avance lentement, laissant aux personnages, Miss Bangalore, surtout, la possibilité d’évoluer à un rythme réaliste. Les moments dramatiques alternent avec certains autres un peu plus légers, ceux avec le lapin don Juan, César, par exemple.

Le scénario de Dorison est très efficacement mis en image par Delep au dessin. Le découpage est dynamique et varié. Les plans larges alternent avec des gros plans sur les faciès très expressifs des animaux. Certaines planches, comme celles des pages 26 et 27 sont mêmes impressionnantes.

Une BD intelligente à mettre entre toutes les mains. Vivement la suite !
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Le Château des animaux, tome 2 : Les Margueri..

La colère gronde au château. Les animaux n’en peuvent plus du travail épuisant ordonné par le président et sa meute de chiens-flics. Par ce grand froid d’hiver, tout effort coûte cher. Non seulement, il faut ramasser le bois pour chauffer le château et ses occupants, mais en plus il faut payer pour recevoir la bûche, matériau indispensable pour chauffer son propre habitat. La colère gronde et la révolte s’organise. Mais comme il est difficile de faire prendre conscience de l’importance de se sentir tous concernés et de supporter encore et toujours des privations pour obtenir une victoire sans tâche, digne et sans violence !

Miss B a bien du mal à réunir ses troupes et à partager ses idées...



Encore une fois, on lit avec grand plaisir ce scénario où les combats contre la dictature sont longs et douloureux, mais où la loyauté, la générosité et la solidarité sont d’excellents témoins de réussite, tout comme la désobéissance civile.

Une fable animalière pleine d’humanité où chacun cherche sa place.

Des dessins toujours aussi magnifiques, surtout pour les paysages de neige et des couleurs en harmonie avec l’action.

Un tome 2 réussi ! Sans oublier quelques dialogues bien sentis :

« Je ne me demande jamais si je dois obéir ! Juste pourquoi... »
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Aristophania, tome 3 : La source Aurore

Ouawh, ce troisième tome est vraiment bluffant, encore plus que les deux premiers je dirais et l'on n'a qu'une hâte en le refermant : attendre patiemment de se plonger dans le quatrième (et dernier ?) volet. Je ne sais pas quand cela sera possible pour moi étant donné que vous que j'ai emprunté ces trois ouvrage à la médiathèque, il va falloir que j'attende qu'il fasse l'acquisition du quatrième mais quoi qu'il en soit, j'attendrai autant que nécessaire car cette série en vaut vraiment lé détour !



Ici, l'issue du sort de la mère de nos trois jeunes orphelins (de père pour l'instant seulement) est plus qu'incertain et la comtesse qui les a recueillis, Aristophania, est toujours persuadée que seule la source d'aurore pourrait la ramener à la vie, le roi des banni l'ayant dépossédé de tout azur, ou source vitale qui anime chacun de nous et nous procure notre humanité ! Cependant, le temps est compté pour Basile, Victor et Calixte car la reine du royaume d'Azur veut quant à elle qu'Aristophania se sépare d'eux au plus vite mais notre bien aimable comtesse compte bien, pour une fois, désobéir aux ordres. Il va néanmoins falloir que les trois enfants prouvent leur attachement à la cour et trouvant leur propre azur, ce qui en ferait des membres à part entière mais si Calixte semble la première à prouver certaines dispositions à ce rang, Basile, l'aîné, lui, se laisse amadouer par une ravissante jeune fille de Marseille qui l'entraînera, bien malgré lui au départ, puis de son plein gré, vers le côté obscur. Au vu des arguments de Gédéon, le roi banni, puisque le lecteur connaît désormais son nom et de deux apportés par la belle Garance, Basile, est désormais sûr et certain d'avoir fait le bon choix et le lecteur se met à douter quant aux véritables intentions de la comtesse...



Où se trouve le bien ? Le mal ? La frontière est parfois si mince qu'il paraît impossible de la détecter et c'est le cas ici...Avec de surprenants rebondissements et retournements de situation, les auteurs savent comment tenir leur public en haleine ! Un graphisme toujours aussi bien travaillé et une lecture que je ne peux que donc vous recommander !
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Aristophania, tome 2 : Progredientes

Le monde de l'Azur est de plus e plus menacé et un seul nom reparaît sans cesse : "Le roi des banni" mais qui est-il exactement et quels sont ses sujets (ou les sbires à sa solde si vous préférez) ? le lecteur l'ignore encore, tout comme il ignore (ais les voiles commencent à tomber) qui servent les cause de l'Azur. Toujours logés chez la comtesse Aristophania, Basile, Victor et Calixte, les enfants de feu Clément Francoeur craignent non plus pour la liberté de leur mère mais pour sa survie. Privée de son azur (il paraîtrait que nous en ayons tous une petite part en nos, ce qui correspondrait peut-être à la part de notre humanité), celle-ci végète dans un état entre la vie et la mort et les trois enfants vous tout mettre en oeuvre pour trouver le moyen de l'en délivrer. Une chose est sûre, sans l'aide de la comtesse, leur bienfaitrice, ils n'y arriveront pas mais lorsque la reine et les membres de son conseil (sorciers, fées et autre créatures fantastiques en tous genres) estiment que leur place n'est plus ici, Aristophania va devoir faire un choix. Bien que persuadée que la source d'aurore est la clé de tous les maux et que les trois enfants pourraient très bien être ceux qui la trouveraient enfin, elle va devoir prendre une décision rapidement...



