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Critiques de Yann Moix (347)
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Orléans

Découpé en deux parties, Dedans et Dehors, l'auteur dresse un portrait de son enfance entre son dedans, sa famille, sa maison et le dehors, ses amis, l'école, ses premiers amours.



La première partie m'a littéralement glacée. Yann Moix a été maltraité des années durants par ses parents. Un père violent, une mère sans coeur, le petit Yann était le bâtard, le con, l'enfant non désiré qu'on souhaite voir mort. Tortures, supplices, honte, atteinte à sa personne tant physique que psychique, il en a vu de toutes les couleurs. Son enfance fut une véritable horreur, d'une barbarie sans précédent. Terrifié à longueur de journée, son seul refuge reste les mots où dés le plus jeune âge il leur voue une admiration sans borne. Même si les romans de Gide étaient brûlés par son père, que Flaubert valdingua par la fenêtre réduit en miette sur la route, personne ne put arrêter le jeune prodige à aimer la littérature. Tout fut pourtant mis en place par ses parents pour saboter son avenir en louant l'enfant aux mathématiques, tout ce qu'il détestait.



« Pour Noël, je commanderais une bêche avec laquelle, dans un compartiment herbu du jardinet, je creuserais un trou où s'enfoncerait le couple qui m'avait fait naître. »



La deuxième partie m'a beaucoup moins convaincue. Ses rencontres copain-copine ne m'ont pas intéressée. Car à mon sens, il y a une trop grande cassure entre le dedans et le dehors, aucun lien apparent. Après avoir lu des pages sur l'anéantissement d'un enfant, j'aurai aimé ressentir où l'auteur et comment il a réussi à rester debout et à s'émanciper. Il n'en est rien à moins de lire entre les lignes, ce que je laisse volontiers à un prochain lecteur.



L'écriture est incisive, alerte, jamais larmoyante, il ne se complaît pas à vider son sac et ça, j'ai aimé. C'est une autobiographie où je n'ai pas ressenti ce sempiternel voyeurisme mal placé. L'auteur se livre avec délicatesse et réflexions. Sans compter que certains passages sont délicieux car Yann Moix, l'écrivain, l'homme qui aime les mots et les livres (pas que les jeunes minettes) sait baigner sa plume dans un bain poétique où les images moussent et frétillent. Et c'est ça que j'aime avec Yann Moix.



« Le soleil posait sur la pierre des immeubles des doigts beurrés, étincelants comme des flèches. »



Ç'aurait donné une lecture gagnante sans cette deuxième partie qui m'aura échappé des mains. Des traumatismes je veux bien croire qu'ils soient cousus dans sa chair la plus profonde. Je lui témoigne toute mon empathie même s'il n'en aura que faire mais si tu nous sers un lac gelé, ne viens pas lui tourner le dos avec quelques allumettes pour te réchauffer. du moins, pour moi il m'en fallait plus.



#Orléans #NetGalleyFrance
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Podium

"Guerre en Ukraine : le sosie de Volodymyr Zelensky a réussi à fuir l'Ukraine grâce à d'autres sosies,(grâce au sosie de Kim Jong Un et celui de...Vladimir Poutine!) Huffington post, le 08/04/22 ( regardez la photo sur le site:)





Eternelle recherche de soi, caractère éphémère et dérisoire de la vie !

Bernard Frédéric rêve d'être le sosie de Claude François . " Si j'avais un marteau", je me cognerais la tête...! Notre sosie veut recruter 4 Clodettes, pardon des Bernardettes, mais sa femme menace de le quitter.

Caricatures et portraits à l'emporte pièce, Yann Moix frappe fort avec le ...marteau!





"Y a des types qui, après des années de boulot pour obtenir leur officialisation en Claude François, en Michel Sardou ou en Johnny (les trois sections les plus prestigieuses et les plus prisées, parce qu'offrant le plus de débouchés), abandonnent. "





" Je connais un sosie qui, après avoir été recalé trois fois à l'examen de Johnny officiel, a fini en officieI de Herbert Léonard avec la meilleure moyenne jamais eue depuis la création de la section 'Léonard'. Un ancien Julien Clerc frappé de calvitie a dû, lui, se recycler en Obispo où il s'est essayé six mois. II s'est ensuite fait poser des implants. Ratage intégral : on aurait dit un champ de poireaux. Aujourd'hui, il coule des jours heureux dans Michel Fugain..."





Je laisse le soin, à mon clone, de finir cette critique, car j'en aperçois un autre se baladant au bras de ma femme... "Marine le Pen, a croisé son sosie, à Rungis (Planet le 25/04/17) alors qu'elle essuyait quelques sifflets au rayon fruits et légumes"... Les patates, à Hénin - Beaumont se ressemblent toutes!
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Naissance

Cet énorme pavé de près de 1 200 pages, autobiographiques, masochistes et égolâtre, a obtenu, au premier tour, le Renaudot. Abandonnons au jury le choix de amours et de ses détestations et écoutons Yann Moix porter un jugement lucide :“La vie de Yann Moix racontée par Yann Moix est insupportable à lire. Une écriture illisible qui raconte une vie invivable, cela est trop pour moi. La vie est trop courte pour lire la vie trop longue de quelqu'un comme Moix.”
Lien : http://www.quidhodieagisti.c..
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Orléans

Parce que je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait, je suis tombée de haut en découvrant l'enfance maltraitée par des parents violents et cruels, rapportée par Y. M.



La première chose qui m'a frappée dans le récit de la litanie des coups endurés par le journaliste est le ton détaché sur lequel les faits sont racontés. Cela m'a laissé une désagréable impression. Comme une mise à distance, empêchant toute empathie, qui aboutit à une sorte de scénarisation des événements. Et même si je peux croire à l'authenticité des faits iniques rapportés (quoique...), comme à l'amour de l'auteur pour Les Nourritures terrestres et La Symphonie pastorale de Gide à l'âge de neuf ans et demi, le style alambiqué de Y. M. (un brin cuistre et prétentieux) n'a fait que renforcer ce sentiment de mise en scène du personnage public Y. M.



Faite de sa vie en dehors de l'enfer familial, à l'école, avec ses amis garçons et filles, la deuxième partie ne m'a pas semblé plus sincère ni ne m'a plus intéressée.

Restent pour être tout à fait honnête quelques passages inspirés sur la littérature qui sauvent un peu ce livre que j'ai eu toutes les peines du monde à finir.



