L'avis qui va suivre est forcément biaisé par la polémique qui tourne autour de son auteur (plus parfois même que de son oeuvre) ce qui me gâche un peu mon plaisir.
J’aurais préféré, et de loin, pouvoir découvrir Orléans, dernier ROMAN de Yann Moix, vierge de tout parasite, dussé-je m’offusquer ensuite de m’être fait berner. Mais c’est ainsi et j’espère avoir réussi, malgré toute cette contrainte, à vous livrer mon avis de simple lectrice sur ce que j’appellerai une oeuvre majeure.
Ce que j’attend des livres de Yann Moix en particulier, ce sont les mots, l’intelligence de la plume, la nourriture poétique, parfois tranchante, et la musicalité de textes anodins, rendus extraordinaires.
On prête à celui-ci des valeurs autobiographiques. Et loin d’être anodines.
Pourtant l’existence de ce petit garçon c’est celle de milliers d’autres anonymes. Son public celui de millions d’autres à fermer les yeux, ou à faire subir. Cette violence, qu’elle soit vraie ou fausse, subie ou donnée, c’est l’expression de nombreuses vies. Et la minutie des sensations sont véritablement douloureuses. Mais indispensables.
Orléans, c’est aussi la rencontre amoureuse avec la littérature. Surtout Gide. D’abord. Puis tant d’autres que je souhaiterais découvrir. Cet apprentissage et cet amour indéfectible des mots c’est savoureux. C’est beau… Parce que c’est bien écrit. Je me suis tellement retrouvée dans cet amour des Lettres !
Nous apprenions à lire, ce qui signifie que nous commencions à penser. Au tableau, les lettres se formaient, offrant des boucles, des déliés, des lacets. Je mettais beaucoup d’ardeur à les connaître.
J’étais récalcitrant envers les chiffres : ils m’apparaissaient fourbes, tranchants, humiliants. Ils ne soulevaient à mes yeux aucun voile. Là ou les mots tracés, eux, ouvraient des passages dans les glaces. Leur signification dansait.
Sur le fond, c’est une lecture exigeante.
La magie retombe un peu sur la seconde partie, ou j’ai été un peu lasse de la sur fragmentation de tout et de rien. Chaque notion telle que premier, dernier, vie et mort est décortiquée à outrance et à fini par me lasser. Un biais lié à l’époque sans doute car dans les écrits des Inspirants de Yann Moix, cette pratique était légion.
Monsieur Moix, j’aurais voulu vous lire avant qu’on parle de vous. Chercher les clés. Trouver les énigmes. M’interroger sans que l’ensemble du monde médiatique s’empare de votre vie privée et de votre histoire et la passe au tamis de la médiatisation… et me livre une image de vous traîné dans la boue (une fois de plus?) avec pour seule volonté d’assouvir la curiosité des masses…
Si je meurs maintenant, ce n’est pas de mon passé que l’on me délestera, mais de la seconde que j’étais en train de vivre. Cette seconde était tout ce que je possédais. Mon existence, ce n’est que cela, rien que cela : l’instant présent, dans sa gratuité pure, coupé de toute racine, sourd, ingrat à tous les hiers. Je ne suis qu’une imminence.
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