Un second tome à la hauteur du premier, avec un suspense toujours aussi prenant et un graphisme toujours aussi bien travaillé ! A découvrir ! Quant à moi, il me tarde de découvrit le troisième tome que j'ai à ma disposition en attendant la suite !
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Aristophania, tome 3 : La source Aurore

BD FANTASTIQUE / URBAN FANTASY.

Entre "Narnia" et "Star Wars" la fantasy s'empare de Victor Hugo et de Marcel Pagnol : comment ne pas trouver cela génial ? Et dans ce tome 3 Dark Vador lance la grande purge, et il ne reste que Yoda, Obi-wan Kenobi et trois jeunes padawans pour s’opposer à lui... Qui sera donc « le Nouvel Espoir » qui apportera un nouvel équilibre dans la Force ? To Be Continued, Oh Yeah !!!
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Aristophania, tome 1 : Royaume d'Azur

En retrouvant le duo Dorison / Parnotte, déjà aux manettes du très bon « maître d’armes », je m’attendais à passer un très bon moment avec le 1er volet de leur nouvelle série, « Aristophania ». Le résultat a dépassé toutes mes attentes, « le royaume d’azur » est un petit bijou.



L’intrigue est palpitante et très bien menée. Cela a beau être un 1er tome, donc un volet d’introduction, il se passe mille choses. Mais s’il y a action et péripéties à foison, le récit n’est jamais hystérique. Je le savais déjà, Dorison a un talent de conteur exceptionnel et il le démontre pleinement ici. Il sait parfaitement doser les changements de rythme, prenant son temps pour installer les divers éléments de son univers tout en proposant un récit trépidant. Il n’hésite pas non plus à proposer quelques passages plus contemplatifs qui ajoutent à la poésie qui irrigue tout le récit.

Le mélange des genres fonctionne parfaitement. J’ai retrouvé avec bonheur la fibre humaniste de Dorison qui s’accorde parfaitement avec le côté fantasy du récit.

Les différents personnages forment une galerie très réussie. Les enfants sont immédiatement attachants, chacun à leur manière. Ces 3 héros, très archétypaux (j’ai dit archétypaux, pas caricaturaux, les archétypes c’est bien) sont bien campés et nul doute que leurs personnalités complémentaires seront bien utiles pour affronter les dangers les menaçant. Menace incarnée ici par le terrible Barboza, méchant idéal. On dit souvent que pour faire une bonne histoire, il faut un bon méchant. Et Barboza est un sacré bon méchant. Dès sa première apparition, on prend l’ampleur du danger qu’il représente. Enfin Aristophania est un formidable et inattendu personnage de mentor. Elle n’est pas la bonne fée qui veille sur les gamins même si au départ elle cherche à les éloigner du danger. J’ai plutôt le sentiment qu’elle va tenir, vis-à-vis d’eux, le rôle de sensei.



Tout ça est sublimé par le dessin de Parnotte. Je l’avais trouvé très bon sur « le maître d’armes » mais là il atteint le plus haut niveau. C’est vraiment très, très beau. Le trait, la composition des cases, la colorisation, le découpage, tout est nickel.



Vous l’avez compris, « le royaume d’azur » est pour moi un coup de cœur. Ce mélange de Dickens et de fantasy m’a totalement enthousiasmée. Voilà une série qui démarre sur les chapeaux de roue, j’ai vraiment hâte de lire la suite même si ça va être difficile de faire aussi bien sur le 2ème tome.

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Ulysse 1781, tome 1 : Le Cyclope 1/2

Xavier Dorison qui de plus en plus souvent est en mission contre l'inculto-élitisme franco-français, s'est ici associé à Eric Hérenguel déjà auteur d'un diptyque weird west de très bonne facture avec "Lune d'argent sur Providence". Leur projet est d'offrir une nouvelle relecture des aventures d'Ulysse aux mille ruses, en les transposant à fin du XVIIIe siècle dans ce qui allait devenir les Etats-Unis, les grands espaces américains remplaçant les eaux de la Grande Verte. Mais il me semble qu'on s'inspire autant sinon plus d'"Ulysse 31" que de la version originelle de "L'Odyssée"… blink





L'histoire commence à Annapolis en octobre 1781… Après la victoire décisive des patriotes et des Français à Yorktown, les jours de la présence anglaise dans les 13 colonies sont comptés et le héros de guerre Ulysse McHendricks passe du bon temps en ribaudes, boissons alcoolisées et jeux d'argent divers et variés quand son fils (Télé)Mack lui apprend qu'une ordure loyaliste a décidé de jouer les prolongations dans sa ville de New Itakee désormais dirigée par son épouse Penn(élope)… Il rassemble aussitôt ses compagnons et s'élance à leur rescousse à la tête de son navire roulant tiré par 12 purs-sangs (oh le navire qui fend les terres comme les eaux, c'est un héritage de son passage sur la BD "Elric" ! ^^). Ils traversent les forêts des Appalaches et pour parvenir plus vite à destination ils s'aventurent en territoire iroquois dans une vallée réputée maudite par les coureurs des bois… C'est donc tout naturellement qu'ils tombent un démon amérindien nommé One-Eye qui les capture un par un pour les intégrer à son garde-manger souterrain ! ^^



Le projet est ambitieux, puisque niveau scénario on mélange action, aventure, fantastique et horreur à l'univers du "Dernier des Mohicans" de James Fenimore Cooper.