#Orléans #NetGalleyFrance
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Rompre

Quand l'amour fait mal parce qu'il sonne la fin et la faim de l'autre, voici un roman sous forme de questions-réponses entre un psy et un homme en deuil. Les questions tournent autour de l'amour, de la souffrance, des sentiments profonds. Les réponses affluent comme autant de pensées d'un être en rumination, en perdition, en réflexion intense.

Un homme qui se questionne sur le couple, l'attachement et suite à un désaccord quitte sa bien aimée, ressentant par la suite les affres de la séparation, du manque, de l'absence. Un côté très intimiste entre mélancolie et philosophie. de belles réflexions avec lesquelles je n'ai pas toujours été d'accord mais qui ont le mérite d'éveiller le débat et qui résonnent dans l'écho de la beauté.

L'amour encore lui et toujours lui, un texte profond, intelligent et sensible. J'ai beaucoup aimé.



Mes remerciements vont à NetGalley France et les éditions Grasset pour l’envoi de ce très beau livre.
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Orléans

Je vais derechef entrer dans cette polémique stérile, d'une imbécilité crasse, ces "fake news" indigestes que l'on voit fleurir ça et là sur les réseaux sociaux, sans preuves aucunes, sans véracité, sans pitié.

Et puis, la douleur dérange les braves gens, on ne sait jamais, cela pourrait être contagieux. Bandes de pleutres.

Alors oui je crois Mr Moix.

Je le crois d'autant plus que moi-même, je fus une petite fille maltraitée, humiliée, massacrée par une mère folle et haineuse à mon endroit. J'ai même failli être passée par là fenêtre par ma génitrice, qui se dit être une bonne mère aujourd'hui.

Mais mon enfance et mon adolescence ne furent pas du même acabit que l'horreur dont a été victime Yann Moix, et dont il sort, apparemment bien, je dis "apparemment" car, derrière son masque de provocateur et de mépris, se cache une âme tendre et veloutée.

Je le crois parce que, les sévices dont il fait mention sont si abominables, que personne ne pourrait inventer de telles horreurs.

Quand aux prétendus mensonges dont parle partout Mr Moix père, je n'en crois pas un mot. Aucun parent maltraitant n'avoue son (ses) crime(s), et je trouve déplacé ce qu'affirme ce bourreau, ce petit monsieur, à sa place je me cacherai plutôt que d'ouvrir sa si grande bouche.

Et puis je le crois par la sincérité incroyable que sont ses mots, et je le crois en raison d'une seule evidence ; dans quel but Mr Moix aurait intérêt à raconter par le menu ces sévices, et notamment cette scène abominable dans laquelle le père, le barbouille le visage de ses excréments par des linges souillés dûs à des crises d'angoisse récurrentes. L'encoprésie dont il souffrait est, on le sait maintenant, dû à une grande souffrance intérieure.

Ne pas oublier sa folle de mère, qui ressemble à Folcoche de Vipère au poing mais en pire, c'est dire, qui veut sa mort, elle le lui dit très clairement, sans prendre de gants.

Ceci étant dit, passons au livre lui-même.

Les deux parties, le dedans et le dehors, sont, à mon avis, complémentaires. L'une ne va pas sans l'autre.

Le dedans est terrible, je ne vais pas revenir dessus, on en prend plein la tête, les yeux et l'âme.

Le dehors est plus ardu à lire, plus hermétique, mais on y voit un Yann Moix amoureux, mais amoureux transi de froid car les filles le battent froid.

Ceci est dû vraisemblablement à ce que j'appelle la technique du paillasson ; tout enfant maltraité, n'est attiré que par des personnages toxiques, délétères et dont l'amour est moribond pour toujours. Et oui, les gens malmenés gravement par leurs géniteurs doivent avoir une odeur, une saveur qui découragent et éloignent les autres, Autres qui s'essuient avec une certaine satisfaction sadique à grand bruit leurs souliers crottés sur le paillasson de l'enfant martyrisé.

Quand votre mère ne vous a pas aimé, les autres ne vous aimeront pas, ou si peu, médiocrement, abusivement ou pas du tout. Les relations tiédasses ne sont pas ma tasse de thé non plus.

Cet ouvrage est un hommage poignant aux livres, qui ont sauvés littéralement le petit bonhomme massacré. On y trouve Gide, bien sûr, mais également Charles Peguy et le poète Francis Ponge, dont on peut reconnaître le style flamboyant en exergue dans la seconde partie. Bravo d'ailleurs à Mr Moix qui utilise à la perfection l'imparfait du subjonctif, et qui manie la langue comme personne. Cela aussi je l'ai beaucoup appréciée, cette si belle écriture, ce style magnifique, s'envolant au-dessus de nous, les lecteurs.

Mais ce que j'ai le plus aimé, ce qui m'a plus touchée, c'est le clivage qu'a opéré Mr Moix lors de ces faramineuses raclées, il se dédoublait pour qu'une partie puisse rester saine et protégée. C'est sans doute pour cela qu'il a échappé à l'asile d'ailleurs.

Bravo Mr Yann Moix. Votre livre est un prodige ( oui je sais, j'entends déjà derrière moi la meute de loups et leurs claquements de mâchoires féroces, mais je m'en moque).

Je vous dis au revoir Yann Moix, et j'ai le respect de votre courage pour avoir déterré tout cela, ce cloaque immonde, cette infamie, ce meurtre d'âme.

Rien que pour ce courage, j'aime Yann Moix.

Merci.





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Orléans

Pour mon deuxième livre de la rentrée littéraire, j'ai choisi ce livre de Yann Moix, après l'avoir vu dimanche dernier à la télé, racontant les maltraitances subies dans son enfance, dûes à des parents violents et sadiques. Déjà, dans la présentation de la séquence interview, on le voyait en train de claquer ostensiblement un élastique à son poignet. C'est interpellant, mais était-ce fait exprès ? (Pour ceux qui ne savent pas, c'est une technique psychologique qui permet d'éviter les idées noires, claquer l'élastique permettant de refouler ces idées.) Il avait les yeux humides, limite il pleurait......



Ce Yann Moix, je ne le connais pas. Je ne suis pas fan de l'émission de Ruquier où, paraît-il, il officiait, je n'ai jamais lu de livre de Yann Moix, j'ai vu Podium à la télévision mais mon seul souvenir c'est le travelling au-dessus de Jean-Paul Rouve, déguisé en Polnareff, sur un banc de vestiaires tout en bleu, avec la chanson "Holiday" du même Polnareff. Je ne connaissais que son nom et c'est peu. Ceci pour vous expliquer que je me suis plongée dans le livre sans parti-pris.



Le livre se présente en deux parties : 1: Dedans, 2 : Dehors, découpées par classes de sa scolarité.....



La Maternelle. Il commence à raconter l'abandon de sa mère, un soir d'hiver, dans le noir, après l'école il a dû rentrer chez lui dans le noir tout seul sur le chemin. À 4 ans. Sa mère le déteste et le lui dit, son père lui lance des baffes.



Le CP : il adore lire son manuel de lecture (ça doit être la seule personne au monde). Sa mère l'insulte, son père le frappe.



CE1: Il est battu par son père (avec les faits détaillés), son père l'abandonne un soir dans le noir et l'hiver dans un champ, à des kilomètres de chez lui, et sa mère ne vient le chercher que des heures après, sa prof de piano le menace de mort, sa mère aussi, mais il aime la petite Delphine qu'il est déterminé à épouser.



CE2 : Il est mis au piquet par son institutrice mais il aime ça. Il écrit un pamphlet (quelle précocité) sur le physique de son instit dans un cahier et à la vue de tous : il y a convocation des parents : sa mère lui casse un verre sur le visage, et le jette au sol pour le rouler dans les éclats de verre au sol. Son père rentre, le bat et le met dehors sur la terrasse, dans le noir, la nuit, l'hiver. Pendant 1 heure.



CM1 ( j'en ai déjà marre, moi.) Il découvre André Gide à Auchan pendant que sa mère fait les courses. Oui vous avez bien lu, il prend, dans le rayon livres, son 1er choix est... André Gide. Ici Yann Moix en fait des tonnes, sur tous les livres de Gide. À 9 ans, quoi......., sinon, son père le bat, cette fois avec des rallonges électriques, sa mère l'humilie parce qu'il est en retard et l'amène en pyjama avec son petit déjeuner à prendre dans sa classe, du coup il devient incontinent et a la diarrhée dans son slip et son pantalon régulièrement, il prétend que son père les lui essuie sur le visage. Mais il s'en fout, il lit André Gide, allongé sur le canapé du salon. (?!?) (donc il n'est pas terrorisé ni enfermé ni rien).



Les classes se succèdent avec toujours : son père le bat, sa mère le hait, mais il aime Aurélie Lopez et Laurence Hutin, à qui il envoie des poèmes. Tout au long du livre il envoie des poèmes aux filles qu'il va épouser. (Croit-il tout seul).



Il ajoute, au fur et à mesure des années, des auteurs au Panthéon de sa vie : ( j'arrête d'énumérer les classes) : mais d'abord son père flanque tous ses Gide à la poubelle. Kafka, Daudet, Guitry (en 5e), pendant les vacances son père lui fait faire des devoirs de vacances, et il est enfermé dans la cave sans eau ni nourriture ni vetements de rechange ni wc mais il s'en fout il a Gide et il gide à fond.



Puis Charles Péguy, Bataille, Sartre et autres, il écrit maintes élégies, maints poèmes, pièces de théâtre qu'il juge d'une qualité sublime puisque ça lui prend du temps, tous les quatre matins il tombe amoureux et envisage le mariage avec des filles du Collège à qui il envoie des essais, des lettres enflammées, il passe des heures à faire des K7 audio montages de chansons qu'il aime (du Jazz, que du Jazz) et des textes de Charles Péguy lus par lui-même à une certaine Fabienne, et des années plus tard il est effondré, il la revoit elle n'a jamais écouté aucune des 20 K7. Ses parents détruisent ses cahiers, ses écrits, se moquent de lui en les lisant en public avec des amis, invitent des amis avec leur fille qui est en classe avec lui, en 4e, et lui mettent à table une assiette de caca et montrent les slips souillés de leur fils aux invités, le battent etc.



Et il continue a parler de ses auteurs, les seuls à compter, pour lui, et les filles, toujours platoniquement, et les tannées de son père, et ses magnifiques écrits.



Dans la partie 2, il recommence tout depuis la maternelle, (mais pourquoi ???) mais là il ne se retient plus dans le style dix-neuvième siècle, avec le passé simple, l'imparfait du subjonctif, même des tournures de phrases que je n'ai pas lues depuis Françoise d'Aubigné, veuve Scarron, épouse morganatique de Louis XIV : "mêmement", par exemple. Il ne dit jamais "pas" en formule négative : il écrit "point". Il veut être un auteur sublime comme Gide. Il dit vouloir, je cite :" écrire un Ulysse de Joyce, un parpaing littéraire incandescent à la limite de la lisibilité", lorsqu'il parle de Joyce il dit de lui qu'il est, je cite :"Son prédécesseur et collègue irlandais" ( j'avais déjà subi des tonnes de considérations sur le fait qu'il se sent "gidesque" oui oui, à l'égal d'André Gide)..



En fait ce type, Yann Moix, a désespérément essayé de refaire un "Poil de Carotte", un "Graine d'Ortie", voire un Vipère au Poing, mais s'il se pense gidesque, l'auteur est loin d'être à la hauteur, avec ce style grandiloquent qu'il emploie pour décrire son enfance, à notre époque. Hervé Bazin, que j'ai relu entièrement il y a juste un an, avait du talent, même si le personnage n'était pas sympathique, vers la fin de sa vie. Mais il ne se démode pas, intemporel, Folcoche est loin de sortir des mémoires.



En fait, Y. Moix n'est pas un bon écrivain, parce qu'il est pompeux, qu'il n'est pas crédible, parce qu'il est persuadé de son propre talent, il me semble boursouflé de lui-même. Hier, lorsque j'ai terminé le livre, il m'a semblé que si je n'avais pas vu l'interview, j'aurais très bien pu l'imaginer comme ces personnages de Sempé, ces petits hommes un peu chauves, avec leur gros ventre, bouffis d'une importance qu'ils n'ont pas.