Graphiquement, c'est globalement de la bonne came à tous les niveaux (ambiance, personnages, décors, découpage, mise en scène), mais le travail d'Eric Hérenguel m'a semblé s'inspirer à la fois de celui de Mathieu Lauffray et de celui de Guillaume Sorel : face à ces deux maîtres, la moindre maladresse de l'élève se voit immédiatement… C'est 100% personnel, mais les petites maladresses s'additionnent pour donner un petit côté inabouti/inachevé à l'ensemble. J'avais ressenti un truc du même genre en lisant le manga "Claymore" après le manga "Berserk", sans doute inégalé et inégalable dans sa catégorie… Donc c'est assez bon signe mine de rien ! ^^

Du coup si ma notation est un peu basse au vu de l'originalité et de la qualité, je ne boude absolument pas mon plaisir, on est bel et bien dans la Res Adventura : l'univers ne demande qu'à s'étoffer, les graphismes qu'à s'affiner, et les personnages secondaires qu'à s'affirmer… Les promesses de cette série sont immenses, alors vite la suite svp ! (et pour ne rien gâcher, elle est vraiment bien cette suite !!!)
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Long John Silver, Tome 1 : Lady Vivian Hast..

C’est bizarre…



Je suis émotionnellement mitigé avec cette BD qu’il m’a fallu quatre soirées pour terminer. Et cependant, j’ai conscience qu’objectivement (si ce terme peut être utilisé pour une critique) ses qualités sont nombreuses.



Après tout, on a quand même affaire au grand retour d’un héros charismatique du splendide roman de Stevenson « L’île au trésor » ; un excellent hameçon. On a une histoire sur la recherche de l’Eldorado en Amérique du sud. On a la préparation d’une expédition. Et on a surtout la présentation d’un très bon personnage féminin, lady Vivian Hastings, dont la tragédie personnelle, le caractère trempé et le don pour la survie sont le vrai pivot de ce premier tome. Quant au dessin, le trait souvent à peine esquissé peut surprendre au début, mais pas quand on a lu et apprécié « Chimère(s) 1887 ».



Alors pourquoi est-ce que j’ai éprouvé cette sensation d’ennui, plus exactement cette absence d’émotion, les trois premiers soirs ? Pas de tilt, rien pour me titiller à l’oreille : « termine, tu iras te coucher plus tard ». Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Peut-être simplement n’était-ce pas le bon moment pour lire ça.



Le dernier soir, j’ai été un peu plus intéressé, un peu plus curieux de connaître la suite. Il faut dire que l’histoire s’anime un peu. Donc, c’est la lenteur nécessaire à la présentation qui m’aurait gêné ? Pas mon genre en général…



Bizarre je vous dis.

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Undertaker, tome 1 : Le mangeur d'or

Jonas Crow est un bien étrange personnage. Croque-mort itinérant, il parcourt les étendues américaines de l'après guerre de Sécession à la recherche de clients, plus morts que vifs, histoire d'assurer une maigre pitance pour lui et Jed, un vautour qui, par une analogie évidente, trouve grâce à ses yeux.

Voilà qu'il est appelé à Anoki, une petite ville minière, ou Cusco, le riche propriétaire des filons d'or de la région, faisant suer sang et eau aux hommes de la ville, a décidé d'en finir avec la vie. Atteint d'une maladie incurable, qui le laissera handicapé, il préfère être le maître de sa mort. Au fil des ans, il a amassé une fortune en pépites et met sur pied un plan pour emmener son magot avec lui dans l'autre monde. Mais plusieurs personnages avides, tourmentés par la rancoeur, ne l'entendent pas de cette oreille, dont un employé aigri et un shérif véreux...



Retour en force de Xavier Dorison, un des meilleurs scénaristes français actuel (selon moi hein !). Il n'y a que du bon dans cette bd qui se dévore d'une traite. A commencer par un personnage intriguant, qui change des poncifs du genre, tout en assumant leur héritage. le scénario est bien construit, la montée de la tension dramatique est progressive et nous permet de découvrir les différents protagonistes et de comprendre leur motivations et leur personnalité. Les fusillades ne sont pas si nombreuses que ça et très bien rendues. J'ai beaucoup aimé les citations très personnelles de la Bible, de Jonas, très drôles, et qui rappellent des répliques de Clint Eastwood dans "le Bon, la Brute et le Truand" ("le monde se divise en deux catégories..."). La fin se termine par un cliffhanger classique mais toujours efficace et qui suit la révélation de l'identité de l'Undertaker. le tout est servi par le dessin haut de gamme de Ralph Meyer (je ne connaissais pas, mais c'est un nom à retenir). le trait, l'encrage, les couleurs, l'expressivité, le dynamisme et même les compositions des planches (bien qu'assez classique), tout transpire une parfaite maîtrise.



En bref, un super western par un super duo et on attend, bien évidemment, une super suite.

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Le chant du cygne, tome 1 : Déjà morts demain

Il est vrai que je n'avais pas particulièrement envie de lire (encore) quelque chose sur la Première Guerre mondiale, même si'l est vrai que c'est d'actualité puisque l'on célèbre actuellement le centenaire de cette dernière (chose, qui, soit dit en passant, que je trouve complètement absurde puisque l'on ne devrait pas commémorer le début d'une guerre mais se concentrer sur 2018, où, là; il y aura vraiment quelque chose à fêter puisque ce sera le centième anniversaire de la fin de cette p...de guerre). Bref, passons sur mes états d'âme.



C'est à l'occasion du vingtième anniversaire (enfin quelque chose de réjouissant cette fois-ci) de la collection Signé, publiée par la maison d'édition Le Lombard et dans le cadre d'un partenariat avec Babelio que j'ai reçu ce magnifique ouvrage et je tiens tout d'abord à remercier ces deux partenaires.



Ici, le lecteur se retrouve plongé en plein milieu des conflits qui ont ravagé la France (pour ne citer qu'elle) et fait tant de morts durant cette abominable et, par conséquent, inoubliable, Première Guerre mondiale. Les personnages que l'on retrouve le plus sont ceux du sergent Pat Sabiane et du lieutenant Katzinski. Alors que les hommes sous leurs ordres se rendent compte de ce qu'est l'horreur des tranchés (et Pat, en sa qualité de sergent, fait parti du lot) sont partagés entre signer cet fameux bout de papier qui, en réalité, est bien plus que cela, puisqu'il s'agit de la fameuse pétition de la côte 108 et qui pourrait faire office de bombe si elle remontait jusqu'à Paris, ou alors ne rien faire et continuer à se battre. Cruel dilemme car, d'un côté, ils encourent de cruelles sanctions, et de l'autre, ils ne sont pas certains d'être encore en vie le lendemain matin.

Aussi, que faire ? Le lieutenant Katzinski. bien qu'étant gradé, donc quasiment assuré de sortir de cette guerre sain et sauf, et, qui va être amené à trahir les hommes qu'il a sous sa coupe, va-t-il finalement se rendre compte de son erreur au fur et à mesure que les hommes tombent au combat ?



Ce personnage-là est d'ailleurs très attachant, tout comme le sergent Pat, qui est très proche des hommes avec lesquels il se bat chaque jour puisque, au final, ils sont tous dans la même galère...



Bien plus qu'uns simple bande-dessinée puisqu'il s'agit également d'une page de notre histoire mais surtout d'une très grande leçon de morale. Non. Plus jamais ça. Et pourtant, lorsque l'on voit ce qui se passe en ce moment, il y a de quoi se poser des questions, mais bon, encore une fois, ne voulant surtout pas faire de politique ici, passons...

Un graphisme tout en couleur sur des horreurs et atrocités, de quoi nous ouvrir les yeux, non ? Celui-ci est d'ailleurs très bien travaillé, allant même parfois (mais cela est fait exprès) jusqu'à la caricature avec un scénario qui, donc, est toujours d'actualité...A découvrir !
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Long John Silver, tome 4 : Guyanacapac

Que le grand cric me croque !



Si vous en êtes au tome 4, c'est, j'ose l'espérer, après avoir logiquement apprécié les trois premiers opus à leur juste valeur.

Que dire de ce tome qui clôt magistralement la franchise?

Claque scénaristique et visuelle, ni plus, ni moins.

Vous allez en prendre plein les mirettes, enfin, la mirette pour ceux qui auront poussé le mimétisme flibustier jusqu'au bout.



Un épisode monstrueux, pourvoyeur d'un plaisir qui ne l'est pas moins.



Une seule chose à dire concernant Long John Silver : à l'abordage moussaillon !



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1629 ou l'effrayant histoire des naufragés du..

Pour commencer son règne, mieux vaut être haï que méprisé.

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Ce tome est le premier d’un diptyque. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Xavier Dorison pour le scénario, et par Timothée Montaigne pour les dessins, Clara Teissier pour la couleur. Il compte cent-vingt-huit pages de bandes dessinées. Il s’ouvre avec une introduction d’une page, rédigée par le scénariste, intitulée L’extinction de l’âme, phénomène décrit par Philippe Zimbardo, et évoquant la réalité historique du naufrage du Jakarta, comme cas d’école de l’arrêt complet de l’empathie d’un groupe d’humains associé à la suspension de leur jugement moral, avec pour conséquences immédiates sadisme et massacre. Viennent ensuite un plan en coupe du navire Jakarta sur deux pages, puis les routes maritimes sur un planisphère, et celle empruntée par le Jakarta.