Orléans - Yann Moix, ed Grasset 21 Août 2019, 262 pages, 19€
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Rompre

Jusqu'ici, je ne connaissais rien de l'oeuvre et de la vie de Yann Moix, en dehors du film "Podium" et de quelques polémiques qui atteignent de temps à autre mon oreille distraite de Belgo-bruxelloise. Voici qu'avec "Rompre", je découvre sa vie amoureuse compliquée, une vie qu'il rend lui-même, consciemment mais involontairement (si cela a du sens), compliquée, répétant à l'envi le même schéma destructeur. A chaque nouvelle relation qui débute, il sait qu'elle prendra fin, par sa propre faute. Parce que "lorsque [il] rencontre une femme, ce n'est pas elle [qu'il] rencontre, mais une autre : celle [qu'il a] non seulement envie, mais besoin d'inventer". Et bien sûr, un telle relation, construite avec une femme idéalisée, fondée sur un "immense malentendu", finit par s'écrouler, la plupart du temps sabordée par Yann Moix lui-même, qui ne résiste pas à tendre le fouet pour se faire battre. Si le premier sentiment qu'il éprouve est un soulagement paradoxal (enfin libre!), il ne tarde pas à souffrir énormément de ces ruptures, de l'absence, de la solitude. Parfois il tente de reconquérir certaines de ces femmes, mais, terriblement lucide, il comprend que c'est l'amour qui lui fait peur, une peur ancrée, notamment, dans une enfance maltraitée et humiliée, et qui l'empêche de s'aimer lui-même.

Ecrit sous la forme d'un dialogue fictif avec un ami qui tente de le consoler de sa dernière rupture, ce texte est une réflexion quasiment philosophique d'un homme torturé par l'amour, la séparation, la jalousie et leurs souffrances. L'écriture est belle, fine et subtile ; l'auteur a un sens certain de la formule. Une mise à nu clairvoyante et désenchantée, qui en touchera certains et en laissera d'autres de marbre. J'avoue qu'entre les deux, mon coeur balance: le sort particulier du personnage ne m'a pas particulièrement émue, mais son analyse de ces sentiments universels sonne juste et entre en résonance avec nos petites et grandes douleurs personnelles, enfouies plus ou moins profondément dans nos souvenirs...

En partenariat avec les éditions Grasset via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Naissance

ENFIN !!! J'ai enfin terminé ce monstre... Monstre de débilités, inepties, lieux communs et autres longueurs. Yann Moix y raconte, avec toute la simplicité qu'on lui connait, sa venue au monde, dans une famille pas vraiment aimante, entre une mère impuissante, un père dégénéré etun parrain à moitié fou (le personnage de Marc-Astolphe, absolument insupportable). On sent bien qu'il y a un peu d'autobiographie là-dedans, mais l'auteur aurait dû plutôt faire une thérapie, cela aurait fait économiser du temps à tout le monde. Et pourtant ce livre a obtenu le prix Renaudot en 2013. Et je pense sincèrement que les membres du jury ne l'ont pas lu, ils n'ont pas pu le lire entièrement. 1200 pages d'égocentrisme nombriliste, de vomissements religieux, de listes de vocabulaire sur 3 pages, et j'en passe et des meilleurs, non, ce n'est pas possible. Alors pourquoi qu'elle l'a lu la DD me direz-vous ? Parce que je voulais aller jusqu'au bout, voir s'il y avait quelque chose. Ca m'a pris presque 9 mois, comme une naissance, mais ça a été beaucoup plus douloureux ! Bref, comme disait Gandalf, "fuyez, pauvres fous !".
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Naissance

Lire le monstrueux ouvrage de Yann Moix, ce pavé dans la marre de la rentrée littéraire, m'a demandé une véritable préparation. Parce que je n'avais jamais lu monsieur Moix et que je le détestais par principe. Tout en cet homme m'était insupportable. Il suffisait qu'il apparaisse au coin d'un article ou sur mon écran, pour qu'enfle en moi un agacement titanesque.



Il a donc fallu que j'accepte de me livrer à ma lecture en mettant de côté mes sentiments personnels. Lire franchement donc, pour que seule l’œuvre me préoccupe. Il m'aura fallu une dizaine de jours pour arriver à bout de ma lecture. Et voilà. Je me retrouve devant mon écran et il faut que je garde ma franchise pour essayer de partager mon point de vu sur Naissance.



Non, pour moi Naissance n'est pas un chef d’œuvre, et non, je ne fais toujours pas parti des admirateurs de monsieur Moix. Mais je ne le déteste plus.



Dans son ouvrage, l'auteur nous offre toute sa démesure et tente de créer un monument littéraire en free-style. Je le reconnais, Moix a du talent. Dommage qu'il s'en serve mal. Ce qu'il nous sert ici, c'est du vomi de fin lettré. Il a donc du talent mais il semble tourner en rond dans sa névrose sans que ses diatribes donnent naissance à autre chose qu'à des jeux de mots. Le livre d'un lecteur cultivé qui nous livre tout ce qu'il a digéré.



Il manque une théorie au livre, une fondation, un objectif. Moix semble seulement adopter les ruptures littéraires qu'il a retenues. Le Nouveau Roman déjà, qui a voulu déconstruire le genre romanesque. Mais là où Butor a admirablement tordu, malmené et déconstruit le roman, Moix tente de tout détruire, il ne laisse rien. C'est jeter la littérature avec la boue de la tradition littéraire. Et lorsque l'auteur joue avec les mots, les énonciations, l'argot, le vocabulaire, la langue, il a la verve facile, certes, mais surtout la verve veine. Même son nihilisme sent le renfermé.



Monsieur Moix tente de construire une cathédrale sur du sable. Même sa volonté de ne pas être aimé (alors qu'on sent à quel point il voudrait le contraire) retombe sans panache. N'est pas Nabe qui veut. Pour cela il ne suffit pas d'aimer le Jazz et la provocation.



Naissance a, pour moi, pris la forme de préliminaires interminables qui tournent autours de l'orgasme sans jamais m'y amener. L'éloge ultime de la frustration littéraire. Une masturbation sans éjaculation.



Et pourtant, à cause ou grâce à cette lecture, je ne déteste plus Yann Moix. Comme je l'ai déjà, je reconnais enfin qu'il a du talent. Mais plus que cela, j'ai entrevu son humanité. Et comment haïr ce que l'on parvient à comprendre ? Car ce que je vais retenir de Naissance, c'est l'ego boursouflé et abîmé de son auteur. C'est sa névrose talentueuse qui n'a pas su aller au bout de son Art. Et je comprends. Je comprends cette haine de soi, et cet ego rendu monstrueusement important par le renflement de cicatrices trop nombreuses. Je comprends sa haine de l'époque et des autres. Je comprends son amour pour la littérature qui est finalement son seul instinct de survie.



Alors bien que je ne puisse pas adhérer à l’œuvre que je viens de lire, je suis contente que cette dernière ait obtenu le prix Renaudot. Parce que l'empathie a presque totalement remplacé mon agacement. Ce n'est pas lui-même que Moix aime, c'est sa haine de soi. Il idolâtre cette dernière, la porte aux nues, la nourrie de musique et de littérature.