Quelque part sur île déserte, une femme se tient face à la mer et regarde l’horizon. Un individu se fait la réflexion que celui qui lira ces mots apprendra bientôt à le mépriser et à le haïr. Il serait aisé pour lui de s’attribuer la phrase : Tous devront simplement être rayés de l’existence. Ce serait un tort car ces paroles sont celles du roi Agamemnon, plus noble citoyen de la plus noble des sociétés, patrie de la philosophie et du droit. Alors quand viendra l’envie de le juger, de lui cracher au visage ou de lui briser les os à coups de pierre, il faudra repenser à Agamemnon et se poser une question et une seule. Si le sage roi de Mycènes, héros de la guerre de Troie, est la mesure du bien, qui pourra être celle du mal ? Chapitre un : Seuls les désespérés. À Amsterdam en 1628, Francisco Pelsaert se présente devant le comité des directeurs de la VOC : Vereenigde Oost-Indische Compagnie, c’est-à-dire la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Le responsable de la séance évoque ses états de service et l’informe qu’ils l’ont nommé subrécargue du Jakarta, le tout dernier Returnsheppen de la compagnie. Outre le camée, ils emporteront aux Indes plus de trois cents mille florins en pièces et bijoux pour les négoces, un montant jamais embarqué par un navire de la VOC.



Le responsable du directoire continue : le navire doit appareiller cette nuit. Il indique le nom du capitaine ; Arian Jakob. Pelsaert le connaît de réputation : un ivrogne. Le capitaine fait son entrée dans la pièce et salue les directeurs, tout en se plaçant aux côtés du subrécargue. Le directeur indique ensuite l’identité du second : Jeronimus Cornelius. Un novice en matière de marine, mais un expert en épices, chaudement recommandé par plusieurs de leurs connaissances. Un homme d’une éducation et d’un savoir inégalés pour ce type de poste. Ils ont toute raison de penser que ce second surprendra Pelsaert et Jakob. Le même soir, Wiebe Hayes va chercher dame Lucrétia Hans dans sa demeure. Elle doit faire le voyage sur le navire Jakarta pour rejoindre son époux. Elle emmène avec elle Hugger, son petit lémurien de compagnie. Ses malles sont prêtes et elle descend pour rejoindre le matelot venu la chercher. Le carrosse l’emmène au port et passe lentement au milieu de la foule du peuple vaquant à ses occupations pour remplir les formalités d’embarquement.



Difficile d’échapper à la promotion de cette bande dessinée à sa sortie : un récit tiré d’une histoire vraie, un cas d’école d’individus asservis de leur propre volonté à une personne toxique, une soumission volontaire conduisant à une oppression systémique. En avançant dans le récit, le lecteur constate que c’est exactement ça, ni plus ni moins. L’artiste s’ingénie à réaliser une reconstitution historique avec application, presque de manière scolaire. Ça commence bien sûr avec la coupe du navire Jakarta, minutieuse et schématique, indiquant la localisation de onze éléments : cale, faux-pont, pont principal, pont, timonerie, cahute, cabine, cabine supérieure, gaillard d’arrière, dunette, gaillard d’avant, poulaine. Après l’introduction de quatre pages, le lecteur découvre une superbe vue plongeante sur la cour du bâtiment abritant le conseil des directeurs, avec une perspective impeccable. À l’intérieur, il peut admirer les boiseries, le parquet, les tentures. De même, chez les Hans, il peut admire les appartements de Lucrétia dans une vue du dessus en oblique. En page vingt-deux et vingt-trois, il découvre un dessin en double page, une vue massive du Jakarta à quai dans laquelle il ne manque ni une planche à la coque, ni un cordage aux mâts. Par la suite, il a tout le temps de se familiariser avec ce bâtiment, à la fois en vue générale depuis l’océan, à la fois sur le pont ou dans les cabines, toujours avec cette application pour le représenter en détail.



Le lecteur avance tranquillement, tourne les pages, et découvre ce à quoi il s’attend : des tenues vestimentaires avec ce qu’il faut de détails pour ne pas être génériques, mais sans non plus un niveau d’exécution incroyable, des accessoires exacts par rapport à l’époque, sans être d’une grande invention, quelques paysages naturels comme l’océan et ses divers états de calme ou d’agitation, ou encore une île avec de la verdure, sans qu’il ne soit possible d’identifier l’essence des arbres ou des plantes. Le navire est bien mis en valeur, que ce soit des prises de vue sur le pont, ou vu de plus loin en train de voguer par temps clair et calme ou sous la pluie, avec quelques vues en élévation dans les cordages. Le nombre de cases par page est régulièrement de huit, parfois un peu plus, parfois un peu moins. Les angles de vue sont variés, ainsi que les cadrages. Les cases se présentent sagement alignées en bande, parfois avec quelques-unes en insert, et de temps à autre, une disposition moins conventionnelle. L’intrigue progresse de manière linéaire, au rythme de l’avancée de l’expédition. Lucrétia devient le personnage principal, avec comme personnages secondaires le subrécargue Francisco Pelsaert, le second Jéronimus Cornélius, un peu moins fréquemment le capitaine Arian Jakob, et de plus en plus régulièrement Wiebe Hayes, le gabier de la première dunette. La tension monte tout aussi progressivement entre les marins, le capitaine, et les passagers de la grande cabine. Le lecteur se laisse porter par cette chronique d’une catastrophe annoncée, tout en relevant facilement les éléments relatifs à la discipline, à la manière dont s’exerce l’autorité, et effectivement à la soumission passive des marins.



De temps à autre, une séquence s’avère plus intense : le premier grain, la première punition publique sur le pont, la mise à mort d’un cochon, un vol de mouettes, la capture d’un requin, les morts enveloppés dans des draps et jetés à la baille, etc. Certes, le lecteur ressent la sensation d’une lecture plan-plan : pas fade, mais avec un déroulement sur des rails, pas dépourvue d’âme, mais avec des personnages au caractère assez monolithique, pas sans surprise, mais au déroulé très mécanique, très programmé. Mais quand même… Les auteurs ne font pas semblant : leur narration semble s’en tenir à des points de passage attendus, et dans le même temps Dorison & Montaigne ne prennent jamais de raccourci. Ils réalisent tous les points de passage obligés, avec une forme particulièrement classique, presque académique. Mais quand même, le malaise gagne en intensité, de séquence en séquence.



Certes le dessinateur semble s’en tenir à des cadrages, des plans très sages, mais il ne triche jamais. Il n’utilise pas de raccourcis, il n’a pas recours aux trucs et astuces pour dessiner plus vite, et se maintenir juste au-dessus du minimum syndical. Il fait preuve d’une réelle diversité, peut-être pas originale, mais certainement pas pauvre non plus. Il n’y a pas grande imagination dans ce dessin en double page du Jakarta à quai, mais tous les détails attendus sont là sans exception. Il n’y a pas grande surprise dans le plan de prise de vue du premier châtiment corporel public, mais tous les matelots et tous les cordages sont scrupuleusement représentés. Il n’y a pas grande séduction chez Lucrétia Hans, mais son caractère est apparent dans ses postures, dans les expressions de son visage, dans ses mouvements, dans sa façon d’affronter l’humiliation de l’épouillage de sa coiffure en public, ou encore de son agression par les matelots. Il n’y a pas de réel romantisme chez Wiebe Hayes, mais il apparaît séducteur et touchant à sa manière. Il n’y a pas des vrais héros, mais il y a des êtres humains.



De la même manière, le scénariste n’est pas des plus subtiles, en particulier quand le subrécargue, ou le second, ou le capitaine expriment à haute voix leur conception de l’autorité, pour être sûr que le lecteur ne passe pas à côté de ce thème. Les matelots restent une masse d’individus quasi indifférenciés, sans personnalité, sans que le lecteur ne puisse envisager ce voyage avec leur point de vue de groupe, ou avec le point de vue de l’un d’eux. Mais le récit ne stagne pas dans un manichéisme basique. Chaque personne présente des qualités et des défauts, chaque personne se retrouve à jouer son rôle avec les règles imposées de cette société à cet endroit du monde, à cette époque. Chaque individu se heurte au fonctionnement systémique et doit fait preuve de courage pour prendre sur lui, pour subir, pour maintenir un lambeau de conviction morale malgré les règles qui s’imposent à lui. Rapidement, le lecteur accepte le fonctionnement de la narration parce que les auteurs sont entièrement investis et focalisés sur leur récit, sans finalement porter de jugement moral ou autre sur leurs personnages.



Dans un premier temps, le lecteur se retrouve déstabilisé car il prend fait et cause pour Lucrétia Hans qui se retrouve à voyager dans des conditions dégradées auxquelles elle n’est pas habituée, subissant la pression subliminale d’être une femme sous le regard d’un équipage masculin. En même temps, elle appartient à une classe privilégiée, n’ayant pas à travailler sur le navire, échappant pratiquement à l’autorité du capitaine, mais obligée de regarder un marin fouetté avec une garcette, une scène prouvant que l’implication des auteurs ne faiblit pas même lorsqu’il faut raconter et montrer ces atrocités. Puis vient la question de l’évacuation des urines et des excréments : à nouveau les auteurs exposent les faits, sans rien édulcorer ou dramatiser. En page cinquante-trois, le temps d’une unique case de la largeur de la page, le lecteur découvre ce qu’il advient des marins dont la santé a failli sous le labeur et les conditions de vie : pas de dramatisation romanesque, du factuel, encore plus implacable.



Raconter le naufrage d’un des plus grands navires d’une compagnie maritime de commerce, et recréer les conditions de vie des marins : les auteurs s’y appliquent sans beaucoup de panache, en appuyant le thème qu’ils explorent. Certes, mais ils le font avec consistance, sans céder à la facilité, sans changer de cap, avec une honnêteté et une constance remarquables. Rapidement le lecteur se laisse prendre pas cette narration visuelle détaillée et variée, par ces scènes prosaïques bien construites. Il se retrouve à son tour prisonnier du mode de fonctionnement d’une société, dictant leur conduite à chacun, sans laisser de latitude à l’empathie, à l’entraide, à la solidarité, un comble pour des individus vivant à bord du même navire.
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Le château des animaux, tome 1 : Miss Bengalore

Le château des animaux : première lecture BD de l’année et véritable coup de cœur !



Le château des animaux correspond à une adaptation de La ferme des animaux de George Orwell, fable animalière, qui montrait qu’une révolution peut malheureusement aboutir à la mise en place d’un Etat totalitaire.



Le château des animaux serait plutôt une suite pour La ferme des animaux, car les cochons ont été détrônés par Silvio, taureau, en appliquant le principe que le pouvoir doit appartenir au plus fort.



Mais Le château des animaux introduit aussi de l’espoir avec une révolution démocratique non violente, dont les étapes seront décrites dans une série prévue en quatre tomes.