Que ce prix le console de ne pas être plus. De ne pas avoir choisi de vivre au lieu de mourir sans cesse. Et lui permette d'enfin de se créer une naissance par la reconnaissance. Ainsi, un jour peut-être, l’œuvre de monsieur Moix sera à la hauteur de son intelligence et de sa souffrance. Il se pourrait alors que je fasse partie des ses plus fervents admirateurs.
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Anissa Corto

De Yann Moix, j’avais lu « Podium » et vu le film (inoubliables Poelvoorde et Rouve). L’homme public étant difficilement supportable, « Cinéman » son deuxième film avait rejoint illico presto la liste des navets indigestes. C’est donc sur la pointe des pieds que je me suis attelé à l’un de ces premiers romans « Anissa Corto ». Et bien c’est clair, ce n’est pas avec celui là que mon ressenti changera. Ce personnage qui plonge peu à peu dans sa folie amoureuse était pourtant un beau sujet, mais voilà on sent déjà, le côté insupportable de Moix, prétentieux, imbu … imbuvable plutôt.

Pourtant quelques bons moments traversent son récit, les scènes à Euro Disney notamment plutôt drôles, une certaine qualité d’écriture ici ou là, il devient même touchant mais saccage tout la page suivante Cette gesticulation intellectuelle (pour rester poli) sur le désir amoureux et l’amour fou est bien fade et à vrai dire franchement inutile. 1.5

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Reims

Après avoir relaté son enfance dans Orléans, Yann Moix nous raconte ici ses années de jeune adulte à l’Ecole Supérieure de Commerce de Reims qu’il a haïe. ● J’avais beaucoup apprécié Orléans, mais je dois dire que je suis bien déçu par ce livre qui n’est pas un récit mais une galerie de portraits des anciens condisciples de l’auteur, dont on se fiche pas mal. ● Bien sûr, on retrouve le talent de styliste de Moix, qui est immense – bien que trop porté sur l’hyperbole et sur l’outrance et trop visible –, mais il ne parvient pas à m’intéresser avec cette suite de descriptions et d’anecdotes sur des gens qu’il est le seul à connaître ; celles-ci n’atteignent en aucun cas à l’universel – ce qui pourrait les sauver. ● Tout tourne en rond dans ce livre qui ressasse l’échec de façon assez ridicule tant elle est outrancière. On comprend bien que Moix est horriblement vexé de n’être parvenu qu’à réussir le concours de « Sup de Co » Reims (comme on disait dans les années 80), tandis que, par exemple, « Sollers a intégré l’ESSEC », mais ce subterfuge qui consiste à utiliser son échec pour en faire, pense-t-il, un grand livre, ne trompe personne sur son extrême narcissisme, et surtout, ne réussit pas. ● D’ailleurs, il suffit de le lire pour porter un jugement sur ce qu’il écrit : « Mes pages transpiraient l’effort », ou sur ce à quoi il vise : « [N]e me restait, pour devenir célèbre, que l’éventualité d’être haï. C’était dans mes cordes. » Ou encore : « L’ostracisme dont je faisais l’objet faisait ma fierté en même temps qu’il m’attristait ; j’étais pris au piège de ma pose. »
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Partouz

Comme je déteste ce type, en l’occurrence Yann Moix, et que je ne sais toujours pas pourquoi, je me suis dit qu’il fallait quand même que je lise quelque chose de l’olibrius en question pour comprendre. Au hasard de sa bibliographie, je tombe sur un titre évocateur (de quoi, je ne sais pas car je ne suis pas friand de l’exercice) : « partouz ». Ayant un stock d’idées préconçues à propos de l’auteur, l’ayant vu exceller dans un exercice de pédantisme et de mépris total pour ses congénères au cours d’une émission de la chaine public, je pensais lire un ouvrage prétentieux, farci de vocabulaire élaboré et d’une multitude de mots dont on a perdu depuis longtemps l’usage en ce XXIe siècle. Mal m’en a pris car d’entrée, doit-je vraiment le dire ? Il nous fait entrer dans le vif du sujet de la pointe de sa plume légère et habile (petit joueur, Moix) : une boite à partouse. Je ne vous cache pas le regain d’intérêt qui m’a envahi sans compter l’effervescence de mes sens et une agitation libidinale dans la région sous abdominale, bref c’était la fête dans mon slip.

Au passage, Il faut quand même avoir un sacré égo pour mettre sa propre photo sur la couverture de son bouquin (parce que je ne me trompe pas ? c’est bien toi avec ces yeux exorbités sur la couv. ?). Il faut que tu saches, Moix, (oui, je te tutoie, car je tutoie mes amis et les cons, je te laisse deviner dans quelle catégorie je t’ai placé) que généralement le bon gout exige que l’on porte une chemise sous sa veste de costume, à moins d’être un plouc ou un bobo du marais ou se rendre à une soirée dans une boite gay ou les 3 à la fois.

Ma lecture gagne rapidement tant en intérêt qu’en vitesse lorsque soudain, page 21, l’accident littéraire, le crash, l’apparition subite et inattendue d’Oussama ben Laden, Benny pour les intimes, le fléau des compagnies aérienne. Un grand silence envahit mon esprit, je marque le stop. L’humeur guillerette qui m’avait jusque-là tenu éveillé laisse place à un grand désarroi, une question me vient : qu’est-ce que ce barbu vient foutre au milieu de mon trip érotico-pornographique ? Moix, je te reconnais bien là, toujours l’art d’emmerder le monde qui va bien. Je passe les méandres alambiqués d’une réflexion alcoolisée d’un jeune écrivain en mal de reconnaissance et dont les idées originales vont jusqu’à mêler sexualité débridée et islamisme. Celle-là, il fallait la trouver, bravo Moix, sur ce coup-là tu m’as eu, apparemment ton fournisseur est un bon.

J’arrive page 157, je cite : « - Arrête, putain, avec tes « Et ? » ! « Et ? », « Et ? », « Et ? », tu veux que j’arrête mon livre ou quoi ? C’est ça que tu veux ? Que le livre s’arrête, là, maintenant ? - Moi, non… En revanche, je connais des critiques qui… ». Est-ce que tout n’est pas résumé là ? Pas tout à fait, quand même, la suite, je vous laisse la découvrir par vous-même, si ce n’est déjà fait.