Le premier tome s’intitule Miss Bengalore, chatte veuve, mère de deux chatons, qu’elle élève seule, en travaillant comme une forcenée. Miss Bengalore s’appuie beaucoup sur son assistante maternelle, l’oie Marguerite.



La fleur de marguerite deviendra alors un symbole de ce vent de révolte, même si prôner la non-violence ne peut empêcher le sang de couler.



Une révolution est rarement isolée et celle du château des animaux va être inspirée, dans la recherche de liberté, par un rat nomade, Azélar, qui met en scène l’histoire de Ghandi.



Avec ce premier tome, on fait également la connaissance de César, le lapin gigolo au grand cœur.



Des idées foisonnantes, de très beaux dessins (avec une mention spéciale pour les regards si expressifs), des personnages attachants…



Un excellent premier tome qui me conduit immédiatement vers le deuxième !

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Aristophania, tome 1 : Royaume d'Azur

Marseille 1900.



Dans l’enfer de l’usine sidérurgique où travaillait mon père, subissant les brûlures mordantes des échardes de fer et respirant les gaz étouffants, des ouvriers risquent leurs vies et leur santé pour obtenir juste de quoi nourrir leur famille. Mon père était de ceux-là… Mais il était bien plus que cela, comme je l’ai découvert plus tard. Quant à ma mère, elle tentait de nous élever du mieux qu’elle pouvait dans une société où les ouvriers étaient humiliés, méprisés et malmenés en toute circonstance… Et la police n’était pas la dernière à cogner…



Critique :



Le scénario de Dorison retrace bien la misère de la classe ouvrière à la Belle Epoque, qui n’était belle que pour ceux qui avaient de l’argent, beaucoup d’argent… Pour les ouvriers, c’était une vie souvent infernale avec juste de quoi survivre… Quand il y avait du travail !

A cette dimension sociale, Dorison ajoute une touche de magie qui remonte plus loin que la nuit des temps.



Ses héros sont trois enfants bien typés, deux garçons et une fille. Celle-ci est douce, rêveuse, la bonté personnifiée. Elle est la plus jeune du trio. L’aîné est un « débrouillard » qui se comporte comme un adulte, un peu voyou, un peu escroc, et fait ce qu’il peut pour remplacer un père décédé. Le cadet est un petit génie, toujours plongé dans des livres, de préférence de physique. Dans le premier tome, on ne voit pas encore comment ils pourraient s’opposer à Gédéon, le roi banni, aux pouvoirs incalculables, que l’on devine impitoyable et que l’on déteste sans même l’avoir vu.



Joël Parnotte rend, par son trait, toute la haine et la colère que peuvent ressentir les opprimés face à des injustices contre lesquelles ils ne disposent de quasi aucun moyen. Les expressions des visages semblent animées de ce désir de vengeance et donnent au lecteur l’envie de hurler avec ces esclaves de la révolution industrielle. C’est le point le plus fort de cette bande dessinée où l’on a vraiment envie de haïr des gens que, somme toute, on ne voit pas car ils font faire le sale boulot de la répression par des anciens forçats ou des policiers corrompus et brutaux.



Mon seul problème avec cette bande dessinée… Je ne suis pas fan de magie… En particulier lorsqu’elle est surpuissante…

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Aristophania, tome 2 : Progredientes

Dans ce tome 2 intitulé "Progredientes", « ceux qui vont faire des progrès », tout commence par une mère qui tente de mettre fin à ses jours pour sauver ses enfants. Si elle échappe à la mort, c'est pour subir un sort pire que la mort. Transformée en monstre, ses enfants doivent à tout prix trouver la légendaire Source Aurore non pour sauver le monde mais pour la sauver elle… C'est ainsi que sous l'égide d'Aristophania Bolt, ils commencent leur apprentissage de Chevaliers Jedis !



Cela aurait pu se passer il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, mais cela se passe à la Belle Époque dans la Provence de Marcel Pagnol ! Après l'assassinant de l'un d'entre eux, le Conseil Jedi décide de partir en guerre contre Dark Sidious et ses sbires du Côté Obscur. Les affrontements sont donc imminents entre « herculéens », « cuirassés », « passe-murailles », « pourrisseurs », « sourciers », « feux-follets », « soigneurs » et tutti quanti (OMG on est dans la version française des "Chroniques du Grimnoir" de Larry Correia), mais le Roi Banni attend chevaliers et fées de pied ferme car il domine les hommes grâce l'argent du capitalisme et peut tarir les sources de la magie grâce à la pollution de l'industrie (remember Sauron et Saroumane du "SdA")...

Aristophania Bolt n'a pas le temps nécessaire pour mener à bien son projet, et d'Obi-wan Kenobi elle passe à Maître Yoda pour apprendre l'utilisation de la Force à ses protégés qui sont les derniers espoirs de l'humanité : ils ne peuvent essayer, ils doivent résoudre ou ne pas résoudre les énigmes qu'elle leur propose car si elle peut transmettre la connaissance elle ne peut pas transmettre l'expérience (OMG si ses explications dans le tome 1 étaient exactement celle d'Obi-wan Kenobi sur la Force dans "Star Wars", ses explications dans ce tome 2 sont exactement les mêmes que celles de Mû du Bélier sur le Septième Sens dans "Saint Seiya"). Mais que peuvent les changelins qui ont été élevés en humains dans le monde des humains pour sauver le monde des magiciens, oui que peut le bouillant et pessimiste Basile, que peut le cartésien et peureux Victor, et que peut la jeune et naïve Callixte… (oui mais non, affronter leurs peurs dans la caverne des terreurs ils peuvent !)