Ne soyons pas vache, j’ai bien aimé ton bouquin, Moix, tu t’es arraché le cul à bien l’écrire et il y a des idées qui m’ont bien fait marré, chapeau l’artiste, mais je ne t’aime pas plus pour autant.

Une question me turlupine, est-ce que tu ne serais pas un peu psychorigide avec tous ces mini-chapitres, titres et sous-titres et années de naissance et de mort auprès de chacun des intervenants ?

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Rompre

Chaque jour un peu plus, il faut faire attention à ce qu’on dit sous peine d’être confronté aux foudres de l’opinion publique si l’on est connu, de son entourage pour nous autres. Faire attention à la manière, à un regard, à une plaisanterie, à ce qu’on mange, à ce qu’on boit, à ce qu’on fume, à trop de choses. Ca devient chiant.

Yann Moix aurait du faire attention à son gout. Faire gaffe à son gout, c’est pas délirant ça ? Ben ça vient de sortir. Un ouragan s’est abattu sur lui pour un morceau de phrase amputé comme dans 90% des cas de polémiques moisies dues à deux trois mots qu’on s’empresse de juger malheureux et de condamner. Un gout pour les femmes de moins d’un certain âge, c’est grave, c’est vrai. Heureusement qu’il s’est arrêté là parce que je n’ose imaginer s’il avait ajouté qu’il préférait les brunes ou les minces voir les deux… (et je ne parle pas des gros seins ou pas pour ne pas basculer dans le camps des je ne sais quoi). On a encore le droit de préférer les brunes ou les blondes ou les… grises ? Oui, mais non, enfin ça dépend, parce que Macron lui c’est le contraire. Il est tombé sur une grise et « on » se fout de lui pour ça, comme si il n’y avait pas assez d’autres sujets valables pour l’emmerder.



Rompre ? Ah oui. Rien à voir avec ce morceau de phrase qui a fait le bonheur de l’indignation sans risque des braves gens que nous sommes, bien que… A ceux qui voudraient un truc genre excuses de Moix, je crois que vous n’en aurez jamais car il n’y a aucune raison de s’excuser mais lisez « Rompre ». Vous aurez une séance d’auto flagellation de l’auteur qui ressemble un peu à une exécution en place publique.

Une rupture amoureuse, qui n’y a jamais été confronté ? Yann Moix a la rupture chronique. Il la provoque, il amorce le processus de destruction dès que la phase de séduction a produit l’effet escompté. L’idée c’est un peu comme si on disait que dès la naissance, chaque seconde nous rapproche de la fin. Alors peut être qu’il préfère anticiper, une sorte de suicide affectif dont les racines n’en finissent pas d’épuiser son enfance martyrisée. Sa dernière rupture l’a détruit encore un peu plus. Il essaye peut être de l’exorciser avec ce livre.

Yann Moix ne s’épargne pas, il se livre pieds et poings liés, prévient ses prochaines éventuelles conquêtes du mal qui le ronge, qui le pousse à fuir lâchement dès qu’il est à un doigt d’effleurer un certain bonheur.

Rompre est une réflexion sur l’amour, une vision sur le couple. Une vision des choses de la vie qui bouscule, qui pose question pour peu qu’on veuille bien y réfléchir. Je n’ai pas adhéré à tout (heureusement pour moi, pour ma santé affective) mais je le rejoins sur quelques idées et même un peu plus, que vous découvrirez peut être si vous avez la curiosité de lire le très court « Rompre ».

Livre noir, oui mais brillant. Brillant et à mon avis, honnête, un mot grossier dans la civilisation du virtuel.

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Une simple lettre d'amour

Ayant reçu cet ouvrage en don pour la médiathèque dans laquelle je travaille, j'étais curieuse de le découvrir avant de le cataloguer et de le mettre en rayon et éventuellement, si la lecture m'eusse plu, ce qui est le cas, de pouvoir le recommander à mes potentiels lecteurs avec moult arguments à l'appui.



Jusqu'à présent, je ne connaissais absolument pas les ouvrages de Yann Moix (j'ignorais même jusqu'à son nom) mais j'avoue que j'ai commencé par un ouvrage de lui assez singulier (à ne pas prendre au terme péjoratif du terme) : une déclaration d'amour faite par un jeune homme à une femme après leur séparation. Cependant, c'est avant tout une réflexion sur soi, sur ce que le mot amour veut dire, des pensées philosophiques et sur ce que la société attend de nous et nous procure en tant qu'êtres humains, et ce de notre naissance à notre mort, qui sont développés ici plus que de véritables déclarations d'amour. Le narrateur revient sur sa rencontre avec cette "femme" (mais d'ailleurs existe-t-il pour lui, ce don Juan jalonné de succès, une seule femme ou une perspective de femme à conquérir avant de passer à la suivante ?) et comprend que dès leur rencontre, leur "couple" était voué à l'échec car seul le sexe pouvait encore faire vibrer leur relation. Mais là n'est pas seulement le cas avec celle-ci : que se dire dans un couple, à part des banalités, aussitôt levés du lit où deux corps se sont étreints longuement et aimés ? Encore vaudrait-il mieux ne rien se dire mais alors l'amour véridique peut-il exister ?



Un ouvrage qui se lit très rapidement, extrêmement bien écrit mais avec des phrases parfois un peu trop longues et complexes (je citerais volontiers Proust pour une vulgaire comparaison) et dans lesquelles le lecteur à parfois tendance à perde le fil et cela est bien dommage ! Un ouvrage que je vous recommande néanmoins tant il porte à réfléchir sur soi mais aussi sur le sens que nous voulons donner à notre vie !
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Visa

Brillantissime !

Une belle plume, une très belle surprise.

Yann Moix réussit à se glisser dans la peau d'un fonctionnaire nord-coréen.

Les dialogues hermétiques font penser à ces plateformes téléphoniques où l'on tourne en rond comme des poissons dans un bocal.

C'est plus un interrogatoire qu'une entrevue chaque mot pèse et les nuances n'existent pas chez les uns. Un choc des cultures et du langage aussi. Précision et parcimonie chez l'un, nuances et acceptation chez l'autre.

De l'humour : serment du jus de pomme au lieu de serment du Jeu de Paume. Ne dis pas c'est pas faux mais Ce n'est pas faux pour changer.

En quatre-vingt seize pages et avec beaucoup d'empathie, l'auteur nous offre une réflexion sur notre peuple et ses incohérences, nous sommes tolérants mais nous avons guillotiné notre roi. Toute notre société est pointée du doigt.