A la dernière page nous voyons le Roi Banni et ses lieutenants jubiler (OMG c'est Victor Hugo et les Misérables passés du Côté Obscur de la Force !) : leur piège a fonctionné et ils ont obtenu le moyen de traquer l'un des derniers espoirs, et donc ils comptent bien remonter sa piste pour donner l'assaut sur le Royaume d'Azur… Mais ils ne savent pas qu'un autre espoir a déjà découvert leur repaire secret, et qu'un autre espoir a déjà passé toutes les épreuves pour passer de padawan à chevalier jedi ! Oh oui ce n'est pas la fin, mais le commencement !!!



Xavier Dorison est au top de sa forme, Joël Parnotte est au top de sa forme, et les deux auteurs se ménagent pas leurs efforts pour mettre en scène l'opposition de deux visions antinomiques du monde : pour résumer les altruistes qui sont « un pour tous » et qui veulent juste profiter des joies simples certes mais belles et bonnes qu'offre la vie, et les égoïstes pour ne pas dire les pervers narcissiques qui sont « tous pour un » et qui en veulent toujours plus pour toujours plus écraser les autres… A cet égard la scène de la gare plus qu'emblématique est une véritable déclaration de guerre aux homines crevarices : là où les suppôts de Celui-qu'il-ne-faut-pas-nommer voient « un lieu où se croisent les gens qui ont réussi et les gens qui ne sont rien » (comment le président de tous les Français a-t-il pu ainsi insulter toute l'humanité ? Rien que pour cela il sera maudit pour toute l'éternité !), les véritables être humains eux voient un lieu où se croisent toutes les émotions qui n'ont pas besoin de mots pour toucher le coeur des gens qui ne sont ne sont pas rien mais qui au contraire sont tout, et ce quel que soit leur compte en banque... Nous pouvons ainsi rajouter le nom des auteurs à la liste de plus en plus longue d'artistes dégoûtés et écoeurés par le thatchéro-reagano-macronisme : tout cela va mal finir ! (d'ailleurs je crois que ce n'est pas un hasard si on voit fleurir sur la Toile des rageux qui hurlent sur tous les toits que Xavier Dorison, l'un des auteurs de BD les plus talentueux de sa génération, n'est qu'un tâcheron sans ambition qui ne doit sa réputation et sa réussite que grâce qu'aux gauchistes antifa des réseaux sociaux)
Lien : http://www.portesdumultivers..
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XIII Mystery, tome 1 : La Mangouste

Du méchant stéréotypé, faisons table rase ! Avec La Mangouste, Xavier Dorison et Ralph Meyer débutent la série XIII Mystery de chez Dargaud, qui doit développer l’univers de la fameuse série XIII de Jean Van Hamme et William Vance.



Suite à l’énième fin (celle du numéro 19 ce coup-ci) de la série XIII, des one-shots sont commandés à des scénaristes et des dessinateurs de tous horizons afin de créer des histoires uniques, et relevant de leurs origines, sur des personnages fondamentaux de cette saga au (trop) long cours. Même si l’initiative m’énerve passablement par son évidente motivation financière, il faut reconnaître que le scénario de Xavier Dorison est très bon : non seulement il reprend parfaitement les rares informations que nous avons sur la Mangouste, mais surtout il crée une histoire plausible pour ce personnage charismatique.

Entre déboires de jeunesse, motivations louables et hésitations constantes, cette Mangouste inconnue se construit peu à peu devant nos yeux. Le bon point principal à souligner ici est le fait de ne plus se contenter d’une Mangouste ennemie de XIII parce qu’elle le valait bien : ici, elle a des motivations, un code d’honneur et des techniques bien à elle. C’est rythmé, bien pensé et surtout sans volonté de faire autre chose que ce pour quoi cet opus a été commandé : raconter par quoi la Mangouste est passée pour en arriver à ce que nous la rencontrions dans la série XIII. Xavier Dorison aurait peut-être dû faire la série XIII en lieu et place de Jean Van Hamme, finalement…

Nous pouvons avoir quand même quelques doutes sur la prestation graphique de Ralph Meyer, mais il s’adapte bien au trait plutôt réaliste utilisé jusque là par William Vance dans les XIII et on reconnaît bien le peu de personnages que nous avons pu croiser dans d’autres tomes. De plus, le lettrage de cette série m’a toujours semblé bizarre et ici j’ai même longtemps cru que le mentor du héros se prénommait « Hang » et non « Hans », détail tout bête, mais gênant quand même.



Des défauts à minorer, donc, mais constants tout au long de ce tome. Malgré tout, voilà bien un one-shot de bonne facture qui s’épanche comme il faut sur un personnage ô combien important et vraiment bien caractérisé. Le fait que nous avons ici cinquante-huit pages, et non les quarante-huit maximum habituelles, y joue incontestablement un rôle notable…



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