Côté nord-coréen, on se rend compte et on cmprend qu'un peuple mourant de faim qui grâce à un homme peut à nouveau manger lui en soi reconnaissant et lui voue un culte.

Les États-Unis ne jouent pas le beau rôle avec leur mentalité va-t-en guerre.

Il y a tant de réflexions apportées par ce texte que je ne peux que vous le conseiller.

Pour ma part je vais lire d'autres livres de cet auteur et essayer d'en apprendre plus sur la Corée du Nord don't j'ignore absolument tout.

Visa offre une lecture rapide, jubilatoire comme je les aime. Bref un coup de coeur.

Cette fiction sort le 2 mai, merci aux editions Grasset

#Visa #NetGalleyFrance

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Orléans





ON savait déjà que Yann Moix, qui a récemment défrayé la chronique pour ses propos limites sur les femmes de 50 ans avait connu une enfance particulièrement malheureuse sous le joug de parents tortionnaires, il l'avait déjà révélé en interview (ou dans une passionnante enquête de l'Express parue l'an passé) ou dans ses romans, mais par le biais de style outrancier comme dans l'indigeste "Naissance" ( pourtant auréolé d'un prix Renaudot en 2013), mais on ignorait le détail des humiliations qu'il avait subi.



C'est désormais chose faite avec son nouveau roman, Orléans, du nom de la ville où il a passé son enfance, dans lequel il raconte de façon aussi crue que sans aucun pathos les coups et brimades souvent sidérantes que ses géniteurs ont pu lui faire subir.



ON voit ainsi que Moix a eu comme parents un couple de tortionnaires dont la cruauté n'a rien à envier aux Thénardier inventé par Victor Hugo dans une enfance dans une ville de province des années 70 aux couleurs ternes, et que seule la littérature, et notamment celle d'André Gide pour qui le cinéaste de Podium ( chouette!) et de Cinéman ( pas chouette!) voue un culte infini depuis qu'il l'a découvert à 9 ans, va réussir à le sauver.



Dans ce roman d'une résilience miraculeuse, que Yann Moix décrit lui même comme "un roman d'humiliation comme il existe des romans d'initiation", la littérature apparait comme un moyen de ne pas sombrer, d'un besoin vital pour lutter contre ignominie quotidienne. Enfant martyr, Yann Moix raconte dans des pages très belles comment il a été sauvé par la littérature.



Contrairement à certains des romans de Moix , "Orléans" ne recèle aucune fioriture, aucun effet de style, mais au contraire une écriture sans aucun gras, taillée à l'os pour tenter de dire l'indicible, et parfois au détour d'un paragraphe qui va loin dans l'horreur, cette dérision permettant de rendre les épreuves plus supportables..





Alors bien sur, Moix ne va jamais tenter de donner la moinre parcelle d'humanité à ces deux parents monstrueux et les adultes qui gravitent autour de lui ne sont pas beaucoup plus sympathiques ( même dans la seconde partie intitulée "Dehors" où Moix dévoile son enfance en dehors des murs de sa prison quotidienne) mais là n'est pas l'objet de ce roman qui conserve de bout en bout une force et un impact émotionnel rares, pour un des premiers gros chocs de cette rentrée littéraire..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Naissance

En lisant les critiques sur cette oeuvre , il me vient le sentiment que peu de personnes qui se disent lecteurs , ont lu dans leur vie d'oeuvres " folles , inclassables .... " , comme Ulysse , ou le " fameux " , Voyage au bout de la nuit ...

J'avais lu du Moix au préalable ,,j'avais aimé mes lectures , cette oeuvre je l'ai lu parce que j'aime le style de Moix , sa culture , son amour pour la litterature , la vraie , celle qui déroute , qui emporte le lecteur vers des rives qui lui sont inconnues .

Que dire ....

Dès les premières pages j'ai eu l'impression que je lisais un texte unique , peut être l'un des plus brillants de ma vie de lecteur .

Dès les premières pages , Moix attaque , ne laissant aucun repis au lecteur mainstream , il conduit un véhicule fou , et le voyage va être terrible et magnifique .

Terrible , parce que Moix plonge le lecteur dans l'odyssée de la vie sns fioritures , sans aucune gentillesse , ni goût pour l'espèce humaine . Nihiliste Moix ? Peut être .

Mais me concernant , je le trouve bien davantage réaliste , d'un réalisme qui fait mal , parce qu'il est expurgé de la moindre connotation tendre .

Moix est un fin connaisseur de jazz , son livre c'est comme si un ensemble de jazz déchaîne , avait décidé de partir dans un délire extrême , sans limites ....

Le voyage est rude , il ne plaira pas à tout le monde , mais bon sang que c'est bon d'être ainsi malmené , triture , comme un boxeur au prise avec une tornade ...

Cette oeuvre , c'est un léviathan , un tsunami littéraire , qui emporte tout sur don passage ....

Oui , c'est une expérience , mais si l'on attend que la litterature nous prenne par la main , toute gentille , alors l'on aime pas la litterature ....

L'on aime les produits manufacturés , sans saveur , que l'on voit comme le livre qui va changer notre vie , enfin , l'idée que l'on se fait de notre vie .

Moix propose ici un voyage au Coeur de ce qu'est la litterature , cet art qui nous laisse exsangue de connaissance , de jubilation , de jouissance intellectuelle , qui peut refuser cela bon sang !!!

A l'image d'un Joyce ou d'un Bolano , Moix nous propose un voyage au coeur de la folie créatrice , de cet univers ou plus rien de ce qui nous est familier n'est présent , où les frontières qui nous conditionnent en êtres robots sont atomisées , une folie furieuse qui fait mal , certes , mais dont l'on sort grandis de l'avoir fréquentée .

Et cela avec une langue .... L'on dis chez les adulescents que King , Loevenbruck , sont des écrivains qui maîtrisent la langue , mais bon sang , qu'ils se taisent ces amateurs de Marvel et de Casimir !!

Moix est l'un des plus grands dans l'usage des mots , de la création de phrases folles mais géniales , tel ces artistes de jazz qu'il adore , il compose avec un amour immodéré de la langue , de la musique de celle ci , et son texte est un regal pour les esthetes.

L'on ne peut que faire mention egalement de l'humour très noir , mais hilarant , omniprésent dans cet opus .

A ce titre , le passage de l'accouchement est à pleurer de rire , et sans aucune honte .

Moix s'avère être un poète également , ces suites de mots , d'expressions , qui souvent sont une page entière , sont à ce titre de vrais poemes , qu'il faut prendre le temps de savourer ....

Au final , voila une oeuvre qui ne plaira pas à tout le monde , c'est normal , et triste en même temps ,,parce que ce texte est peut être l'un des plus grands depuis 2666 de Bolano , et il a sa place aux côtés du Ulysse de Joyce ....

C'est dire le niveau de cette oeuvre , qu'un véritable écrivain à su hisser au niveau des œuvres de jazz geniales qu'il adore .

Cette oeuvre est un chef d'œuvre completement fou , mais génial .
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Terreur

J'ai apprécié les précédents ouvrages de l'auteur mais je dois dire que j'ai eu du mal à suivre les reflexions de Yann Moix dans ce qui semble être un recueil de ses analyses à chaud suite à la vague d'attentats que la France a connu ces derniers mois.



La partie la plus intéressante, pour ma part, est celle qui fait la comparaison entre les terroristes anarchistes du 19e et les terroristes djihadistes sinon pour le reste je n'ai pas l'impression que ses analyses font avancer la compréhension complexe du sujet.
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Une simple lettre d'amour

« L’amour, c’est de l’infini qui se rétracte. »



Que dire si ce n’est que j’ai adoré cette lettre. Une lettre d’amour, une lettre de deuil. Une lettre adressée par un homme à une femme après leur séparation, une lettre pour un ‘au revoir’ qui n’a pas été dit en temps et en heure. J’ai aimé tout autant la forme que le fond.



C’est magnifique, flamboyant d’une détresse « J’étais seul au monde au milieu de toi » qui se cache sous un cynisme « pour le sexe, je préférais la présence des femmes ; pour le sentiment, je préférais leur absence », et qui s’efface parfois pour laisser le cœur parler.



« Tu redondes, mon amour. ». Oui il l’écrit ! Cette femme est son ‘amour’, il l’écrit parce qu’il fait nuit depuis longtemps et « l’extrême fatigue est la meilleure longueur d’onde pour faire jaillir les vérités tues, les aveux empêchés. »



« Je m’aperçus qu’Ovide, Stendhal, Pétrarque, Racine, Byron, Shakespeare, Baudelaire, Zweig, Aragon, Proust ne me parlait que de toi. » Ça me fait rire un homme qui parle par personne interposée, qui dit sans dire et préfère laisser l’autre prendre la mesure de ce que lui ressentait au travers de cette si jolie déclaration. C’est un littéraire amoureux qui repense à cette première rencontre, si inoubliable dans son intensité pour lui :

« C’était comme si tout entre nous avait déjà fait l’amour, nos corps exceptés. Pénétrations, fellations, sodomies, et autres festivités avaient lieu entre nous, en temps réel, par d’autres moyens, par des chemins étrangers au contact des chairs, par des clins d’œil, des tintements de verre, des éclats de rire : une pornographie se déroulait bel et bien, mais selon d’autres modalités, installée sur une fréquence connue de nous seuls. Personne ne s’en doutait, mais face à face, debout, nous baisions comme des détraqués. Nous n’avions pas attendu le coït pour commencer à jouir. »



Ils ont formé un couple qui, de son point de vue, s’entendait manifestement très bien physiquement -« Au lit, je dois avouer que tes faveurs étaient farouches ; tes prouesses, meurtrières »- mais qui avait des difficultés à communiquer, « les mots ne nous venaient à la bouche que pour modifier la couleur du silence. ». Un couple inachevé, imparfait. « Emmêlés la nuit, étrangers le jour. Ennemis bientôt. » Elle n’était pas son bachert mais il l’aimait, j’en suis persuadée sans quoi il n’aurait pas eu ces beaux mots « Je voudrais te connaître jusqu’au sang. » et n’aurait pas été jaloux (quand bien même cela renvoie à un égo bien installé à l’évidence) : « Posséder une femme magnifique, c’est vouloir posséder ce qu’elle possède et que nous ne possédons pas. Quand je dîne avec toi, je dîne avec tout le monde sauf avec toi : je dîne avec ceux qui te veulent. »



Mais l’imparfait, ce temps simple, exprimant une action dans un passé réel ou imaginaire, renvoie justement à la perte de cette autre femme, Anaïs. « Une femme aimée, une jeune femme, une jeune fille encore est morte, avant que je te connaisse. »



Parce qu’on a peur -« La peur, pour celui qui ne détruit pas l’autre, d’être détruit par l’autre. »- on tire le premier. Ici dans tous les sens du terme, il le fait et le revendique. Il casse et se cache sous des traits d’un don Juan où « la réalité n’est que sexuelle. » Toutefois, c’est dans cette lettre qu’il avouera cette blessure initiale, cet imparfait qui l’a conduit dans ce mur, comme une voiture une nuit.



« Moi, ma gueule veuve et solitaire qui marche sous les gouttes froides. »



Dès lors, cet homme a une peur viscérale -« Peur, surtout, de n’être plus, de ne pouvoir plus, jamais, être un ‘enfant’. Peur de ce que signifie ‘être adulte’, avec la cohorte d’obligations »- et cette angoisse de la vie le pousse à fuir son présent. Plutôt que d’avoir mal à en crever, il devient sarcastique, cynique, sadique et sans illusion. « Je massacre avec subjectivité ce qui s’étiolera avec objectivité. » Il nie ses rêves, se vautre dans des corps pour oublier celui qu’il n’a jamais eu.



C’est un homme en souffrance. « Celui, celle qui quitte est malheureux aussi – et le deuil d’autant plus douloureux qu’il en porte la responsabilité. C’est un assassin assistant aux obsèques de sa victime. ».



Il se crée une carapace d’homme froid, insensible, persuadé que tout est fin « Ce qui est exténuant, ce n’est pas que le pire soit toujours sûr, mais que le meilleur soit toujours incertain », et s’absout en expliquant que « le mal que je te fais ne s’oppose pas au bien que je prodigue : il est couplé, livré avec, compris avec. Il n’en est pas l’inverse, ni même le complément : simplement, c’est la même chose. Comme j’aime, je dois détruire. »



Il a pourtant été percuté par cette rencontre, cette femme a bousculé ses certitudes sans quoi il n’aurait pu écrire : « Ce serait toi, c’était toi, l’élue. Je ne voulais pas me marier parce que le mariage c’est pour toute la vie, et que toute la vie, pour t’aimer, me semblait un peu court. »



« En attendant, je suis ce mort qui respire. »
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